Lorsqu’on vint le chercher, Harok était en train d’attiser les flammes de sa forge. Les flammes l’apaisaient, à la fois douce par leur danse et pourtant si dangereuse. Il les avait vu venir au loin mais n’y prêta pas la moindre attention. Les deux gardes, qui connaissaient le Nain qu’ils venaient chercher, restèrent derrière lui :
« Cesse ton travail, le Roi désire te voir parla le premier d’un ton autoritaire.
Le Roi voulait le voir. Restant dos aux gardes, Harok eut un léger sourire. Le Roi s’était-il soudain souvenu de son bâtard de cousin ? Aurait-il eu tout comme lui une lettre pour l’informer de son existence ? Aura-t-il une sanction pour son absence au couronnement ? Après tout, les deux cousins ne se connaissaient pas. Thorik était peut-être de ceux qui s’offusque pour à rien.
Posant son outil, le nain se rendit devant une bassine d’eau où il se nettoya le visage. Alors qu’il allait prendre des habits propres, le second l’interpela :
« Pas le temps pour ce genre de choses maître forgeron. »
Il s’exécuta.
Avant de quitter sa forge, Harok prit sa hache. Les deux gardes allaient lui dire quelque chose mais ils s’abstinrent en croisant le regard foudroyant du forgeron. Il fallait avouer que la carrure d’Harok était imposante, plus imposante que les leurs.
Hache en main, le forgeron suivit les deux gardes. Vêtue d’un simple pantalon noir et d’une tunique en lin blanc, encore souillée par les traces de son travail, Harok était en train d’imaginer son cousin et de deviner son attitude en le voyant.
Sur le chemin, Harok put voir certaines de ses œuvres dans les mains de jeunes guerriers. Ses haches étaient solides, elles ne pourront être détruites aussi facilement, il s’en portait garant.
Harok prit un bain de foule lorsqu’il arriva dans la salle du couronnement. Les deux gardes firent le chemin nécessaire pour se rendre jusqu’au Roi. Le maître forgeron ne prêta pour le moment pas attention à ce qui l’entourait, il guettait au loin l’ombre de son cousin. Il n’entendit pas les chuchotements inchangés : « le neveu bâtard », « cet illégitime » (et encore, ces remarques étaient des compliments comparé aux autres).
Puis il le vit enfin, Harok regarda Thorik, qui ressemblait au défunt Roi. Les deux gardes s’écartèrent pour les laisser en face à face. Deux cousins qui ne se connaissaient pas mais qui avaient des points communs. Harok s’inclina respectueusement devant son nouveau Roi :
« Tu m’as fait demander. » se permit-il de dire en se redressant.
Il s’était exprimé à Thorik comme il s’exprimait avec l’ancien Roi.
Il continuait de garder sa précieuse hache en main et fixait son cousin. Point d’agressivité et de défi dans son regard, rien qu’une attente, une réponse…
#Harok