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Sujet: Sur les pavés de la rébellion
Forlong

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Rechercher dans: Le Peregrin   Tag kol sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Sur les pavés de la rébellion    Tag kol sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 25 Oct 2020 - 0:27
S’attendant sans doute à un adversaire de la taille d’un homme, Lithildren avait visé un peu trop haut avec sa dague, la lame froide se posant contre la joue du mystérieux intrus. Intrus.. ? Non, ce terme correspondait mieux à l’elfe et à ses compagnons qui, après tout, avaient penetré dans l’atelier de manière complètement illégale. Le mouvement de Lithildren avait réussi à surprendre et terrifier sa cible, mais cette dernière ne semblait pas avoir saisi le sens de ses paroles. En effet, le personnage mystérieux hurla et recula instinctivement, en faisant tomber quelques ustensiles posés sur une étagère derrière lui.

En entendant le bruit, Réland et Neige se précipitèrent à leur tour dans l’atelier. Leurs yeux avaient eu le temps de s’habituer un peu au noir pendant qu’ils attendaient Lithildren, mais pas assez pour naviguer de manière fluide à travers les deux pièces. L’Agent de l’Arbre Blanc jura à travers les dents lorsqu’ils se cogna le genou contre le coin d’une table. Neige réussit à trouver le bougeoir en métal. Le grincement caractéristique d’une pierre à feu sur une lame en acier se fit entendre, suivi de quelques étincelles, et enfin d’un faible aura de lumière lorsque la mèche se teignit de pourpre, puis s'enflamma.

Ils purent alors découvrir la scène suivante : Lithildren avait réussi à maintenir son emprise sur le personnage qui s’était avéré être une femme. Elle était de taille moyenne et plutôt fine. Ses yeux étaient un peu plus grands que ce qui était dicté par les standards de beauté classique, et ses traits un peu trop anguleux, mais il s’agissait d’un de ces visages que certains qualifieraient de captivant. La peau de la femme était pâle, c’était flagrant dans la faible lumière de la bougie ; comme si elle passait la plupart de son temps sous Mont Mindolluin, loin de la lumière du jour. Ses vêtements étaient de bonne facture et dénotaient un style bien défini, accentué par son couvre-chef excentrique, mais ils semblaient être taillés pour la facilité de mouvement plus que pour l’esthétique.




Pour l’instant, ses yeux étaient grand ouverts, ses pupilles dilatées par la peur.

-Qui êtes vous ?!

-Vous avez une dague sous la gorge et vous êtes seule face à quatre. Nous allons poser les questions. Que faites vous dans l’obscurité, dans l’atelier d’un faussaire condamné ?

-Vous pouvez dire à votre Lord Rhydon d’aller se gratter. C’est vous les vrais criminels !

-Notre Lord Rhydon... ? Vous vous méprenez. Nous n’avons rien à voir avec cet homme. Bien au contraire...

-Alors qu’est-ce que vous faites dans mon atelier?!

-Votre.. ?

Réland indiqua délicatement à Lithildren qu’elle pouvait retirer sa dague et prit la femme sous le bras, en l’escortant jusqu’à une chaise où il lui demanda de s’asseoir. Il échangea un regard silencieux avec Neige, et décida de jouer à jeu découvert.

-Nous savons que le faussaire Kaj Olson a été emprisonné puis tué par Rhydon car il savait quelque chose de compromettant sur lui et peut-être même sur son commandant. Nous savons que Rhydon est coupable de plusieurs crimes, mais nous manquons de preuves. Peut-être que celles-ci se trouvent ici, si les sbires de Rhydon ne les ont pas encore dérobées. Ou peut-être que vous êtes justement ici pour ça, pour détruire les preuves restantes ? C’est quoi ces balivernes que vous racontez à propos de cet atelier, comment pourrait-il être le votre ?


-Alors vous voulez faire chuter Rhydon.. ? Hmm...peut-être que nous ne sommes pas des ennemis après tout. Je m’appelle Sonja Kol, et je suis la véritable faussaire et propriétaire de cet atelier. L’homme qui a été emprisonné et...-la femme déglutit et baissa le regard sans finir sa phrase, puis reprit-il travaillait pour moi. Les clients que mon genre d’occupation attire sont souvent des personnages peu recommandables qui n’hésiteraient pas à profiter d’une femme. Et comme vous avez pu le constater – elle lança un regard nerveux à Lithildren en se frottant la gorge – les affrontements physiques ne sont pas mon point fort. C’était son rôle. De faire semblant d’être le faussaire, de négocier avec les clients. D’empêcher que les éventuels ennuis n’arrivent jusqu’à moi. Mais l’atelier...c’est mon royaume à moi.

Nallus, qui était resté silencieux jusqu’à là, se gratta le menton et murmura, pensif : -Sonja Kol...Kaj...Olson...

Neige quant à elle regarda la femme, sceptique, et demanda froidement :

-C’est une bien belle histoire mais qu’est-ce qui prouve que vous ne venez pas de l’inventer ?


Sonja sourit pour la première fois depuis le début, avec une étincelle de malice dans les yeux.

-Cette broche – dit-elle en indiquant le laisser-passer de l’Arbre Blanc que Neige avait accroché discrètement à la robe de guérisseuse lorsqu’ils s’étaient enfoncés dans les passages sous le mont Mindolluin. – il y en a que quelques-unes des comme ça au monde, taillées dans un matériau bien plus rare encore que le mithril. Le bois d’un arbre de la lignée de Nimloth. Plus précisément celui qui a été déposé à Rath Dinen la dernière année du Troisième Age. Un symbole qui ouvre beaucoup de portes...rare, mais pas inimitable.  

La main de Sonja trouva un bout de charbon sur la table à côté d’elle, et sous les regards des aventuriers elle dessina quelques traits sur le bois de la table. Un dessin qui imitait parfaitement la broche, sur une échelle agrandie, apparut devant leurs yeux.

-Pour commencer, il faut bien choisir ses outils. Les artisans de Minas Tirith utilisent depuis des décennies des outils de sculpture en provenance d’Ithilien. C’est loin d’être les meilleurs de la Terre du Milieu, après tout le Gondor n’est pas réputé pour son travail du bois...mais c’est ceux qui ont très vraisemblablement servi pour façonner votre broche. Ensuite, le matériau. Pour imiter le bois d’un Arbre Blanc, le mieux serait un peuplier tremble, comme ceux que l’on trouve dans la Vallée de la Racine Noire. Un bois relativement facile à façonner, dont la couleur et la texture se rapprochent du Nimloth. Mais pas assez. Une fois taillé, pour le blanchir davantage il faudrait le plonger dans une solution de saumure ayant subi un processus alchimique particulier...mais avant de blanchir le bois il faudra le vieillir. Votre broche, elle est faite avec le bois d’un arbre mort depuis quelques centaines d’années. Il résiste très bien, mais ne ressemble pas à un bois de peuplier fraîchement coupé. La méthode la plus simple serait de plonger de la paille de fer dans du vinaigre afin de créer une réaction d’oxydation, et l’appliquer sur le bois.  Et voilà, le tour est joué. En trois jours environ, je vous la fais votre broche, pour un prix approprié.

Le professeur Nallus frappa dans ses mains avec excitation, visiblement impressionné par le monologue. Neige et Réland, bien que beaucoup plus calmes que l’universitaire, n’étaient eux-aussi pas restés indifférents face au savoir-faire de la femme.

-Si vous êtes la véritable propriétaire de cet atelier alors dites nous. Pourquoi l’homme qui vous servait de couverture a été emprisonné ? Disposez-vous de quelque chose qui pourrait incriminer Rhydon ?


Avant que Sonja ne puisse répondre, Neige leva le bras. Un faible bruit de plusieurs pas et des voix se fit entendre. Une fois de plus, Lithildren fut envoyée en éclaireur, étant le plus capable à se déplacer furtivement dans le noir. Lorsqu’elle s’approcha de la porte extérieure de l’atelier, elle put entendre une voix masculine rauque :

-Ils sont partis par ici, sergent...je suis un vétéran, vous savez, et la manière dont elles se déplaçaient... j’ai tout de suite vu que ce n’était pas des guérisseuses.

Lithildren put reconnaître la voix vaguement familière. Il s’agissait du mendiant à qui elle avait donné quelques pièces une poignée d’heures plus tôt.

-Vous êtes certain que c’est cet endroit là ? Bon...voici votre récompense, partez maintenant.

L’elfe n’eut que quelques brefs instants pour rejoindre ses compagnons dans l’autre pièce et les avertir. Réland fut le premier à réagir :

-Merde, on aurait du changer de vêtements ! Trop tard maintenant. Sonja, est-ce qu’il y a une autre sortie ?

-Oui...mon identité ne serait pas restée secrète longtemps si j’entrais et quittais l’atelier tous les jours par l’entrée principale.

-Bien. Guidez les autres vers l’autre sortie. Je vais distraire les soldats pendant ce temps-là pour vous permettre de partir inaperçus.

-Hors de question ! C’est pas le moment de faire des sacrifices inutiles Réland !

-Capitaine. Soyez raisonnable.– Etonnemment, cette fois-ci c’était Réland qui semblait garder le sang froid contrairement à sa supérieure hiérarchique. – Vous voulez vraiment affronter une patrouille de soldats du Gondor en pleine Cité Blanche ? Ou bien fuir ? Vous êtes blessée, et le Professeur a passé l’âge des courses-poursuites. Vous devez protéger Sonja, c’est peut-être notre seule chance d’avoir des preuves tangibles contre Rhydon et Cartogan.


Neige n’avait pas d’argument valable pour opposer les paroles de l’agent. Ce dernier tira la robe de guérisseuse, restant juste en pantalon et dévoilant aux trois femmes et au professeur son torse nu et sa musculature impressionnante. Il leur fit un clin d’oeil et dit :

-Rendez-vous au Sanctuaire demain.

Puis il se retourna et se dirigea vers l’autre pièce d’un pas rapide. Ils purent entendre la porte s’ouvrir avec force, et le bruit des pas rapides sur les pavés, accompagnés des exclamations des soldats qui semblaient s’être lancés à la poursuite de Réland.

-Par ici, vite. Et prenez le journal ! – s’exclama Sonja en s’adressant à Lithildren qui était la plus proche du cahier des notes.

La faussaire les guida dans le noir quasi-total vers un passage dissimulé qui semblait s’enfonçer encore plus dans la montagne. Ils marchèrent pendant quelques minutes tendues, s’attendant à chaque instant à entendre les soldats derrière eux. Même lorsqu’ils se retrouvèrent dehors, ils étaient toujours dans les galeries sous la Cité, plongées dans la pénombre permanente. Il était facile de se perdre dans ce labyrinthe de ruelles étroites mais Sonja semblait connaître son chemin. Elle les guida jusqu’à un lieu qui semblait être une planque plutôt que son habitation réelle. Il y avait une table, un sommier, une grande vasque remplie d’eau et quelques lampes à huile, mais pas de fenêtres.

Le professeur, clairement épuisé par cette journée éprouvante physiquement et nerveusement, se roula dans un coin et sembla s’endormir très rapidement. Même Neige semblait dépourvue de toute force, sans doute affectée lourdement par sa blessure, mais peut-être aussi sécouée par la décision de Réland. Elle s’assit par terre et tira sa coiffe de guérisseuse sur les yeux. Elle s’assoupit ou se perdit dans ses pensées.

Rester ici pendant quelques heures était sans doute une bonne idée, pour éviter de croiser la patrouille qui les cherchait peut-être. C’était l’occasion pour Lithildren de poser des questions à la faussaire si elle le souhaitait.

Mais lorsque le jour se leverait, ce qui n’était d’ailleurs pas une chose facile à établir dans cette planque dépourvue de fenêtres, il lui faudrait prendre une décision sur les prochaines actions. Elle pouvait retourner au Sanctuaire pour y retrouver Réland, s’il avait réussi à s’échapper aux soldats. Ou bien faire ce que le chevalier Félian avait suggéré : trouver le forgeron Cadrach à la Maison des Compagnons pour lui demander de préparer des armes pour les Chevaliers du Cor Brisé...


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