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Sujet: La Demeure dans les Fondations
Ryad Assad

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Rechercher dans: Ruines d'Ost-in-Edhil   Tag luwis sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Demeure dans les Fondations    Tag luwis sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 22 Avr 2017 - 11:45
HRP : Toutes mes excuses pour le retard !

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Un claquement régulier, ininterrompu, semblait venir des profondeurs de la cité enfouie. Un claquement qui, cette fois, n'évoquait pas les mâchoires acérées d'un monstre jeté à leur poursuite, ce qui n'était pas désagréable. Avaient-ils enfin franchi les épreuves que leur envoyait Ost-in-Edhil ? Avaient-ils enfin mérité le droit de se reposer, après avoir tant couru, rampé, creusé, haleté, poussé et tiré ? Peut-être que oui. Pendant qu'il traînait Lithildren sur le sol rocailleux, Oropher pouvait apprécier la douce et chaude lueur que dégageaient les torches disposées à intervalle régulier. S'il avait pu croire au départ à une hallucination, il devait bien admettre désormais que quelqu'un - ou quelque chose ! - habitait encore le cœur de ces ruines. Impossible de déterminer avec certitude à qui ils allaient avoir affaire en arrivant au bout du chemin, mais dans leur état d'épuisement actuel, ils n'avaient guère d'options. Reculer signifiait revenir dans le boyau infâme dont ils s'étaient si péniblement extraits, et c'était simplement hors de question. Alors, prenant la source de son courage à deux mains, sans grâce mais avec les meilleures intentions du monde, il poursuivit sa route en suivant les torches, balises lumineuses qui l'appelaient comme autant de guides enchantés l'invitant au dernier voyage.

Et c'était peut-être bien la mort qui l'attendait au bout du chemin. La mort sous la forme d'une voix rauque qui gronda :

- Ça bouge là-bas !

Oropher s'immobilisa. Était-ce parce que la menace de se voir agresser par des inconnus alors qu'il était au plus bas était tellement injuste qu'elle lui ôtait même la force de se battre pour vendre chèrement sa vie ? Ou bien était-ce simplement qu'il craignait de poursuivre de peur de continuer à incarner malgré lui le danger que cette voix semblait avoir repéré. Avant d'avoir eu le temps de réagir, ou même de trouver comment réagir, il entendit une voix puissante s'élever. Elle était reprise en écho par les parois du couloir étroit, et il n'était pas possible de savoir ce qu'elle venait de dire, mais la seule chose certaine était qu'elle était la voix du pouvoir et du commandement. Les autres se plièrent à sa volonté, et s'approchèrent précautionneusement des deux Elfes qui auraient été bien incapables d'offrir la moindre résistance, l'auraient-ils voulu. Lithildren inconsciente, Oropher au bord de l'épuisement... Ils n'avaient littéralement aucune chance contre la demi-douzaine d'individus qui marchaient sur eux, emplis d'une détermination qui n'avait d'égale que leur crainte.

- Des Elfes ! Ce sont des Elfes !

Oropher essaya bien de... De quoi d'ailleurs ? De se rendre ? De négocier ? De se protéger ? Il échoua dans tous les cas. Les hommes, mus par une rage peu commune, se jetèrent sur celui qu'ils avaient identifié comme un adversaire et le rouèrent de coups. Quelqu'un cria quelque chose qui signifiait vaguement "ne les tuez pas", mais les insultes et les hurlements n'étaient pas pour aider le Premier Né à saisir les subtilités linguistiques et les choix sémantiques. Pourtant, s'il avait pu prêter attention à cette voix qui appelait à ce qu'on les épargnât, il aurait sans doute pu entendre en elle les accents de la sagesse et de la tempérance. Deux choses que les autres semblaient ne pas avoir à profusion. En revanche, ils avaient une frustration à évacuer, et ils ne furent pas avares de coups alors qu'ils essayaient de faire payer à Oropher quelque chose qu'il n'avait pas fait, mais qu'il avait le malheur d'être. Un coup de pied plus ajusté que les autres le cueillit au coin du menton, et l'envoya rouler comme une poupée de chiffon.

- Il a son compte, arrête ! Arrête ! Luwis, arrête !

- Je vais le fumer ! Je vais le fumer ! Laisse-moi le fumer !

Jessp, sans doute un peu plus raisonnable, s'interposa et indiqua du doigt les deux corps inconscients en criant :

- Ça suffit ! Ça suffit, tu commences à devenir bizarre toi aussi !

Luwis eut un bref mouvement de recul, et sa colère retomba brusquement. Il jeta un regard désabusé aux deux Elfes, et cracha par terre comme pour conjurer une malédiction. Les autres, calmés eux aussi, semblaient hésiter quant à la marche à suivre. Ce fut Jessp qui les remit au travail d'une voix autoritaire :

- Désarmez-les, et attachez-les solidement. Ensuite ramenez-les, et foutez-les au frais.

Sans attendre de voir si ses hommes allaient exécuter ses ordres - ils savaient très bien que celui qui désobéirait subirait un châtiment terrible, et ils n'étaient pas stupides au point de vouloir renoncer à l'or qui leur avait été promis -, Jessp retourna vers une pièce de belle taille où se trouvaient d'autres hommes occupés, eux, à creuser à l'aide de pioches qui produisaient ces fameux claquements. Du moins c'est ce qu'ils auraient dû faire, s'ils n'avaient pas interrompu leur travail pour observer avec inquiétude le couloir d'où provenaient des bruits de lutte :

- C'est réglé, retournez au travail ! On est déjà en retard, alors on se bouge !

Il frappa dans ses mains pour accompagner son injonction, et les ouvriers retournèrent à leur occupation sans attendre, craignant déjà les sanctions. Ils avaient le corps luisant de sueur, mais ils continuaient à user leurs mains et leurs dos au travail pour abréger leur séjour dans les entrailles d'Ost-in-Edhil, conscients qu'ils ne partiraient que lorsqu'ils auraient trouvé ce qu'ils étaient tous venus chercher. Jessp hocha la tête avec satisfaction, et s'éloigna tranquillement des travailleurs pour aller un peu plus loin. La salle était vaste, même si certaines portes s'étaient effondrées et leur barraient la route. Ils avaient largement de quoi séparer un espace pour se coucher et un espace pour travailler, tout en se retranchant derrière des barricades de fortunes qui les protégeaient d'éventuelles attaques. Jessp s'approcha d'un homme auquel personne ne rendait visite de bon cœur. Il se trouvait installé dans un fauteuil, appuyé lourdement sur une canne, et observait silencieusement les déplacements de tout un chacun. Jessp commençait à s'habituer à le voir ainsi, voûté et usé, mais il ne pouvait pas s'empêcher de constater que son état se dégradait rapidement, ce qui suscitait quelques inquiétudes. Après tout, c'était lui qui devait les payer, et ils ne voulaient pas le voir mourir avant d'avoir récupéré leur paiement. Le guerrier s'agenouilla, non pas par déférence mais pour se trouver au niveau de son interlocuteur, et souffla :

- Monsieur... Nous avons capturé deux Elfes qui essayaient de se faufiler par ici. J'ai bien peur qu'ils soient en mauvais état, mais apparemment ils sont vivants.

- Bien... Répondit une voix faible, âgée, fatiguée. Bien... Des difficultés, je crois ?

- Luwis... Il est à cran, et j'ai cru qu'il n'allait jamais s'arrêter de lui foutre sur la gueule... Enfin, je veux dire... de le frapper.

Un silence. Pesant.

- Comme les autres ?

- Non, monsieur. Pas encore, tout du moins.

Nouveau silence.

- Je vois. Maintenez la discipline, Jessp. Quant aux Elfes... Amenez-les moi...

L'intéressé hocha la tête avec raideur, et s'empressa d'aller exécuter les ordres. Il ne fallait pas faire attendre leur supérieur, l'homme qui avait rendu tout cela possible. D'un naturel relativement impatient, ce trait de caractère ne s'était pas amélioré avec la vieillesse, et il semblait tolérer de moins en moins les menus contretemps auxquels ils devaient faire face. Jessp s'approcha de ses hommes, qui traînaient les deux Elfes. Il leur fit un signe explicite pour leur demander de les amener au patron, et retourna à ses affaires... Il collectionnait de drôles de pierres porteuses de symboles dont il ne connaissait rien, mais qui lui semblaient avoir une certaine valeur. Il les comptait, les triait et les réarrangeait inlassablement, afin de s'assurer qu'il n'en oublierait aucune lorsqu'ils quitteraient enfin ce trou à rats. Plongeant la main dans son sac, il les étala devant lui en s'assurant que personne ne l'observait, et les compta du bout du doigt.

Une… Deux… Trois…


▼▼


Lithildren et Oropher s'éveillèrent sensiblement au même moment, ramenés à la vie par de vigoureuses paires de claques, seulement pour constater que leurs poignets et leurs chevilles avaient été entravés. Les cordes leur rongeaient les chairs, et leur laisseraient inévitablement une marque carmin douloureuse. On les aida à s'asseoir, et les deux hommes qui avaient procédé à leur réanimation indélicate s'écartèrent d'un pas pour leur faire comprendre que l'objet de leurs attentions devait être le vieil homme qui les observait de ses yeux étrécis. Il devait avoir plus de soixante-dix ans, à en juger par son aspect physique, mais la lueur dans son regard était celle d'un jeune homme dans la force de l'âge. Il les détaillait comme s'il voulait graver leurs visages dans sa mémoire, sans pour autant que l'on décelât une once d'agressivité en lui.

- Bonsoir, fit-il d'une voix suave.

Puis, devant leur silence, il ajouta :

- C'est toujours le soir, ici...

Il y avait quelque chose d'ambivalent chez ce personnage. Par bien des aspects, il pouvait apparaître inoffensif : la canne qu'il tenait en main n'était pas simplement un accessoire de mode, et il devait avoir toutes les peines du monde à se déplacer hors du siège qu'on lui avait confectionné à la va-vite avec ce qui traînait. Pourtant, une aura menaçante émanait de lui, et il ne fallait pas oublier qu'il tenait les deux Elfes prisonniers. Même s'il semblait sympathique, il n'était pas apparu en ami. Il poursuivit, parlant avec lenteur et mesure comme un poète peinant à se souvenir des vers et des strophes :

- Toutes mes excuses, pour... tout ça... Les hommes se sont emportés...

Le mot était faible. Oropher était couvert d'ecchymoses, et c'était un miracle si Lithildren n'avait pas subi le même traitement. Il toussa légèrement, avant de poursuivre :

- Je suppose que vos attaques... incessantes... peuvent expliquer pourquoi... Expliquer le pourquoi de leur réaction quelque peu... vive...

Il y avait de l'ironie dans son ton, mais ses yeux ne riaient pas vraiment.

- J'aimerais vraiment que cette attaque... soit la dernière. Il y a peu... nous avons laissé s'échapper deux des vôtres... Ils nous avaient promis... de ne plus chercher à nous... comment dire... exproprier... Je vois qu'ils n'ont pas tenu parole... Alors quel message devrais-je leur envoyer ? Quel message comprendraient-ils ?

Il laissa planer la menace un instant, simplement pour que les deux Elfes en prissent la mesure. Ils avaient le malheur d'avoir été utilisés par d'autres à des fins bien sombres, et désormais ils devaient supporter le poids d'accusations qui auraient dû peser sur d'autres épaules. Il fallait croire que l'injustice de leur situation n'était pas prête de prendre fin, et qu'Ost-in-Edhil leur envoyait un nouveau défi.

- Ai-je une raison de ne pas vous tuer... sur-le-champ ? Hm ? Peut-être que vous pourriez me dire la vérité...

Il se tourna vers Lithildren :

- Vous mademoiselle... Peut-être pourriez-vous me dire... hm... comment il se fait que vous soyez dans cet état. Vos prédécesseurs avaient réussi à arriver en... comment vous dire... meilleure forme.

Ses yeux se plissèrent davantage, et il lâcha dans un souffle :

- Deux de mes hommes sont partis en... exploration. Il y a peu... Et ils ne sont jamais revenus... Vous n'auriez pas... disons... croisé leur chemin... par le plus grand des hasards ?

#Jessp #Luwis
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