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Sujet: Le sage fuit la bêtise, les sots la traquent
Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Dur'Zork   Tag malafl sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le sage fuit la bêtise, les sots la traquent    Tag malafl sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 2 Avr 2017 - 19:45

Cette voix ! Cette voix douce et délicate, emplie d'une timidité polie, il la reconnaissait entre mille. Il avait pensé que cela arriverait, qu'elle essaierait de partir à sa recherche, de le retrouver et de voir ce qui lui était arrivé. Elle n'était pas sotte malgré sa naïveté parfois incroyable, et lui même était assez intelligent pour l'avoir remarqué. Etrangère venue de terres lointaines, que serait-elle devenue sans le pain et le gîte qu'il lui donnait en contrepartie de ses services, et les petites piécettes dont il la récompensait occasionnellement, plus pour répondre à une soudaine avancée de ses recherches qui le mettait de bonne humeur qu'à une générosité naturelle. Et que pouvait-elle faire toute seule dans cette ville tumultueuse ? Non, il l'avait emmené plusieurs fois à la porte de son entrepôt, elle saurait le retrouver. Elle venait de le retrouver, plus exactement. Mais par tous les diables, par le grand mystère de la vie et par le marissement d'Arda, c'était le plus mauvais moment ! Même ses oreilles vieillissantes entendaient les grognements terribles qui se répercutaient, approchaient inlassablement. Par quel miracle l'orc pouvait-il savoir qu'il se terrait ici, lui qui n'avait connu que sa cage jusqu'à présent ? C'était la faute de Haur, elle attirait la bête tout droit sur lui, sans le vouloir.

Cruelle ironie, Ijd était maintenant prisonnier dans sa cage et l'objet de ses recherches courait libre au-dehors, n'ayant pour toute idée en tête que de mordre dans la gorge du vieillard de la même manière que le Bâton avait maintes et maintes fois mordu sa chair.

Haur, elle, se tenait maintenant comme pendant les dernières semaines, tout près de la cage, prenant son occupant en pitié sans se rendre compte qu'elle contribuait à son malheur. Elle avait contribué à maintenir cet orc, cet orc arraché à son milieu d'origine et aux siens sans qu'il n'eût rien demandé, en captivité, et si elle l'avait bien traité, si elle avait patiemment soigné ses blessures et apporté sa nourriture, elle n'en avait pas moins été la complice de son geôlier. De même, alors qu'elle ne souihaitait que le bien d'Idj, elle venait de mettre le prédateur sur la piste du savant et demandait à ce dernier d'ouvrir la porte, seule protection dont il disposait pour sa sécurité.

- Seigneur Idj ? Etes-vous là ?

Qu'elle fiche le camp !

C'est ce qu'il aurait voulu lui crier à travers sa barbe ébouriffée, mais ses lèvres restèrent mutiques et les mots ne sortirent pas. La colère contre sa jeune auxiliaire était bien là, déformant les traits déjà disgracieux de son visage, donnant à ses yeux dissymétriques une expression dure et austère, et pourtant il n'avait pas été capable de lui ordonner à haute voix de s'en aller. Pourtant elle ne lui servait plus à rien maintenant que ses recherches étaient tombées à l'eau, elle n'était plus rien pour lui, elle pouvait bien se faire croquer que ça ne changerait pas sa vie. Mais non, il n'était pas capable d'opposer une réplique cinglante à la voix si innocente de la jeune fille. Elle l'avait toujours servi avec le plus grand sérieux, et il avait cru voir une fois ou deux, dans ses yeux, quelque chose qu'il n'avait encore jamais vu chez quiconque. D'habitude les gens à qui il avait affaire affichaient moquerie, méfiance voire dégoût à sa vue, et cela lui avait toujours été bien égal, peu lui importait que tous ces idiots le jugent ou pas tant que ses précieuses recherches avançaient, c'était tout ce qui comptait pour lui. Mais Haur le regardait différemment, comme si elle voyait chez lui des beautés profondément enfouies que les autres ne pouvaient discerner...

De telles pensées le dégouttèrent au moment même où elles sortirent de sa caboche. Il était Idj Jlaphân, il n'avait besoin de personne ! Il fit brusquement volte-face, tournant le dos à la porte en émettant un grognement d'agacement. Le sang colora ses oreilles d'une teinte pourpre. Chuchotant quelque malédiction entre ses dents serrées, il passa nerveusement sa main droite dans ses cheveux et dans sa barbe, faisant voleter les longs poils blanchâtres. Puis il se retourna encore une fois, encore plus brusquement que la seconde d'avant, et porta la main en direction du loquet de la porte...

- C'est moi, c'est…

La voix de la demoiselle Aur'va se tut soudain. Des voix d'hommes lancèrent des jurons au-dehors, et les grognement de la bête éclatèrent tout près. Idj retira vivement sa main et se carapata parmi le bric-à-brac qui emplissait le hangar pour se blottir au milieu. Le regard noir et un horrible rictus sur la bouche, il se mit à hurler...

- Traîtresse !


♦  ♦  ♦



Malafl voyait des étoiles même où il n'y en avait pas. Alors que tout à l'heure elles se cantonnaient à apparaître timidement dans le ciel du sud, les petites lumières blanches tourbillonnaient tout autour de lui, sur les façades des entrepôts, sur le sol en-dessous de lui ou encore tout autour de ses hommes qui s'agitaient comme des déments. Sa tête lui tournait et lui faisait un mal de chien, et une rapide vérification de la main lui fit sentir le sang chaud et poisseux qui ruisselait de son crâne chauve. Il essaya de se relever mais une douleur lancinante dans sa jambe droite lui arracha un cri de douleur. Grand fut son désarroi quand il comprit que son fémur était fêlé, ou pire, cassé.

Ce maudit savant avait fait un travail d'amateur sur son orc ; on n'apprivoise pas ce genre de créature comme on dresse un chien ! Les Orcs-esclaves d'El Abib n'auraient jamais réagi de la sorte, ils n'auraient jamais osé affronter le porteur du Bâton et encore moins tenté de le désarmer. Malafl n'eut toutefois pas le loisir de réfléchir aux conséquences qu'un tel fiasco pouvait avoir sur le commerce des Orcs. Qui voudrait d'un esclave qui se retourne contre son maître et qui le prend à la gorge pour le soulever de terre ?

Reprenant peu à peu ses esprits, Malafl vit un de ses hommes faire un vol-plané et finir sa course contre le portail du hangar d'Idj Jlaphân. Un autre de ses subalternes réussit à entailler le dos de la Bête avec son cimeterre, mais elle se retourna et lui renversa la tête en arrière en lui arrachant presque les cheveux, avant de planter ses crocs dans le cou tendre du haradrim. Cette agitation macabre dura une trentaine de secondes de plus, peut-être une minute, avant que les derniers cimeterres ne soient jetés au sol et que les moins amochés de leurs porteurs ne se dispersent misérablement dans les ruelles adjacentes, feuilles flétries balayées par un vent d'Est rugissant.

Le Bâton gisait toujours à terre. Malafl aussi, lui qui n'était pas parvenu à se redresser.

Ce dernier écarquilla les yeux d'horreur lorsqu'il vit l'uruk se diriger dans sa direction, la gueule dégoulinante du sang de ses hommes. La main du suderon saisit la poignée de son cimeterre et son visage se crispa. La mort, insoumise, incontrôlable, libre et sauvage, allait venir le cueillir...

- Traîtresse !

Cela provenait de l'intérieur du hangar. À ce cri, l'uruk se retourna comme si quelque mouche l'avait piqué et, dans un rugissement plus épouvantable qu'aucun de ceux qu'il avait émis jusqu'à présent, se rua épaule en avant, avec une violence inouïe, contre le portail du bâtiment. Les planches tremblèrent avec fracas mais, épaisses et solides, elles tinrent bon. Les gonds furent mis à rude épreuve mais forgés avec un fer de qualité, ne se rompirent pas. La Bête recula, prenant son élan pour une nouvelle charge. Incapable de prendre la fuite, Malafl rampa jusque derrière de vieilles caisses qui étaient amoncelées non loin de lui. Une fois caché, il plaça son œil face à un interstice pour voir comment tout cela allait se terminer.

Tout en observant, sa main atteignit la poignée d'une petite dague qui pendait à sa ceinture. Si la bête féroce revenait le chercher, il pourrait transpercer son cœur. Pas le cœur de l'uruk. Son cœur à lui.


♦  ♦  ♦


Tag malafl sur Bienvenue à Minas Tirith ! Kulak10

Sauvés par un Orc...

Kulak n'en revenait toujours pas, tout avait été si vite ! Lui qui un instant plus tôt se voyait déjà égorgé par l'homme chauve en tant que témoin gênant, était à présent en train de courir dans les basses ruelles de Dur'Zork, sans turban, sans épée, sans autre but que d'échapper au carnage qu'il entendait se dérouler derrière eux. Sa comparse le ralentissait, elle qui se trouvait dans un état de faiblesse avancé, qui avait frôlé la mort tout à l'heure et qui allait à moitié nue à ses côtés. Il pouvait la laisser là, l'abandonner à son sort ou à l'impartial hasard : maintenant qu'il savait où se terrait le sieur Jlaphân elle ne lui était plus d'aucune utilité. Pourtant il ne la lâcha pas, continuant à la retenir lorsqu'elle manquait tomber et de la guider quand elle passait trop près d'un angle de murs, avec une abnégation remarquable. Son enquête serait au point mort si elle n'avait pas été là, il lui devait bien ça. Et puis... c'était une habitante de Dur'Zork, et son ancienne fonction n'était-elle pas de protéger les habitants de la capitale harondorime ?

Que faire maintenant ? Il savait que l'affrontement devant le hangar ne se réglerait pas à l'amiable ; l'un des deux camps terrasserait l'autre ou le ferait fuir, après quoi il essaierait de forcer la porte pour mettre la main sur le savant fou. Si les vainqueurs étaient les bandits, ils enlèveraient certainement Idj, l'emporteraient dans un coin tranquille et auraient tout le loisir de lui réclamer ce qu'ils étaient venus chercher, si toutefois ils étaient venus chercher quelque chose. Mais si c'était l'uruk qui gagnait – et c'était là une hypothèse plus que probable – alors le vieux n'avait plus qu'à faire ses prières car il ne pouvait tenir éternellement le fort contre une créature de cette férocité.

L'enquêteur s'arrêta net à un angle de rue. Ils pouvaient se permettre de reprendre leur souffle, ayant mis un peu de distance entre eux et le lieu du carnage.

- Ecoutez-moi Haur... Pas le temps de jouer sur les mots, je vais être direct. Mon but est de permettre la destruction de cette bête. Elle ne quittera pas ce hangar tant que Jlaphân sera à l'intérieur. Les portes de ces hangars sont conçues pour résister aux effractions, les marchands entassent des affaires de valeur dans ces trucs. Rien à voir avec une vulgaire porte d'habitation. Ça peut donc durer un certain temps.

Suspendant son explication pour respirer un bon coup, il hésita un instant. Ne risquait-il pas de la faire tourner de l’œil en poursuivant ? Tant pis, si elle avait voulu tomber dans les pommes elle l'aurait fait tout à l'heure, les mots ne l'impressionneraient pas plus que la vue d'un uruk à quelques mètres de distance.

- Nous le tenons ! S'il réussit à entrer, il va vouloir se déchaîner sur le corps de Jlaphân, le dévorer peut-être entièrement que sais-je, pour se venger. Dans les deux cas, on a le temps de lui tomber dessus.

Il se demanda si le regard horrifié qu'elle lui lança était dû aux conjectures macabres qu'il venait de lui faire ou au fait d' « avoir le temps de lui tomber dessus ».

- Non, pas nous, la milice du gouverneur ! Pas le temps de monter prévenir Nârkhâsîs au palais, c'est trop loin. Mais juste là-haut – il pointa du doigt une sorte de tour, à une dizaine de minutes à pied, qui s'élevait à la cime d'un petit mamelon et qui surplombait les bas-quartiers – il y a l'ancien poste de guet qui servait aussi de caserne pour les militaires comme moi. Doit y avoir du milicien là-dedans !

A peine Kulak eut-il prononcé ces mots qu'il entraîna Haur en direction de la petite tour. Ils réussirent tant bien que mal à cheminer dans les ruelles et à grimper sur le flanc de la modeste colline. Mais à mi-chemin du sommet, alors qu'ils se trouvaient encore à l'abri du regard vigilant des meurtrières de la tour, le harondorim se tourna vers la jeune femme.

- Haur, si vous voulez quitter la partie c'est le moment. Si les miliciens vous voient avec moi, je ne pourrai rien cacher au Gouverneur par la suite. J'appuierai sur votre bonne coopération, mais j'ignore si cela suffira pour vous éviter... pour éviter que...

Le dire lui était trop pénible.

- Recommencez une nouvelle vie, loin d'Idj Jlaphân et de toutes ces histoires. Je pense que vous le méritez.
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