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Sujet: Quand le chat s'en va, les souris dansent
Nathanael

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Rechercher dans: Annúminas   Tag moïra sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Quand le chat s'en va, les souris dansent    Tag moïra sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 14 Mai 2012 - 15:21
- Pitié, pitié … ha …

Le fouet claqua par trois fois dans la main de Rénaud. La chair vit le jour parmi les nombreuses cicatrices qui parcouraient le dos et les bras du garçon. Il se protégeait le visage de ses mains frêles et pâles, comme la mort. La couleur chaude du sang, rouge sombre, contrastait curieusement avec ses traits exsangues. La scène était un écho étrange d’un tableau exposé sur l’âtre où une file sans fin d’esclaves courbaient le dos sous les violences de leurs bourreaux. Le jeune garçon sanglotait.

- Tu dis toujours la même chose Pleutre. Pitié ! Quelle effronterie ! N’ai-je pas suffisamment pitié de toi en te gardant ici ? Je t’offre logis et nourriture. Mais tu persistes et tu t’obstines. Th..th..th..th..th…

Par principe, Rénaud assena un nouveau coup à son jeune serviteur. Deux soldats sans expression attendaient. Lorsque le noble eut posé son instrument de torture sur le rebord de la cheminée, les deux miliciens s’avancèrent et saisirent Pleutre sous les bras pour le mener hors de la pièce pourpre, où, le feu, crépitant, semblait voué à dévorer de ses flammes l’âme de tous ceux qui entraient en ces lieux.

Rénaud laissa divaguer son esprit dans les méandres des affres politiques. Coup du sort ou opportunité inestimée ? Le départ du roi soulevait bien des questions. Les sénateurs destitués n’avaient pas digéré le retournement de situation et la dissolution du sénat. Des vautours prêts à se jeter sur une proie non encore morte. Aldarion paierait son impunité hasardeuse. C’était du moins l’idée la plus répandue dans les rangs du contre-pouvoir renaissant. Le roi avait bel et bien dissolu l’entité gouvernementale mais non l’identité politique formée par les sénateurs. Retourner une prairie sans extraire les racines des mauvaises herbes était une erreur maladroite. Les chiens soumis du roi se donnaient des airs de loups cruels. Les nobles s’agitaient fébrilement dans leur confortable fauteuil sans oser agir. Fallait-il s’engager favorablement envers le roi ou soutenir ouvertement le mouvement de contestation qui agitait la classe politique ? Rénaud ne se posait plus la question.

Deux bruits sourds contre la porte lui indiquèrent que ses attentes avaient été exhaussées. Fort bien. Il pourrait intervenir en temps et en heure. Une ombre pénétra dans la pièce en silence et s’approcha de Rénaud.

- Oui, c’est le moment de l’inviter à nous rejoindre, si elle le souhaite. Ne la brutalise pas, l’intelligence brille dans son œil, au moins autant que la fourberie. Mais l’un ne va pas sans l’autre n’est-ce pas ?

Ils échangèrent un sourire appuyé.



Tag moïra sur Bienvenue à Minas Tirith ! Moara_10

Moïra ne prit pas le soin de surveiller ses arrières. Toute démarche officieuse paraissait suspecte en ces temps de troubles. L’avidité, le stupre et la luxure prenaient valeur de monnaie courante. Les esclaves se vendaient bon train, la prostituions battait son plein et le marché noir connaissait un regain d’intérêt démesuré. Quand le chat s’en va, les souris dansent. La bienséance commune interdisait de parler de quoi que ce soit, fort évidemment. Les nobles courtisaient les nobles – il fallait respecter les évidences.

Moïra portait une missive officielle, signée de la main de Rénaud. Son sceau rouge et or ceignait les bords d’un parchemin plié avec grand soin. Une écriture fine et régulière indiquait un destinataire bien particulier, non dissimulé : « A dame Nivraya de Gardelame, perceptrice d’Arnor ». L’impôt serait bientôt levé, il était judicieux de se préoccuper des intérêts dont les nobles pouvaient bénéficier pour payer des charges moins lourdes .

La jeune femme allait seule, la démarche suave. La finesse de ses traits n’avait d’égal que la rudesse de son regard. Un décolleté largement ouvert laissait paraître toute l’ostentation d’une poitrine débordante de générosité. Ses hanches dessinaient des formes aguicheuses sous la finesse du tissu de sa robe. Un ample manteau de fourrure avait la prétention de la protéger du froid, et des regards. Mais la rudesse de l’hiver et les vents violents qui agitaient l’Arnor réduisaient considérablement les paires d’yeux qui pouvaient se poser sur elle.

Les murs de la cité royale étaient nimbés de fins cristaux de glace. Une épaisse buée couvrait les vitres derrière lesquelles on devinait des pièces surchauffées et coquettes. Le confort démesuré dont jouissait les nobles relevait à la lumière du jour les cruelles inégalités qui séparaient les citoyens arnoriens. Les rares habitations qui bénéficiaient d’un foyer ardent étaient la propriété de bourgeois opulents. Partout ailleurs le bois était devenu un bien aussi important que l’argent et les bûches étaient un capital vital à économiser. Les fumerolles des cheminées dansaient ici et là au-dessus des toits mais à l’heure du repas les âtres brûlaient de feu d’appoint et non de hautes flammes destinées à réchauffer les corps meurtris par le Rude Hiver.

La large porte de bois devant laquelle veillait un monstre musculeux et chaleureux comme la glace aurait pu alimenter le foyer d’une famille nombreuse. Mais les pauvres étaient pauvres, et penser à eux ne modifierait pas leur statut. Moïra était à quelques pas de la demeure de la perceptrice. Elle resta à bonne distance de l’homme au corps de bête qui montait la garde. Il était de son bon vouloir de ne pas s’imposer et de ne pas paraître importune. Tout rapprochement eut pu être saisi comme une audace inconsidérée ou de la maladresse.

- Le seigneur Rénaud, noble de la cité d’Arnor,  souhaite transmettre une missive à Nivraya, perceptrice d’Arnor. Il conviendrait que je le lui remette en main propre.

#Rénaud #Moïra
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