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Sujet: Le souffle des Damnés
Nathanael

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Rechercher dans: Le Chemin des Morts   Tag norring sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le souffle des Damnés    Tag norring sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 26 Fév 2021 - 7:57

Dans un grand fracas de métal et de mailles, Tryon et son adversaire roulèrent au milieu des gravats de la vaste salle souterraine. L’acharnement fou du seigneur de Roncefort avait repoussé Jorund contre une haute paroi et sa seule chance de survie avait été de lui sauter dessus, une seconde fois, comme un cerf acculé charge ses chasseurs. Le goût ferreux du sang lui coula dans la gorge et le géant Rohirrim sut, d’un tâtonnement de langue, qu’il avait perdu une dent en percutant Tryon. Il usa de tout son poids et de toute sa masse gigantesque pour écraser son opposant sur le sol et d’un formidable coup de poing, il lui écrasa le nez au milieu du visage. Les cartilages crissèrent en se brisant et Jorund sentit sous des doigts quelque chose s’enfoncer.

— Charognard ! hurla le Rohirrim en ôtant aussi vite qu’il le put sa main de la face de Roncefort.

Il avait senti cette fois quelque chose agripper ses doigts. L’enfoiré l’avait mordu, si fort, si soudainement, qu’il lui avait tranché un morceau de chair. Jorund regarda dans la faible lumière le morceau de paume qu’on lui avait ôté. C’était sa main d’épée. La douleur lui remonta jusqu’au coude et le paralysa un bref instant. Tryon en profita pour se jeter sur lui.

À quelques pas à peine, Norring luttait pour ne pas perdre ses dents et sa virilité. Des larmes lui étaient remontées jusqu’aux coins des yeux quand le genou d’Elsner s’était enfoncé dans son entrejambe. Et la douleur, tout à la fois sourde et lancinante, lui labourait le bas ventre. Il regrettait d’avoir lâché son arc, ce n’était pas les flèches qui manquaient dans les carquois des gens de Morthond. Il aurait pu abattre quelques secondes plus tôt le combattant qui lui frappait maintenant la tête. La peur lui fouailla les entrailles. Non pas celle de mourir, mais d’avoir fait tout ce chemin pour rien. Il voulait savoir à quoi menaient tous les sacrifices qu’il avait faits. Il voulait voir l’objet des désirs de la Dame. Et il voulait, surtout, rabattre le caquet du Rohirrim qui le chevauchait comme une carne. Malgré les coups qu’il s’était pris, Norring avait reconnu l’accent de son pays et il comptait bien rappeler à cet exilé qu’une ruade était toujours possible.

Il donna un coup de reins puissant et il parvint à peu près à déséquilibrer Elsner qui était trop occupé à lui marteler le visage. Il le tuerait en son temps, mais pour le moment, il lui fallait mettre plus de distance entre les champions et son joli minois. Il crut perdre la tête de douleur, tant l’aine le faisait souffrir. Il ne chercha même pas à frapper son adversaire, il se contenta de le laisser, surpris et pantois sur le sol avant de s’enfuir au cœur des ténèbres.

Kaldor dans sa course rageuse ne prit pas garde au corps couché sur le sol qui barbotait dans son sang et dans l’obscurité croissante de la haute caverne où ils se trouvaient, il s’étala de tout son long. Il tomba nez à nez avec la poitrine froide d’un archer de Morthond, une flèche de la Vallée Noire fichée dans le cœur. L’œil vitreux du mort le fixait. Tandis qu’il se relevait, il sembla à Kaldor entendre un murmure. Les lèvres de l’archer n’avaient pourtant pas bougé. Les mains poisseuses, il put, lui aussi, sentir la terre pulser entre ses doigts, comme si un cœur de pierre battait sous la croûte terrestre. Les murmures se firent plus distincts et plus nombreux.

La Dame devant lui, l’ayant entendu choir, se retourna et l’aida à se relever. La danse des flammes faisait luire de mille éclats son armure de cobalt. Ses grandes serres brillaient et semblaient saillir de ses poignets. Elle observa l’oreille manquante et le sang qui coulait abondamment dans le creux de la nuque de Kaldor. Quelques centimètres plus à droite, et l’archer lui aurait transpercé l’œil et le crâne.

— Ne touchez pas au sang, souffla-t-elle. Essuyez-vous les mains. Vite !

Ils étaient au bon endroit. Quelque part sous leurs pieds, au milieu des souvenirs poussiéreux des hommes devait se trouver ce qu’elle était venue chercher. Trop occupés à se battre pour leur propre vie, les champions ne s’étaient pas rendu compte qu’ils avaient quitté les sombres tunnels étroits et qu’ils parcouraient maintenant une vaste salle haute de plafond, au sol jonché d’ossements secs et de cadavres encore chauds. Les archers de Morthond étaient percés comme des outres, abattus par Jorund et Norring quelques heures plus tôt.

Aidant Kaldor à se remettre sur pieds, elle délaissa Elsner et Tryon. Qu’ils se battent et s’entretuent donc, elle n’était pas là pour eux. Son but était autrement plus important.

— Le trophée doit être quelque part par là, reprit-elle. Regardez !

Elle tendit sa dague pour désigner une ombre parmi les ombres. De forme oblongue, un objet se devinait, plus sombre que la nuit, posé sur un reste de pilier brisé. Au pied de la courte colonne de pierre gisait un corps mort depuis de longues années. Des os saillaient sous une tunique élimée. Le Drug lui en avait parlé. Lome attira Kaldor derrière elle pour l’obliger à s’éloigner des cadavres chauds et des combats acharnés. Elle lui jeta un coup d’œil, pour s’assurer qu’il allait bien. Le maître seul savait ce qu’il pouvait advenir en ces lieux avec ce qu’ils avaient déclenché. Les montagnards étaient encore puissants. Tout ce que lui avait rapporté Eliabel Chaborgne était vrai et une pointe d’excitation gonfla en elle. Les autres champions ne seraient bientôt plus un obstacle.

— On dirait un arc, souffla Lome.

Mais son regard tâtonnait sur le sol et non vers le trophée de Ludgar.

Il y eut un craquement non loin d’eux, le bruit d’une botte qui éclate une main osseuse et sèche, comme une brindille de bois. L’ombre d’un homme se découpa juste devant eux, et s’il n’avait pas bougé en cet instant, ils ne l’auraient pas vu.

Norring se jeta sur Kaldor en grognant. Lome s’écarta juste à temps pour ne pas être percutée. Ayant perdu son arme, l’archer s’était emparé d’une corde d’un des arcs de la vallée noire et sans chercher à lutter ouvertement contre son ennemi, il lui avait ceint le cou avec la corde de chanvre.

— Dites-leur qu’elles s’arrêtent ! hurla l’archer fou en face d’eux.

Ses yeux ahuris cherchaient la Dame des yeux. Le sang lui dégoulinait sur le visage et lui coulait dans la bouche.

— Vous ne les entendez pas ? hurla de nouveau l’archer qui s’attaquait à Kaldor. Elles sont partout ! Arrêtez-les, je vous en supplie, arrêtez-les !

Les voix gonflaient et refluaient comme des vagues sur la grève. Lome les percevait faiblement, car elle s’était méfiée de toucher le sang de quiconque et avait tout fait pour ne pas être blessée. Mais tous ceux qui souffraient de plaies et dont le sang avait été bu par le Dwimmorberg pouvaient les entendre plus nettement. La démence de Tryon ne pouvait qu’enfler en ses lieux et atteindre un paroxysme que le baron de Roncefort lui-même ignorait. Le doigt qu’il tenait dans sa bouche était-il vraiment celui de son opposant ? Que lui soufflaient les voix qui gonflaient dans sa tête et quelles folies lui imposaient-elles de faire ?

Lome recula et fit face à Norring dont l’étreinte autour du cou de Kaldor se desserra un bref instant. Ses yeux cherchaient partout une aide et un soutien qu’ils ne trouvaient pas. Soudain, à ses pieds, Lome vit l’objet de sa convoitise, l’objet qu’on l’avait envoyé récupérer. « Beaucoup de sang, avait dit le maître, sans quoi il te sera impossible de la transporter. Les pierres de garde des Drugs sont pierres de sacrifice pour l’homme. Nous n’avons aucune magie en nous, plus rien à offrir d’autres qui soient dans nos veines. La pierre doit disposer de sa propre vie, en quelque sorte, pour pouvoir être déplacée. Et à défaut d’en posséder une propre, il faudra lui en donner. »

Elle lut le doute dans le regard de Kaldor, mélange de méfiance et d’incompréhension. Se demandait-il enfin pourquoi la Dame n’avait souffert d’aucune blessure ? Pourquoi leurs opposants ne s’en prenaient-ils pas à elle ? Elle lut la fièvre et la peur dans le regard de Norring et un bref instant, elle se demanda lequel des deux elle allait sacrifier.


***

An 251 du Quatrième Âge

Au-dehors, le souffle froid des montagnes le frappa de plein fouet. La face sombre du Dwimorberg était impassible malgré le défi que lui lançait Buri. Qu’il parle, s’il devait trahir son secret ! Qu’il révèle ce qu’il avait fait aux esprits blafards qui courraient entre les glaciers ! Buri s’en moquait. L’homme Frère gisait parmi les siens dans les entrailles vides des éminences rocheuses. Le temps le digérerait comme tous ceux qu’il avait avalés avant lui. La pierre veillerait sur son cadavre et personne ne viendrait la chercher là. Personne pas même cet homme venu du sud lointain, la bouche aussi sucrée que le miel, mais les yeux plus perçants que l’aigle cruel.

Il serra contre lui le trésor d’outre-mer que l’homme Frère lui avait donné. Il frissonnait d’écumes entre ses mains et laissait dans l’air une odeur piquante d’algue salée. Il était lourd de souvenirs et de prières, d’espoirs et d’attentes. Buri réprima un frisson. Il était trop sensible à cette magie pour la conserver longtemps avec lui. Raghan saurait quoi faire. Et il saurait peut-être lui expliquer qui était la déesse que l’homme avait implorée avant de mourir. Le vent s’était levé brusquement, mais ses bourrasques ne parvenaient pas à emporter le nom de Yavanna dans l’esprit de Buri.
Sujet: Y a Pukel faire !
Nathanael

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Rechercher dans: Dunharrow   Tag norring sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Y a Pukel faire !    Tag norring sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 27 Avr 2015 - 12:00
Tag norring sur Bienvenue à Minas Tirith ! Cimmer10

La taverne était bruyante, un joyeux vacarme de verres qui s’entrechoquent, de rires gras et de paroles échangées avec une joie tonitruante et quelques grossiers noms d’oiseaux. Les hommes finissaient la journée dans l’alcool pour oublier leurs malheurs passés et ceux à venir, pour ne pas penser à la chaleur de l’été précoce et aux mauvaises récoltes qui s’annonçaient, pour échapper aux reproches de leurs femmes et aux cris des enfants affamés. La situation n’était pas si terrible en vérité, mais il fallait bien trouver un prétexte pour se perdre dans la bière, la gnole du tavernier et venir retrouver les habituels piliers de comptoir pour se fendre la gueule et prendre un peu de plaisir avec les camarades de labeur. Les amitiés duraient le temps d’une cuite et le lendemain les frictions et l’animosité reprenaient leur droit entre les marchands, les petits commerçants et les soldats du coin qui peinaient à garder le calme dans la longue vallée de Harrowdale. L’ombre des montagnes pesait sur les esprits et les cœurs, le soleil venait rarement arroser de ses rayons les champs et les vignes ; la production agricole n’était jamais abondante. Et sous l’œil sévère de l’Irensaga et du Starkhorn les hommes se faisaient tout petit pour oublier les menaces venues des montagnes et la vie rude que le climat leur imposait. Et puis il y avait ces deux maraudeurs, furtifs et discrets, mais terriblement redoutables qui faisaient parler d’eux depuis quelques jours. L’armée régulière avait été informée que deux bandits de grand chemin rôdaient et importunaient les braves gens, mais les cavaliers Rohirrims n’avaient rien trouvé de concret. Pour si peu, on avait mandaté deux soldats de caserne pour partir à leur recherche mais ils étaient revenus bredouille plusieurs fois. Il avait été décidé qu’on recruterait deux ou trois mercenaires pour les aider, la patrouille était repartie, et on manquait cruellement de bras et de jambes pour battre la campagne à la recherche de ces deux renégats.

Jorund et Norring se tournaient les pouces dans ce village depuis deux longues journées. Personne n’était encore venu se présenter pour les aider dans leur tâche et ils venaient épuiser leur ennui dans la taverne sans espoir de voir un quelconque mercenaire. Qui se préoccupait des hommes de la vallée ? Il y avait bien plus d’aventures et de richesses ailleurs. Ils étaient tombés dans un trou à rats et ils maudissaient leur compagnie de les avoir laissé moisir ici. Norring qui savait à peu près écrire avait placardé deux parchemins dans le village : l’un était épinglé sur la porte de la taverne, il était presque illisible à ce jour tant de mains poisseuses l’avaient touchées et le second bravait les intempéries sur les portes de la maison forte qui leur servait de caserne, d’écuries, de grange à foin et éventuellement de dortoir. Il fallait bien être Rohirrim pour supporter tant de rusticité, un Gondorien n’aurait jamais toléré des conditions aussi modestes : Jorund et Norring se réconfortaient dans cette idée et criaient à tout va la supériorité des Rohirrims sur les autres peuples des Terres du Milieu. Ils ne prenaient pas grand risque, car, en effet, nul autres que des Rohirrims ne parcouraient ces terres.

Les deux hommes étaient donc installé sur un banc, chacun une chope à la main, attendant les yeux dans le vague qu’une âme charitable de mercenaire vienne les délivrer de leur mélancolie et de la banalité de leur quotidien miséreux.
#Jorund #Norring
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