Le voyage avait été plutôt tranquille pour
Orys. En y repensant, après avoir combattu sous les murs d'Aldburg, il y a quelques semaines à peine, il ne pouvait pas vraiment y avoir moins tranquille que cela. Ce fut donc dans une certaine joie de vivre -et le mot était tout désigné- que les Chevaliers du Cor Brisé avaient décidé de se rendre au Tournoi de l'Hiver. Chaque soir autour du feu, les hommes faisaient ripaille comme pour se rassurer d'avoir survécu à cette bataille atroce.
Orys partagea avec ses compagnons ce sentiment de liberté et bonheur primaire.
Orys était un vétéran, qui était passé de nombreuses fois par le sang et l'acier au cours de sa vie. Il avait vu beaucoup d'amis tomber et nombre d'innocents qu'il n'avait pu sauver. Mais
Orys n'avait jamais cessé de croire en la lutte contre les atrocités et le mal qui, jamais, ne s'avouerait vaincu.
Orys était réservé et peu loquace, il ne parlait jamais pour ne rien dire et sa voix grave aux accents gondoriens suffisait souvent à calmer les ardeurs des plus téméraires. Mais il n'était pas homme de conflit, il ne cherchait jamais les ennuis et n'usait des armes que sur un champ de bataille.
Une fois arrivés à Dale, le groupe se sépara rapidement, envahissant les rues de la cité.
Orys suivit plusieurs de ses compagnons jusqu'à la taverne où il ne fit que boire modérément.
Le lendemain, lorsque l'heure de l'ouverture du tournoi sonna,
Orys était fin prêt. Il concourrait. Non pas pour la Dame du Tournoi qui, d'après lui, semblait plus préoccupée par ses tracas quotidiens que par un tournoi organisé par son père, ni pour l'argent comme nombre de ses confrères Chevaliers mais tout simplement pour le sport. Combattre sans véritable risque convenait parfaitement à
Orys. Cela lui changerait et lui permettrait d'expérimenter de nouvelles bottes.
Lorsque vînt son tour d'entrer dans le cercle,
Orys y pénétra vêtu de son armure noire aux reflets mauves. Il avait coiffé son heaume orné de deux cornes de boeuf sur les côtés, un panache blanc surmontant le tout. Mesurant près de six pieds de haut, l'allure d'
Orys était des plus impressionnantes. Son épée et son bouclier en mains, le compagnon d'Eradan fit quelques passes d'échauffement en attendant son adversaire, Rhor. Dès que le combat s'engagerait, il ferait pleuvoir les coups, profitant de sa taille, de sa puissance et de son envergure.