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Sujet: La fidélité n'est pas une vertu qui mène à l'indulgence
Evart Praven

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag saelon sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La fidélité n'est pas une vertu qui mène à l'indulgence    Tag saelon sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 13 Avr 2020 - 23:05
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~ La fidélité n'est pas une vertu qui mène à l'indulgence ~
Minas Tirith, Sixième mois de l’An 301 du Quatrième Âge

Rares étaient ceux qui avaient la chance de connaître la beauté du Palais des Rois du Gondor à l’aube. L’or des premiers rayons de Soleil semblaient jouer avec les feuilles de l’Arbre Blanc comme pour en former les plus beaux fruits. L’eau s’écoulait doucement de la Fontaine et se parait de milles reflets dès plus brillants. Les doux éclats colorés de l’aurore se projetaient sur le Palais, le marbre blanc prenait une robe de rose et de corail. Sous la lumière du point du jour, la Cour semblait vivante et la danse des couleurs, de la lumière lui donnait un aspect surnaturel. On y était hors du temps pour l’espace d’un instant aussi fugace que délicat.

Bien peu étaient ceux qui pouvaient connaître la réelle poésie du lieu, au-delà de la haute stature de la Tour Blanche, de la majesté du Palais ou de la beauté de l’Arbre Blanc. Les visiteurs n’étaient pas encore autorisés à pénétrer dans l’enceinte du Roi. Les dignitaires de la Cour dormaient encore sur les deux oreilles. Seuls les gardes circulaient de leur pas solennel. Les plus rêveurs d’entre eux faisaient tout pour avoir leur tour de garde au petit matin car eux seuls savaient réellement apprécier ce doux moment à la poésie mouvante. Sous leurs pieds s’étendait la cascade des cercles qui formaient Minas Tirith. Plus loin, les reflets d’or des champs de blé du Pelennor s’étalaient jusqu’à l’Anduin et Osgiliath. La Citadelle des Etoiles était encore bercée d’une douce pénombre qui s’effilochait.

Il régnait sur la Cour de la Fontaine un silence dès plus total, à peine dérangé par les pas de quelques gardes. L’enceinte la plus sacrée du Gondor n’était jamais bruyante en dehors des rares cérémonies comme le mariage de Sa Majesté Aldarion. Néanmoins, en journée, on pouvait entendre le léger bruissement de la vie urbaine. Encore que, ces derniers temps, celui-ci semblait de plus en plus se résumer au lourd bruit des bottes des patrouilles de soldats. Les soldats du Gondor veillaient sur l’Anduin comme autant de sentinelles. Tous les matins, ils se tenaient bien droits face au Soleil qui commençait sa course derrière les Montagnes de l’Ombre.

Cependant, l’Ombre menaçait le Royaume : l’ombre de la Couronne de Fer, l’ombre de la corruption, l’ombre de la décadence. Tous pouvaient sentir la fébrilité d’un royaume qui vacillait. Était-il seulement encore capable de tenir son rôle de rempart pour les peuples libres ? La Tour Blanche pouvait elle encore être le phare du monde qu’elle était à peine un siècle plus tôt ? Était-il en mesure de défendre l’ordre du monde établi par Elassar ? Pour le moment, l’ombre s’étendait dans le Royaume. Elle ne venait ni du Levant, ni du Mordor. Elle était là et pourrissait la société de son fiel.

Ironiquement, le dernier coup de lame dans le cadavre vivant du Gondor venait bien du Mordor. La chute de Cair Andros avait soufflé un vent de panique et d’effroi dans la Cité Blanche. On racontait que l’Anduin avait pris la couleur du sang des hommes tombés pour la défendre. Le Navire aux Longues Ecumes avait chaviré, emporté par la houle dévastatrice de mystérieux barbares qui avaient déferlés sur un Royaume qui se remettait à peine des précédentes tempêtes. Plus jamais l’armée n’aurait voulu connaître pareille défaite qu’à Assabia. Désormais celle que d’aucun appelait l’Indomptable, la Grande s’écrivait la Victorieuse dans le sang des hommes du Gondor. Elle fut une quête aussi futile que vaine qui avait coûté la vie à tant de braves soldats, et pire, son prestige au vieux Royaume d’Isildur.

Cette défaite amère était bien plus qu’un simple échec. Elle avait plongé l’armée dans une crise morale sans précédent et avait provoqué indirectement la chute de Dur’Zork aux mains des Chiens du Désert et des pirates d’Umbar. Depuis lors, il avait fallu toute l’énergie et la fougue du Général Cartogan pour permettre à l’armée de relever la tête. Cela s’était fait au prix de la traque de l’essentiel des criminels de la Cité Blanche qui s’entassaient dans les geôles de la ville. C’était une victoire facile mais elle avait mis du baume au cœur des soldats et du peuple. Les petites gens adulaient Cartogan pour les avoir débarrassé des malandrins qui leur faisaient une vie infernale. Les soldats aussi portaient aux nues le Général.

Depuis plusieurs mois, il était en train d’épurer l’armée de ses officiers incapables et déloyaux. Ces sangsues avaient trop longtemps profité des honneurs du Roi et avaient conduit à la sèche défaite d’Assabia. Désormais seul la loyauté et la compétence primait aux yeux du Général. Il avait aussi gonflé les effectifs de l’armée en recrutant de nombreux soldats. Certes, ces jeunes conscrits n’avaient pas l’expérience des vieux briscards mais ils étaient plein d’une intense ferveur, d’une loyauté chevillée au corps et d’une rigueur morale qui feraient honneur au Général. Evidemment, avec la perte de Cair Andros, certaines mauvaises langues se déliaient à propos des abus de la garde ou de la vaine toute-puissance de Cartogan. Cependant, les vrais soldats et les vrais sujets de Sa Majesté n’en avaient cure, ils se savaient dans les mains fermes d’un grand homme, vaillant et incorruptible.

Peu nombreux étaient les régiments et unités qui avaient échappé à la boulimie de responsabilités de Cartogan. La Garde de la Fontaine était de celles-ci. Évidemment, la Garde dépendait de l’armée mais elle avait la charge de protéger la personne du Roi, sa famille et le Palais, cela lui offrait un poids politique particulier. Certes… Le meurtre du Prince Aleth puis l’enlèvement du Prince Chaytann avait été un coup dur pour tous les soldats de la Fontaine. Ils avaient été incapables de sauver les héritiers du trône. Plus jamais on ne les reprendrait à pareille honte et ils redoublaient tous d’efforts. Portant une flétrissure qui ne disparaitrait jamais, leur ancien chef s’était exilé au loin. On le disait en Arnor... lui aussi. A croire que c’était devenu une habitude.

Depuis lors, le Commandant Saelon avait hérité de sa lourde charge. Ce chevalier descendait d’une vieille noblesse du Lebennin qui remontait jusqu’au service des monarques de Númenor. Il avait toujours servi le Roi avec une très grande vaillance et faisait preuve d’une énergie surhumaine pour assurer la protection de la Citadelle et de la famille royale contre tous les dangers qui les guettaient. Il avait habilement manœuvré pour s’assurer une certaine autonomie face à l'armée. C’était lui, en personne, qui avait convoqué le Sergent Drake dans ses bureaux. Le mot que le vétéran avait reçu ne précisait rien sur ce qu'il lui voulait. Être convoqué à l’aurore dans son bureau pouvait dire deux choses : on allait lui confier une mission importante, il allait être renvoyé de la garde.

Lorsqu’il était à ses tâches administratives, Saelon n’enfilait que rarement l’armure légendaire des Gardes de la Citadelle. Elle y était plus gênante qu’autre chose et il lui préférait une armure lamellaire de cuir. Même s’il essayait d’être le plus souvent possible avec ses hommes, l’homme avait régulièrement l’impression d’être dévoré par une immense machine bureaucratique. Son office était étriqué, il avait à peine la place d’y mettre un bureau accompagné de quelques chaises, une armoire de fer et une table où il pouvait étaler une carte. Au moins il avait une vue sur le Pelennor, mais cela n’avait rien de comparable aux splendides appartements des dignitaires de la Cour. Pour ce qu’ils servaient vraiment au Roi… Il était rageant de voir que les Gardes de la Fontaine étaient probablement les moins bien logés de tous dans le Palais.
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Au moment où Drake rentra, les yeux vifs de Saelon se fixèrent sur lui. Il avait toujours eu cet énigmatique regard. L’azur presque translucide de ses iris était relevé par une fine couronne bleue marine. Cela faisait frisonner ses interlocuteurs d'une impression d'étrangeté, comme s’il était capable de lire en vous comme dans un livre. Sa barbe noire lui donnait un air de grandeur et rappelait ses illustres ascendances. Sa voix savait être rauque comme l’était celle des vrais soldats et trahissait une folle énergie.

- Sergent Drake ! J’espère que votre perm’ c’est bien passée.

Sa question n’en était pas vraiment une aussi il ne prit même pas le temps d’attendre une réponse. D’un geste de main, il invita l’homme d’armes à s’approcher. Il se cala dans son siège, ses mains se joignirent tandis que son regard perçant se porta sur l’homme. Son attitude était claire. Il attendait des réponses. Si elles ne lui convenaient pas, il risquait fort de ne pas se montrer aimable… voire pire. D’une voix posée mais forte et d’un ton calme mais sec, il interrogea :

- Dites-moi, Sergent Drake. Envers qui êtes-vous loyal ici, à Minas Tirith ?
#Saelon
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