Un silence suivit directement les paroles de Wulfhide. Les uns et les autres se regardaient en silence. Il n'était pas d'usage de se montrer aussi direct dans une telle assemblée.
“Bravo, Krall Wulfhide, pour tes patronales et ton beau bracelet.”
La voix avait fusé à l'autre bout de l'assemblée. Elle émanait d'un homme au visage marqué par l'âge et au regard perçant. Il n'avait pas parlé fort et n'avait même pas pris la peine de se lever.
“Talam, Krall des Terres d'Orage.”
Les Terres d’Orage étaient un petit territoire des Basse Terres, peuplé de quelques centaines d’âmes. Cependant, malgré la taille de son royaume, le Krall
Talam avait une réputation qui le précédait à travers presque l’ensemble des territoires dunlendings. Connu comme étant un modéré, plutôt ouvert d’esprit, il avait eu fort à faire pour défendre son titre dans des territoires habituellement dirigés par des chefs plutôt agressifs. Sa sagesse et son sens politique en faisait un conseiller très apprécié de la plupart des kralls les plus puissants. Exploit particulièrement marquant, il avait toujours réussi à ne pas choisir de camp.
“Cependant, ne pense pas qu’ils suffisent à eux seuls à te garantir ton titre.”
Il marqua à nouveau un temps d’arrêt.
“Ta légitimité et ton titre de Krall, ce sont tes actes qui doivent te permettre de le conserver. Il est illusoire de penser que tu pourras régler tous les problèmes et toutes les contestations au fil de ton épée. Chaque jour, tu devras convaincre tes détracteurs et tes fidèles que tu es la bonne personne pour les guider. Jusqu’au jour où quelqu’un de plus fort, de plus malin ou de plus jeune finira par trouver que tu es trop vieille, trop femme ou trop étrangère. Alors, ce jour-là, comme nous tous, tu affronteras ton destin.”Il laissa planer un silence.
“Mais je pense que cette assemblée a des sujets bien plus importants à régler que les inquiétudes d'un krall qui oublie où est sa place. Alors, rassied-toi, écoute et apprends.”Immédiatement, plusieurs dizaines de kralls, de héros et de druwidan approuvèrent les paroles du vieux sage en tapant trois coups secs sur leur poitrine. Ulli était du nombre.