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Sujet: La Guerre des Grands Rois
Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Les Monts Brumeux   Tag thoril sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Guerre des Grands Rois    Tag thoril sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 28 Sep 2016 - 20:30
Lorsque les quinze survivants arrivèrent en vue de Therkâ Nâla, nul cri de joie, nulle exclamation encourageante ne se fit entendre. Ils étaient meurtris par leurs blessures, exténués par leur marche, ils avaient faim et ils avaient froid. L'apparition faiblarde du soleil ne suffisait pas à remonter leur moral, et de loin. Mais plus que toute autre chose, ce qui les tenait en souci n'était même pas ce qui leur arrivait actuellement, mais ce qu'il pourrait leur arriver bientôt : ils ignoraient qui était en possession de la forteresse à l'heure actuelle. Quand ils l'avaient quitté l'autre jour ils l'avaient laissée aux mains des hommes vêtus de vert ; qui sait si elle n'avait pas elle aussi été conquise par ceux qui ont la peau verte ?

Ils continuèrent d'avancer, la peur au ventre, jusqu'à pouvoir discerner davantage de détails. La citadelle, qui se trouvait être celle immédiatement attenante à Kalil Abad en direction de l'est, était juchée sur un contrefort des Montagnes Grises. Un torrent puissant descendait des hauteurs et passait au sein même de la forteresse par une succession de trous subtilement ménagés dans la maçonnerie par les artisans du temps jadis. De cette particularité, elle tirait son nom. Mais ce ne furent ni l'eau tumultueuse ni la qualité architecturale qui attirèrent leur regard. Non, c'était quelque chose de plus modeste et à la fois de bien plus important. Là-haut sur l'une des tours flottait un drapeau, et ceux qui avaient le plus d'acuité purent y discerner un cheval blanc courant sur un champ de sinople.

- Nos alliés n'ont pas failli, déclara sobrement Thorik.

L'espoir qui avait été malmené deux jours durant reprenait vie.

Pourtant dès qu'ils atteignirent le bastion ils virent que leurs camarades Humains n'avaient pas été épargnés. Un grand nombre de cadavres jonchaient le sol, ce qui ne manqua pas de rappeler au Roi Nain les images encore fraîches, atroces et perturbantes, de la nuit d'avant. Mais si leur surprise et leur désarroi étaient grands, ceux des gardes rohirrims à la porte le furent plus encore : ils voyaient revenir seulement une poignée de guerriers alors qu'ils en avaient vu partir plus du triple.

- Je suis Thorik, et je ramène ceux qui ont survécu à l'attaque des Gobelins là-bas – il agita le bras en direction de l'ouest. Kalil Abad a été reprise par l'ennemi.

Peut-être se serait-il attendu à entendre des « Thorik ! c'est le roi Thorik ! » du haut des remparts... Il y en eu, c'est vrai, mais la plupart de ceux qui s'exclamaient scandaient le nom d'Orwen et non le sien. Cela ne l'offensa pas et ne le surprit que très peu.

- Nous avons également subi les attaques gobelines, quoique peut-être de moindre ampleur que ce qui vous a été réservé. Mais si Kalil Abad est perdue, Therkâ Nalâ devient à son tour le dernier avant-poste sur la route de Gundabad, et ça ne m'augure rien de bon.

Le guerrier qui venait de s'avancer et de parler ainsi était brun – ce que Thorik ne manqua pas de remarquer – couleur de cheveux qui n'était pas la plus fréquente chez les rohirrims mais qui semblait-il donnait des personnages d'exception. Pourtant celui-ci ne semblait être qu'un guerrier parmi tant d'autres, qui venait simplement de répondre par politesse au plus haut dignitaire nain. Qu'importe, les quinze survivants entrèrent dans l'enceinte en tâchant de ne pas piétiner les corps sans vie des hommes et des orques qui gisaient à terre. De grands hommes s'employaient à extirper les dépouilles des leurs de cette marée dégoulinante et à les aligner au pied d'un mur sous de simples draps. Ce que Thorik et ses suivants n'avaient pas même pu faire au moment de fuir Kalil Abad... Le cœur du roi se serra. Les nains qu'ils avaient laissés morts sur les dalles n'auraient jamais de sépulture décente dans la pierre, ils ne pourraient pas retrouver l'élément de Mahal leur créateur dans le long sommeil de la mort. Ils n'auraient pas même le droit de partir solennellement dans un grand brasier comme cela avait été le cas à Azanulbizar. Se souviendrait-on d'eux comme les Nains Abandonnés, et vénérés fièrement par leurs descendants ? Il l'ignorait, mais ce ne serait que justice.

Les heures qui suivirent, bien que moins pénibles que celles, interminables, qu'ils venaient de passer dehors, ne furent pas d'un grand réconfort pour autant. S'ils avaient pensé être soignés promptement, se voir pourvus de vêtements propres et participer à un festin bien mérité, ils déchantèrent vite. Car les Eorlingas les plus doués pour la médecine avaient déjà énormément de pain sur la planche, et le pain au sens propre du terme et les autres denrées se faisaient plus rares qu'il n'était raisonnable.

- La plupart des vivres a été souillée par le sang des combats, leur dit un capitaine, et il faudrait être bien fou pour prendre le risque d'ingurgiter du sang d'orque. En tout cas moi, je n'y toucherai pas. Nous avons encore des provisions pour tenir quelques jours, puis il faudra compter sur la chaîne de réapprovisionnement... si tant est qu'elle ne soit pas brisée plus à l'est.

Ils eurent toutefois droit à une part de nourriture plus importante que les rations qui venaient d'être instaurées. Cela du fait de leur longue marche éreintante, de la présence de Thorik et surtout d'Orwen parmi eux, et de la bonté des Hommes du Rohan. Le Roi des Khazad prit plus que jamais conscience des sacrifices que ce peuple humain avait consenti pour une cause qui n'était pas la leur. Après tout, lequel parmi ces hommes s'émerveillerait devant la beauté de l'architecture de Gundabad s'ils venaient à la reconquérir ? Aucun ou presque. Qu'était pour eux la Capitale des capitales sinon un logis excavé il y a longtemps dans la roche des montagnes du nord ? Thorik fut soudainement submergé par un élan d'empathie et d'estime pour ce peuple courageux qui leur apportait leur aide et avait accepté d'envoyer des soldats ici plutôt que de les laisser en garnison dans leur propre pays. Certes nulle ennemi ne menaçait les prairies du Riddermark, mais quand même !

Il se tourna vers le Prince et lui posa la main sur l'épaule. Il n'y avait nul besoin des mots, ce geste voulait tout dire. Ce fut Orwen qui choisit finalement de briser le silence.

- Que va-t-il se passer maintenant, Roi Thorik ? Et que va devenir votre reconquête ?

Le nain soupira.

- Je viens de perdre mon ancien maître et celui parmi mes seigneurs auquel je porte le plus d'affection.

- Je viens de perdre mon hôte, pour qui j'ai développé un énorme respect.

En effet Orwen Hogorwenson était toujours officiellement l'ambassadeur du Rohan en Moria, bien qu'il ne se trouvât plus dans cette cité.

- Nous l'avons tous deux perdus, oui, confirma solennellement Thorik. Perdu au sens propre et peut-être hélas au sens figuré. Il n'y a qu'une chance infime pour qu'on le retrouve, et même si ce miracle se réalise j'ai bien peur que ce ne soit que sa dépouille que nous retrouverons. Mais faisons lui au moins cet honneur de ne pas revoir à la baisse nos prétentions. Il n'aurait pas voulu que nous les revoyions à la baisse, même accablés par sa disparition. Nous pleurerons plus tard. Nous venons de perdre Abad, et Nâla ne tient plus qu'à un fil. Mais... Les armées qui arrivent du Sud et de l'Est peuvent faire pencher la balance du bon côté, j'en garde l'espoir. Gudmund et Grimbeärd, et Thorvald. Il faut tenir notre position jusqu'à leur arrivée !
#Thoril
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