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Tirweld manqua de temps pour la danse. À peine leurs mains se touchèrent que l’entraînante musique de la barde s’arrêta à la demande de l’Intendant, tout comme les discussions et les cliquetis de fourchettes et couteaux. La Thaneling de Harwick fit volte-face à l’annonce de la nouvelle entrée du Roi. Elle s’approcha, abandonnant ainsi le jeune homme dont elle ignorait encore le nom afin de voir leur hôte.

La voix fluette ne trahissait pas le physique juvénile du Seigneur. Tirweld avait l’impression de voir un comédien jouer au roi mais très mal. La jeune femme ne lui en tint pas rigueur. On ne devenait pas roi du jour au lendemain, quoique…

Ce dernier invita les convives à lui rendre hommage selon la coutume. Le premier à se présenter fut évidemment le Seigneur Dolfenbrand. Puis ce fut au tour d’une demoiselle qu’elle avait croisé au repas, assise quasiment devant elle. Entre-temps elle était partie chercher à sa place le cadeau que son Thane de père avait fait fabriquer par le meilleur ébéniste de Harwick. Elle s’avança mais quelqu’un marcha sur sa robe et la jeune femme faillit trébucher, bousculant la personne avant elle.

« Toutes mes excuses. » lui souffla-t-elle sans savoir si elle avait entendu avant de toiser du regard la personne à l’origine de la situation. C’est la raison pour laquelle je déteste les robes. Elle se tourna de nouveau vers le Roi. Elle s’inclina à la manière des Dames et tendit l’objet.

« Mon Roi, Tirweld Harding, Thaneling de Harwick. Elle présenta un splendide jeu d’échecs en bois sculpté. Différentes couleurs et vernis de bois de son pays. Le Wold ainsi que mon père Aldor Harding, Thane de Harwick se joignent aux réjouissances et vous offrent ce présent. Mon père regrette de ne pouvoir l’inaugurer avec son Roi mais il est aux prises avec les Dwimmen en ce jour. Elle marqua une pause. Mon Roi… »

Elle lui sourit comme pour l’inviter à rejoindre son père à la guerre ou l’inviter à inaugurer le jeu avec elle. Tirweld fit une nouvelle révérence et s’écarta pour la prochaine personne à présenter ses hommages. Elle espérait avoir bien jouer son coup. Il fallait secouer ce roi.

Un serviteur s’approcha d’elle avec un plateau de verres remplis. Elle s’en saisit d’un et but délicatement.

« Les Portes d’Harwick vous seront ouvertes, peu importe le temps de votre venue. Dit-elle à Eodan. Ma cité se trouve dans le Wold, au Sud-Est de la confluence entre le Grand Fleuve et le Celebrant et au Nord-Ouest des Norcrofts. Je vous l’indiquerai sur une carte si vous m’en présentez une mon ami. » Finit-elle.

Elle porta un regard dédaigneux sur Fasdren, croyait-il vraiment que sa mère était morte ? Elle avait envie de lui arracher la langue mais elle lui sourit, faisant preuve de bienséance alors qu'il venait de l'insulter.


« Pauvre sot. » dit-elle suffisamment fort pour qu'il puisse l'entendre.


Une barde haute en couleurs entra à son tour dans le Grand Hall de Méduseld, elle attira de suite l’attention des convives grâce aux pincements des cordes de son instrument ainsi que de sa voix mélodieuse. Elle était très belle et son accoutrement très loin d’être ridicule. Elle chantonna et se présenta devant l’assemblée, sur une estrade improvisée.


Tirweld appréciait énormément les bardes, ils pouvaient raconter des histoires de héros de l’Ancien Temps ou bien les dernières nouvelles, ils étaient d’utilité publique. Néanmoins la véracité de certains propos laissait parfois à désirer, c’est la raison pour laquelle Tirweld préférait les écouter chanter et jouer. Tandis qu’elle était dans ses pensées, beaucoup d’invités se levèrent de leurs chaises afin de se laisser à la danse.

Alors qu’elle buvait délicatement son hydromel, elle fut gentiment interrompue par un très beau jeune homme à l’allure noble.

« Oh, il y a quelques roses blanches mais celles qui vous intéressent sans doute, par chez moi nous l’appelons glycine. Il y a aussi quelques gypsophiles. J’aime les fleurs blanches comme vous le voyez. Êtes-vous herboriste ? Je suis désolé, je ne vous connais pas et à en juger par vos façons de faire depuis le début vous ne semblez vous-même connaître personne » et elle rit. Elle se retint de rire à gorge déployée comme elle le ferait avec son père.

Elle se leva et lui tendit sa main.

« Je veux bien danser avec vous » le surprit-elle, lui qui n’avait sans doute pas osé.

Tirweld fut assez surprise que le jeune homme qui venait de l’accoster et de s’asseoir à côté d’elle ne lui réponde plus. Tant pis pour lui ou pour elle.

À sa droite siégeait un homme qui semblait connaître son père, il disait avoir plus d’une fois fait partie de son ost et en face de lui se trouvait une guérisseuse itinérante. Et en face de la jeune Tirweld se tenait un homme qu’elle ne semblait pas reconnaître mais qui lui la connaissait ou du moins il avait connu sa mère. Elle lui répondit.

« Monseigneur Fasdren, vous parlez de ma mère comme si elle n’était plus des nôtres. Des nouvelles vous sont-elles parvenues dans ce sens ? » Elle lui sourit mais était au fond d’elle assez surprise et même énervée. Sa mère qui supporte son père depuis leur mariage et qui est bien vivante. En voilà un dont elle se souviendrait, c’est sûr. Il fallait néanmoins rester courtoise et ne pas commettre d'esclandre.

Elle poursuivit avec Eodan.

« Oui je crois bien vous reconnaître Monseigneur mais j’ai l’impression que la boisson vous est déjà montée à la tête, je ne puis être aussi à votre droite. Elle sourit. Je suis moi-même bien indisposée d’être ici tandis que mon père lutte contre ces Dwimmen qui ravagent nos champs et tuent nos enfants. Nous aurions tant besoin d’aide, le Wold est-il si loin que tous nous snobent ? »

Elle se leva afin d’aller se servir une assiette. Différentes viandes et accompagnements la composaient. Elle en profita pour se rappeler du nom de son interlocuteur précédant.

Elle se rassit et attendit que la guérisseuse termine.

« Vous disiez que tout cela vous manquait mon ami… Vous savez, il est toujours temps de revenir à ce qui vous manque tant, mais avec moi cette fois-ci. Je n’ose imaginer perdre mon père à la bataille, je préférais qu’il soit ici et moi, chez nous, avec nos guerriers. Si le cœur vous en dit Monseigneur, rejoignez-nous. Mon père vous en serait gré, comme il l’a déjà été envers vous il y a des années de cela. Nous n’oublions pas nos vieux amis et compagnons d’armes chez les Harding, soyez-en assuré. »

La thaneling fut servie d’un verre de vin et porta son regard un brin dédaigneux sur Fasdren.

La jeune Tirweld sourit à Volkan lorsqu’il la vouvoya, cela l’amusait, elle qui l’avait alors qu’elle ne savait pas monter à cheval.

« Monseigneur, mon père est à la guerre, il bataille à nos frontières, au Nord-Est, chez nous, contre ces Dwimmen. Son sourire s'effaça. Il protège comme il le peut les frontières de ce grand royaume. Nous sommes seuls si loin des Terres Royales. Je devrais être avec lui à cette heure mais il a préféré m’envoyer à ce bal afin de mander de l’aide à qui voudra bien l’entendre. Elle marqua une pause. Je suis son héritière, je sais qu’il fait cela aussi pour me protéger, m’éloigner des combats. Mais je suis également une Porteuse de Bouclier et me dois de défendre mes terres. Elle regarda autour d’eux. Malgré tous ces gens, nous sommes seuls Monseigneur. Mais à vous, je ne vous demande rien, votre pays, comme le mien est sujet aux incursions Dwimmen. Nous sommes la première ligne.  Elle fit mine de sourire, elle pensa fortement à son père. Elle changea de sujet, sur un ton plus jovial. Et comment se porte votre famille Monseigneur ? J’espère sincèrement que cette guerre l’a épargné. Cela fait tellement de temps qu’Eodren et moi ne nous sommes pas revus, comme il a dû changer. Vous devez en être fier j’imagine. » Elle lui adressa un sourire véritable.

Un serviteur vint avec un plateau afin de distribuer de légers apéritifs afin que les invités puissent se désaltérer.

Volkan l’invita à marcher, en lui ouvrant la voie par un bras, il n’osa pas la toucher, ce n’était plus l’enfant qu’il avait connu. Ils s’éloignèrent du centre du Grand Hall afin de moins ressentir les affres du printemps sans doute. Elle poursuivit.

« Monseigneur, vos terres et les nôtres sont assez proches, si jamais l’occasion s’y présentait, passez par Harwick, un accueil des plus chaleureux vous sera fait à vous ainsi qu’à vos eoreds. Tandis qu’elle tirait une révérence, elle finit. Monseigneur… »

Volkan lui indiqua alors cet homme qui venait de rejoindre le groupe de la Vice-Reine,  un capitaine dénommé Rameth, il était lui aussi de l’Estemnet, avec probablement des hommes sous son commandement.

Elle s’éloigna de Volkan, lui sourit une dernière fois.

Tirweld était déterminée, elle songea à son père une nouvelle fois, peut-être était-il actuellement en train de combattre les Dwimmen, chez eux.

La jeune Harding se retrouva de nouveau seule. Elle affichait un sourire de façade, elle attendrait que ce Capitaine Rameth eût terminé avec la Vice-Reine et les autres invités.

La route avait été longue depuis Harwick, une cité fortifiée du Wold. Cela faisait des jours que la jeune Tirweld Harding, fille du Thane de Harwick avait pris la direction d’Edoras. Avec sa toute petite suite, elle avait réussi à se faufiler entre les Nurniens qui pour certains, vagabondaient dans le Wold.

Elle avait pu atteindre Edoras où elle fut joyeusement accueillie. Néanmoins elle faisait négligée, était non apprêtée et avait voyagé en cotte de mailles et armure de cuir.

Cela faisait plusieurs années qu’elle n’avait pas foulé le sol d’Edoras, cela remontait à l’enfance, attachée à la terre de son père, elle ne s’imaginait pas effectuer des allers et retours incessants.

La cité avait été décorée et c’était un véritable émerveillement pour la jeune femme. Elle était arrivée au crépuscule, deux jours avant le début du Bal auquel son père l’avait envoyé afin de possiblement revenir avec des hommes d’armes pour mieux protéger le Wold et Harwick.

Elle attendait devant la porte du Château d’Or, les armures rutilantes des gardes royaux l’impressionnaient. Tirweld n’était pas dans les premiers convives à se présenter devant Méduseld, des seigneurs de plus hautes statures étaient devant elle. Sans le laisser paraître, elle était excitée de rentrer dans le Grand Hall. Discrètement et seule dans sa chambre de Harwick, elle avait révisé quelques pas de danse afin de ne pas paraître ridicule aux yeux de la noblesse ainsi que des femmes de la cour, elle en était après tout. Non à l’aise avec l’étiquette elle allait devoir redoubler d’efforts. C’est la raison pour laquelle elle avait revêtu une longue robe bleue, laissant apparaître des épaules blanches. Elle portait également des pinces avec des fleurs blanches de sa région dan les cheveux. Elle en avait apporté une couronne de fleurs mais s’était ravisé, cela aurait sans doute fait mauvais genre ou créer un quiproquo.

Le Chambellan du Roi laissa entrer la foule dans le Grand Hall décoré pour l’occasion. Elle avait reconnu de dos le Seigneur Dolfenbrand, elle l’avait déjà vu quelques fois, plus jeune, voilà peut-être un homme sur lequel compter. Peut-être.

À son tour elle put rentrer. Elle repensa à sa propre suggestion. Elle se disait que la guerre n’avait pas atteint que le Wold, elle espérait qu’il lui restait des forces. Si non, elle irait en quérir autre part, dusse-t-elle voir le Roi lui-même. Alors que lui s’entretenait avec la Vice-Reine, Tirweld croisa du regard celle-ci et de loin, la salua par une révérence. C’était la première fois qu’elle la voyait.

Une fois que Volkan eût terminé, Tirweld s’en approcha.

« Monseigneur… Entamant une révérence. Tirweld Harding de Harwick. Elle se releva. Vous ne passez pas inaperçu… Vous toussez chaque minute qui passe. Elle sourit. Je ne pense pas que vous me reconnaissiez, des années se sont écoulées depuis notre dernière rencontre, je n’étais encore qu’une enfant. Comment vous portez-vous donc ? Voudriez-vous un mouchoir peut-être ? Mon père ne pouvait se permettre de venir au Bal néanmoins croyez qu'il vous adresse de sincères salutations.»