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Sujet: L'appel à l'égorgement
Nathanael

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Rechercher dans: Cair Andros   Tag valmar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'appel à l'égorgement    Tag valmar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 26 Mai 2015 - 10:06

Le vrombissement des mouches l’empêchait de dormir. Ces misérables petits insectes mettaient ses nerfs à vif depuis le début de sa sieste, se posant avec minutie sur le bord de ses lèvres, sur une paupière ou dans le creux de son oreille, véritable petite armée stratégiquement organisée pour lui ôter tout repos. Ses larges moulinets de bras étaient vains et il lui semblait même quelques fois entendre leur vrombissement croître après chaque tentative désespérée, comme un rire sardonique propre à leur espèce. Le capitaine Valmar finit par se lever, excédé, le front chargé de perles de sueur. Le printemps s’était brutalement mué en été précoce depuis le mariage d’Aldarion, comme si l’arrivée de quelques centaines d’hommes supplémentaires en Gondor avaient ostensiblement fait monter la température dans une pièce géographique. Le capitaine Valmar avait eu le droit de participer de loin à la cérémonie en grande pompe un mois auparavant, gracieusement invité par son père à rejoindre les festivités, loin de la puanteur des soldats et du fleuve. L’Anduin leur faisait quelques fois parvenir des relents de vases et de limons et la chaleur excessive n’arrangeait rien.

Le capitaine s’affaira tout l’après-midi à régler quelques détails administratifs, à signer un ou deux ordres de mission pour quelques clampins qui avaient besoin d’exercice, à lancer un ou deux ordres d’un ton claquant et incisif pour rappeler qui était le supérieur et à plaisanter aimablement avec le commandant de l’île avec qui il partageait une intransigeance exacerbée. Valmar lorgnait depuis quelques mois sur le poste de commandant, attendant patiemment que son père lui achète la place et lui ouvre les portes d’une vie lucrative et administrative loin des combats et des manœuvres de terrain. Il s’en était jusqu’à présent très bien sorti, évitant de justesse le massacre à Assabia en se faisant muter à Cair Andros au même moment, assigné à des tâches purement fonctionnelles qui lui seyaient à merveille. Le poste lui allait comme un gant, il pouvait ouvertement manifester son esprit exigu et son étroitesse d’esprit à qui en redemandait à travers des ordres grotesques et inutiles et imposer son autorité et son point de vue à ses subalternes en les assignant à des tâches d’entretien de la citadelle. Ses hommes ne l’aimaient guère et il leur retournait régulièrement cet amour vache. Il était réputé pour distribuer plus facilement des corvées d’épluchage de patates que pour mener des hommes à l’entraînement. On ne le voyait d’ailleurs guère s’exercer lui-même et quand on lui posait la question avec politesse il répliquait qu’il disposait d’un espace suffisant dans ses appartements pout manier l’épée en solitaire. Les boutades allaient bon train à son propos. Les soldats feignaient l’obéissance devant le capitaine Valmar, mais une fois le dos tourné ils semblaient rivaliser d’ingéniosité pour lui attribuer des sobriquets ridicules et douteux.

La soirée s’annonça fraîche et reposante lorsque le voile sombre de la nuit recouvrit le ciel et fit paraître les premières étoiles.  Le pépiement des oiseaux qui nichaient sur les balcons et dans les recoins de pierre se tut, et le capitaine savourait déjà la promesse d’un repas bien mérité lorsque le tintement des armes et la foulée de multiples soldats au pas de courses brisèrent son espoir. Des pas précipités dans le couloir, le martèlement de coups rudes sur la porte, le visage rouge et anxieux de son second qui respirait avec difficulté.

- Capitaine, on est attaqué ! Une armée engage le combat aux portes de l’île sur notre flanc est. Ils sont des milliers !

Le capitaine Valmar regarda, incrédule, son second à bout de souffle comme s’il s’agissait d’une chimère. L’information semblait manquer d’élan pour parvenir à ses fonctions cérébrales. Le capitaine restait sans bouger, tétanisé par la nouvelle, incapable de prendre une décision. Les lèvres entrouvertes, il regardait son second comme s’il attendait une suite à sa déclaration. L’homme à la porte ne savait plus quoi faire, étonné par le manque de réaction de son supérieur.

- Mon capitaine ? Il faut faire sonner les cors et organiser les troupes !

Le sang du capitaine ne fit qu’un tour, un tour de trop peut-être, car il se sentit soudainement fébril, prit de vertiges et de nausées. Il devait néanmoins garder la face, prendre ses responsabilités, il aviserait en fonction de ce qui se passerait ensuite. Le protocole, il fallait suivre le protocole ! Il fit un effort démesuré pour se souvenir de ses longues heures de cours sur les sièges et l’organisation des combats lorsqu’on était assiégé soi-même. Mais son esprit affolé ne parvenait pas à se raccrocher à quoi que ce soi de tangible et les ordres lui venaient aléatoirement, sans succession logique. Il bégaya une phrase toute faite, une ineptie qui lui paraissait néanmoins la construction la plus sensée en ce moment même.

- Tout le monde à son poste !

Les yeux déjà exorbités de son second semblèrent prêts à quitter leur logement face à tant  d’incompétences.

- Quel poste mon capitaine ? L’armée en marche s’approche déjà des ponts sud et est, ils seront bientôt sur le pont nord également !
- Bordel, tout le monde à son poste j’ai dit ! Si vous ne savez pas où est votre poste, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Est-ce que vous voudriez en plus que je vous explique comment faire votre métier, soldat ?
- Euh… oui, bien mon capitaine…


Le second sortit totalement coi de cette entrevue, ne sachant plus où aller ni que faire. Il fallut quelques minutes supplémentaires au capitaine Valmar pour prendre pleinement conscience de ce qui se passait. Il rejoignit le commandant sur les murailles qui beuglaient des ordres à tout va pour organiser les troupes et préparer le siège. Le commandant se retourna en voyant arriver le capitaine, s’arrêta net dans sa distribution d’ordre et son visage sembla exploser quand il comprit que le pont Sud n’était sous la direction de personne.

- Valmar ! Foutre-Eru, qu’est-ce que vous glandez sur les murailles ? Y a près de quatre cents soldats qui attendent vos ordres aux portes du pont Sud ! Bougez-vous !

Le capitaine Valmar était tétanisé. Il n’avait jamais vu le commandant sortir de ses gonds de la sorte, l’homme n’était pourtant pas avare de ses colères, et plus pour fuir son commandant que pour prendre en main ses hommes, le capitaine Valmar dévala les marches en courant comme s’il avait Morgoth aux trousses et rejoignit les rangs des soldats en armes qui se tenaient déjà devant la porte Sud. Son second s’y trouvait déjà ayant organisé du mieux qu’il pouvait les escouades malhabiles qui s’amassaient devant le pont. Le capitaine beugla un ordre abstrait, les soldats le comprendraient bien comme ils voudraient, on ne pourrait somme toute pas lui reprocher de ne pas avoir pris d’initiatives.

- Soldats, tenez les rangs, préparez-vous à défendre votre situation.

« Et qu’Eru vous bénisse » ..
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