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Sujet: Tractations à l'ombre du Carrock
Nathanael

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Rechercher dans: Carrock   Tag waldemar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Tractations à l'ombre du Carrock    Tag waldemar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 9 Déc 2015 - 17:53

La matinée s’était étirée, longue et éreintante. Il avait été relevé de sa corvée de bois pour répondre à l’appel de son père. Ce n’était guère normal. Le fait l’avait suffisamment intrigué pour le rendre inquiet, soupçonneux. Il n’avait aucune obligation d’aucune sorte envers son peuple, pas plus que les Beornides n’avaient de devoirs à respecter envers sa famille. Les conseils familiaux s’étaient achevés au début du printemps, l’inventaire des ressources avait été réalisé et les corvées annuelles avaient été attribuées. Ils devaient se réunir à nouveau peu avant l’hiver pour organiser la mauvaise saison et s’assurer que toutes les familles avaient suffisamment de quoi se sustenter jusqu’au retour des bourgeons. C’est pourquoi il ne comprenait pas l’urgence de cette réunion. Et le fait de voir s’avancer aux portes de sa demeure le responsable de la famille voisine ne le rassura pas.  Ils échangèrent un signe de tête et rejoignirent les Béornides déjà présents dans la salle. L’atmosphère était pesante. Les hommes ne parlaient pas. Aucun mot sur le ciel clair et la menace de la chaleur, aucune parole sur la prochaine chasse. Pas une seule banalité. Ils n’essayaient pas même de dissimuler l’importance du conseil qui allait se tenir. La nervosité se lisait sur leur visage basané, Varbeorn lui-même avait perdu ses traits affables et amicaux. Soit un drame s’était produit, soit il allait se produire.

La situation leur fut rapidement expliquée. Une délégation étrangère avait franchi leurs frontières. Leur mission serait sans doute de leur faire croire qu’ils partageaient un destin commun et que la nécessité et le sens moral leur imposaient de les soutenir, d’une façon ou d’une autre. Mais il n’avait pas eu plus de précisions. Seul son instinct lui intimait fermement de rester sur ses gardes. Il leur faudrait faire passer l’intérêt de leur peuple avant toute chose. Seul cela comptait. Aussi, quand Bsam fit son entrée, suivit de trois personnages étonnants, Waldemar demeura telle une statue de pierre, muet et immobile. Les mains croisées et posées sur la table, il laissa parler son père puis les ambassadeurs. Quel grand titre pour peu de choses ! Ils étaient tout au plus des messagers de la dernière heure, des pigeons voyageurs abandonnés au gré du vent en espérant qu’ils trouvent un destinataire dans la tempête.

Le nom de Thorik fut jeté comme une pierre sur la surface lisse d’un lac … et il comprit aussitôt que les remous agités viendraient mordre leur berge et les mettraient en danger. L’elfe confirma son point de vue. Stratégie abjecte pour les confondre et les obliger à agir. Leur faire croire que, quelle que soit leur décision, ils seraient forcément confrontés à des conséquences néfastes. Choisir le moindre mal. Il connaissait la rengaine. Les elfes et leur fourberie déguisée sous la couronne de leur sagesse millénaire. Leur intelligence était une arme à double tranchant : agréable en temps de paix et de prospérité ; dangereuse en temps de guerre. Intérieurement, il fulminait. Les nains et leur envie de conquête, leur avidité et leur décadence. Thorik cherchait à reprendre d’anciennes positions fortes, symboles de leur grandeur passée. Quel intérêt, sinon, que d’aller s’empêtrer dans les grottes des Monts Brumeux au Nord alors que la Moria connaissait une situation plus stable ces dernières années ? Le jeune roi avait mis un coup de pied dans une fourmilière qui menaçait aujourd’hui  sa survie et celle de son royaume, pire encore, qui menaçait l’équilibre fragile de ses plus proches voisins. Les rumeurs disaient donc vrai, les nains étaient partis en guerre.

Il eut un regard en coin envers son père mais il ne put résister à la tentation d’exprimer son point de vue. Son caractère immodéré était connu de tous. Il n’était jamais méchant, mais il lui était impossible de mentir. Il parla sans détour, de sa voix caverneuse où grondait une colère contenue.

- Quel … intérêt pour Notre peuple, de venir au secours d’une cause perdue ? Comment une poignée de Béornides pourrait changer une situation aussi … délicate ? Et il reprit délibérément le terme de la vieille Dalite. Comment espérer l’impossible ? Et je m’abstiendrai de poser les questions qui fâchent sur l’intérêt d’une reconquête déguisée sous le voile d’une guerre ouverte contre les gobelins.

Il laissa ses mots s’abattre comme un couperet dans une atmosphère presque palpable, pesant sur eux comme une chape de plomb. Que venaient-ils chercher exactement ? Telle était la question. Les nains n’avaient-ils pas tendance à les convoquer uniquement pendant les heures sombres, pour leur tourner ensuite le dos une fois la splendeur de leurs cités retrouvées ? Leur avaient-ils seulement offert du mithril quand ils en avaient trouvé en Moria ? Hadhod Croix de Fer leur avait-il seulement proposé quoi que ce soit de juste et d’équitable ? Ce brave seigneur, qui avait, par avidité et égoïsme, fermé les grandes portes de Khazad Dûm à son propre peuple ! Thorik serait-il venu les quérir s’il avait réussi son entreprise et s’il avait eut la victoire ? Leur aurait-il proposé des traités commerciaux avantageux en temps de paix afin de partager avec tous sa prospérité ? Waldemar en doutait fortement. Erebor avait maintenu ses portes fermées, quand, plus jeune, il avait demandé à y pénétrer pour en découvrir les richesses. Les nains n’étaient pas les seuls maîtres de la rancune tenace. Et il leur faudrait des arguments autrement plus convainquant pour obtenir une aide de sa part. Son père était une figure d’influence, plus posé et à peine plus sage. Mais Waldemar savait aussi que bon nombre d’hommes ne partiraient pas en guerre s’il refusait ouvertement de s’engager aux portes de la mort.  
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