Chez Severus, Maître des Potions.

Le cavalier venait de poser pied à terre. Habillé de noir des pieds à la tête, c' était le même cavalier qui rendait visite au maitre des potions depuis plusieurs années maintenant.
Il franchi les portes grinçantes de l' échoppe puis, époussetant sa grande cape, laissa ses yeux s' habituer à la semi obscurité des lieux. Une odeur âcre lui agressait les narines.
Retirant son capuchon, Severus pût rapidement se rendre compte qu' il s' agissait d' un elfe, un elfe qui payait bien et qu' il connaissait bien, Namirië, faisant là sa visite annuelle.
Il venait toujours pour la même chose, un ingrédient que seul, lui Severus pouvait fournir.
L' elfe finit par retirer sa cape et l' emblème de la tour de la clef d' argent, la tour des guérisseurs là bas, dans l' extrème ouest, sembla éclaircir la pénombre.

- Salut à toi Severus ! comme chaque année, je viens te demander de me vendre une fiole de venin de Cobra de Sauron qu' on ne trouve que par chez toi. Fais vite ! Il me pèse de séjourné à Vieille-Tombe !

Severus afficha un rictus ausi déplaisant que son magasin, mais depuis le temps, l'elfe Namirië devait savoir qu'il ne fallait pas s'en faire pour ça. Il aurait eu moitié moins de succès autant à la cour qu'ici s'il ne traînait pas son air de mystérieux vieillard sinistre.

"Eh, eh, bienvenue chez moi, mon ami fuyant. Navré que l'atmosphère de la ville ne te plaise toujours pas, mais je ne risque pas de m'installer ailleurs, cela correspond tant à mes goûts personnels..."

Se frottant les mains, il jeta un regard tout autour de lui, avec un iar de gamin satisfait sur le visage.
Il se tourna alors vers ses étagères au sinistre contenu, et trifouilla dans le coin de celles qui contenaient les organes humains et les animaux morts en bocaux... ou vivants, parfois..

"Venin de cobra de Sauron, murmurait-il d'une voix sinistrement joyeuse en cherchant.... Saurais-je un jour à quoi cela peut-il servir pour un elfe ?"

Sans attendre de réponse, sans en espérer, même, il se retourna, un air triomphant sur le visage, brandissant une petite fiole...

"Ma dernière... Combien avais-je l'habitude de les vendre, déjà ?"

L' elfe, tout en fouillant dans un pan de sa tunique répondit au vieil homme :

- Allons Severus, tu le sais bien ! A moins que tu ne désires rompre un si ancien et fructueux marché ? M' est avis qu' il n' est pas dans ton interet de jouer au plus malin ... Tu as besoin de ceci autant que la clé d' argent à besoin de cela n' est-il pas ?

La main de Namirië ressortit tenant une étrange et toute petite plaquette faite d' un matériau qui semblait on ne peut plus banal et, bien qu' il chercha à le cacher, les yeux de Severus s' illuminèrent soudain.
L' elfe avança son visage presque contre celui du vieil homme avant de lui chuchoter :

- Ce matériau ne reflète que la lumière de la lune et des étoiles. Tu aimes l' Ithildin n' est ce pas ? et celui qui t' en fait commande encore bien plus ! Mais peut être doutes-tu à présent de sa valeur ? Si tu n' es plus interessé, je la remporte ...

L' elfe s' écarta de Severus et replaça prestement la petite plaquette dans sa poche puis il fit mine de remettre sa cape ...

"Allons, que pourrais-je faire de cela ? C'est bien trop précieux pour servir en potion... Je ne suis plus sûr que cela m'intéresse tellement. Les temps sont durs et cela ne m'aurait pas déplu d'avoir un peu de vrai or, sonnant et trébuchant en plus..." dit Severus d'une voix mielleuse, un air de gamin vicieux sur son visage ridé.

Mais, tendant brusquement la fiole soigneusement fermée d'un bouchon de métal qu'il tenait dans sa main, il déclara :

"Mais cela fera l'affaire... Mais c'est bien parce que c'est toi", ajouta-t-il après un intant.
Il esquissa un grand sourire carnassier en présentant le venin de Cobra de Sauron à Namirië.

*Fichus elfes, pensait-il à ce moment précis. Ils ne peuvent imaginer ce que ça représente comme effort de récolter ce venin, et le temps nécessaire à le distiller correctement...*

L' elfe reposa sa cape, son visage esquissant un léger sourire qui disparu rapidement. Marchander était une chose, vexé le vieil homme en était une autre et ce n' était pas l' intention de l' elfe.
Il ressortit la petite et fine plaquette enduite d' Ithildin qu' il déposa sur le comptoire tout en se saisissant de la fiole.

- Severus, déclara l' elfe dans un soupir, n' est-il pas certain palais qui paie bien pour ce genre de bibelot ? Que dirait-on si le grand Severus ne pouvait honorer sa commande ? Il m' étonnerai que ceci ne se transforme en or sonnant et trébuchant avant longtemps ...

Remettant sa cape il ajouta :

- C' est toujours un plaisir de faire affaire avec toi, tes talents sont reconnu même par les guérisseurs elfes de la tour d' argent et je te présente leurs salutations. Si un jour tu te décidais à sortir enfin de Vieille-Tombe, tu aurais bon accueil dans l' ouest et l' air de la mer serait bon pour tes rhumatismes ... A l' année prochaine !

Sur ce l' elfe s' inclina et sortit de l' échoppe, la préciseuse fiole rangée dans un pan de sa cape. Enfourchant son cheval, il poussa un soupir de soulagement. Sa mission était remplie, il pouvait quitter Vieille-Tombe et l' arrangement avec Severus tenait toujours ... Puis avant de lancer son cheval sur le chemin poussieruex il pensa en lui même :

* Fichus humains, il ne peuvent imaginés l' effort qu' il nous faut faire pour nous séparer de l' Ithildin, même pour une si petite quantité. L' héritage de Celebrimbor n' est pas inépuisable ... *

Tandis que la plaquette disparaissait dans un repli de son manteau bleu nuit, Severus se renfrogna. A l'accoutumée, il l'aurait soigneusement rangée dans un coffre, jamais elle n'aurait fini ainsi dans une de ses nombreuses poches, où il gardait... hum, eh bien, mieux vaut éviter de trop chercher à savoir ce qu'un maître des potions peut garder dans les nombreux replis de sa cape...

Mais c'était que l'elfe avait touché une corde sensible... Les temps étaient durs, il l'avait bien dit... Le palais... hu, la palais.

"Peuh, lança t-il à l'elfe tandis que ce dernier s'en allait... Le palais... Justement... Blankânimad est vide mon cher, inutile de préciser vers où est parti le Roi... Alors ton peuple à intérêt à laisser mon Souverain entier, si je veux voir mon or avant longtemps..."

Sur ce, il tourna les talons pour gagner l'arrière-boutique, pestant sur tout ce qui l'attendait pour renouveller son stock. Ce n'était définitivement plus de son âge...

Vieille-Tombe du Pays de Rhûn.
Debout face à une boutique aux murs crasseux, le voyageur tentait de sentir la ville. Elle ne ressemblait à rien de ce qu’il aurait put imaginer. Ses pas l’avaient conduit à cette ville commerciale, car c’était là que bien des marchandises que sa famille vendait allaient. Ville commerçante ? Plutôt Vile commerçante.
Les Terres de Rhûn lui avait semblé un bon début pour sa nouvelle vie, mais il ignorait tout de l'ombre pesante qui semblait flotter sur elles. Mais il avait maintenant fait un trop long chemin pour revenir en arrière et était entré en ville en sa qualité de marchand.

Il avait laissé trainer ses oreilles en ville et le vent lui avait confié la rumeur d’un emploie possible. Il ne comptait pas devenir un mercenaire, mais il fallait bien commencer par gagner sa vie. Il avait suivit le fil de la rumeur jusqu’à cette bâtisse crasseuse et antipathique. Plus que la ville, elle sentait l’étrangeté. Sans plus d’hésitation, il franchis la porte.

L’odeur et la vue lui fut effrayantes. Dans l’échoppe du dit Severus, des bocaux et des bocaux de substance étranges étaient alignées. Toute étaient emplis de liquides ou de créatures (vivante ?) aux traits monstrueusement déformés par la courbure du verre. Il y avait des plantes et des animaux comme jamais il n’en avait vus.
Son regard devint curieux. Etait-ce cela la faune et la Flore du Rhûn ?

Le voyageur se repris et mis de coté ses pensées, se concentrant sur sa tâche.
Il alla au comptoir et il attendis qu’une silhouette ne sorte de l’arrière boutique.

-Maître Severus ? S’enquit le jeune homme. Je me nomme Elektar et j’ai ouï dire que vous étiez en mal d’ingrédients pour vos fameuses… décoctions.

Il laissa une pause s’installer.

-Il se trouve que je suis en mal de travail.

Vieil homme sec et plein d’entrain, Severus n’avais pas l’allure de sa réputation. Tous le disait rusé autant que sage, mais également plein de malice. Mais Elektar ne voyait rien de tout cela en cet homme. A vrai dire, il ne l’aurait même pas regardé s’il était passé à côté.
L’homme se frotta les mains, heureux d’avoir enfin l’aide qu’il convoitait, le sourire aux lèvres. Il paru alors tel un bien sympathique vieillard.

"J'espère qu'un peu de difficulté ne vous fait pas peur. Deux ingrédients me manquent pour réaliser une liqueur à usage malveillant."

La lueur qui s’alluma dans ses yeux à la mention de la potion mis soudainement Elektar mal à l’aise. Une lueur de plaisir malsain avait traversé son regard et rien qu’un instant, il lui paru bien différent. Et bien moins agréable. Il continua avec son sourire.

"Vous devrez trouver deux yeux de serpent géant"

Le jeune homme haussa un sourcil

"Oh ne soyez pas effrayés ! Vous n'aurez pas besoin d'en tuer un, ils ont disparu depuis des âges. Non. Mais mon cousin en avait une belle paire dans un bocal toujours sur lui, un farceur comme pas un celui-là."

Severus perdit son regard dans le lointain à l’évocation du souvenir. Son sourire s'agrandit, sans doute grâce aux agréables réminiscences.

Il s'amusait à faire des farces à tout le monde. Mais il est mort, le crétin, dans son sommeil en plus et aujourd'hui son bocal est certainement dans sa tombe avec lui !Continua t il avec le même sourire

Au ton, on aurait presque put croire qu’il avait eu sa part dans la mort du dit cousin. Elektar jeta un coup d’œil discret aux bocaux derrière le maître des potions. Les étranges morceaux qui y baignaient eurent rapidement une apparence plus humaine qu’il n’aurait voulu l’admettre.
Le vieil homme continua, promettant une forte récompense s’il réussissait à récupérer les yeux de serpent géant. En quelque phrases, il était passé d’un humble et rigolard commerçant à un vieil homme bien plus dangereux que son apparence le laissait croire.

L’homme du Lac se rendis alors compte de ce qu’il faisait. L’homme devant lui n’aurait aucun scrupule à fabriquer une potion de mort, peut être pour plusieurs personnes. A vrai dire, il l’avait sans doute déjà fait. Cette ville attirait les plus ignobles individus ou plutôt, ceux ayant le moins de scrupules. Et lui envisageait de l’aider, et par là, briser les lois dès son arrivé en plus de se rendre complice de la sans doute mis à mal d’un inconnu.
Cela lui sembla lointain.

-Nulle inquiétude maître des potions, vous aurez vos ingrédients.

Sur ce, il sortit du magasin. Une fois dehors, il s’attendis à prendre un bol d’air frais, mais seul l’air vicié de la ville l’accueillit. Il n’aimait pas cette ville.

Mais, se dit il, on peut toujours apprendre à aimer.