LE CHACAL - TAVERNE DE LA CITE.

Située à à peine vingt mètres à gauches après avoir pénétré dans l'imposante ville-forteresse, l'enseigne "Le Chacal" est réputée pour son vin sucré et ses délicieux aromes orientaux. La taverne regorge de clients, des citoyens pour la plupart, mais également des mercenaires ou des commerçants faisant un saut en ville en raison d'affaires commerciales.

Chaque soir, des bagarres éclatent et des gens sont foutus à la porte. Quelques chambres peuvent être mises à votre disposition, mais pour un prix élévé. L'enseigne ne ferme ses portes que très tard au petit matin, après même que la première patrouille matinale ne soit passée.

~Adelas~
Un bruit sourd et sec retentit à l'intérieur.
La porte s'ouvre dans un fracas.
La grande silhouette d'Adelas se penche pour entrer. L'auberge du Chacal à cette ambiance cossue qui vous irrite un marin, pourtant Adelas compte bien y passer quelques temps.
C'est ici qu'il doit retrouver Novor. Et si son ami lui a donné rendez-vous ici c'est qu'il estimait ce lieu être le meilleur, point barre. Adelas n'est pas le genre de garçon à s'embarasser lorsqu'il n'y a point lieu de le faire.

Cependant il ne manquerait pas de faire remarquer tout ce qu'il a sur le coeur si la note qu'on lui présente est trop salée. Ce qui serait surement le cas. Les hommes assis dans l'auberge tournant les uns après les autres la tête pour observer cet étrange arrivant le confortaient dans son hypothèse. On avait repéré l'étranger qu'il était.

Adelas s'était installé dans un coin en partie caché par un pan de mur et attendait que quelqu'un vienne s'occuper de lui.
Ses yeux masqués sous sa capuche se promenaient dans la salle. La plupart des clients ressemblaient plutôt à des nobles où des marchands plutôt aisés. Pas même un trou de comptoir pour égayer le salon.

C'est étrange comme Adelas aurait fait mille fois confiance au brave écuyer, qui pourtant mène une vie rude pour trois fois rien, et comme pourtant il n'aurait pas même prêté une pièce à ces bourgeois, à la vie facile, qui ne lui inspiraient que du mépris. Il se rappela un vieux cartographe qui avait beaucoup voyagé et qui lui avait dit que les plus dangereux des suderons sont les marchands.

Adelas y croyait aisément. Novor se plairait ici, pas lui. Pourtant il n'allait pas se terrer dans sa chambre en attendant Novor. Il allait surement "visiter" la ville.

" Ici on enlève sa coiffe pour manger, car vous êtes bien ici pour manger n'est-il pas? Que puis-je vous faire amener? "

Un homme d'âge respectable mais assez petit était figé à coté d'Adelas, légèrement penché en avant. Adelas un peu surpris ne l'avait pas vu venir. L'homme était très professionel, il avait abordé le dunédain dans la langue de l'Ouest, et souriait par politesse, sans le cacher.

" Très bien." Adelas enleva sa capuche et un client le dévisagea un instant avant de rabaisser les yeux.

"Je compte rester ici quelques jours, pourriez vous me préparer une chambre. Ammenez moi quelque-chose de simple, et de l'eau. Adelas insista sur le mot "eau", signifiant qu'il avait très soif.

L'homme disparu après une petite courbette et quelques instants après un autre homme, à l'aspect plus bourru vint lui amener ce qu'il avait demandé et lui signala qu'il avait une chambre a disposition à l'étage.

Adelas le remercia et attaqua son repas en silence.

L'impression qu'Adelas avait eu de la taverne se trouva être partiellement fausse. Certes la taverne était courue, les gens aisés venaient se restaurer ici durant la journée, mais le soir...

- " Le soir les riches ils détalent -Hips- " Le petit homme avala une autre gorgée de sa bière. Il buvait un peu trop pour sa corpulence pensa Adelas.
- " Les riches ils viennent pas ici le soir, parce que -Hips- le soir -Hips- s'cuse moi, le soir c'est pas assez bien famé. " l'homme prolongea cette dernière syllabe, soufflant ses entrailles d'alcolique à la figure d'Adelas.

En effet la taverne du Chacal avait un tout autre air le soir venu. Ou du moins les clients, eux étaient-ils bien différents qu'à l'arrrivée d'Adelas.
Le soir, les ouvriers et pauvres marchands où travailleurs venaient oublier leur dure vie dans cet endroit réputé pour à peu près toutes ses boissons alcoolisées.
L'homme avec qui Adelas échangeait des idées était un petit marchand, originaire d'Harondor, et qui parlait presque couramment, au grand étonnement d'Adelas, le oustien. La raison pour laquelle Manil avait atterri là demeurait toujours un mystère pour Adelas même après de longues et fastidieuses explications de la part du petit bonhomme.

Toujours était-il qu'Adelas commençait à aimer cet endroit. La taverne était bondée. Tandis que certains khandiens s'arrachaient la gueule à l'alcool, d'autres fumaient, s'amusaient avec les ribaudes de la soirée et bien d'autres choses encore.

- " C'est très-Hips- sablé dans la -Hips- région, tu savais? Les gens -Hips- ici ils sont pas méchants, ils sont juste égoistes -Hips- et méfiants -Hips-. C'est... Tu viens ici en premier?-Hips- euh... pour -Hips- la première fois? "

Adelas ne répondit pas, et de toute façon, le petit homme n'écoutait plus... Il divaguait. Adelas vida sa chope. Il fit un effort linguistique pour demander a une serveuse plus que sympathique si c'était ainsi tous les soirs. Alors que la serveuse lui répondait quelque-chose en khandien en lui souriant largement, le petit homme se leva d'un mouvement si brusque qu'il en retomba aussi rapidement sur un homme bourru à coté de lui, renversant la chope de ce dernier.
Sans s'en soucier, Manil se releva et se dirigea en renversant quelques khandiens énervés vers un homme qui venait d'entrer.

Adelas reportait son attention vers la serveuse lorsqu'un bruit sourd suivi d'un remous général se fit entendre. L'homme que Manil était venu acceuillir de ses bras d'ivrogne venait de le plaquer contre le mur de la taverne, a 1 Manil du sol. Le petit homme se mit à sangloter en se confondant d'excuses.

C'est a contrecoeur qu'Adelas du interrompre son échange avec la serveuse. ~Il m'a payé trois bières, je supposse que je lui dois bien ça~ Il n'allait pas laisser se faire broyer le seul client qui parlait le ouestien dans cette baraque.

Adelas se leva brusquement. Il avait pas mal bu aussi et dut s'appuyer sur l'homme à qui Manil avait renversé la bière, celui-ci, se relevant a peine de la charge de Manil, fut projeté au sol sous le poids d'Adelas.
Adelas se rua vers la scène, écartant un autre khandien avec un petit peu trop de vigueur, et donna une tappe généreuse dans le dos de l'homme qui tenait Manil.

- " Lache-le. " demanda Adelas d'un ton sec.

Alors que l'homme ouvrait sa bouche pour lui cracher d'aller se faire... Adelas envoya son poing s'écraser dans sa machoire. Manil retombait au sol avec le sourire. L'homme alla valser sur une table dont les occupants, mécontents, se levèrent tout 2.

- " Ouais c'est bien envoyé ça! pignouf ! "

Les occupants de la table renversée ainsi que l'ex-voisin de table d'Adelas et de Manil se rapprochaient d'un air mençant quand soudain, alors que la taverne avait les yeux rivés sur eux, un homme se saisit de sa chope et, visiblement assez ivre, l'écrasa sur la tête de son voisin tout en criant en khandien : " ~ BASTON GENERALE ~ "

Manil à nouveau très joyeux se saisit d'une autre chope et l'envoya à la tête d'un autre khandien.

- " Dvorak !!! "

La taverne s'embrasa assez rapidement vu le taux d'alcool moyen dans le sang des clients à cette heure tardive. Et il fallut attendre l'arrivée de la milice et de renforts pour calmer la rixe.

Adelas, Manil et les 4 autres khandiens furent jetés dehors.
- " Ici c'est la tradition, une fois dehors on ne se bat plus." dit Manil, qui avait dégrisé, devant l'air étonné d'Adelas.

- " Je te dois des remerciements mon gars, j'habite pas très loin du bazar, tu peux paser la nuit chez moi si ça te dit. "

Adelas déclina l'offre, il avait déja prévu où dormir. Les deux hommes se quittèrent sur un bon sentiment.

Chacun de khandiens s'en retourna chez lui. Adelas s'introduit quant à lui dans les écuries et dormit à coté de son cheval après avoir vérifié que le livre et les dagues étaient toujours sur la elle de ce dernier.

Manil lui avait affirmé qu'il serait de nouveau le bienvenu dés le lendemain. Adelas s'endormit en pensant que les gens d'ici avaient quand même de drôles de moeurs.
Mais cela lui plaisait plutôt.

Novor arriva le lendemain.

L'après midi était couverte. De lourds nuages, inhabituels pour la région, assombrissaient la ville.

Novor entra dans la taverne du Chacal. A cette heure ci, seuls quelques khandiens étaient venu perdre leur temps ici. Ils remarquèrent sans doute tous cet étranger à l'air étrange, mais sans qu'on sache vraiment pourquoi. L'intriguant nouveau-venu alla commander quelque-chose au tavernier et déja les quelques regards qui l'avaient suivi depuis la porte se détournèrent de lui.

Le grand sourire sur le visage d'Adelas, assis dans un coin plutôt sombre, ne fut quant à lui remarqué par personne, sauf Novor peut-être.

Sans dire un mot il vint s'asseoir à la table d'Adelas sur laquelle tronait un paquet, un livre.
Pas un son ne fut émis entre les 2 hommes jusqu'à ce que Novor ait fini son verre. Ils se scrutaient, laissant libre cours à la petite lueur derrière leurs yeux, leur connivence de longue date.
Enfin Adelas décrocha 2 dagues de sa ceinture et les présenta à Novor. Il les observea un instant puis sourit, avant de les ranger à sa ceinture.
Il tendit son sabre à Adelas en retour.

Ce fut Adelas qui entama la conversation qui devrait durer presque toute la soirée. Il lui raconta à voix basse ce que Torsk, le petit marchand du Chaudron Rouillé, lui avait dit à propos du livre et des dagues: " J'ai trouvé le livre et les dagues auprès d'un petit marchand de vieilleries, asez crasseux, mais très méfiant, le genre de ceux que tu recherche habituellement. C'est un gars d'ici qui m'avait recommandé l'endroit. " Adelas marqua une pause. Il n'avait plus l'habitude d'enchainer autant de phrases. Il n'avait jamais été très loquace. Novor lui fit signe, du moins si l'on peut faire signe du regard, d'entamer.

- " Erneru et Aflama, les dagues de l'hécatombe, les dagues de feu. Forgées à Khazâd-Dûm par les Nains, perdues lors des grandes batailles contre les orques. "

- " Et le livre? " questionna Novor. Il souriait. Il savait qu'il était le seul à qui Adelas parlait jamais aussi ouvertement et longuement.

- " Le marchand m'a raconté qu'il y a bien longtemps, un prêtre de Khand fut chassé par ses frères à cause de ses connaissances de Ténèbres et de Magie Noire. Il écrivit pendant des années sur les connaissances qu'il accumulait.
Poursuivi, Niekglish, lâcha le livre dans un gouffre, empêchant la destruction de son oeuvre...
Il m'a dit que le livre contient des connaissances et écrits obscurs, relatant des faits passés et lointains, etc.
Il ma aussi dit que ce livre était maudit. " Adelas ne semblait pas aussi effrayé que Novor par ce qu'il venait de dire mais ce dernier n'en montra rien.

- " Et bien on sera prudent en l'utilisant... "