A l'entrée du royaume d'en dessous

Durant des jours, et même plusieurs semaines, Sirion le mercenaire Khandéen arriva enfin près des portes taillées dans la roche de la montagne menant tout droit vers le grand royaume nain de Khazad-dûm. Il avait traversé le Rhovanion d'Est en Ouest et avait soigneusement évité la Forêt Noire connue pour sa malédiction.

Le soleil se couchait et l'obscurité n'allait pas tarder à prendre le pas sur la lumière. La température commençait également à baisser et une légère brise fit même tressaillir le Fantôme. Le renégat avait dû se restreindre en nourriture vers la fin du voyage car ses provisions venaient à manquer dangereusement. Il avait dû faire de nombreuses haltes pour laisser se reposer ses deux montures ainsi que son esprit tourmenté. Il lui fallait absolument entrer en contact avec cette organisation de mercenaires, ces Masques de la Pierrelune.

Sirion traversa la plaine d'Azanulbizar puis s'approcha de l'entrée du royaume. Deux nains gardaient l'entrée, il s'avança vers eux et attendit leur intervention.

Ces temps de trouble apportant leur lot de guerres, de sang, de surprises et de visites inhabituelles, les deux gardes qui, habituellement, s'employaient à surveiller l'entrée de la Salle de la Confrérie - Hurdïn et Brön de leur nom - avaient été envoyés à la porte Est.

Depuis qu'ils occupaient leur nouveau poste, rien de bien particulier ne s'était produit: la partie orientale des mines demeurait beaucoup plus tranquille que leur partie occidentale. Cette routine fut toutefois brisée en ce jour: les sentinelles aperçurent une charrette tirée par deux chevaux avançant à vive allure dans le lointain et traversant la vallée des Rigoles Sombres. Derrière elle, de la poussière s'élevait en volutes avant de retomber lentement au sol.

L'individu qui conduisait semblait être d'assez grande taille: un homme, sans doute, ou peut-être un Elfe. En tout cas, ce n'était pas un nain. Le chariot emprunta la voix d'accès la plus large, et non l'escalier étroit et sinueux réservé à l'infanterie qui formait une coursière...


Brön s'avança d'un pas ferme lorsque Sirion arriva enfin à la hauteur des Portes. Il tenait en main une grande hallebarde à double tranchant.

- Qui êtes-vous, étranger qui arrivez au seuil du Royaume de Khazad-dûm? Et quel est l'objet de votre venue?

Son camarade Hurdïn vit le rejoindre, et tous deux dévisagèrent le mercenaire. Ils remarquèrent bien vite l'étrangeté des yeux de ce nouveau venu, mais ne l'avaient jamais vu ni n'en avait jamais entendu parler. Les deux Nains se campèrent devant le fantôme en attendant une réponse convaincante...

Les deux nains s'avançèrent vers lui d'un air suspicieux, lorsqu'il les avait vu, il avait cru en voir un endormi, appuyé sur sa hallebarde. Ils ne devaient guère avoir beaucoup de travail de ce côté-ci des mines. Sirion salua alors les deux nains postés là et répondit à leur question :

- Mon nom est Sirion, originaire de la région de Khand. Je viens d'Esgaroth et je suis ici pour rencontrer la guilde des Masques de la Pierrelune. On m'a dit qu'ils étaient dans votre royaume en ce moment. J'aimerais leur parler, il s'agit d'une importante mission que j'ai à leur proposer.

Le Fantôme parlait franchement car il savait que le peuple des Naugrim étaient des êtres naturellement tournés vers le Bien. Il leur faisait confiance.

Le crépuscule allait bientôt céder sa place à la nuit complète, quelques étoiles étaient déjà apparentes dans le ciel clair lorsque Sirion parlait avec les deux sentinelles.

Khand n'était pas un nom de très bon augure pour les Nains de la Moria. Non qu'il y ait eu beaucoup de guerres entre ces deux peuples, mais simplement parce que les Royaumes orientaux paraissaient toujours un peu mystérieux et mauvais au yeux des Naugrim. Certes, les nouvelles directives de Hadhod autorisaient l'armée du Roi Alahân à emprunter le chemin des mines, mais ce n'était pas pour cela que tous les ressortissants de l'Est étaient acceuillis les bras ouverts.


Hurdïn ne montra pas beaucoup de sympathie lorsqu'il répondit à Sirion: le fait que le mercenaire soit au courant de la présence des Masques l'avait surpris au plus au point. C'était censé être une affaire... secrète.

- Je n'ai pas entendu parler des ces mercenaires, comment dites-vous... ces Masques de la Pierrelune. Mais nous autres sentinelles ne sommes pas au courant de tout, et comme vous pouvez le voir, il n'y a guère d'activité dans la partie Est de la Moria. Une bataille a éclaté vers la Porte Ouest, mais j'ignore quelles étaient les forces en présence...

Le garde avait menti. Il savait bien sûr pertinemment que les mercenaires d'Esgaroth se trouvaient ici, à l'intérieur des caves des Naugrim. Mais il ne voulait pas prendre le risque de le révéler à n'importe qui. Et si Sirion ne savait en fait rien du tout au sujet des Masques, et qu'il cherchait à ce que les gardes lui révèlent cette information. Mieux valait se montrer prudent avec les étrangers...

- Je vais vous accompagner, vous mener dans notre Cité souterraine. Hadhod Croix-de-Fer ou l'un de ses fidèles suivants seront mieux placés que nous pour répondre à votre requête. Hum... ah oui... bien sûr nos lois exigent que les étrangers évoluent les yeux bandés dans nos mines, jusqu'à ce qu'un personnage de haut rang juge bon de retirer l'entrave. Hélas, c'est le règlement.

Brön sortit un bandeau noir et l'attacha autour de la tête du Fantôme, lui masquant la vue, puis retourna à son poste. Hurdïn, lui, saisit Sirion par le bras et l'entraîna dans les mines. La charrette fut rentrée à l'intérieur, elle aussi, par d'autres gardes qui étaient restés invisibles jusqu'alors.

- Nul n'y touchera, je peux vous le garantir! déclara Hurdïn.

Et ils continuèrent leur marche sous la montagne.

Sirion ne fut d'abord pas rassuré par le fait de devoir continuer sa route les yeux bandés mais il finit par se faire une raison. Après tout, les nains étaient des "hommes" de paroles, il avait une certaine confiance en ce petit peuple, bien qu'il n'aurait jamais osé dire le mot "petit" face à l'un d'eux.

Il sentit alors une main entourer son bras droit et qui l'entrainait avec elle. Très vite grâce à l'écho, le mercenaire comprit qu'il était dans les mines de la Moria. L'air était humide et frais mais il ne faisait pas froid, juste la températue qu'il faut pour être à l'aise toute sa vie...pour un nain. Sirion n'était guère affecté par la température faible par rapport à celle de Khand, son petit séjour à Esgaroth l'avait acclimaté aux temps rudes du Nord.

Quoiqu'il en soit, il avançait. Hùrdin, qui l'accompagnait, le tenait fermement de sa main ferme. De temps à autre, le mercenaire entendait son guide parler en langue naine à d'autres compatriotes, peut-être parlaient-ils de lui ? Après tout un humain dans la Moria, c'était plutôt rare.

Pendant l'avancée, Sirion pensait sans cesse ou presque à ces Masques de la Pierrelune. Ces hommes devaient être très forts si Baradur les lui avait conseillé, leurs talents au combat ne devaient pas être négligeables et il le fallait pour pouvoir se débarasser du Comte...et d'Himling.

Soudain Sirion fut sorti de ses pensées, car le nain s'était arrêté. Qu'allait-il se passer ?

Hurdïn avait en effet stoppé sa progression, et par conséquent celle du mercenaire humain qui ne pouvait avancer sans guide. Ils étaient arrivés devant le seuil de la Salle du Trône de Cavenain. Plusieurs gardes étaient également présent à cet endroit, vêtus et armés de la même manière que les sentinelles de la porte de l'Est. Ils reconnurent leur camarade et lui laissèrent le champ libre.

Le Nain s'avança doucement vers la lourde porte de pierre tout en tenant toujours et encore Sirion par le bras - de fait, ce dernier portait toujours et encore le bandeau qui l'empêchait de voir. Mais, à peine Hurdïn effleura-t-il le cercle d'acier qui permettait de tirer le battant droit de la porte, que celle-ci s'ouvrit, poussée de l'intérieur...

Et quelle ne fut pas la surprise du garde de se retrouver face à face avec le Seigneur Hadhod! Mais, plus surpris encore était le Seigneur de la Moria qui se demandait bien ce que fabriquait un de ses gens avec un homme aux yeux bandés.

- Qui est-ce? demanda Hadhod, fils de Trehod.

Hurdïn répondit derechef:

- Il dit se nommer Sirion et être originaire du Royaume oriental de Khand, monseigneur. Je l'ai accompagné ici depuis la porte Est. Il souhaite renc... il souhaite vous soumettre une requête d'importance.

- Laissez-le voir! ordonna Hadhod.

On lui enleva le bandeau, et l'Intenable put voir à quel point le savoir-faire des Naugrim en matière d'architecture était grand. La Salle du Trône, qui s'étendait au-delà du seuil de la porte, était une pure merveille. Mais il ne put s'attarder à cette contemplation: le Seigneur de la Moria et ses quelques suivants semblaient pressés.

- Très vite alors, reprit le fils de Trehod, je dois prendre le chemin de la porte Ouest pour aller à la rencontre de l'armée qui traverse les mines. Alors, voyageur, vous avez donc une requête à me faire... de quoi s'agit-il?

On pouvait comprendre l'empressement du Seigneur Nain: une grande armée d'Elfes et de Rhûnien avait reçu l'autorisation d'emprunter le chemin des mines, et Hadhod voulait aller à leur rencontre avant qu'il n'atteignent le cœur du Royaume. Question de courtoisie, ou bien de méfiance?

#Hadhod #Sirion

Effectivement, Sirion ne put qu'être ébahi par le talent architectural du peuple des Naugrim. On dicernait à peine les plafonds et les colonnes de pierre étaient littéralement incommensurables.

Mais le mercenaire se ressaisit promptement, il remarqua un nain en face de lui de taille assez imposante parmi les siens. Son apparence ne laissait aucun doute sur son identité, de plus le ton sur lequel Hurdin lui avait parlé ne trompait pas : il s'agissait bel et bien du seigneur de Cavenain.

Instinctivement et par pur respect, Sirion inclina la tête puis se redressa. La prestance du nain ne l'effarouchait guère mais il resta calme et attentif aux paroles du Roi. Il s'adressa enfin à lui :

- En effet, mon seigneur. Je suis ici pour une importante mission. Je dois retrouver une guilde appelée Les Masques de la Pierrelune, on m'a dit que je pourrais les trouver ici c'est pourquoi je me trouve devant vous aujourd'hui. Grâce à eux, nous espérons, des alliés et moi, libérer Esgaroth du joug de son Comte tyrannique et également mettre la main sur un vieillard avec qui, je dois régler des comptes. Pourriez-vous me renseigner sur cette guilde ?

Sirion espérait de tout coeur, que le seigneur de la Moria réponde positivement à sa requête...

Le Seigneur de la Moria parut quelque peu troublé par cette demande. En vérité, il s'attendait tellement peu à ce que quelqu'un ait eu vent de la venue des Masques de la Pierrelune dans la Moria qu'il ne parla pas sur le moment, regardant tour à tour ses suivants, Sirion, et Hurdïn de ses yeux profonds mais brillants à la lueur chevrotante des torches.

Puis son regard sévère et grave, dur comme de la pierre, il fixa une nouvelle fois le mercenaire de Khand tout en répondant d'une voix sonore et gutturale, se tenant le plus droit possible et bombant légèrement le torse:

- On vous a bien renseigné, mais depuis, bien des évènements se sont déroulés. Et, sans doute pendant que vous marchiez et accomplissiez le long voyage que la route qui mène aux demeures de mon peuples, une terrible bataille a éclaté près de la Porte Ouest de mon Royaume, à la frontière du pays que certains nomment l'Eregion et que les hommes appelaient Houssaye. Une des conséquences de la longue inimitié entre les Nains et les Gobelins, me direz-vous... oui mais voilà, cette fois-ci, nous n'étions pas seuls!

Son récit s'accéléra à mesure qu'il parlait: Hadhod avait conscience du temps qui pressait, cependant, il devait quelques explications à Sirion.

- Oui, les Masques nous ont prêté main forte durant les combats, aide inattendue mais prodigieuse. Ils sont morts pour nous assurer la victoire. La mémoire de leurs actes sera transmise pendant bien des générations de Nains, mais cela ne les ramènera pas à la vie. Je suis désolé, Sirion du Royaume de Khand.

Un lourd silence s'installa, qui fut une nouvelle fois rompu par le fils de Trehod:

- Mais, pour honorer leur souvenir et participer à l'aventure qui aurait été leur s'ils avaient vécu, je peux mettre à votre disposition une compagnie armée de mes gens. Ainsi, votre quête n'aura pas été vaine.

#Sirion #Hadhod #Brön

Les mots de Hadhod avaient véritablement frappé Sirion en plein coeur. Il ne s'attendait absolument pas que ceux qu'il était venu chercher soient morts, certes dans de braves circonstances, mais morts tout de même. Sa motivation venait de le quitter prématurément mais lorsque le seigneur de la Moria reprit et lui proposa des guerriers pour compenser ce vide, le moral remonta quelque peu.

- Je vous remercie, Ô seigneur de la Moria. J'accepte volontiers votre soutien militaire dans cette entreprise plus que périlleuse.

Il salua Hadhod puis continua :

- Je ne voudrais pas vous faire perdre plus de temps mais j'aimerais particulièrement en savoir plus sur cette Guilde de mercenaires disparue. L'un de vos gens saurait-il m'en parler lors du voyage de retour ?

Sa requête n'était guère usuelle et le roi se demandait sûrement pourquoi le Fantôme tenait encore à en apprendre davantage sur ces Masques de la Pierrelune. Depuis qu'il avait eu connaissance de l'existence d'une guilde à proprement parler, une idée faisait son chemin dans son esprit tourmenté.

Hadhod sourit légèrement lorsque Sirion articula sa question. Puis il répondit d'une voix un peu plus légère et enjouée qu'auparavant:

- Eh bien, si vous voulez en savoir davantage à propos de cette Guilde, vous n'aurez qu'à poser des questions aux Masques eux-mêmes. Ils se trouvent bel et bien dans nos mines, et sont vivants, quoique leur chef a reçu un mauvais coup lors de la bataille. Vous les trouverez non loin de la porte Ouest. Moi aussi, je vais dans cette direction, même si je m'arrêterai avant l'endroit dont je vous parle. Marchons donc ensemble pendant que nos routes sont communes.

Tous se mirent en route, sauf Hurdïn qui les quitta avec un salut, retournant à l'Est à ses fonctions de garde. Hadhod se retourna dans sa marche rapide et vit le visage du mercenaire. Dans les yeux de ce dernier se lisait une grande incompréhension. Le Seigneur de la Moria se sentit obligé de lui donner quelques explications:

- Comprenez, les Masques de la Pierrelune sont devenus nos nouveaux alliés. Ils ne sont pas morts, certes, mais les Nains leur sont reconnaissants des risques qu'ils ont pris, même s'ils ne répondaient peut-être qu'à l'argent qu'ils ont reçu pour le faire. Il n'est pas dans la nature d'un Nain d'oublier un service rendu, aussi sommes-nous très méfiants envers tout étranger qui viendrait dans notre royaume dans un but malveillant envers les Masques. On dit qu'ils ne se sont pas fait que des amis à Esgaroth...

Sirion comprenait-il à présent? Hadhod n'en était encore pas si sûr... Un peu d'approfondissement s'imposait:

- Le garde Hurdïn savait pertinemment que cette guilde de mercenaires était ici, bien sûr. Mais il ne vous en a rien dit. Et moi-même, je vous ai fait croire, l'espace d'un instant, à leur mort... Ainsi, si vous aviez été un de leurs ennemis et que cette histoire de libération d'Esgaroth n'eut été que pure invention, vous n'auriez pas accepté de repartir avec une de mes compagnies d'armes: les Masques morts, vous auriez été satisfait et seriez parti sans rien demander de plus, sinon des preuves. Mais voilà, votre réaction a été tout autre...

Le Seigneur de la Moria n'aimait guère mentir, mais il y avait presque été contraint. La petite compagnie de Nains avançait à présent à une vitesse assez surprenante étant donné la taille de leurs jambes et l'irrégularité du sol. Ils n'avaient pas l'habitude de voyager avec un humain à leurs côtés; mais ces jours-ci, les habitudes étaient quelque peu chamboulées...

Les habitudes étaient chamboulées tout comme l'esprit de Sirion, il eut peur de ne pas comprendre lorsque Hadhod lui assura que les Masques étaient bels et bien vivants. Le moral du mercenaire remontait peu à peu et l'envie de rencontrer ces Masques croissait à chaque instant.

- Je comprends votre méfiance à mon encontre et votre façon d'agir est tout à fait louable. Mes amis et moi avons vraiment besoin de leur aide pour débarasser le Comte-tyran qui règne à Esgaroth. J'ai avec moi un coffre leur étant destiné si toutefois ils acceptent de nous aider. Je me demande dans quel état est leur chef...

Ses poings étaient serrés alors qu'ils continuaient leur progression à travers le royaume antique de Khazad-dûm. Le talent des Nains n'était guère usurpé, les gravures, sculptures et autres architectures conçues de leurs mains prouvaient que les Naugrim étaient bien les fils d'Aulë.

Au fil de leur périple, Sirion remarqua que les nains l'accompagnant s'essouflaient à suivre le rythme du Khandéen, aussi ralentit-il son allure en esquissant un très furtif sourire. Sirion était tout excité à l'idée de rencontrer ces mercenaires, peut-être pourrait-il espérer après leur mission pouvoir y entrer ou bien alors fonder sa propre guilde, son propre clan, qui sait ?

- Savez-vous combien ils sont exactement ? dit le Fantôme dans un excès de curiosité.

Tout en avançant dans son Royaume, le Seigneur Hadhod répondit à l'étranger:

- Dans la fureur de la bataille, nous n'avons pas pu définir exactement leur nombre. Et certains - cela est vrai cette fois - ont péri durant les combats. Une fois tous les Gobelins pourchassés et tués, d'autres affaires urgentes me pressaient à rentrer dans ma Cité de Khazad-dûm. J'ai donc accordé l'asile aux Masques de la Pierrelune après un petit entretien avec leur chef, mais là encore je n'ai pas pris le temps de me rendre compte du nombre des unités qui restaient sous son commandement.

Le fils de Trehod marqua une pause dans son discours, levant le regard jusqu'au plafond de la vaste salle qu'ils étaient en train de traverser. Ils étaient arrivés dans un lieu nommé Le Grand Logis, et on comprenait pourquoi: on aurait pu faire rentrer des centaines de Nains dans la pièce monumentale.

- Leur capitaine se nomme Kivan, reprit Hadhod, et il a reçu un bon coup ou niveau du crâne, mais il devrait s'en remettre. j'ai réquisitionné plusieurs de mes guérisseurs pour leur porter assistance, et ils se trouvent dans une petite salle, tout près de l'entrée occidentale... à l'abri des regards.

Dans la pièce, quelques dizaines de Naugrim armés attendaient, gardant l'endroit stratégique. Hadhod s'adressa à l'un d'entre eux dans la langue secrète des Nains, le Khuzdûl, et ce dernier se joignit au petit groupe poursuivit sa marche.

- Voici Sirion, dit le Seigneur de la Moria, en langue commune cette fois. Homme de Khand venu quérir l'aide des Masques de la Pierrelune. Sirion, je vous présente Frehïn, un membre de ma Maison. Il vous accompagnera jusqu'aux mercenaires de Kivan lorsque je vous aurais quitté.

Sirion fut heureux de voir que les Nains étaient si coopératifs avec lui. Le nain qu'appela Hadhod s'approcha d'eux et salua rapidement mais respectueusement le mercenaire. Celui-ci en fit de même en retour puis il s'adressa au seigneur de la Moria :

- Je vous suis reconnaissant pour l'aide que vous me fournissez et je m'en souviendrais. Je vais donc suivre Frehïn jusqu'aux Masques de la Pierrelune.

Tandis que le groupe continuait sa marche en avant, Sirion admirait chaque recoin du royaume nain. Il n'avait encore jamais vu de telles sculptures et encore moins de tels ouvrages architecturaux. Pas de doute là-dessus, les Nains étaient d'incroyables artisans concernant les roches et autres minerais du sous-sol.

Les Nains entourant Sirion étaient tous équipés pour un combat mais Hadhod semblait avoir l'esprit serein, après tout son royaume paraissait invulnérable. Qui pouvait pénétrer ici ? de plus un inconnu n'aurait pas su se repérer ici sans indication.

Sirion observait tout, mémorisant chaque salle et chaque pièce qu'ils traversaient. S'il revenait un jour, cela pourrait peut-être lui servir pour se retrouver. Mais pour l'instant son but était de trouver ces Masques...

Frehïn était un jeune Nain au caractère joyeux et à la mine enjouée, aussi le voyage de Sirion à travers la Moria promettait-il d'être agréable. Le Seigneur de Khazad-dûm fit de brefs adieux au mercenaire Khandéen: lui et sa suite devaient les quitter pour aller rejoindre l'armée des Peuples Libres, et les accueillir dans leur traversée de la Moria.

Sirion et Frehïn se retrouvèrent seuls, et le Fantôme aurait bien vite perdu son chemin si le brave Nain n'avait pas été à ses côtés. Celui-ci tenait dans sa main une torche, dont la flamme tremblante éclairait d'une lueur jaune et chaleureuse les parois des galeries qu'ils traversaient. Par ailleurs, et comme on pouvait s'y attendre, Frehïn possédait une solide connaissance des lieux et se révélait être un excellent guide.

- Hadhod Croix-de-Fer est allé rejoindre l'armée qui traverse actuellement notre Royaume d'Ouest en Est. Des elfes... des humains... ils se comptent par milliers, mais tous ont eu l'autorisation d'emprunter le chemin des mines. Ce sont les survivants de la grande bataille du Nord, et c'est une aide précieuse que nous leur offrons, car cela leur évite de contourner les Monts Brumeux par la trouée du Rohan, ce qui représente un bon bout de chemin. Mais m'est avis qu'ils ont mérité de retourner dans leurs demeures après les durs combats qu'ils ont eu à mener...

Il ne s'attarda pas plus sur la question. D'ailleurs, il n'avait aucune information précise sur les affrontements du Nord et ne souhaitait pas se hasarder en conjectures.

- Nous allons emprunter un autre passage, un passage qui diverge de la route principale. Il est à la fois plus étroit et plus sombre, et passablement plus dangereux car moins usité. Mais nous éviterons ainsi la grande armée et le ralentissement conséquent qu'elle nous aurait occasionné.

Ils marchèrent pendant des heures, ne s'accordant que quelques hâtes pour manger. A la fin du premier jour de marche, Sirion put s'apercevoir de la grandeur de Cavenain: la porte Ouest était encore loin. De plus, les sentiers étaient accidentés, et, à certains endroits, la roche s'était éboulée, créant des monticules difficiles à franchir ou bien des trous béants dangereux dans la semi-obscurité.

Ce ne fut qu'au terme de son deuxième jours de marche que le duo arriva enfin en vue de la salle réservée aux Masques. Après que les gardes se soient écartés, Frehïn passa la tête par l'ouverture et annonça à l'intérieur:

- Messieurs, je vous ai amené de la compagnie!

Et il laissa entrer Sirion, mais resta lui-même hors de la pièce. Après tout, ce n'était pas son affaire. Le chef des Masques s'appelait Kivan, et il semblait à peu près remis de sa blessure à la tête.

Ces deux jours de marche avaient été longs mais avaient permis à Sirion de s'entrainer physiquement lors des chemins sinueux menant aux Masques. Les muscles furent mis à rude épreuve tout au long du trajet mais cela ne déplaisait pas au Fantôme, bien au contraire, de l'exercicie ça n'était jamais inutile.

Durant le trajet, Frehïn et Sirion sympatisèrent. Le nain toujours prêt à raconter une blague ne cessait de faire sourire son invité alors qu'ils avançaient dans les profondeurs des mines. Les deux individus marchaient côte à côte lorsque le chemin le permettait, Sirion appréciait la compagnie du Naugrim.

Enfin après deux jours, ils arrivèrent enfin devant la salle où vivaient les Masques. Frehïn entrouvrit la grande porte et prononça quelques mots à l'intérieur puis il s'écarta et laissa entrer Sirion en le regardant avec des yeux confiants.

Le Fantôme fit donc son entrée dans la pièce où résidaient les Masques, en effet plusieurs hommes étaient là : certains assis, d'autres debouts. Sirion remarqua rapidement qu'il était devenu la cible de tous les regards environnants, il se décida donc de prendre la parole :

- Je vous salue. Je me nomme Sirion et ne suis qu'un simple mercenaire. J'aimerais m'entretenir avec votre chef Kivan car j'ai une mission de grande importance à lui faire part.

L'Intenable attendit alors une réponse pour enfin faire la connaissance du chef des Masques. Il fallait absolument qu'il lui parle...sa vengeance en dépendait...

Un homme se leva et se dirigea vers Sirion, l'air méfiant. Tout comme les autres individus qui emplissaient la salle, on pouvait voir sur son visage des tatouages noirs aux formes étranges. Ainsi, les Masques portaient bien leur nom... Outre cela, il arborait une cape verte à capuchon qui lui couvrait de dos et les cheveux.

"Je suis Kivan." fit-il en se tenant, droit et fier, devant le nouveau venu, et en détachant bien ses mots.

En regardant de plus près, une longue cicatrice était visible au-dessus de son arcade droite, masquée tout de même par l'ombre de la capuche. Une marque de la dernière bataille devant la Porte Ouest de la Moria...

"Eh bien, que voulez-vous donc, mercenaire Sirion? Je dois dire que je suis assez surpris de rencontrer un humain en pareil lieu, et surtout un humain qui sache que nous autres Masques de la Pierrelune sommes ici. Les Nains de Hadhod avaient pourtant promis qu'aucun membre de l'Armée Unifiée ne serait averti de notre présence."

Pourtant, disait-on, les Naugrim étaient des gens de parole. Sirion devait donc ne pas appartenir aux régiments de Rhûn. Mais pourquoi alors venait-il les trouver?

Plusieurs membres de la Guilde des Masques semblaient, à l'évidence, se poser la même question... Car bien peu étaient ceux qui ne jetaient pas des regards dérobés au dialogue, ou qui n'observaient pas ouvertement la scène d'un œil indiscret. Et de ceux-ci, tous écoutaient sans doute avidement en aiguisant leurs épées ou en mangeant un morceau, attendant la réponse de Sirion.

#Kivan

Enfin Kivan était en face de lui, les Masques étaient là et attendaient impatiemment une réponse de la part de Sirion. Celui-ci après quelques secondes de silence leur répondit :

- Je ne fais pas partie de l'Armée Unifiée et je n'en ai cure pour le moment. Je suis ici pour vous demander de me suivre à Esgaroth, vous le savez sûrement mais le comte de la ville est un véritable tyran. D'autres personnes que moi souhaitent se libérer du joug de cet homme mais pour agir, il nous faut un appui de taille, Votre appui.

Le mercenaire regarda alors les Masques les uns après les autres sans sourciller puis continua :

- Vous nous aidez à capturer ce tyran et à stopper ses partisans et nous vous en serons reconnaissant. Bien entendu vous serez payé, si l'argent vous intéresse.

Sirion serra ses poings, il fallait les convaincre...

- Alors qu'en dites-vous ?

Kivan resta silencieux un instant, et tous les regards se tournèrent vers les deux interlocuteurs, sans exception. Cette entrevue qui paraissait, de prime abord, de faible importance, se révélait être potentiellement déterminante pour la suite des actions des Masques... et pour l'avenir d'Esgaroth.

"En somme... déclara calmement Kivan... en somme vous projetez de faire un coup d'état, si je puis m'exprimer ainsi."

L'idée n'était pas si mauvaise. Après tout, le Comte ne disposait pas non plus d'une armée considérable, étant donnée la superficie de la ville. Les Masques de la Pierrelune n'avaient aucune autre mission à effectuer après avoir combattu pour Hadhod et les Nains... Peut-être était-ce l'occasion d'accroître encore leurs bénéfices...

"Ce n'est pas un si mauvais plan, après tout. Le Comte ne nous a jamais bien aimé, mais nous n'avons jamais rien fait pour, il faut le dire. Son autorité n'a jamais profité qu'à lui-même et ses proches collaborateurs, jamais à quiconque d'autre. Nous autres Masques avons toujours été vus comme des hors-la-lois et traqués coûte que coûte. Je serai ravi de voir la tête du Maître de la Ville sur un pieux. Toutefois, notre Guilde agit toujours pour de l'argent, non par principe, vous devez en être conscient..."

Avec un léger sourire et quelques murmures approbateurs dans l'assistance, Kivan laissa Sirion digérer ces quelques paroles, avant d'enchaîner avec quelques questions qui le turlupinaient:

"Une prise de pouvoir, mais pour mettre qui à la place? Vous-même? Et quelles sont les autres personnes dont vous parlez? Des mercenaires également, ou bien des habitants d'Esgaroth? Et, en outre, vous et vos alliés, qu'avez-vous à nos offrir pour nous faire venir de votre côté?"

Sirion s'attendait à ce que ces Masques soient appâtés par l'argent, il retînt un sourire puis ayant écouté les nombreuses questions de Kivan, il lui répondit.

- Hmm, je ne pense pas être l'homme de la situation pour gouverner Esgaroth, c'est bon pour les politiciens ça. Non moi j'aide les habitants d'Esgaroth simplement pour atteindre Mon objectif : mettre la main sur l'un de ses "amis", un dénommé Himling.

Tous les muscles de son corps se contractèrent après avoir prononcé ces derniers mots. La colère qu'éprouvait Sirion pour ce lâche ne s'était pas tarie. Il fallait qu'il paie...et vite.

- J'ai des relations avec Baradur, capitaine de la Flèche Noire. Depuis longtemps, il cherche un moyen de faire chuter le comte et mon arrivée l'a bien arrangé je dois dire. Il y a également une petite vieille qui m'a offert l'hopsitalité et qui est de mèche aussi. Toute la population nous suivra si nous agissons bien du moins je le pense.

De toute manière, il fallait mettre les habitants de leur côté car sinon, tout serait réduit à néant. On ne peut rien contre tout un peuple...

- Pour ce qui est de votre solde, j'ai en ma possession une belle quantité de pièces d'or. De plus, si notre mission réussit vous serez très certainement amnistié pour service rendu à la cité. Si j'ai bien compris, cela vous arrangerait bien non ?

Regardant Kivan, il ajouta enfin :

- En somme, je ne vois pas de raison de votre part pour refuser une telle offre. Alors prêts à me suivre ?

Les yeux de Kivan brillèrent d'une curieuse lueur lorsque Sirion parla de "services rendus à la cité". Non pas qu'il souhaitât vivre des jours paisibles à Esgaroth, non. Il s'était habitué à vivre en hors-la-loi, au grand air, toujours courant par monts et par vaux. Non, ce qui faisait battre son cœur plus fortement qu'à l'habitude, c'était la renommée du trésor d'Esgaroth, et la récompense que lui et ses compagnons pourraient obtenir si le projet était mené à bien grâce à leur aide.

"Mes amis, nous voilà repartis!" annonça-t-il d'une voix de stentor.

Des cliquetis d'épées remises au fourreau résonnèrent entre les murs de pierre de la salle. Chacun se hâta de finir ce qu'il avait entrepris, récupéra ses effets, et se prépara pour le voyage qui les attendait. Pendant ce temps Kivan, qui semblait prêt, échangea encore quelques paroles avec Sirion:

"Oh... dit-il, Baradur et ses gardes ne nous ont guère aimé pendant toutes ces années, et son nom sonne assez mal à nos oreilles. Même s'il fomentait ce projet depuis un certain temps, il n'en était pas moins au service du Comte, et longtemps nous pourchassa-t-il et nous mena-t-il la vie dure. Les ordres, j'imagine. Voilà pourquoi je n'aime pas les politiciens et l'autorité..."

Bientôt, tous les Masques de la Pierrelune furent prêts, et le petit groupe se présenta bientôt devant la porte, puis la franchit. Si Frehïn fut surpris de leur départ improvisé, les gardes de la pièce le furent encore plus. Kivan, qui fermait la marche avec Sirion, les chargea de remercier les guérisseurs Nains qui l'avaient soigné.

Tous quittèrent cette partie des mines, commençant le voyage vers l'Est, guidés par le bon Frehïn.

*Enfin !* pensa Sirion
Les Masques de la Pierrelune étaient enfin "recrutés" et tout ce beau monde s'était mis en route pour l'Est et la sortie des Mines. Durant le début du trajet, Sirion resta silencieux repensant à tous les derniers évènements qui s'étaient déroulés si vite sous ses yeux.

Puis ses pensées s'arrêtèrent soudain sur son frère cadet...Lirion. Il se remémora leur enfance quand ils s'amusaient dans la réserve de la forge appartenant à leur père adoptif. Ces souvenirs dans l'esprit de Sirion firent bientôt couler quelques larmes dicrètes sur ses joues...cela faisait des années qu'il n'avait pas pleurer.

C'est alors qu'il vit une lumière d'espoir, aussitôt il se rapprocha de Kivan et prit la parole :

- Dites-moi, je voudrais savoir si vous connaissez un homme du Sud se prénommant Lirion. Je suis également à sa recherche mais pour une toute autre histoire. Le connaissez-vous ?

La mine du mercenaire était grave et sincère, il lui fallait des réponses, peut-être ce Kivan en avait-il...

"Lirion... Lirion... répéta Kivan en regardant dans le vide, perdu dans ses pensées. Non... ce nom ne me dit rien, hélas! Il est vrai que nous avons beaucoup voyagé, mais nous ne connaissons pas toutes les régions d'Arda et leurs habitants... surtout dans le Sud que nous avons peu visité."

Le chef des Masques vit très bien que sa réponse s'était ressenti sur le visage de Sirion: la déception s'y lisait. Kivan se doutait bien qu'il devait s'agir d'un parent proche, avec une telle similitude dans le nom.

Mais ces questions lui sortirent de la tête lorsqu'il entendit des bruits de pas à l'arrière gagnant sur eux à chaque instant. Un sourire se dessina alors sur son visage, et il murmura comme pour lui même:

"Voilà maintenant l'équipe au complet."

En effet, une trentaine d'hommes venaient de les rattraper, les visages également tatoués. C'étaient d'autres Masques, qui se trouvaient dans une salle annexe lors du départ, sans doute absorbés par une tâche dont ils ne parlèrent pas. A présent, ll'ensemble de la Guilde de mercenaire marchait derrière Kivan et Sirion: un grosse cinquantaine de têtes.

Aux côtés des deux hommes allaient les plus proches amis du capitaine: Montaron, Xzar, Valygar, et Bil. Ils écoutaient avidemment la conversation, sauf Montaron qui avait l'esprit un peu perturbé... Mais tous étaient de braves et courageux guerriers.

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Décidément le Destin ne jouait pas en sa faveur pour retrouver son frère, KIvan n'en avait pas entendu parler. Mais peut-être que ses acolytes entourant lui et Sirion l'avaient déjà rencontré, qui sait ? Quoiqu'il en soit, pour le moment, il fallait s'occuper d'Esgaroth.

Quelques minutes plus tard, une trentaine d'hommes se joignit à eux, les Masques étaient alors au complet et la petite troupe continuait sa marche vers la sortie des mines, toujours guidée par Frehïn. Le nain détendait l'atmosphère avec ses blagues et histoires cocasses ayant eu lieu il y a des cycles, pendant ce temps certains Masques parlaient entre eux mais Sirion restait silencieux.

Finalement, au bout d'une autre journée de voyage, la troupe commença à entrevoir la lueur du soleil. Cela motiva Sirion pour continuer son périple car la noirceur des mines ne lui plaisait guère malgré les merveilles d'architectures des Naugrim. Des gardes étaient postés là afin de surveiller l'entrée Est bien que plus tranquille que celle de l'Ouest.

Sirion se retourna vers Kivan et les Masques et prit la parole :

- Bien nous voilà sortis de ces mines. A présent, je propose que l'on se repose quelques heures pour repartir ensuite vers l'Est. Pour ma part j'ai un moyen de transport mais vous ? Vous êtes venus ici à cheval ?

Kivan sourit:

"Pas à dos de cheval, mais dans un convoi de chariots!"

En effet, plusieurs Nains s'affairaient près de l'entrée, à faire sortir tant bien que mal les charrettes et à les atteler aux chevaux, qui broutaient l'herbe verte des contreforts. Au bout d'un moment, Frehïn annonça:

- Messieurs, tous vous chariots sont près. Et le votre arrive, Sirion.

La charrette volée à Esgaroth était bien là, avec ses deux bêtes et son coffre à l'intérieur. A cet instant, Frehïn s'approcha davantage du Fantôme; visiblement, le Nain avait quelque chose à dire:

- Cela va vous surprendre, mais je ferai le voyage avec vous jusqu'à Esgaroth. En vérité, le Seigneur Hadhod porte de l'intérêt pour cette ville et ces alentours... N'oublions pas que lui et beaucoup d'entre nous sommes nés non loin de la ville du lac, à Erebor, sous le Mont Solitaire. J'irai d'ailleurs rendre visite à nos cousins du Nord. Le Seigneur a un message à leur transmettre, et puisque l'ambassadeur Kofur est occupé avec l'Armée des Peuples, c'est à moi que revient la tâche. Cela fait bien longtemps que je ne suis pas...

"Voyons donc ce que vous avez à nous offrir, mercenaire." coupa Kivan qui venait de les rejoindre.

Devant l'empressement de Kivan, Sirion acquieça et se dirigea vers sa charette. Il y monta, se saisit du coffre et redescendit promptement. Le mercenaire s'approcha de Kivan, de nombreux autres Masques s'approchèrent et formèrent bientôt une véritable foule autour d'eux. Sirion ouvrit le coffre avec la clef et montra les nombreuses pièces d'or aux Masques de la Pierrelune.

- Voici donc votre récompense lorsque vous aurez accompli votre tâche. D'autres pièces vous attendent sûrement dans les caisses de la ville.

Après une bonne minute, Sirion referma le coffre à double tour, rangea la clef dans ses vêtements tout en surveillant les Masques, * on est jamais trop prudent*. Il s'adressa encore une fois aux Masques :

- Nous n'avons plus une minute à perdre. Mettons nous en route pour Esgaroth et notre objectif.

Sirion commença alors à se mettre en place sur la charette...