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 Tour et détours [Finrodel]

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Aelyn
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Tour et détours [Finrodel] EmptyMer 29 Oct 2014 - 17:46
[J'invite ceux qui veulent se joindre à nous à venir s'il le veulent, je ne mange personne... enfin je crois ^^]


Haerelon se tenait désormais sur les hauteurs des Havres Gris, observant la mer qui s'étendait bien au delà de l'horizon où son regard portait. Il songeait à Aman, les lointaines Terres Immortelles de l'Ouest et à sa sœur qui avait fait le voyage sans retour quelques siècles auparavant. L'odeur de l'iode, le cri des oiseaux marins, les sons qui montaient du port... Il se demandait comment les elfes qui vivaient ici pouvaient regarder chaque jour la mer et chaque jour accepter de ne pas prendre le navire, renoncer à ce projet, se détourner de cet appel impérieux et reprendre leurs activités. Comme ceux de sa race, Haerelon portait en lui la nostalgie d'un passé lointain et ressentait l'appel de la mer. Pourtant il n'était pas assez vieux pour avoir connu cette époque où les elfes avaient quitté la Terre des Valar, il n'avait aucune idée de ce que pouvait être cet endroit, seulement qu'il n'en existait nul pareil, qu'on y trouvait la beauté et la paix. Mais il était jeune, il aimait Endor et ses habitants, s'y sentait chez lui. Et malgré les évènements qu'avaient déclenchés l'Ordre à la Couronne de Fer, il n'aurait jamais voulu être ailleurs.

Haerelon était un elfe de Fondcombe, cheveux sombres et yeux de charbon, avec encore l'entrain de la jeunesse qui n'a pas encore eut à mesurer le poids des ans. On le traite encore parfois comme un enfant malgré ses siècles, quelques faits d'armes notables et nombres de qualités qui lui valent les louanges de ses supérieurs. Et aujourd'hui il allait enfin pouvoir prouver qu'il était digne de la confiance qu'on avait placé en lui. Sa première mission en solitaire. Ô, il ne se faisait pas d'illusion sur la raison pour laquelle on l'avait envoyé lui plutôt qu'un autre. De tous ceux qui étaient susceptibles de mener à bien cette mission, de tous ceux qui pouvaient retracer de mémoires les chemins d'Arnor, il était le seul à déjà connaitre la morsure de la mer. Il le comprenait et l'acceptait. C'était une logique qu'il partageait sans réserve.

Détournant les yeux de sa rêverie, il descendit de son promontoire et accéléra le pas en direction des Tours. Il avait fait tout le voyage d'Imladris d'une traite, dormant peu, mangeant peu et avançant à bon train. On lui avait demandé de profiter de l'absence des Seigneurs, partis au mariage du Roi Aldarion à Minas Tirith, pour tenter de faire sortir le Maître Finrodel de sa tour. D'après ce qu'il avait entendu dire, cela faisait bien longtemps que l'elfe n'avait pas mis le nez dehors et certains doutaient même qu'il ait été au courant de nombres des terribles évènements de l'année écoulée. Etait-ce vrai ? Haerelon espérait bien que non. Il ne tenait pas véritablement à être celui qui annoncerait la longue liste de pertes et de destructions à cet elfe sage et respecté.

Il traversa le port, avança entre les maisons qui regardaient face à la mer au milieu d'autres elfes affairés à leurs tâches, et arriva enfin au pied de la Tour à la Clé d'Or. Elle était aussi magnifique que dans son souvenir, plus belle encore si cela fut possible. Il la regardait désormais d'un œil neuf. Au départ de sa sœur, Mithlond lui avait paru triste et grise, désormais elle lui semblait lumineuse et vivante. Il fit lentement le tour du bâtiment pour en trouver l'entrée, dissimulée par une grande lyre de bois sculpté et l'anneau de la connaissance. Jamais encore il n'avait dépassé le seuil de l'immense bâtisse. Pas que le savoir qui y était enfermé ne l'intéressait pas, c'était un habitué des immenses bibliothèques de Fondcombe, mais chaque fois qu'il avait dû se rendre à Mithlond, son cœur était triste et mélancolique. E rien n'aurait pu le forcer à faire autre chose que fixer l'horizon jusqu'à ce que le soleil ait totalement disparu derrière l'immense miroir d'eau, s'endormir sans en bouger et se réveiller pour continuer à fixer le lointain.

L'envoyé d'Imladris poussa le battant de la grande porte qui s'ouvrit sans un bruit. Il régnait dans la tour un silence méditatif tel que l'on aurait pu y entendre une souris traverser les étages. L'atmosphère était sereine, paisible, et le jeune elfe comprit ce qui pouvait pousser quelqu'un à rester ici, coupé de tout, pendant une éternité. D'ailleurs qu'était-ce qu'une éternité pour les elfes ? Aussi silencieux que peuvent l'être les elfes, Haerelon traversa étage après étage, laissant son regard s’égarer sur les trésors qu'ils recelaient. Il savait que pour trouver le Maître Elfe qu'il était venu chercher, il devait monter tout en haut, là où personne d'autre ne serait venu le déranger que pour lui apporter quelques provisions et de nouvelles lectures.
Enfin, il trouva une porte close. Ça ne pouvait être qu'ici. Soudain étrangement nerveux, le jeune elfe remit de l'ordre dans sa chevelure, replaça correctement son plastron de cuir à plaques d'acier et enfin toqua. Il n'avait pas frappé fort mais, dans le silence, son appel sembla faire écho dans toute la Tour.

« - Maître Finrodel ? Je... je me nomme Haerelon Feramath. J'ai voyagé depuis Imladris pour pouvoir vous trouver. »

Sitôt la porte fut-elle ouverte qu'il s'inclina avec grâce et respect comme il sied à un représentant de sa race.


Tour et détours [Finrodel] Aelyn-16


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Tour et détours [Finrodel] EmptyMar 4 Nov 2014 - 19:26
Derrière de lourdes portes à double battants, faites entièrement d’un bois de chêne sans défaut, s’étendait, presque à perte de vue, la grande bibliothèque de Perf Andrann Galadh, aux livres de l’âge des Arbres.  Elle couvre presque l’intégralité du dernier étage de la tour, mais on y accède uniquement par une petite antichambre, aussi modeste que la bibliothèque est vaste.  Les voutes en arabesques du prodigieux plafond se perdent inlassablement dans les ombres pour reparaître plus loin dans leur course gracieuse.  Pourtant, de hautes fenêtres enchâssées dans des lucarnes savamment organisées projettent une vive lumière à travers le dédale d’étagères et de tables.  Les lanternes, accrochées à intervalle régulier sur les murs et les poutrelles, n’étaient nécessaire qu’après la tombée du jour.  Les étagères, principale mobilier du la salle, sont ouvragées dans du bois de cèdre, dont la couleur beige réfléchit la lumière pénétrant des hauteurs pour la diffuser dans les allées.  C’est également un bois qui a la propriété de ne pas attirer les insectes, assurant ainsi une meilleure sauvegarde des inestimables archives entreposées dans Perf Andrann Galadh.  Les tables de travail sont d’une grande simplicité, incitant à la réflexion et au travail plutôt qu’à la contemplation, mais elles n’en sont pas moins de bonne facture.

Au milieu de ce spectacle, entre haute architecture et secrets oubliés, se trouvait une silhouette d’un gris-vert indéfinissable, ramassée sur elle-même et pratiquement immobile.  La poussière, qui ne s’accumulait pratiquement nulle part malgré l’étendu des lieux, semblait se masser sur la silhouette qui pouvait donner l’impression d’être les tas de linges ayant servi à nettoyer les lieux.  Pourtant, il n’en est rien, la forme installée près d’une table n’était autre que le maître de séant, un vieil elfe aussi avide de connaissances qu’indifférent de son aspect physique.

Il étudiait un vaste recueil sur la Mayar Lorien et son pays en Amman, lorsqu’une référence sur son lien profond avec Elbereth avait poussé l’elfe à retourner dans la bibliothèque.  Cela avait éveillé le souvenir d’un texte lu quelques jours auparavant, peu après son entré dans la Tour à la Clé d’Or.  Maintenant qu’il avait retrouvé le passage désiré à l’intérieur d’un petit livre à la reliure de cuir rouge, il se dirigeait de nouveau vers son bureau dans l’antichambre de la grande bibliothèque.  Il n’eut pas le temps de l’atteindre que quelque chose vint troubler sa réflexion, un bruit sourd à peine audible dans l’immensité de la salle.  Il était pourtant certain d’avoir entendu une sorte de coup dans le silence qui régnait dans ces lieux habituellement profond et serein.  Il tourna la tête dans la direction qui lui semblait être celle du bruit et ses yeux se posèrent, à travers l’antichambre, sur les vastes portes de chêne qu’il gardait continuellement close.

Il entendit une voix l’appeler à travers le bois dense, seul la finesse de ses oreilles elfiques lui permit de comprendre les paroles prononcées dans la langue de son peuple dans un elfique à l’accent qu’il connaissait bien, vraisemblablement un descendant Noldor.  Il ne savait pas ce qu’Haerelon espérait obtenir de lui, mais s’il venait expressément d’Imladris, il serait étonnant qu’il reparte sans lui avoir parlé.  Il compléta le trajet menant à son air de travail dans la petite antichambre et déposa sans hâte son manuscrit sur un bureau particulièrement usé.  Finrodel prit alors une lente inspiration et jeta un regard circulaire sur la salle, comme s’il pressentait qu’il ne la reverrait peut-être jamais. Dans un soupir, il poussa les lourds battants de la porte qui s’ouvrirent vers l’extérieur avec une aisance étonnante, révélant un jeune elfe pourtant la livrée d’Imladris sur son plastron.

« Alors Haerelon, pourquoi voyager depuis la vallée cachée pour venir voir un vieil ermite délabré tel que moi? », il enchaîna sans transition, « Racontez-moi moi ça pendant que nous descendons dans une salle plus confortable du premier étage. »

#Finrodel
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Tour et détours [Finrodel] EmptyDim 9 Nov 2014 - 1:12

Pour un jeune elfe comme Haerelon, il était toujours très impressionnant de se retrouver face à un être si vieux et vénérable. Il ressentait le même respect teinté d'admiration pour les Seigneurs, Maîtres et Anciens qui vivaient à Fondcombe, mais, face à Finrodel, qui avait consacré un pan de son existence à la sagesse et au savoir... il se sentait étrangement petit, comme un enfant. Instinctivement, il salua une deuxième fois d'un mouvement gracieux de la tête.
Etait-ce cette admiration qui provoqua ce haussement de sourcil surpris quand le Maître de la Tour à la Clé d'Or se définit lui-même comme un "vieil ermite délabré" ? Oui, évidement ! Drôle d'expression pour se décrire soi-même. Drôle d'expression dans la bouche d'un elfe... surtout quand on est habitué au parlé d'Imladris. Drôle d'expression en cette période si particulière qui suit les temps sombres. Mais que répondre à ça ? "Non non maître, vous n'êtes pas délabré" ? La conversation deviendrait vite surréaliste et stérile.

Il suivit pourtant docilement le vieil elfe vers les étages inférieurs, tentant de trouver les meilleurs mots pour exposer les raisons de sa visite. De toute évidence, Finrodel pensait qu'Haerelon était venu le consulter personnellement et, devant cette étrange insouciance dont faisait preuve son hôte, le jeune elfe commençait à craindre que ses inquiétudes, qu'il avait prises pour des suppositions fantasques ne soient en fait avérée. Mieux valait dans ce cas tâter le terrain pour ne pas avoir à annoncer trop violement certaines nouvelles dramatiques.
Il laissa errer son regard quelques temps sur les rayonnages que leur descente leur permettait de traverser, gagnant un temps précieux pour réfléchir à ses mots. Puis enfin, pratiquement arrivés à leur destination, il ouvrit la bouche. Sa voix était posée et sûre. Il parvenait à dissimuler avec un brio incontestable ses angoisses.

« - Je ne suis pas ici pour moi, Maître Findorel. Je ne suis qu'un messager, si je puis dire. Je viens à la demande de certains maîtres d'Imladris qui souhaiteraient vous inviter à demeurer quelques temps avec eux. Après les... »
Il chercha un temps une formulation assez neutre.
« - ... évènements récents qui ont agités la région, ils ont tenu conseil. Et il en est ressortit qu'ils souhaiteraient vivement s'entretenir avec vous de plusieurs problèmes. Ils ont estimé que votre grand savoir leur serait précieux en ces heures de renouveau. »

Un peu sibyllin mais c'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour savoir véritablement jusqu'à quel point l'elfe avait vécu en "ermite" comme il se décrivait lui-même. Suivant les questions qu'il ne manquerait immanquablement pas de lui poser, il saurait à quoi s'en tenir. Son instinct lui hurlait qu'il ne devrait pas se faire trop d'illusions sur le sujet. A l'instant où leurs regards s'étaient croisés, il avait sentit une chose étrange, l'impression que cet elfe vivait totalement hors du temps. L'image qui lui avait traversé la tête lui disait que le monde aurait pu s'écrouler tout autour de Finrodel, qu'il n'en aurait ressentit aucun frémissement, absorbé à son ouvrage. Sur le moment, il avait mis ça sur le coup de l'inquiétude, une simple transposition de ses angoisses au moment inopportun, rien de bien méchant. Mais maintenant, il priait pour qu'un fois dans sa vie, son instinct ait fait fausse route.  

Sur ces considérations, les deux elfes arrivèrent enfin à l'étage qu'ils cherchaient. Et, effectivement, Finrodel ne lui avait pas mentit, l'endroit était des plus confortables. Dans un coin se tenait des fauteuils, des bancs et des chaises de formes diverses mais parfaitement harmonieuses entre elles, comme le seraient ensemble toutes les branches d'un vieil arbre. De confortables coussins en tissus délicats y étaient placés. Ça et là étaient disséminés des petits guéridons pour poser du matériel, de la nourriture ou des livres, des tables de lectures pour les ouvrages plus volumineux ou fragiles, des bureaux pour écrire. Le tout encerclé d'immense bibliothèque remplies jusqu'aux limites du plafond de papyrus, de vélins, de parchemins et de papiers parfois volants, parfois enfermés dans de solides couvertures de bois, de cuir, de tissus ou de métaux précieux, parfois sous forme de rouleaux, de manuscrits, de codex,... Il y avait de toutes sortes sous toutes ses formes. Il y régnait une odeur de vieil ouvrage, d'encre et de paix.
C'était un vrai plaisir d'y prendre un siège et Haerelon s'installa face à son hôte. Il se laissa un instant aller contre le dossier, profitant d'un confort qu'il n'avait que trop peu goûté durant son voyage à travers l'Arnor. L'atmosphère des lieux avait pratiquement faillit lui faire oublier pourquoi il était venu et surtout, surtout, ce qu'il attendait avec tant d'angoisse : les questions de Finrodel.

Face à bien trop de mauvaises nouvelles, il y avait deux types de personnes : celles qui finissaient par relativiser, accepter les mauvais coups du sort comme inévitable quand la vie s'étire à l'infinie, et celles qui, à force d'en entendre, finissaient par ne plus en supporter. Haerelon savait qu'il était de cette deuxième catégorie. Pour le moment il était jeune et encaissait, mais elles le minaient progressivement et le mineraient encore de très longues années, décennies, siècles, millénaires... Ainsi était-il du genre à savamment les éviter. C'était une attitude d'auto-préservation un peu lâche, il voulait bien l'avouer, mais à quoi donc pouvait servir une éternité si c'était pour regarder les ans passer en se courbant un peu plus sous le poids de la tristesse jusqu'à n'être plus qu'un fantôme. Il ne voulait pas devenir comme sa sœur. Alors se faire le messager des pires moments de ces longues et pénibles années... Il espérait que Maître Finrodel était de la première catégorie de personne, cela lui faciliterait grandement la tâche... A condition qu'il ne soit au courant de rien, voilà qu'il mettait la charrue avant les bœufs. Il se faisait peut-être - sans doute - du mauvais sang pour rien !


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Tour et détours [Finrodel] EmptySam 22 Nov 2014 - 2:31
C’est avec un sourire amusé aux lèvres que le vieil elfe passa devant le plus jeune pour entreprendre de concert la longue descente menant au premier étage de la vaste tour qu’il habitait maintenant. Les manières d’Haerelon étaient d’une délicatesse suave, à tel point qu’il n’avait pas besoin de se présenter pour que l’on sache qu’il avait été élevé à Fondcombe. Pour Finrodel, les fioritures de la politesse elfique étaient similaires aux enluminures des livres d’apparats. Leur beauté avait un certain attrait, mais jamais aussi considérable que le contenu, tellement plus riche, des textes qui étaient la raison d’être des livres en définitive. C’est pourquoi il était franchement amusé des manières de son visiteur, En définitive, une telle méthode n’était pas déplaisante et pouvait même s’avérer rafraîchissante après plusieurs semaines d’isolement.

Les marches étaient régulières et espacées de nombreux paliers pour permettre un peu de répit aux gens entreprenant la longue ascension. C’est donc d’un pas solide et assuré qu’il réalisa la descente à un rythme régulier, il en profitait pour savourer le génie de l’architecture. L’escalier parvenait à être à la fois compact sans être trop exsangue grâce à un montage en colimaçon à double arche légèrement en ovale. De plus, des fenêtres taillées peu profondément aux deux extrémités des ovales permettaient une diffusion presque uniforme de la lumière sur toute la hauteur de la structure. Son concepteur avait à cœur le confort des gens qui y circulerait et comme toute fabrication elfique, celle-ci était demeuré épurée de toute imperfection. De plus, c’était un régal que de voir apparaître, aussi brièvement soit-il, les vastes pièces de la tour presque toutes réservées à une sphère différente du savoir. L’une de ces favorites apparaissait sur leur droite alors qu’Haerelon rompait le silence qui s’était installé depuis leur bref entretien à l’ultime étage de la tour. Il arracha son regard de la précieuse pharmacopée et des nombreux manuscrits qui décrivaient les usages et bénéfices des innombrables contenants présents dans la pièce, car ils arrivaient enfin au petit salon organisé afin de favoriser la discussion.

Dans un temps si lointain que sans doute seul Cirdan parviendrait à se souvenir, Carmällen Beraid était un lieu de rencontre où les érudits faisaient maints discours et tenaient d’importants conseils. C’est pourquoi un nombre conséquent de salles étaient aménagés en salons et en petite salle où l’on pouvait tenir des discours devant des assemblées allant jusqu’à une cinquantaine d’individus. Le maître de céans avait toutefois choisi un petit salon qui servait, jusqu’à la fin du Troisième Âge, de lui d’étude pour un groupe de recherche travaillant sur le même sujet ou confinant des écrits complémentaires. Lorsqu’il était entré en possession de la tour on lui avait dit que cette salle était la mieux conservée, ce qui voulait plutôt dire qu’elle était maintenant la seule encore en état de recevoir décemment un invité. La pièce avait toutefois l’agréable particularité d’être situé tout juste à côté du vestibule, et donc, de la sortie, que Finrodel espérait faire prendre à son hôte aussi rapidement que possible pour retourner à son travail.

Debout près de la porte, il répondit finalement à Haerelon, une réponse calme et mesurée et qu’il espérait également définitive, même s’il en doutait de toute son âme :

« Notre peuple a vu tant de choses durant son existence, tant de choses qui sont venues et reparties tout aussi rapidement. Je ne crois pas que nous ayons de sincères raisons de nous inquiéter, mais si les sages d’Imladris jugent pertinents d’amasser les opinions, je consens à joindre la mienne. »

Il posa son regard sur Haerelon, tentant de faire jouer toute l’influence qu’il pouvait avoir dans les quelques mots qu’il ajouta :

« Je suppose que celui qui vous a envoyé ici à vue en vous un messager digne de confiance et apte à accomplir sa mission. Il me sera permit d’en faire de même et de confier à vos soins le parchemin que je peux rédiger dans la soirée. Ainsi, vous aurez une nuit de repos avant de reprendre la route, car je suis sûr que l’affaire requiert célérité. »

Finrodel, ajouta la geste à la parole en s’emparant d’un rouleau vierge, d’une plume et un encrier qui reposaient sur un guéridon placé près de la porte où il se tenait.
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Tour et détours [Finrodel] EmptySam 22 Nov 2014 - 18:00


La réponse de l'ermite sembla frapper de foudre Haerelon. Ses yeux étaient écarquillés, sa mâchoire aurait pu tomber au sol. Il avait mal entendu, forcément. Forcément...
Il était à Imladris quand les choses avaient commencé. Il avait vu... Il avait vu le chaos s'abattre sur la Dernière Maison Simple et sur tous les alentours. Il avait vu la fuite de ses habitants lorsque l'Ordre avait déferlé sur eux comme une nuée de sauterelles noires et corrompues, et avait brisé toutes leurs défenses. Il avait vu les morts, les blessés. Il avait vu des elfes affronter des elfes comme dans les temps immémoriaux. Il avait tendu son arc contre eux et laissé son épée mordre leurs chairs. Il avait assisté au carnage jusqu'à ce que le sol antique de la cité elfe ne ressemble plus qu'au Marais des Morts, jonché de mares de sang, de cadavres, de têtes tranchées et d'entrailles d'amis et de frères. Et tout ce qui avait été abimé ou détruit, des chef-œuvres inestimables, des livres plus anciens que la somme des âges de ses habitants, des vestiges restés jusqu'alors immuables. Comme les vies de ceux qui étaient tombés, tout cela était perdu à jamais.
Alors non, il ne pouvait tolérer une telle insouciance, un tel... désintérêt. Il avait reçu les paroles du maître elfe comme un coup de poignard dans le dos. Rien de moins. Il ne s'attendait pas... Il n'aurait jamais pu s'attendre à... ça.

D'un mouvement vif, il fut sur ses jambes. Il attrapa le poignet du sage avant que la plume ne puisse toucher le parchemin. Une goutte d'encre roula lentement jusqu'à la pointe avant de s'écraser sur le papier.

« - On m'a demandé de vous ramener. Vous, pas quelques recommandations couchées sur le papier. Imladris a bien failli être rasée, détruite. Elle a été profanée, mutilée et souillée par les adorateurs de Melkor. Les villages ont été ravagés... et c'est là toute votre réaction ?!... Ça ne partira pas. Ça ne s'effacera pas. Tout a changé... à jamais... »

Le plus jeune n'avait pas haussé le ton, sa voix était juste amer, déçue mais égale. Sa colère était plus profonde que ce que pourrait exprimer ses mots ou ses gestes. Sa voix dévia malgré tout légèrement vers les aiguës. La poigne qui retenait le bras de Finrodel tremblait imperceptiblement. Mais ses yeux noirs eux étaient profondément ancrés dans ceux de l'aîné, animés d'une détermination sans faille et presque aussi froids que ceux des sylvains à l'époque où Vertbois-Le-Grand portait le nom de Forêt Noire. Puis, finalement, il relâcha sa prise, se redressa et s'éloigna d'un pas. Il avait outrepassé ses droits en agissant de la sorte, en parlant de la sorte, son rang ne le lui permettait pas mais il ne regrettait pas un mot de ce qu'il avait dit ni son geste. Le maître des lieux semblait... surpris ? choqué ? Qu'importe !
Il avait rapidement compris que Finrodel voulait se débarrasser de lui au plus vite. Son test avait été concluant, bien qu'il n'ait jamais pu s'attendre à ce résultat. Le Maître de la Tour à la Clé d'Or ne l'avait pas interrogé. Il ne s'était montré ni intéressé, ni même curieux. Il n'agissait pas comme quelqu'un qui ne savait rien du monde autour de lui mais comme quelqu'un qui n'en avait cure. Comme s'il s'en fichait éperdument. Et grande était la déception du messager.

Haerelon se mordit l'intérieur de la joue avant de s'incliner respectueusement.

« - Bien... Si vous voulez bien m'excuser. Je n'ai visiblement que trop abusé de votre hospitalité. J'ai un rapport à remettre à mes supérieurs. Ils se trompaient à votre sujet Maître, vous m'en voyez navré. Je m'assurerais que personne ne vous dérange plus, soyez-en assuré. »

Sur ces mots, il tourna le dos et se dirigea vers la sortie. A quoi bon s'attarder. Il allait sérieusement se faire rabrouer pour avoir faillit à sa mission.  Mais ceux qui avaient cru que cet elfe pouvait les aider à restaurer la Cité n'avait pas dû le voir depuis bien longtemps pour s'être autant fourvoyé sur lui.
Il réarrangea sa tenue, ses armes et son maigre paquetage, prêt à passer la porte. Cependant, mû par un étrange espoir, il se retourna pour ajouter.

« - Si vous changez d'avis, je vais rester quelques heures au port avant de repartir. »

Ce à quoi il ajouta une formule de politesse dans sa langue natale avant de sortir sans laisser la moindre chance au sage d'ouvrir la bouche. Il avait besoin d'air, de sentir la mer et les arbres. Quel fiasco !

Comme il l'avait dit à Finrodel, il se dirigea vers le port. Il grippa sur un grand arbre qui poussait là. Assis sur une épaisse branche basse, le dos appuyé contre le tronc noueux, il tourna son regard vers le large. Simplement tout oublier quelques instants. Il ne voulait pas se demander si le sage retrouverait la raison ou si ses trop longues années ne lui pesaient finalement pas trop pour sortir de sa demeure. Il ne concevait pas le savoir sans partage. C'est le refus de partager ses connaissances qui avaient déclenché de nombreuses guerres par le passé et puis quel intérêt de tout savoir et de n'en faire profiter personne, de n'en tirer des leçons que pour soi-même et de délaisser le monde. Peut-être était-il trop jeune pour comprendre ?


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Tour et détours [Finrodel] EmptyMer 10 Déc 2014 - 17:17
[HRP:]Vu mon délai de réponse et la longueur du texte cette fois, je préfères mettre en deux parties. Je travail fort sur la dernière partie, elle devrait venir dans maximum 3 jours (croise les doigts)[/HRP]

Toujours installé près du guéridon sur lequel il s’apprêtait à écrire, le regard dans le vide, Finrodel entendit la porte de la tour se refermée dans un claquement sec dont l’écho se répercuta un instant dans les salles de l’étage.  Le silence que connaissait si bien le vieil elfe revint doucement dans sa demeure, un silence qui l’entourait depuis longtemps maintenant et qu’il appréciait pour être propice à la réflexion.  Toutefois, en cet instant, ses pensées étaient diffuses, tel le son de la porte, elles se transportaient dans toutes les directions et créaient un capharnaüm dans son esprit.  Concentré qu’il était à y ramener l’ordre, il n’avait pas bougé depuis qu’Haerelon l’avait saisi au poignet pour l’empêcher de commencer sa rédaction.  La main qui tenait la plume était toujours levée, suspendu au-dessus de la feuille de papier comme si elle était toujours immobilisée par la main du messager.  D’une injonction qu’une longue pratique lui avait apprise, Finrodel fit taire les pensées qui secouaient encore son esprit et y ramena un silence aussi profond que celui de la tour.

Dans le calme profond soudainement rétabli, on pouvait entendre le murmure du vent qui soufflait avec douceur sur les murs immuables de la tour ainsi que le grésillement ténu des chandelles qui se consumaient pour prodiguer une lumière d’appoint dans la salle.  Plus discret encore était le son étouffé et régulier des battements de cœur de l’elfe qui lui semblait pourtant fort comme le bruit d’un tambour.  Puis, un son, incongru, discordant; le bruit d’une seule goutte s’écrasant sur quelque chose de délicat, tout près de l’elfe demeuré immobile.  Il réalisa alors qu’il tenait toujours la plume levée au-dessus du parchemin sur lequel il se faisait fort d’écrire une lettre à Imladris.  Le son qu’il avait entendu était celui d’une seconde goutte d’encre qui s’était écrasée sur le parchemin, y laissant une nouvelle tâche sombre qui s’étendait encore alors que le parchemin s’en abreuvait délicatement.  Tel le sable qui s’écoule d’un sablier pour dicter le rythme du temps, l’encre chutait de la petite pointe de fer qu’il avait trempé dans l’encrier.  Le temps, il en fallait beaucoup pour qu’une encre en petite quantité parvienne à former une goutte suffisamment grosse pour choir d’une plume comme la sienne, et pourtant, il lui avait semblé qu’un seul instant s’était écoulé depuis qu’Haerelon avait quitté sa tour.

Au fond de son âme, un doute vint le tenailler, se pouvait-il que cette sensation dure en lui depuis son entré dans la Tour à la Clé d’Or?  Il devait en avoir le cœur net, savoir depuis combien de temps exactement il étudiait les livres des vastes bibliothèques qui l’environnaient.  Il ne possédait nuls serviteurs, pas de bonnes, de jardiniers ou de valet, la tour était donc complètement déserte.  Il savait également que plus personne n’habitait à proximité de la tour depuis le départ de Cirdan.  Ainsi, pour s’informer auprès de quelqu’un, lui faudrait-il descendre la colline au sommet de laquelle se dressait Carmallen Beraid pour rallier les Havres Gris où s’attardaient encore de nombreux elfes amoureux de la grande mer.  Il pourrait également marcher plein nord jusqu’à la Tour à la Clé d’Argent, celle-ci était bien plus proche, pas plus d’une quinzaine de minutes de marche, mais il n’était pas certain d’y trouver Silivrien et le cas échéant, il lui faudrait partir de là jusqu’aux havres.  Il connaissait cependant un autre moyen de connaître la date, nettement plus complexe que de simplement demandé, mais qui lui permettrait de ne pas quitter sa tour.  Alors qu’il prenait les escaliers à sens inverse, il enfila rapidement les étages tout en tentant de se souvenir de l’endroit où il avait laissé le palpitant texte de Flinwë, dit le Rêveur.  Celui-ci était un elfe de la suite de Yavanna et le hasard voulu qu’il fût auprès d’elle le jour où elle chanta et pleura aux pieds des arbres sacrés de Valinor alors que le vie se retirait d’eux par les plaies hideuses laissées par la sombre araignée.  Le texte qu’il avait rédigé expliquait maintes et maintes choses sur le soleil et la lune, allant de la fabrication des fabuleux vaisseaux faisant planer les fruits sacrés au-dessus du monde jusqu’à l’amour que portait la lune pour le soleil.  Il y expliquait également que leur course était déviée par cet amour, ainsi, en définitive, jamais le soleil et la lune ne repassait au même endroit dans le ciel.

Le vieux sage ne se souvenait pas des innombrables calculs de Flinwë pour calculer les trajectoires des astres célestes, mais il savait que s’il mettait la main sur le livre, il pourrait utiliser les instruments astrologiques de la tour pour identifier la date exacte à laquelle il se trouvait.  Il se maudissait une énième fois d’avoir autant la tête en l’air, égarant sans cesse des choses de droite et de gauche, il posait certains de ses livres à des endroits dont il ne gardait pas même l’ombre d’un souvenir.  La chance devait toutefois lui sourire un peu dans sa quête, car alors qu’il atteignait l’observatoire, son œil se trouva immédiatement attiré par un lourd volume à la reliure bleu clair, posé négligemment sur une petite table d’appoint à proximité de la plus grande carte du ciel que possédait la tour.  Il l’y avait probablement laissé alors qu’il testait certaines des techniques de Flinwë, avant de l’oublier là pour partir sur un nouveau sujet.  Il s’agissait toutefois d’une supposition de sa part, car il ne gardait aucun souvenir d’avoir posé le livre à cet endroit, ni même pour quelle autre activité il l’avait délaissé.  À tout le moins, le nouvel emplacement du précieux manuscrit permettait-il à Finrodel d’avoir déjà en main tous les outils nécessaires à son projet.

Il ne s’agissait pas d’un travail d’une grande complication pour qui savait manier télescopes, rapporteurs, compas, sextants et autres appareils similaires pour transposer les données sur une carte céleste.  Il fallait toutefois faire preuve d’une précision si infime que le vieil elfe doutait qu’un homme ou un nain soit en mesure de les réaliser de façon convaincante.  L’immense carte du ciel permettait fort heureusement de rendre le travail un peu moins astreignant, car son étendu, elle devait bien faire vingt pieds de haut par au moins le double de longueur, rendait le rapport des proportions nettement plus aisé.  La qualité des outils à sa disposition dans la Tour à la Clé d’Or était également un avantage. Il disposait, peut-être, des meilleurs outils disponibles sur la Terre du Milieu.  Les gens des Havres Gris avaient attaché une importance capitale à la connaissance du ciel, notamment parce que les marins utilisaient les étoiles comme principal point de repère pour la navigation.  L’elfe fixa un sextant à un télescope de petite taille et s’en servit pour calculer les différentes inclinaisons du soleil avant de rapporter les informations collectées sur la vaste carte murale qui ornait presque tout le côté nord de la grande salle.  Le résultat, qu’il obtint après quelques minutes passées à tracer des courbes sur la carte et à faire des calculs mathématique, le laissa sous le choc.  Son retrait dans Carmällen Beraid avait duré presque deux ans…
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Finrodel
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Tour et détours [Finrodel] EmptyVen 19 Déc 2014 - 15:45
Il n’avait jamais eu l’intention de s’isoler du monde aussi longtemps, l’engouement pour les textes du pays d’Aman lui avait véritablement fait perdre la notion du temps. Aucun homme ne pourrait en venir à confondre des semaines et des années, mais l’elfe, qui revoyait en pensée le long ruban des millénaires, savait trop bien que les années n’étaient en définitive qu’un battement de paupières dans la trame du monde. Seulement, si l’on pouvait fermer les yeux pendant des siècles sans voir le moindre changement conséquent en Terre du Milieu, il suffisait parfois d’un simple battement de paupière, aussi bref soit-il, pour que le monde ne puisse plus jamais être le même. Il repensa au retour des Noldors, à Dagor Bragollach, à l’arrivé des vaisseaux de Nûménor ou encore à la destruction de l’anneau de Sauron. Tous des évènements de moins d’une journée qui avaient irrévocablement modifié la face du monde, tous des évènements dont il avait eu connaissance parce qu’il n’avait pas perdu de vue la réalité du présent malgré sa soif de la connaissance du passé.

Il s’ébroua, comme pour chasser loin de lui tous ces souvenirs, en cet instant il avait bien d’autres choses à faire et de nombreuses questions qui allaient nécessité des réponses de toute urgence. Finrodel avait cru que le messager avait voulu l’entretenir des inquiétudes face au couronnement d’Hogorwen en Rohan, lui-même ayant été présent, il était légitime de croire qu’on le solliciterait. Le discours d’Haerelon et le temps passé prouvaient bien que tel n’était pas la raison de l’attention qu’Imladris lui portait. Il n’avait retenu que peu de choses de la tirade colérique du jeune elfe, Imladris menacée par l’ennemi, des gens adorant Melkor, visiblement le mal se trouvait constamment de nouveaux avatars. À tout le moins, cela rendait-il sa décision des plus claire, Haerelon était probablement encore au port, il se devait maintenant de l’y rejoindre sans guère attendre.

Il n’avait que peu de choses à rassembler pour son départ, ce qui était d’autant plus vrai compte tenu de l’absence de nourriture transportable dans la tour. Il passa rapidement par la modeste chambre qu’il avait sommairement assemblée à son arrivé dans sa nouvelle demeure des Havres Gris. Il y collecta une pierre et un silex qui lui permettait d’allumer, par temps froid, un feu dans le petit âtre encastré dans le mur opposé à la lourde porte de bois massif donnant accès à la pièce. Il y prit également quelques vêtements plus chauds, car les nuits, dans le nord, à cette période de l’année, pouvaient s’avérer plutôt froides. Sans un regard en arrière, il quitta la salle où il avait passé ses nuits pendant près de deux ans, il avait toujours beaucoup de mal à s’y faire. Le seul autre endroit qu’il visita avant son départ fût l’herboristerie où la halte fut nettement plus longue.

Il eut beaucoup de mal à choisir quelles herbes médicinales il prendrait avec lui, tant les choix qui s’offraient à lui étaient nombreux, il aurait aisément pu combler une dizaine de sac de voyage comme le sien en ne mettant qu’une seule poignée de chaque herbes collectées au fil des ans. Sous ses yeux s’exposaient notamment de l’athelas, de la racine de mûrier, du cèdre blanc, de l’elanor, de l’aloès du sud, de la serpentaire, du millepertuis, mais aussi des plantes plus communes telles que l’achillée, la valériane, la camomille et la bardane. Toutes ces herbes étaient présentes sous de multiples formes; poudre, crème, onguent, séchées, fumées ou bouillies. Il finit néanmoins par arrêter son choix sur celles qu’il utilisait le plus communément et les ajouta à son sac. Celui-ci reposait sur un petit tabouret sans dossier appuyé le long d’un mur de la pièce, cet emplacement là il s’en souvenait car l’herboristerie était le premier endroit qu’il avait voulu voir en prenant possession de la tour. Dans son sac, qu’il n’avait même pas défait, reposait toujours son matériel de voyage, essentiellement composé d’une tente, une couverture au chaud lainage et un nécessaire de cuisson.

« Me voilà redevenu vagabond. », pensa-t-il, alors qu’il ajustait son sac de voyage en cuir si délavé qu’on aurait été bien en peine de lui définir une couleur. C’est avec joie qu’il senti les ganses se resserrer autour de ses épaules et le poids de son bagage faire pression sur ses hanches.

Il sentait plus léger, malgré le poids de son bagage, il avait toujours aimé le grand air et, puisque voyager était le meilleur moyen d’apprendre, il adorait parcourir le monde. Cette chose qui lui manquait depuis tout ce temps et qui revenait à lui en cette fin de journée le rendait inexorablement heureux, malgré les sombres nouvelles qu’il partait quérir. Il lui sembla que deux enjambées lui suffirent à quitter sa tour et qu’une dizaine d’autres seulement le portèrent jusqu’aux Havres Gris. En vérité, il s’agissait d’un trajet de près d’une demi-heure et lorsqu’il arriva en vue des quais, il avait eu le temps de réfléchir aux quelques paroles qu’il avait gardé en mémoire suite à la colère d’Haerelon. Il avait déjà déduit certaines choses, mais beaucoup de chemin était encore à faire pour ne plus être dépassé par la situation. Alors qu’il se faisait cette réflexion, Finrodel arrivait à Forelin Lond, le quai de l’étoile du nord, un marin lui avait dit qu’un voyageur était parti dans cette direction moins d’une heure auparavant.

-« Prenez vos affaires Haerelon, nous partons sur le champ! », scanda-t-il en apercevant l’elfe allongé à l’ombre d’un grand arbre centenaire. Le soleil déclinant indiquait clairement qu’une pareille heure n’était pas propice au départ et qu’ils se trouveraient à errer de nuit dans les régions sauvages entre les Havres et La Comté. Toutefois, il estimait que cela ne devait pas causer d’inquiétude à un messager aguerrit et lui-même n’avait pas oublié, en deux ans dans une tour, les milliers d’années passées avec le ciel pour seul toit.

-« D’où venaient-ils, qui ont-ils ralliés à leur cause, comment et quand ont-ils été défaits? Commencer par cela et dites-moi toutes autres choses que vous trouverez pertinentes à me dire à leur sujet. », ajouta Finrodel, un peu moins fort, alors qu’il arrivait finalement à sa hauteur.
-« Je dois m’arrêter au chef-lieu d’Elostirion et ensuite nous pourrons chevaucher jusqu’à Imladris au rythme qui vous semblera le meilleur. Vous pourrez m’expliquer tout cela en chemin je suppose. »

Ils étaient déjà au port principal, de là il ne fallait qu’une dizaine de minutes pour atteindre la demeure de Laurelin. Le vieil elfe était presque certain que son ami ne s’y trouverait pas, mais il pourrait au moins y récolter des informations sur sa destination actuelle et les derniers évènements dans la ville. Il était surprit que Laurelin ne lui ai fait parvenir aucun message pour l’informer de la situation, malgré sa demande de ne pas être dérangé, les temps semblaient avoir été suffisamment difficiles pour justifier que le seigneur d’Elostirion l’envoie chercher. Il devait également se rendre aux écuries du seigneur où il pourrait revoir Celeg, son cheval elfique brun doré, qu’il avait reçu en cadeau des gens d’Imladris alors qu’il agissait comme guérisseur avec Nidnama. Une époque qui lui semblait encore toute récente, mais qui pourrait paraître d’une autre époque si les évènements qu’il commençait à percevoir étaient aussi graves qu’il le présentait maintenant.
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Tour et détours [Finrodel] EmptyJeu 8 Jan 2015 - 20:48

Le temps passa pour Haerelon au bord de la mer. Si lentement qu'il fini par se laisser glisser dans une sorte de torpeur réparatrice, effaçant lentement la fatigue de son voyage aller. Ce trajet lui avait fait prendre conscience de la fragilité de la terre autant que de celle des mortels. Malgré la fin du Rude Hiver, les saisons et le calendrier des semailles avaient été fortement contrariés par ce trop long froid, entrainant à leur suite la famine et de très maigres provisions en attendant les nouvelles récoltes. Depuis le départ des anneaux de pouvoir pour les Terres Immortelles, il n'y avait plus rien pour épargner quelques parcelles de terre des ravages du temps. Et parfois le jeune elfe se demandait si cette fatalité ne finirait pas par toucher ceux de sa race qui demeurent encore ici. Mais c'était là une question qui resterait sans réponse avant bien des âges sans doute.
Le messager fut sortit de ses songes éveillés par une voix ferme et assurée en contrebas, à quelques pas de là. Finrodel se tenait là, un sac sur le dos, prêt à partir. Finalement, Haerelon se félicita de lui avoir laissé le bénéfice du doute... ou du moins d'avoir garder le mince espoir que son aîné changerait d'avis.

« Prenez vos affaires Haerelon, nous partons sur le champ! »

Un sourcil perplexe s'éleva sur le front du jeune elfe alors qu'il regardait alternativement le sage et le soleil qui baissait à l'horizon. Ce n'était guère une heure très raisonnable pour prendre la route, surtout pour traverser l'Arnor désormais jalonnée de coupe-gorge tandis que le gros des forces du pays sont employer à remettre de l'ordre à la capitale. Il avait échappé à de nombreux pièges durant sa première traversée, profitant de sa solitude pour glisser parmi les ombres et contourner des bandes peu amicales. D'un autre côté, plus vite ils auraient atteint Imladris, plus vite, Finrodel pourrait se pencher sur les vrais problèmes.
Finalement, Haerelon sauta souplement de la branche basse sur laquelle il était perché, récupéra son propre sac  et se hâta en quelques enjambées bondissantes de rejoindre l'elfe qu'il devait escorter. Son cœur se fit plus léger, il n'avait pas failli à sa mission, il allait ramener le maître de la Tour à la Clé d'Or à Imladris et peut-être arriverait-il à arranger ce qui avait été détruit...  Au moins n'avait-il pas étouffé cette étincelle d'espoir en lui. Il préférait rester optimiste.

A peine arrivé à hauteur, qu'il fut assaillit de maintes questions. Il ne comprit pas immédiatement l'objet de cet interrogatoire jusqu'à ce que la lumière se fasse dans son esprit. C'était un gigantesque quiproquo qui avait amené la situation là où elle en était. Finrodel n'avait en fait pas la moindre idée de ce qui c'était passé à Foncombe et avait visiblement confondu avec... avec quoi d'ailleurs ? Quelque chose de bénin sans doute. Et Haerelon se sentit honteux de sa réaction. Il s'était emporté de manière totalement excessive sans chercher à comprendre, envers un elfe dont le rang de devrait rien tolérer de se genre.

« - Veuillez d'abord accepter Maître Finrodel, pour mon attitude inconsidérée de toute à l'heure. Je me suis trompé sur votre compte et je le regrette sincèrement. » assura-t-il, la mine contrite, en inclinant la tête en signe de honte autant que de respect.

Il réfléchit un instant avant de reprendre.

« - Commençons par quitter Mithlond, après cela je tenterais au mieux de répondre à vos questions... mais je crains de ne pas avoir toutes les réponses que vous attendez... »

Tout était si compliqué et confus... comment expliquer l'Ordre de la Couronne de Fer ? Tellement de ramifications, de branches, de détails, d'incertitudes et de questions auquel lui-même n'avait aucune réponse... Il pouvait tenter d'expliquer... au mieux.

Ainsi firent-ils route en silence jusqu'à la demeure du Seigneur des lieux. Peut-être Finrodel voulait-il l'avertir de son départ ? Haerelon avait essayé d'obtenir une audience auprès du seigneur avant d'aller trouver le sage, pour lui expliquer la requête d'Imladris et l'informer de son intention d'escorter Finrodel à Foncombe. Mais Laurelin était absent et nulle d'avait pu lui dire quand il serait de retour.

« - Maître, j'ignore si votre Seigneur est de retour, mais si vous le permettez, je vais vous laisser régler vos dernières affaires. Je profiterai de votre absence pour emprunter un cheval, acheter quelques provisions supplémentaires et me renseigner sur la meilleure route à prendre. Rejoignez-moi au pont de la Lhûn quand vous en aurez terminé. »

Le jeune elfe fit volte-face et prit la direction des écuries d'un ami qui vivait non loin, laissant derrière lui le maître se casser les dents devant la porte close du seigneur des lieux. Cela ne lui prit qu'une petite demi-heure. Et au bout de trois-quarts d'heure il était au point de rendez-vous, à cru sur une jument grise, les fontes pleines de vivres et un itinéraire relativement sûr en tête. Finrodel l'y attendait déjà, monté sur un magnifique cheval couleur d'or sombre. L'horizon entre temps avait pris les teintes orange et pourpre de la fin du crépuscule. La nuit allait bientôt étendre son voile sur le monde.

« - Nous allons prendre vers le sud-est pour longer les frontières de la Comté, traverser le Baranduin par le pont des semi-hommes en Pays de Bouc, puis contourner la Vieille Forêt jusqu'à Bree. Il faudra avant tout éviter de s'enfoncer dans les Landes du Nord, d'aussi près d'Annùminas que ce soit, ces terres grouillent de bandits qui n'hésiteront pas à s'attaquer à deux voyageurs seuls. Là-bas nous pourront nous reposer dans une auberge et prendre le temps de nous renseigner sur le reste du trajet. Amon Sûl et la Grande Route de l'Est attirent les détrousseurs mais c'est le chemin le plus court. Pour le moment commençons par avancer jusqu'à ce que les nuages ne nous cachent définitivement la lune pour cette nuit. »

Sur ces mots il poussa sa jument en avant et partit au petit galop dans la direction prévue...
Ce ne fut que lorsque les dernières habituations eurent disparu derrière eux, qu'Haerelon revint sur les premières question de l'autre elfe. Il refit passer son cheval au pas et attendit que Finrodel soit à sa hauteur.

« - Vos questions Maître, me mettent dans l'embarras. Trop de réponses bien peu satisfaisantes me viennent en tête... Depuis plusieurs années un groupe de melkorites se faisant appelé l'Ordre de la Couronne de Fer, s'est agrandi de manière anormale. Ce sont pour la plupart des Orientaux ou des Suderons car c'est là-bas que se cultive encore le culte de Melkor. Mais ils ont ralliés tant d'hommes de tout horizons et... des elfes aussi... Leur étendard représentait une couronne d'argent et un M sur fond de sable... Il y a deux ans, ils ont commencé à frapper à chaque place où leurs bras portaient : Rohan, Gondor...Les Royaumes des Hommes ont souffert mais nous nous croyions à l'abri... Mais l'année dernière... »

Le jeune elfe s'interrompit et regarda autour de lui pour contenir son émotion. Le paysage prenait les teintes sombres de la nuit et le ciel avait viré au bleu profond constellé d'étoiles. Le croissant de lune qui éclairait leur route dispersait son halo de lumière au milieu d'elles.

« - Ils ont frappé vite et fort, nous n'avons rien pu faire. C'était des elfes à leur tête, des elfes pleins de haine et de rancœur. Et ils ont tué et tué encore jusqu'à ce que nous leur abandonnions notre demeure. Et Imladris a été perdue. A partir de cette place forte, ils ont semé le chaos dans tous les villages alentours, toujours aussi assoiffés de sang et de massacre... Notre Seigneur Sombre-Chêne a payé le prix fort pour avoir échoué à protéger Imladris... Il nous a fallu trois long mois pour pouvoir récupérer ce qui était nôtre grâce au Seigneur Calion Palantir et tout ceux qui l'ont accompagnés. Nous avons payé cher cette victoire  et récupéré la Dernière Maison Simple saccagée, et souillée... »

L'émotion faisait trembler sa voix. Il aurait aimé oublié et ne se souvenir que du temps de sa splendeur. Non pas les cadavres qui jonchaient les allées autrefois fleuries, maintenant piétinées et boueuses. Non pas des plaies béantes dans le bois finement sculpté, pleines d'échardes et de lambeaux. Non pas des tâches lie-de-vin, incrustées irrémédiablement dans les pores de la pierres là où le sang de ses camarades et amis étaient tombés. Non pas l'armurerie dévastée, les sépultures profanées, les sculptures défigurées, la bibliothèque perdue, les instruments détruits... Ses doigts se resserrèrent sur la crinière cendrée de sa jument.

« - De cet Ordre il ne reste que des vestiges, du moins est-ce ce que tout le monde espère. Traqués, pourchassés par tous les peuples libres. Certains disent qu'un groupe de héros lui a coupé la tête. Je ne saurais dire si c'est vrai, nous avons tous été très occupés... »

Haerelon laissa sa phrase en suspens et jeta un coup d'œil en direction de son compagnon de voyage. Cela faisait beaucoup à digérer, il en avait bien conscience. Peu de mots pour beaucoup trop d'implications, de terribles conséquences. Il avait conscience que ce n'était pas très charitable de sa part de l'avoir annoncé aussi crument, mais c'était égoïste, il ne voulait s'attarder plus longtemps que nécessaire sur ces souvenirs atroces.


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