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 Dans les profondeurs de la montagne

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Mardil
Espion de Rhûn - Grand Guru du Culte Nathanaïque
Mardil

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Dans les profondeurs de la montagne EmptyJeu 19 Fév 2015 - 17:58
Dans les profondeurs de la montagne Dagar_10

Dagar courait à perdre haleine. Chaque bouffée d’oxygène qui parvenait à ses poumons était un véritable supplice. Et pourtant il savait que s’il ralentissait la cadence ne serait-ce que cinq secondes, alors c’en serait fini de lui.

Les vastes salles qu’il traversait étaient plongées dans un noir absolu mais il connaissait tous les recoins de la cité comme sa poche. Mais l’obscurité régnant tout autour de lui était loin d’être rassurante, en témoignaient les bruits ignobles qu’il entendait derrière lui. Des cliquetis d’armes et d’armures, des pas précipités d’une course poursuite, des hurlements et des gémissements inhumains. Et, de temps à autre, le bruit d’une flèche sifflant dans le noir. Il n’y avait aucun doute à avoir. C’étaient bien des gobelins qui le pourchassaient dans les salles désertes de ses ancêtres.

L’expédition avait pourtant été un succès. Ils avaient même fait une découverte insoupçonnée dans les profondeurs inexplorées de la montagne. Mais les gobelins les avaient repérés et, lorsqu’ils avaient compris qu’ils étaient bien trop nombreux pour eux trois, la fuite était devenue la seule option restante.

Et désormais, il ne restait plus que lui. Les gobelins les avaient encerclés et il avait réussi à briser leurs lignes mais ses deux camarades ne s’en étaient pas sortis. Il pénétra enfin dans la dernière salle, immense aussi bien en longueur qu’en hauteur, avant d’arriver à la partie de la citée qui était toujours fortifiée. Et donc, celle qui signifiait sa seule chance de survie.

Il sortit le cor qu’il gardait toujours avec lui lors des expéditions et, malgré le peu de souffle qui lui restait, en fit résonner le son trois fois. Deux fois rapides puis une fois lente. Le signal convenu en cas d’une attaque de gobelins. Il entendit le puissant mécanisme des portes se mettre en route bien avant qu’il ne les visse s’ouvrir et une troupe de guerriers armés jusqu’aux dents sortît lui prêter main forte. Il les dépassa en trombe et s’écroula sur le sol de pierre. Il était vivant.

/////////////////

Dans les profondeurs de la montagne Donrim10

Donrim écoutait le mineur qui s’exprimait devant le conseil de Zulg-ai-Gathol. Ce dernier avait manifestement l’air plutôt mal à l’aise. C’était probablement la première fois qu’il était autorisé à prendre la parole en ces lieux.

L’escarmouche contre les gobelins n’avait pas fait de victime supplémentaire mais la cité restait sur le qui vive. C’était la plus grosse attaque menée contre eux depuis presque deux mois. Si le front s’était stabilisé au cours de l’année écoulée, les gobelins avaient désormais investi les deux tiers des territoires des nains. Le cœur de la cité avait beau tenir bon, chacun était bien conscient que, sans aide extérieure, leurs chances de victoire diminuaient de plus en plus. Une aide hypothétique qui ne viendrait probablement jamais. La rancœur était tenace parmi leur peuple mais leur fierté l’était davantage encore. Ils devraient s’en sortir par eux-mêmes comme ils l’avaient toujours fait.

Et ce mineur inconscient venait tout juste de déclencher une nouvelle bataille. Ce n’était pas le moment de provoquer leurs adversaires. Ils étaient en infériorité numérique, mal nourris et le moral des troupes n’était pas vraiment au beau fixe. Nombreux étaient les leurs à avoir quitté leurs antiques demeures pour chercher un endroit moins hostile où s’établir. Mais plus nombreux encore étaient ceux dont l’honneur leur commandait de rester et de se battre pour leur foyer.

A mesure que le récit de ce Dagar Thokan se poursuivait, l’intérêt de Donrim se réveilla. Ainsi donc ils étaient partis au-delà des mines du sud-ouest. Le marchand faillit protester mais la prudence lui dictait qu’il valait mieux attendre la fin du récit du mineur. Lorsque ce dernier évoqua un filon d’émeraudes, tout le monde prît la parole en même temps, qui pour s’extasier, qui pour remettre en cause la version du nain. Il fallût l’intervention du membre le plus ancien et le plus respecté du conseil pour ramener le calme.

- Avez-vous une preuve de ce que vous avancez ?

- Ceci devrait faire l’affaire.


Dagar sortit alors une émeraude de sa poche, grosse comme l’ongle de son pouce. Le vacarme s’éleva de nouveau dans la salle du conseil.

- Silence ! Il va de soi que cette affaire est d’une importance capitale et que nous devons évaluer les risques qu’une expédition plus avancée impliquerait.

Discussion il y aurait mais chacun savait bien qu’une telle opportunité ne pouvait pas se laisser passer, malgré les risques évidents qu’elle représentait. Cependant Donrim ne l’entendait pas de cette oreille.

- Dois-je vous rappeler que, d’après les dires de Maître Thokan, ce filon se trouverait au sein de la concession de ma famille ?

- Dois-je vous rappeler, Maître Zundrad, que vous n’avez pas l’autorisation de prendre la parole à ce conseil. Où se trouve votre frère ?

- Rengrim se sentait souffrant.


« Une fois de plus » rajouta Donrim par devers lui. Il devrait de nouveau avoir une discussion avec son frère ainé afin de lui rappeler une chose ou deux.

- En son absence, il est parfaitement légitime que je puisse parler en son nom.

- Et bien faîtes !

- La partie sud-ouest des mines est dans ma famille depuis des générations. Il n’est que justice que les Zundrad soient les premiers à bénéficier de tout ce qui pourrait s’y trouver.


Un tollé général suivit ces paroles et le calme ne revînt qu’à grands renforts de cris de la part des membres du conseil.

- Je peux vous assurer, Maître Zundrad, que ce filon se trouvait loin au sud de votre concession, dans une zone non explorée à ce jour.

- Quand bien même cela serait avéré, une grande partie de nos mines sont fermées à cause de leur dangerosité. Sans ma permission, vous n’étiez pas autorisé à vous y rendre.

- Cela suffit. En ces temps troublés, le conseil peut tout à fait se passer de votre autorisation. Cependant, vous êtes en droit d’accompagner les membres de l’expédition afin de faire valoir vos intérêts si cela était justifié.

- Je n’y manquerai pas.

- Il nous faut maintenant déterminer qui participera à cette mission. Maître Thokan, vous êtes le seul survivant de l’expédition originelle. Vous serez donc notre guide. Que tous ceux souhaitant participer à cette quête se fassent connaître auprès de ce conseil. L’annonce sera faite dans quelques minutes dans la salle principale. Je tiens cependant à préciser une dernière chose. Si marchands et mineurs sont les bienvenus, l’enjeu pour notre peuple est bien trop important. C’est pour cela que je place dès cet instant le commandement de cette mission sous juridiction militaire.


Il y eût bien quelques grognements et protestations mais personne ne s’opposa ouvertement à la volonté du conseil. Il ne s’agissait plus uniquement de faire du profit. C’était l’avenir et la survie des nains des Monts du Fer qui étaient en jeu. Rien de moins.
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Dwolin
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Dans les profondeurs de la montagne EmptySam 21 Fév 2015 - 21:55
Quelque part dans les monts du fer, l'agitation grandissait en ville à mesure que la matinée avançait. Cela avait commencé par des portes claquées et des bougonnements d'ivrognes expulsés des tavernes dans lesquelles ils avaient réussis à passer la nuit sans que personne ne s'en rende compte. Les premiers coups de marteau commencèrent ensuite à résonner depuis les forges. Ce sont ces derniers qui vinrent à bout du sommeil pourtant profond de Dwolin. Il ouvrit à demi les yeux, les referma, secoua la tête, se rendormi quelques instant et rouvrit les yeux cette fois pour de bon. Non, décidément ce n'était pas un mauvais rêve et il était toujours dans une cellule crasseuse et abandonnée à l'arrière d'une forge sur un matelas quelque peu douteux.

Dwolin se leva péniblement, s'équipa de son uniforme de garde et poussa la porte qui le mena à la forge. Là il vit son reflet dans un bouclier. A la place de son grade sur ses épaulettes était gravé le symbole réservé aux déserteurs. Cette marque lui avait était imposé il y a cinq mois maintenant et le désignait comme inférieur à tous les gardes nains de la terre du milieu.

Cela c'était passé en Moria, alors que Dwolin était sur les traces de son père, après avoir quitté la montagne solitaire. On l'avait reconnu et amené à la garde khazad qui l'avait identifié comme un déserteur d'Erebor. Le commandement avait d'abord prôné l'exécution pure et simple du guerrier, mais par miracle, un message venant de l'est était arrivé dressant un rapport catastrophique de la situation des monts du fer. En effet depuis la réouverture de la Moria, un flux important de nain migrait encore depuis l'Erebor et les monts du fer vers ce gisement légendaire en quête de richesse. Cela avait cependant réduit l'emprise des nains dans les souterrains faute d'hommes et les gobelins grappillaient du terrain petit à petit en même tant que les mines fermaient et laissaient du terrain sans surveillance.

Dwolin s'était donc vu être affecté à la garnison des monts du fer après s'être fait confisqué ses possessions. Il devait maintenant purger sa peine de dix ans en tant que patrouilleur dans les monts du fer afin de payer sa dette envers le peuple et regagner un peu d'estime parmi les nains. Dwolin prit sa hache, passa sa main le long de l'acier effilé et alla directement au quartier général où il devait chaque matin se présenter afin de recevoir ses ordres.

L'intendant lui donna un paquetage comprenant sa ration ainsi qu'une carte usée décrivant son parcours de patrouille et les environs. Son rendez-vous était en fin de matinée à l'autre bout de la ville. Il avait le temps de faire un détour par la salle principale de la cité et de se restaurer. Il ne traîna pas dans les environs,il n'aimait pas la compagnie des autres gardes qui le prenaient de haut en toutes circonstances. Il prit son temps dans les galeries et remarqua qu'elles étaient anormalement calmes à cette heure de la journée. Il comprit pourquoi lorsqu'il se rapprocha de la salle principale, elle était noire de monde et faisait un vacarme assourdissant dont il ne comprenait pas la raison. De toute façon, impossible de passer par ici et Dwolin s’apprêtait à rebrousser chemin quand il entendit une voix derrière lui :

-Hey Dwolin !

C’était Burf , un ancien patrouilleur qui occupait sa retraite comme maître d'arme au quartier général ; l'un des seuls nains des monts du fer avec qui Dwolin se plaisait à discuter .

-Bonjour Burf, que puis-je faire pour toi ?

-Eh bien que fais-tu ?

-J'allai patrouiller du côté des mines du nord ouest...

-C'est plus la peine, tous les gardes sont en train d'être rappelés à la caserne, allons-y ensemble.

-Que se passe-t-il ?

-Le conseil à été réuni suite à l'escarmouche devant les portes sud-ouest, un rescapé prétend avoir trouvé un filon d’émeraude.


Dwolin était arrivé après l'escarmouche et avait entendu les rumeurs circulant à propos de ce filon

-Et alors qu'a donc décidé le conseil ?

-Il a choisi de préparer une expédition plus approfondie menée par le survivant et placée sous juridiction militaire, l'annonce est tombée il y a quelques instants.

-La garde entière va être sollicitée ?

-Certainement pas, nous avons déjà du mal à tenir les frontières. Non je pense plus à quelque chose comme un appel aux volontaires.

-Mais c'est du suicide, les gobelins sont trop nombreux et s'y trouvent encore à coup sur ! Personne ne viendra.

-C'est ce qu'on verra...


Dwolin et Burf arrivèrent dans la caserne où déjà la plupart des soldats étaient réunis, exception faite des gardes aux portes. Tous se bousculaient pour entendre ce que le commandant avait à dire.

Il monta sur une estrade et commença:

«Soldats, aujourd'hui le conseil a décrété qu'une expédition partirai sous peu afin d'explorer le gisement d’émeraude découvert par maître Dagar Thokan. Elle serait guidé par lui-même et la garde a été sollicitée pour y envoyer des hommes. Seulement, je ne peux me passer que d'un petit nombre d'entre vous car la défense de la cité reste ma priorité et nous ne sommes pas de trop pour veiller à cela. Aussi je demande à ceux qui se sentent le courage d'y aller de se faire connaître dans les heures qui suivent. Je vous laisse libre jusqu'à la fin de la matinée, repos »

Le discours ne surpris donc nullement Dwolin et il s’apprêtât à repartir en direction de sa patrouille n'ayant vraiment pas envie de risquer sa vie pour une cité qui n'était pas la sienne et dont il n'aimait pas grand chose, sauf la bière qui restait tout de même de la bière naine et donc par définition, elle était bonne. Voilà maintenant qu'il avait soif et il ne s'en refuserai pas une sur le chemin.

Cependant alors qu'il repassait la porte parmi la masse une main le pris par l'épaule :

-Maître déserteur ? C'était le surnom que l'on lui avait attribué. Par-ici je vous pris, le commandant vous demande.

Dwolin ne broncha pas, mais il flairait bien là le mauvais présage. Il entra dans le bureau de commandement et observa : le bureau était de granit orné d'un peu d'or et d'argent, au-dessus, un cadre de ce qui semblait-être le précédent chef des gardes, les murs restaient sobres et froid à part les deux torches servant d'éclairage. Sur le bureau une carte permettait de se rendre compte de l'avancée des gobelins sur le territoire nain, ils avaient bien perdu deux tiers du terrain depuis leur apogée. Tout cela était complété par une douce odeur d'herbe à pipe ce qui détendit un peu Dwolin. Il resta debout et attendit . Peu après un nain assez grand rentra, son physique laissait paraître une force certaine que le calme de son visage ne faisait que souligner, ses cheveux viraient au blanc et se faisaient moins abondants que sa barbe qui, elle, proliférait sur tout son visage. Son épée courte dont la garde était ornée de fils de mithril attestait de son rang de commandant de la garde. Dwolin se dressa au garde-à-vous en le voyant s'approcher.

- Repos soldat, prenez un siège. Vous êtes sans nul doutes au courant de l’expédition qui se prépare ?

Dwolin acquiesça,

-J'irai droit au but, je ne peux pas me permettre ne serait-ce que d'envoyer une patrouille dans cette expédition,
il prit une pause,
Cependant le conseil me presse d'envoyer des hommes et c'est pour cela que j'ai transmis cette demande tout à l'heure. Mais je ne suis pas naïf, aucun soldat avec un peu d'esprit ne voudrait se aller se fourrer dans un piège plein de gobelins. Et cependant il m'en faut.
Aussi  j'ai une proposition à vous faire.


-Quelle-est-t-elle ?

-Si mes souvenirs sont bon il vous reste neuf ans et sept mois à servir ici en tant qu'ancien déserteur.

-C'est exact.

-Eh bien je vous propose de réduire cette durée de quatre ans si vous revenez en vie et de neuf ans si vous réussissez, à prendre ou à laisser.
Dit-il froidement.

Dwolin resta bouche bée et considéra quelque peu l'offre. Apparemment la chance qu'il revienne vivant était mince et celle de réussite moindre encore et même si rester ici lui était insupportable, il lui restait encore de belles années et il préférait vivre.

-Je suis désolé mais je n'accepte pas.

Le commandant soupira et repris d'une voix plus dure encore en s'avançant vers Dwolin d'un air menaçant  :

-Eh bien dans ce cas, je suis désolé d'en arriver là mais je devrais prolonger la procédure disciplinaire à votre égard d'une vingtaine d'années voir plus si vous persistez.

C'en était trop, jamais Dwolin ne supporterait de rester si longtemps dans cette cité à regretter chaque jour un peu plus sa décision.

-Et vous appelez ça avoir le choix ?

-Non, mais c'est comme ça.

-Profiter du malheur des gens voilà qui n'est pas bien honnête !

-Parce que déserter son poste est quelque chose d'honnête peut-être? Trahir ses frères d'armes, son peuple et ses ancêtres, est-ce honnête ? Je pourrais vous faire exécuter sur-le-champs sur un simple mot de ma part, alors ne cherchez pas ce qui est honnête ou ce qui ne l'est pas et choisissez plutôt votre destin ! Voulez-vous vivre dans la honte ou récupérer votre honneur quitte à mourir l'arme à la main comme un vrai guerrier nain ?

Dwolin ravala entièrement sa fierté et mis quelques instants à reprendre ses esprits et à sortir une seule phrase, déterminé:

-Où est-ce que je signe ?

-J'aime mieux ça. Vous êtes libre jusqu'au départ, je m'occupe de prévenir le conseil, allez faire vos affaires et attendez qu'on vienne vous cherchez .

Dwolin se leva sans rien ajouter et rentra vers sa cellule. Il s'assit sur un banc près de la forge, sortit sa pipe et son tabac, prépara consciencieusement le tout et fit des ronds de fumées.

Il était vraiment dans le pétrin.
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Ryad Assad
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyLun 23 Fév 2015 - 16:43
Varrin marchait d'un pas pressé sur ses courtes jambes, retenant sa longue barbe blanche afin qu'elle ne se prît pas malencontreusement dans ses pieds, et ne le fît tomber ridiculement devant toute l'assemblée qui s'était rassemblée là. En effet, nombre de Nains avaient répondu à l'appel, et s'étaient regroupés dans la grande salle où se tenaient la plupart des réunions officielles. Ceux qui appartenaient aux familles les plus puissantes se trouvaient au centre, tandis que les autres, l'immense majorité de la population, se trouvait réparti dans les travées de ce qui ressemblait vaguement à un amphithéâtre. Il y avait certes des bancs pour quiconque voulait s'asseoir, mais la plupart des Naugrim se tenait debout, hurlant et criant pour se faire entendre. Certains – beaucoup – étaient dans les escaliers, et obstruaient le passage, si bien que Varrin fut contraint de les écarter du bras et des épaules pour se frayer un chemin au milieu de la cohue. Non pas qu'il appartînt à une des grandes familles des Monts du Fer. Le clan des Collines Noires n'avait jamais été et ne serait jamais parmi l'élite, ni par la richesse, ni par le nombre, ni par l'influence. Toutefois, ils avaient pour eux un sens de l'honneur exacerbé, et une forte propension à parler quand ils n'y étaient pas invités. A force de pousser et de ruer, le Nain finit par arriver vers le centre de l'assemblée, où les discussions les plus intéressantes étaient prises. Il repoussa un jeune noble qui se tenait là, et qui écoutait avec grande attention. L'intéressé lui jeta un regard méprisant, mais quand il avisa le blason du guerrier aux cheveux blancs, il recula. Peut-être parce que le blason en question était frappé sur le fourreau d'une épée sublime qu'il tenait à la main, et qu'il pouvait dégainer rapidement. Les armes n'étaient pas formellement prohibées dans ces lieux, mais elles rendaient toujours les gens mal à l'aise. Toutefois, il était de coutume pour les hommes des Collines Noires de ne pas se séparer de leur équipement à moins qu'il ne s'agît d'une absolue nécessité. Et même encore, certains résistaient farouchement. La guerre était leur seule raison d'être, et ils n'avaient cure des règles de la vie mondaine.

Varrin écouta brièvement les conversation, pour savoir un peu de quoi on parlait avec tant d'agitation. Il comprit rapidement quelle était la situation, car en dépit de son statut de vaillant guerrier, il était un Nain sage et éclairé, qui avait pour lui des années d'expérience. Des richesses venaient d'être découvertes dans les profondeurs des territoires des Monts du Fer, mais malheureusement il faudrait traverser des zones infestées de Gobelins. La situation lui apparaissait assez simple, et il ne lui fallut pas longtemps avant de prendre la parole. Comme tous les Nains qui se trouvaient là, il haussa le ton, rugissant de sa voix caverneuse :

- Oui, il faut envoyer une expédition, et les hommes des Collines Noires en feront partie !

Une partie des regards se tourna vers Varrin, qui les soutint tous autant qu'ils étaient. Parmi ses voisins, certains étaient des amis, d'autres de farouches opposants. On le dévisagea parfois avec admiration, d'autre fois avec un mépris non dissimulé. En l'occurrence, la position dominante était un intérêt particulièrement marqué. Il fallait dire que le clan de Varrin jouissait d'une solide réputation dans les Monts du Fer, et que la garantie de leur participation apportait du crédit à ce projet fou.

- Varrin Sharh-Narag, quelle surprise de voir que vous serez encore en train de guerroyer ! Lança un Nain à la voix nasillarde, que l'intéressé connaissait bien. Est-ce donc la seule chose que vous sachiez faire ?

La provocation était gratuite, mesquine, et on se mit à huer ou à applaudir ces paroles polémiques, en fonction de son affiliation. Le vétéran grogna quelque chose, avant de répondre vigoureusement :

- Oui, nous ne savons faire que ça ! Et vous, combien de guerriers enverrez-vous pour cette mission ? Hm ?

Le Nain se renfrogna, et marmonna quelque chose, alors que ses réponses évasives étaient couvertes par les rires et les quolibets. Son clan était connu pour être composé essentiellement de marchands, qui s'étaient enrichis en contrôlant d'importants filons de fer. Ils n'étaient pas véritablement des soldats, et les leurs étaient davantage des commerçants, des négociants. Ils savaient tirer profit de leur exceptionnelle situation pour générer des profits, ce qui expliquait pourquoi leur représentant du jour était richement vêtu, que ses doigts étaient ornés de bagues superbes et son cou ceint d'un lourd collier en or – un luxe que bien peu de Nains des Monts du Fer pouvaient se permettre, actuellement. Varrin leva les bras, comme pour défier quiconque de douter de sa sincérité, mais personne n'osa mettre en doute sa fougue et sa foi.

En effet, les hommes de son clan étaient pour la plupart des guerriers. La carrière normale d'un Nain des Collines Noires était de rentrer dans l'armée pour y recevoir une formation militaire complète, et ensuite de servir autant qu'il lui était possible de le faire. Parfois, la garde de Zulg-ai-Gathol n'avait pas besoin d'eux, si bien qu'ils s'engageaient dans la défense d'autres cités naines des Monts du Fer. En l'occurrence, avec la guerre contre les Gobelins et le Rude Hiver, tant de salles étaient tombées, tant de cités avaient été prises qu'il y avait beaucoup trop de combattants pour les caisses désespérément vides du gouvernement Nain. Dès lors, les soldats se reconvertissaient en mercenaires, qui escortaient des caravanes marchandes, ou qui accompagnaient des mineurs. Ils étaient payés une misère, à peine de quoi se nourrir et entretenir leur équipement. Enfin, en désespoir de cause, ils servaient comme volontaires dans les rangs de l'armée, pour « ne pas perdre la main », pour « rester actifs ». La plupart rencontrait la mort les armes à la main, dans une guerre acharnée contre les Gobelins. Quatre fils des Collines Noires étaient tombés le mois précédent dans de violentes escarmouches, et leur décès n'avait apporté que tristesse et souffrance à leurs familles : pas même un peu d'argent pour aider les leurs à vivre.

Toutefois, en dépit de leur pauvreté, les Sharh-Narag n'étaient pas décidés à partir des Monts du Fer. Ils aimaient viscéralement leur patrie, leur demeure, leur foyer, et ils n'étaient pas prêts d'en partir, fussent-ils cernés par l'ensemble des armées Gobelines. Ils avaient pour eux le courage et la détermination, et ces deux qualités étaient suffisantes pour affronter toutes les difficultés, tous les dangers de leur vie mouvementée. Varrin, qui en dépit de son âge, incarnait encore tout à fait ces valeurs, se vit harcelé de questions pressantes par les familles commerçantes qui avaient un intérêt à participer à cette opération, et qui hésitaient encore à investir de l'argent pour ces fameuses émeraudes merveilleuses dont on parlait sans fin actuellement :

- Et combien de vos guerriers partiront ? Dites-nous vous qui êtes si confiant et si sûr de vous !

- Huit combattants. Sept de mes fils, et moi-même.

Par fils, Varrin entendait naturellement des Nains qui étaient plus jeunes que lui, et qui n'étaient pas ses fils de sang. Toutefois, c'était une décision hautement courageuse, car les effectifs des Monts du Fer n'étaient pas extensibles, et huit combattants représentaient un grand sacrifice pour une famille. Surtout quand le risque était aussi élevé, et les chances de mourir aussi grandes. Toutefois, ce qui souleva un tollé général fut lorsque Varrin annonça qu'il participerait lui-même à l'expédition. Il y avait des choses que les Nains pouvaient redouter, mais l'idée qu'un des combattants les plus charismatiques, un meneur d'hommes à défaut d'être un grand stratège et un chef de clan a fortiori, pût mourir au combat était terrible. Tant de braves étaient tombés que désormais, on s'efforçait de préserver les personnes qui maintenaient encore un semblant d'ordre dans la cité. Varrin représentait le chef du clan Sharh-Narag, et même s'il n'était pas un personnage influent ou un grand dignitaire, on reconnaissait son statut, et on s'inquiétait de ce qu'il participât à une telle opération.

Les cris s'élevèrent de toutes parts, et on objecta quant à son âge, quant à la dangerosité de l'entreprise, quand aux faibles chances de survie. On se mit même à douter des dires de l'envoyé, qui avait peut-être tout inventé de toute pièce après tout. Mais Varrin était inflexible, et il ne voulait rien savoir. Cette tête de pioche était butée comme pas possible, et une fois qu'il avait pris une décision, il était difficile de lui faire changer d'avis. Il répondit par-dessus le vacarme général :

- N'accusez pas cet explorateur d'avoir menti ! Je crois en lui. Je crois surtout que les Monts du Fer ont besoin de ces richesses, et que nous ne nous sortirons jamais de cette situation terrible sans elles. Ma décision peut vous paraître stupide, mais si je dois y rester, autant que ce soit pour améliorer le sort des miens. Aulë seul sait quels dangers le futur nous réserve, mais je préfère les affronter en face et l'arme à la main.

Sur ces mots, et dans une envolée de cape, Varrin tourna les talons, et prit la direction de la sortie, indifférent à ceux qui l'appelaient encore et qui le suppliaient de changer d'avis. Cette fois, cependant, nul ne se dressa en travers de sa route, et tous s'écartèrent respectueusement de son chemin, en le regardant avec une forme d'approbation dans le regard. On pouvait ne pas l'aimer, on pouvait le mépriser, mais on ne pouvait pas nier qu'au fond de lui, il demeurait un Nain plein d'honneur. Stupide, audacieux au point d'en être parfois irréfléchi, mais honorable. La vérité, bien peu la connaissaient pourtant, était que Varrin était las. Las de trop d'années de guerres vaines et stériles, las de voir de valeureux frères d'armes mourir alors que lui perdurait. Las de voir le peuple des Monts du Fer émigrer peu à peu vers Erebor, ou la Moria, en quête d'une vie meilleure. Qui pouvait le leur reproche, d'ailleurs ? Ils avaient là-bas ce que Zulg-ai-Gathol ne pouvait leur fournir : un travail rémunéré, une vie paisible, et la perspective de voir grandir leurs enfants. Ici, il n'y avait que la guerre, et la mort au bout du chemin, d'une façon ou d'une autre. Alors qu'est-ce qui le poussait à rester ? Il n'en avait aucune idée. Peut-être la fierté. Oui… Peut-être la fierté…


~ ~ ~ ~

Dans les profondeurs de la montagne Homme_15

- Errin ? Je peux entrer ?

Le Nain leva la tête. Il était en train de nettoyer soigneusement son armure qui était déjà impeccable, comme si les journées s'étiraient en longueur au point qu'il n'était pas en mesure de faire autre chose pour s'occuper que de répéter encore et encore les mêmes gestes. Combien de fois avait-il briqué son matériel durant les derniers jours, les dernières semaines ? Pour tromper l'ennui, pour occuper les longues heures qu'il avait à tuer avant de pouvoir aller se coucher, il répétait méthodiquement les mêmes rituels, au point d'en devenir quelque peu maniaque. Varrin pénétra dans la pièce, avec un demi-sourire sur les lèvres. Il y avait quelques jours qu'il n'avait pas vu son neveu, et il était quelque part attristé de le voir toujours assis sur sa chaise, les yeux dans le vague, à regarder au loin. L'arrivée du vétéran l'avait quelque peu distrait de ses pensées, et il fit signe à son oncle de rentrer. Ce dernier reprit :

- Tu penses toujours à elle ?

Il haussa les épaules :

- Je me demande si elle a réussi à traverser sans encombres. Nous ne le saurons jamais, naturellement, mais… Je me demande, c'est tout.

- Je n'aurais jamais cru que tu pourrais te faire du souci pour une Elfe, plaisanta l'aîné.

Les épaules d'Errin se secouèrent alors qu'il riait doucement, comme si l'idée était parfaitement ridicule. Et elle l'était, à dire vrai. Avait-on jamais vu un Nain et un Elfe devenir amis ? On racontait des histoires selon lesquelles certains des Naugrim avaient sympathisé avec des longues-oreilles, mais c'était toujours dans des situations extraordinaires, pour affronter un ennemi commun. Mais en règle générale, la méfiance et la condescendance étaient davantage la norme. Errin, toutefois, se demandait si Esméralda avait réussi à traverser les Monts du Fer sans difficulté. Il savait qu'elle était seule, et qu'elle avait donc plus de chances de passer inaperçu que si elle avait été escortée par une compagnie de Nains. Toutefois, ne pas avoir de nouvelles était dur. Il ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'il avait envoyé une jeune femme seule à la mort, et cela lui déplaisait. C'était contraire à son éthique de guerrier, contraire à tout ce en quoi il croyait.

- Je la connais à peine, mais je n'aime pas l'idée que les Gobelins ont pu la capturer, la torturer, que sais-je ? Je ne souhaiterais cela à personne, pas même à un Elfe.

- Je te reconnais bien là. Accepterais-tu de venir massacrer quelques Gobelins avec moi pour un dernier baroud d'honneur ?

Les yeux d'Errin se mirent à pétiller soudainement, et il cessa de briquer inlassablement son matériel, comme si tout son être était tendu vers cette nouvelle quête qu'on lui proposait. Il avait toujours été un guerrier, et sa vie tournait autour du combat. La sédentarité, rester assis toute la journée à contempler le fond de sa chope de bière… ce n'était pas une existence qui lui convenait, pour sûr. Il était fait pour marcher au fond des mines, pour sentir la pression d'une cotte de mailles sur ses épaules, pour sentir le poids familier d'un casque engoncé sur sa tête. Il était fait pour la guerre, et il avait trop longtemps été tenu à l'écart du champ de bataille pour ne pas s'agiter sitôt qu'on lui proposait une mission. Ne prêtant guère attention au danger, au risque mortel, aux faibles chances de survie que son oncle lui laissait présager, il lança :

- Va-t-on enfin attaquer les Gobelins ? A-t-on sonné la mobilisation générale ?

Varrin secoua la tête négativement :

- Non, cher neveu. Il s'agit d'une mission particulière. Une mission spéciale. Tellement dangereuse que seuls des volontaires sont appelés. Tu viendras ?

Il ne dit pas qu'il avait déjà pris l'engagement de fournir sept combattants pour cette mission, car il ne doutait pas de la motivation d'Errin, et il savait que ce dernier répondrait présent. Il le connaissait suffisamment bien pour savoir que dès lors qu'il était question de faire jouer sa hache, il était parmi les premiers à sortir du rang. Sans surprise, le Nain se leva de son siège, et s'empara de son équipement, à croire qu'il n'avait jamais été défait depuis qu'il était revenu de son expédition dans le Sud, plusieurs mois auparavant. Malheureusement, c'était probablement un peu vrai. Errin n'avait guère d'autre vie en dehors de celle qu'il entretenait au combat. Quand on n'avait guère besoin de lui, il n'était qu'un outil laissé à l'abandon, tâchant de rester affûté pour ne pas perdre de son efficacité le jour où on l'appellerait encore. Et ce jour était enfin venu…

- Bien sûr que j'en suis. Laisse-moi quelques secondes pour rassembler mon matériel, et je suis à toi.

- Prends ton temps. Ensuite, nous irons voir tes cousins, si tu veux bien.

Errin hocha la tête, alors qu'un petit sourire venait de fleurir sur ses lèvres. Il entendait déjà l'appel de la guerre résonner comme une douce mélodie à ses oreilles. Il n'avait aucune idée de ce dans quoi il s'embarquait, mais il n'en avait cure. Si Zulg-ai-Gathol avait besoin de lui, alors il répondrait présent, comme il l'avait toujours fait. Ils sortirent de sa petite maison, dont il ferma la porte à clé. Il rangea cette dernière dans une petite poche intérieure, à côté de son testament. Comme il l'avait toujours fait.


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Mardil
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Dans les profondeurs de la montagne EmptySam 28 Fév 2015 - 21:51
Dans les profondeurs de la montagne Rengri10

- Il n’est vraiment pas nécessaire que tu viennes.

- Bien au contraire, il est plus que temps que je me bouge un peu. N’est-ce pas ce que tu me rabâches à longueur de journée ?

- Je suis simplement inquiet pour ta santé. Tu n’as pas été au mieux récemment.


Rengrim se passa de répondre à cette sortie. Ce n’était qu’une façon détournée de la part de Donrim de lui signifier qu’il n’avait plus confiance en son jugement. Il avait beau aimer son frère autant que n’importe quel frère l’aurait fait, il ne comprenait pas ses récentes décisions. Il avait parfaitement conscience que les temps étaient difficiles et que leur vie dans les Monts du Fer était particulièrement rude mais cela ne justifiait pas tout.

Et s’il avait accepté, par le passé, d’aider son jeune frère, il était heureux de n’avoir finalement pas perdu son honneur dans l’entreprise. Et voilà que Donrim souhaitait recommencer. Il ne savait pas comment ils en étaient arrivés là. Leur famille était particulièrement influente dans la cité et ce depuis un âge si lointain que personne ne savait exactement quand. Cependant, leurs énormes mines de fer avaient fermé les unes après les autres, les privant peu à peu de la fortune à laquelle ils avaient été habitués toute leur vie. En voulant creuser toujours plus loin, des accidents s’étaient produits. Leur père y avait perdu la vie.

Depuis ce jour, leurs installations vivotaient, leur rapportant juste assez pour survivre. La plupart étaient fermées afin d’éviter de nouveaux désastres. Oui, la vie n’avait pas été facile pour la famille Zundrad ces dernières années. Mais en cela, ils ne différaient pas beaucoup de leurs voisins et amis. La cité était sur le déclin. Peu d’entres eux l’auraient avoué mais tous en étaient conscients. Ce n’était plus qu’une question de mois, peut être d’années s’ils étaient chanceux, avant que les gobelins ne les aient chassés définitivement de leurs demeures.

Alors, s’il y avait une chance, même une chance infime, de découvrir une nouvelle richesse qui pourrait les aider à équiper des guerriers, à embaucher des mercenaires, bref qui pourrait leur offrir une chance de résister, cette chance se devait d’être saisie. Il comprenait les inquiétudes de Donrim mais l’avenir de leur peuple importait davantage que la prospérité de leur famille. Et qui sait ? Peut être les deux n’étaient pas incompatibles.

Il finit de s’équiper sous le regard inquisiteur de son frère. Sa décision était prise et il ferait tout afin que cette expédition soit un succès.

//////////////////

Dans les profondeurs de la montagne Dagar_10

Dagar étudiait avec intérêt la compagnie qui se rassemblait dans la grande salle. Il était surpris qu’autant des leurs aient répondu présents. De tous les nains qui se tenaient prêts à partir à l’aventure, combien rentreraient vivants ? S’il avait eu le choix, il aurait préféré rester dans la cité mais il était le seul à pouvoir les guider à travers le dédale que représentaient les souterrains de la montagne. Il avait failli mourir lors de sa dernière sortie et il n’avait survécu que d’extrême justesse. Jusqu’à quand pouvait-il tenter sa chance de cette façon ?

Malgré ce qui s’était dit au conseil, la plupart des nains qui se réunissaient étaient des guerriers. Les frères Zundrad étaient parmi les seuls marchands de l’expédition, à l’exception d’un autre nain que Dagar ne connaissait que de vue. Seuls cinq mineurs avaient accepté de les rejoindre mais les guerriers pourraient bien échanger leurs armes contre des pioches le moment venu.

Ces derniers étaient de loin les plus nombreux. Ce n’était pas moins d’une trentaine de guerriers bien décidés à en découdre avec les gobelins qui avaient répondu à l’appel. Dagar avisa Varrin et sa famille qui attendaient patiemment qu’on lance le signal du départ. Leur réputation n’était plus à faire mais Dagar aurait préféré qu’ils soient moins nombreux, tous autant qu’ils étaient. Il pensait que leur meilleure chance de survie résidait dans leur discrétion et s’il y avait bien une chose que n’était pas une quarantaine de nains armés jusqu’aux dents, c’était bien discret.

Il mît cependant ses craintes de côté. C’était à lui de leur indiquer le chemin le plus sûr jusqu’au filon d’émeraudes. Son rôle s’arrêtait là et il ne comptait pas en faire plus. Le seul problème résidait dans le fait qu’aucun chemin n’était sûr une fois sorti des murs de Zulg-ai-Gathol. Le capitaine Draft avai été nommé à le tête de leur petite expédition et tout le monde était tenu d’obéir à ses ordres. Il donna le signal du départ.

Une cinquantaine des leurs étaient en train de combattre les gobelins de l’autre côté de la porte principale afin de leur fournir une diversion suffisante pour quitter la cité sans être aperçus. Ce serait ensuite à eux de jouer. Passé les imposantes portes de pierre des grandes salles, ils seraient livrés à eux-mêmes, seuls face aux dangers de la montagne.

Ils sortirent les uns à la suite des autres, bien que les salles qu’ils traversaient soient assez larges pour qu’ils marchent à vingt de front s’ils le souhaitaient. Cependant leur taille allait en diminuant à mesure qu’ils s’éloignaient du cœur de la capitale. Ils ne tardèrent pas à quitte la ville proprement dite pour entrer dans les mines. Ces dernières s’étendaient sur une superficie colossale mais la plupart étaient désertes depuis bien avant que les gobelins ne s’emparent de ces terres.

Les nains étaient silencieux. Peut être pensaient-ils à ce qu’avait été la vie de leurs pères en une époque où la prospérité régnait en ces lieux. Les Monts du Fer n’avaient jamais étés le cœur du monde des fils d’Aulë. Mais à l’époque où la Moria et Erebor étaient sous l’emprise des forces du mal, beaucoup des leurs avaient trouvé refuge en ces lieux où ils avaient été accueillis à bras ouverts. Et maintenant que c’était leur tour d’avoir besoin de leur aide, leurs cousins les avaient lâchement abandonnés à leur sort. Tout ce qu’ils trouvaient à leur envoyer en guise d’aide étaient des anciens déserteurs et autres personnages de cet acabit. Dagar jeta un coup d’œil suspicieux en direction du dénommé Dwolin. Voilà toute l’importance qu’avaient les leurs aux yeux de leurs lointains cousins.

Dagar en était venu à mépriser les nains de la Moria et d’Erebor pour leur égoïsme et leur lâcheté. A cause de leur inaction, les siens souffraient et mourraient depuis des années dans cette lutte sans fin contre les gobelins. Ils avaient vu la quasi totalité de ses frères périrent, que ce soit entre les griffes de leurs ennemis ou à cause des pièges de la montagne. Cette montagne qui avait toujours été leur foyer et qui, aujourd’hui, semblait s’être retournée contre eux.

Dagar fût tiré de ces sombres pensées par l’aîné des frères Zundrad qui annonçait qu’ils pénétraient désormais au sein de la concession de sa famille. Ces mines faisaient parti des plus éloignées de la cité. Ils avaient marché depuis le midi sans interruption et ils feraient leur première halte ici. Le lendemain, Dagar prendrait la tête de l’expédition et les mènerait dans l’inconnu. Pour l’instant, ils n’avaient croisé âme qui vive. La diversion semblait avoir eu parfaitement l’effet escompté et les gobelins ne s’étaient pas manifestés. Mais qui pouvait savoir ce qui les observait dans l’ombre ?
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Dwolin
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyLun 2 Mar 2015 - 11:53
Dwolin vérifia son sac encore une fois. Des torches, une corde, quelques vêtements dont une cape qui lui servirait de couverture. Les seules rations que le quartier général lui avait donné était une grande quantité de cram. Au moins il n'aurait pas faim bien que la viande allait très vite manquer à son estomac. Il vérifia également le contenu de ses gourdes pleines d'eau. La bière aussi allait se faire désirée. Mais mélangée avec des combats et beaucoup de nains réunis cela faisait mauvais ménage comme son expérience des tavernes le lui avait assez prouvé. Mieux valait éviter. Cependant il avait acquis une petite quantité de ce qu'on appelait ici le « miruvor nain ». C'était en fait un alcool très fort, certes aux effets revigorant et encourageant, mais sur une très courte durée et aux effets secondaires dévastateurs. Bref, bien pour une charge finale désespérée. De part et d'autre de son sac se tenait sa hache qu'il venait d'affûter et sa pioche qu'il avait prise étant descendant d'une famille de mineur et ayant lui-même miné quand il était plus jeune. Il avait cru comprendre que cela pouvait être utile.

Il revêtit son armure et soupira en regardant ses épaulettes. Il avait supplié le commandant de retirer la marque des déserteurs de celles-ci, mais il avait refusé et Dwolin était condamné à être fiché par tous ses futurs compagnons comme quelqu'un indigne de confiance. Déjà que le voyage n'allait pas être agréable il avait au moins espéré pouvoir sympathiser avec ceux qui l’accompagnait. C'était toujours plus sûr d'avoir un ami qui couvrait ses arrières.

Il boucla le tout et enfonça son casque sur la tête. Toute sa vie, il avait rêvé d'être un guerrier héroïque revêtant une telle armure pour aller combattre les gobelins et sauver son peuple. Mais bizarrement, alors que l'occasion se présentait il regrettait amèrement le travail ingrat de mineur et son ardeur qu'il lui avait fait enfiler l'uniforme.

Il avança tranquillement vers la grande salle où était le rendez-vous. Il n'était pas pressé de partir bien qu'il ne regretterait pas cette ville et ses habitants. Erebor était loin, et la perspective de mourir ici loin de chez lui pour une cause qui n'était qu'à moitié la sienne n'enchantait pas vraiment Dwolin. Mais si c'était sa seule chance de revoir la montagne solitaire jaillissant de la terre, vision chère à son cœur, alors il se devait de la saisir et de la survie de la ville dépendait son salut.

Quand il arriva, une quarantaine de personnes se trouvaient déjà là. Il reconnu le Capitaine Draft qui commandait l'expédition, Dwolin avait déjà servit sous ses ordres et le respectait comme nain courageux et meneur d'homme accomplit. Il alla se mettre au rapport pour signaler sa présence et alla rejoindre les autres gardes qu'il connaissait déjà et se retrouva à l'écart très rapidement, c'était déjà raté de ce côté, sa réputation le précédait. Il remarqua un petit groupe de mineur, un autres groupe d'une petite dizaine guerrier dont il avait déjà vu le chef fier et très barbu discuter avec le commandant de la garde à plusieurs reprises. Ceux-ci regardaient déjà ses épaulettes avec mépris et dégoût. En plus de son statut, Dwolin savait également que les vieilles familles de ces montagnes n'aimaient guère ceux d'Erebor depuis que Daïn pied-d'acier y était allé avec une grande partie du peuple de ces villes coupant cour à leurs âges d'or et les laissant affaiblies et dans le déclin.

Il y avait également deux nains, sûrement des frères, ressemblant plus à des marchands et relativement peu à l'aise avec leur attirail guerrier. Sur les regards on pouvait lire une détermination de fer mêlée à du désespoir. Et pour cause ! Leur situation était vraiment désespérée et la possibilité  de repousser les gobelins efficacement ne pourra être que s'ils trouvaient ce filon et en exploitaient suffisamment les richesses.

Alors que les derniers étaient arrivés le Capitaine lança l’expédition secondé par leur guide , un certains Dagar qui semblait avoir quelques appréhensions. Ils traversèrent la ville rapidement en direction de la porte et sortirent sans encombres. Ils gardèrent un bon rythme une fois sorti de la ville. Chaque nain ici présent avait déjà été exposé à des situations physiques difficiles et maintenait une forme plus que correcte à part peu être l'un des frères marchand dont Dwolin doutait de son endurance face aux événements des prochains jours. Les nains gardèrent également un calme olympien lors de la traversée des premières salles.  Et bien que personne ne parlait, l'équipement et le pas naturel des nains faisait un vacarme effroyable au vu de la soi-disant discrétion en vigueur.  Ainsi la rapidité était de rigueur afin de rester en mouvement et de limiter leur détection par les gobelins. Le silence ne dérangeait pas Dwolin, au moins il ne se sentait pas exclu alors que tout le monde autour de lui parlait.

Il passa son temps à admirer les premières salles bien conservées bien que petit à petit on observait des dégradations et des traces d'ancienne présence gobeline ce qui refroidit l'ambiance pour peu qu'elle existait. Heureusement ; la halte fut donné alors qu'ils traversaient les mines les plus éloignées de la cité. Dwolin se reposa quelques instants avant de préparer son bivouac et de prendre les ordres. Quelques nains avaient été envoyé en éclaireur, surtout pour vérifier l'état des galeries suivantes car la diversion qui avait été faites à leur opposé devrait leur laisser encore jusqu'à un jour de tranquillité au niveau des gobelins.

Dwolin se porta volontaire pour le premier quart de garde n'ayant décidément rien de mieux à faire.
Il se mit quelques dizaines de mètres à l'écart et fixa son attention sur un débouché de galerie au nord de leur position et en profita pour affûter sa hache encore une fois en grignotant un bout de cram bien mérité. La marche allait reprendre dans quelques heures et se ferait de plus en plus dangereuse et Dwolin se devait de se faire des « alliés » s'il voulait qu'on l'aide en cas de danger et qu'on ne le laisse pas tomber. Pour l'instant c'était mal parti et il pensait bien être en tête dans la liste des gens dont la survie n'était pas primordiale...

Après son tour de garde il alla donc se rapprocher du centre du bivouac où certains nains n'avaient pas trouvé le sommeil. Parmi eux il reconnu le guide de l’expédition celui nommé Dagar. Il paraissait troublé et restait silencieux. Dwolin ferait peut-être bien d'aller lui parler lorsque l'on repartirait. Mais pour l'instant il s'allongea en se reposant contre son sac et s’enroba dans sa cape, le repos se ferai plus rare à mesure qu'ils avanceraient et il devait garder un maximum de force.

Le lendemain ils partirent de bonne heure, cette fois le guide avait pris la tête et Dwolin avait été envoyé dans l'arrière garde et ne put lui adresser la parole. Cependant entre deux temps silencieux, il avait réussi à se rapprocher des mineurs qui n'avait pas vraiment de considération pour les insignes militaires. Il apprit ainsi que les nains qui n'arrêtaient pas de lui lancer des regards méprisants faisait partis du clan des collines noires dont le chef Varrin, bien que relativement modeste, était reconnu et respecté dans toute la cité comme un grand guerrier fort de conviction. Sa participation à l'expédition avait amené un grand nombre de guerrier à le suivre. Il n'était pas midi qu'une halte imprévue se fit. Une partie de la galerie s'était effondrée et limitait l'avancée du groupe.

Les mineurs furent appelés afin de dégager un passage suffisant afin que le voyage puisse reprendre. Dwolin, encore une fois, se porta volontaire pour les aider. Il empoigna sa pioche et épaula les travailleurs dans leur besogne. Cela leur pris un bon moment pour dégager les tunnels et les fatigua rapidement. Mais Dwolin était prêt à tout afin de rattraper son handicap de popularité car sa vie en dépendait.  Ils quittèrent alors définitivement les anciens territoires nains et l'ombre les attendaient de l'autre côté. Leur guide prit donc une torche et après quelques instants avança et affirma :

-C'est par ici !

Et le capitaine renchérit avec toute la gravité possible :

-Essayez de faire le moins de bruits possible et restez vigilant à ce qu'il se passe devant, derrière et au-dessus de nous ! En avant !

Et le groupe continua de s'enfoncer  plus profondément dans les ténèbres plus prudent et déterminé que jamais.
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Ryad Assad
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyDim 8 Mar 2015 - 18:36
Dans les profondeurs de la montagne Homme_15

Errin souleva son casque un instant, et passa son avant-bras sur son front couvert de sueur. Il ne faisait pas particulièrement chaud dans les mines, mais voyager avec un équipement complet, une armure d'acier de pied en cap, un paquetage sur le dos, le tout dans un environnement confiné avait de quoi faire transpirer même le plus endurant des Nains. Et endurants, ils l'étaient assurément. Soumis aux privations dues au rationnement depuis de longs mois, éreintés par les guerres incessantes, tiraillés par la peur d'être envahis, rongés par une amertume qui les faisait détester cordialement tout ce qui se trouvait en dehors des Monts du Fer, les Nains marchaient pourtant à fière allure, traversant les salles et couloirs déserts en essayant de se faire aussi silencieux que possible. Naturellement, il n'était pas imaginable qu'une compagnie forte de plusieurs dizaines de Naugrim se déplaçât totalement discrètement, mais ils avaient entouré leurs lourdes bottes métalliques de morceaux de tissu pour atténuer le claquement caractéristique qui d'ordinaire résonnait sur les pierres et faisait la fierté des gardes de Zulg-ai-Gathol. Car la fierté, elle était en eux maintenant, et nulle part ailleurs.

Pas sur leurs visages inquiets, dont les yeux regardaient de droite et de gauche à la recherche d'un éventuel espion ennemi qui aurait scruté leur présence pour mieux la communiquer au gros de la groupe. Pas dans leur démarche, voûtée et maladroite, qui leur permettait de glisser d'un abri à l'autre, d'une zone d'ombre à la suivante, en essayant de se montrer aussi silencieux que le leur permettait leur lourd chargement. Ils n'étaient plus de fiers guerriers, dignes représentants de leurs ancêtres tombés l'arme à la main. Ils n'étaient que de pathétiques mais braves voleurs, serpentant inlassablement entre les vestiges de leur gloire d'antan, renversés par la furie destructrice des Gobelins qui avaient pris possession peu à peu des Monts du Fer. Errin, comme les autres, assumait cette situation de faiblesse, et il assumait également d'endosser la responsabilité de donner un nouveau souffle à son peuple. Peut-être que son action, conjuguée à celle de ces volontaires qui n'attendaient rien d'autre de cette entreprise qu'une mort honorable, apporterait un espoir nouveau aux Monts du Fer.

Mais en étant franc avec lui-même, Errin en doutait très fortement. Des émeraudes ! Ha, la belle affaire. Et que leur rapporteraient-elles, sinon plus de divisions ? On se battrait pour les exploiter, pour en avoir le contrôle, et finalement ces richesses seraient vendues une bouchée de pain, littéralement. Avec le surplus, on ferait venir quelques soldats, quelques mercenaires courageux, moins enclins à fuir que ce « Maître déserteur » qui les accompagnait : un lâche qu'on avait envoyé pour assister les Monts du Fer, comme s'ils n'étaient que de vulgaires gardiens de prison. Et après ? On mènerait une longue et coûteuse campagne contre les Gobelins, qui libérerait une salle, deux avec de la chance. Le chemin vers les mines d'émeraude était long et difficile, et de nombreux Naugrim tomberaient avant qu'il fût possible d'exploiter le moindre filon. Des guerriers de Zulg-ai-Gathol, qui donneraient la possibilité à des marchands de venir exploiter ces émeraudes. Des marchands d'Erebor, de la Moria, des Montagnes Bleues. Bref, des étrangers.

Les Nains des Collines Noires partageaient globalement l'avis d'Errin, même si ce dernier était connu pour être sinon l'un des plus virulents dans ses critiques, au moins l'un des plus ardus à faire changer d'avis. Son opinion bien tranchée sur le Roi des Nains dont personne n'avait entendu parler depuis des lustres, et sur le nouveau Seigneur de la Moria, ce Hadhod, était aussi solide que les racines profondes de la montagne qui s'enfonçaient dans la terre. Il ne les aimait pas, et probablement qu'il ne les aimerait jamais. Ces lâches avaient préféré s'enterrer dans leurs mines, au milieu de leurs trésors, de leur mithril, de leur or, plutôt que de venir prêter main-forte à leurs frères en difficulté. Pour cette raison, selon Errin, ils ne méritaient pas d'être appelés « amis ».

Les Nains continuaient leur progression sans rencontrer la moindre difficulté. Le conseil de Zulg-ai-Gathol avait rassemblé ses guerriers, et avait déclenché une attaque sur un autre front, pour dégager la voie à ses explorateurs. En ce moment même, trop loin pour que même les échos pussent leur parvenir, des haches taillaient la chair gobeline, afin de leur permettre de se rapprocher un peu plus de leur objectif. Même si c'était dur, même s'ils souffraient de la soif, de la faim, de la chaleur, ils se devaient d'avancer encore et toujours, pour ces combattants qui croyaient en eux. Enfin… peut-être qu'ils ne croyaient pas vraiment en eux, mais ils avaient la décence et le courage de ne pas le montrer, et de lutter pour une cause qui leur apparaissait déjà perdue. En un sens, c'était ce qu'Errin et les siens faisaient peut-être. Chercher une manière honorable de mourir. Tué par les Gobelins en essayant d'améliorer les choses, ou en essayant d'empêcher les choses d'empirer… quelle différence ?

Le groupe s'arrêta un instant quand l'un des marchands annonça qu'on pénétrait sur le terrain de sa famille. En toute honnêteté, ils devaient le croire sur parole, car aucun élément ne délimitait cette concession, ou ne marquait de séparation claire. Ils ne savaient même pas véritablement de quel côte ils venaient de rentrer, et ils devaient s'en remettre à leur guide qui paraissait avoir mémorisé le plan par cœur. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Tout dépendrait de la situation. S'il lui arrivait quelque chose, ils se retrouveraient sans carte, et bien embêtés. Mais, en revanche, s'ils devaient réagir promptement, il pourrait les guider sans avoir à réfléchir trop longtemps. Il fallait simplement espérer que sa mémoire serait aussi infaillible lorsque les flèches commenceraient à pleuvoir, que les tambours de guerre commenceraient à résonner, et que des dizaines de Gobelins fondraient sur eux en hululant d'odieux cris de guerre.

La colonne qui s'étirait de plus en plus, à mesure que le terrain devenait de moins en moins régulier, finit par s'arrêter. Ils avaient progressé rapidement, mus par la détermination et la crainte d'être rattrapés par des éléments gobelins isolés qui auraient pu transmettre leur position au gros des troupes. A priori, ils n'avaient pas été repérés, mais on pouvait lire sur le visage de chacun la crainte et l'appréhension. Ils pouvaient tout à fait être égorgés dans leur sommeil par ces créatures sournoises et retorses, qui n'auraient aucun scrupule à profiter de leur moindre faiblesse ou de leur plus infime perte de concentration. C'était pour cette raison qu'ils devaient rester alertes, et faire preuve d'une vigilance de tous les instants. Errin et les siens déposèrent leurs lourds bardas en soupirant, et s'empressèrent de déterminer un périmètre de sécurité avec les autres soldats. Ils observèrent les environs, et essayèrent de déterminer de quel côté pouvait naturellement venir une éventuelle attaque. Ils avaient choisi un lieu abrité, un renfoncement sombre qui leur offrirait un appui de choix s'ils venaient être pris pour cible, et qui les protégerait assez bien d'éventuels archers.

En quelques mots, on se répartit les tours de garde, et Errin échut du premier, à l'instar d'un de ses cousins, tandis que les autres prendraient leur relève au cours de la nuit. Personne n'avait été épargné par cette corvée, et il s'agissait de maintenir un degré de cohésion élevé. On partageait les peines et les difficultés, en n'épargnant personne, et en s'efforçant de répartir les besognes de manière équilibrée. Rien n'était laissé au hasard, qu'il s'agît des tours de garde, de l'installation du campement sommaire, de la préparation du repas, et des autres menues tâches qu'il était nécessaire d'effectuer. Tous mouraient de faim après avoir marché si vite, et travaillé si dur pour dégager à la pioche certains passages particulièrement ardus. Toutefois, ils étaient conscients du fait qu'il leur fallait se rationner, et qu'ils ne pourraient profiter que d'un semblant de repas chaud, qui leur permettrait à peine de tenir le coup le lendemain. Leur voyage serait long et difficile, semé d’embûches et de pièges. Il était dur de croire qu'ils étaient encore chez eux, et que partout où se portait leur regard leurs ancêtres avaient jadis marché fièrement, sans se soucier du moindre danger. Désormais, ils en étaient réduits à se faufiler dans leur propre demeure, comme des rats courant au fond de la cale d'un navire. Voir à quoi ils en étaient réduits avait de quoi faire mal au cœur, et on lisait une grande peine sur leurs visages à mesure qu'ils marchaient.

Errin mangea en silence le repas tiède qu'on lui servit, sans vraiment se plaindre. Il avait connu mieux, il avait connu pire, il n'était pas là pour prendre du plaisir et il ne ferait donc aucun commentaire. D'autres se laissèrent aller à exprimer leur mauvaise humeur, mais il ferma son esprit à leurs jérémiades, et se concentra sur l'observation du périmètre. Il avait déterminé une zone relativement large à balayer du regard, et il l'inspectait méthodiquement, pour ne rien manquer. Le moindre mouvement suspect pouvait annoncer l'arrivée des ennuis, et dans les semi-ténèbres de la montagne, il valait mieux faire preuve de trop de prudence que de pas assez. Les Nains, éreintés par leur route, firent rapidement silence et certains allèrent même se coucher pour se reposer largement avant d'entamer leur tour de garde. Personne n'avait véritablement envie de parler, et ceux qui souhaitaient s'exprimer le faisaient souvent par gestes entendus. L'iglishmêk présentait un intérêt stratégique certain dans ces conditions, et le clan des Collines Noires en usait largement, conscient qu'il ne pouvait pas être compris des Nains de l'expédition. Les Naugrim étaient des êtres secrets, et ils ne se faisaient pas véritablement confiance entre eux, même si lorsqu'ils se trouvaient dans cette situation, ils devaient bien collaborer pour un objectif qui les dépassait tous. Toutefois, Errin n'avait foi qu'en sa propre famille, les autres n'étant là que pour faire le nombre. C'était auprès d'eux qu'il avait versé son sang, et il savait qu'ils ne le trahiraient jamais. Les autres… C'était moins sûr. On avait déjà vu des Nains poignarder d'autres Nains pour de l'or, des titres. Alors des émeraudes ? Les chances étaient grandes de voir des dissensions apparaître.

Errin sentit qu'on s'asseyait non loin de lui, et il nota du coin de l'œil la présence du déserteur qu'on avait assigné à leur expédition. Il ne connaissait pas son nom, mais savait qu'il venait d'un autre royaume Nain. Un de ces pleutres encore, qu'on leur envoyait en guise « d'aide ». Ha, la belle affaire ! Il aurait sans doute tôt fait de jeter armes et boucliers sur le sol, pour fuir plus rapidement. Quand ils apercevraient les premiers gobelins, ils se cacherait soigneusement derrière ses compagnons, et saisirait la moindre chance de regagner sa liberté. Errin s'écarta soigneusement, comme s'il ne voulait pas être contaminé par ce que ce Maître déserteur charriait avec lui. Les relents de peur et de lâcheté dont le brave Naugrim ne souhaitait pas être imprégné. Sans un regard pour lui, il poursuivit sa surveillance, indifférent à sa présence.

Les heures passèrent ainsi, durant lesquelles le seul bruit que l'on pouvait entendre était celui de la respiration profonde de ceux qui dormaient, et du bruit ténu qu'ils faisaient en changeant de position sur leur petit matelas inconfortable. Au loin, on entendait parfois un écho répercuté sur les murs de la montagne : une pierre qui s'était décrochée, et qui tombait dans un boyau. Peut-être quelque chose de plus inquiétant… Certains rapportaient que des trolls avaient été aperçus dans les profondeurs, d'autres encore rajoutaient que de sinistres créatures se dissimulaient dans la pierre, loin sous la terre, là où personne n'avait encore creusé. On murmurait que les gobelins essayaient de les réveiller, mais qui pouvait croire à de telles sornettes ? C'était comme cette histoire de géant de feu au Troisième Âge des Hommes. Les enfants avaient les yeux inquiets de savoir qu'un géant de feu avait été aperçu dans les sous-sols de Khazad-Dûm, trois siècles auparavant, mais qui donc pouvait encore accorder du crédit à de telles histoires. Elles tenaient de la légende, voilà tout.

Tout à ses pensées, qui le maintenaient éveillé, Errin capta un léger déplacement en contrebas. Ce n'était pas grand-chose, à peine le glissement d'une ombre, mais dans un endroit fermé comme les cavernes des Monts du Fer, là où très peu de lumière extérieure parvenait, ce genre de choses était particulièrement alarmant. Le Naugrim saisit sa hache dont la forme était exactement identique à celle de ses six cousins, et se releva. Le maître déserteur s'agita à ses côtés, mais Errin lui intima de rester immobile :

- Je vais jeter un œil, restez ici.

C'était un ordre formel, et même si Dwolin n'était pas objectivement placé sous la responsabilité du Nain des Collines Noires, son statut de déserteur ne lui offrait guère de place pour discuter la chose. Il devait obéir, et surtout ne pas critiquer. Errin descendit en s'appuyant sur des rochers écroulés, et il se faufila le long d'un petit chemin qui serpentait. Ce qu'il avait vu se trouvait au pied d'une énorme statue basculée sur le sol, face contre terre. Elle avait dû représenter leur fier créateur Aulë, qui désormais reposait misérablement sur le sol, là où nul ne pouvait le redresser. La sauvagerie des Gobelins n'avait aucune limite. Errin se retourna un instant, et accrocha le regard du déserteur, qui ne le lâchait pas. Parfait. S'il lui arrivait quelque chose, il resterait au moins quelqu'un pour donner l'alarme. La hache brandie, le Nain avançait en tendant l'oreille, prêt à voir une horde d'ennemis fondre sur lui subitement. Dans son esprit, il commençait déjà à paniquer : peut-être avaient-ils été épiés par un éclaireur, ou bien les Gobelins étaient-ils déjà en train de se déployer. Errin regarda de nouveau derrière lui. Toujours aucun signe, et toujours le déserteur qui l'observait attentivement. Il continua à progresser, et arriva finalement là où il avait repéré le mouvement anormal. Tendant l'oreille, il entendit soudainement quelque chose. Comme un chuchotis feutré. Puis il le vit…

Il se tenait là, devant lui, se déployant entre les pierres qu'il caressait paresseusement. Il n'était pas particulièrement large, ni particulièrement impressionnant, mais sa présence en ces lieux était étonnante. Errin s'approcha prudemment, baissant sa lame, avant de plonger la main dans ses entrailles. Il porta ensuite ses doigts à sa bouche, et fronça les sourcils.

Pure.

Il avait trouvé un lac souterrain d'eau pure. Sans doute que les éboulements et les pluies avaient contribué à sa formation, à moins que ce ne fussent les glaces qui avaient fondu en le laissant en place. Les reflets de la lointaine lumière de la lune, qui filtrait par quelques maigres interstices au sommets des pics enneigés, avait attiré l'œil affûté du soldat. Il soupira silencieusement, et remonta prestement à son poste. Le déserteur était toujours là, de toute évidence curieux :

- Ce n'était rien. Rien qu'un petit lac.

Il se dépêcha d'aller réveiller la relève, car l'heure était venue pour lui d'aller se coucher. En s'allongeant sur son matelas, il ne put s'empêcher de se demander si ces marques apparemment anodines qu'il avait vues n'étaient pas des traces de pas qui sortaient du lac, et qui disparaissaient au bout de quelques pas. Elles étaient plus grandes que des empreintes de gobelins… bien plus grandes. Il se retourna et ferma les yeux. Ce devait être son esprit qui lui jouait des tours. Oui, c'était forcément ça.

Forcément ça...


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Mardil
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyDim 8 Mar 2015 - 22:27
Dans les profondeurs de la montagne Rengri10

Rengrim était atterré de voir ce qu’il restait de leurs mines autrefois prospères. Il se souvenait encore de l’époque où le son des pioches le disputait aux rires des mineurs. Malgré la pénibilité du travail, une joie sincère animait leurs employés alors qu’ils creusaient ces terres à la recherche de fer. C’était l’époque où les énormes forges étaient allumées jour et nuit. Les équipes se relayaient à la surface afin de réunir ce qu’il fallait de combustible. L’environnement immédiat ne contenait que peu de forêts aussi faisaient-ils importer le bois dont ils avaient besoin.

Et puis les temps avaient changé, les filons s’étaient taris les uns à la suite des autres. Donrim n’avait jamais connu que cette époque là. Il était trop jeune pour se rappeler des jours heureux avant que le déclin de la montagne ne commence. Etait-ce pour cela qu’il semblait moins attaché à ces lieux que son frère ainé ? Ils avaient pourtant eu beaucoup de chance par rapport à d’autres familles. Leurs mines étaient restées en activité bien après que des dizaines d’autres aient fermé leurs portes. Et désormais, il ne restait que des couloirs déserts. Rengrim avisa même des outils laissés à même le sol, couverts de rouille et totalement inutiles.

Donrim s’était couché satisfait. Dagar n’avait pas menti et il était évident que leurs pas allaient les mener loin de leur concession dès le lendemain. Et surtout loin de la zone ouest où son jeune frère ne tenait pas à ce que qui que ce soit ne mette les pieds. Quant à lui, Rengrim ne pouvait pas trouver le sommeil. Il ne pouvait pas oublier les jours d’antan. Et il aurait tout donné pour que ces derniers soient de nouveau restaurés.

Il vît l’un des nains des collines noires se diriger vers un coin sombre avant d’en revenir en affirmant qu’un lac s’y trouvait. A son tour Rengrim se leva et alla vérifier les dires du nain, qui s’appelait Errin si sa mémoire ne lui jouait pas des tours. C’était autrefois l’emplacement d’une forge où une partie du fer extrait était fondu en lingots avant d’être transporté. La cheminée s’était écroulée sur elle-même et l’eau de pluie ainsi que la fonte de la neige avait formé cette étendue d’eau. Il leva les yeux et vit la lueur de la demi-lune qui transparaissait entre les nuages.

Cette nuit-là Rengrim ne rêva pas d’émeraude. Il rêva de flèches sifflant dans l’obscurité, de chaos et du sang de ses frères répandus sur le sol de leurs ancêtres.

//////////////

Dans les profondeurs de la montagne Dagar_10

Ils avaient bifurqué vers le sud en suivant un ancien conduit de mines. Ce dernier était tout juste assez large pour qu’ils puissent avancer à deux de front. Et surtout ils s’enfonçaient loin dans l’obscurité. La pente n’était pas très prononcée mais beaucoup d’entre eux avaient levés la tête vers le ciel qui surplombait le petit lac avant d’entamer la descente. Peut être se demandaient-ils s’ils reverraient la lumière du jour dans un avenir prochains ou non.

Aucune lumière naturelle ne parvenait plus dans les sombres couloirs qu’ils traversaient. Dagar savait exactement où il allait cependant. Ils allaient bientôt déboucher sur une large caverne naturelle. Ensuite le terrain deviendrait beaucoup plus accidenté. Par deux fois il avait eu l’impression d’entendre des bruis étranges avant de se dire qu’il ne s’agissait probablement que de son imagination fertile qui lui jouait des tours.

C’est seulement aux alentours de midi qu’ils atteignirent la caverne en question. Le capitaine Draft ordonna une halte et Dagar se dit qu’il était temps pour lui d’aller le prévenir de ce qui les attendait.

- Capitaine Draft, pourrais-je vous dire un mot ?

- Bien sûr.

- Le filon se trouve un peu plus loin au sud mais surtout beaucoup plus loin sous la surface que notre position actuelle.


Il conduisit le capitaine jusqu’à une ouverture dans le sol et l’éclaira avec sa torche. L’officier en charge de la mission ne pût s’empêcher de lâcher un grognement devant ce qui les attendait. Dagar et ses compagnons avaient ouvert la voie mais cela restait rudimentaire. Le conduit s’enfonçait sous la montagne en une pente inclinée à 45°. L’eau avait rendu les parois glissantes et seuls les pitons installés ça et là par Dagar et ses amis pourrait leur servir à se retenir en cas de chute. Dans le cas contraire c’était la dégringolade assurée. Et la mort aussi car Dagar se souvenait parfaitement de comment se terminait le conduit.

- Le conduit n’est pas très long mais il se divise en deux aux trois quarts. Le conduit droit conduit à une large salle. De là, nous n’aurons plus qu’à suivre un dernier boyau qui s’enfonce un peu plus dans la montagne et nous arriverons au filon. Le conduit gauche quant à lui… Il se finit par un gouffre monumental. Si quelqu’un fait une mauvaise chute et que celle-ci l’entraîne par là, c’est la mort assurée.

Le capitaine comprît tout de suite la difficulté que cela représentait. Le mieux aurait été bien sûr de boucher le conduit gauche mais ils n’avaient ni le temps ni l’équipement pour réaliser ça pour le moment. Il leur faudrait donc emprunter le conduit un par un afin que si l’un d’entre eux ne vienne à tomber, il ne puisse entrainer personne d’autre dans sa chute.

Ils revinrent tous deux vers les nains qui patientaient dans la caverne. Ils semblaient tendus, plusieurs d’entre eux avaient semble t’il entendu des bruits suspects. Le capitaine les informa de ce qui les attendait et précisa un peu la façon dont il entendait que les choses se passent.

- Dagar, vous ouvrirez la voie. Nous vous suivrons un par un. La moitié des guerriers d’abord, les mineurs et marchands ensuite et enfin la deuxième moitié des guerriers. Je fermerai la marche. Avancez le plus prudemment possible.

- Le conduit n’est pas très long. Il faut trois minutes pour atteindre l’embranchement, quatre en tout avant de déboucher dans la salle en dessous. Attendez au moins trois minutes entre l’entrée de celui qui vous précède et la vôtre. Un piton est planté dans la roche tous les vingt mètres environ.


Il n’y avait rien à ajouter aussi Dagar rassembla son paquetage et, conformément aux ordres du capitaine, ouvrît la marche. Le conduit était glissant et il avançait à pas prudents. La dernière fois qu’il était passé par là, Grorin était parti dans le conduit de gauche et n’avait eu la vie sauve que grâce à la rapidité de ses camarades qui avaient fait une chaine et l’avaient ramené dans le bon conduit. Tout ça pour qu’il meure quelques heures plus tard entre les griffes des gobelins.

Le mineur atteignit sans encombre la grande salle en dessous et dès son arrivée, il alla vérifier l’état du boyau qui conduisait au filon d’émeraude. Ce dernier n’était pas très large ni très haut mais il était praticable même s’il leur faudrait avancer un par un. Et surtout la pente était bien moins prononcée que le conduit qu’il venait juste d’emprunter. Un autre boyau partait de cette salle et s’enfonçait dans la montagne. Dagar et ses camarades l’avaient également exploré mais après près de deux heures d’une avancée rendue pénible par la forte pente, ils avaient fait demi-tour à mesure que le plafond s’abaissait et qu’il ne leur aurait été possible de continuer qu’en avançant à quatre pattes.

Ils avaient eu plus de chance avec le second boyau qui les avait conduit à ce fameux filon d’émeraudes. Il fût sorti de ses pensées par l’arrivée du premier nain qui l’avait suivi. Les choses se passèrent bien jusqu’à l’arrivée des premiers mineurs. A peine le deuxième frère Rengrim les rejoignit qu’ils entendirent un grand bruit à l’étage du dessus suivi d’un son reconnaissable entre tous. Le fracas des armes les unes contre les autres. La quinzaine de soldats qui restaient à l’étage du dessus était attaquée.

Les nains regroupés dans la salle se regardèrent avant que l’un des soldats ne tente de remonter le conduit pour venir en aide à ses frères d’armes. Dagar se plaça devant lui afin de l’en empêcher.

- Non vous ne pouvez pas faire ça !

- Hors de mon chemin. Ils vont se faire massacrer si nous ne les aidons pas.


C’est alors que Rengrim Zundrad se plaça aux côtés de Dagar.

- Maître Thokan a raison. Si nous nous aventurons dans le conduit alors qu’ils essayent de l’emprunter dans le sens inverse, nous n’allons réussir qu’à provoquer une catastrophe. Autant signer leur arrêt de mort tout de suite.

- Vous suggérez que nous restions ici comme des lâches ?

- Non nous n’en aurons pas l’occasion croyez-moi.


Tout le monde se tourna vers Donrim qui venait de prendre la parole. Ce dernier était blanc comme un linge et ils en comprirent rapidement la raison. Des bruits sinistres s’élevaient du boyau qui descendait en pente raide. Car si le plafond en était trop bas pour un nain, ce n’était certes pas le cas pour un gobelin. Aussitôt les guerriers se reportèrent vers cette menace. Fort heureusement le boyau était étroit et les gobelins ne pourrait pas les envahir en masse mais serait obligés d’arriver deux par deux au maximum.

C’était là une chance que n’avaient pas ceux d’entre eux qui combattaient toujours à l’étage supérieur.
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Dwolin
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyJeu 26 Mar 2015 - 21:22
La longue descente dans les ténèbres qui avait suivie la halte avait été épouvantable. Les nains étaient serrés, avançant parmi des parois abruptes dont la roche était tranchante. D'ailleurs, elle n'hésitait pas à érafler les nains quand ils ne faisaient pas attention. Seuls les reflets rouges des quelques torches, mêlés aux ombres, éclairaient leurs chemin. Le conduit qu'ils empruntaient semblait se réduire à mesure de leur avancée. Dwolin en arriva même à se sentir oppressé par cette roche hostile bien qu'il avait vécu toute sa vie sous la montagne.

Le silence régnait et tous les nains lançaient des regards inquiets vers le haut où l'on pouvait à peine deviner les ombres. Parfois certains en montraient du doigt avant d'accuser leur imagination. Chaque goutte d'eau qui ruisselait rajoutait une tension à celle déjà présente, et quand l'une d'elle tombait dans un ploc, beaucoup de nains balayaient les ténèbres avec des regards méfiant. La pente se faisait également de plus en plus raide, et Dwolin n'aurait su dire quelle distance ils avaient parcouru.  Après des heures de marches qui lui parurent infinies, ils firent une pause.

Dwolin commença par s'en réjouir car son corps, bien que robuste de base, avait bien besoin d'un peu de repos. Les autres nains en profitèrent également, massant leurs muscles éprouvés, après avoir posé leur fardeau. Certains d'entre-eux échangèrent même quelques paroles encourageantes, mais la vigilance se maintint car certains avaient entendu quelques bruits.  Quand le capitaine vint leur expliquer la raison de cette halte, la tension remonta à son comble et les quelques sourires optimistes s’effacèrent en l'espace d'un instant.

Ils devaient descendre un par un sur une paroi raide et glissante qui menaient à trois boyau. Celui de droite menait vers le filon, celui du milieu amenait à un cul-de-sac et celui de gauche était un gouffre jamais sondé. Il était d'ailleurs préférable que ce manque ne soit pas pallié par l'un des nains malgré-lui.  Tout le monde reprit ses affaires et un premier détachement de guerrier, mené par le guide, commença la descente. Elle était longue, car les pitons auxquels on pouvait se raccrocher étaient distants, et les appuis incertains. Dwolin était soucieux. Rester longtemps dans la même salle ainsi vulnérable était le meilleur moyen de se faire repérer. Le nain appréhendait également la descente, ses muscles tremblaient légèrement et les petits bruits venant des tunnels ne l'aidaient pas à se concentrer. Après une heure, le premier contingent ainsi que les marchands étaient passés. Ne restaient plus que les mineurs et ce serait le tour de Dwolin.

Alors que le premier commençait la descente périlleuse, les bruits se firent plus proches et venaient en leurs direction. Tout de suite, les nains dégainèrent leurs armes dans un vacarme métallique, prêts à en découdre. Le capitaine beugla des ordres :

Ne posez pas vos sacs ! Continuez la descente, on ne pourra pas les repousser indéfiniment ! Réduisez l'intervalle entre chacun de une minute, on a pas le temps de faire mieux! Les mineurs en premiers, les autres, protégez le conduit et une fois que les mineurs seront passés allez-y, il prit une pause, je ferme la marche, alors tachez de faire vite !

Les mineurs se dépêchèrent et les guerriers se mirent en demi-cercle autours d'eux et de l'issue. Ils se resserreraient à mesure des passages. Leur troupe était majoritairement des combattants à la hache, sauf quelques marteaux éparses. Aucune arme à distance n'avait été jugée utile dans ces cavernes basses et étroites où la probabilité de toucher un ennemi était la même que celle de toucher un ami. Ils seraient rapidement encerclés et ne tiendraient pas éternellement.  Néanmoins, ils protégeaient bien la fuite.

Les gobelins arrivèrent. Les premiers téméraires eurent leur compte vite réglé, mais un flux plus consistant s'installa et les nains durent raffermir leur défense. Dwolin se sentait soulagé. Certes il était à la merci de ses ennemis mais l'attente de ceux-ci avait été plus terrible encore. Ses doutes et appréhensions s'étaient effacés avec l'action. Il ne pensait désormais plus qu’à sa hache, à son bouclier et à la face verte qu'il devait trancher. Les nains combattaient vaillamment, coupaient, tranchaient, écrabouillaient, hachaient et décapitaient les gobelins dans un mouvement fluide et continu. Il faut dire que ces derniers se jetaient sur leurs lignes sans faire aucun effort pour se protéger. Cependant, les mineurs avançaient lentement et les assaillants redoublaient de vigueur. Après un moment, les mineurs étaient passés mais avec eux, la rumeur d'une attaque similaire en bas. Décidément leur situation commençait à être critique.

Alors qu'ils commençaient à se replier au fil des départs, les nains montrèrent des signes de fatigue. Les boucliers étaient tenus moins haut, les ripostes moins expéditives et les muscles se faisaient tremblant dans une armure dans laquelle la sueur commençaient à se faire suffocante. Dwolin se retrouva bientôt à protéger le flanc du capitaine. Il avait réussi à se préserver jusque là des tranchants gobelins dont son bouclier s'était chargé. Sa hache, maculée de sang noir, continuait de raccourcir les membres de la foule d'ennemis. Tout à coup, du sang rouge lui arriva sur le visage. Il tourna la tête et vit avec horreur que l'un de ses compagnons avait été transpercé à la gorge par une lame adverse sur laquelle son sang brillait. Dwolin, plein de rage décapita son vis-à-vis et redoubla d’agressivité dans ses coups. Cependant, les gobelins profitèrent de la brèches pour percer leurs lignes et pendant un instant, une mêlée générale s'installa. Dwolin se retrouva avec des peaux-vertes de tous les côtés et dû faire de larges mouvements circulaires pour les maintenir à distance.

Il perdit le capitaine de vu et aperçut certains de ses camarades en fâcheuse position, mais il était déjà débordé et ne pouvait leur prêter assistance. Il para un coup sur sa droite avec son bouclier, en asséna un devant lui et son armure absorba l'assaut  d'un gobelin qu'il s’empressa de repousser puis de tuer. Un autre arriva et lui sauta à la gorge s’apprêtant à lui asséner sa lame au visage. Il lui donna un coup de casque, l'étourdissant, suivit d'une attaque qui lacéra le ventre de son ennemi. Celui-ci continua tout de même l'assaut et Dwolin dû parer deux fois avant de pouvoir en finir en fracassant son crâne du revers de sa hache. Il alla supporter un de ses camarades en attaquant son ennemi dans le dos. L'honneur ne comptait pas avec de tels ennemis. Dwolin continua d'avancer, assénant de grands coups de boucliers pour repousser ses ennemis.  Alors qu'il commençait sérieusement à revoir ses chances de survie à la baisse, le capitaine rallia ses troupes :

-A moi Nain ! Regroupez-vous autour de moi et tenez vos positions ! Baruk Khazâd!

Et les nains répondirent en cœur :

-Khazâd ai-mênu!

Ils se rassemblèrent et profitèrent d'un petit répit dans la vague d'assaillant pour se remettre autour du conduit en formation serrée, de sorte qu'aucun gobelins ne passe. Ils n'étaient plus qu’une petite dizaine en enlevant ceux qui étaient passés et les malheureux qui ne passeraient jamais. La tension était remontée car bientôt il ne seraient plus assez pour empêcher les gobelins de rentrer dans le conduit. Aucune nouvelles de ce qui se tramait en bas et leurs efforts ne serviraient à rien si en fin de compte ils se retrouvaient piégés là-bas. Les nains tenaient toujours ferme menés par leur chef. Cependant le surnombre toujours plus important des gobelins rendaient les pertes plus fréquentes chez les valeureux guerriers qui étaient forcés de combattre plusieurs ennemis à la fois.

Soudainement, les gobelins cessèrent l'assaut inexplicablement et se retirèrent dans les sombres tunnels. Le sols était recouvert des cadavres de dizaines de gobelins ainsi que de quelques nains peu chanceux. Ils ne resta bientôt que deux nains en plus du capitaine et de Dwolin à faire passer. Ce dernier, n'ayant aucune envie de rentrer dans le conduit incita les autres à passer en urgence. Alors qu'ils commençaient la traversée, deux créature plus grande que les gobelins s'approchèrent. Elles étaient équipés d'une épée dans chaque mains et portait une armure vulgaire protégeant leur ventre. Ça allait pas être facile. Dwolin réfléchit à l'idée d'un repli, mais force fut de constater que les deux nains venant de partir avaient encore plus de la moitié du parcours à effectuer. Le capitaine chargea en direction du premier et Dwolin attendit que le second vienne à lui. Bien qu'il eut anticipé la charge, il se fit projeter quelques mètres en arrière. Il se releva prêt pour la seconde charge qui ne se fit pas attendre. Le monstre frappait avec une vivacité et une force redoutable, si bien que Dwolin subissait le combat en parant chacun des coups avec son bouclier déjà quelque peu usé. Les rares coups que Dwolin renvoyait ne semblait guère plus efficaces que des piqûres de moustique, et cela découragea le nain.

La fatigue qui avait déjà prit son corps, commençait à se faire sentir dans sa tête et d'ici peu, il ne pourrait plus contrer et allait mourir. Il vit le capitaine Draft également en posture délicate mais, n'y pouvant rien, se concentra sur son ennemi. Ils entendirent un cri, l'un des guerriers avait glissé sur la roche et était tombé dans le conduit de gauche menant à un gouffre mortel . L'autre nain avait cependant réussi à passer.  Après quelques instants de dégoût Draft lança :

-Vas-y, je ferme la marche !

-Mais vous ne pourrez pas les retenir tous les deux.

Draft ne répondit pas, devant faire face à son adversaire.

-Allons-y à deux !

Le capitaine regarda les monstres et acquiesça :

-Soit, en avant !

Ils reculèrent simultanément vers la pente et quand ils eurent atteint le bord ils sautèrent vers les pitons les plus proches. Après s'être accrochés, ils commencèrent la descente avec une grande précaution, car si l'un deux venait à tomber il risquait d'emporter l'autre. Leurs poursuivants semblaient avoir renoncé pour le moment.  Après quelques minutes, Dwolin parvint au milieu du passage suivit de près par le capitaine. Il commençait à discerner le conduit de droite sans pour autant comprendre ce qu'il s'y passait. Soudainement, Dwolin glissa et se rattrapa de justesse à un piton de sa main droite mais il était trop chargé pour remonter de son propre fait. Le capitaine s’apprêta à lui prêter main-forte mais à ce moment, une créature se décida à les poursuivre dans la pente. Ils n'avaient pas de temps à perdre, mieux valait ne pas l'affronter dans cette situation. Le capitaine tira Dwolin:

-Tiens bon !

Ils se remirent en route vers le boyau et l’atteignirent rapidement. Avant qu'ils puissent découvrir ce qu'y s'y tramait, ils virent la créature foncer dans leur direction. Ils firent face tandis qu'elle bondit sur eux. A ce moment, le capitaine lança sa hache de jet dans la tête de la créature si violemment qu'elle mourut sur le coup. Cependant sa course en l'air se termina juste au-dessus de l'entrée du conduit qui s'effondra . Les deux nains eurent juste le temps d'esquiver les rochers avant de voir le passage enseveli. Au moins, personne ne viendrait plus de par-ici...


Dernière édition par Dwolin le Mer 17 Juin 2015 - 13:11, édité 1 fois
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyDim 29 Mar 2015 - 0:23
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- Sur ta droite !

La voix, venue de nulle part, força Errin à tourner la tête. Il dressa son bouclier une fraction de seconde avant que la lame lancée à toute vitesse n'atterrît à la base de son cou. Sous la puissance de l'impact, il recula légèrement, avant de revenir à la charge. Repoussant son adversaire, il balança sa hache de bas en haut, et ouvrit en deux le Gobelin qui lui faisait face. L'infâme créature, sectionnée de l'abdomen au sommet du crâne, s'écroula en arrière en vomissant un flot de sang noirâtre. Une bien inutile victoire, compte-tenu du nombre de créatures qui les attaquaient. Errin, comme un certain nombre de ses cousins, était resté en haut. Plutôt, il n'avait pas trouvé le temps de descendre que déjà on fondait sur leurs arrières. Leurs ennemis devaient les observer depuis un moment, furetant et espionnant à distance, car ils avaient lancé leur attaque de façon parfaitement coordonnée. Rien à voir avec une escarmouche aléatoire. Ils avaient débarqué de trois directions différentes, bloquant facilement leur retraite, et les avaient contraints à se retrancher autour du boyau, qui constituait leur seule issue.

Rapidement, les Naugrim avaient été débordés. Les Gobelins, féroces et sauvages, avaient réussi à passer outre leur défense pourtant bien organisée, et certains s'étaient jetés à la poursuite des mineurs sans qu'il fût possible pour les guerriers de les suivre. Il faudrait que leurs compagnons troquassent pioches et pelles contre haches et épées, s'ils voulaient s'en sortir. Bien trop occupés là où ils étaient, les Nains adoptèrent une formation défensive, essayant de former un bloc compact qui leur garantirait de meilleures chances face à un ennemi supérieur en nombre. Ils étaient pourtant des soldats entraînés, pour la plupart vétérans de nombreuses batailles contre les Gobelins, mais pourtant ils savaient très bien que la fuite était leur seule solution. La marée d'ennemis qui fondait sur eux ne laissait pas beaucoup de place au doute, et déjà trop de Nains étaient tombés, réduisant sensiblement leurs chances de survie.

A chaque fois qu'un des leurs s'écroulait, ses compagnons essayaient de faire cercle autour de lui pour protéger son corps, afin qu'il ne fût pas souillé par les assaillants. C'était peine perdue, toutefois, et il apparut rapidement qu'une telle noblesse d'âme n'avait pas sa place ici. Ils seraient contraints de laisser les cadavres de leurs frères derrière eux, et qui pouvait alors dire ce qu'il adviendrait d'eux ? Ils seraient probablement mutilés, découpés et exposés aux quatre coins des sombres repaires de ces immondes créatures. A moins qu'ils ne se décidassent à y planter leurs crocs pourris pour s'en repaître. La barbarie de ces monstres ne connaissait aucune limite. Concentrés sur leur combat, et sur la mise à mort des créatures qui se jetaient sur eux en hululant d'odieux cris de guerre, les Nains essayaient de garder suffisamment de lucidité pour écouter les ordres de leur capitaine, qui les appela à lui pour former un dernier carré. Il apparaissait qu'il n'y aurait bientôt plus grand monde pour défendre le conduit, et qu'il faudrait s'y jeter en espérant échapper aux Gobelins, en espérant ne pas trouver que des cadavres en bas…

Soudain, alors qu'il était en train de taillader deux adversaires qui s'étaient présentés simultanément face à lui, Errin sentit une main lui taper fermement sur l'épaule. Un de ses cousins battait en retraite dans le boyau, et lui faisait signe qu'il était le prochain sur la liste. Le guerrier regarda brièvement autour de lui, pour constater qu'il ne restait plus qu'une demi-douzaine de Naugrim occupés à combattre. Beaucoup étaient passés dans le tunnel, ce qui était une bonne chose, mais Errin ne souhaitait pas rejoindre ses compagnons. Il voulait tuer, et tuer encore, affronter ses ennemis jusqu'à trouver la mort, dût-il faire face à l'entièreté de l'armée gobeline. En dépit du bon sens, il maintint donc sa position, et continua à lutter. Le capitaine Draft, qui avait l'œil acéré, se mit alors à lui hurler de se replier : il était le combattant le plus excentré désormais, et il devait partir pour permettre aux autres d'en faire autant :

- Je reste, Capitaine ! Cria Errin par-dessus le vacarme de sa hache fracassant le genou d'un Gobelin.

- Non ! Dans le tunnel, maintenant !

Le Nain des Collines Noires se rembrunit soudainement, mais paradoxalement il se calma suffisamment pour comprendre quelle sagesse se cachait derrière les paroles du chef de l'expédition. Il y avait fort à parier qu'ils succomberaient jusqu'au dernier s'ils ne trouvaient pas un moyen de bloquer l'entrée. Et si la mort ne leur faisait pas peur, l'échec de leur mission était par contre une chose qui les terrifiait. Ces émeraudes, si elles existaient, étaient sans doute la seule chose qui permettrait à Zulg-ai-Gathol, et plus largement aux Monts du Fer de retrouver un semblant de fierté. Ils n'avaient pas le droit, même pour des motifs très personnels, de faire passer la mission au second plan. Conscient de cela, en dépit de sa furie vengeresse, Errin rompit le combat d'un violent coup de poing au thorax de son adversaire. Une tape sur l'épaule de son voisin, et il s'élança dans le boyau en priant pour ne pas tomber misérablement dans le mauvais conduit.

Quatre minutes de marche… cela pouvait sembler bien peu, quand on avançait en pleine lumière dans un endroit parfaitement sûr. Toutefois, là où se trouvait Errin, chaque minute était une véritable éternité. Ses bottes renforcées de fer glissaient en crissant sur la pierre rendue lisse par l'usure du temps. Il se maintenait désespérément aux pitons rocheux plantés à intervalle régulier, mais il éprouvait un profond malaise à chaque fois qu'il devait s'en éloigner pour attraper le suivant, vingt mètres plus loin. Sans aucune lumière, dans un conduit bien étroit et bien bas de plafond – même pour un Nain –, il se sentait extrêmement mal à l'aise. Pourtant, il avait l'habitude des endroits sombres et clos, mais ici et maintenant, avec l'adrénaline du combat, la perspective d'être rattrapé par des Gobelins fous furieux, et celle de débarquer dans une salle investie par ces sordides créatures, il n'était pas rassuré. Son souffle rauque et irrégulier était la seule chose qui pour l'heure résonnait à ses oreilles, sinon les bruits étouffés d'un combat que l'on menait au loin. Des hurlements et des cris, quelques bruits de la montagne qu'il n'aurait su identifier, tout cela constituait une brume sonore lointaine, qui l'angoissait paradoxalement davantage.

Alors qu'il avançait, Errin entendit soudainement un bruit anormal. Une respiration sifflante, qui n'était pas la sienne, et qui venait de dans son dos. Il se retourna, brandissant sa hache, scrutant l'obscurité à la recherche d'un indice. D'une voix rugueuse, il grogna :

- Qui va là ?

Pour toute réponse, il n'eut le droit qu'à un silence assourdissant. Il essaya de calmer les battements de son cœur, qui tambourinait à ses oreilles, et fit de son mieux pour essayer de discerner un son qui lui aurait indiqué qui pouvait bien se trouver là. Plissant les yeux, pour mieux y voir, il finit par apercevoir quelque chose qui s'approchait. Une silhouette, rien de plus. La seconde d'après, il sentit quelque chose lui heurter violemment la tête. Son casque absorba une grosse partie du choc, mais la tête à l'intérieur n'en demeura pas moins sonnée. Errin trébucha en arrière, et s'écroula de tout son long dans un vacarme d'acier. Un hululement gobelin se fit entendre dans le couloir, alors que la silhouette se mettait à bouger. Le Nain, emporté par son propre poids, se mit à glisser le long de la pente qui se raidissait de plus en plus. Le crissement métallique qu'il produisait était insupportable, et il couvrait à n'en pas douter son cri de rage ininterrompu. En effet, il était absolument incapable de se raccrocher à quoi que ce fût. Et toujours derrière lui, la créature qui le pourchassait. Elle s'était mise à courir pour le rattraper, croyant qu'il s'enfuyait pour échapper à sa lame acérée. En vérité, le Nain glissait sur le dos, impuissant, son destin livré aux mains du hasard, incapable de faire autre chose que de regarder la sombre créature qui se rapprochait peu à peu. Il voyait de mieux en mieux sa silhouette courtaude et malingre, ses membres longs et frêles. Il discernait même – à moins que ce ne fût son imagination – le sourire mesquin et les yeux globuleux du Gobelin. Celui-ci gagnait du terrain, et s'apprêtait à plonger pour arrêter le Nain qui filait toujours plus vite.

Et puis, soudainement, il bondit. Errin le devina plus qu'il ne le vit, mais il eut tout de même le réflexe de propulser son pied pour arrêter net la créature. Cueillie au niveau de ce qui lui servait de nez, la parodie d'être vivant s'écrasa sur le côté, roulant à cause de la pente et de la vitesse accumulée. Le Nain s'apprêtait à lui asséner un coup de hache quand soudainement, ils furent séparés par une paroi rocheuse qui s'interposa entre eux comme un bouclier rocheux impénétrable, et interminable. Il fallut un moment au Nain pour comprendre qu'il venait d'arriver à l'embranchement dont avaient parlé les mineurs, et qu'il n'était pas rentré dans le même boyau que la bête qui le pourchassait. Avant même d'avoir eu le temps de se demander dans quel conduit il était passé, s'il allait ou non s'écraser comme une petite boule de chair au pied d'un grand précipice, il fut propulsé comme un rocher sorti d'un catapulte dans une grande salle pleine de Naugrim. Sa course folle fut arrêtée par trois Nains qui s'écroulèrent sous son poids, tandis que les autres l'entouraient en brandissant leurs armes :

- C'est moi ! C'est moi !

- Baissez vos armes, c'est mon neveu !

Varrin, le charismatique chef du clan Sharh-Narag, se fraya un passage jusqu'au membre de sa famille toujours étendu par terre, visiblement désorienté. Son épée superbe était couverte de sang, preuve que les Gobelins avaient réussi à s'infiltrer jusque dans la salle où ils se trouvaient. Mais puisqu'ils étaient rassemblés autour de lui, c'était qu'ils devaient les avoir tous tués, songea Errin. Il tenta de se relever, et fut en cela bien aidé par ses cousins. Les autres Nains le dévisagèrent, et lui demandèrent sans ambages :

- Alors, que se passe-t-il en haut ? Où est le capitaine ?

Encore un peu sonné, Errin mit un moment à retrouver ses esprits. Il lui paraissait que ce combat livré en haut du boyau s'était déroulé des années auparavant, et il lui fallait reconstituer les pièces dans sa tête. Il finit par répondre d'une voix pâteuse :

- Vivant… La dernière fois que je l'ai vu, il était vivant… Avec quelques gars, qui continuaient à se battre. Ils devraient arriver progressivement. Je crois. J'espère.

Il cligna des yeux, puis regarda autour de lui. Des guerriers, ses cousins, son oncle, des mineurs. Il fut comme frappé par la foudre, et d'une voix presque agressive il lança soudainement :

- Combien ? Combien sommes-nous à être passés ?

Son inquiétude était perceptible, et en dépit de son emportement, personne ne parût lui en vouloir. Tous comprenaient qu'après avoir lutté férocement en haut contre des adversaires bien plus nombreux, il avait besoin de savoir. Savoir combien s'en étaient sortis, savoir s'ils avaient encore une chance de réussir leur mission, ou s'ils étaient condamnés à une mort certaine… Autour de lui, tous ses cousins s'étaient rassemblés, et pas un ne manquait à l'appel. Ils étaient des durs à cuire, de très bons guerriers, solides et expérimentés. Quelques Gobelins ne leur faisaient pas peur. Mais d'autres étaient tombés, en haut, face à ces êtres malsains. Errin n'avait pas pu compter, mais il avait soudainement besoin de savoir. Besoin de savoir s'il avait fui pour protéger ceux qui restaient et qui avaient besoin de son aide, ou s'il avait abandonné la lutte contre les Gobelins pour rien… S'il avait fui pour sa mission ou pour sauver lâchement sa vie...


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Mardil
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyLun 30 Mar 2015 - 6:47
HRP L'avantage du TGV c'est que ça laisse le temps d'écrire^^ HRP

Dans les profondeurs de la montagne Dagar_10

A mesure que leurs frères nains les rejoignaient, Dagar reprenait peu à peu espoir. Les guerriers présents dans la salle du dessous s’étaient regroupés en deux endroits : la plupart protégeait l’accès au petit boyau par lequel les gobelins remontaient. Ces derniers n’arrivaient que deux par deux et il leur était facile d’en venir à bout sans se mettre beaucoup en danger. Les autres nains venaient en aide à ceux qui sortaient du conduit en pente raide. De temps à autre un gobelin s’y étant engouffré à l’étage du dessus était récompensé d’une prompte mort à son arrivée en bas.

Tous les guerriers, tout du moins ceux qui avaient survécu à l’attaque au dessus, étaient arrivés lorsqu’il entendirent un grondement au dessus d’eux. C’est sur ces entrefaites que le capitaine Draft ainsi que le déserteur chutèrent plus qu’ils n’arrivèrent dans la salle, accompagnés d’un épais nuage de poussière. Un éboulement s’était produit derrière eux et le conduit semblait bouché. Cependant un seul coup d’œil suffit à Dagar pour voir que l’ensemble était instable. En attendant, les gobelins ne pouvaient plus les attaquer depuis la salle du haut et ils étaient en mesure de contenir facilement ceux qui venaient du bas.

Aussitôt, tout un chacun se mit à compter ceux des leurs qui étaient présents. Trois des leurs avaient péri dans l’attaque, ce qui, tout bien considéré, était relativement peu étant donné le nombre de leurs adversaires. Néanmoins cela était toujours trois de trop. Ceux d’entre eux qui possédaient quelques connaissances médicales se chargèrent d’aider les blessés. Si la menace des gobelins était pour l’heure sous contrôle, il faudrait que certains des leurs restent ici à les contenir pendant que les autres continueraient d’avancer plus profond sous la montagne en direction des émeraudes tant convoitées.

C’était tout du moins le plan qui paraissait le plus logique. Mais les choses ne se passèrent pas ainsi. Un terrible grondement se fit entendre à l’étage du dessus. Ceux d’entre eux qui avaient déjà eu affaire à ces créatures sentirent leur sang se glacer dans leurs veines. Il n’y avait qu’un seul animal qui puisse pousser un tel hurlement. Indubitablement les gobelins avaient un troll des cavernes avec eux. Un terrible fracas secoua alors le conduit et les premières pierres roulèrent jusqu’à eux. Ce n’était qu’une question de minutes avant que le, ou les, trolls ne rouvrent le passage pour l’heure encombré. Le capitaine Draft réagit avec la vitesse qui le caractérisait.

- Il nous faut avancer au plus vite. Je resterai à l’arrière avec ceux qui le veulent afin de contenir les gobelins qui arrivent par le conduit du bas. Si nous tardons trop les gobelins nous attaquerons sur deux fronts. Il nous faut quitter cette salle au plus vite. Maître Tokhan, continuez à nous mener.

Dagar hocha la tête et se mit à expliquer la marche à suivre à ses compatriotes.

- Le filon d’émeraudes se trouve juste à la fin de ce conduit. Comme vous pouvez le constater il est trop étroit pour y entrer à deux de front. La pente n’est pas très raide cependant et nous pouvons y aller directement les uns derrière les autres. Nous déboucherons sur une grande salle.

A peine eut-il fini ses explications, qu’un nouveau fracas retentit et que les pierres s’amoncelèrent de plus belle dans la caverne qu’ils occupaient. Presque aussitôt les gobelins investirent en masse la salle. Ils ne semblaient pas particulièrement embêtés par la forte pente du conduit et ils avaient bien compris qu’il leur fallait emprunter le conduit de droite. Les guerriers se reportèrent aussitôt vers cette nouvelle menace.

Dagar ne perdît pas de temps et s’élança dans le boyau. Donrim Zundrad était sur ses talons, semblant n’avoir aucune envie de rester en arrière. Ils avançaient le plus vite possible mais ils étaient légèrement courbés du fait de la faible hauteur du boyau. De plus certains endroits se rétrécissaient tellement qu’il n’était pas évident de les franchir. Le bruit du combat acharné qui se livrait derrière eux les poussait pourtant à ne surtout pas ralentir la cadence.

Enfin, après une dizaine de minutes de cette progression, Dagar déboucha dans la salle. Ses compagnons et lui n’avaient pas poussés leur exploration plus loin puisque sur le mur d’en face, les émeraudes étincelaient en réponse à la lumière de la torche qu’il portait avec lui. La salle était de vaste dimension et le travail d’extraction serait assez aisé. Une seule autre issue en partait mais, si elle était beaucoup plus large que celle dont ils venaient de déboucher, elle continuait à s’enfoncer dans la montagne.

Dagar se demandait comment les choses se passaient dans le boyau. Le dernier nain aurait la difficile tâche d’avancer à reculons afin de combatte les gobelins à ses trousses. Cependant le mineur ne saurait jamais à qui ce rôle avait échu. Alors que ses frères continuaient à déboucher régulièrement dans la salle aux émeraudes, ils entendirent un cri terrible suivi d’un fracas inimaginable. Le boyau, instable, était en train de s’effondrer sur lui-même en partant de la salle du haut.

Les nains encore bloqués dedans s’élancèrent alors dans une course folle. Course qui s’acheva dans un bruit terrible qui ne pouvait signifier qu’une chose : le boyau qu’ils venaient d’utiliser était désormais totalement bouché. La poussière retombait peu à peu dans la salle et chacun essayait d’y voir un peu clair. Les frères Zundrad se tenaient à côté l’un de l’autre, le cadet essayant de calmer la quinte de toux qui secouait son ainé.
Tous semblaient quelque peu hébétés, tentant encore de comprendre ce qui avait pu se passer. Dagar tourna son regard vers le boyau enseveli. Le capitaine Draft se tenait à la sortie dudit boyau. Ou plutôt uniquement la partie haute de son corps. Les pierres avaient déchiqueté toute la partie en dessous de son thorax en une bouillie innommable, heureusement cachée en grande partie sous les rochers qui lui avaient couté la vie.

Cependant, peu importe ce qui s’était passé là-haut, il n’avait pas été le dernier à s’aventurer dans le boyau. Un rapide coup d’œil en convainquit Dagar rapidement. Sur toute la troupe de nains qui étaient partis à l’aventure, seule une vingtaine se trouvait à ses côtés. Le seul autre marchand à l’exception des Zundrad n’était pas parmi les survivants et seul un autre mineur avait survécu en plus de lui-même. Cela signifiait que le tiers des guerriers se trouvaient sous cet amoncellement de roches.

Ils étaient désormais réduits de moitié, sans chef pour les guider, certains étaient blessés. Qui plus est, il leur avait fallu presque dix minutes pour atteindre cette salle par ce boyau. Il était totalement impossible de déblayer ce dernier. Il leur faudrait des semaines de travail pour cela et ils n’auraient plus de provisions bien avant ça. Il leur fallait se rendre à l’évidence. Ils étaient bloqués sous terre et leur seule chance de survie désormais était de continuer à avancer plus avant. S’ils voulaient survivre, il leur fallait s’enfoncer davantage dans les profondeurs de la montagne, sans aucune garantie de jamais pouvoir remonter à la surface.



HRP En anglais un "draft" c'est un brouillon, un premier jet^^HRP
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Dwolin
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyJeu 9 Avr 2015 - 18:47
Dwolin courrait. Les rochers s'effondraient derrière lui. A ses côtés, des nains criaient, tombaient, mourraient. Le souffle court, il donna tout ce qu'il avait : l'énergie du désespoir. Il tourna à gauche une fois puis à droite en suivant le boyau. Les roches se rapprochaient de plus en plus et la vision de Dwolin se brouillait. Puis, enfin, il vit la sortie au détour d'un virage, plus qu’une dizaine de mètres et ils y seraient. Enfin presque, tous les nains qui avaient été derrière lui étaient morts et seul le capitaine Draft le suivait de près. Plus que cinq mètres et ils en étaient sortis. Trop tard, les pierres allaient les engloutir dans la seconde. Alors que Dwolin s'attendait à être enseveli ici, à trois mètres de l'issue. Le capitaine Darft le poussa en avant de toute ses forces en se jetant vers la lumière. Dwolin, quelque peu étourdi, roula après être retombé et évita de justesse l'effondrement. Cependant le capitaine n'avait pas eut cette chance et avait été réduit écrasé par des rochers et laissait un triste spectacle à observer.

Dwolin, après quelques instants, essaya de se relever en vain. En plus d’égratignures de toutes sortes, une douleur atroce lui lacérait la cheville droite. Il se déplaça comme il put sur le côté alors que tout le monde comptait les disparus.  Ils observa les survivants et en effet ils n'étaient plus beaucoup. Au moins un tiers des guerriers avaient péri lors de l'assaut des gobelins suivit de l'éboulement causé par le troll. Les regards étaient perdus, le courage commençait à faire défaut. Il faudrait extraire les émeraudes et les ramener par un chemin inconnu à Zulg-ai-Gathol et tout cela perdus et sans chef. Mission quasi-impossible. Dwolin retira douloureusement quelques pièces d'armure afin d'observer sa cheville. 

Il découvrit son membre gonflé, recouvert d'un mélange de sang, de terre et incrusté de caillou. Il déposa son sac à ses côtés et l'ouvrit. Il en sortit un morceau de tissu qu'il aspergea d'un peu d'eau. Ceci fait, il nettoya sa cheville avec et observa. En plus des multiples plaies qui saignaient, sa cheville avait doublé de volume. Il la bougea un peu malgré la douleur. Au moins, elle n'était pas cassée. Ce qui le préoccupait le plus restait la plaie béante qu'il fallait absolument désinfecter sous peine de fièvre. Il sortit de son sac la petite dose d'alcool qu'il avait emporté, tant pis pour la charge finale, et la versa de l'autre côté du tissu avant de frotter la plaie avec. 
Il se mordit si fort la main pour ne pas crier qu'elle menaçait de s'ouvrir à son tour. La douleur était insupportable mais Dwolin tint bon. C'était ça ou la mort. Personne ne voudrait s'encombrer d'un fiévreux surtout s'il était déserteur. 

Une fois l'opération terminé il réexamina la plaie et commença à retirer les cailloux un à un. Certes, c'était douloureux mais après ce qu'il venait de subir c'était peu. Après avoir nettoyé une dernière fois il jeta le tissu et en prit un autre afin de l’enrouler autour de la blessure. Il commença alors à se masser et en profita pour regarder autour de lui.

Certains nains s'occupaient de leurs blessures ou de celles des autres, certains cherchaient désespérément un ami, un frère maintenant perdu. D'autres fixaient le vide après s'être rendu à l'évidence. De ce côté, Dwolin n'avait pas perdu grand chose car sa famille, il l'avait perdu il y a bien longtemps et ses amis se trouvaient dans d'autres montagnes en train de festoyer autour d'un bon feu. Cette vision redonna un peu de courage au nain. Après tout, s'il était ici c'était bien pour les revoir un jour en Moria. Et cela dépendait du sort des nains des montagnes grises. Seul Daggar semblait être actif, il allait de groupe en groupe et discutait avec les nains. Dwolin se leva comme il put en s'appuyant sur sa hache. Il esquissa une grimace lors des premiers pas et essaya de quérir des nouvelles. 

Malgré les réticences montrées, il réussi à être éclairé sur la situation. Sans chef, les nains étaient divisés quant à la marche à suivre. Le conduit d'où ils venaient était décidément impossible à déblayer et la destination du conduit partant de cette salle était inconnue. Certains préconisaient d'envoyer des éclaireurs dans ce dernier afin d'évaluer sa direction et sa praticabilitée mais d'autres trouvaient risqué de se diviser alors qu'ils étaient peu nombreux et que les gobelins rôdaient. Enfin, un dernier groupes voulaient diviser les émeraudes en plusieurs groupes afin d'avoir plus de chances qu'au moins un rentre à la cité.  Les émeraudes ! Dwolin les avait presque oublié et il se précipita dans le fond de la salle. Là il vit le filon qui resplendissait à la lumière des torches et en fut ému.

Les mineurs restant avaient déjà commencé leur ouvrage et effectuaient quelques opérations préliminaires nécessaires à l'extraction des émeraudes. En effet, ce n'était pas comme avec le fer où l'extraction pouvait être grossière et où l'on pouvait se permettre quelques pertes. Ici, chaque poussière perdue pouvait réduire l'espérance de vie de la cité. Ainsi, bien que la situation était favorable, chaque geste devait être le plus précis possible et prenait un certains temps. 

Dwolin, qui avait été mineur dans sa jeunesse et avait amené sa pioche se proposa de les aider. Ils acceptèrent volontiers et il commença à extraire les joyaux. Des nains s'agitèrent dans leurs dos et le montraient du doigt. Dwolin n'y fit pas attention jusqu'à ce qu'un des nains vienne et lui dise d'un air méprisant :

-Hum ! Maître déserteur, nous vous sommes reconnaissant de nous aider dans notre quête en tant que soldat mais voyez-vous... Ces émeraudes appartiennent aux nains des montagnes grises et croyez bien que nous sommes désolés mais nous préférerions qu'un nain étrangé tel que vous ne touche pas à notre seule chance de survie... N'y voyez pas un manque de confiance, mais pourriez-vous arrêter de récolter ces pierres et laisser les mineurs faire leur travail ?

Bien sûr, toute réponse était inutile mais c'était un scandale ! Il risquait sa vie au même titre que les autres dans cette entreprise et alors qu'il voulait faire avancer les choses, on l'en empêchait. Dwolin s'écarta donc sous le regard soulagé de certains nains et s'assit sur une pierre.

Il détestait attendre, alors quand on décida d'envoyer un éclaireur dans le conduit il fut volontaire malgré sa blessure. Il partit donc seul, les autres nains ne désirant pas être exposés trop longtemps à sa compagnie. Il marcha quelques minutes avant de ne plus apercevoir la grande salle. Ce conduit semblait praticable mais cependant, descendait plus bas dans les profondeurs. Dwolin pensait revenir sur ses pas quand il entendit du bruit plus loin dans le noir. Il avança prudemment et après avoir tourné une fois, aperçu de la lumière rentrant dans le conduit par une petite faille en hauteur. Ce n'était pas celle du jour, mais plutôt le reflet d'une torche. Le nain s'avança et regarda par la fente. 

Il se retint de crier et continua d'observer. Juste à côté de ce conduit se trouvait une salle plus large occupée par des gobelins en nombre, mais surtout dans le fond, des nains étaient emprisonnés. Ce n'étaient pas des nains de l'expédition, il ne les reconnaissait pas. Ils paraissaient d'ailleurs bien miteux et affamés et devaient être là depuis plus longtemps. Ils étaient une dizaine dans une sorte de cage en bois surveillée par de nombreux ennemis. Juste à côté, deux gobelins plus grands et mieux armés observaient des schémas grossiers qui ressemblaient à une ville. C'est là que Dwolin compris. Ils planifiaient l'assaut de la cité !

Il retourna sur ses pas et se dépêcha. Il ne savait pas vraiment quoi faire de cette information mais mieux valait prévenir ses comparses. C'est à ce moment, alors qu'il s'approchait de la grande salle, qu'il trébucha rudement sur le sol, se fracassa le crâne contre le sol et perdit connaissance.

Il vit un homme bizarre dans des plaines stériles distribuer des pièces étranges... Vraiment n'importe quoi ! Puis il sentit qu'on le secouait. Il ouvrit les yeux et vit un nain l'air grave lui dire des choses qu'il ne comprenait pas. Puis il reperdit connaissance.Il espérait juste qu'on allait pas l'abandonner là.

[HRP : Corrections faites]


Dernière édition par Dwolin le Jeu 6 Aoû 2015 - 14:43, édité 2 fois
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Ryad Assad
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyJeu 23 Avr 2015 - 15:28
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Les Nains des Collines Noires s'en étaient tous sortis. Errin n'en revenait pas. Il regardait autour de lui, et voyait de toutes parts des hommes blessés, éreintés, le visage sombre. Beaucoup de leurs compagnons étaient restés aux mains des Gobelins, tandis que d'autres avaient été avalés par la montagne. Le corps du capitaine Draft, coupé en deux, leur rappelait cruellement le sort de ceux qui n'avaient pas pu courir assez vite. Malheureusement, ils ne pourraient pas offrir de sépulture décente à leurs frères d'armes qui venaient de laisser leur vie, et ils devraient continuer à avancer. La mission l'emportait sur tout le reste, sur toute autre considération. Les hommes qui avaient survécu, toutefois, avaient besoin de repos. Pour l'heure, ils étaient à l'abri, au calme, et tous devaient souffler après avoir chèrement défendu leur peau. Errin s'approcha de ses cousins, qui, assis, pansaient leurs plaies légères. Ils étaient des combattants aguerris, des guerriers expérimentés, et ils avaient réussi à repousser vaillamment les Gobelins, au prix de quelques égratignures. Ce n'étaient pas des tendres, et ils savaient que le pire était encore à venir. Ils devaient prendre le temps de se soigner, afin de pouvoir affronter les prochaines épreuves qu'Aulë leur enverrait. Varrin, qui paraissait être plus en forme que les autres en dépit de son âge avancé, se tourna vers les siens :

- Je suis content que vous vous en soyez tous sortis, mes enfants. Quelle tragédie pour les nôtres…

Un Nain, qui passait par là, s'arrêta en entendant les paroles de Varrin. Il avait le regard noir, et les poings serrés :

- Varrin Sharh-Narag ! Comment oses-tu parler de tragédie ? Tous les tiens s'en sont sortis ! A croire qu'ils ont couru devant tout le monde.

Le vétéran à la longue barbe blanche se tourna vers son compagnon d'infortune, qui paraissait sur le point d'exploser. Il s'avança vers lui d'un pas décidé, alors que derrière Errin et ses cousins se levaient, l'air farouche. L'insulte n'était pas passée, et l'accusation de lâcheté était une des choses qui déplaisait le plus aux guerriers des Collines Noires. Ils n'eurent pas le temps d'intervenir, toutefois, que le poing de Varrin se détendait droit dans la mâchoire qui se trouvait à portée. Le guerrier s'écroula en arrière, la lèvre ouverte, dans un fracas de métal. Néanmoins, c'était son orgueil qui était le plus atteint, et il ne paraissait pas vraiment se soucier du sang qui lui coulait sur le menton. Son regard enflammé trahissait surtout une grande souffrance intérieure. Il se redressa sur les coudes, et grogna :

- J'ai connu des enfants qui frappaient mieux que ça, Varrin !

L'intéressé répondit d'une voix calme, en dépit de la tension qui émanait de tout son être :

- J'ai préféré ne pas te briser la mâchoire, car nous avons besoin de toi pour cette mission. Mais que les choses soient claires, il est hors de question que tu insultes encore notre clan. Nous nous sommes battus comme vous tous, et personne ne peut être accusé de lâcheté. Je ne crois pas que quiconque s'attendait à… ça… quand nous avons fui les gobelins.

Il marqua une pause, et les guerriers proches baissèrent la tête. Beaucoup avaient pris la conversation en route, au moment où le coup de poing était parti. Ils s'étaient levés, ou avaient simplement tourné la tête, craignant que la situation dégénérât en une bagarre que rien ne pourrait arrêter. Les Nains pouvaient être particulièrement bornés, ils le savaient, mais ils ne devaient surtout pas s'énerver pour si peu. Ils devaient conserver leur calme, faire preuve de solidarité et d'entraide s'ils voulaient s'en sortir d'une manière ou d'une autre. Les déchirures internes étaient à éviter à tout prix. Mais Varrin était un homme raisonnable, et il ne cherchait pas querelle inutilement. Il tendit la main à son compagnon d'infortune, en lui disant :

- Nous sommes tous attristés, mais nous devons garder la tête levée. Notre mission passe avant tout. Est-ce que tu comprends ?

Le jeune Nain, vexé et fier, refusa la main tendue par Varrin. Il se releva de lui-même, réajustant sa cuirasse en arborant une mine particulièrement fermée. Il se contenta de hausser les épaules, avant de grommeler quelque chose dans sa barbe que personne ne comprit. Nul n'osa lui demander de préciser. Pour l'heure, ils étaient en paix, et il valait mieux ne pas rajouter d'huile sur le feu. Errin, qui avait suivi toute l'affaire à distance, retira sa main de sa hache. Il aurait eu beaucoup de peine à devoir croiser le fer avec ses frères des Monts du Fer, mais il n'aurait pas hésité un seul instant à défendre l'honneur de sa famille, et la vie des siens. Les Nains étaient bornés, ce n'était pas une légende usurpée. Le jeune guerrier des Collines Noires se tourna vers les autres membres de la compagnie, et les rassura d'un geste. La plupart retournèrent à leurs occupations, qui consistaient essentiellement à soigner leurs blessures, et à chercher un moyen de sortir du traquenard dans lequel ils s'étaient fourrés. Les membres les plus charismatiques du groupe se rassemblèrent pour discuter de la marche à suivre, et on entendit bientôt résonner les échos de conversations houleuses. Les points de vue s'échangeaient vivement, mais sans violence. L'animosité n'était qu'une apparence, une habitude qu'avaient les Nains de crier pour se faire entendre de leurs voisins.

Errin, à l'instar de quelques autres, préféra explorer les environs et essayer de découvrir les secrets de la caverne. Dans les ténèbres les plus profondes, ils parvinrent tout de même à allumer quelques torches qui se mirent à brûler joyeusement. Elles étaient insuffisantes à procurer une belle et chaude lumière, mais c'était déjà mieux que rien. Rapidement, ils découvrirent ce pour quoi ils avaient marché si longtemps, ce pourquoi tant des leurs étaient morts. Leurs yeux s'agrandirent de surprise et d'émerveillement, alors qu'ils sentaient un poids quitter soudainement leurs épaules. Les émeraudes ! Par Aulë qu'elles étaient belles, nichées dans la pierre tout autour d'eux ! Un filon d'une rare densité apparaissait sous leurs yeux ébahis, et il paraissait qu'il y en avait d'autres, beaucoup d'autres. Ces pierres dont ils avaient tant entendu parler leur donnaient du baume au cœur. Ils n'étaient pas venus pour rien, au moins. Errin n'était pas un mineur, mais il estima à vue de nez qu'il faudrait de très longs mois avant d'épuiser le filon, si celui-ci ne se poursuivait pas plus profondément qu'il l'imaginait. Les Monts du Fer pouvaient réellement espérer obtenir une bouffée d'oxygène. Chacun rêvait déjà aux merveilles qui allaient venir : les Nains qui viendraient exploiter la région, les guerriers qui repousseraient vaillamment les gobelins jusque dans leurs sombres repaires. L'or vert qui décorerait toutes les salles de Zulg-ai-Gathol. Enfin, les Monts du Fer reprendraient leurs droits, leur puissance, et s'imposeraient comme une grande nation naine. Oh oui, ils en rêvaient tous.

Mais avant d'en arriver là, ils devaient déjà trouver un moyen de sortir. Mourir auprès de leur trésor à peine découvert était une fin peu enviable, et ils devaient trouver un moyen de contacter leurs supérieurs, pour leur indiquer exactement où se trouvaient les pierres, et comment y arriver. Il faudrait chasser les gobelins qui se trouvaient sur la route, ménager un accès facile pour les mineurs, sécuriser une voie pour rejoindre la grande cité des Monts du Fer, et ensuite… ensuite… Errin s'appuya contre une paroi rocheuse. Il y avait tant à faire, et si peu d'espoir en définitive. Certes, ils avaient trouvé les pierres, mais c'était une bien piètre consolation, en comparaison de tous les dangers qu'ils avaient encore à affronter. Les mineurs arrivèrent bientôt, dissimulant leur profonde surprise derrière un empressement méthodique à extraire les précieuses pierres. Il leur faudrait un moment pour remplir les besaces, car ils paraissaient mettre un soin tout particulier à ne pas endommager les émeraudes, qu'ils traitaient avec une révérence toute particulière. Pour ces travailleurs acharnés qui toutes leur vie avaient eus entre leurs doigts agiles quelques grammes d'or, quelques grammes d'argent, se retrouver au milieu d'une telle richesse était prodigieux. Pour la plupart, ils semblaient ne pas en revenir, et ils avaient conscience du poids de la mission qui pesait sur leurs épaules…

Errin s'éloigna, laissant les professionnels faire leur travail. Il vit le déserteur être poliment écarté des émeraudes, et bien que celui-ci parût être outré par le sort qu'on lui réservait, personne ne souhaitait vraiment qu'il se trouvât dans les parages, si bien que nul ne s'opposa au sort qu'on lui réservait. Pourtant, il s'était battu comme les autres, et il avait tenu son rang avec dignité… Mais les griefs étaient anciens contre les Nains des autres royaumes, et personne n'avait oublié le sort terrible qui avait frappé les Monts du Fer. Le pardon ne viendrait pas tout de suite… il ne viendrait même jamais en ce qui concernait Errin. Le déserteur, désœuvré, prit donc ses armes et décida de se lancer à l'assaut d'un couloir qui partait dans les profondeurs de la montagne, pour voir s'il conduisait à une  sortie. Nombreux furent ceux à ne pas remarquer son départ, même si Errin l'observa faire du coin de l'œil. Il n'y prêta guère attention, se contentant de déployer un matelas où il s'installerait pour la nuit. Après leur dur combat, ils devaient penser à reprendre des forces, et ils ne repartiraient pas de sitôt, pas après avoir découvert le trésor qu'ils étaient venus chercher. Les minutes s'égrenèrent peu à peu, rythmées par les coups de pioche des mineurs, méticuleux et précis, pour réussir à extraire l'or vert de sa gangue de pierre. C'était un son pour le moins apaisant, qui était repris agréablement en écho par les parois de la petite caverne où ils se trouvaient. Ce son suffisait presque à leur faire oublier la perte de tant des leurs…

- Où est le déserteur ? Demanda une voix.

Errin s'agita. Il s'était presque assoupi, et cette question l'avait tirée de son demi-sommeil. Il se releva rapidement, prêt à combattre, avant de comprendre qu'il n'était pas besoin de tirer l'épée contre un éventuel ennemi. Varrin apparut bientôt, au milieu des Nains, les observant chacun à leur tour en tournant sur lui-même.

- Où est le déserteur ? Répéta-t-il.

- Parti, sans doute ! Répondit un des Naugrim. Ce lâche a dû fuir dans un conduit. J'espère qu'il ne donnera pas notre position aux Gobelins.

Errin leva la main, et s'avança au milieu des guerriers qui paraissaient quelque peu inquiets :

- Non, il est allé en éclaireur, dans ce conduit.

- Et personne ne l'a accompagné ? Rugit Varrin. Un Nain, seul, en plein territoire gobelin ! Vous voulez sa mort ? Croyez-vous que nous ayons assez de bras pour nous permettre d'en sacrifier ainsi. Même un déserteur, même un étranger peut nous être utile. Errin, tu sais où il est parti : trouve-le.

De toute évidence, cette tâche n'était pas pour plaire au jeune guerrier, qui se renfrogna. Aider un étranger… Quelle idée saugrenue ! Ce misérable était un de ceux qui les avaient abandonnés, et il pouvait tout aussi bien mourir dans ces tunnels. Si la mission n'avait pas été de prime importance, et si l'ordre n'était pas venu de son chef en personne, Errin ne se serait jamais porté volontaire pour aller prêter main-forte à ce déserteur. Toutefois, il n'était pas particulièrement cruel, et il savait quels dangers il y avait à laisser un des leurs entre des mains ennemies. Même s'il lui déplaisait de l'admettre, il haïssait encore plus les gobelins que les Nains de la Moria ou d'Erebor… Non sans montrer son déplaisir à obéir, il attrapa sa hache qui n'était jamais loin, vissa son casque sur sa tête, et se mit en route. Deux de ses cousins, sans en avoir reçu l'ordre, lui emboîtèrent le pas. Ils étaient de féroces combattants, et s'ils tombaient sur des gobelins, ils sauraient les tenir en respect dans ces étroits boyaux. Trottant pour rattraper l'éclaireur qui avait dû progresser avec une relative lenteur, ils réussirent à retrouver sa trace grâce à de minuscules indices que seuls les Nains pouvaient détecter.

Tout comme les rôdeurs et les longues-oreilles pouvaient pister des gens dans les forêts, les Nains étaient capables de traquer des individus passant dans des conduits anciens. Les pierres s'effritaient, et tombaient parfois en poussière : une poussière que les pas soulevaient, y laissant de minuscules empreintes. De même, au détour d'un couloir à hauteur d'épaule ou de coude, on pouvait parfois voir des éraflures sur les murs, là où un conduit trop étroit avait retenu un coin d'armure. Des traces si infimes qu'elles auraient échappé à quiconque n'avait pas passé sa vie à arpenter ces couloirs, mais qui permettaient aux guerriers Nains de repérer les endroits dangereux dans les sombres corridors infestés de Gobelins. Ils réussirent donc à emprunter les mêmes embranchements que le déserteur, qu'ils finirent par retrouver étendu par terre, inconscient.

- Restez sur vos gardes, souffla Errin à ses cousins.

Le premier se dépêcha de se placer en avant du corps, observant devant lui à la recherche d'un mouvement dans l'obscurité. Le second fit de même dans l'autre direction. Pendant ce temps, Errin s'approchait du déserteur, qui paraissait complètement sonné. Il avait dû recevoir un truc sur la tête, ou faire une très mauvaise chute, car il saignait en dépit de son casque. Son crâne avait dû être sévèrement atteint, mais il s'en remettrait rapidement. Sans ménagement, le Nain lui donna quelques claques pour le réveiller, et vit qu'il revenait un peu à lui :

- Oh ! Tu m'entends ? Qu'est-ce qui t'est arrivé, par Aulë ?

Le type complètement dans les vapes semblait ailleurs, comme après une très grosse cuite. Il essaya de dire quelque chose, mais sa bouche était pâteuse, et il sombra dans l'inconscience totale avant d'avoir réussi à formuler une phrase cohérente. Errin se retint de le frapper à nouveau. Ca n'aurait servi à rien, même si ça l'aurait bien soulagé de pouvoir se défouler un peu sur cet étranger qui leur donnait tant de mal. Ils n'avaient rien à attendre de plus de lui pour l'instant, mais surtout ils ne devaient pas traîner. Ces couloirs n'étaient pas sûrs, et ils ne savaient pas où ils menaient. Pour l'heure, ils devaient rester ensembles, et surtout ne pas s'égarer à penser à autre chose. Récupérer les émeraudes, et les ramener à Zulg-ai-Gathol… telle était leur mission.

- Errin ! Demanda Frerin, un de ses cousins dont le nez était cassé. Doit-on poursuivre l'exploration ? Il pourrait avoir découvert une sortie.

Le guerrier fit « non » de la tête. Sa décision était prise, et il préférait ne pas traîner en route. Toutefois, l'autre Nain, Nargin dont le visage était couturé de cicatrices, s'approcha et mit une main sur l'épaule d'Errin :

- J'irai.

Il ne parlait jamais beaucoup, mais il était difficile d'aller contre son opinion. Errin inspira profondément, avant d'opiner du chef. L'idée ne lui plaisait pas, mais il faisait confiance à son cousin qui était un homme discret et rapide. Il ne se ferait pas repérer, et il reviendrait rapidement. Pendant qu'il partait dans le boyau sombre, serrant fermement sa hache, Errin et Frerin soulevèrent le jeune guerrier inconscient et l'emmenèrent au camp. Il pesait son poids, et ils durent faire deux pauses sur le chemin pour souffler un peu. Ils finirent toutefois par arriver, accueillis par les lames de leurs compagnons, qui les baissèrent rapidement en les reconnaissant. On se massa autour d'eux, et ceux qui s'étaient peu à peu imposés à la tête du groupe vinrent les encadrer pour leur demander ce qu'ils avaient vu. Errin nota mentalement que Varrin ne faisait pas partie de ceux-là, et que son chef n'avait pas voulu reprendre la tête du groupe. Il répondit en essayant d'être aussi clair que possible :

- Rien, il était inconscient quand on l'a trouvé. Il n'a rien dit. Nargin est parti voir plus avant pour essayer de savoir ce qu'il avait déniché. Il ne devrait pas tarder.

Et en effet, il ne tarda pas. Il avait dû trotter pour revenir, prenant soin de ne pas tomber comme le déserteur qu'ils avaient trouvé en route. Ses pas lourds et métalliques résonnèrent dans le couloir bien avant qu'il ne fût visible, et les Nains le laissèrent arriver et reprendre quelque peu son souffle. Il était de toute évidence un peu inquiet, ce qui ne lui ressemblait pas. Encore une fois, on lui posa mille questions, qu'il fit taire en levant les mains pour se faire entendre :

- Des Gobelins. Beaucoup de Gobelins. Le déserteur pourra en dire plus. Je n'ai rien vu de précis.

Les regards se tournèrent vers les chefs de l'expédition, qui paraissaient réfléchir à la suite des opérations. Ils manquaient cruellement d'informations, mais il leur fallait tout de même penser à la suite. Devaient-ils se déployer pour chercher une sortie, ou faire profil bas pour essayer d'extraire des émeraudes, et ensuite essayer de s'enfuir ? Aucune solution n'était meilleure que les autres, et le danger pouvait venir de partout. Restait à savoir quand il allait s'abattre à nouveau sur leurs épaules...


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Dans les profondeurs de la montagne EmptyVen 15 Mai 2015 - 16:23
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Dagar n’était pas convaincu que les émeraudes étaient leur priorité numéro un. Cependant il était nécessaire de prendre un peu de repos et cette salle était sure à la différence du reste de la montagne qui leur était totalement inconnu. Alors, puisqu’il se savait incapable de dormir pour l’heure et n’était pas désireux de s’impliquer dans les conflits de ses compatriotes, il décida de commencer l’extraction des pierres précieuses.

Néanmoins, ils n’étaient plus que deux mineurs et le travail prendrait un temps considérable. Plusieurs soldats ainsi que les frères Zundrad décidèrent alors de leur venir en aide afin de hâter le mouvement. Dagar vît Rengrim secouer la tête avec désapprobation lorsque la première insulte fût lancée. Ce n’était pas le moment de provoquer des conflits internes alors qu’ils devaient être plus solidaires que jamais. Heureusement Varrin fût plus intelligent que le jeune nain qui l’avait provoqué et l’incident en resta là.

Ce n’est qu’après quelques minutes qu’un autre nain s’approcha du déserteur pour lui demander de ne pas s’approcher des émeraudes. Ce dernier sembla outré qu’on puisse l’accuser d’avoir de mauvaises intentions et Dagar fût à deux doigts de prendre sa défense. Après tout ils n’étaient pas nombreux et il était nécessaire que chacun se rende utile. Cependant il se rappelait trop bien l’égoïsme et l’avarice de leurs cousins de la Moria. Et, même s’il savait son attitude irrationnelle et qu’il ne devait pas faire de telles généralisations, il ne fît finalement rien pour s’opposer au traitement du déserteur. Ce ne fût pas le cas de tout le monde car il entendit nettement les mots que prononça Rengrim Zundrad.

- Nous risquons tous notre vie pour notre peuple. Quel droit avons-nous de refuser de l’aide au moment où nous en avons besoin ? Nous sommes les premiers à reprocher à nos cousins de ne pas intervenir mais si c’est ainsi que nous les traitons lorsqu’ils daignent nous venir en aide, il ne faut pas s’étonner que nous nous retrouvions seuls.

Il avait parlé à son frère mais suffisamment fort pour que tout un chacun puisse l’entendre. Certains nains semblèrent vouloir rentrer dans la polémique mais Dagar se désintéressa rapidement de la discussion. Ce n’étaient au final que les mêmes arguments rabâchés inlassablement d’un côté et de l’autre. Ce n’est qu’après un moment où tout le monde parlait du déserteur que quelqu’un se rendit compte que le principal intéressé ne se trouvait plus parmi eux. Errin des collines noires leur dit qu’il s’était porté volontaire pour aller explorer le conduit et il fût décidé qu’il fallait le ramener immédiatement. Les environs étaient peut être trop dangereux pour qu’on autorise qui que ce soit à se déplacer tout seul.

Errin et ses cousins s’élancèrent à leur tour dans le conduit. Dagar se tourna vers Donrim Zundrad qui regardait la scène avec attention.

- Le travail ne va pas se faire tout seul, maître marchand.

- Cet imbécile de déserteur est en train de mettre nos vies en danger. En ce qui me concerne, je tiens plus à mon existence qu’à une poignée de pierres précieuses.

- Reprend le travail mon frère.


Rengrim avait parlé doucement mais avec autorité. Son frère s’apprêta à le contredire mais quelque chose dans le regard de son aîné lui fît comprendre que ce n’était pas le temps de contester. Rengrim s’attaqua à déloger de nouvelles pierres près de l’endroit où travaillait Dagar. Ces dernières étaient brutes et leur éclat était terne mais, étant données leur taille et le grain de la pierre, elles vaudraient une véritable fortune une fois polies convenablement. Le marchand travaillait lentement mais avec soin. Même s’il n’était pas mineur, il avait suffisamment eu l’occasion de vendre ce genre de pierres précieuses pour reconnaître celles qui leur seraient le plus utile.

- Vous pensez réellement ce que vous avez dit au sujet du déserteur ?

- Parfaitement. Regardez-nous. Notre situation est totalement désastreuse. Je récolte ces émeraudes en sachant très bien que nous n’avons que peu de chance qu’elles arrivent un jour à Zulg-ai-Gathol. Que se passera t’il si nous ne trouvons pas une issue rapidement ? Comment réagiront les nôtres lorsque la nourriture viendra à manquer ? Nos réserves d’eau ne dureront pas plus d’un jour ou deux. Mon frère tient peut-être à sa vie mais il semble ne pas se rendre compte qu’actuellement le plus grand danger ne vient peut-être pas des gobelins.


Dagar ne répondît pas mais il médita longtemps sur les paroles du marchand. Il les savait empreintes du sceau de la vérité. Ils ne devaient pas s’attarder ici plus que nécessaire. Il leur fallait prendre quelques heures de repos mais après cela, il faudrait se mettre en route au plus tôt s’ils voulaient avoir une chance de survie. Les gobelins n’étaient pas vraiment leur souci le plus urgent.

C’est alors qu’il pensait à cela que le nain des collines noires revînt leur dire que de nombreux gobelins se trouvaient dans une caverne non loin. Les yeux se tournèrent alors vers le déserteur, afin d’obtenir plus d’informations, mais ce dernier était confus. Le coup qu’il avait reçu sur la tête semblait l’avoir sonné plus que ce qu’il semblait à première vue. Il fût décidé qu’il était temps de se reposer quelques heures avant de repartir mais un tour de garde fût instauré. Il ne fallait surtout pas être repéré par les gobelins maintenant.

Le lendemain (enfin au moment où les nains décidèrent de se lever, qui pouvait dire quelle heure il était dans ces ténèbres ?), le déserteur leur rapporta ce qu’il avait vu. Les débats s’engagèrent aussitôt. Fallait-il venir à la rescousse des nains prisonniers ou faire profil bas afin de ne pas être vu des gobelins ? Ils étaient en infériorité numérique et c’était un combat perdu d’avance. Nombreux furent ceux qui s’indignèrent à la pensée de laisser leurs compatriotes se faire torturer par leurs ennemis. Cependant Donrim Zundrad tînt à leur rappeler une évidence.

- Et que se passera t’il si nous sommes vaincus ? Les émeraudes resteront ici, inutiles, et la cité ne sera pas prévenue de l’attaque des gobelins. La survie de notre peuple ne passe t’elle pas avant celle de quelques individus ?

- Tiendrais-tu le même discours si c’était toi qui étais enfermé dans cette cage ?

- Comment oses-tu m’insulter ainsi ? Aurais-tu oublié qui je suis ? Les Zundrad ont toujours fait passer les Monts du Fer avant toute autre considération.

- Mis à part leur enrichissement personnel.


Rengrim intervînt avant que cela ne dégénère plus que cela ne l’avait déjà fait.

- Mes amis s’il vous plaît, calmez-vous. Ces récriminations ne servent à rien. Nous avons une décision importante à prendre et nous devons le faire en adoptant un point de vue logique et non sous le coup de la colère.

Finalement il fût décidé d’envoyer un petit groupe en éclaireur avant de faire quoi que ce soit. Il leur fallait plus d’informations s’ils voulaient prendre une décision de cette importance. Dagar se porta volontaire ainsi que trois guerriers. Ils avancèrent prudemment, tâchant de ne pas faire de bruit. Le moindre faux pas de leur part informerait les gobelins de leur présence. Mais leurs précautions se révélèrent inutiles.

Lorsqu’ils pénétrèrent dans la salle, il ne restait plus un seul gobelin. Les traces de leurs ennemis étaient partout visibles cependant. A commencer par les cadavres des nains dans les cages. Les gobelins s’étaient débarrassés de leurs prisonniers avant de se mettre en marche. Ils trouvèrent un tunnel, bien trop étroit pour laisser passer un nain, mais ce n’était guère un problème pour les gobelins. L’invasion de la cité avait-elle commencée ?  Les gobelins se réunissaient-ils ailleurs en attendant de lancer l’assaut final ? Ils n’avaient aucun moyen de le savoir mais une chose était sûre : le temps leur était compté. Ils devaient se mettre en route le plus vite possible.

Lorsqu’ils rapportèrent ce qu’ils avaient vu aux autres, personne ne perdît de temps et tout un chacun rassembla ses affaires aussi rapidement que possible. Les émeraudes avaient été réparties entre les membres de l’expédition même si la quantité rapportée était infinitésimale par rapport à ce qu’il restait dans la salle. Lorsqu’ils seraient de retour à la cité, une grande expédition pourrait être lancée afin de déblayer le tunnel et de sécuriser l’accès à cette salle. Enfin s’ils parvenaient à revenir vivants à Zult-ai-Gathol.

Ils partirent donc par la seule issue qui s’offrait à eux et qui descendait en pente douce. Il ne leur fallut pas plus de quinze minutes de marche avant de croiser un premier embranchement. Malheureusement les deux chemins continuaient à s’enfoncer profondément sous la terre. Cependant l’issue de droite semblait charrier un air légèrement plus frais que le conduit de gauche et les nains décidèrent d’emprunter ce chemin là. A première vue, cela semblait être la bonne décision car la pente se fit de moins en moins prononcée jusqu’à ce qu’ils se retrouvent à marcher à plat. S’ils ne remontaient pas encore, au moins, avaient-ils fini de descendre.

Dagar avait essayé de retenir la direction dans laquelle ils avançaient mais le chemin faisait tellement de détour qu’il ne sût bientôt plus s’ils allaient vers le nord ou bien vers l’ouest et même s’ils se rapprochaient ou s’éloignaient de chez eux. Tout à coup il entendit un grand cri venant des nains qui étaient à la tête de la colonne. Le meneur avait failli tomber dans le vide. Le chemin débouchait sur un précipice dont le fond semblait interminable. Les nains soupirèrent à l’unisson, pensant aux heures de marche en sens inverse qu’ils devraient faire pour retourner à l’embranchement. Ils allaient se mettre en route quand Rengrim leur dit d’arrêter. Il regardait, non pas de l’autre côté du précipice mais au-dessus de leurs têtes. Un autre tunnel partait à une trentaine de mètres au-dessus. Un tunnel dont s’échappaient quelques gouttes d’eau.

Il était probable qu’il s’agisse d’eau issue du ruissèlement de la pluie. Ce qui voudrait dire que ce tunnel les rapprocherait de la surface. Il restait un problème majeur. Comment pouvaient-ils l’atteindre ? Dagar avait peut-être la réponse mais cela ne lui plaisait guère. Il se devait néanmoins de faire part de son idée à ses compagnons de route.

- Il me reste suffisamment de pitons dans mon sac pour nous aider à atteindre ce conduit.

Il n’ajouta rien. Chacun avait compris que l’ascension ne serait pas aisée même avec les pitons et qu’une chute serait mortelle. De cela, ils étaient tous conscients mais il y avait plus. Il faudrait bien installer les pitons. L’un d’entre eux allait devoir se dévouer pour escalader la paroi à mains nues afin d’ouvrir le chemin pour les autres. Les têtes se levèrent vers la dite paroi. Les aspérités ne manquaient pas mais l’eau, qui était synonyme d’une possible sortie ou tout du moins qu’ils étaient sur la bonne voie, prenait une signification bien plus dangereuse. La paroi était glissante et l’abîme apparemment sans fond qui s’ouvrait sous leurs pieds ne leur rappelait que trop bien ce qu’il leur en coûterait en cas de chute.

Les nains s échangèrent des regards entre eux. L’un d’entre eux devait se porter volontaire.
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Dwolin
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyVen 22 Mai 2015 - 19:53
L'expédition se réveilla avec fracas. Tout le monde se pressa de boucler son pactole et d'être prêt pour la marche. Certains nains mangèrent un peu ,mais Dwolin préféra s'abstenir. En effet, ses rations n'allaient guère durer et il doutait qu'on veuille bien l’approvisionner au détriment d'un autre nain. Foutue opiniâtreté ! Pensa t-il. Même si l'expédition se terminait bien, il semblait que dans ces montagnes personne ne lui ferait jamais guère confiance. Il fit la queue pour recevoir les émeraudes qu'il devait transporter dans son sac. Lorsque ce fut son tour il vit l'hésitation dans les yeux du nain en face de lui. Celui-ci chercha le regard d'un autre nain, visiblement plus vieux qui hocha la tête. Son sac fut alors rempli mais avec une certaine retenu observa Dwolin. Tant mieux, son sac n'en serait que moins lourd.

Ils commencèrent alors leur marche jusqu'à la salle que Dwolin avait découverte infestée de Gobelins la veille. Cette découverte avait suscité le débat au sein du groupe afin de savoir quelle action était préférable et il s'était avéré que les gobelins avaient quittés la salle entre temps. Ils continuèrent leur chemin en essayant d'enlever de leurs têtes les images des squelettes nains qu'ils venaient de voir. Le conduit semblait descendre sempiternellement dans les profondeurs de la montagne. La cheville de Dwolin lui rappela très rapidement sa blessure de la veille, ou non de l'avant veille, ou... Il avait également perdu la notion du temps et seul son  estomac vide rythmait ses journées quand il avait faim. Boitant à demi, il se retrouva vite en fin de file ce qui n'était pas pour déplaire à certains nains.

Ils arrivèrent à un croisement et prirent le chemin qui, de part son odeur, ne descendait pas plus en profondeur. C'est ainsi qu'au lieu de descendre, ils finirent par marcher à plat après un moment.  L'air se faisait de plus en plus frais si bien que les nains avançaient plus vite, galvanisés par l'espoir d'une sortie. Hélas, un bruit suivis de cris illustrèrent la découverte d'un gouffre infranchissable au bout de la voie. Ce fut alors quelques dizaines de soupir spontané qui se firent entendre dans la compagnie, la marche arrière allait être très pénible.  

Un nain cria plus fort que les autres et désigna quelque chose en hauteur. Dwolin ne vit rien de sa position mais on lui fit part d'un conduit qui partait quelques mètres plus haut et continuait dans cette direction. Il comprit également qu'ils devraient monter et cela juste au dessus du gouffre.
Pas très enthousiaste, dwolin se posa le temps que le matériel soit préparé. Après un moment, toujours rien ne s'était passé et il vit des regards furtifs se tourner vers lui. Il se releva en pleine incompréhension et demanda ce qu'il se passait. Apparemment on avait besoin d'un volontaire pour grimper le premier et poser les pitons pour faciliter l'accès aux autres. Et certains avaient jugé bon de proposer le déserteur comme désigné volontaire. Pourquoi risquer la vie d'un nain des montagnes grises si un traître potentiel était toujours en vie ?

Par chance, certains étaient contre. En réalité, ils avaient plus peur que Dwolin parte sans les aider à franchir l'obstacle. Un autre nain se porta donc volontaire et commença l'ascension à l'aide de ses mains. Les prises ne manquaient pas et il se déplaçait avec aisance, s'arrêtant de temps à autre pour accrocher des pitons. Mais lorsqu'il allait toucher le rebord il glissa sur la roche humide et retomba avec fracas. Par miracle il n'était pas tombé dans le ravin et les nains l'examinaient déjà. Il avait pour le moment perdu connaissance et sa jambe droite était fracturé. Malgré la certitude qu'il allait être un fardeau, trois nains se portèrent volontaire pour s'en occuper en plus de leur charge.

Un autre nain prit le relais et grimpa le long des parois glissantes. Il avait reprit les pitons restant et après s'être servit de ceux en place commença à installer les derniers. Les nains s'étaient tus, attendant en retenant leurs souffles un signe du nain qui continuait, concentré. Quelques instants plus tard, le nain cria :

-J'y suis !


Un profond soulagement empli alors les rangs et on s'organisa alors pour faire passer les nains un par un avec son paquetage. Le grimpeur avait emmené une corde mais elle était hélas trop courte et les nains devaient bien faire la moitié du chemin avant de pouvoir s'assurer un minimum. Ainsi les nains passaient un par un et quand un quart fut passé, ce fut le tour de Dwolin qui s'était avancé, voulant éviter la dernière place. Le début de l'ascension fut assez aisé, la paroi offrait de nombreuses prises et n'était pas encore trop humide. Cependant alors qu'il arriva à la moitié et à la partie plus difficile, aucune corde ne l'y attendait.

-La corde !

Aucune réponse venant du haut, il réessaya :

-Faites descendre la corde !


Il attendit quelques instants, mais les nains qui restaient, en bas lui crièrent :

-Allez monte, ils ont sans doute eu un petit problème avec. Mais les pitons sont placés et personne n'est encore tombé. On a pas le temps d'attendre encore.


Dwolin reprit à contrecœur avec la plus extrême des précautions. Il monta assez pour discerner des voix de nains en haut, un peu comme une dispute ou un débat. Après s'être rapproché il entendit mieux :

-Pourquoi lui envoyer la corde, c'est un traître ! Qu'il se débrouille donc !

-Il ne nous a encore jamais trahis, et cela n'avancerait à rien qu'il tombe !

-Ce serait peut être mieux pour lui. Et pour nous !

-C'est stupide, donne-moi cette corde !


La corde arriva ainsi à point nommé alors que Dwolin était en difficulté. Il la serra autour de sa taille et continua de monter. Il agrippa le dernier piton par la main bougea son pied droit plus haut et s’apprêta à s'élancer pour attraper le palier du tunnel. C'est alors que sa cheville souffrante le lâcha et qu'il glissa sur la pierre le laissant suspendu dans le vide avec comme seul maintien une corde qui menaçait de casser.

-Aide- moi à le hisser, il n'est pas loin !

-Jamais ! Il ne le mérite pas !

-C'est un nain, ton frère tu dois l'aider !


-Il n'est pas mon frère, il vient d'Erebor !


-Mais il est là, à nos côtés et nous aide, la corde ne va pas tenir longtemps !

-Il nous divise, tu vois bien, le mieux serait qu'il ne soit jamais venu !

-Tu voudrais que les émeraudes de son sac tombent aussi ?


S'en suivit un blanc qui dura une éternité pour Dwolin avant qu'il ne sente une force le hisser vers le haut. Soulagé, en deux mouvement il fut à bon port et put souffler un instant. Il remercia les nains qui l'avaient tracté et se mit sur le côté.

-Suivant !


C'est alors que Dwolin se leva et cria :

-Arrêtez tout ! Écoutez moi !

Les nains se stoppèrent mais un brouhaha monta pour demander des explications ou encore pour l'injurier encore une fois .

-Écoutez moi !

Il commença alors d'une voix un peu hésitante puis avec force :

-Est-ce que je ne risque pas ma vie tout comme vous ? Est-ce que j'ai plus à perdre ? Ne sommes nous pas tous des Longue-barbes, cousins par le sang ? Ne sommes nous pas tous des Nains formés dans la même pierre ? Ai-je déjà tenter de vous trahir? N'avons nous pas tout près de nous un ennemi commun au-dessus de nos différents ? Ne l'ai je pas combattu avec vous? N'avons nous pas plus de chances d'arriver ensemble sain et sauf à Zulg-ai-Gathol pour rapporter les émeraudes et sauver la cité ?
Alors arrêtons cela tout de suite. Je ne vous demande pas de m'aimer mais de me respecter et de me faire confiance tout comme je vous fais confiance.


-Mais tu es un traître, il y a bien une bonne raison pour que nous fassions cela.

-Je suis ici pour racheter ma dette envers le peuple nain, n'est-ce pas là une preuve suffisante ?

La fierté du nain avait parlé, il ne pouvait en souffrir d'avantage. Adviendrait, ce qu'il adviendrait mais si cela continuait, Dwolin ne resterait pas très longtemps vivant ici, dans les long et sinueux tunnels des montagnes grises.
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Ryad Assad
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyJeu 28 Mai 2015 - 16:22
Dans les profondeurs de la montagne Homme_15

La présence du déserteur de la Moria au sein de l'expédition était source de problèmes, et personne ne pouvait se mentir à ce sujet. La tension était permanente dans le petit groupe, piégé et réduit de moitié par les circonstances dramatiques de leur progression. Leur frustration, qu'ils ne savaient ou ne pouvaient pas contenir, s'abattait brutalement sur la victime toute désignée de leur courroux : Dwolin. Ecarté, mis à part à chaque instant, il n'en demeurait pas moins décrié dès que quelque chose n'allait pas. Les combattants du groupe parlaient de son manque de courage – alors que tous avaient vu qu'il avait lutté vaillamment, sans reculer – et les mineurs dénonçaient son avidité qui le poussait à glisser des émeraudes dans ses poches – alors qu'encore une fois, tout le monde avait vu le soin qu'il mettait à extraire ces pierres précieuses et à les stocker. Finalement, s'ils n'avaient pas su qu'il était originaire d'un autre royaume, s'ils n'avaient pas eu vent de son passé de déserteur, il serait très certainement passé pour l'un des leurs, il aurait très certainement accompli sa part du travail sans que quiconque y trouvât à redire. Pourtant, la situation était telle qu'il était la cible permanente de la méfiance et de l'amertume des Nains de Zulg-ai-Gathol, qui voyaient en lui l'incarnation de leur propre désespoir. Ce Naugrim venu d'ailleurs, contraint et forcé, n'était qu'une manifestation de leur incapacité à résoudre leur propre problèmes seuls. Ils avaient besoin d'aide, ils ne pouvaient pas le nier, mais ils étaient absolument incapables de mettre leur fierté dans leur poche et d'accepter la main qui leur était tendue, fût-elle celle d'un roi ou d'un déserteur.

Rengrim souleva ce point à haute voix, suffisamment fort pour que dans cet espace exigu, tout le monde pût l'entendre. Les Nains des Collines Noires levèrent la tête, s'attendant presque à voir éclater une bagarre pour de telles paroles qui soufflaient de nouveau sur les braises qu'ils essayaient tant bien que mal de ne pas transformer en brasier. Fort heureusement pour tout le monde, Dagar considéra qu'il était plus sage de ne pas répondre à cette provocation, qui n'aurait fait que diviser encore plus la compagnie. Ils pouvaient ne pas être d'accord sur ce point, et pourtant continuer à avancer sans que cela eût un impact considérable sur la réussite de leur mission. Il leur fallait donc faire abstraction des opinions qui n'étaient pas les leurs, et continuer à travailler dur. Leur survie dépendait davantage de leur capacité à coopérer que de la bonne entente qui pouvait régner dans la compagnie. Tant que chacun accepterait de faire passer les intérêts du groupe avant ses propres convictions, il n'y aurait pas de problème.

Au retour d'Errin et ses compagnons, qui transportaient le corps inanimé du déserteur, on se mit à débattre de la situation concernant les Gobelins. Des ennemis si proches pouvaient représenter une véritable menace mais il paraissait, d'après les explications qu'ils reçurent de Dwolin, que leur objectif était davantage Zulg-ai-Gathol que leur propre personne. C'était paradoxalement un bien, car cela leur donnait encore l'opportunité de passer inaperçu. Toutefois, le débat qui s'engagea fut particulièrement âpre entre ceux, comme Errin, qui considéraient qu'il valait mieux charger les Gobelins immédiatement, et ceux plus réservés, comme Varrin, qui pensaient à l'intérêt de la mission. Les arguments s'échangèrent à voix basse, pour ne pas attirer l'attention d'éventuels ennemis non loin, mais les poings étaient serrés, les mâchoires crispées. Il y avait de la colère chez certains, de la rage chez d'autres qui ne pouvaient pas accepter de laisser leurs ennemis héréditaires maltraiter les leurs, et planifier l'attaque de leur chère cité. Finalement, on se rangea à l'avis d'un Nain qui trouva les mots de la raison en ces termes :

- Les nôtres sauront repousser cette nouvelle attaque, comme nous l'avons toujours fait. Ils n'ont pas besoin de quinze haches supplémentaires, ils ont besoin du trésor que nous avons prêté serment de ramener.

Même les plus belliqueux, Errin en tête, durent se rendre à l'évidence. Attaquer les Gobelins n'aurait aucun effet réel pour empêcher cet assaut. Ils pourraient en tuer quelques uns, réussiraient peut-être à libérer certains de leurs frères prisonniers, mais pourquoi au final ? Pour se retrouver traqués et poursuivis inlassablement dans les galeries sans fin qui s'étendaient sous la montagne ? Ils finiraient à court de vivres, à court d'eau, et se laisseraient mourir d'épuisement en priant presque qu'une lame gobeline vînt abréger leurs souffrances. Ils auraient sacrifié leurs vies pour rien, laisseraient leurs frères démunis, et condamneraient peut-être entièrement Zulg-ai-Gathol à la chute. Pour beaucoup, cette conversation fut une révélation de l'importance de leur mission, qu'ils n'avaient peut-être pas saisie au premier abord. Errin, qui était un combattant dans l'âme, bien davantage qu'un stratège, se rendit compte que lorsqu'il s'était engagé pour partir à l'aventure, il l'avait fait dans le simple espoir de planter sa hache dans le crâne de quelques Gobelins, et de mourir pour une noble cause. Il comprenait peu à peu que sa survie et son précieux chargement passaient bien avant ses désirs de vengeance et de sang. Cette curieuse révélation le plongea dans un silence méditatif que ses cousins respectèrent. Il avait besoin de réfléchir à tout cela, seul.

Pendant qu'Errin se retirait de la conversation, on décida d'envoyer quelques éclaireurs pour récolter davantage d'informations, afin de réconcilier les deux parties. Il fallut de très longues minutes aux guerriers pour faire l'aller-retour, et lorsqu'ils revinrent et contèrent ce qu'ils avaient vu, chacun les écouta en silence, incapable de trouver quoi dire. Tous les Nains avaient été massacrés, et connaissant les Gobelins, ils avaient dû procéder de manière horrible en prenant leur temps et en faisant souffrir leurs victimes toute la nuit durant. Ces pauvres âmes n'avaient pas eu la moindre chance, et chacun dans la compagnie portait sur ses épaules le poids de cette triste nouvelle. Cependant, puisqu'il n'y avait plus aucun espoir pour les leurs, et puisque les Gobelins avaient disparu, ils n'avaient plus à s'attarder et à réfléchir à une éventuelle action. Leur objectif était désormais de rejoindre leur foyer, de ramener ces émeraudes quoi qu'il leur en coûtât, et de participer à la défense de Zulg-ai-Gathol s'ils rentraient à temps pour se glisser parmi les rangs de leurs frères avant l'assaut prévu par les Gobelins.

Errin se raccrochait à cette pensée. Il avait bien réfléchi, et il comprenait mieux les enjeux de cette expédition. Il était déterminé à la mener à son terme, dût-il rentrer en rampant dans les sombres couloirs labyrinthiques. Il empoigna fermement sa hache, vissa son casque de guerre sur sa tête, et ajusta le sac de pierres précieuses – relativement lourd, il fallait le dire – sur ses épaules. Il n'avait aucune idée de la charge qu'il transportait, mais si on additionnait son armure, ses armes, son paquetage et ce poids supplémentaire en pierres précieuses, il était littéralement chargé comme une mule. S'ils rencontraient des Gobelins dans les tunnels, ils auraient davantage de chances de survivre en les affrontant face à face, car la fuite ne paraissait pas une option envisageable avec un tel chargement. C'était une donnée importante dont il fallait tenir compte, et qui risquait de compter s'ils ne se révélaient pas particulièrement discrets et incroyablement chanceux.

Ils se mirent donc en marche, formant une longue file ininterrompue de Nains qui avaient le nez dans le paquetage de celui qui les précédait. De cette manière, ils n'avaient aucune chance de se séparer et de se perdre, même si de fait seul le premier de la colonne voyait réellement où ils allaient. Ils firent de nombreuses haltes, beaucoup pour essayer de trouver leur chemin, quelques unes pour ajuster leurs sacs et reposer quelque peu leurs épaules endolories. Ils buvaient parcimonieusement, conscients du fait que leurs ressources étaient limitées, et qu'ils n'iraient pas loin si jamais ils tombaient à court de ravitaillement. Ils s'humectaient les lèvres plus pour avoir une sensation de fraîcheur que pour réellement se désaltérer : un luxe dont ils ne pourraient profiter que s'ils étaient suffisamment bénis par Aulë pour tomber sur un petit lac naturel au détour d'un chemin. Errin était perdu dans ses pensées, ses yeux sombres fixant le balancement régulier du sac qui se trouvait devant lui, quand soudainement on s'arrêta. Il souffla comme un bœuf peinant sous trop de poids, et leva le nez en espérant comprendre la raison de cette nouvelle interruption. L'information se transmit rapidement, et il soupira de désespoir en apprenant qu'ils avaient pris le mauvais embranchement, et qu'ils devraient faire marche arrière. Rien que d'y penser, il avait envie de frapper quelqu'un. Ils ignorait exactement depuis quand ils s'étaient trompés, et combien de temps il leur faudrait pour revenir sur la bonne voie, mais ses jambes lui disaient qu'elles ne supporteraient pas de bonne grâce un nouveau détour. Il serrerait les dents, mais son corps finirait bien par le lâcher. Il espérait pour son honneur qu'il ne serait pas le premier à craquer.

De là où il se trouvait, Errin ne pouvait pas suivre le déroulement de l'escalade, mais il était aussi tendu que ses frères. Le silence de chacun lui donnait la possibilité d'entendre les battements profonds de son cœur qui tambourinait contre sa poitrine. Il percevait distinctement son propre souffle régulier, et il avait l'impression d'être une machine particulièrement bruyante, aux rouages qui criaient au moindre effort. Immobile, il attendait les nouvelles de ceux de devant qui voyaient ce qu'il se passait. Il y eut soudain une vive agitation, et on se murmura qu'un des Nains était tombé. Fort heureusement, il avait été rattrapé à temps, mais de toute évidence, ils étaient passé vraiment près de la catastrophe. Le guerrier des Collines Noires piaffait d'impatience de son côté, sachant très bien qu'il serait incapable de réagir si quelque chose devait arriver à ceux qui se trouvaient à l'avant de la colonne. Il finit par lâcher un soupir de soulagement lorsqu'on lui annonça qu'un des Nains avait réussi à placer des pitons jusqu'au boyau qu'ils entendaient emprunter. Il y eut quelques sourires fugaces sur le visage des Naugrim, qui n'étaient pas de pure joie, mais il étaient plutôt la manifestation de leur soulagement. Chaque petite victoire était à savourer pleinement, et ils ne s'en privaient pas le moins du monde.

Une fois le premier Nain passé, on fit avancer les guerriers les plus expérimentés pour qu'ils puissent monter en premier. Si un danger devait se présenter là-haut, ils devaient pouvoir y réagir rapidement, et protéger la compagnie pendant que les derniers effectuaient l'ascension. Ce fut ainsi que les membres des Collines Noires durent remonter la colonne pour monter avec les autres combattants de l'expédition, tandis que les marchands et le déserteur demeuraient un peu en retrait. On laissa deux combattants en arrière, pour couvrir le tunnel, et les autres s'attaquèrent à la montée avec un brin d'appréhension. Leur équipement particulièrement lourd les effrayait un peu, car s'ils avaient confiance dans leurs propres capacités, les pitons leur apparaissaient soudainement comme particulièrement fragiles. Quelques Nains montèrent avant Errin, qui prit son courage à deux mains, et décida de s'attaquer à l'escalade. L'entreprise était périlleuse, mais il appliqua les conseils qu'on donnait à tout mineur : ne pas regarder en pas. Crispé, il ne vit pas immédiatement la corde qui lui était tendue, et il fallut qu'on lui criât qu'il pouvait s'en entourer pour qu'il obéît en tremblant quelque peu. Ses mains maladroites réussirent à former un nœud convenable autour de sa taille, et il se sentit presque immédiatement tracté par les Nains qui avaient déjà réussi à l'ascension. Par Aulë, cette corde était un véritable soulagement ! Il se hissa, et se dépêcha de prendre place à côté de ses compagnons qui commençaient déjà à explorer le boyau.

Il était particulièrement sombre, et ils n'y voyaient pas grand-chose, mais ils pouvaient deviner qu'il allait en s'élargissant perceptiblement. A leurs pieds, un mince filet d'eau ruisselait, trop fin pour qu'ils pussent s'en servir pour remplir leurs gourdes. C'était bon signe toutefois, car cela signifiait qu'ils étaient soit près d'un lac, soit près d'une sortie. Ils étaient sur la bonne voie, ce qui n'était pas du luxe après avoir fait une escalade d'une bonne trentaine de mètres au-dessus du vide. Errin interrogea ses cousins, qui paraissaient essayer d'évaluer le chemin à emprunter. Un autre Nain arriva, et leur lança :

- J'ai tendu l'oreille depuis que je suis monté, et je n'ai rien entendu. On devrait peut-être se risquer à allumer une torche…

Errin considéra la question :

- Ce serait pratique, mais les Gobelins peuvent se montrer très silencieux quand ils le veulent. Tu te souviens de l'attaque, il y a trois mois ? Une compagnie entière s'était glissée sous le nez de nos gardes, sans faire le moindre bruit.

Son interlocuteur hocha la tête :

- Tu étais aussi de ceux chargés de les repousser ? Sale affaire, on avait perdu pas mal de gars, ce jour-là. T'as pas tort sur le fond, mais c'est un risque à prendre. Je sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'il y a pas de Gobelins dans ce coin.

Le Nain des Collines Noires secoua la tête avec un sourire. Il appréciait les soldats expérimentés qui avaient déjà eu l'occasion de combattre les Gobelins. La compagnie en était pleine, et cela lui rappelait ses années à combattre les invasions ennemies, quand il se retrouvait entouré de guerriers compétents et talentueux. C'était une véritable tragédie que d'en avoir perdu autant dans un sinistre éboulement. Sans décrocher son petit sourire, Errin lança :

- Une intuition, c'est ça ?

- Ouais, une intuition.

Ils en étaient là dans leur conversation lorsque les éclats de voix du déserteur leur parvinrent. Craignant qu'il y eût un véritable problème, ils se rapprochèrent de l'entrée du tunnel, l'écoutant se plaindre de ce qu'il n'était pas bien traité par la compagnie. Errin, gonflé de colère, arriva dans la conversation avec la délicatesse d'un taureau entrant dans un magasin de porcelaine :

- Non, ce n'est pas une preuve suffisante ! Tu ne seras jamais un des nôtres. Tu n'as aucune idée de ce que nous avons vécu, pendant que vous autres de la Moria vous prélassez dans le luxe. Tu ne nous apportes ton aide que pour repartir chez toi, voilà la différence.

Les paroles du Nain étaient dures, cassantes, et étaient le reflet de ce que pensaient une – grande – partie des Naugrim. Ils voyaient dans le déserteur un étranger venu là à contrecœur pour exécuter une mission dont il n'avait rien à faire. Chacun savait qu'il avait été envoyé là en échange de la promesse d'une réduction de sa peine. S'il rentrait vivant et avec quelques émeraudes, il pourrait rentrer à la Moria, et oublier toute cette histoire. Le sort de Zulg-ai-Gathol lui était égal… Toutefois, Errin n'accabla pas le pauvre déserteur, qui après tout n'était pas là de son plein gré. Il se tourna vers ceux qui avaient refusé de lui jeter la corde, et les bouscula physiquement, peu enclin à faire preuve de patience :

- Et vous, seriez-vous devenus fous ? Nous aurions tous préféré qu'il ne vienne jamais avec nous, mais maintenant qu'il est là, vous voulez le tuer ?

Prenant en grippe le Nain en face de lui, Errin dégaina sa hache, et la colla dans les mains de son interlocuteur, à qui il gronda :

- Tu veux qu'il meure ? Fais-le comme un véritable Khazâd, l'arme à la main ! Tue-le, prends ses émeraudes, et porte-les à sa place jusqu'à Zulg-ai-Gathol !

Le pauvre Nain pris à partie, un peu dépassé par les événements, refusa la hache tendue par Errin. Il ne pouvait pas se résoudre à affronter un de ses frères, même s'il ne venait pas du même royaume. L'idée de le tuer de ses mains était encore plus horrible, et il baissa la tête plein de honte. Le guerrier des Collines Noires rangea sa hache à sa ceinture, et désigna du doigt le précipice, en bas duquel d'autres de leurs compagnons attendaient d'être hissés en sécurité. Il n'y avait pas à discuter davantage, et le débat était clos. Ils devaient poursuivre leur route. En passant, Errin glissa à Dwolin :

- Vous n'avez rien à faire ici, mais puisque vous y êtes, faites votre part. Méritez votre amnistie, et ensuite retournez chez vous.

C'était tout ce que pouvait espérer Dwolin comme gentillesse de la part d'Errin, et il devrait se contenter de ça pour l'instant. Rapidement, on hissa les autres Nains dans le tunnel qui n'avait pas encore été exploré, et on fit en sorte que l'affaire du déserteur fût bien entendue pour tout le monde. La question de l'éclairage et de la direction fut soumise aux Zundrad qui connaissaient sans doute le mieux ces galeries, et qui étaient devenus les guides de la compagnie. Ceux-ci partirent en avant avec quelques guerriers, pendant que la colonne se réorganisait derrière, et qu'on répartissait les rôles. Le déserteur n'était toujours pas accepté, et il ne faisait pas partie de la famille, mais cette fois quand il vint prendre sa place dans les rangs, ses compagnons s'écartèrent diligemment pour lui permettre de rejoindre la file. On ne lui lança pas de regard mesquin, et on ne fit aucun commentaire sur lui. Il ne serait jamais un Nain des Monts du Fer, mais il avait enfin trouvé une place dans la compagnie…


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Dans les profondeurs de la montagne EmptySam 30 Mai 2015 - 14:43
Dans les profondeurs de la montagne Rengri10

Rengrim et son frère faisant parti des derniers nains à devoir tenter l’escalade, ils ne comprirent pas tout aux éclats de voix qui résonnaient au dessus de leurs têtes. A vrai dire, Rengrim n’en avait cure, préférant se concentrer sur la tâche ardue que constituait l’escalade malgré l’installation des pitons. Dagar passa juste avant lui et la facilité étonnante avec laquelle il réalisa l’ascension déconcerta le vieux marchand. Mais il était vrai que les mineurs passaient leur vie dans les entrailles de la montagne et étaient plus habitués à ce genre de chose que les autres habitants des Monts du Fer.

Quant à lui, toute cette aventure lui rappelait que cela faisait bien trop longtemps qu’il s’était cantonné dans son rôle de marchand. Comme tous les fils d’Aülé il était résistant et la forge le maintenait en forme mais cela faisait bien longtemps qu’il n’avait participé à une expédition en dehors de la cité ou des mines. Il ne s’était pas trop mal débrouillé contre les gobelins mais il n’était plus le guerrier fougueux qu’il avait été pendant sa jeunesse.

Repensant aux derniers mois qu’il avait passés dans sa demeure à Zult-ai-Gathol, il se reprocha d’avoir été si apathique. Il avait laissé son cœur se remplir de honte et de culpabilité, et cela uniquement car il avait cédé à son frère. Forcé de choisir entre son frère et son honneur, il avait privilégié sa famille et il se rendait compte désormais qu’il n’avait peut être pas fait le bon choix. Certes, cette expédition était loin de se passer à merveille mais cela lui mettait du baume au cœur de voir les siens unis pour une cause qui les dépassait tous. C’était cela qui faisait la force des nains et il se jura de ne pas l’oublier de nouveau.

Peut être étaient-ce ces bonnes résolutions mais l’ascension se passa bien mieux qu’il ne l’avait craint. Une fois tous les nains arrivés dans le conduit du haut, on les mit au courant de l’altercation qui s’était déroulé avec le déserteur. Rengrim ne dit rien (il avait déjà suffisamment exprimé son point de vue sur la question) mais l’expression de son visage parlait pour lui. Quelquefois la fierté de son peuple devenait un frein plus qu’une force.

Il fût décidé que Rengrim et son frère prendraient la tête de l’expédition. Aucun d’entre eux ne connaissait vraiment ces galeries mais les frères Zundrad avaient repéré des changements subtils dans le grain de la roche. Ils ne pouvaient en être sûr mais il leur semblait que les parois étaient légèrement plus friables. Et surtout ils avaient repérés la présence de fer dans la roche. Ca ne pouvait signifier qu’une seule chose : ils se rapprochaient des mines. Malgré les tours et les détours, il était impossible qu’ils soient passés de l’autre côté de la cité, ce qui voulait dire qu’ils risquaient de déboucher à l’ouest des mines, vers les concessions de la famille Zundrad.

Lorsqu’ils annoncèrent cela à leurs compatriotes, l’espoir revînt sur le visage des nains. Si cela était vrai alors ils étaient peut être à moins d’un jour de marche de la cité. Ils n’étaient pas encore en terrain connu mais ils s’en rapprochaient et cela était suffisant pour galvaniser tous les membres de l’expédition. Ce fût de courte durée, la marche incessante reprenant ses droits bien assez rapidement. Après deux heures de marche cependant, Rengrim crût apercevoir de la lumière. Alors qu’il se demandait s’il n’était pas victime d’hallucinations, son frère lui confirma qu’il avait aussi vu une pâle lueur dans le lointain.

Alors que Rengrim se réjouissait intérieurement, conscient que leur cauchemar souterrain approchait peut-être de sa fin, son frère avait l’air plus inquiet qu’autre chose. Il n’eût pas besoin de lui en expliquer la raison. Il devenait évident qu’ils allaient déboucher dans leurs mines et son cadet craignait qu’ils n’arrivent dans l’immense salle qu’ils avaient pris soin d’éviter au début de l’expédition. Même si les dimensions de cette dernière étaient colossales, les chances de déboucher à cet endroit précis étaient minces et Rengrim commençait même à se demander si ce ne serait pas un mal pour un bien. Il n’avait plus envie de conserver ce secret plus longtemps.

Alors qu’ils approchaient de la source lumineuse, l’espoir de Rengrim fût quelque peu battu en brèche. La bonne nouvelle était qu’il s’agissait bien de la lumière du jour qui filtrait à travers un mince boyau dans la paroi rocheuse devant eux. La mauvaise nouvelle était que ce boyau était le seul chemin qui était à leur disposition. Rengrim tenta de voir où le boyau débouchait mais ce dernier faisait un coude et, si la faible lumière parvenait jusqu’à eux, il était impossible de voir la sortie de là où les nains se tenaient.

Normalement, ce n’aurait pas été un problème mais le boyau en question était tellement étroit qu’il leur faudrait ramper pour s’aventurer plus loin, là où la lumière du jour cristallisait tous leurs espoirs. Seulement, un nain en armure ne pourrait jamais passer par un conduit aussi mince. Il leur faudrait laisser leurs armures derrière eux et le passage ne serait pas aisé car ils devraient faire passer les sacs d’émeraudes devant eux. Cela revenait à dire qu’ils ne pourraient pas non plus prendre leurs armes à moins de faire un autre aller-retour pour les récupérer. Les armures étaient, quant à elles, définitivement trop volumineuses pour être transportées de l’autre côté.

Leurs choix étaient limités. Si les nains refusaient de se séparer de leurs armures, il faudrait repartir sur leurs pas, redescendre la paroi glissante et remarcher pendant des heures vers l’embranchement sans certitude que ce dernier les conduirait à une sortie. Et la lumière du jour les narguait, guère plus loin qu’une trentaine de mètres de leur position actuelle. La question ne se posait de toute façon pas même s’il y eut des récriminations de la part de certains guerriers.

Rengrim réfléchissait à toute allure. Si leurs mines étaient derrière, cela voudrait dire, qu’une fois le chemin sécurisé entre la cité et la concession des Zundrad, il serait facile d’élargir le passage. Ils pourraient alors construire un escalier au dessus du précipice et ainsi rejoindre la salle aux émeraudes. Cela représentait bien deux mois de travail mais c’était considérablement moins que s’il fallait déblayer le conduit qui s’était effondré (sans parler de l’autre en pente raide qui était si dangereux). D’ici quatre à cinq mois, l’exploitation des émeraudes battrait son plein. D’ici huit mois, ils en auraient peut être vendues assez pour financer une nouvelle guerre d’envergure contre les gobelins. D’ici un an, la victoire serait peut être à eux.

Le vieux nain savait qu’il ne fallait pas s’emballer ainsi mais c’est l’espoir de la renaissance de son peuple qui le faisait tenir et il pouvait voir sur les visages de ses camarades qu’il n’était pas le seul à penser ainsi. Cependant chaque chose devait venir en son temps et la première étape consistait à ramper dans cet étroit conduit. Les deux mineurs passèrent en premier, étant les plus habitués à ce genre d’exercice. Rengrim adressa un sourire rapide à Dagar alors que celui-ci pénétrait en premier dans le boyau. Oui, l’espoir venait de renaître.

///////////

Dans les profondeurs de la montagne Dagar_10

Dagar s’engagea dans le conduit, se débrouillant sans trop de mal pour faire avancer le sac d’émeraudes devant lui. Seul le passage du coude fût réellement difficile, pour le sac mais également pour lui. Certaines haches particulièrement larges ne passeraient jamais à cet endroit. Même si son sac lui bouchait la vue, la quantité de lumière qui parvenait jusqu’à lui augmenta sensiblement une fois le coude passé.

Il finit par entendre son sac tomber par terre et aussitôt la luminosité augmenta. Il sortit du conduit et regarda autour de lui, totalement estomaqué par ce qu’il avait sous les yeux. Il venait de déboucher dans une salle immense. La lumière se déversait dans la salle par trois ouvertures situées en haut à gauche de sa position. Le soleil se couchait au dehors et ces ouvertures étaient situées à l’ouest, ce qui expliquait pourquoi la salle était aussi lumineuse. La principale raison cependant était que toute la lumière était reflétée par la quantité incroyable d’armes et d’armures autour de lui. Des centaines et des centaines de plastrons, casques, épées, sabres, lances et ainsi de suite. Il venait de découvrir un véritable arsenal, entreposé sous la montagne. Mais le plus surprenant était que toutes ces armures n’étaient pas faites pour des nains mais à échelle humaine. En revanche, elles étaient bien de fabrication naine, aucun doute là-dessus.

Petit à petit le reste de la compagnie le rejoignit dans la salle. Tous semblaient déconcertés par ce qu’ils avaient devant les yeux. Des regards accusateurs se tournèrent presque immédiatement vers les Zundrad. Se pouvait-il qu’ils ignorassent l’existence d’un tel arsenal stocké au sein de leur concession ?

- Expliquez-vous !

- Je ne vois pas ce que vous voulez dire. Je suis aussi choqué que vous de découvrir l’existence de cet endroit.


La voix de Donrim chevrotait quelque peu et rendait ses paroles encore moins crédibles. Rengrim gardait la tête baissée et s’était muré dans le silence. Dagar étudiait les armures plus attentivement. Elles étaient en acier et particulièrement résistantes, ce qui témoignait d’une forte teneur en carbone dans la composition. Même sans être un spécialiste, il n’était pas difficile de reconnaître la marque des Zundrad. Une forte proportion de charbon de bois, une très haute température de fusion et un trempage rapide dans l’eau salée. Ces dernières années, ils avaient été les seuls à pouvoir encore se faire livrer autant de bois et de sel (les prix de ce dernier étant devenus exorbitants). Puis ils avaient prétendus que leurs mines avaient fermé.

Dagar n’était pas le seul à être arrivé aux mêmes conclusions. Ils avaient menti et fabriqué un véritable arsenal qui, de toute évidence n’était pas destiné à leurs frères nains. Mais le plus grave était qu’ils avaient fait cela en secret sans en avertir le conseil de Zult-ai-Gathol. Pour quelle raison auraient-ils fait cela sinon dans le but d’un enrichissement personnel ? Le sang de Dagar ne fit qu’un tour dans ses veines et en deux enjambées il avait rejoint Donrim Zundrad et le prit violemment par les épaules.

- Traître ! Comment avez vous pu faire une telle chose alors que les nôtres se privent depuis des mois et que tant d’entre nous sont tombés face aux gobelins ?

- Je ne comprends pas de quoi vous parlez. Je n’ai rien à voir dans tout ça.

- Cela suffit mon frère. Il est inutile de nier.


Rengrim n’avait pas parlé fort mais le silence se fit presque immédiatement. Le vieux nain avait l’air résigné mais également déterminé.

- Nous avons en effet forgé cet arsenal dans le plus grand secret. Nous avons un acheteur humain chez nos voisins du sud, un certain Jawaharlal.

Un tollé général suivit les paroles de Rengrim. Personne ne savait qui était cet acheteur et personne n’en avait cure. La trahison des frères Zundrad n’était pas pardonnable, en particulier en cette période difficile.

- Je l’ai toujours dit. La seule chose qui motive les marchands est leur propre profit. Vous n’êtes que de vulgaires voleurs.

- Ils sont bien plus que ça. Des traitres à leur propre patrie.

- Cette vente aurait bénéficiée à tout notre peuple.


Des exclamations outrées suivirent cette affirmation de Donrim.

- C’est pour cela que tout a été fait en secret. Vous comptiez vous enrichir pendant que le reste d’entre nous mourait de faim.

Donrim essaya de nier mais personne ne faisait attention à ce qu’il disait. Dagar le tenait toujours fermement et se retenait tant bien que mal pour ne pas lui faire sauter toutes ses dents sur le champ. Plusieurs nains s’étaient rapprochés d’eux et avaient de toute évidence des intentions aussi hostiles envers le marchand. D’autres avaient fait de même autour de Rengrim qui tentait de faire amende honorable mais ne réussissait pas à faire entendre sa voix.

- SILENCE !

Les têtes se tournèrent vers le nain qui avait hurlé plus fort que les autres.

- Dois-je vous rappeler que le temps nous est compté ?

Dagar lâcha Donrim et recula de quelques pas. La colère l’avait aveuglé au point de lui faire compromettre leur mission. Les gobelins déferlaient déjà peut-être sur la cité à l’heure qu’il était et ils étaient là à se chamailler alors qu’on avait besoin d’eux. Il fallait aller chercher les armes de l’autre côté du conduit puis se remettre en route. Ils étaient à moins d’une demi-journée de marche des premières salles.

Rengrim profita du silence pour prendre la parole.

- Mes frères, vous avez raison. Il n’y a aucune excuse valable pour ce que nous avons fait alors que notre peuple est dans le besoin. C’est pourquoi je déclare que cet arsenal doit revenir au conseil de Zult-ai-Gathol.

- Es-tu devenu fou ? Nous n’avons pas travaillé si dur et investi tout l’argent qui nous restait pour se faire déposséder de la sorte. La vente de ces armes doit nous revenir à nous seuls…

- Ferme-la imbécile ! Ton avarice n’a donc aucune limite ?


Donrim tressaillît sous l’insulte de son frère. Ce dernier avait la face empourprée, à la fois à cause de la colère qu’il ressentait pour son frère et de la honte de l’avoir suivi dans cette entreprise.

- Je suis le chef de famille et seul décisionnaire. Moi seul dispose d’un siège au conseil et je dis que l’arsenal est désormais la propriété de Zult-ai-Gathol.

Donrim lança un regard meurtrier à son frère mais devant tant de visages hostiles, il ne se risqua pas à répondre quoi que ce soit. Un coup brusque retentit soudain contre la lourde porte qui protégeait l’accès à la salle. Ils étaient tellement tendus qu’ils n’avaient pas fait attention mais les bruits qui résonnaient au dehors ne laissaient aucun doute possible quant à l’identité de ceux qui cherchaient à entrer.

- Les gobelins !

Il n’était plus temps d’aller chercher leurs armes désormais mais il y avait grandement de quoi faire dans la salle. Ils allaient devoir chèrement défendre leur vie, sans armure d’aucune sorte et à l’aide d’armes qui n’étaient pas les leurs. Dagar se précipita vers la porte en compagnie d’un autre guerrier et ils abaissèrent la poutre qui bloquait la porte juste avant que le premier gobelin ne pénètre dans la salle.  Ils reculèrent juste avant qu’un premier choc d’une extrême violence s’abatte contre la porte. Les gobelins n’étaient pas seuls. Il ne restait plus qu’à espérer qu’un seul troll les accompagnait. Et qu’ils n’étaient pas trop nombreux.

La porte ne tiendrait que quelques minutes avant que leurs ennemis ne soient en mesure de les affronter. Dagar rejoignit les siens qui fouillaient l’arsenal à la recherche d’une arme. Son choix se porta sur une lourde épée bâtarde. C’était loin d’être son arme fétiche mais il faudrait s’en contenter. Un craquement sourd résonna contre la porte. Au prochain assaut, elle céderait.
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Dwolin
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Dwolin

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Dans les profondeurs de la montagne EmptyMar 30 Juin 2015 - 10:40
Après son intervention, les réactions avaient fusées de toutes parts et Dwolin avait craint un instant qu'on ne lui saute dessus. Heureusement, le nain appelé Errin, qui semblait être respecté de tous, avait remit chacun durement à sa place lui comprit. Le déserteur soupira, à défaut d'être accepté il aurait déjà plus de chance de survivre. Il avait cependant été blessé par les dires du vieux nains. Il n'avait jamais vécu dans la luxure de la Moria, il était issu d'une modeste famille de mineurs venant d'Erebor et il s'était fait jeté de la Moria quelques semaines après son arrivé. Cependant il garda cela pour lui, trop content de ne pas avoir été jeté dans le gouffre. La marche repris alors, et malgré la fatigue, Dwolin se sentait mieux. Il n'entendait déjà plus les commentaires étouffés accompagnés de regards suspicieux qui lui pesaient jusque là.  

Les couloirs s’enchaînaient sans se ressembler et tournaient sempiternellement, de telle sorte que personne ne sache vraiment où se trouvait la cité par rapport à leur position. Les frères Zundrad repérèrent néanmoins un changement dans la roche qui leur faisait dire qu'ils se rapprochaient de la ville. Cela remis du baume au cœur à tous ces petits barbus qui se dépêchèrent autant qu'ils purent.  

Un peu plus tard, de la lumière se fit apercevoir au fond des couloirs ce qui raviva encore plus l'ardeur des nains qui avancèrent d'autant plus vite que la lumière s'intensifiait. Seul les frères Zundrad la regardait un peu craintivement comme s'ils avaient peur de ce qu'ils trouveraient là-bas. La ville était maintenant sûrement proche et aucun signe de présence gobeline pour l'instant. Peut-être les avaient-ils dépassé, peut-être arriveraient-ils à temps pour sauver la ville. A cet instant, tout espoir était permis.

Lorsqu'ils virent enfin d'où provenait cette lumière, l'engouement redescendit quelque peu. En effet, même si celle-ci venait d'une salle apparemment grande, le seul moyen d'y parvenir était de ramper dans un conduit très étroit qui ne laisserait pas passer des nains en armures. Quelques réflexions et grognements plus tard, l'on vit les nains enlever leurs armures sans grand enthousiasme. Le seul avantage pour Dwolin, c'est que les marques à la place de son grade ne seraient plus là.

L'on vit alors la chose, assez rare et drôle hors contexte, que la vue d'un groupe de nains rampant difficilement sans armure les uns à la suite des autres en poussant des sacs remplis d'émeraudes. Chose plus importante, ils avaient dû poser la plupart de leurs armes avant de s'engager, les laissant sans défense de l'autre côté en cas d'attaque. Dwolin était dans les derniers et bien avant qu'il n'entre dans le passage, il entendit déjà des nains se disputer. Il s'était porté volontaire pour aider le nain blessé à passer dans le boyau. Ainsi ce dernier s'accrochait à la jambe de Dwolin s'efforçant de profiter de son élan. Cela s'était avéré très fatigant dès le début et à la moitié du chemin, Dwolin cru qu'il n'allait jamais s'en sortir. La roche l'étouffait de toute part, il devait pousser son sac et supporter le poids de l'autre nain qui poussait également son propre sac. Heureusement, le nain qui les suivait les avait rattrapé et faisait son possible pour pousser l'estropié en plus de son sac. Ce dernier était le plus mal en point, la douleur à sa jambe devait se faire insupportable et Dwolin entendait sa respiration haleter de plus en plus.

Il reconnu alors la voix de l'un des frères Rengrim puis celle de leur guide, Daggar , qui s'expliquaient durement. Il ne compris le sujet que lorsqu'il arriva dans la salle. La vue de l'arrivée se fit sentir comme une libération et quand Dwolin en sortit il oublia presque d'aider son semblable qui attendait derrière. Une fois cela fait, il fut surpris d'entendre des remerciements avant qu'il ne s'allonge, exténué, dégoulinant de transpiration. La roche froide lui apporta un peu de réconfort et il ouvrit les yeux. C'est là quand observant la salle, il aperçu les armes qui la tapissait.

L'échange devint alors plus musclé, les nains convergeaient vers les frères marchands, les yeux pleins de suspicion et les poing prêts à frapper. Avant que cela ne dégénère, le plus vieux des deux, honteux, avait présenté ses excuses tout en promettant qu'il donnerait ses armes à la cité de Zult-ai-Gathol malgré la désapprobation de son frère. Cependant les nains menaçaient tout de même de reprendre les hostilités à tout moment. C'est là, au plus mauvais moment possible, alors que personne ne les attendait, alors qu'ils étaient sans leurs armes, sans armures que les gobelins arrivèrent.

Dwolin n'avait vraiment aucune envie de combattre. L'effort qu'il venait de fournir l'avait achevé et sa cheville se faisait déjà douloureuse. Il mit un  peu plus de temps que les autres qui s'étaient jetés sur les armes dès qu'ils avaient entendu du bruit. Il choisit une lance dans ce qu'il restait, la salle était assez grande et il préférait éviter le corps à corps pur et dur qui pouvait être fatal au vu de son manque de protection. Avec sa lance il pourrait au moins les retenir à distance, enfin il espérait. Il rejoignit les nains qui avaient accourus prêt de la porte avec l'espoir de les contenir ici afin d'éviter l'encerclement. Lorsque un premier coup frappa sur la porte il devint évident qu'ils auraient à faire à  un ou plusieurs trolls sûrement bien entourés.

La troupe qu'ils étaient, bien que constituée de braves combattants nains, qui étaient habituellement d'excellents combattants, faisait peine à voir. Il n'était qu'une vingtaine, sans véritable chef, mal armés, sans armures, fatigués, la plupart blessés et surtout éprouvés mentalement. Mais néanmoins ils étaient là et combattaient pour leur survie et celle des nains des monts du fer. Ils n'allaient pas se faire déloger si facilement. Ils resserrèrent les rangs lors du deuxième coup. La tension était à son comble, chacun n'ayant qu'à attendre, impuissant, que leurs ennemis déferlent sur eux. Enfin la porte céda, dévoilant le monstre qui l'avait fracassé.

Les ennemis s'élancèrent et contre toute attente, les nains chargèrent également les rangs ennemis, ignorant la peur ,du moins pour le moment. Les premiers gobelins surpris furent rapidement massacrés par les nains plus galvanisés que jamais. Seul le troll semblait leur poser quelques problèmes avec sa grosse massue qu'il balançait de tous les côtés. Lorsqu'ils durent reculer, les armes qu'ils avaient récupérés, plus grande que celles habituelles, leur permirent de tenir leurs adversaires assez à distance pour qu'ils ne puissent les blesser. Dwolin maniait sa lance comme un beau diable, transperçant un gobelins par-ci, repoussant un autre par là. Il devait être très vigilant au cas où un gobelins devenait un peu trop téméraire et ne pas se laisser dépasser.  Le problème de cette attaque surprise était que personne ne s'était mis d'accord sur la tactique à adopter : tenir la position ? Fuir avec les sacs ? Se replier ? De toute façon ils allaient bientôt être dépassés par le nombre. Dwolin sentait ses membres fatiguer, sa cheville lâcher. Si bien que malgré sa vigilance, un gobelin le surprit et parvint à le renverser. Sa lance replier entre lui et son ennemi, le nain parvint à le repousser après quelques secondes.

Mais trop tard, une percée avait été faite et la mêlée générale s'installait. Un peu plus loin dans le rang, le troll commençait à faire reculer les défenseurs qui n'arrivaient plus à le tenir à distance. Quand Dwolin se releva, il était entouré d'ennemis. Il n'avait que très peu de temps pour regarder les options de replis avant qu'on ne le charge. Il vit un groupe de nain qui s'était replié près de la sortie du boyau. Il y courut, évitant, renversant les gobelins sur son passage. Il s'arrêta le temps d'en embrocher un et repartit de suite, désormais sans arme. Un gobelins surgit précipitamment sur sa droite tel qu'il ne pouvait le repousser. Alors qu'il tenta de l'éviter, une lance vint se planter dans la gorge du peau-verte. Dwolin leva la tête pour identifier son sauveur, c'était le nain à la jambe cassée qui s'était placé le plus en hauteur possible, le stock de lance prêt de lui. Après un bref remerciement de la tête, Dwolin prit sa place dans le rang avec la demi-douzaine de nains qui défendait ce point. Il ramassa une épée qui traînait et combattit du mieux qu'il put avec cette arme qui ne lui était pas familière.

Le reste de la mêlée était opaque, il était difficile de compter les pertes naines. Il était également difficile de penser à une quelconque sortie tant que le flux d'ennemis ne se tarirait pas. Dwolin tranchait des membres et des têtes tant bien que mal mais doutait de sa capacité à tenir le rythme plus longtemps. Chaque parade était moins haute, chaque riposte moins vive et les coups moins expéditifs. C'est là qu'il regretta encore plus amèrement la mort du capitaine, lui aurait pu rallier les nains et les diriger.      

C'est à cet instant que plus loin dans la caverne l'on entendit des nains crier :

-Khazâd ! Khazâd !

Sur ce cri de ralliement, les nains autour de Dwolin, sans même se concerter, chargèrent la mêlée vers ce cri, le baume au cœur :

-Khazâd ai-menu !
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Ryad Assad
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyLun 6 Juil 2015 - 16:19
HRP : Désolé pour la longueur, j'ai écrit rapidement dans le train, j'espère que ça conviendra cela dit ! /HRP

Dans les profondeurs de la montagne Homme_15

Errin bouillonnait de colère, et il devait faire un grand effort pour ne pas exhorter Dagar à mettre en pièces le marchand qui avait osé faire passer son intérêt personnel avant l'avenir de leur peuple tout entier. Au fond de lui, il ne pouvait pas comprendre... Comment pouvait-on aimer l'or au point d'en oublier les fondamentaux ? Comment pouvait-on en venir à trahir sa famille, sa patrie, pour quelques pièces qui ne leur serviraient plus à rien une fois que la population de Zulg-ai-Gathol aurait été exterminée ? Quelle était leur logique ? Attendaient-ils la fin la plus douloureuse et la plus sanglante pour enfin se rendre compte qu'eux aussi étaient des Naugrim, des enfants d'Aulë ? Accepteraient-ils de reconnaître, alors, qu'ils partageaient un destin commun, et que la pauvreté était une menace considérablement moins dangereuse que les Gobelins qui se massaient actuellement à leurs portes ? Combien de Nains avaient succombé sous les coups de leurs ennemis à cause d'une armure endommagée qui n'avait pas pu être réparée, à cause d'une arme trop usée pour encore être pleinement efficace ? Combien de vies auraient pu être sauvées si cet acier qui paraissait de bonne qualité s'était retrouvé entre les mains de guerriers déterminés à sauver les Monts du Fer, plutôt qu'entassé là dans le plus grand secret, inutile...

L'outrage était impardonnable, et seul l'impératif de survivre et de rejoindre Zulg-ai-Gathol pour prévenir leurs compagnons du danger qui planait sur eux permettait aux combattants de garder leurs poings loin des visages des responsables de cette trahison sans nom. Il était certain qu'ils répondraient de leurs crimes un jour, même s'ils acceptaient de donner ces armes au Conseil de la dernière cité des Monts du Fer. Enfin... pour cela, il fallait encore qu'ils survécussent et qu'ils fussent en mesure de rejoindre les leurs, sans quoi le châtiment qui s'abattrait sur eux serait la mort, sans autre forme de procès. Un cri d'alerte les ramena tous à la réalité, en leur faisant prendre en compte qu'ils étaient loin d'être tirés d'affaire. Ils avaient certes échappé à leurs adversaires une première fois, mais les Gobelins étaient innombrables dans ces galeries, et les éclats de voix avaient sans doute attiré leur attention. Il fallait dire que les Nains n'étaient pas particulièrement réputés pour leur discrétion, ni d'ailleurs pour leur tempérance. L'outrage des Zundrad avait fait éclater leur frustration et leur rage à peine contenues, et pendant un instant bref mais crucial, ils avaient cessé de penser à ce qui les menaçait vraiment : des cohortes d'ennemis armés jusqu'aux dents, alors qu'eux-mêmes avaient dû se débarrasser de tout leur matériel.

Les Nains des Collines Noires étaient particulièrement mal à l'aise : c'étaient des guerriers disciplinés et efficaces, mais la simple idée de devoir se battre nus ou presque, sans armure, les plongeait dans le plus grand désarroi. D'ordinaire, les Naugrim chargeaient au coeur de la bataille sans se soucier de leur sort, conscient qu'ils étaient magnifiquement abrités derrière des armures de grande qualité qui faisaient d'eux des boules d'acier impénétrables. Hélas, privés de cet avantage, ils ne pouvaient affronter les Gobelins comme à l'accoutumée, et ils allaient devoir revoir considérablement leurs stratégies s'ils voulaient non pas remporter la victoire, mais à tout le moins survivre aux dix prochaines minutes qui risquaient de se révéler les plus dangereuses de leur vie. Leurs ennemis frappaient sur la porte de la salle, qui ne résisterait plus longtemps, pendant que les Naugrim s'affairaient à trouver une arme qui leur convînt et qui leur permettrait de repousser efficacement leurs adversaires. Elles étaient toutes trop grandes pour des Nains, mais ils devraient faire avec, s'adapter aux circonstances pour ne pas succomber misérablement au milieu de cet arsenal de la honte.

Errin, pressé par la nécessité, porta son choix sur un bouclier qui lui arrivait au menton, et sur une lance qu'il peinait à manier correctement avec sa main libre. Il avait l'intuition qu'il n'avait pas récupéré le bon équipement, mais le temps était contre lui, et il rejoignit les rangs de ses compagnons en pestant contre ces armes trop grandes, et cette vie trop dure. Les Naugrim se regroupèrent, tassés les uns contre les autres, brandissant tout l'acier qu'ils avaient pu récupérer dans la direction d'où allaient déferler la horde gobeline qui risquait bien de s'emparer de leurs vies. Quand la porte céda, le rugissement du Troll des Cavernes leur vrilla les tympans, et ils y répondirent par un audacieux et spectaculaire cri de rage, alors qu'ils lançaient à leur tour la charge. Ils étaient désespérés. En infériorité numérique, privés de leurs armes et de leurs armures, leur seule option était de tenter le tout pour le tout, de se servir de leur coeur comme d'un bouclier et de leur bravoure comme d'une lame. Terrifiés autant que résolus, ils percutèrent sauvagement les rangs des Gobelins, repoussant ces créatures de cauchemar en les fauchant sans pitié.

Les premières secondes leur donnèrent l'illusion qu'ils allaient pouvoir s'en sortir, que leur valeur allait leur permettre de contenir la furie et le nombre des Gobelins qui fondaient  sur eux, et qui menaçaient à chaque instant de les submerger. Leurs lances et leurs épées tranchaient sans relâche dans la chair, fracturant le patchwork de métal qui constituait leurs maigres protections. Toutefois, la situation changea du tout au tout lorsque le Troll parvint à engager la lourde carcasse dans l'ouverture béante qu'il venait de créer avec sa massue. Il avait l'air particulièrement stupide, même pour un Troll, mais il compensait par une taille spectaculaire et surtout une agressivité démesurée. De toute évidence, on l'avait asticoté tant et si bien qu'il espérait déchiqueter les Nains à lui seul, sans se soucier d'aucune notion de stratégie. Ce fut peut-être ce qui sauva Errin et les deux Nains qui s'étaient portés avec lui à la rencontre du monstre. Celui-ci était grand et incroyablement fort, certes, mais il était tout aussi lent et peu précis Dépourvus de leurs armures, les Nains pouvaient éviter avec une certaine efficacité ses coups qui fendaient l'air en sifflant, et qui touchaient aussi souvent les murs et le sol que ses compagnons gobelins qui l'entouraient. Deux d'entre eux volèrent sous ses assauts aussi violents qu'imprécis, et allèrent s'écraser à plusieurs mètres de là, les os brisés avant même de toucher le sol. Les autres s'en écartèrent prudemment, préférant se reporter sur les autres Nains.

A un contre trois, toutefois, le duel ne tournait pas à l'avantage des Khuzdul, qui essayaient de tourner autour de leur adversaire pour mieux parvenir à le déstabiliser. Errin, malhabile avec sa lance, essayait de viser les genoux de la créature pour la mettre à terre tandis que les autres visaient alternativement les yeux - quand la bête se baissait - ou bien ses flancs quand elle levait bien haut son arme pour frapper. Pour le moment, ils arrivaient à viser juste, et à se prémunir contre ses tentatives de les attraper. Ce combat épique et brutal cessa de tourner à l'avantage d'Errin, quand ce dernier tenta une manoeuvre quelque peu audacieuse. Profitant de ce le Troll ne le regardait pas, il chargea de toutes ses forces et planta profondément sa lance dans le genou droit de la bête, qui eut un cri de douleur terrible. Toutefois, au moment de retirer son arme, il se rendit compte que sa prise à une main ne lui permettait pas de dégager son fer assez vite. Il en paya le prix avec les intérêts. Rugissant au point de l'assourdir temporairement, la bête lança un revers de son poing gigantesque dans le Nain, qui eut le réflexe heureux d'interposer son bouclier. Une protection dérisoire qui lui sauva toutefois la vie. Son corps décolla du sol, et alla s'écraser au loin, retombant avec fracas, laissant le guerrier sonné, et blessé. Son corps était couvert de multiples coupures sans gravité, et d'ecchymoses qui attestaient de la violence de l'impact.

Autour de lui, les combats continuaient, mais il était bien incapable d'en percevoir le déroulement. Il entendait des cris, des mugissements de douleur et le fracas des armes qui se mêlaient en une cacophonie douloureuse. Les hurlements du Troll couvraient épisodiquement les autres, ce qui indiquait que le combat n'était pas terminé, et que des Nains continuaient la lutte vaillamment. De toute façon, ils ne gagneraient rien à se rendre, sinon une mort lente, pénible et ignominieuse. Autant choisir la noblesse d'une fin l'arme à la main, contre des ennemis supérieurs en nombre. Cela ne changeait rien en définitive, mais cela donnait au moins à leur mort un caractère honorable qu'ils n'avaient peut-être jamais eu au cours de leur vie. Les marchands Zundrad pouvaient espérer se racheter quelque peu de leur mauvaise conduite, et faire amende honorable en emportant avec eux autant de ces créatures de cauchemar qu'il leur serait possible.

Errin essaya de se relever, mais il était complètement étourdi, et il avait du mal à retrouver son équilibre en dépit du temps qui passait. Un bourdonnement incessant grinçait dans ses oreilles, comme si on s'était amusé à passer une fourchette sur une assiette. Il entendait tout comme de loin, les sons étouffés et avalés par la douleur dans son crâne. Néanmoins, même s'il était dans cet état, il entendit très clairement le hurlement de Nains qui n'étaient pas ceux de son groupe. Au départ, il n'y crut pas vraiment. Il se redressa péniblement, serrant fermement son bouclier qui était la seule chose qu'il avait gardée en main, et il se mit à chercher des yeux une trace de ces alliés providentiels. Il ne les voyait nulle part. Pourtant leur cri, il ne l'avait pas inventé ! Alors qu'il les cherchait, espérant éperdument, deux Gobelins le virent et se jetèrent sur lui. Il repoussa le premier d'un coup de bouclier, et recula pour éviter la charge du second qui passa devant lui en grognant. Errin se savait en grande difficulté, et il chercha du regard le stock d'armes le plus proches. Ici des armures, là des casques, là des bottes, mais rien qui ressemblait de près ou de loin à une épée, une hache ou même un ridicule poignard. Lorsque le Gobelin revint, le Nain ne parvint pas à le faire reculer, et il fut contraint de lui-même céder du terrain. Les coups pleuvaient, et la férocité de ses adversaires le réduisait à devoir se cacher misérablement derrière une plaque d'acier bien peu pratique. Il avait l'impression qu'à chaque instant, la lame allait se glisser dans le défaut de sa garde désespérée, et venir lui chatouiller les côtes. Les Gobelins étaient sans doute stupides et chétifs, mais ils n'en demeuraient pas moins des tueurs habiles et redoutables. Ce n'était que parce que lui-même était un guerrier expérimenté qu'il avait échappé à la mort jusque là, mais il doutait d'y parvenir encore très longtemps.

Son seul espoir résidait dans la présence bienheureuse de ces Nains qu'il était persuadé d'avoir entendus, qui pourraient sans doute faire pencher la balance en faveur des Naugrim. Jusque là, il lui faudrait éviter les lames rouillées de ses ennemis qui continuaient la lutte.


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Mardil
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyMar 7 Juil 2015 - 22:16
Dans les profondeurs de la montagne Rengri10

Rengrim s’était emparé d’un sabre, une arme qu’il n’avait jamais eu l’occasion de tester, et d’un bouclier rond qui était à peine trop grand pour lui. Lorsque les gobelins déferlèrent sur eux, les nains ne tardèrent pas à perdre toute cohésion et à se battre du mieux possible, ce qui revenait à dire de tout faire pour survivre. La porte vola en éclat et le troll des cavernes fit irruption dans l’arsenal. Aussitôt des nains se reportèrent contre lui.

Rengrim faisait face à deux adversaires mais, encombré par cette arme qu’il ne maîtrisait guère, il avait beaucoup de difficultés à les maintenir en respect, sans même parler de les occire. Progressivement il recula jusqu’à sentir l’arsenal juste derrière son dos. Par chance, des poignards étaient entreposés à cet endroit et il s’en empara et les lança vers ses adversaires. L’un des deux gobelins réussit à se jeter sur le côté pour éviter le poignard mais son congénère n’eût pas d’aussi bons réflexes et il s’effondra sur le sol, le poignard planté dans son visage repoussant.

Aussi tôt le marchand s’élança contre le gobelin à terre et, à peine ce dernier se relevait-il, que Rengrim lui trancha proprement la gorge. Le vieux nain prit le temps de voir ce qui se passait autour de lui et il repéra des nains en train de combattre le troll. Parmi eux se trouvaient Varrin et un autre nain des collines noires. Les coups qu’ils portaient à la monstrueuse créature semblaient à peine l’embêter. Ils ne purent éviter le coup de massue suivant et Varrin vola dans les airs. Son compagnon eût encore moins de chance et se retrouva littéralement écrasé sous la massue du monstre. Lorsque ce dernier releva son arme, poisseuse de sang, il ne restait rien qu’on puisse identifier comme un nain.

Rengrim se précipita au secours de Varrin et arriva juste à temps pour empêcher un gobelin d’enfoncer son arme dans le ventre sans protection du patriarche des nains des collines noires. Ce dernier était en mauvaise état mais il était toujours conscient, bien qu’il fût évident qu’il n’était pas apte à reprendre le combat. Il avait de nombreux os brisés et des difficultés pour respirer. Rengrim se posta alors devant le corps de son compagnon et s’apprêta à le protéger contre les gobelins qui faisaient marche vers eux.

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Dans les profondeurs de la montagne Donrim10

Donrim avait eu le temps de récupérer une hallebarde, qui l’encombrait bien plus qu’elle ne lui était utile et s’était éloigné au maximum du troll des cavernes. Cependant aucun endroit n’était sûr dans l’arsenal et un gobelin se précipita vers lui. Rassemblant le courage qui lui restait, il fonça vers ce dernier et, se servant de son arme comme d’une lance, perfora son ennemi de part en part. Il eût toutes les peines du monde à récupérer son arme qui céda enfin avec un bruit répugnant. Les viscères du gobelin étaient encore accrochées à la lame et Donrim émit une grimace de dégoût.

Il n’eût pas le temps de nettoyer son arme cependant car un autre gobelin le prit pour cible. Donrim tenta de le tuer mais son ennemi était bien plus habile que lui et le marchand n’eût d’autre choix que de reculer. Le bruit du combat était de plus en plus violent à mesure qu’il se rapprochait de ses camarades nains qui défendaient chèrement leurs vies. C’est à ce moment qu’il entendit le cri de nains qui, clairement, ne faisaient pas parti de l’expédition. Le bruit déconcentra un instant le gobelin et Donrim en profita pour lui régler son compte.

C’est alors qu’il se rendit compte de la situation dans laquelle se trouvait son frère. Ce dernier semblait protéger le corps d’un autre nain mais il faisait face à quatre adversaires. Du sang tâchait sa tenue et il semblait avoir du mal à contenir les gobelins. Malheureusement, il n’y avait pas de nain à proximité de lui qui pouvait lui venir en aide. Seul Donrim ne se trouvait pas trop loin et son premier réflexe fût de courir pour sauver son grand frère.

Alors qu’il allait s’élancer, les dernières paroles de Rengrim résonnèrent dans sa tête. Il l’avait humilié devant tout le monde, le traitant d’imbécile et d’avare. Il avait aussi tenu à lui rappeler qu’il était le seul à pouvoir prendre la parole au conseil et qu’ainsi, c’était à lui de décider de l’avenir de leur famille. Cependant s’il ne s’en sortait pas, alors ce titre revenait à Donrim. Il ne pouvait pas avoir fait tout cela pour rien.

Tâchant de ne pas se faire remarquer, Donrim s’élança dans la direction opposée. Il ne souhaitait pas assister à la mort de son frère.

///////////////

Dans les profondeurs de la montagne Dagar_10

Dagar maniait sa lourde épée de mieux en mieux. Il décapita un gobelin qui avait eu la mauvaise idée de s’approcher un peu trop et se reporta sur son prochain adversaire. Il avait parfaitement entendu le cri de ralliement de leurs alliés mais il ne les voyait pas. C’est alors qu’il se rendit compte que de moins en moins de gobelins passaient la grande porte. De toute évidence, les autres nains devaient se trouver à l’extérieur en train de combattre leurs ennemis.

C’est à ce moment précis qu’il se rendit compte de la situation dans laquelle se trouvait Errin. Il s’élança vers le gobelin qui se rapprochait du nain des collines noires et lui planta son épée dans le dos, sauvant ainsi la vie de son camarade. Il ne s’attarda pas et reporta son attention vers un autre groupe de gobelins non loin de là. Ces derniers étaient mieux organisés et Dagar commençait à fatiguer. Il contra mal l’offensive de l’un de ses adversaires et fût obligé de lâcher son arme. Le gobelin s’élança contre lui mais Dagar se servit de l’élan de son adversaire pour le faire basculer.

Le gobelin, qui avait perdu son arme également, se plaça au-dessus du nain et tâcha de l’étrangler. Dagar se débattait comme un beau diable mais il ne parvenait pas à se débarrasser de l’étreinte de l’immonde créature. Ses mains s’agitèrent frénétiquement à la recherche de quoi que ce soit dont il aurait pu se servir d’armes mais ne rencontrèrent qu’un lourd sac d’émeraudes. Il plongea sa main droite dedans et récupéra une pierre précieuse qu’il enfonça dans l’œil droit de son adversaire qui hurla de douleur. Dagar se libéra enfin de son étreinte et roula sur le sol vers son épée. Le gobelin essayait toujours retirer l’émeraude de son globe oculaire lorsque sa tête vola dans les airs.

Dagar regarda autour de lui et c’est alors qu’il vit la situation catastrophique de Rengrim. Il était le plus proche et il s’élança vers l’ainé des frères Zundrad mais il ne fût pas assez rapide. Le marchand réussit à se débarrasser de l’un de ses  adversaires mais les trois autres fondirent sur lui et son corps fût tailladé de toute part. Hurlant des insultes à l’égard des gobelins, Dagar se précipita vers eux et sa lame trancha deux têtes avant que ces derniers ne comprennent ce qui leur arrivait. Le dernier gobelin se retourna contre cet adversaire inattendu mais il ne pût rien faire contre la rage destructrice du nain.

Le mineur se pencha vers Rengrim mais ce dernier était en train de vivre ces derniers instants. Varrin rampait dans leur direction et les deux nains eurent le temps d’entendre les dernières paroles du marchand avant qu’il ne succombe à ses blessures.

- Dîtes au conseil de Zult-ai-Gathol que je regrette et que je suis mort en nain des Monts du Fer, auprès de mes semblables.

Il voulût rajouter autre chose mais ses yeux se fermèrent et il cessa de respirer. Dagar regardait Varrin dans les yeux, ne sachant pas quoi dire. Tant des leurs rendaient l’âme autour d’eux et ils étaient impuissants. C’est alors qu’un hurlement les ramena à la réalité. Le troll s’était emparé du second mineur et l’écrasait dans sa main monstrueuse. Dagar se releva et s’élança contre le troll, en compagnie d’un nain des montagnes noires et du déserteur.

Ils s’attaquèrent aux jambes du monstre et ce dernier relâcha son étreinte mortelle sur le mineur. Il était trop tard cependant et l’abdomen de ce dernier avait été réduit en charpie, ses intestins se déversant sur le sol déjà trempé de sang. Les trois nains faisaient de leur mieux pour venir à bout du troll qui perdait une quantité démentielle de sang d’une blessure qu’il avait au genou et d’une autre au ventre. Le sol était glissant et le nain des collines noires perdît l’équilibre. Avant qu’il ne puisse se relever, le troll marcha sur sa tête qui éclata comme une pastèque trop mure. Un mélange répugnant de sang, d’os et de matière cérébrale gicla sur Dagar et Dwolin, atteignant ce dernier dans les yeux et l’aveuglant un moment.

Le troll en profita pour le frapper durement au niveau du thorax et Dwolin s’effondra sur le sol, plusieurs côtes brisées sous l’impact. Dagar continuait le combat mais il était évident qu’il n’était pas de taille, seul contre ce monstre. C’est alors que les nains qu’ils avaient entendu envahirent l’arsenal et le troll se déporta vers cette nouvelle menace. Dagar chuta sur le sol, épuisé, et s’approcha de Dwolin pour voir si ce dernier respirait toujours. C’était le cas mais chaque respiration lui arrachait une grimace de douleur. Mettant de côté ses rancœurs envers ses cousins nains, Dagar aida le déserteur à se mettre dans une position plus confortable.

- Comment vous sentez-vous ?

Autour d’eux, les renforts alliés étaient en train de remporter la victoire. Le troll s’effondra dans un bruit sourd et il ne fallût pas attendre longtemps avant de voir le dernier gobelin tomber à son tour. Celui qui dirigeait le groupe de nains qui venait de les sauver s’avança vers eux. Il s’agissait d’un capitaine vu son uniforme mais Dagar ne connaissait pas son nom. Il tourna son regard vers le sac d’émeraudes éventré et comprît instantanément à qui il avait affaire. Son visage s’illumina un bref instant à la vue des pierres précieuses.

- Vous avez réussi ? Je suis désolé que nous n’ayons pas le temps de discuter mais nous avons été envoyés pour prendre les gobelins à revers. Nous avons réussi à contourner le gros de leurs forces et quand nous avons vu qu’ils s’en prenaient à cette salle, nous avons décidé de les attaquer. Cependant, la majeure partie de ces êtres repoussants assiègent toujours la cité. Nous n’avons pas de temps à perdre. Si nous ne partons pas au plus vite, les portes ne tiendront pas longtemps.

Dagar regarda derrière la capitaine. Plusieurs dizaines de nains en armes attendaient de reprendre le combat. Il fallait se mettre en  mouvement très vite mais beaucoup d’entre eux étaient blessés. Ils n’avaient que peu de temps pour décider qui se joindrait au capitaine et ses hommes et qui resterait en arrière et se chargerait de ramener les émeraudes à bon port.
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Dwolin
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyLun 17 Aoû 2015 - 21:07
La bataille continuait de faire rage. Dwolin, épée à la main, chargeait désespérément pour essayer de rejoindre les cris de guerre qui résonnaient de l'autre côté de la salle. Malgré la diversion fournie, les gobelins n'avaient pas entièrement oublié le petit groupe de nains. Et malheureusement, ces derniers étaient mal équipés et seule l'énergie du désespoir les maintenait encore debout.  L'adrénaline un peu descendue, ils durent reculer face au nombre. Dwolin cherchait du regard une aide quelconque ou un miracle qui pourrait les faire sortir d'ici vivant.

C'est en achevant un adversaire qu'il entraperçue une troupe naine providentielle à quelques mètres de là dans le chaos de la mêlée. Il exhorta alors les quelques nains qui étaient avec lui :

-Par ici ! Des renforts sont arrivés !

L'enthousiasme des nains entraîna la créations d'un couloir entre les ennemis qui leur permirent de rejoindre la troupe sans trop d'encombre. Hélas, alors que Dwolin suivait le mouvement, un gobelins le prit en traître et le frappa au mollet droit. Déjà souffrant, le nain s'effondra un instant et le passage se referma, le laissant entouré de gobelins. Il n'eut pas le temps de reprendre son souffle qu'un premier se jeta sur lui. Grâce à son instinct, il roula sur le côté et évita la lame adverse. En essayant de se relever, un autre le percuta en le désarment. Dwolin, dans un ultime réflexe de survie, réussit à saisir l'arme de son adversaire juste avant qu'il ne lui tranche la gorge ; et après un duel de force bref, il lui assena un coup de tête étourdissant. Un autre peau-verte prit son élan pour l'achever. Le nain repensa alors à tout ce à quoi il avait résisté et soupira à l'idée de mourir si près du but.

Heureusement pour lui, le troll passa par ici, obligeant ses alliés à aller se battre ailleurs.
Le monstre compressait un des mineurs dans sa main et faisait face à deux nains. Dwolin reconnu le guide, Daggar, et un nain des collines noires. Après s'être relevé, il alla leur prêter main-forte. Le troll, déjà blessé au genou était un peu plus lent qu'il ne l'était déjà naturellement et cela permit aux nains de lacérer ses énormes jambes. Seulement, ses assaut n'avaient rien perdu de leur puissances et il fallait être extrêmement prudent. C'est ainsi, après que le troll eut lâché ce qui restait du pauvre naugrim, que celui des collines noires glissa sur le sol désormais recouvert de sang. Ni une, ni deux, le troll l'écrasa tel un vulgaire moucheron, éclatant son corps qui relâcha ses boyaux et divers bouts de chair sanguinolents. Dwolin, encore choqué par la scène et aveuglé par ce mélange qui s'était posé sur ses yeux, ne fut pas assez vif et le prochain coup de la créature fut violemment assené à son thorax.

Dwolin vola littéralement dans les airs avant de s'effondrer contre une paroi. Il repensa  à Erebor et à la beauté de ses cavernes, à son chez-soi d'enfance, à son père qu'il ne reverrait jamais. Finalement ce n'était pas si mal de mourir comme ça. Jamais il n'aurait supporter les vingt ans de service imposés par le commandant. Rester dans les monts du fer détesté de tous, rabaissé, sans honneur.
En participant à cette mission il avait recouvert un peu de celui-ci. Et même s'il ne mourrait pas en héros, il serait mort en fier guerrier, combattant pour les intérêts de ses cousins et donc de tout son peuple. Dwolin se sentait partir, il avait déjà oublié son corps endolori et les cris des nains victorieux n'étaient plus qu'un vague souvenir. La caverne s'était empli de lumière et sans qu'il n'ait les yeux ouvert, il percevait la foule s'activer dans un étrange silence autour de lui. Et lorsqu'il allait lâcher prise, on le rappela à la réalité :

-Comment vous sentez-vous ?

Tout d'abord, il y eut la douleur. Elle qu'il avait oublié avec tout le reste. Ses plaies béantes qui piquaient, sa cheville qui menaçait d'exploser, ses côtes qui le brûlaient à chaque respiration et sa tête qui n'était pas dans un meilleur état que le lendemain de sa pire beuverie. Puis, les questions sur  ce qu'il venait de se passer.  Qu'avait-il ressentit ? Il referma les yeux un instant et essaya de retrouver cette sensation en vain. Il allait devoir continuer son voyage encore un peu.

Il reprit alors le contrôle de ses membres. Voir ceux qui répondaient et ceux qui avaient plus de difficultés. Il se tourna doucement sur le dos pour essayer d’appréhender la situation et recevoir de l'aide. La victoire des siens était effective, le troll entouré de ses alliés gobelins gisait par terre sans vie et les nains s'en félicitaient mutuellement. Un autre nain qui appartenait à la troupe qui les avait secouru s'approcha pour s’enquérir de son état.

-Ça va aller compagnon ?


Dwolin essaya de répondre et après un grognement qui dura quelques secondes, il répondit difficilement  :

-J'aurais bien besoin d'un petit remontant.


Le nain répondit le sourire en coin :

-On doit avoir ça !


Il sortit une petite flasque et en fit boire une gorgée à Dwolin. Ce dernier commença déjà à se sentir un peu mieux, il prit sur lui pour se redresser un peu et remercier son semblable dont il remarqua les galons :

-Merci sergent !

Ce dernier fit un petit signe de tête et s'apprêta à s'éloigner. Dwolin d'un naturel curieux ne put s’empêcher de demander :

-Que va t-il se passer maintenant ?


Le sergent revint sur ses pas et expliqua rapidement la situation :

-Et bien le capitaine ne va pas tarder à repartir avec la troupe pour poursuivre sa mission initiale, c'est à dire de prendre les gobelins à revers. Le reste de l'expédition, ainsi que quelques nains des renforts, vous rentrerez sous ma direction dans la cité avec les émeraudes. Nous reviendrons plus tard pour le stock d'armes.

Se rendant compte que son interlocuteur n'était toujours pas debout, il enchaîna :

-Vous pouvez marcher ?

-Laissez-moi quelques minutes, mais je penses que je peux me débrouiller jusqu'à la cité.

-Bien mais nous n'avons pas toute l'éternité devant nous, des gobelins peuvent revenir. Nous avons besoin de chacun d'entre vous.

Pour la première fois de son séjour quelqu'un faisait vraiment attention à Dwolin. Peut-être que si l'insigne de déserteur était encore en place il en aurait été autrement mais cela donna une nouvelle force à Dwolin qui inconsciemment, commençait à espérer la réussite de la mission non plus pour son salut personnel mais aussi pour la survie de ses cousins de Zulg-ai-Gathol.


Ainsi, la troupe de renfort repartit très rapidement laissant cinq nains en plus du sergent pour épauler les rescapés de l'expédition à ramener les pierres à bon port. Ces derniers faisaient vraiment peine à voir . Beaucoup étaient morts, d'autres ne valaient guère mieux. Les quelques chanceux qui n'avaient que quelques plaies superficielles se démenaient en quatre pour venir en aide à leur comparses plus mal en point devant les yeux du sergent qui désespérait de pouvoir repartir rapidement.

Dwolin réussit à se lever tant bien que mal après une phase assise relativement longue pendant laquelle il avait réactivé une à une ses articulations. Il nettoya comme il pu ses blessures les plus graves et pris une gorgée de ce qu'il lui restait dans sa flasque personnelle pour oublier un peu sa douleur aux cotes. La compagnie était majoritairement sans armes décentes et sans armures. D'ailleurs il aurait été étonnant qu'ils aient la force d'en porter. Ils restaient très vulnérables et une attaque de gobelins aurait vite fait de les achever. De là venait la nécessitée de ramener les émeraudes rapidement en sécurité.

Des choix logistiques et stratégiques devaient être pris en vitesse : Le nombre de sacs remplis des pierres-précieuses excédaient le nombre de nains au vue des pertes pendant la confrontation.  Aussi fallait-il prendre plus de pierres au détriment des armes ou devait-on en prendre quand même en sachant que la troupe ne ferait pas long feu de toute manière en cas d'affrontement.

Il fut donc décidé que les nains, dans un souci de rapidité, ne prendrait pas d'armes à l’exception des quelques-uns venant de la troupe de secours qui couvriraient les arrière. A la place, les rescapés prendraient un maximum de pierres-précieuses dans leurs sacs. Malgré quelques protestations, on ne pu offrir une sépulture décente aux nains tombés au combat et quelques volontaires regroupèrent les corps dans l'optique de revenir s'en occuper en même temps que l'arsenal. Les nains se relevaient petit à petit, remplissant leur sacs des émeraudes qui traînaient désormais un peu partout dans la salle.

Cependant au moment de la mise en marche il fut évident que le groupe serait lent, certains blessés peinaient à marcher et étaient de réels fardeaux. Néanmoins il était qu'évident qu'aucun nain ne serait laissé à l'abandon ce qui rassurait Dwolin car ,sans être en train de ramper , il éprouvait quelques difficultés à se déplacer convenablement et s'appuyait régulièrement contre les parois de la montagne pour reposer un peu ses jambes et son dos.

Heureusement, l'entrée de la cité n'était pas bien loin et malgré la vitesse réduite à laquelle ils avançaient, l'objectif se rapprochait d'autant que l'espoir des nains. Ils avaient déjà dépasser quelques croisements et le terrain se faisait maintenant familier.

C'est à ce moment que les gobelins décidèrent de faire encore une fois apparition. D’abord des petits bruits lointains qui laissèrent ensuite place à leur cri caractéristique qui ne trompèrent personne. Comme il s'y attendait, le sergent donna ses ordres. Il désigna un petit groupe de nains en possession de leurs moyens :

-Vous!, Vous savez vous rendre aux portes ? Ils acquiescèrent. Bien, allez-y et demandez qu'il l'ouvre   au plus vite et qu'ils se préparent à la fermer de même après notre passage. Maintenant !

Le mécanisme d'ouverture de cette porte en pierre était si long qu'ils risquaient de se faire massacrer sur le seuil en attendant qu'elle s'ouvre. De même, s'ils tardaient à refermer la porte, des gobelins pouvaient rentrer dans la ville. Les nains partirent sur-le-champ aussi vite qu'ils le purent.

-Vous autres, dit-il en désignant le reste de l'expédition, je sais que vous êtes à bout mais c'est maintenant ou jamais. Plus que nos vies, c'est la vie de tout notre peuple qui est en jeu. Courrez!Quitte à ce que vous mourriez d'épuisement juste après avoir passé la porte avec les émeraudes, ne mourrez pas avant ! Allez !

Alors que la troupe fit de son mieux pour accélérer, puisant dans ses dernières forces. Le sergent et les cinq nains armés se placèrent en travers du chemin, en position de combat. Plus ils résisteraient, plus il y avait de chance pour que les émeraudes aient le temps de passer la porte.

-Ne nous attendez pas ! Cria le sergent en guise d'adieux.

Dwolin repensa alors à tous ces gens qui étaient morts pour cette cause, le capitaine Draft, le marchand, les mineurs, tous les soldats écrasés et ceux qui avaient combattus avec bravoure.
Les cris se faisaient déjà plus proches.
Il accéléra le pas, il devait réussir.
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Ryad Assad
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyMer 26 Aoû 2015 - 12:11
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Errin avait la mine sombre. Aucun mot ne quitta ses lèvres, alors qu'il observait, hagard, le champ de bataille. Nul cri de joie ou de victoire, nul bras levé triomphant. Ils avaient remporté la victoire contre les Gobelins, certes, mais à quel prix ? Tant des leurs gisaient, morts. Deux Nains des Collines Noires avaient payé le prix de cette terrible journée. Murin et Borilin, dont il restait bien peu de choses désormais, sinon le souvenir qu'ils avaient laissé dans la mémoire de leurs compagnons. Morts. Errin avait du mal à l'accepter. Tout était allé tellement vite, alors qu'il avait l'impression que cette aventure avait duré des semaines. Des semaines fantasmées, passées à se battre contre la peur, la faim, la fatigue et les blessures. Des semaines rêvées, passées à courir dans les couloirs sombres des Monts du Fer, à se priver et à se dépasser pour un jour avoir l'espoir de rentrer en vie. Et en un éclair, quelques coups d'épée et un Troll plus tard, tout n'était plus chaos. Tout n'était plus que mort et désolation. Il y avait du sang partout, noir et puant. Les bêtes agonisantes étaient mises à mort, les Naugrim qui sombraient peu à peu étaient accompagnés doucement dans leur dernier sommeil. Les poings du guerrier se serrèrent. Il fallait que leur sacrifice servît à quelque chose. Il y avait forcément un sens à tout cela. Forcément…

Le Nain sentit qu'on lui posait une main sur l'épaule, et il se retourna lentement, le regard plus noir que jamais. Il paraissait vouloir repartir au combat sur-le-champ, même s'il ne tenait plus en main que le bouclier éventré qui lui avait sauvé la vie contre le dernier Gobelin qu'il avait eu à affronter. Il avait littéralement fracassé le crâne de ce dernier, s'était acharné avec l'énergie du désespoir, avant de finalement retomber, épuisé, vide. Ses yeux croisèrent ceux d'un des soldats venus en renfort. Il paraissait comprendre sa rage, mais il semblait plutôt prôner l'apaisement pour le moment :

- Buvez un peu, vous devez être mort de soif, comme les autres.

Errin aurait pu refuser, plein d'orgueil, mais il n'était pas stupide. Il savait qu'il fallait parfois accepter sa propre faiblesse, pour ne pas sombrer bêtement. Partir au combat en étant si affaibli n'était certainement pas une bonne idée. Il accepta donc l'outre d'eau qu'on lui tendait, et en but de longues gorgées, prenant compte seulement à ce moment de l'état d'épuisement dans lequel il se trouvait. S'il avait été déraisonnable, il aurait terminé cette outre qui ne lui appartenait pas, et en aurait demandé une autre immédiatement. Il savait cependant que ce Nain qui lui prêtait assistance en aurait besoin bientôt, et il se résigna à contre-cœur à la lui rendre.

- Que fait-on maintenant ?

- On vous ramène. Vous avez de quoi sauver Zulg-ai-Gathol, et vous êtes notre priorité numéro un.

Errin regarda le groupement Naugrim en train de se préparer. De braves guerriers en train de vérifier leurs armes et leur matériel, en s'apprêtant à repartir au combat. Ils avaient l'air déterminés, résolus, et le Nain aurait tout donné pour les accompagner dans un dernier assaut. Il aurait tout donné pour pouvoir les accompagner jusque dans les tréfonds de la montagne, pour y trouver la mort ou la gloire. La mort et la gloire. La mort, donc la gloire, peut-être… Ses épaules s'affaissèrent. Il savait ne pas pouvoir. Il savait avoir déjà accompli sa mission. Les émeraudes étaient là, et elles devaient parvenir dans les plus brefs délais au conseil de Zulg-ai-Gathol, elles devaient être remises aux dirigeants et aux responsables qui sauraient quoi en faire. Et il fallait également rapporter ce qu'ils avaient vu, la trahison des Zundrad, l'arsenal forgé dans le plus grand secret, au mépris des lois Naugrim. Hélas, il y avait beaucoup de choses à régler, et ils n'étaient pas encore arrivés au bout de leur périple.

- Errin ? Errin Sharh-Narag ?

L'intéressé tourna la tête vers un des soldats qui paraissait le chercher, un peu plus loin. Il leva la main, et le guerrier s'avança vers lui, sombre :

- Varrin souhaite vous parler. Il est dans un état grave…

- Je sais…

Errin avait vu ce qu'il s'était passé, et il en avait été horrifié. Le corps de son chef avait littéralement traversé les airs après avoir rencontré la massue du Troll. Il s'était écrasé quelques mètres plus loin, et c'était un véritable miracle qu'il fût encore en vie, qu'il fût encore en mesure de parler. D'autres n'avaient pas eu cette chance. Le Naugrim n'avait pas voulu approcher du blessé, pour ne pas le déranger outre mesure. D'autres membres de son clan s'étaient portés à son chevet pour le soutenir, mais lui ne pouvait tout simplement pas. Il ne pouvait pas regarder en face la faiblesse et la mort des siens, il se refusait à regarder la lente agonie d'un vétéran courageux qui s'était porté volontaire malgré son âge. Il ne pouvait pas rester là, à contempler la fin de sa famille. Il avait envie d'agir, de faire n'importe quoi, tout ce qui pouvait lui occuper l'esprit. Hélas, il n'y avait plus rien. Il était là, inutile, incapable, attendant patiemment qu'on le ramenât chez lui. Il n'était plus un guerrier, désormais, il n'était guère plus dangereux qu'un mineur. Cette prise de conscience acheva de le terrasser, et il se traîna vers Varrin sans enthousiasme, effrayé de ce qu'il allait découvrir.

Un cercle s'était formé autour du vétéran, mélangeant compagnons d'armes et guérisseurs militaires qui venaient lui prêter assistance. Il n'y avait pas vraiment de spécialistes des soins dans l'armée des Monts du Fer, mais les soldats avaient une certaine expertise en la matière, et les meilleurs dans ce domaine étaient souvent chargés de se pencher sur le sort des blessés les plus graves. On s'écarta pour laisser approcher Errin, qui put enfin découvrir l'étendue des dégâts. Varrin était allongé sur le dos, la tête relevée pour lui permettre de boire un peu d'eau. Il avait l'air affaibli, et sa poitrine se soulevait à un rythme irrégulier sous sa barbe maculée de sang. Le noir et le rouge ressortaient vigoureusement sur celle-ci, blanche comme la neige, et le guerrier resta un instant absorbé dans sa contemplation, incapable de rien dire. Le chef prit alors la parole d'une voix si ténue qu'il fallait se pencher pour l'entendre :

- Errin… Tu es là… Je voulais te dire quelque chose…

- Qu'y a-t-il, Varrin ?

Le vieux Naugrim s'humecta les lèvres, et se saisit ferment du bras de son jeune neveu, le serrant avec une force difficile à imaginer chez un Nain qui avait subi tant de blessures. La force de son bras n'était que le reflet de celle de son caractère inflexible, à dire vrai. Errin se pencha un peu plus en avant, tendant l'oreille pour ne pas perdre les précieuses paroles de son chef. Celui-ci reprit :

- Ma fin est proche, Errin… Je veux qu'à mon dernier souffle, tu prennes mon épée… Elle est pour toi…

Une vague de surprise passa chez tous les Nains qui se trouvaient autour, Errin compris. Il demeura immobile un instant, choqué et surpris. Il ne pouvait pas accepter. Il ne pouvait pas accepter l'héritage de Varrin, qui venait de le désigner comme son successeur. Il y avait bien d'autres Nains capables dans le clan, qui pouvaient assumer cette fonction, des personnes plus sages et plus intelligentes qui sauraient apporter la prospérité au clan des Collines Noires. Errin était un guerrier, et il ne comprenait pas le choix de son oncle. Bien d'autres paraissaient ne pas en comprendre les raisons, même si les cousins d'Errin paraissaient le soutenir de toutes leurs forces. Ils savaient que la décision d'un chef était irrévocable, et qu'il n'avait pas pris cet engagement à la légère. A moins qu'il ne changeât de décision ou que le sort s'abattît sur l'héritier désigné, rien n'empêcherait Errin de devenir à son tour chef. Un honneur, et une grande responsabilité que le Nain ne se sentait pas prêt à assumer. Dans l'âme, il était encore un guerrier, un combattant dont la place était sur le champ de bataille. Il n'avait jamais mis les pieds au conseil, et il ne s'entendait pas très bien avec les rares membres qu'il connaissait. Non, décidément, il n'était pas fait pour cela…

- Varrin, vous ne pouvez pas…

Le vieux Nain sourit, révélant des dents tâchées de sang :

- Un dernier pied de nez… à ceux qui oublient que nous sommes des guerriers… avant tout…

Errin baissa la tête, comme si le poids des responsabilités prenait déjà place sur ses épaules, le voûtant avant l'âge. Il mit un instant avant d'accepter cette révélation, mais finit par relever le menton pour répondre :

- Je ne suis pas prêt, Varrin, et tu le sais. D'ici à ce que je puisse être un successeur digne, je t'interdis de mourir, tu comprends ?

Les Naugrim autour eurent un sourire satisfait, et les médecins s'employèrent avec encore plus d'ardeur à essayer de stabiliser l'état du vieux Nain. Les blessures qu'il avait reçues étaient graves, mais c'était un dur à cuire, qui avait survécu à de nombreuses batailles. Il surmonterait cette nouvelle épreuve, et vivrait encore de longues et belles années, à n'en pas douter. Errin voulait y croire, car il aurait besoin de plusieurs décennies pour se faire à la nouvelle. Ajoutant à l'attention des Nains qui se trouvaient autour de lui, et qui seuls avaient entendu ces révélations :

- Que cela reste secret. Tant que Varrin aura un souffle de vie, je vous interdis de prononcer le moindre mot au sujet de son héritage qu'il n'ait prononcé lui-même. Est-ce clair ?

- Bien sûr, Errin…

Le Naugrim hocha la tête, et se redressa pour repartir à ses occupations. Varrin vivrait, il en avait l'intime conviction, mais cela ne le dispensait pas de commencer déjà à travailler dur pour assumer la charge qu'il aurait sans doute un jour à porter. Chef… Non, il n'aurait jamais imaginé pareil revirement dans son existence. Refusant de rêver au futur alors que le présent était sombre et sanglant, il s'empressa de prêter main-forte à ceux qui remettaient de l'ordre dans les émeraudes, pour rééquilibrer les sacs. Le Nain en chargea bientôt un sur ses épaules, et se dépêcha de rejoindre la colonne qui s'apprêtait à partir. On avait construit des brancards de fortune pour les blessés, qui ne feraient que ralentir la progression du groupe, et qui les obligeraient à se montrer particulièrement précautionneux lorsqu'il serait venu le temps de négocier certains passages un peu étroits. Après avoir jeté un dernier regard autour d'eux, les Nains prirent la direction de Zulg-ai-Gathol, conscients que le futur serait peut-être un peu moins terne s'ils parvenaient à ramener ces pierres précieuses chez eux, là où on avait tant besoin d'elles…

La progression dans les galeries se faisait de plus en plus facilement, car les couloirs proches de la cité étaient plus larges, et mieux entretenus. Ils ne forçaient pas l'allure, mais pouvaient circuler plus confortablement, ce qui n'était pas du luxe dans ces conditions. Avoir un peu d'air frais, un peu d'espace, ne pas être obligé de s'écorcher les épaules sur les parois, ou bien de se tordre de manière non naturelle pour franchir un boyau étroit au risque de déchirer le sac d'émeraudes… ils s'évitaient bien des complications, et progressaient en sentant leur enthousiasme revenir peu à peu. Certes, il y avait eu des morts, dont les corps reposaient encore dans la montagne, mais ils avaient réussi. Ils l'avaient emporté, et ils s'apprêtaient à rentrer de manière triomphale à Zulg-ai-Gathol, auréolés de gloire en ayant échappé une fois de plus à la mort. Certains se laissaient déjà aller à imaginer retrouver une bière rafraîchissante, d'autres salivaient déjà en songeant à un bon repas chaud. Errin, lui, pensait surtout à son lit qui lui avait tant manqué. Il avait mal aux pieds, mal au dos, et il avait l'impression qu'il lui faudrait des semaines de repos pour se remettre de cette expédition désastreuse. Il n'était pas encore au bout de ses surprises. Alors que la compagnie avançait, des bruits inquiétants se firent entendre derrière eux, dans les galeries :

- Silence ! Ecoutez !

Chacun s'arrêta, essayant de se retourner pour mieux tendre l'oreille. Pendant un instant, on ne perçut que le souffle inquiet d'une compagnie de Nains, avant qu'un hululement angoissant retentôt derrière eux, en se répercutant sur la roche :

- Des Gobelins, des Gobelins !

Une agitation fébrile s'empara du groupe, et le sergent qui les accompagnait donna ses premières consignes avec célérité et efficacité. Un premier groupe de Nains s'élança dans les couloirs à toute vitesse, en espérant rejoindre la porte de la cité le plus rapidement possible, pour l'ouvrir avant l'arrivée des Naugrim. Il faudrait espérer que des gardes se trouveraient là en nombre suffisant, car s'il était probable qu'ils arrivassent à temps, il était moins certain que les lourds battants de pierre seraient refermés au moment où les Gobelins viendraient s'y frotter. Sitôt l'avant-garde partie, les autres guerriers s'empressèrent d'ajuster leurs paquetages, et de se préparer. Ils n'avaient ni arme ni armure, ce qui leur faisait gagner du poids. Ceux qui portaient les blessés furent délestés de leurs émeraudes, et Errin se retrouva à porter deux sacs, dont un reposerait sur son torse, l'autre accroché à son dos. Il serait considérablement ralenti, mais il valait mieux cela que de laisser des blessés tomber aux mains de l'ennemi. Sans attendre vraiment les consignes du sergent, ils se mirent alors à courir comme des fous. Ils savaient, quelque part, que les soldats s'étaient arrêtés derrière eux pour attendre de pied ferme les Gobelins et essayer de les repousser, mais c'était une pensée lointaine. Ce qui primait maintenant, c'était de courir aussi vite que possible, sans tomber, sans trébucher, sans s'égarer.

Errin avisa un Nain qui traînait quelque peu, et qui paraissait ne pas suivre le rythme des autres. Déjà deux Naugrim l'avaient dépassé, mais il s'accrochait et continuait à courir. Le guerrier le saisit fermement par l'épaule, assurant sa prise, avant de le pousser pour le faire accélérer. Il gagna un peu de vitesse, mais surtout le soutien inattendu devait le soulager un peu, car sa jambe était blessée. Quand il se retourna pour voir d'où venait cette assistance, Errin remarqua qu'il s'agissait du déserteur. Il fronça les sourcils. Jamais il n'aurait pensé se retrouver dans cette situation, et aider de toutes ses forces un déserteur, et un Nain de la Moria de surcroît. Ils coururent ainsi à perdre haleine, suivant le dédale de couloirs qui se dressait devant eux. Ils avisèrent une pente difficile, et ils ralentirent considérablement pour la franchir, s'aidant de leurs mains, s'agrippant aux rochers et aux parois pour ne pas tomber. Ils étaient si épuisés que respirer n'apportait aucun réconfort à leurs poumons en feu. Leurs jambes étaient fébriles, et s'ils s'arrêtaient, ils savaient ne jamais pouvoir repartir. Arrivés en haut de la pente, Errin reprit l'épaule du déserteur, et continua à le soutenir, en criant :

- Allez, allez ! On y est !

En effet, devant eux se dressaient les immenses portes de Zulg-ai-Gathol, déjà ouvertes fort heureusement. Ils forcèrent l'allure, sans rien écouter d'autre que les battements affolés de leurs cœur, sans rien regarder d'autre que leur objectif qui se rapprochait pas à pas. La sueur qui coulait sur leur front avait le goût du sang, et c'en était peut-être d'ailleurs, tant ils avaient combattu durement ces dernières heures. Errin et le déserteur arrivèrent bientôt à franchir les portes, criant à l'aide de toutes leurs forces. D'autres Nains vinrent à leur rencontre, tout aussi essoufflés :

- La Garde arrive ! La Garde de Fer ! Ils… Ils seront bientôt là !

Errin déposa ses émeraudes dans un coin, débarrassant son corps de ce fardeau si difficile à porter. Privé d'arme, d'armure et de tout moyen de défendre la cité, il se précipita vers les portes, et commença de pousser dessus de toutes ses forces pour accélérer leur fermeture. Il savait que des Nains actionnaient un mécanisme difficile et complexe pour faire bouger la porte, et qu'il n'était sans doute pas plus utile qu'un souffle de vent, mais il devait faire quelque chose. Absolument ! Il devait faire quelque chose, car il ignorait qui arriverait en premier : la Garde de Fer, l'élite de l'armée des Monts du Fer, les combattants les plus redoutables ou les plus dangereux, ou bien une horde de gobelins sauvages qui déferleraient dans la cité comme une marée d'immondices prête à tout détruire. Criant de toutes ses forces, il lança à ses compagnons :

- Venez m'aider !

Arc-bouté contre la porte, il jeta ses dernières réserves dans cette bataille contre le temps.


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Mardil
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Dans les profondeurs de la montagne EmptySam 29 Aoû 2015 - 22:51
Dans les profondeurs de la montagne Donrim10

Un massacre. Il n’y avait pas d’autres mots pour qualifier l’amoncellement de cadavres dans l’arsenal. Donrim avait de la chance de ne pas faire partie des victimes. Il n’était que légèrement blessé au bras gauche. Bien trop légèrement à vrai dire. N’importe qui pourrait se rendre compte qu’il était resté éloigné des combats les plus violents. A vrai dire dès qu’il avait pu se cacher, il était resté le plus en sécurité possible.

Lorsqu’il comprît que la victoire était à eux grâce aux renforts des leurs, il sortit discrètement de sa cachette. Il enleva l’une de ses bottes et se servit d’une dague pour y faire un large trou sur le dessus. Il se badigeonna le pied de sang, grâce au cadavre d’un nain tout proche, remit sa botte et rajouta du sang dessus pour faire bonne mesure. Cela ressemblait maintenant à une blessure sérieuse mais pas suffisamment grave pour être examinée de suite. Dans tous les cas, personne ne lui demanderait de suivre les nouveaux venus pour se battre à leurs côtés. Il préférait de loin faire parti du groupe qui ramènerait les émeraudes dans la cité.

Il fît ensuite ce qu’il devait faire. Il se dirigea (en n’oubliant pas de claudiquer comme si chaque pas lui faisait souffrir le martyr) vers le cadavre de Rengrim et montra tout le chagrin qui était le sien. Il ne simulait pas d’ailleurs. La mort de son frère était une tragédie mais une tragédie que ce dernier avait lui-même provoquée. Donrim ne pouvait être tenu pour responsable de son décès. Si Rengrim avait été loyal, tout ceci aurait pu se passer différemment.

Il partit peu de temps après avec ce qui restait des nains de l’expédition, encadrés par quelques uns des soldats qui les avaient sauvés. Il portait un lourd sac d’émeraudes sur le dos mais, pour une fois, il ne se plaignit pas. Personne ne lui adressait la parole et les regards mauvais posés sur lui eurent tôt fait de lui faire comprendre que la mort de Rengrim ne réglerait pas ses problèmes comme il l’avait pensé de prime abord. Aucun des nains qui revenait de l’expédition ne parlerait en sa faveur. Même le courageux sacrifice de son frère ne suffirait pas à attirer la clémence du conseil.

Qu’allait-il lui arriver une fois de retour à Zult-ai-Gathol ? L’emprisonnement très certainement. Peut-être même l’exécution ? Le conseil ne prononçait pas cette peine à la légère mais si il était reconnu coupable de trahison, il risquait fort de mourir. Il ne pouvait l’accepter. Il avait travaillé si dur et si longtemps. Il lui était déjà pénible de voir d’autres s’approprier le fruit de son labeur mais être condamné pour s’être montré plus doué que ses compatriotes lui semblait d’une injustice sans nom. Seulement, que pouvait-il faire ? Ses options lui paraissaient des plus limitées.

Alors qu’ils n’étaient plus qu’à quelques centaines de mètres de la porte sud-est, une porte de dimensions intermédiaires qui aurait semblé monumentale à tout autre qu’un nain, ils entendirent les sons caractéristiques des gobelins. Le cauchemar semblait sur le point de recommencer. Les soldats qui les avaient sauvés décidèrent alors de retarder les gobelins, afin de leur laisser le temps d’atteindre la cité. Tous se mirent à courir aussi vite qu’ils le pouvaient dans une confusion générale.

Donrim comprît que sa chance était venue. Il courut avec ses camarades mais bifurqua avant d’atteindre la porte. Il s’engouffra dans un petit couloir qui faisait le tour de la cité et qui reliait cette dernière à une sortie dans la montagne. Au milieu du chaos ambiant, personne ne fit attention à la fuite du nain qui disparut dans l’obscurité, chargé d’un précieux sac d’émeraudes.

Dans les profondeurs de la montagne Dagar_10


Dagar aurait cru être exténué mais il ne l’était pas. Il ne pleurait pas la disparition de tant des leurs. La colère brûlait dans son cœur. Il ne désirait qu’une seule chose : venger les siens en entraînant dans la tombe le plus possible de ces créatures de malheur. Rien n’aurait pu lui apporter davantage de réconfort que de taillader, trancher, écraser davantage de gobelins dans sa fureur destructrice.

C’est pourquoi il ne repartit pas en compagnie des nains de l’expédition. Il avait rempli sa mission du reste. Les émeraudes arriveraient bientôt à bon port. Il ne pouvait plus être d’aucune aide aux siens dans la réussite de leur mission. Mais il pouvait aider les soldats courageux qui défendaient avec honneur et acharnement leurs foyers ancestraux. Il ramassa la lourde épée qui lui avait tant servi dans la bataille. Il ne la replacerait pas avec les autres armes dans l’arsenal. Elle complétait son bras mieux que sa pioche ne l’avait jamais fait.

Tant de nains étaient morts. De courageux soldats qui avaient passé leurs vies à combattre les gobelins. Et lui, un simple mineur, n’avait que des coupures superficielles. Il avait tué plus de ces êtres répugnants qu’il n’aurait jamais pensé possible. Il avait compris que ces jours à travailler dans les mines étaient terminés. Désormais, il ne se consacrerait plus qu’à défendre sa patrie.

Il alla donc voir le capitaine et lui déclara qu’il venait avec eux prendre les gobelins à revers. Il ne lui demanda pas la permission. Il se contenta d’annoncer sa décision. Le capitaine s’apprêtait à prendre la parole mais quelque chose dans le regard de Dagar le stoppa net. Il se contenta de hocher la tête en silence et retourna aider les blessés et organiser le départ du second groupe avec son sergent.

Il ne leur fallut que peu de temps pour traverser la grande salle sud. Des cadavres partout où ils posaient le regard, rien que des cadavres. Beaucoup trop de nains parmi eux. Cette salle avait résisté pendant des décennies et désormais tout n’était que ruines. Les bruit de la bataille faisait rage dans la salle suivante : l’antichambre menant à l’imposante porte sud, l’une des 4 entrées principales de la cité.

Le terme d’antichambre ne semblait approprié que pour des nains cependant tant cette dernière aurait semblé incroyablement vaste pour tout autre peuple. Des centaines de gobelins se pressaient dans la salle, tenus en respect par quelques dizaines de nains. Il s’agissait de la Garde de Fer, l’élite des soldats de Zult-ai-Gathol. Mais, même ces combattants hors du commun ne pourraient retenir indéfiniment un ennemi si manifestement supérieur en nombre. La porte sud était fermée derrière eux. Ils étaient restés en arrière, prêts à sacrifier leur vie pour laisser aux leurs le temps de préparer leurs défenses à l’intérieur de la cité.

Mais la capitale des Monts du Fer ne devait pas tomber ce jour là. Les nains déferlèrent sur les gobelins qui ne s’attendaient pas à une attaque sur leurs arrières. A la vue des renforts, les soldats de la Garde de Fer semblèrent retrouver toutes leurs forces. Ils se battirent avec plus de hargne que jamais.

Dagar n’était pas en reste et son épée était noire de sang. La raison semblait l’avoir désertée à mesure qu’il s’enfonçait dans les rangs ennemis. Leurs opposants les encerclaient mais rien ne semblait pouvoir le stopper. Son épée trancha net la tête d’un peau-verte. Les Zundrad étaient peut-être des traîtres mais ils avaient été les meilleurs forgerons de la cité. Sa lame tailladait les chairs et coupaient même les os comme s'il s'était agi de simples brindilles. Plus d’un soldat se retourna vers ce mineur qui se battait aussi bien que s’il avait manié l’épée toute sa vie.

Cependant, il ne fût pas assez rapide pour contrer une attaque et son assaillant lui infligea une profonde blessure au niveau de l’abdomen. Dagar ne lui laissa pas l’opportunité de recommencer et fendu en deux l’immonde visage de la créature. Il ne prît pas la peine d’observer sa blessure et se jeta dans la bataille avec encore plus de férocité. Les gobelins tentèrent de s’enfuir lorsqu’ils comprirent qu’ils n’avaient plus aucune chance de victoire mais aucun ne put trouver d’échappatoire. Ils furent massacrés jusqu’au dernier. La pitié ne pouvait être de mise.

La victoire était aux nains mais personne ne lança d’acclamation. Trop des leurs avaient péri. Ils avaient perdu la salle sud qui ne serait pas remise en état avant des mois. Certes, leurs ennemis avaient dû reculer mais combien d’entre eux se cachaient encore dans les profondeurs de la montagne, croissant et se multipliant sans cesse. La guerre n’était pas fini, ni aujourd’hui et certainement pas demain. Ils n’avaient fait que gagner quelques mois, peut-être même moins.

Le mécanisme de la porte sud se mit en marche et Dagar pût enfin contempler les murs familiers de sa chère cité. Un soldat vînt à leur rencontre en courant.

- Les gobelins attaquent au sud-est. Nous avons besoin d’aide.

Aussitôt, les soldats de la Garde de Fer partirent au pas de course, oubliant leurs blessures et ne faisant appel qu’à leur courage. Dagar voulut les suivre mais à peine se fût-il relevé qu’il tombât à la renverse. Ce n’est que là qu’il vit l’horrible entaille sur son flanc gauche et le sang qu’il perdait en abondance. Il s’effondra sur le sol, à peine conscient des nains qui l’entouraient et qui faisaient tout pour essayer de lui sauver la vie. Il ne pensait qu’à une chose : pourvu que la Garde de Fer arrive à temps pour sauver les autres.
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Dwolin
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Dwolin

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Dans les profondeurs de la montagne EmptyLun 7 Sep 2015 - 22:40
Bien que Dwolin soit parti dans les premiers du groupe, il ne tarda à pas à se faire dépasser progressivement par tous ses compagnons. Sa jambe lui faisait atrocement mal et malgré tous ses efforts, ils n'avançait que trop lentement pour échapper aux gobelins. Néanmoins il s'accrochait avec tout ce qu'il lui restait de volonté, à avancer son sac rempli d'émeraude sur le dos. Il trébucha contre un rocher. Le temps de se relever et les gobelins approchaient encore plus. Alors que l'optimisme quittait peu à peu le nain, une main se posa sur son épaule et le poussa vers l'avant. Tellement la chose était inespérée, Dwolin commença d'abord par ne pas y croire, puis sans se retourner il remercia le nain dans un souffle haletant. Ils prirent de la vitesse et une énergie nouvelle prit place en eux. Une énergie pas comme les autres, qui dépasse les lois physique de ce monde. Une énergie qui porte plus qu'une gorgée du miruvor, l'énergie d'un nain qui aide son frère naugrim en détresse.

C'est ainsi qu'au delà de toute espérance, au delà de toute leur souffrance et de leur fatigue. Ils arrivèrent les poumons brûlants et les jambes en sang devant les portes de Zult-ai-Gathol. Une fois celles-ci dépassées, Dwolin posa son sac et tomba lourdement dessus, presque inconscient.
Tous les nains étaient passés et pourtant l'état d'alerte régnait toujours dans les rangs. En effet les gobelins arrivaient. Alors tout devint clair pour Dwolin malgré son état d'hébétude. Il aurait pu fuir, maintenant qu'il avait ramené les émeraudes, plus rien ne le retenait, il n'avait qu'à partir dans la direction opposé. Cependant, on avait besoin de lui, ses cousins, ses frères avaient besoins de lui. Il se leva alors et rejoint ceux qui poussaient la porte. Rien que l'idée de voir tous ceux qui l'avaient accompagné mourir, tués par les gobelins, redoublait ses forces. De toute façon la garde de fer ne devait pas tardé et ils ne seraient plus en danger.

Hélas le temps passait sans que ceux-ci ne rappliquent et la porte restait désespérément entrouverte malgré les efforts des nains. Les cris se faisaient plus proches et la tête du sergent qui avait couvert leur repli fut lancé à travers l'ouverture. Cette vision d'effroi fut suivie par les premier gobelins qui passaient la mince ouverture restante. Les nains reculèrent. Sans armes, aux bouts de leurs forces c'était la fin. Les premiers gobelins prenaient déjà de la vitesse dans leur direction. L'on vit alors une charge formidable, celle de la garde de fer dans ses dernières forces. Broyant du gobelin, le tranchant des membres comme du beurre, écrasant des têtes, enfonçant des poitrines. Très vite les nains recommencèrent à pousser la porte et galvanisés par cet élan la fermèrent rapidement, bloquant l'ennemi. Ceux qui étaient encore dans l'enceinte furent renvoyer de suites dans les abysses avec des grands coups d'épée dans le crâne. Finalement il n'y avait que dans cette position que l'on aimait les peaux-vertes, et encore...

La victoire était du côté des nains ce jour là et l'on allait s'en souvenir longtemps car les guerriers des monts du fer avaient repoussés leurs ennemis et avaient récupérés les émeraudes sans l'aide de personne venant de l'extérieur, ou presque.

Dwolin s'était effondré sur place après que la porte ne se soit fermée. Il s'était éveillé deux jours après sur un lit confortable pour se rendormir encore un jour entier. Lorsqu'il se réveilla pour de bon il vit qu'on s'était occupé de ses blessures pendant son sommeil. La douleur s'était en majeur partie évanouie alors que les souvenir refaisaient surfasse. Est-ce que ses compagnons s'en était sortis ?
Dwolin se leva précipitamment, sa cheville tirait encore un peu mais il avançait sans difficultés. Il sortit de sa chambre et alla au bout du couloir. Là il trouva des visages familiers et tout le monde sourit, heureux de constater leur rétablissements mutuels. Dwolin apprit qu'ils étaient dans les bâtiments du conseil qui avaient été provisoirement convertis en hôpital pour les rescapés de l'expédition. Certains étaient déjà partis faire leur rapport au conseil mais beaucoup de choses restaient à être réglés notamment concernant l'arsenal retrouvé et la fuite du plus jeune frère Zundrad après la découverte de sa trahison.  


En fin d'après-midi, un garde vint le chercher, le commandant le convoquait. Il arriva très rapidement à la caserne et le commandant le reçu dans son bureau. Il l'accueilli l'air joyeux :

-Monsieur Dwolin ! C'est un plaisir de vous voir. Prenez un siège ! Dit-il en désignant les chaises devant lui.

Le rescapé s'assit donc, étonné de l'accueil chaleureux qu'on lui faisait. Son interlocuteur reprit :

-Avant toute chose, je dois bien avoué que lorsque je vous ai envoyé là-bas je ne pensais pas vous revoir. Enfin maintenant que vous êtes devant moi et que vous avez réussi, je vais peut être reconsidérer mon offre.


Dwolin fut sur le point de protester car il s'attendait à ce que le commandant ne tienne pas ses engagements et décide de le garder en poste ici. Mais avant qu'il ne dise quoi que ce soit ce dernier finit sa phrase :

-Vous êtes libre de repartir où bon vous semble, vous ne nous devez plus rien.

Le désormais ex-traitre, étonné n'eut qu'une faible réaction :

-Eh bien, euh... merci !

-D'autres nains m'ont racontés comment vous vous êtes comporté et bien que ma décision n'était pas pour ces raisons, ce fut sûrement l'une de mes meilleures.  
Demain le conseil recevra les membres de l'expédition pour les remercier officiellement. Seulement certains n'ont pas souhaité votre présence malheureusement.


Dwolin fut un peu déçu mais il ne fallait pas trop en demander.

-Néanmoins, au vu des déconvenues que vous avez pu rencontré, j'ai décidé pour vous remercier personnellement de vous offrir un petit cadeau

L'imposant nain frappa alors dans ses mains et deux gardes apportèrent une armure toute neuve. Elle était de même constitution que celles de la garde mais de forme différente et sans les marques des monts du fer. La pièce maîtresse de cet ensemble était un casque magnifique, et même si Dwolin n'était pas un expert, forgé dans un alliage très résistant avec des finitions parfaites. Les yeux de ce dernier brillèrent à la vue de ce splendide cadeau.

-Je ne sais que dire...

-Ne dîtes rien et enfilez-le, avec les seules émeraudes que vous aviez dans votre sac on pourra en forger d'autres. Et puis votre armure y est resté alors c'est bien la moindre des choses.

Dwolin enfila le casque sur la tête. Il lui allait à la perfection et lui donnait un panache non négligeable pour un nain. Il bredouilla quelques remerciements gênés.

-Cela faisait longtemps qu'aucun de nos lointains cousins n'étaient venus et ne nous avait aidé comme vous l'avez fait. Avec notre nouveau roi une nouvelle ère s'ouvre pour notre peuple et le conseil espère participer à celle-ci en vous offrant ce cadeau. Il appartenait au capitaine Draft qui n'avait pas osé le prendre de peur qu'il tombe entre les gobelins. C'était un home valeureux, dévoué à son peuple et mon ami. Il ne laisse personne à qui le donner et nous avons pensé qu'il était bon de vous l'offrir. Portez-le fièrement en son souvenir.  Au moins il vous apportera le respect des nains des monts du fer si ce n'est dans les autres montagnes.

Dwolin s'inclina en signe de respect devant ces paroles.

-Demain une expédition partira vers Erebor assister au couronnement de Thorik. Ce n'est pas un ordre mais je vous invite à la suivre et une fois là-bas de dire à nos frères que nous sommes avec eux malgré nos différents passés. Je sens que quelque chose a bougé et nous ne seront pas de trop si nous voulons conserver cette ville, la dernière des montagnes grises.

-Comptez sur moi !

Après cette rencontre Dwolin erra dans les rues pensif. La vie lui donnait une seconde chance, il venait de passer de déserteur à héros. Les gens regardaient son casque avec admiration quand il le voyait passer. L'avenir du nain lui paraissait clair, il devait faire honneur à ce casque et servir le peuple nain. Pour cela, quo ide mieux qu'aller en Erebor et faire allégeance au roi ? Durant toute sa jeunesse, Dwolin n'avait connu que les tensions entre les royaumes nains et un haut-roi impuissant dans sa maladie. Le nouveau qui s'élevait incarnait tant de choses. L'espoir que l'expérience de solidarité entre naugrim qu'il avait vécu pouvait se reproduire, qu'ils pouvaient triompher de leurs ennemis s'ils étaient tous unis. Oui, quoi de mieux que de servir cette cause, celle qui les fera redevenir un grand peuple avec un grand souverain comme à l'époque des autres âges. Le temps était venu  et Dwolin était maintenant convaincu qu'il avait son rôle à jouer dans cette histoire.

Le lendemain matin, il se rendit sur la place centrale. Ses maigres affaires compactées sur son dos, son heaume sur la tête, prêt à accomplir sa destiné si insignifiante soit-elle comparé à celle du peuple d'Aulë.

HRP : C'est avec une petite larme que je conclu ce post, merci à vous deux de m'avoir redonné goût à l'écriture et de m'avoir fait revoir mon nain adoré Very Happy Au passage j'en ai profité pour inclure ma récompense du JDR.
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Ryad Assad
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Dans les profondeurs de la montagne EmptyMer 9 Sep 2015 - 14:56
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Avec un craquement glorieux, la lourde porte de pierre se referma sur l'avancée des Gobelins, laissant éclater la joie des valeureux combattants de la Garde de Fer. La bataille avait été particulièrement féroce, et c'était bien la première fois qu'Errin restait en retrait pendant que les autres combattaient. Poussant la porte de toutes ses forces, il avait vu les Nains écraser méthodiquement l'avancée des Gobelins, en faisant bloc de toutes leurs forces. Un véritable mur d'acier s'était avancé vers la horde ennemie, et avait arrêté son déferlement net. Ils n'avaient pas cédé un mètre de terrain, et avaient avancé jusqu'à expédier toutes les créatures qui avaient eu l'audace de franchir les portes de Zulg-ai-Gathol. La cité était désormais sauve, à l'abri de tout mal. Et les émeraudes étaient là…

Errin n'en revenait pas. Ils avaient réussi… En s'asseyant par terre, il sentit les blessures accumulées se réveiller. Il avait tellement mal qu'il ignorait exactement où, et il avait simplement envie de s'allonger à même le sol, et d'attendre des jours meilleurs. Des dizaines de Nains arrivèrent, armés mais en liesse. Ils s'étaient rassemblés pour défendre la cité vaille que vaille, mais constatant que la victoire était leur, et que la mission était un succès, ils se laissèrent aller à des cris d'allégresse. Ce jour marquait un renouveau absolu pour les Nains des Monts du Fer, ou tout du moins c'était ce que l'on voulait croire.

Les Nains des Collines Noires savaient que tout n'était pas aussi lumineux qu'on voulait bien le dire. Les filons étaient loin, et demeuraient dans les territoires contrôlés par les Gobelins. Il faudrait plusieurs expéditions difficiles et sanglantes pour arriver à reconquérir cette zone, beaucoup de temps pour permettre de mettre en place un trajet sûr pour les mineurs, et beaucoup d'efforts pour aménager le site d'extraction. Des Nains mourraient encore avant qu'on pût réellement dire que la situation s'arrangeait. Mais pour l'heure, il y avait une chose que les aventuriers avaient ramenés avec eux : l'espoir. Un espoir en forme de petite étincelle qui venait d'embraser le cœur des Naugrim. Ce peuple était doté d'une force de caractère incroyable, et maintenant qu'ils avaient une cause pour laquelle se battre, une cause en laquelle ils croyaient, ils allaient se donner corps et âme pour y parvenir. Ce n'était qu'une question de temps.

On vint rapidement alerter la Garde que les Gobelins attaquaient un nouveau point d'entrée dans la ville, mais cela n'entama pas le moral des troupes. Galvanisés par leur succès, ils rassemblèrent leur compagnie, et se portèrent à la rencontre des troupes ennemies au pas de charge, déterminés comme jamais. Errin aurait voulu les suivre, mais son corps le trahissait, et il était à peine capable de mettre un pied devant l'autre. Sa vue se brouillait, et il commençait à ressentir les contrecoups de la retombée d'adrénaline. Le monde commença à tourner autour de lui, et il s'allongea lourdement, la respiration profonde et régulière. Des cris retentirent près de lui, et il put voir des Nains s'affairer autour de son corps. Il était pourtant déjà loin, très loin…


~ ~ ~ ~


Varrin avait beau être blessé, il n'en demeurait pas moins un guerrier endurci, et il tint bon jusqu'à être arrivé à Zulg-ai-Gathol. Il refusait de se laisser mourir aussi facilement, même s'il lui semblait avoir abandonné beaucoup de choses dans ces sombres galeries. L'épée familiale, symbole de son clan, ainsi que son armure prestigieuse reposaient pour l'instant auprès des Gobelins. La seule pensée de les savoir aux mains d'une des ces créatures le remplissait de colère, et il ne pouvait que se consoler en pensant que les braves Nains qui étaient partis les combattre leur ramèneraient leur équipement. Il faisait confiance aux guerriers des Monts du Fer, mais même leur courage ne pouvait pas les protéger de la fourberie de ces créatures des ténèbres. Faisant un effort pour rester conscient, il essaya d'écouter ce que l'on pouvait dire autour de lui. Les Nains discutaient beaucoup, parlaient vite, et braillaient des ordres de toutes parts. Il n'était plus temps d'utiliser l'Iglishmêk, car les ordres devaient être transmis vite et loin. Il fallait s'occuper de beaucoup de blessés, et chacun avait besoin de ses mains pour autre chose que pour communiquer. Ainsi parlaient certains à leurs frères demeurés à Zulg-ai-Gathol pendant l'expédition :

- Les Zundrad ont trahi ! Ils avaient là-bas tout un arsenal, qu'ils voulaient vendre pour leur seul profit.

Les réactions étaient outrées, et les cris de colère dépassaient parfois le raisonnable. D'autres rétorquaient :

- C'est sans doute pour cela que les hommes se sont installés si près de nous. Ils veulent les armes pour eux-mêmes ! Nous devrions les fondre, et leur dire qu'ils n'auront rien. Les Monts du Fer doivent passer avant toute chose…

Varrin ferma les yeux. Certains ne mesuraient pas que la guerre contre les Gobelins ne se gagnerait pas uniquement avec l'acier. Il fallait des bras pour porter les épées et les boucliers, des têtes pour soutenir les casques, et des épaules pour supporter l'armure lourde. Les Monts du Fer n'avaient pas de pénurie de matériel : ils manquaient de tout sauf d'armes, précisément. Ils avaient besoin de vivres, de bras supplémentaires pour les travaux de construction et de réparation, de forgerons pour améliorer les armures et entretenir les lames. Si on ne distribuait plus d'armes aux volontaires, ce n'était pas parce qu'il n'y en avait pas assez en stock, mais parce que celles qui restaient étaient en si mauvais état qu'il n'était pas possible d'envoyer un Nain combattre avec. Elles risquaient de se briser au beau milieu de la bataille, et d'entraîner la mort d'un valeureux Naugrim. Varrin ouvrit de nouveau les yeux, essayant de respirer doucement pour réduire la douleur. On parlait encore :

- Le Conseil va punir les Zundrad pour leurs crimes ! Ils ne devraient même pas avoir le droit à une tombe ! Qu'on oublie leur nom !

Varrin ne put s'empêcher d'intervenir :

- Du calme ! Qui d'entre vous était aux côtés de Rengrim Zundrad quand il s'est battu seul contre quatre Gobelins, sans armure et à peine armé ? Qui d'entre vous a vu le regret dans son regard, alors qu'il mourait en guerrier pour nous tous ?

Les Nains serrèrent les poings. Ceux qui parlaient étaient ceux qui n'avaient pas participé à l'expédition, pour la plupart, et qui jugeaient sans connaître. De jeunes et impétueux guerriers, qui n'avaient toutefois pas eu le cran de participer à cette mission suicide. Varrin ne leur en voulait pas, mais il ne tolérerait pas qu'on insultât la mémoire des braves. Il ajouta, plus tranquillement :

- Les Zundrad seront punis, oui. Leur arrogance et leur avarice mérite d'être condamnée. Mais n'oublions pas ceux qui ont donné leur vie pour ces émeraudes. Nous commettons des erreurs, nous trahissons nos serments… Mais ce qui importe, c'est la façon dont nous choisissons de mourir. J'étais là, quand Rengrim Zundrad a péri, et à mes yeux il a lavé son honneur…

Il n'ajouta rien. Il n'en était plus capable. Sa bouche était sèche, et il avait besoin de repos. Les jeunes Nains s'éloignèrent, peut-être pas convaincus par son argumentaire, mais au moins intrigués par sa prise de position. Varrin était connu pour être de la vieille école, un guerrier avant tout qui avait toujours négligé les responsabilités politiques au profit des champs de bataille. C'était tout à son honneur, mais il ne jugeait les gens qu'au travers de ce prisme militaire. Il ne fallait pas oublier que la trahison des Zundrad avait failli causer la perte des Monts du Fer. Il ne l'oubliait pas, à vrai dire… il souhaitait simplement qu'on se souvînt de la faiblesse des Naugrim, pour que chacun comprît qu'ils n'étaient pas infaillibles. Les Zundrad avaient faibli, mais bien d'autres auraient pu en faire autant. Leur nom devait être gardé en mémoire, afin qu'on se rappelât quelles pouvaient être les conséquences d'une simple trahison. Quand penser à soi mettait en péril l'existence de tout un peuple…


~ ~ ~ ~


Errin avait dormi. Beaucoup dormi. Puis il s'était levé. On avait procédé à une cérémonie sobre et pleine de dignité pour les guerriers qui étaient tombés au combat durant l'expédition, et il avait tenu à y participer. On n'avait pas toujours pu retrouver les corps, et pour certains les restes avaient été placés dans une petite boîte. Mais leurs noms étaient gravés dans la pierre, sur les tombes qui leur étaient destinées. Des larmes coulèrent, mais pas celles d'Errin, qui refusa de pleurer sur le sort de ses cousins. Ils étaient morts en braves, et il voulait les honorer en brave. Lui-même avait survécu, sans trop comprendre comment, et il ne se rendait pas encore bien compte que tout était terminé. Chaque fois qu'il fermait les yeux, il revoyait la guerre, les morts. Il entendait les hurlements, les rugissements du Troll et ses pas lourds sur la pierre. Il percevait le cliquetis des armures gobelines, et leurs grognements agressifs. Même l'odeur de sang lui parvenait dans son sommeil, qu'il avait agité et peu reposant.

Alors, quand il ouvrait les yeux et qu'il ne voyait autour de lui que quiétude et calme, il ne comprenait pas. Ce monde ne pouvait pas être réel. Ce monde où les Gobelins n'existaient pas. Ce monde où il n'était pas obligé de dormir avec une arme, où il se reposait sur un matelas confortable. Quand il voulait une bière, il pouvait en avoir une. Quand il voulait un morceau de jambon, il pouvait en avoir un. Un monde dénué de violence, et pourtant bien moins sûr qu'Erebor ou la Moria. A chaque fois qu'il pensait à eux, ses poings se serraient de rage. Il ne pouvait pas s'empêcher de penser que c'était de leur faute si ses cousins étaient morts. Ils avaient abandonné les Monts du Fer, et même si les émeraudes avaient été ramenées à bon port, il ne pouvait pas accepter que la mission se fût déroulée dans de telles conditions. Si Erebor avait consenti à les aider, les choses auraient pu tourner tellement différemment !

Maintenant, un nouveau Roi venait d'arriver sur le trône. Un Roi qui, disait-on, allait changer les choses. Errin ne voulait pas y croire. Il ne voulait même pas de son aide. Il voulait simplement que son peuple reprît les salles de ses ancêtres, et chassât les Gobelins puants qui souillaient la mémoire des guerriers des Monts du Fer. Il voulait, plus que tout, repartir au combat. Mais il ne le pouvait pas. Pas encore. Quelque chose se préparait, disait-on. On n'en parlait pas trop, car il était difficile de faire confiance aux rumeurs, mais on racontait que les jours des Gobelins étaient comptés. La guerre allait peut-être reprendre, et le nouveau souverain comptait sur les Monts du Fer. Errin savait que si on le convoquait, il n'aurait pas le choix. Mais il n'irait pas de gaieté de cœur, et il ne se battrait pas avec joie s'il devait le faire entouré de ces lâches de la Moria ou d'Erebor.

Mais quelque part, c'était peut-être mieux que rien… Tant qu'il pouvait tuer des Gobelins, il était heureux. Il ferma les yeux, et attendit allongé sur son lit, qu'on vint le trouver. Le Conseil devait se réunir actuellement, mais puisqu'il n'était pas chef de clan, il n'y était pas convié. On discuterait du passé, du présent, et de l'avenir. On parlerait des émeraudes, et de ce que cela impliquait. On se battrait pour savoir comment les extraire, et comment les ramener. Toutes ces choses ennuyeuses et pourtant nécessaires à l'équilibre de la cité. Il soupira…

Avec un peu de chance, les combats reprendraient bientôt…


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Dagar se remettait doucement. La blessure qu’il avait reçue était sérieuse et il lui faudrait plusieurs semaines de repos. Dès qu’il fût en état, il demanda à savoir ce qui s’était passé. On lui répondit que les gobelins avaient été défaits mais le territoire autour de Zult-ai-Gathol avait encore rétréci. On ne pouvait pas vraiment parler de victoire. Ils n’avaient fait que gagner du temps. Mais tôt ou tard, les gobelins reviendraient et cette fois-ci, ils ne pourraient peut-être pas en venir à bout.

Le mineur savait que sa décision était prise. Il s’enrôlerait dans l’armée sitôt qu’il serait guéri. Il était d’ailleurs étonné du soutien qu’il avait reçu. On le considérait comme un véritable héros. Il était vrai qu’il était celui qui, non seulement avait découvert les émeraudes mais aussi qui avait guidé l’expédition jusqu’à elles. De plus, sa bravoure sur le champ de bataille lui avait valu le respect des militaires, qui ne seraient que trop contents de le voir rejoindre leurs rangs.

Dagar aurait pu en tirer une certaine fierté mais la seule chose qui l’intéressait était la sécurité et la prospérité de son peuple. La cité était en effervescence. Les sujets de discussion ne manquaient pas. Entre le couronnement du nouveau roi, les défenses de la cité mises à mal et le moyen de sécuriser le chemin vers les émeraudes. La politique n’intéressait pas le nain. Il ne se souciait que de protéger les siens. Et peut-être était-ce bien suffisant…

Dans les profondeurs de la montagne Borin_10

Le conseil de Zult-ai-Gathol était en cession. Les sujets ne manquaient pas et Borin Nuradond comptait bien entendre tout ce qu’il se dirait. Tout le monde était excité et le sujet de conversation immédiat était les Zundrad et leur trahison. Varrin venait d’ailleurs de donner un avis tranché, comme à son habitude, et un tonnerre de protestation s’abattit dans la salle. Borin se contenta de secouer la tête. Châtier les coupables. Etait-ce vraiment là leur priorité ?

Le doyen prît la parole :

- Aux dernières nouvelles Donrim Zundrad s’est enfui. Si jamais nous le reprenons, il sera jugé et condamné pour trahison. Mais il est insignifiant pour le moment. Nous avons plus important à discuter. Nous avons envoyé des émissaires au couronnement du nouveau roi et nous attendons de leurs nouvelles sous peu. C’est l’occasion pour nous de peut-être recevoir l’aide qui nous est due depuis si longtemps.

De nouveau les cris fusèrent. La rancune envers Erebor était tenace et nombres de voix s’élevaient contre l’idée même de s’agenouiller devant le roi. Cependant la grande majorité des nains présents s’indigna devant ceux qui avaient professé de telles paroles sacrilèges. Le doyen reprît la parole.

- Nous avons prêté serment et le respecterons, même si nos alliés ne l’ont pas fait. Selon le pacte de l’Arkenstone, Erebor et Dale auraient dû nous envoyer des renforts depuis longtemps et nos émissaires ne manqueront pas de leur rappeler, soyez-en assurés. Nous avons d’autres préoccupations plus directes et plus urgentes à régler. Maître Nuradond, je vous prie.

Ce dernier se leva et se tînt au centre de la salle. Ce n’était pas un guerrier mais sa famille faisait partie des grands architectes des Monts du Fer et il faisait référence en la matière maintenant que leurs rangs étaient si dépeuplés.

- Mes frères, comme vous le savez tous, la mission pour récupérer les émeraudes a été un succès. Cependant, cette source de revenus ne sera intéressante que lorsque la voie sera dégagée entre la cité et le gisement. Notre principale priorité réside donc dans la fortification des salles entre Zult-ai-Gathol et la salle où se trouve l’arsenal des Zundrad. Non seulement pour mettre ce dernier en lieu sûr dans la cité mais également car cette salle est la voie d’accès la plus rapide vers le filon d’émeraudes.

Il étendit sur la massive table de pierre un plan tracé sur une peau animale.

- Voici un premier jet de ce que nous pourrions envisager.

La discussion dura un moment. Le plan était simple mais nécessiterait beaucoup de main d’œuvre. Et surtout, les fortifications envisagées n’étaient que temporaires. Suffisantes pour récupérer l’arsenal mais pas pour établir un chemin sûr vers le gisement.

Borin avait un plan à long terme pour cela. Il fallait condamner les accès à la salle de l’arsenal. Cela nécessiterait beaucoup de temps et aussi d’argent. Un argent qu’il ne pouvait réunir sans la vente des émeraudes. Emeraudes qu’ils n’obtiendraient pas tant que la voie ne serait pas sure. L’ironie de la situation ne lui échappait pas.

A l’issue de sa présentation, le doyen reprît la parole.

- Nous allons sur le champ lancer la première phase des travaux et une expédition militaire accompagnera ceux qui iront sécuriser l’arsenal. Les principaux membres du conseil en ont discuté entre eux et la meilleure solution pour réunir l’argent est la vente de cet arsenal.

Un tollé général suivit ces paroles. Certains préféraient fondre l’arsenal pour récupérer l’acier. D’autres se demandaient à qui vendre étant donné que leurs principaux alliés de Dale n’avait pas levé le petit doigt pour les aider. De nouveau le doyen réclama le silence.

- Nous vendrons au plus offrant. Nurrin Ulfarör sera chargé de cette mission.

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L’intéressé se leva et prît la parole. Il était au conseil depuis des décennies. Si son âge avancé l’avait tenu éloigné des combats, il avait autrefois été un membre de la Garde de Fer et il faisait parti des nains les plus respectés de la cité.

- Comme certains d’entre vous le savent peut-être déjà, les hommes du sud ont installé un comptoir au confluant du Celduin et de la Carnen. Nous avons appris que Dale ne voit pas cela d’un bon œil et, en temps normal, nous nous y serions opposés également. Cependant la compétition entre les hommes du sud et les hommes de Dale peut nous être bénéfique. Que devons-nous à Dale qui n’a pas respecté ses engagements envers nous ? L’arsenal ira à ceux qui mettront le plus d’or sur la table et qui nous offririons les meilleures conditions.

Le vieux nain semblait déterminé et il l’était. Si la vente de ces armes leur rapportait assez pour mettre en œuvre les travaux envisagés par Borin Nuradond, alors l’exploitation des émeraudes pourrait enfin commencer. Nurrin ne pensait pas un instant recevoir de l’aide de leurs alliés. S’ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes, leur survie dépendait peut-être du succès de sa mission.

Dans les profondeurs de la montagne Donrim10

Donrim avait voyagé durant plusieurs jours vers l’est. Il avait troqué une émeraude minuscule contre un chariot et deux ânes ainsi que suffisamment de nourriture pour tenir deux semaines au moins. Le pauvre marchand humain n’en avait pas cru ses yeux. La seule chose qui comptait aux yeux de Donrim était de mettre un maximum de distance entre lui et les Monts du Fer. Et ses compatriotes étaient bien trop occupés chez eux pour se mettre à sa poursuite de toute façon.

Il finit par arriver là où il souhaitait se rendre. Beaucoup de rumeurs couraient sur cette région d’Arda et il ne savait pas trop à quoi s’attendre. Mais si ce qu’il pensait s’avérait être vrai alors il serait sûrement bien accueilli d’autant qu’il ne venait pas les mains vide. Il fît s’arrêter la carriole et descendit, époustouflé par le paysage qu’il avait devant les yeux. Car devant lui se dressaient de hautes montagnes, bien plus vertigineuses que les Monts du Fer. Il était arrivé aux confins du monde connu. Une nouvelle étape de sa vie s’ouvrait devant lui.

HRP Et voilà cela signe la fin de ce RP. ça a été un plaisir les gars. Pour ceux qui seraient intéressés par les négociations autour de la vente de l'arsenal c'est par ici.
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