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 Un pivert veillait sur eux

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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Un pivert veillait sur eux EmptyDim 15 Mai 2016 - 8:23
Un pivert veillait sur eux



Rien ne permettait de deviner ce qu'il se passait à cet instant dans les plaines du Pelennor. Un silence de mort régnait sur les lieux déserts ou presque, et à l'exception des oiseaux qui tournaient dans le ciel, on n'apercevait aucun mouvement à l'horizon. Depuis les murs de Minas Tirith, les Champs du Pelennor semblaient vides. Nulle armée n'en occupait le sol comme au temps de jadis où le terrible seigneur du Mordor, surgi de son sombre royaume, avait assiégé la superbe cité de Minas Tirith. Aujourd'hui, la plaine était calme. Les paysans et les marchands ne circulaient pas, les longues caravanes venues de l'Arnor, du Rohan ou du Harondor avaient été stoppées en amont par les frontaliers qui avaient reçu des consignes bien précises. Personne ne circulait librement en Anorien désormais, car une vague de crainte s'était emparée de l'esprit des gens du Gondor en général. On craignait de voir ressurgir l'ombre de la guerre, les tentacules de l'Ordre de la Couronne de Fer que tout le monde avait cru vaincu. Etaient-ce les restes de cette organisation terrible qui jetaient leurs dernières forces dans la bataille ? Avaient-ils réussi, dans un dernier sursaut, à enserrer dans leurs puissantes mâchoires la cité de Cair Andros ? Si tel était le cas, la dernière tête de l'hydre ne lâcherait pas prise facilement, et se battrait jusqu'à la mort. C'était la raison pour laquelle, derrière les murs de la capitale du Gondor, les hommes se rassemblaient. Ils venaient de partout, du Lebennin, de Morthond ou de Lossarnach. Tous répondaient à l'appel de leur roi ou de leur employeur, selon qu'ils eussent pris les armes pour l'honneur ou pour l'or. Les premiers contingents étaient déjà arrivés, grossissant les rangs d'une armée entraînée et déterminée à ne pas céder le premier niveau sans combattre. Mais l'ost royal n'était pas encore rassemblé, et il faudrait du temps avant que toutes les provinces pussent fourni les régiments qu'elles avaient à leur disposition. D'ici là, il fallait gagner du temps, se renseigner sur l'ennemi.

On ignorait tout ou presque de lui. Des contingents de déserteurs avaient rallié Minas Tirith, et en dépit des efforts de l'armée pour les éloigner de la population, ils avaient réussi à répandre leurs contes à dormir debout. Ils parlaient de sorciers orientaux, de magie terrible, de buveurs de sang et de mangeurs de chair. Ils parlaient de femmes ailées qui étaient descendues des cieux pour les massacrer, ou d'hommes qui ne mouraient pas quand on les frappait. Cartogan avait été particulièrement sévère avec les fuyards, qu'il avait fait emprisonner sans autre forme de procès, en attendant que l'affaire fût résolue. En temps utile, ils seraient entendus par le Roi, et très certainement condamnés sévèrement. Les plus chanceux s'en sortiraient en étaient seulement dégradés, ramenés au rang de simple soldat qui ne pourraient plus jamais regarder leurs compagnons en face. Bien d'autres seraient bannis des rangs de l'armée, et ils partiraient sur les routes comme beaucoup, se faire mercenaires ici ou là pour gagner de quoi vivre. Ceux qui auraient le moins de chance risquaient fort de perdre la tête dans l'histoire. Du moins, Cartogan soutiendrait cette décision : l'armée du Gondor venait de subir un second revers incroyable, après la débâcle d'Assabia, et il était persuadé que cela venait d'un manque flagrant de discipline. Ce qu'il avait appris des barbares du Sud et de l'Est, c'était qu'ils se battaient férocement car ils craignaient davantage le courroux de leurs maîtres que celui de leurs ennemis. L'armée du Gondor avait besoin de la même discipline.

- Mon Général, il y a du mouvement en provenance de Cair Andros. Des cavaliers approchent.

Un léger doute s'empara des hommes du Gondor, avant qu'ils ne vissent que les cavaliers étaient également cinq, et qu'ils arrivaient à une allure modérée sans avoir l'air d'afficher des intentions belliqueuses. L'heure était arrivée. Cartogan se leva avec prestance, rejetant sa cape en arrière alors qu'il s'avançait au milieu de ses hommes. Le Général de Minas Tirith ne se trouvait pas derrière les remparts de la cité comme bien des gens le supposaient encore : il était parti plusieurs heures auparavant, et s'était approché aussi près qu'il était possible de la forteresse tombée aux mains de l'ennemi, avec la ferme intention de négocier. Ce n'était pas son idée, et il n'était certainement pas la personne la mieux placée pour aboutir à un accord, mais l'Intendant d'Illicis avait trouvé les mots pour le convaincre de se lancer dans cette folle entreprise. Tout ce qu'ils devaient faire, c'était gagner du temps, et essayer d'apaiser la situation autant qu'il était possible. Mais surtout, il fallait essayer de comprendre ce que les envahisseurs souhaitaient, et discerner s'ils étaient capables de s'en emparer. Avaient-ils le potentiel militaire suffisant pour s'emparer de Minas Tirith ? Fallait-il craindre un assaut en règle, ou bien un siège long et douloureux pour le Gondor ? La réponse à ces questions vitales, seul un militaire expérimenté pouvait les obtenir.

« Le principal », avait dit Alcide avant son départ, « Le principal est de rester ferme sur nos demandes. N'oublions pas que c'est nous qui sommes en position de force. Ils sont les envahisseurs, ils sont ceux que nous allons écraser, et ils doivent se rappeler que le temps joue contre eux. Je n'ai pas besoin de vous rappeler que nos messagers sont partis dans toutes les provinces battre le rappel des troupes et que bientôt nous aurons de quoi assiéger et reprendre Cair Andros ». Il avait marqué une pause, avant de poursuivre : « Rappelez-leur que nous avons des alliés, des alliés puissants qui ont déjà détruit les Orientaux par le passé. Le Rohan, les Elfes, voilà des peuples qui seront prêts à nous assister si ces barbares s'avèrent coriaces. Le Gondor est la première ligne de défense des Peuples Libres, et derrière nous, tous les Hommes de l'Ouest sont prêts à prendre les armes. Rappelez-leur donc cela. Ce sera un jeu d'enfants »

Un jeu d'enfants… Alcide parlait comme si exprimer tout cela était parfaitement naturel, comme si cela n'était que pure logique et qu'il n'y avait pas vraiment à réfléchir pour énoncer ces arguments. On reconnaissait bien là le diplomate, habitué à devoir concilier les points de vue, mais aussi à savoir formuler les positions de son propre camp dans des termes clairs, précis et efficaces. Cartogan, cependant, n'était pas un homme de verbe. Il avait davantage l'habitude de manier l'épée, et pas plus dans son ancienne vie que dans la nouvelle il n'était connu pour faire preuve d'une grande patience. Il craignait de se faire manipuler dans ce jeu. Pour cette raison, il avait décidé d'endosser son caractère le plus buté, le plus borné, et de conduire les négociations sans faire de concessions à ces sauvages qui de toute façon n'en méritaient pas. Attentif au moindre détail, il observa les cinq individus approcher. Trois hommes dans la force de l'âge, qui chevauchaient des montures faméliques, une femme qui possédait un port altier, et un homme plus âgé qui allait en tête, installé sur un superbe destrier… Un cheval du Gondor. A l'instar de Cartogan et de ses officiers, ils ne mirent pas pied à terre, et restèrent prudemment à distance. Les deux camps étaient armés, et ils n'entendaient pas baisser leur garde. Devant leur silence obstiné, le Général décida de prendre la parole et d'entamer les discussions. Il n'avait aucun espoir de les voir aboutir, mais il se devait d'essayer. Levant la main droite, il lança :

- Salut à vous. Je suis le Général Cartogan, représentant de Sa Majesté Mephisto, Haut-Roy du Royaume Réunifié et suzerain de ces terres. Je suis ici pour négocier la libération des prisonniers de guerre, la restitution de Cair Andros, des réparations pour la prise de l'île-forteresse et votre départ des terres du Gondor pour ne plus jamais y revenir. J'ose espérer que vous avez autorité pour discuter de ces choses.


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Un pivert veillait sur eux EmptySam 21 Mai 2016 - 7:23


Les officiers du Gondor paraissaient quelque peu mal à l'aise, et ils se lançaient des regards surpris. Ils ne s'attendaient certainement pas à rencontrer des individus pareils lors de leurs négociations. Ils ne connaissaient que peu de choses des barbares de l'Est, mais il leur semblait évident maintenant que ceux-ci étaient d'un genre peu commun. Tous étaient aussi différents les uns des autres qu'il était possible de l'imaginer, mais ils avaient une similarité qui ne cessait de perturber les hommes de l'Ouest : leur peau était noire, comme peinte au charbon. Ils ressemblaient à ces travailleurs qui avaient passé des heures et des heures dans les mines, au point que leur peau prenait la teinte des minerais qu'il extrayaient péniblement jour après jour. Pourtant, malgré tout, les cinq individus semblaient être de haute extraction ou au moins représenter l'élite de leur peuple. En réponse au salut de Cartogan, le cavalier qui se tenait au centre leva la main :

- Salut à vous, Khârt'o'Ghan du Gondor. Je suis Kaara.

Le Général haussa un sourcil, surpris de ne pas entendre quels étaient ses titres, ou de qui il était lui-même le fils. C'était bien la première fois qu'il était amené à négocier avec quelqu'un qui ne lui fournissait pas une liste interminable de qualificatifs et de noms complexes. Sa dernière proie en date était « Taorin Le Chien Borgne, Gouverneur de Dur'Zork, Seigneur Pirate, Capitaine des Chiens du Désert ». Un nom fort long pour un homme qui croupissait dans les geôles de sa prison à la suite d'une histoire bien compliquée. Cartogan, qui tiqua légèrement lorsqu'il entendit son nom être écorché de la sorte, analysa un instant son interlocuteur. C'était le plus vieux de tous, mais en dépit de son âge avancé, il avait bien plus de prestance et de noblesse que tous les autres réunis. Son regard était perçant, ses yeux étaient vifs, et si son corps n'avait plus la force de sa prime jeunesse, il avait acquis ce qui semblait être une forme de sagesse profonde. Il était sans doute celui qu'il faudrait convaincre. Alcide lui avait bien dit de prêter attention à ces choses, et il se félicitait d'avoir repéré immédiatement le pivot des négociations. Celui-ci se tourna vers sa droite, et introduisit ses compagnons.

- Voici mon presque-fils, Threvedir.

- Salut à vous, Khârt'o'Ghan du Gondor, dit-il d'une voix forte.

Il avait une trentaine d'années, et la mention de « presque-fils » étonna légèrement le Général. Il ignorait ce que cela pouvait bien signifier, mais il semblait en effet que les deux hommes appartenaient à la même parenté. Leurs vêtements paraissaient relativement similaires, des tuniques simples et austères d'un gris terne, tenues à la taille par une fine ceinture de cuir. Ils avaient l'air plus à plaindre que le dernier des mendiants des rues de Minas Tirith.

- Voici Adaira.

- Salut à vous, Khârt'o'Ghan du Gondor.

Cette fois, le militaire haussa clairement les sourcils sans cacher sa surprise.  Une femme, à la table des négociations ? En la voyant arriver, il pensait qu'elle serait simplement là pour parader et faire bonne impression, mais elle s'était adressée à lui avec la même assurance que les deux autres, sans paraître le moins du monde avoir conscience de sa condition inférieure. Cartogan avait déjà eu l'occasion de voyager, notamment dans les régions du Sud et de l'Est où il avait été en bisbille avec la famille. Il avait pu constater que les femmes y étaient particulièrement dévergondées, vulgaires et qu'elles se plaisaient à se travestir. Quand elles se décidaient à porter des robes, comme leur nature le leur commandait, elles s'arrangeaient pour les rendre aguicheuses. Les princesses et les reines de ces pays seraient passées pour de vulgaires prostituées au Gondor, assurément. Le Général, cependant, ne pouvait pas dire cela d'Adaira, qui en dépit de son accoutrement très masculin – elle montait d'ailleurs comme un homme – n'avait pas l'air dévergondée. Elle portait une cuirasse légère, et un casque était accroché à la selle de sa monture. Assurément, elle voulait insister sur le côté guerrier de sa personne, ce que Cartogan trouvait encore plus dérangeant.

- Voici Alaric.

- Salut à vous Khârt'o'Ghan du Gondor.

Cela commençait à devenir agaçant. Le Général s'était déplacé en personne précisément pour ne pas avoir à convier cinquante mille personnes aux négociations. Il avait fallu qu'il tombât sur des hommes qui ne pouvaient pas avoir un monarque, forcément… Celui-ci était peut-être le plus impressionnant des trois. Grand, bien bâti, la mine sévère et quelques cicatrices pour accompagner le tout. Il était l'incarnation parfaite du guerrier sauvage et brutal dans sa plus pure expression. Assurément, il n'aurait pas grand-chose à apporter aux négociations, mais Cartogan devinait qu'il avait dû jouer un grand rôle pendant la prise de Cair Andros, sans quoi ils l'auraient peut-être laissé de côté. Au flanc, il portait une épée qui avait l'air relativement ancienne, et qui paraissait avoir vu de nombreuses batailles. Curieux qu'il fût le seul à en arborer une. Il portait en outre une armure épaisse, faite d'un abracadabrantesque assortiment de… quelque chose. Cartogan n'aurait su dire ce que c'était, mais on aurait dit que l'on avait plié du tissu pour l'épaissir, et qu'on avait collé des pans entiers entre eux jusqu'à former une tunique. C'était ridicule au possible, et cela n'arrêterait pas la moindre flèche, pour sûr.

- Et enfin, voici Rokko.

L'intéressé était peut-être le plus énigmatique des trois. Il ne portait tout simplement pas de haut, et son torse nu était couvert de symboles curieux peints sur cet épiderme charbonneux qu'ils arboraient tous. Il avait l'air mystique, pour ne pas dire illuminé, et pourtant on lisait dans son regard une vive intelligence qu'il ne fallait pas sous-estimer. Cartogan se souvint brièvement des récits qu'il avait pu entendre de la part des soldats, des déserteurs comme il préférait les appeler. Certains avaient mentionné de tels hommes qui allaient à la guerre sans autre armure que les peintures qui les protégeaient et qui semblaient détourner les coups de manière magique. A l'instant, Cartogan aurait bien voulu pouvoir plonger sa lame dans les boyaux de ce Rokko, simplement pour voir s'il était si immortel et si « magique » qu'on voulait bien le faire croire. En attendant, il n'avait pas desserré les mâchoires et n'avait pas prononcé un mot, ce qui n'ennuyait pas Cartogan le moins du monde. Il avait envie de passer aux choses sérieuses le plus rapidement possible, et il lui paraissait qu'il avait déjà assez perdu de temps.

Kaara, qui avait fait les présentations, le satisfit donc en poursuivant d'une traite :

- Je suis content que nous puissions enfin avoir une audience avec un émissaire du pays de Gondor. Il nous aura fallu mener des dizaines de milliers d'hommes à la mort, à la guerre fratricide, à une violence sans nom… simplement pour que vous acceptiez de nous écouter.

Le sarcasme de sa réflexion avait échappé à Cartogan au départ, mais à mesure qu'il poursuivait, il apparaissait que ces hommes n'étaient pas simplement là pour plaisanter, et qu'ils avaient une série de griefs contre le Gondor. Pourtant, le Général n'avait aucune idée de qui ils pouvaient bien être.

- Je n'ai jamais eu affaire à vous, Sire Kaara, et je ne crois pas connaître aucun d'entre vous. S'il m'avait été donné la possibilité de m'entretenir avec vous, je ne vous aurais certainement pas ignoré de la sorte, et nous aurions pu régler tout cela de manière pacifique.

Kaara tourna la tête vers son « presque-fils », qui répondit sèchement :

- Lorsque je vins au Gondor, au cours de ces étonnantes réjouissances auxquelles j'assistai pour l'union de deux de vos souverains… Lorsque j'eus traversé mille dangers, la solitude, la faim et le froid, puis la chaleur épouvantable… Lorsque j'arrivai au seuil de votre office, ne m'a-t-on pas rejeté de votre Palais comme le dernier des menteurs ? Ne m'a-t-on pas ri au nez, ne s'est-on pas moqué du peuple des Quatre Fleuves à travers ma personne ?

Cartogan tourna la tête vers ses officiers, mais de toute évidence aucun n'avait entendu parler de lui, ni de ce « peuple des Quatre Fleuves ». Ils demeuraient une énigme. Mais ce n'était pas l'essentiel : l'énigme serait bientôt broyée sous la botte de milliers de soldats du Gondor rassemblés en compagnie disciplinées, efficaces et formées à ce genre de manœuvres. Les gosses qui avaient donné leur vie pour défendre Cair Andros n'arrivaient pas à la cheville des contingents sur-entraînés que toutes les provinces du royaume faisaient parvenir avec diligence, et ces agresseurs s'en rendraient compte très bientôt.

- Je comprends que vous êtes en colère. Cependant, je ne suis pas ici pour discuter de vos états d'âme, mais bien des prisonniers qui se trouvent encore dans la forteresse. Le Gondor exige qu'ils soient rendus sains et saufs.

- Ceux qui n'ont pas fui, vous voulez dire.

L'ironie d'Alaric était mordante, mais pas si loin de la vérité. Des centaines d'hommes avaient rejoint Minas Tirith bien avant la fin des combats, et nul ne savait combien d'autres avaient eu trop honte pour simplement rentrer à la capitale. Il y avait des rumeurs persistantes, comme quoi des hommes arrivaient dans de petits villages, restaient quelques nuits le temps de reprendre des forces, et puis repartaient. Quelle triste image pour l'armée du Gondor ! Un des officiers répondit sèchement :

- Surveillez vos paroles.

- Restez calme, Capitaine. Nous sommes ici pour négocier, pas pour nous battre. Revenant à Kaara, il demanda : Combien de nos hommes détenez-vous encore ?

- Je ne saurais le dire, mais ils se comptent par centaines. Nombre d'entre eux sont blessés, certains agonisent déjà. Mais nous savons que les restituer nous affaiblirait : nous voulons des garanties en échange.

Cartogan s'y attendait, bien évidemment. La plupart des envahisseurs exigeaient un tribut pour pouvoir repartir des terres, sans quoi ils promettaient – et généralement ils le faisaient – d'attaquer la prochaine cité et de semer la mort et la désolation partout sur leur passage. Avec de la chance ils iraient dans un royaume voisin semer la pagaille. Cependant, quand il demanda ce que Kaara souhaitait en échange, la réponse de ce dernier ne fut pas exactement celle qu'il attendait.

- Nous voulons que vous honoriez la promesse faite il y a de ça des siècles désormais. Nous voulons que vous acceptiez de reconnaître le Peuple d'Elessar comme vos frères dans le besoin. En premier lieu, nous souhaitons des terres où nous pourrons nous installer et prospérer.

Les yeux du Général s'agrandirent de surprise, et il demeura muet un instant.

Des terres, avaient-ils dit ?

#Kaara


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Un pivert veillait sur eux EmptyVen 1 Juil 2016 - 1:12

- Impossible.

Le mot avait été lâché comme on lâche un trait mortel qui s'envole en sifflant dans les airs, et vient percuter avec un bruit sourd un sanglier fauché en pleine course. La bête vaincue, agonisant alors qu'elle rend bruyamment son dernier souffle, s'immobilise sur le flanc, rattrapée par la mort armée d'un arc. Les représentants du peuple des Quatre Fleuves réagirent comme s'ils avaient été transpercés de part en part, se jetant des regards perdus, surpris, légèrement décontenancés. Cartogan ne comprenait pas. Ces sauvages orientaux étaient-ils réellement déçus que le Gondor refusât de leur donner une terrre à laquelle ils ne pouvaient décemment prétendre ? Leur stratégie reposait-elle sur l'espoir que le plus grand royaume des Hommes allait tout simplement s'incliner devant leur pathétique démonstration de force ? La réponse du Général venait de porter un coup dur à leur rêve, et ils se retrouvaient dorénavant dans une situation bien complexe.

Comme Alcide le lui avait bien rappelé avant de partir, ces envahisseurs n'avaient aucune carte à jouer. Ils possédaient pour l'heure Cair Andros, et détenaient une grande quantité de prisonniers, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'ils avaient l'avantage. Ils ne pouvaient en aucun cas forcer la main à Minas Tirith, et leur meilleure chance de survivre demeurait encore de battre prudemment en retraite et de se faire oublier autant qu'il était possible.

- Vous savez aussi bien que moi que votre position est intenable, renchérit un Cartogan sûr de lui. Vous seriez bien inspirés de négocier une issue pacifique à ce conflit que vous avez déclenché.

- Mais nous n'avons rien déclenché, s'insurgea Alaric. Ne sont-ce pas vos hommes qui ont refusé de laisser passer notre peuple en souffrance, sans même accepter de nous accorder une audience ? N'est-ce pas l'entêtement du Gondor à refuser tout dialogue qui a provoqué l'ire des nôtres ? Que peut-on reprocher au peuple des Quatre Fleuves que l'on ne puisse reprocher au centuple à votre suzerain, Général ?

Les questions étaient quelque part fondées, et il y eut un bref malaise parmi les hommes du Gondor. Ils n'avaient jamais rencontré d'hommes qui se comportassent de la sorte, et d'ordinaire leurs ennemis – qu'ils vinssent du Rhûn ou du Harad – n'étaient jamais enclins à reconnaître un quelconque lien avec les peuples de l'Ouest. Voir que ces sauvages orientaux se présentaient comme des frères du Gondor, des frères trahis et poignardés, ne pouvait que perturber grandement le Général Cartogan qui parut soudainement vaciller sur sa selle. Heureusement pour lui, ce fut Kaara qui mit un terme à l'envolée spectaculaire de Alaric. D'un geste de la main, il l'appela au calme, et reprit sur un ton plus apaisé :

- Nul besoin de nous énerver, mon ami. Nous sommes avant tout ici pour discuter, non pour accuser. Vous avez entendu nos demandes, Général Cartogan… Qu'avez-vous à répondre à cela ?

- Je vous l'ai dit, il est impossible que le Gondor vous cède quelque partie de son territoire que ce soit. Si vous aviez voulu négocier pacifiquement et vous constituer sujets du Haut-Roy Mephisto, entrer à son service et vous plier à ses lois, la question aurait pu être débattue. Mais pour l'heure, nous sommes ici pour discuter de la restitution des prisonniers que vous avez capturés durant l'attaque de Cair Andros.

Kaara marqua une lourde pause, et baissa la tête un instant, plongé dans ses pensées. Il paraissait réfléchir à une issue, mais le Général ne pouvait pas être certain qu'il ne préparait pas un nouveau piège pour tromper encore une fois le Gondor. Afin de ne pas lui laisser de faux espoirs, il glissa – peut-être un peu imprudemment :

- Quelle que soit votre idée, tenez compte du fait que vous n'avancerez pas plus loin. Le Gondor a des ressources militaires et humaines que vous ne soupçonnez pas. Votre victoire à Cair Andros est insignifiante.

- Insignifiante, vous dites…

Cartogan ne le lâchait pas du regard, cherchant à découvrir le moment crucial où il allait craquer et révéler ses plans sournois de conquérir le Gondor par la force. Son armée était impressionnante, mais il était vrai qu'elle ne serait pas suffisante pour renverser la puissance du grand royaume des Hommes. Retranchés derrière les solides murailles de Minas Tirith, le pouvoir du Haut-Roy était à l'abri de toute attaque. Chaque jour qui passait voyait les défenses de la capitale se renforcer, et tandis que croissait leur solidité, croissait aussi la confiance que les Hommes de l'Ouest avaient dans leur victoire. Ces chiens d'Orientaux, comme ils les appelaient, ne perdaient rien pour attendre. Cependant, Cartogan ne cherchait pas à brusquer son ennemi, à le provoquer au point de le forcer à agir dans la précipitation. Et la réaction de Kaara lui indiqua qu'il avait peut-être été trop loin. Le vieil homme prit en effet la parole en ces termes :

- Qu'il en soit ainsi, Général. Puisque vous considérez notre victoire comme insignifiante, et nos termes comme irrecevables, je pense qu'il est inutile de discuter plus avant. Ces négociations sont terminées.

- Mais, Kaara ! S'exclama Adaira, la seule femme parmi les Orientaux.

Le vieil homme se refusa à l'écouter, et il fit faire volte-face à son cheval. Cartogan aurait pu essayer de le retenir, de négocier encore, de céder à ses exigences pour le contenter et l'empêcher de partir ainsi… Toutefois, il avait conscience que la position des envahisseurs était bien moins tenable que la sienne. Il connaissait d'avance leur prochain mouvement : ils allaient rassembler leurs forces, et choisir s'ils marcheraient directement sur Minas Tirith, ou s'ils essaieraient d'abord de prendre Osgiliath. Alcide lui avait demandé de gagner un peu de répit, mais il n'avait pas pu. Leurs exigences étaient bien trop élevées.

Le Général du Gondor soupira en voyant ces étranges individus repartir au galop vers la forteresse qui se dressait au loin.

- Revoilà la guerre.

Au-dessus de sa tête, un pivert décrivait des cercles dans le ciel.


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