16 résultats trouvés pour Cartogan

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Sujet: [OUTRO IRL 18 ANS] La nuit, tous les chats sont gris
Aldarion

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Rechercher dans: Le Quartier Marchand   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [OUTRO IRL 18 ANS] La nuit, tous les chats sont gris    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 18 Avr 2023 - 16:46


La route avait été semée d'embûches. Le Général #Cartogan semblait comme métamorphosé. Il avançait d’un pas raide et sec. Son regard paraissait à la fois déterminé et extrêmement lointain. Toute cette affaire allait donc prendre fin.

Rhydon était mort, il avait définitivement atteint un point de non retour avec Marius Van Diesl et la ville était à feu et à sang… mais toute cette affaire allait prendre fin.

L’immense bâtisse paraissait être un îlot de tranquillité au milieu de la folie qui s’était emparée de la ville. La rumeur de la foule grondait au loin mais ne parvenait pas à briser la majesté du lieu.

Cartogan tourna à droite, guidé par la lueur lointaine d’un feu.

La galerie surplombait une pièce vaste et confortable. Un feu brûlait dans l’âtre et de loin, le général devinait une silhouette. Elle était là, cela faisait des années qu’elle ne l’avait plus vu. Connaissait-elle la vérité ? Saurait-elle le reconnaître ?

Le pas du général avait ralenti, comme s’il hésitait. Pourtant, il n’avait pas le choix.
Il allait s’engager dans l’escalier qui descendait de la galerie quand il se ravisa.

D’un geste, il nous indiqua de nous tenir à l’étage. Il ne savait pas à quoi s’attendre et il ne voulait sans doute pas de témoin trop gênant.

Cartogan entama la descente des escaliers. Les souvenirs de son enfance, heureuse, lui revenaient par vagues. Il sentait une forme de bonheur profond l’irradier comme celle que l’on ressent uniquement quand on revoit un être aimé depuis longtemps perdu de vue.

Il réalisa soudain qu’il n’avait plus été heureux depuis longtemps. Son corps était perclus de douleurs, ses épaules étaient nouées en permanence, sa nuque raide et sa mâchoire crispée.. et pourtant il avait la gloire.

La réalité le rattrapa soudain.

Il n’y avait pas de gardes.

Marius avait-il mobilisé tous ses hommes pour tenter  de l’arrêter ? Ou… sa mère était-elle là de son plein gré. Sa main se crispa sur la poignée de son épée, ses épaules se nouèrent, sa nuque se raidit et sa mâchoire se crispa.

lle était là, frêle silhouette, assise au coin du feu… jadis source de tant de joie et aujourd’hui de tant d’ennuis.

Cartogan s’approcha doucement, cherchant à ne pas la surprendre. Il tenta d’afficher son plus beau sourire. Il toussa un peu pour attirer son attention.

La silhouette se retourna doucement.

“Bonjour Général, surpris ?”

A la place de la mère de Cartogan se trouvait un homme au visage émacié et à l'œil manquant : #Taorin.

La lame avait jailli. Cartogan avait reculé d’un pas pour tenter de dégager son épée du fourreau.

Mais le pirate avait été le plus rapide et le combat n’avait duré qu’une poignée de secondes. Le général chuta lourdement, le coeur transpercé par la lame de son ancien prisonnier.

Cartogan aurait gagné cent fois ce duel… s’il n’avait pas été surpris, s’il n’avait pas autant douté, s’il n’avait pas été si seul.

Nous n’avions rien pu faire et nous ne pouvions que constater le désastre du haut de la galerie.

Taorin, lui, n’hésita pas et se lança à travers la fenêtre pour rejoindre la rue.

L'assassin du Général avait fui depuis longtemps et il était vain de vouloir le poursuivre. Notre groupe avait préféré se rassembler autour du corps du général afin de tenter de le protéger.

Nous n’eûmes pas à attendre longtemps avant de voir arriver la garde, attirée par le bruit autour de l’Hôtel Claymore.
Malheureusement, la rage semblait aveugler les soldats. Devant eux se trouvaient ceux qu’ils prenaient pour les assassins du Général Cartogan. Le combat s’engagea, sanglant.

Alors qu’une bonne partie de nos compagnons était déjà tombés, Esmer de Viggo surgit de la rue. Revêtu de ses atours de capitaine, il parvint à faire stopper le massacre mais il était déjà fort tard.


***

Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! Idril10

Le survivant avait terminé son récit depuis quelques minutes désormais. Il se tenait immobile, triturant nerveusement un collier qu’il portait autour du cou. Idril se tenait face à la fenêtre, l’air pensive. Toute cette histoire paraissait difficile à démêler. Elle ne parvenait pas à distinguer ce qui tenait d’un malheureux concours de circonstances et ce qui avait été provoqué par d’éventuels conspirateurs.


Dans tous les cas, rien de tout cela n’aurait été possible si Cartogan n’avait pas eu autant de pouvoir, s’il n’y avait pas eu un minimum de contrôle. Il allait falloir panser les plaies… trouver des coupables et éviter que l’image de Cartogan ne soit trop ternie.


Plus elle y réfléchissait, plus Lord Rhydon paraissait être un coupable idéal. L’histoire retiendrait sa responsabilité totale dans la politique autoritariste de Cartogan. Mort, il ne le contesterait pas.


“Soldat…”, fit-elle en s’adressant au survivant.” Merci pour ce récit précis. J’ai une pensée sincèrement émue pour vos camarades tombés au combat. Vous avez été digne de votre nouveau rôle au sein de l’Arbre Blanc. Vous ne serez pas oublié.”


L’homme salua avant de se diriger vers la porte pour prendre congé.


“Attendez…”
, le retint la Reine. “Quel est votre nom ?”


“Robès, Votre Majesté”




Sujet: [OUTRO IRL 18 ANS] La nuit, tous les chats sont gris
Aldarion

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Rechercher dans: Le Quartier Marchand   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [OUTRO IRL 18 ANS] La nuit, tous les chats sont gris    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 16 Avr 2023 - 23:02


Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! Matinm10
La nuit avait été cauchemardesque, #Idril et #Alcide avaient été mis au courant dès le départ de la terrible nouvelle qui allait secouer le royaume pour les prochaines semaines.

Les yeux d'Alcide passaient sans s'arrêter sur les fumées qui s'élèvaient encore à certains endroit de la ville. La plupart des incendies étaient maîtrisés mais la ville allait garder encore des cicatrices pendant un long moment.

"Comment avez-vous pu laisser les choses aller aussi loin… un officier de ce rang.. "

La voix de la Reine Idril était calme mais dissimulait mal un mélange de tristesse et de déception.

Alcide accusait le coup, il n'avait pas grand chose à dire pour sa défense…hormis qu'il avait sans doute accordé sa confiance à de mauvaises personnes.

"Vous… "

La Reine interpella la discrète silhouette qui se tient en retrait à côté de la porte. Des gardes à l’allure fatiguée et aux vêtements pleins de poussière avaient débarqué au petit matin au palais. Ils avaient demandé à pouvoir mener devant la Reine une nouvelle recrue de l’Arbre Blanc qui avait des informations de la plus haute importance à livrer.

"Expliquez-moi ce qui s'est passé…"

"Tout a commencé au Chameau qui Tousse avant hier…"

***

Cela faisait un moment que la Reine Idril et l’Intendant écoutaient le récit que la recrue leur faisait de cette funeste soirée. Ils commençaient doucement à y voir plus clair dans l'enchaînement des événements. Il leur restait néanmoins à comprendre l'ultime acte de cette tragédie, cette nuit où l'impensable était arrivé.

Cartogan nous avait rassemblés dans la grande salle du Chameau qui Tousse. L'ambiance était lugubre”

Continua le survivant.

***

Rhydon était mort, Berton aussi. Esmer de Vigo  avait pris le commandement des opérations sur le terrain pour tenter de rétablir le calme. Zehev et Sined avaient été réquisitionnés pour le seconder. Quant à Petrus, il était désormais considéré comme un félon par le Général.
Le tumulte de la rue montait jusqu'à nous et l'odeur des fumées restait dans l'air.
Nous étions la seule troupe encore à disposition de Cartogan et il était notre seul officier. Pourtant, les événements avec Marius Van Diesl avaient considérablement ébranlé notre petit groupe.

Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! Carto10
Le Général #Cartogan
" Comme vous le savez, ma mère est détenue par des personnes qui veulent me faire chanter pour éviter que ne s'opère la véritable justice. La Cité Blanche est un endroit dangereux et je ne peux tolérer que ma mère y soit laissée à la merci des enragés qui mettent notre ville à feu et à sang."

C'est ainsi que le Général nous avez présenté la situation. Tout le monde semblait d'avis de le suivre dans cette mission difficile. Certains pensaient devoir le surveiller, d'autres voulaient sincèrement l'aider.

"Allez vous équiper et revenez dès que possible !"

La plupart d'entre nous semblaient avoir choisi l'option de la discrétion. Il valait mieux éviter d'attirer l'attention. Longs manteaux et épées courtes étaient de rigueur. Personne n'aurait pu deviner qu'il s'agissait d'agents de l'arbre blanc. Cartogan tança les rares qui avaient choisi l'option plus lourde et leur intima d'enfiler une tenue plus discrète.

Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! Discre10

Les rues de Minas Tirith étaient remplies de monde. De nombreux habitants étaient sortis, inquiets de la tournure des évènements.  Notre groupe se dirigea vers le quartier des antiquaires à la recherche de la rue des archets indiquée sur le document de Berton.
Nous arrivâmes finalement face à un barrage. Le quartier semblait bloqué, en proie à des troubles comme un peu partout ailleurs dans la cité.

Nous avons préféré éviter la confrontation directe, d’autant que nous n’étions pas certain que la proclamation de Marius Van Diesl n’avait pas déjà été largement diffusée.

Le jeune Twist qui connaissait parfaitement la Cité nous a alors indiqué un chemin alternatif. Il avait déjà dû passer par les souterrains de la cité blanche par le passé et était certain de pouvoir nous guider de l’autre côté du barrage. L'idée de s'enfoncer dans les égouts ne semble pas tout à fait du goût de tout le monde... mais avions-nous vraiment le choix ?

Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! Zogout10

Les égouts n’étaient pas l’endroit le plus agréable de Minas Tirith. Les rats grouillaient littéralement de partout et l’odeur était difficilement supportable. Pour ajouter une touche de fantaisie, Twist semblait tout à coup nettement moins sûr de la route à suivre. Sans véritablement savoir pourquoi, nous nous sommes alors dirigés vers la gauche.

Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! Charni11

A notre surprise, nous sommes tombés sur une pièce remplie de cadavres… de toute évidence des victimes de la peste. Cela a été un choc car nous avons eu l’impression d’avoir été dupé depuis tout ce temps où nos autorités, le Général Cartogan en premier, niait l’ampleur de la maladie. Une jeune femme qui faisait partie du groupe, une certaine #Orline, a préféré faire volte-face et quitter le groupe. Elle n’avait pas signé pour ça. Le général lui a jeté un regard noir mais n’a rien oser dire.

Nous avons poursuivi notre chemin, à nouveau vers la gauche et avons suivi un couloir qui paraissait décrire une courbe. A force d'avancer dans le couloir, nous sommes arrivés face à une porte hermétiquement close. Quelques-uns ont tenté de baisser la poignée mais sans succès. Nous avons longtemps hésité sur la marche à suivre, certains voulaient rebrousser chemin, d'autres continuer en forçant la porte. Je pense que l’idée de retrouver le charnier avait découragé le plus grand nombre…

Pourtant, il aurait sans doute mieux valu s’abstenir. Une poche de gaz semblait s’être formée derrière la porte. Une fois celle-ci ouverte, le gaz s’est soudainement enflammé provoquant une explosion mortelle. Il nous a fallu quelques minutes pour nous remettre de nos émotions et pour constater que cinq de nos compagnons avaient mordu la poussière. Le jeune Twist, Antioche, Judia, Hoshen et une agent du nom d’#Elyena, qui aurait mieux fait de ne pas nous rejoindre, étaient réduits à l’état de bouillie.

Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! Boum11
L'ambiance au sein du groupe n'est pas nécessairement à la franche rigolade. Nous avons pansé nos plaies avant de reprendre notre route.

Nous avons suivi un chemin étroit pour finalement émerger dans la cave d'un bâtiment. Nous sommes alors sortis de la cave et nous nous sommes aventurés dans les couloirs. Nous avions réussi à pénétrer dans l’Hôtel Claymore.
Sujet: [INTRO IRL 18 ANS] L'Arbre tombe du côté où il penche
Learamn

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Rechercher dans: La Caserne   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [INTRO IRL 18 ANS] L'Arbre tombe du côté où il penche    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 3 Fév 2023 - 22:03


“Ouch! Par les joyaux des Royaumes!”

La lame avait ripé et rapidement quelques gouttelettes de sang se mirent à perler à la surface de la fine coupure. Lord Rhydon, laissa choir son rasoir sanguinolent, et saisit un tissu déposé près du baquet et exerca une pression sur sa plaie en grimaçant. Il pesta encore de longues secondes contre lui-même. Qu’avait-il bien pu se passer? Lui qui ne ratait jamais un coup d’épée venait de se couper sur un geste aussi anodin…Une fois son cou sommairement nettoyé, l’homme se redressa et s’admira un moment devant le miroir. Au-délà du petit accroc, son élégante moustache et son bouc avait été détaillé avec soin tandis que ses longs cheveux soyeux avait été attaché en un volumineux catogan; quelques rides commençaient apparaître au coin de ses yeux sombres ou des commisures de ses lèvres mais il restait un homme charmant et vigoureux. Le Directeur de l’Arbre Blanc avait toujours aimé plaire, c’est ce qui avait d’ailleurs fait son succès. Son verbe légendaire, son attitude gracieuses et une certaine idée du raffinement qui avait rapidement plu parmi les grandes familles de la capitale. Ce dandy aux si grandes responsabilités tranchait avec le reste des défenseurs de la Cité dont le comportement était parfois plus chaotique. Toutefois, les hommes et les femmes qui le fréquentaient n’étaient pas sans savoir que sous son sourire avenant lors des réceptions et apparitions publiques se cachait un serviteur implacable du gouvernement en place. Capable de prendre les décisions qui s’imposaient pour faire régner l’ordre au sein du royaume qu’il avait juré de protéger.

Rhydon enfila sa longue tunique de couleur bleu cobalt et évapora un peu de sa solution parfumée en prenant soin d’éviter sa blessure. Une fragrance agréable monta à ses narines ce qui lui arracha un sourire satisfait. Il cingla alors sa ceinture à laquelle était attachée sa fine rapière et sortit de ses quartiers d’un pas leste.

Il était attendu.

Le Directeur rallia la Caserne en l’espace de quelques minutes. Malgré l’heure matinale, le lieu était déjà plein de vie. Des dizaines de soldats revenant d’une longue garde de nuit passés sur les murs de la ville et sous le rugueux commandement du Capitaine Erelas, s’accordaient quelques minutes de détente autour d’un verre et de jeux de dés tandis que d’autres se préparaient à partir en patrouille. Quelques uns, parmi les officiers, reconnurent le visage du Directeur et le saluèrent respectueusement. Au contraire de son prédecesseur, Rhydon n’avait pas fait de sa position un secret. Il était le visage public de l’organisation et si les honneurs qui accompagnait un tel statut ne lui déplaîsait, il s’agissait avant tout d’un choix stratégique. Devenir la cible connue de tous pour mieux protéger les espions qui travaillaient pour lui. Détourner le regard des plus méfiants, attirer l’attention là où le véritable enjeu se déroulait ailleurs. Bref, un jeu d’enfant.

On lui accorda le passage jusqu’au poste de commandement et poussa la grande porte en bois au centre du bâtiment sans prendre la peine de frapper. Les deux hommes avaient passé ce stade là depuis longtemps. Cela faisait de longs mois qu’ils avaient oeuvrés ensemble pour rétablir l’ordre et la paix entre les murs de la cité. Depuis la chute de l’Ordre de la Couronne de Fer, l’Arbre Blanc et la Garde de Minas Tirith avaient travaillé main dans la main pour évincer la pègre qui gangrènait la ville depuis de nombreuses années. Les mesures avaient été parfois drastiques mais efficaces, aucun drame d’ampleur n’avait eu lieu durant le mariage du Roi Aldarion et de la Princesse Dinaelin et les envahisseurs sauvages avaient été dissuadés de faire le siège de la Cité Blanche. Certains rapports faisaient mention que ces derniers avaient continué leur périple en quête de terres arables vers le Nord, au Rohan et que déjà l’Eastfolde était tombé sur le point de tomber. Quand on qui demandait où était le Gondor quand l’Estfolde étaient en train tomber; il répondait simplement que cela n’était aucunement leur affaire, qu’ils avaient bien d’autre problème et qu’à force d’affablire leur propre armée en se battant entre eux, les rohirrim l’avaient bien cherché.

La grande pièce circulaire était quasiment vide. Passant à travers les vitres placées tout le long des murs de pierre abrupte, les rayons de lumière matinale éclairaient la large carte représentant les différents niveaux de Minas Tirith qui avaient été déroulée sur la table centrale. Seul le Général Cartogan l’attendait avec un air soucieux. Ses cheveux gris, d’ordinaires lissés vers l’arrière, étaient broussailleux et en bataille. Une barbe grise naissante commençait à manger ses traits anguleux.

“Ah Rhydon…Vous avez du retard.”
Fit-il d’un ton factuel qui le caractérisait entièrement.
Mes excuses Mon Général. J’ai été retenu.
-Bon. Venons-en au fait. Quelles nouvelles m’apportez vous ce matin? Les Juges ont toujours ont tête de mettre le chaos?
-J’en ai bien peur Mon Général. Mes sources affirment que Van Diesl s’active de plus en plus en coulisses pour accélerer sa croisade; comme s’il cherchait à aboutir avant une certaine date.
-Bien…Gardez-un oeil sur lui. Van Diesl est un homme têtu, il ne lâchera pas si facilement. Il pourrait représenter un problème s’il persiste. Les émeutes dans la ville?
-Pour le moment, nos hommes ont réussi à garder les choses sous contrôle.”


Cartogan se mit à faire les cents pas près de son bureau. Rhydon remarqua de profonds cernes autour des yeux de son supérieur et une inquiétude qui n’était pas commune pour la personne la plus puissante du royaume à l’heure actuelle.

“Mon Général…Quelque chose ne va pas?”


L’officier s’arrêta net, d’abord surpris par la question du Directeur. Une interrogation d’apparence anodine qui pouvait même paraître intime pour lui. Les deux hommes se connaissaient depuis des années mais avaient toujours gardé une distance bien professionnelle entre eux. Rhydon, pourtant, le connaissait bien et était passé maître dans l’observation de ce genre de comportement. Toutefois, voir qu’il y avait quelqu’un ici qui semblait se soucier sincèrement de ses états d’âmes avait quelque chose de réconfortant. Le pouvoir était si souvent accompagné de solitude.

“Je…Oui. Nous devons à tout prix éviter qu’il mette la main sur elle. La pauvre…elle ne comprendrait même pas ce qu’il lui arriverait.
-Je pourrais la faire déplacer à nouveau. Dans un lieu plus sûr. “

Cartogan acquiesca d’un geste de la tête, une lueur de reconnaissance dans son regard qui disparut rapidement. Le chef de guerre austère avait vite repris le dessus.

“Le Capitaine Neige?
-Toujours en cavale mais nous ne tarderons pas à mettre la main sur elle.
-N’oubliez pas qu’elle compte de puissants dignitaires au sein de sa famille. Si on l’arrête, ils réclameront un procès et je mettrais ma main au feu que les Juges la relâxeront.
-Vous voulez dire que…
-Oui Directeur.
-A vos ordres Général.”

Rhydon ne cilla même pas face à la perspective d’éliminer l’une de ses agents les plus talentueuses. Elle avait trahi sa patrie et il avait reçu des ordres clairs pour en préserver la sécurité.

“Quant à l’elfe…
Poursuivit le Général. Les choses ont un peu changé la concernant. Un émissaire du Conseil Elfique s’est présenté devant nos portes il y a quelques jours.
-J’en ai eu vent en effet.
-A priori c’est une paria, également recherchée pour meurtre par son propre peuple. Sa capture et son procès pourrait représenter une opportunité unique.
-Une assassine et criminelle notoire qui aurait attisé les braises pour semer le chaos; ce serait la cible publique parfaite pour apaiser la situation.
-Exact, ainsi qu’une opportunité diplomatique unique de renouer des liens avec les Elfes. Imaginez-cela, la tenue d’un grand procès menée conjointement par nos deux peuples. Même Van Diesl ne pourrait s’opposer à un tel évènement. Il me la faut vivante, Rhydon. Vivante. “


Le Directeur de l’Arbre Blanc fit un signe de la tête indiquant qu’il avait bien compris et se dirigea vers la sortie. Cartogan l’arrêta:

“Rhydon!”

Celui-ci s’arrêta net.

“Oui?
-Ne me décevez pas.
-Vous ai-je jamais déçu Mon Général?”


Sur ces mots et avec un léger sourire en coin, il s’éloigna du centre de commandement. Néanmoins,  malgré son assurance il y avait du pain sur la planche.


#Cartogan
Sujet: Le Syndicat des Vignerons de Lossarnach
Forlong

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Rechercher dans: Le Palais   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le Syndicat des Vignerons de Lossarnach    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 17 Mar 2021 - 15:24
Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! Genera12
#Cartogan, Général de Minas Tirith

"Comme le dit l'adage : tout ce qui est or ne brille pas." Le Général grogna avec mépris et s'exclama:

-Et pourtant c'est de l'or bien brillant que vous venez me demander aujourd'hui!


Le Haut-Juge...encore une institution inutile, vestige d'un Royaume Réunifié dont l'âge d'or s'était achevé avec la mort du roi Elessar. Il ne craignait pas le Haut Tribunal, surtout tant qu'il était à Minas Tirith, sa forteresse où il bénéficiait du soutien de ses soldats et de son peuple. Mais il ne fit pas cette remarque à voix haute. Le Haut-Tribunal était peut-être une institution vouée à disparaître mais le Haut-Juge Marius Van Diesl, lui, n'était pas une personne à prendre à la légère. Il se contenta de montrer son insouciance par un geste de la main nonchalant. Sebor s'apprêtait à partir, et Cartogan pourrait bientôt oublier cet épisode désagréable et se concentrer sur les affaires plus pressantes du royaume.

Sauf que l'Arpenteur avait décidé de pousser le vice. "... Ou devrais-je dire… Cain ?". Si le Général n'avait pas ses mains d'appuyées sur la table, il aurait pu vaciller en entendant ces mots. Ses phalanges pressèrent fort contre le bois alors qu'il formulait une réponse. Le geste de Sebor ne lui avait pas échappé. L'Arpenteur avait peur de lui, et il avait raison. Heureusement pour lui, l'épée longue de Cartogan était pendue sur le mur derrière lui et pour l'instant il n'avait pas l'intention de la sortir du fourreau. Il aurait pu appeler ses gardes et jeter cet homme au cachot, ou même leur dire de l'abattre sur place comme un simple criminel. Ses hommes étaient complètement fidèles à leur Général et ils n'auraient pas hésité une seconde. Mais il savait que ce n'était pas une bonne idée.

Du chantage. Il avait toujours su qu'un jour quelqu'un l'essayerait, et il avait fait les préparatifs nécessaires. Des traces avaient été effacées, les ressources et les dossiers de l'Arbre Blanc mis à disposition pour le protéger contre cette éventualité. Mais il ne s'attendait pas spécialement à ce que l'attaque vienne de la part des Arpenteurs.

Il pourrait céder. Après tout l'argent en question n'était même pas le sien, il s'agissait juste de valider une dépense qui partirait des coffres du Trésor Royal. Il pourrait trouver les fonds pour l'Arbre Blanc et pour la réforme de l'Ost Royal ailleurs. Mais Cartogan savait qu'un maître chanteur s'arrêtait que très rarement après un chantage unique. Pouvoir faire pression sur le Général de Minas Tirith était un atout trop précieux pour que Sebor s'en serve qu'une fois.

-Je pense qu'il est temps pour vous de partir. J'ai d'autres rendez-vous, et je ne pense pas que la famille royale considérera la visite d'un viticulteur comme une raison valable d'un retard de ma part. Vous aurez ma décision avant la prochaine réunion du Conseil du Sceptre.

Cette voici, c'était au tour de Général Cartogan de parler sur un ton neutre.

Il se posa lourdement dans son siège, pensif, lorsque Sebor s'en alla. Au bout d'un moment il appela un de ses hommes.

-Faites venir Lord Rhydon.
Sujet: Le Syndicat des Vignerons de Lossarnach
Forlong

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Rechercher dans: Le Palais   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le Syndicat des Vignerons de Lossarnach    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 28 Fév 2021 - 1:37
Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! Genera12
#Cartogan, Général de Minas Tirith

Le Général Cartogan referma le porte-dossier en cuir dans lequel se trouvaient les documents militaires destinés uniquement à être vus par une poignée de hauts dignitaires du royaume. Il n'était pas de bonne humeur, ce qui n'était pas étonnant en vue du contenu des documents. De plus en plus de citoyens et des soldats atteints par la peste. La vague de mécontentement parmi les habitants de la cité témoignée par les agents de Lord Rhydon. Les envahisseurs Nurniens au Nord, ravageant le Rohan. Les pirates au Sud, forçant Radamanthe à se retrancher dans un petit bout de son émirat. Décidemment, redonner au Gondor sa gloire d'antan n'était pas une tâche facile.

Il accueillit son invité debout, les mains appuyées sur le bureau devant lui. Le Général était un personnage impressionnant, un véritable Gondorien: grand, large d'épaules, aux traits nobles et aux yeux vifs et brillants. Ses longs cheveux marrons descendaient sur ses épaules, et le sobre tabard noir orné d'un arbre argenté dissimulait une cotte de maille parfaitement entretenue.

Dès qu'il vit l'homme qui entra dans son bureau, il comprit qu'il ne s'agissait très probablement pas d'un viticulteur. Les cicatrices, les mouvements félins, le regard froid, cet homme avait certes dû verser beaucoup de liquide rouge, mais ça ne devait pas être du vin. Cartogan ne dit pourtant rien, laissant Sir Robès de l'Association Royale de Producteurs de Vin du Lossarnach expliquer la raison de sa venue.

Ses yeux s'écarquillèrent pendant un instant lorsqu'il entendit ce nom: les Arpenteurs. La surprise fut rapidement remplacée par une colère froide.

-Alors c'est vous? L'insaisissable Sebor s'est enfin décidé à me rendre visite?


Il ne pouvait pas être sûr de l'identité de l'homme, mais c'était le seul nom d'Arpenteur connu à l'Arbre Blanc, et Cartogan était suffisamment perspicace pour remarquer la connexion entre le nom Sébor et Robès.

-Et vous décidez d'entrer dans le palais sous une fausse identité, comme un voleur dans la nuit? Vous osez tenir un tel discours sans même vous présenter? Demander de l'argent au Royaume du Gondor en tirant sur ma manche comme un mendiant? Me parler de loi et d'autorité comme un huissier parlerait à un nobliau d'Anfalas?


Le Général se redressa, en foudroyant son interlocuteur du regard.


-Les Arpenteurs! Hah! Et à quoi servent les dotations qui vident les coffres du royaume depuis des années? Où étaient les Arpenteurs lorsque la Couronne de Fer complotait pour enlever le prince Chaytann?! Où étaient les Arpenteurs lorsque le roi Méphisto risquait sa vie sous le soleil brûlant d'Assabia? Où étaient les Arpenteurs lorsque les envahisseurs prirent Cair Andros d'assaut?! Si vos sources dévouaient moins de temps à vérifier l'état des versements de vos avoirs et plus à veiller sur le Royaume Réunifié, peut-être que je serais moins réticent à payer cette foutue somme! Peut-être que vous rendez service au royaume d'Arnor et que le roi Aldarion vous paie volontiers, même si j'en doute fortement car vous n'avez pas protégé ses héritiers non plus, mettant ainsi en péril la survie de la lignée d'Elessar. Ce que je sais, c'est que le Gondor n'a pas bénéficié d'une quelconque protection de la part des Arpenteurs, et à présent il n'en a guère besoin. L'argent ira à l'Arbre Blanc, les véritables protecteurs de la Couronne, et à la reforme de l'ost royal.  

Il ricana sans joie.

-Vous aurez de l'argent seulement si et lorsque vos actions deviendront transparentes et que votre valeur rajoutée pour le Gondor sera prouvée. Dans le cas échéant, allez au diable et trouvez vous un mécène qui sera impresionné par cette relique d'une époque révolue que sont devenus les Arpenteurs.
Sujet: Entre deux maux, il faut choisir le moindre
Nathanael

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Entre deux maux, il faut choisir le moindre    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 11 Fév 2018 - 20:15

Le tonnerre percuta si fort les montagnes que le général eut le sentiment que le sol tremblait sous ses pieds. L’orage s’était rapproché des remparts de la cité dans le courant de l’après-midi et avait écrasé Minas Tirith sous son lourd manteau gris. Il avait dû allumer une chandelle pour mieux voir les parchemins qui s’étalaient sur son bureau. Il s’était brûlé avec de la cire chaude et il suçotait son index pour faire passer la douleur. La pluie tiède qui s’était abattue sur la ville avait repoussé les velléités de ceux qui demandaient audience. Si seulement la pluie pouvait repousser nos ennemis aussi facilement ! Mais ceux qui avaient pris Cair Andros ne semblaient pas être faits du même bois que les grands nobles de la capitale gondorienne. Ils occupaient toujours la ville fluviale. Les éclaireurs étaient tous d’accord sur ce point. Mais sur ce point seulement. D’autres nouvelles semblaient indiquer que des groupes ennemis avaient franchi l’Anduin. Pourtant à Osgiliath des soldats affirmaient avoir vu des mouvements dans les forêts proches sur la rive orientale. Que préparent-ils ? Il lui semblait encore inconcevable que Cair Andros ait été prise aussi facilement. Par des hommes du Mordor. C’était peut-être l’idée la plus difficile à accepter pour le général. Le peuple d’Elessar, comme ils voulaient bien se désigner, n’était qu’un assemblage de tribus aux mœurs mal dégrossies qui vivaient de chasse, de cueillette et de ce que les terres brûlées voulaient bien leur donner. Autrement dit pas grand-chose. De la piétaille, ce n’était que de la piétaille.

« Des Nurniens, plus vraisemblablement » avait dit le conseiller de la princesse Dinaelin. Le vieillard avait pris l’habitude de fourrer son nez dans les affaires qui ne le concernaient pas. « Le peuple d’Elessar sont les descendants de ceux que feu Aragorn fils d’Arathorn et héritier d’Isildur libéra du joug de Sauron. » Cartogan lui aurait volontiers écrasé le crâne contre le mur le plus proche pour son audace déplacée. Pourtant malgré de nombreuses recherches les lettrés de la cité n’avaient rien trouvé de consistant lors de leur première journée de lecture dans les grandes bibliothèques de la cité. Alatar avait d’abord contacté Alcide, dont l’oreille était plus attentive et les mots plus doux. L’Intendant avait toujours manqué de fermeté. Alcide avait ensuite convoqué le général Cartogan et Alatar avait alors fait étalage de son savoir. Le roi lui-même avait remercié le vieux bouc de son aide précieuse en ces temps troublés. Le général s’était contenté de serrer la mâchoire. Le bougre pouvait bien se vanter de tout savoir. Ce n’était pas lui qui défendrait la cité.

Cartogan se leva de son siège. Tout était prêt. Minas Tirith avait fait entrer toutes les troupes des régions proches, les différentes factions avaient été réparties à tous les niveaux de la cité. Qu’ils viennent ! L’attente était pire que tout. Chaque journée qui s’achevait rendait la suivante encore plus terrible à affronter. Aucun mouvement de troupes n’avait plus été signalé depuis la veille par ses hommes. Les gens du Nurn semblaient s’être volatilisés ou s’être complètement repliés dans Cair Andros. Le général ne croyait pas à toutes les balivernes qui courraient au sujet des hommes du Mordor et pourtant. S’ils étaient vraiment invisibles et pouvaient surgir aux pieds des murailles ? Cette pensée, aussi futile soit-elle, lui arracha un frisson désagréable. Idiot… Son reflet grisonnant le regardait à travers la verrerie d’une fenêtre. Malgré l’abondance des victuailles, ses traits étaient plus émaciés que dans ses souvenirs. Avait-il jamais eu la mâchoire aussi anguleuse, le nez aussi épaté, les yeux aussi sombres ? Avait-il jamais… Il se passa la main sur le visage. À quoi bon se rappeler des souvenirs qu’il préférait oublier ? Il ne devait pas se laisser distraire par des ombres. Une ombre, une seule et c’était la mienne. Il ouvrit la fenêtre et fit disparaître son reflet par-dessus un haut mur.

Au-delà un rideau de pluie s’abattait sur les champs du Pelennor. Les nuages étaient si bas qu’on ne distinguait plus les sommets noirs et menaçants des montagnes à l’est. L’Anduin traçait un sillon boueux dans la plaine, contrastant davantage avec les pierres blanches et grises d’Osgiliath. Des serpentins de fumée striaient le ciel ici et là. Le feu représentait encore la vie, la promesse d’une nourriture chaude et fumante. Mais bientôt, ce ne seraient plus les cheminées des masures, mais les masures elles-mêmes qui brûleraient. Et la viande… Des hommes mourraient. On ne pourrait pas l’en blâmer. On ne faisait pas la guerre pour complaire au peuple. Le général Cartogan n’avait que faire du peuple, à vrai dire. Mais le royaume, c’était autre chose. C’est tout ce qu’il me reste. Il y aurait autant de morts que nécessaire, mais Minas Tirith ne céderait pas. La Cité Blanche avait affronté les assauts ténébreux de Sauron et de ses armées d’orcs, de trolls et de nazguls, pourquoi devait-il craindre quelques milliers de vagabonds armés de piques et de lances ? Ils s’écraseraient comme une vague sur un roc, un clapotis de sang sur la grève gondorienne. La nuit, il rêvait quelques fois de trancher la tête noire d’un homme nommé Kaara.

— Général Cartogan ?

La voix étouffée lui parvint de derrière le large panneau de bois de la porte. Il serra les dents. Il pensait en avoir fini avec les intrusions pour cette journée. Mais il devait assumer son rôle en tout temps et à toute heure.

— La Dame Dalia de Ronce, Général. Elle souhaiterait s’entretenir avec vous. À propos d’un sujet… épineux.


Le messager ne semblait pas avoir réussi à trouver un autre mot et s’était à moitié étranglé en le prononçant.

— Faites-là entrer.

Les robes de la guérisseuse chuintaient sur les dalles comme la pluie au-dehors. Ses cheveux sombres lui tombaient sur les épaules, mais plus sombre encore était son regard. L’Intendant Alcide l’avait averti d’un nouveau danger qui guettait non pas au-dehors des murailles, mais dans les entrailles de la cité. Dalia de Ronce venait sans doute lui apporter de nouvelles informations à ce propos.

— Dame Dalia de Ronce.

Il inclina la tête avec raideur. Tout indiquait dans le port de son interlocutrice qu’elle venait défendre une position qui ne serait pas celle du général. Il avait appris depuis longue date à reconnaître l’adversité même dans ses propres rangs.

— Général Cartogan.


Elle lui répondit avec froideur. Elle avait réussi à convaincre Alcide de déclarer publiquement qu’une missive écrite par de farfelus nigauds prétendument savants leur était parvenue. Et que la dite missive les mettait en garde contre d’autres nigauds encore plus farfelus appartenant à une communauté au nom imprononçable, féru de vieilles lames rouillées, de parchemins desséchés par le temps et par des contes rocambolesques. Ce qui le mettait encore le plus hors de lui était que Dalia de Ronce et Alatar faisaient partie des farfelus nigauds qui avaient rédigé cette lettre. Soit ! La lettre pouvait avoir un fond de vérité. Mais quel besoin ces prétendus érudits avaient-ils eu d’en informer la populace ? Certains savoirs ne s’acquéraient pas dans les livres et les vélins. Et il était une chose à savoir, quand on voulait diriger un royaume, c’était de ne pas se reposer sur son peuple. Qu’importait à un pêcheur ou un forgeron de savoir que des artefacts puissants pouvaient être entre de mauvaises mains ? Un pêcheur était fait pour pêcher et un forgeron pour battre l’acier et concevoir des épées. Mais qu’un forgeron quitte sa forge pour partir à l’aventure, qu’un pêcheur se fasse mercenaire pour pourchasser des ennemis et c’était tout le royaume qui était perdu. L’ordre ! Seul l’ordre permettait de maintenir les choses en place. L’ordre et une solide hiérarchie.

— Parlez, je vous en prie. Vous avez toute mon attention Dame de Ronce.
— Général, vous n’êtes pas sans savoir que des malades ont été acceptés au sein des maisons de guérison ces derniers jours.
— Les malades sont l’affaire des guérisseurs Dame de Ronce, non des militaires. Je n’ai que faire des malades.
— Les malades ne le sont plus.
— À quoi bon me déranger al…
— Ils sont morts. Tous autant qu’ils étaient.
— Les morts ne relèvent toujours pas de mes compétences. Sauf s’ils sont capables de porter l’épée.


On disait que le roi Aragorn avait soulevé une armée de morts pour lutter contre les forces du Roi Sorcier. Cela l’aurait grandement arrangé si tous les cadavres de Rath Dînen avaient pu se relever au son d’un cor de guerre. Les gens du Mordor étaient des milliers, bien plus que la garnison actuelle qui occupait la cité. Mais la moitié sont des enfants ou des femmes. Plus les jours avançaient et plus le général cherchait à se rassurer.

— Il y a d’autres malades général. Ils ont les mêmes symptômes que les précédents. Nous faisons face à une nouvelle épidémie. Et il ne s’agit d’aucune maladie connue de nous. Les malades sont…
— Les malades sont du ressort des guérisseurs.
— Général, vous ne semblez pas comprendre ma requête…
— Je crois que c’est vous, Dame de Ronce, qui ne comprenez pas ma requête. Les guérisseurs savent soulager les maux. Tous les maux, n’est-ce pas ? Les malades doivent être… soulagés, avant qu’ils ne contaminent d’autres personnes.
— Vous n’y pensez pas ?
— Avez-vous une autre solution à me proposer ma dame ?


Un éclair de lumière blanche fendit le ciel et le tonnerre gronda si fort qu’on n’entendit pas le panneau de bois frapper la pierre quand Dalia de Ronce sortit du bureau du général. Des hommes mourraient. Mais peut être bien plus que ce que Cartogan avait imaginé.

#Dalia #Ronce
Sujet: [Tales] - Les chroniques de la Cité Blanche
Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Tales] - Les chroniques de la Cité Blanche    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 19 Juil 2016 - 21:17
Les chroniques de la Cité Blanche


Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! Chroni12



- Vous dites que cette femme, cette...

- Adaira, Intendant.

Le Général n'avait répété ce nom qu'à contrecœur. Il avait déjà mal digéré le fait qu'elle ait été présentée devant lui pour parlementer comme si elle était son égale. Qu'un haut placé comme l'était l'Intendant d'Illicis redemande son nom ne faisait que lui accorder encore davantage d'importance. Cela lui donnait un crédit et une légitimité que Cartogan, lui, ne reconnaîtrait jamais à cette sauvageonne.

- Oui. Vous dites qu'elle aurait été prête à négocier davantage ?

Cartogan regrettait presque de lui avoir livré autant de détails. Pourtant c'était la meilleure chose à faire, car s'il n'apprenait pas les détails de sa bouche, l'Intendant d'Illicis les obtiendrait par le truchement des officiers ou par le bouche à oreille, ce qui serait bien pire. Même maintenant qu'il se trouvait à l'abri dans la fraîcheur bienfaisante des appartements du palais, le souvenir de ces négociations revenait s'emparer de son esprit comme un mauvais rêve qui réapparaissait sans cesse. Il s'était vu chargé de plusieurs missions aussi délicates par le passé, contre des ennemis bien définis, des ennemis héréditaires du Gondor. Là, les choses avaient été bien différentes. Tout lui paraissait si irréel, si bizarre : la peau crasseuse de ses interlocuteurs qu'on aurait cru sortis tout droit de quelque sombre mine ou caverne de sous la terre, leur organisation hiérarchique si déconcertante, leur stratégie de faire passer leur peuple pour la victime et le Gondor comme un fautif, l'obscur mystère de leurs origines... on aurait presque dit des spectres vengeurs et morbides venus les hanter.

- C'est exact oui, si elle en avait eu l'autorité, ce qui n'est pas le cas. Je vois maintenant clairement leur petit jeu : ils ont convié autant de grandes figures de leur peuple qu'il leur était possible pour impressionner le Général de Minas Tirith. Cinq. Cinq ! Comme si de cette manière ils avaient pu me forcer la main... Mais ça ne changera pas grand chose : les renforts de nos provinces écraserons ces envahisseurs... – sans crier gare il frappa de façon fulgurante de la paume de la main sur le bureau verni de l'Intendant. Ce geste soudain et le bruit qui s'ensuivit provoquèrent un léger sursaut chez ce dernier, mais le Général continua sa phrase comme si de rien n'était – ... avec la même facilité que je viens d'écraser cette mouche sur votre bureau.

- Oh, nous aurons la victoire, Général Cartogan, cela ne fait aucun doute... fit une voix.

Les yeux de Cartogan lancèrent des éclairs. La porte s'ouvrait lentement pour dévoiler celui qui venait de s’immiscer de façon intempestive dans la discussion. La longue robe bleue ne laissait déjà que peu de doute quant à son identité, mais lorsque se dessinèrent la barbe soigneusement peignée et les longs cheveux grisonnants, le Général de Minas Tirith se demanda comment le vieux conseiller avait pu passer outre le corps robuste de l'officier en faction.

- Erelas, aboya-t-il, est-ce ainsi que vous protégez notre confidentialité !?

L'homme incriminé se présenta au seuil de la pièce. Il portait une armure de très bonne façon, une cape noire impeccable qui lui pendait dans le dos, et sur le visage une expression qui trahissait sa gêne. Il n'eut toutefois pas le temps de se justifier devant son supérieur.

- Laissez, Général ! fit la voix claire de l'Intendant. Le sieur Alatar m'avait demandé une audience durant cette matinée, j'ai donc signifié à votre capitaine de le laisser entrer sans protocole, lui et lui seul. Je n'ai pas vu le temps passer. – puis se tournant vers le nouvel arrivant – J'avais à m'entretenir de nombreuses choses pressantes avec le Général, tant et si bien que son entrevue avec moi a légèrement empiété sur la vôtre, vous m'en voyez navré.

- Sa présence ne m'importune point, mon bon Intendant. Mais je ne suis pas venu critiquer la manière dont ont été menées les négociations avec ces gens, encore que je pourrai avoir quelques mots à dire si j'en avais le loisir. Elles ont eu une fin prématurée, et c'est bien regrettable. Mais ce sont des choses encore plus importantes que je veux aborder avec vous.

Le dos bien calé contre le rembourrage de son grand fauteuil, Alcide ne bougea pas le corps d'un pouce, se contentant de hocher légèrement la tête pour l'inviter à poursuivre. Objectivement, il n'avait pas à craindre ce que le vieil homme allait dire. Il était l'Intendant de Gondor, personne la plus haut placée après le Haut Roy, et n'avait pas à avoir peur de quiconque, encore moins lorsque ce quiconque n'avait aucune fonction officielle dans la hiérarchie. Et pourtant... pourtant... peut-être était-ce justement parce que le vieux sage n'était pas son subordonné qu'une once de culpabilité s'insinua en lui. Il savait quel sujet l'autre était sur le point d'aborder, et il savait aussi qu'en l'occurrence lui, Alcide d'Illicis, était pris en faute, un peu comme un petit garçon doucement réprimandé par sa gouvernante pour n'être pas à jour dans ses devoirs d'école.

- Je suis venu vous parler de la Missive qui vous a été apportée par le sieur Makiaveel, et que j'ai co-signée. Je sais pertinemment que je n'ai pas le pouvoir de vous dicter une marche à suivre, et l'aurais-je que je ne m'en servirais pas pour vous forcer à agir contre votre volonté, ou forcer le roy Méphisto à agir contre sa volonté. Mais j'ai le souci du devenir des peuples de cette terre, et du peuple gondorien en particulier. C'est pourquoi me voici à nouveau devant vous, mon bon Intendant. – Il marqua une courte pause, juste le temps de passer la main dans sa longue barbe – L'envoi d'expéditions pour rechercher ces « artéfacts des temps anciens » ne devrait pas être ajourné d'avantage, si vous voulez mon avis...

- Ah oui, vraiment ?

Et l'Intendant et le vieux conseiller se tournèrent vers Cartogan, de la bouche duquel s'étaient échappés ces trois mots au ton plein de dédain.

- Pour quelqu'un qui dit ne pas vouloir nous dicter la marche à suivre, c'est un peu fort ! Je n'ai jamais eu confiance en vous, vieille barbe, toujours à vous mêler de ce qui ne vous regarde pas, à arpenter les couloirs et à écouter aux portes, à disparaître pendant un temps puis à réapparaître quand la situation vous semble la plus profitable... et à nous annoncer sans cesse le malheur. A nous l'annoncer, ou à nous l'apporter, on ne sait pas trop au juste. Je vous le dit bien en face, ce n'est que parce qu'elle est signée de huit autres noms, dont la plupart sont réputés et dignes de confiance, que nous voulons bien croire tant soit peu à la véracité de votre lettre. Mais nous agirons selon notre bon vouloir et quand nous le déciderons. Pourquoi ? Parce que quelle que soit l'importance de ces mises en garde, des événements bien plus préoccupants se déroulent à seulement quelques lieues d'ici !

- Messieurs !


Alcide s'était levé de son siège, la main droite en l'air pour empêcher les choses de dégénérer. Son visage était grave, mais on n'y voyait nulle trace de courroux.

- Je vous en prie, rappelez-vous que nous sommes tous dans le même camp. Alatar, je vous l'assure, les mises en garde contenues dans cette missive ne sont pas restées lettres mortes. Mais nous partions presque de zéro : il nous a fallu récupérer des renseignements, choisir les personnes de confiances qui pouvaient être mises dans la confidence et qui avaient le profil adéquat à ce type de mission au long cours. Les équipes se forment, croyez-moi ; il ne s'agit que d'une histoire de jours, ou tout au plus de semaines, pour qu'elles soient fin prête. Soyez bien conscient des efforts de notre Général ici présent pour que tout puisse être préparé dans le plus grand secret. Cela prend du temps.

- Justement,
rétorqua doucement Alatar avec un sourire à la fois bienveillant et empli de tristesse. Cette affaire concerne le Gondor dans son ensemble, et pas seulement les soit-disant hautes sphères d'initiés. C'est toujours la même chose, ce sont ceux qui sont les plus concernés par ce danger qui en savent toujours le moins : les petites gens, les habitants de Minas Tirith, le peuple gondorien dans son ensemble. Oui, le peuple ! Mais je me doute bien que le Général tienne à ce que nul autre que lui ne soit au courant de ces choses...

Le vieil homme salua respectueusement l'Intendant d'Illicis avant de se tourner vers Cartogan. Il le regarda droit dans les yeux tout en levant l'index en signe d'avertissement.

- Si vous continuez à agir de la sorte, Général, cela va vous retomber dessus. Ce ne sera pas faute de vous avoir mis en garde.

Après quoi il tourna les talons et marcha d'un pas déterminé en direction de la porte, les pans bleus de sa robe voletant derrière lui tout comme les longues mèches de sa chevelure.
#Cartogan #Erelas
Sujet: Un pivert veillait sur eux
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Champs du Pelennor   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un pivert veillait sur eux    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 1 Juil 2016 - 1:12

- Impossible.

Le mot avait été lâché comme on lâche un trait mortel qui s'envole en sifflant dans les airs, et vient percuter avec un bruit sourd un sanglier fauché en pleine course. La bête vaincue, agonisant alors qu'elle rend bruyamment son dernier souffle, s'immobilise sur le flanc, rattrapée par la mort armée d'un arc. Les représentants du peuple des Quatre Fleuves réagirent comme s'ils avaient été transpercés de part en part, se jetant des regards perdus, surpris, légèrement décontenancés. Cartogan ne comprenait pas. Ces sauvages orientaux étaient-ils réellement déçus que le Gondor refusât de leur donner une terrre à laquelle ils ne pouvaient décemment prétendre ? Leur stratégie reposait-elle sur l'espoir que le plus grand royaume des Hommes allait tout simplement s'incliner devant leur pathétique démonstration de force ? La réponse du Général venait de porter un coup dur à leur rêve, et ils se retrouvaient dorénavant dans une situation bien complexe.

Comme Alcide le lui avait bien rappelé avant de partir, ces envahisseurs n'avaient aucune carte à jouer. Ils possédaient pour l'heure Cair Andros, et détenaient une grande quantité de prisonniers, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'ils avaient l'avantage. Ils ne pouvaient en aucun cas forcer la main à Minas Tirith, et leur meilleure chance de survivre demeurait encore de battre prudemment en retraite et de se faire oublier autant qu'il était possible.

- Vous savez aussi bien que moi que votre position est intenable, renchérit un Cartogan sûr de lui. Vous seriez bien inspirés de négocier une issue pacifique à ce conflit que vous avez déclenché.

- Mais nous n'avons rien déclenché, s'insurgea Alaric. Ne sont-ce pas vos hommes qui ont refusé de laisser passer notre peuple en souffrance, sans même accepter de nous accorder une audience ? N'est-ce pas l'entêtement du Gondor à refuser tout dialogue qui a provoqué l'ire des nôtres ? Que peut-on reprocher au peuple des Quatre Fleuves que l'on ne puisse reprocher au centuple à votre suzerain, Général ?

Les questions étaient quelque part fondées, et il y eut un bref malaise parmi les hommes du Gondor. Ils n'avaient jamais rencontré d'hommes qui se comportassent de la sorte, et d'ordinaire leurs ennemis – qu'ils vinssent du Rhûn ou du Harad – n'étaient jamais enclins à reconnaître un quelconque lien avec les peuples de l'Ouest. Voir que ces sauvages orientaux se présentaient comme des frères du Gondor, des frères trahis et poignardés, ne pouvait que perturber grandement le Général Cartogan qui parut soudainement vaciller sur sa selle. Heureusement pour lui, ce fut Kaara qui mit un terme à l'envolée spectaculaire de Alaric. D'un geste de la main, il l'appela au calme, et reprit sur un ton plus apaisé :

- Nul besoin de nous énerver, mon ami. Nous sommes avant tout ici pour discuter, non pour accuser. Vous avez entendu nos demandes, Général Cartogan… Qu'avez-vous à répondre à cela ?

- Je vous l'ai dit, il est impossible que le Gondor vous cède quelque partie de son territoire que ce soit. Si vous aviez voulu négocier pacifiquement et vous constituer sujets du Haut-Roy Mephisto, entrer à son service et vous plier à ses lois, la question aurait pu être débattue. Mais pour l'heure, nous sommes ici pour discuter de la restitution des prisonniers que vous avez capturés durant l'attaque de Cair Andros.

Kaara marqua une lourde pause, et baissa la tête un instant, plongé dans ses pensées. Il paraissait réfléchir à une issue, mais le Général ne pouvait pas être certain qu'il ne préparait pas un nouveau piège pour tromper encore une fois le Gondor. Afin de ne pas lui laisser de faux espoirs, il glissa – peut-être un peu imprudemment :

- Quelle que soit votre idée, tenez compte du fait que vous n'avancerez pas plus loin. Le Gondor a des ressources militaires et humaines que vous ne soupçonnez pas. Votre victoire à Cair Andros est insignifiante.

- Insignifiante, vous dites…

Cartogan ne le lâchait pas du regard, cherchant à découvrir le moment crucial où il allait craquer et révéler ses plans sournois de conquérir le Gondor par la force. Son armée était impressionnante, mais il était vrai qu'elle ne serait pas suffisante pour renverser la puissance du grand royaume des Hommes. Retranchés derrière les solides murailles de Minas Tirith, le pouvoir du Haut-Roy était à l'abri de toute attaque. Chaque jour qui passait voyait les défenses de la capitale se renforcer, et tandis que croissait leur solidité, croissait aussi la confiance que les Hommes de l'Ouest avaient dans leur victoire. Ces chiens d'Orientaux, comme ils les appelaient, ne perdaient rien pour attendre. Cependant, Cartogan ne cherchait pas à brusquer son ennemi, à le provoquer au point de le forcer à agir dans la précipitation. Et la réaction de Kaara lui indiqua qu'il avait peut-être été trop loin. Le vieil homme prit en effet la parole en ces termes :

- Qu'il en soit ainsi, Général. Puisque vous considérez notre victoire comme insignifiante, et nos termes comme irrecevables, je pense qu'il est inutile de discuter plus avant. Ces négociations sont terminées.

- Mais, Kaara ! S'exclama Adaira, la seule femme parmi les Orientaux.

Le vieil homme se refusa à l'écouter, et il fit faire volte-face à son cheval. Cartogan aurait pu essayer de le retenir, de négocier encore, de céder à ses exigences pour le contenter et l'empêcher de partir ainsi… Toutefois, il avait conscience que la position des envahisseurs était bien moins tenable que la sienne. Il connaissait d'avance leur prochain mouvement : ils allaient rassembler leurs forces, et choisir s'ils marcheraient directement sur Minas Tirith, ou s'ils essaieraient d'abord de prendre Osgiliath. Alcide lui avait demandé de gagner un peu de répit, mais il n'avait pas pu. Leurs exigences étaient bien trop élevées.

Le Général du Gondor soupira en voyant ces étranges individus repartir au galop vers la forteresse qui se dressait au loin.

- Revoilà la guerre.

Au-dessus de sa tête, un pivert décrivait des cercles dans le ciel.
Sujet: Un pivert veillait sur eux
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Champs du Pelennor   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un pivert veillait sur eux    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 21 Mai 2016 - 7:23


Les officiers du Gondor paraissaient quelque peu mal à l'aise, et ils se lançaient des regards surpris. Ils ne s'attendaient certainement pas à rencontrer des individus pareils lors de leurs négociations. Ils ne connaissaient que peu de choses des barbares de l'Est, mais il leur semblait évident maintenant que ceux-ci étaient d'un genre peu commun. Tous étaient aussi différents les uns des autres qu'il était possible de l'imaginer, mais ils avaient une similarité qui ne cessait de perturber les hommes de l'Ouest : leur peau était noire, comme peinte au charbon. Ils ressemblaient à ces travailleurs qui avaient passé des heures et des heures dans les mines, au point que leur peau prenait la teinte des minerais qu'il extrayaient péniblement jour après jour. Pourtant, malgré tout, les cinq individus semblaient être de haute extraction ou au moins représenter l'élite de leur peuple. En réponse au salut de Cartogan, le cavalier qui se tenait au centre leva la main :

- Salut à vous, Khârt'o'Ghan du Gondor. Je suis Kaara.

Le Général haussa un sourcil, surpris de ne pas entendre quels étaient ses titres, ou de qui il était lui-même le fils. C'était bien la première fois qu'il était amené à négocier avec quelqu'un qui ne lui fournissait pas une liste interminable de qualificatifs et de noms complexes. Sa dernière proie en date était « Taorin Le Chien Borgne, Gouverneur de Dur'Zork, Seigneur Pirate, Capitaine des Chiens du Désert ». Un nom fort long pour un homme qui croupissait dans les geôles de sa prison à la suite d'une histoire bien compliquée. Cartogan, qui tiqua légèrement lorsqu'il entendit son nom être écorché de la sorte, analysa un instant son interlocuteur. C'était le plus vieux de tous, mais en dépit de son âge avancé, il avait bien plus de prestance et de noblesse que tous les autres réunis. Son regard était perçant, ses yeux étaient vifs, et si son corps n'avait plus la force de sa prime jeunesse, il avait acquis ce qui semblait être une forme de sagesse profonde. Il était sans doute celui qu'il faudrait convaincre. Alcide lui avait bien dit de prêter attention à ces choses, et il se félicitait d'avoir repéré immédiatement le pivot des négociations. Celui-ci se tourna vers sa droite, et introduisit ses compagnons.

- Voici mon presque-fils, Threvedir.

- Salut à vous, Khârt'o'Ghan du Gondor, dit-il d'une voix forte.

Il avait une trentaine d'années, et la mention de « presque-fils » étonna légèrement le Général. Il ignorait ce que cela pouvait bien signifier, mais il semblait en effet que les deux hommes appartenaient à la même parenté. Leurs vêtements paraissaient relativement similaires, des tuniques simples et austères d'un gris terne, tenues à la taille par une fine ceinture de cuir. Ils avaient l'air plus à plaindre que le dernier des mendiants des rues de Minas Tirith.

- Voici Adaira.

- Salut à vous, Khârt'o'Ghan du Gondor.

Cette fois, le militaire haussa clairement les sourcils sans cacher sa surprise.  Une femme, à la table des négociations ? En la voyant arriver, il pensait qu'elle serait simplement là pour parader et faire bonne impression, mais elle s'était adressée à lui avec la même assurance que les deux autres, sans paraître le moins du monde avoir conscience de sa condition inférieure. Cartogan avait déjà eu l'occasion de voyager, notamment dans les régions du Sud et de l'Est où il avait été en bisbille avec la famille. Il avait pu constater que les femmes y étaient particulièrement dévergondées, vulgaires et qu'elles se plaisaient à se travestir. Quand elles se décidaient à porter des robes, comme leur nature le leur commandait, elles s'arrangeaient pour les rendre aguicheuses. Les princesses et les reines de ces pays seraient passées pour de vulgaires prostituées au Gondor, assurément. Le Général, cependant, ne pouvait pas dire cela d'Adaira, qui en dépit de son accoutrement très masculin – elle montait d'ailleurs comme un homme – n'avait pas l'air dévergondée. Elle portait une cuirasse légère, et un casque était accroché à la selle de sa monture. Assurément, elle voulait insister sur le côté guerrier de sa personne, ce que Cartogan trouvait encore plus dérangeant.

- Voici Alaric.

- Salut à vous Khârt'o'Ghan du Gondor.

Cela commençait à devenir agaçant. Le Général s'était déplacé en personne précisément pour ne pas avoir à convier cinquante mille personnes aux négociations. Il avait fallu qu'il tombât sur des hommes qui ne pouvaient pas avoir un monarque, forcément… Celui-ci était peut-être le plus impressionnant des trois. Grand, bien bâti, la mine sévère et quelques cicatrices pour accompagner le tout. Il était l'incarnation parfaite du guerrier sauvage et brutal dans sa plus pure expression. Assurément, il n'aurait pas grand-chose à apporter aux négociations, mais Cartogan devinait qu'il avait dû jouer un grand rôle pendant la prise de Cair Andros, sans quoi ils l'auraient peut-être laissé de côté. Au flanc, il portait une épée qui avait l'air relativement ancienne, et qui paraissait avoir vu de nombreuses batailles. Curieux qu'il fût le seul à en arborer une. Il portait en outre une armure épaisse, faite d'un abracadabrantesque assortiment de… quelque chose. Cartogan n'aurait su dire ce que c'était, mais on aurait dit que l'on avait plié du tissu pour l'épaissir, et qu'on avait collé des pans entiers entre eux jusqu'à former une tunique. C'était ridicule au possible, et cela n'arrêterait pas la moindre flèche, pour sûr.

- Et enfin, voici Rokko.

L'intéressé était peut-être le plus énigmatique des trois. Il ne portait tout simplement pas de haut, et son torse nu était couvert de symboles curieux peints sur cet épiderme charbonneux qu'ils arboraient tous. Il avait l'air mystique, pour ne pas dire illuminé, et pourtant on lisait dans son regard une vive intelligence qu'il ne fallait pas sous-estimer. Cartogan se souvint brièvement des récits qu'il avait pu entendre de la part des soldats, des déserteurs comme il préférait les appeler. Certains avaient mentionné de tels hommes qui allaient à la guerre sans autre armure que les peintures qui les protégeaient et qui semblaient détourner les coups de manière magique. A l'instant, Cartogan aurait bien voulu pouvoir plonger sa lame dans les boyaux de ce Rokko, simplement pour voir s'il était si immortel et si « magique » qu'on voulait bien le faire croire. En attendant, il n'avait pas desserré les mâchoires et n'avait pas prononcé un mot, ce qui n'ennuyait pas Cartogan le moins du monde. Il avait envie de passer aux choses sérieuses le plus rapidement possible, et il lui paraissait qu'il avait déjà assez perdu de temps.

Kaara, qui avait fait les présentations, le satisfit donc en poursuivant d'une traite :

- Je suis content que nous puissions enfin avoir une audience avec un émissaire du pays de Gondor. Il nous aura fallu mener des dizaines de milliers d'hommes à la mort, à la guerre fratricide, à une violence sans nom… simplement pour que vous acceptiez de nous écouter.

Le sarcasme de sa réflexion avait échappé à Cartogan au départ, mais à mesure qu'il poursuivait, il apparaissait que ces hommes n'étaient pas simplement là pour plaisanter, et qu'ils avaient une série de griefs contre le Gondor. Pourtant, le Général n'avait aucune idée de qui ils pouvaient bien être.

- Je n'ai jamais eu affaire à vous, Sire Kaara, et je ne crois pas connaître aucun d'entre vous. S'il m'avait été donné la possibilité de m'entretenir avec vous, je ne vous aurais certainement pas ignoré de la sorte, et nous aurions pu régler tout cela de manière pacifique.

Kaara tourna la tête vers son « presque-fils », qui répondit sèchement :

- Lorsque je vins au Gondor, au cours de ces étonnantes réjouissances auxquelles j'assistai pour l'union de deux de vos souverains… Lorsque j'eus traversé mille dangers, la solitude, la faim et le froid, puis la chaleur épouvantable… Lorsque j'arrivai au seuil de votre office, ne m'a-t-on pas rejeté de votre Palais comme le dernier des menteurs ? Ne m'a-t-on pas ri au nez, ne s'est-on pas moqué du peuple des Quatre Fleuves à travers ma personne ?

Cartogan tourna la tête vers ses officiers, mais de toute évidence aucun n'avait entendu parler de lui, ni de ce « peuple des Quatre Fleuves ». Ils demeuraient une énigme. Mais ce n'était pas l'essentiel : l'énigme serait bientôt broyée sous la botte de milliers de soldats du Gondor rassemblés en compagnie disciplinées, efficaces et formées à ce genre de manœuvres. Les gosses qui avaient donné leur vie pour défendre Cair Andros n'arrivaient pas à la cheville des contingents sur-entraînés que toutes les provinces du royaume faisaient parvenir avec diligence, et ces agresseurs s'en rendraient compte très bientôt.

- Je comprends que vous êtes en colère. Cependant, je ne suis pas ici pour discuter de vos états d'âme, mais bien des prisonniers qui se trouvent encore dans la forteresse. Le Gondor exige qu'ils soient rendus sains et saufs.

- Ceux qui n'ont pas fui, vous voulez dire.

L'ironie d'Alaric était mordante, mais pas si loin de la vérité. Des centaines d'hommes avaient rejoint Minas Tirith bien avant la fin des combats, et nul ne savait combien d'autres avaient eu trop honte pour simplement rentrer à la capitale. Il y avait des rumeurs persistantes, comme quoi des hommes arrivaient dans de petits villages, restaient quelques nuits le temps de reprendre des forces, et puis repartaient. Quelle triste image pour l'armée du Gondor ! Un des officiers répondit sèchement :

- Surveillez vos paroles.

- Restez calme, Capitaine. Nous sommes ici pour négocier, pas pour nous battre. Revenant à Kaara, il demanda : Combien de nos hommes détenez-vous encore ?

- Je ne saurais le dire, mais ils se comptent par centaines. Nombre d'entre eux sont blessés, certains agonisent déjà. Mais nous savons que les restituer nous affaiblirait : nous voulons des garanties en échange.

Cartogan s'y attendait, bien évidemment. La plupart des envahisseurs exigeaient un tribut pour pouvoir repartir des terres, sans quoi ils promettaient – et généralement ils le faisaient – d'attaquer la prochaine cité et de semer la mort et la désolation partout sur leur passage. Avec de la chance ils iraient dans un royaume voisin semer la pagaille. Cependant, quand il demanda ce que Kaara souhaitait en échange, la réponse de ce dernier ne fut pas exactement celle qu'il attendait.

- Nous voulons que vous honoriez la promesse faite il y a de ça des siècles désormais. Nous voulons que vous acceptiez de reconnaître le Peuple d'Elessar comme vos frères dans le besoin. En premier lieu, nous souhaitons des terres où nous pourrons nous installer et prospérer.

Les yeux du Général s'agrandirent de surprise, et il demeura muet un instant.

Des terres, avaient-ils dit ?

#Kaara
Sujet: Un pivert veillait sur eux
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Champs du Pelennor   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un pivert veillait sur eux    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 15 Mai 2016 - 8:23
Un pivert veillait sur eux



Rien ne permettait de deviner ce qu'il se passait à cet instant dans les plaines du Pelennor. Un silence de mort régnait sur les lieux déserts ou presque, et à l'exception des oiseaux qui tournaient dans le ciel, on n'apercevait aucun mouvement à l'horizon. Depuis les murs de Minas Tirith, les Champs du Pelennor semblaient vides. Nulle armée n'en occupait le sol comme au temps de jadis où le terrible seigneur du Mordor, surgi de son sombre royaume, avait assiégé la superbe cité de Minas Tirith. Aujourd'hui, la plaine était calme. Les paysans et les marchands ne circulaient pas, les longues caravanes venues de l'Arnor, du Rohan ou du Harondor avaient été stoppées en amont par les frontaliers qui avaient reçu des consignes bien précises. Personne ne circulait librement en Anorien désormais, car une vague de crainte s'était emparée de l'esprit des gens du Gondor en général. On craignait de voir ressurgir l'ombre de la guerre, les tentacules de l'Ordre de la Couronne de Fer que tout le monde avait cru vaincu. Etaient-ce les restes de cette organisation terrible qui jetaient leurs dernières forces dans la bataille ? Avaient-ils réussi, dans un dernier sursaut, à enserrer dans leurs puissantes mâchoires la cité de Cair Andros ? Si tel était le cas, la dernière tête de l'hydre ne lâcherait pas prise facilement, et se battrait jusqu'à la mort. C'était la raison pour laquelle, derrière les murs de la capitale du Gondor, les hommes se rassemblaient. Ils venaient de partout, du Lebennin, de Morthond ou de Lossarnach. Tous répondaient à l'appel de leur roi ou de leur employeur, selon qu'ils eussent pris les armes pour l'honneur ou pour l'or. Les premiers contingents étaient déjà arrivés, grossissant les rangs d'une armée entraînée et déterminée à ne pas céder le premier niveau sans combattre. Mais l'ost royal n'était pas encore rassemblé, et il faudrait du temps avant que toutes les provinces pussent fourni les régiments qu'elles avaient à leur disposition. D'ici là, il fallait gagner du temps, se renseigner sur l'ennemi.

On ignorait tout ou presque de lui. Des contingents de déserteurs avaient rallié Minas Tirith, et en dépit des efforts de l'armée pour les éloigner de la population, ils avaient réussi à répandre leurs contes à dormir debout. Ils parlaient de sorciers orientaux, de magie terrible, de buveurs de sang et de mangeurs de chair. Ils parlaient de femmes ailées qui étaient descendues des cieux pour les massacrer, ou d'hommes qui ne mouraient pas quand on les frappait. Cartogan avait été particulièrement sévère avec les fuyards, qu'il avait fait emprisonner sans autre forme de procès, en attendant que l'affaire fût résolue. En temps utile, ils seraient entendus par le Roi, et très certainement condamnés sévèrement. Les plus chanceux s'en sortiraient en étaient seulement dégradés, ramenés au rang de simple soldat qui ne pourraient plus jamais regarder leurs compagnons en face. Bien d'autres seraient bannis des rangs de l'armée, et ils partiraient sur les routes comme beaucoup, se faire mercenaires ici ou là pour gagner de quoi vivre. Ceux qui auraient le moins de chance risquaient fort de perdre la tête dans l'histoire. Du moins, Cartogan soutiendrait cette décision : l'armée du Gondor venait de subir un second revers incroyable, après la débâcle d'Assabia, et il était persuadé que cela venait d'un manque flagrant de discipline. Ce qu'il avait appris des barbares du Sud et de l'Est, c'était qu'ils se battaient férocement car ils craignaient davantage le courroux de leurs maîtres que celui de leurs ennemis. L'armée du Gondor avait besoin de la même discipline.

- Mon Général, il y a du mouvement en provenance de Cair Andros. Des cavaliers approchent.

Un léger doute s'empara des hommes du Gondor, avant qu'ils ne vissent que les cavaliers étaient également cinq, et qu'ils arrivaient à une allure modérée sans avoir l'air d'afficher des intentions belliqueuses. L'heure était arrivée. Cartogan se leva avec prestance, rejetant sa cape en arrière alors qu'il s'avançait au milieu de ses hommes. Le Général de Minas Tirith ne se trouvait pas derrière les remparts de la cité comme bien des gens le supposaient encore : il était parti plusieurs heures auparavant, et s'était approché aussi près qu'il était possible de la forteresse tombée aux mains de l'ennemi, avec la ferme intention de négocier. Ce n'était pas son idée, et il n'était certainement pas la personne la mieux placée pour aboutir à un accord, mais l'Intendant d'Illicis avait trouvé les mots pour le convaincre de se lancer dans cette folle entreprise. Tout ce qu'ils devaient faire, c'était gagner du temps, et essayer d'apaiser la situation autant qu'il était possible. Mais surtout, il fallait essayer de comprendre ce que les envahisseurs souhaitaient, et discerner s'ils étaient capables de s'en emparer. Avaient-ils le potentiel militaire suffisant pour s'emparer de Minas Tirith ? Fallait-il craindre un assaut en règle, ou bien un siège long et douloureux pour le Gondor ? La réponse à ces questions vitales, seul un militaire expérimenté pouvait les obtenir.

« Le principal », avait dit Alcide avant son départ, « Le principal est de rester ferme sur nos demandes. N'oublions pas que c'est nous qui sommes en position de force. Ils sont les envahisseurs, ils sont ceux que nous allons écraser, et ils doivent se rappeler que le temps joue contre eux. Je n'ai pas besoin de vous rappeler que nos messagers sont partis dans toutes les provinces battre le rappel des troupes et que bientôt nous aurons de quoi assiéger et reprendre Cair Andros ». Il avait marqué une pause, avant de poursuivre : « Rappelez-leur que nous avons des alliés, des alliés puissants qui ont déjà détruit les Orientaux par le passé. Le Rohan, les Elfes, voilà des peuples qui seront prêts à nous assister si ces barbares s'avèrent coriaces. Le Gondor est la première ligne de défense des Peuples Libres, et derrière nous, tous les Hommes de l'Ouest sont prêts à prendre les armes. Rappelez-leur donc cela. Ce sera un jeu d'enfants »

Un jeu d'enfants… Alcide parlait comme si exprimer tout cela était parfaitement naturel, comme si cela n'était que pure logique et qu'il n'y avait pas vraiment à réfléchir pour énoncer ces arguments. On reconnaissait bien là le diplomate, habitué à devoir concilier les points de vue, mais aussi à savoir formuler les positions de son propre camp dans des termes clairs, précis et efficaces. Cartogan, cependant, n'était pas un homme de verbe. Il avait davantage l'habitude de manier l'épée, et pas plus dans son ancienne vie que dans la nouvelle il n'était connu pour faire preuve d'une grande patience. Il craignait de se faire manipuler dans ce jeu. Pour cette raison, il avait décidé d'endosser son caractère le plus buté, le plus borné, et de conduire les négociations sans faire de concessions à ces sauvages qui de toute façon n'en méritaient pas. Attentif au moindre détail, il observa les cinq individus approcher. Trois hommes dans la force de l'âge, qui chevauchaient des montures faméliques, une femme qui possédait un port altier, et un homme plus âgé qui allait en tête, installé sur un superbe destrier… Un cheval du Gondor. A l'instar de Cartogan et de ses officiers, ils ne mirent pas pied à terre, et restèrent prudemment à distance. Les deux camps étaient armés, et ils n'entendaient pas baisser leur garde. Devant leur silence obstiné, le Général décida de prendre la parole et d'entamer les discussions. Il n'avait aucun espoir de les voir aboutir, mais il se devait d'essayer. Levant la main droite, il lança :

- Salut à vous. Je suis le Général Cartogan, représentant de Sa Majesté Mephisto, Haut-Roy du Royaume Réunifié et suzerain de ces terres. Je suis ici pour négocier la libération des prisonniers de guerre, la restitution de Cair Andros, des réparations pour la prise de l'île-forteresse et votre départ des terres du Gondor pour ne plus jamais y revenir. J'ose espérer que vous avez autorité pour discuter de ces choses.
Sujet: Nul n'est prophète en son pays
Nathanael

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Rechercher dans: La Caserne   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Nul n'est prophète en son pays    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 27 Fév 2016 - 16:41
- Très bien, faites-le entrer, qu’il en soit ainsi.

Le général Cartogan poussa un soupir à fendre l’âme. Il avait repoussé cette entrevue aussi longtemps que possible, mais l’homme s’était acharné. Il chercha du réconfort dans le dossier moelleux de son fauteuil, se préparant au pire. L’énergumène qui avait exigé de le rencontrer était connu pour sa réputation sulfureuse et il était à peu près certain qu’il laisserait quelques plumes au cours de cet échange. L’homme avait réalisé toutes les formalités administratives nécessaires pour parvenir jusque sur le pas de sa porte. Il avait écourté les délais avec, sans doute, quelques pièces habilement glissées ici et là. Cartogan se ferait un plaisir de découvrir plus tard ceux qui avaient permis d’avancer cette entrevue.

- Messire Helevorn, Lanternier du Sixième Cercle de la Cité Blanche, est introduit ce jour auprès du général Cartogan après requête de sa part pour en apprendre plus grandement à propos de l’arrestation de son sujet, maître Tom.

Le soldat énonçait d’une voix absolument monotone les formalités administratives de rigueur. Le général Cartogan demeura stoïque tandis que la porte de son cabinet s’ouvrait sur les frivolités vestimentaires du Lanternier. Helevorn avait pris un plaisir exquis pour choisir ses atours et sa cape : colorés, … certains auraient dit bariolés. Il affichait un rictus plein de mépris qu’il déguisait sous le couvert d’un sourire de circonstance, poli et affable. Mais le général Cartogan n’était pas dupe. Helevorn fit une courbette en agitant son sceptre dans une parade extravagante qui n’avait pour but que d’amuser la galerie et d’exaspérer le Général. C’était chose faite. Cartogan ne prit pas même la peine de se lever.

- Venez-en au fait messire Helevorn. A propos de quoi désiriez-vous m’entretenir ? L’on m’a fait dire que votre serviteur occupait toujours nos geôles. Nous en prenons le plus grand soin. De quoi avez-vous à vous plaindre si ce n’est que nous entretenons votre homme aux frais de la couronne ?

Le sourire d’Helevorn disparut. Une ombre agita son regard et ses yeux noirs étaient pleins de colère et de haine. Le généra Cartogan était serein. Disposait-il des informations qu’Helevorn ne souhaitait pas voir apparaître au grand jour ? L’inquiétude fut rapidement chassée de son visage, mais le général l’avait perçue et il souhaitait bien en profiter.

- Et bien messire ?


Cartogan joua l’impatience. Helevorn essayait de percevoir les cartes qu’ils avaient respectivement en main. Ils étaient comme deux saltimbanques sur une corde tendue, tout était un jeu d’équilibre.

- Il semblerait que vos hommes aient malmené mon serviteur, général. Et les instances que vous dirigez se refusent à m’informer quant à la provenance de l’ordre qui leur a été assigné. Tom a été arrêté au Sanctuaire. Un lieu de paix et de repos pour les âmes égarées. L’armée ne dispose d’aucune prérogative pour mener une arrestation en ces lieux à ma connaissance. A moins que notre cher général puisse modifier la loi de notre beau royaume sans l’avis nécessaire de notre Haut Roi ?
- Gare aux insinuations douteuses messire Helevorn. Il nous reste quelques places chaudes pour ceux qui viendraient à proférer des accusations infondées.
- Je n’oserai jamais insinuer quoi que ce soit mon Général, si je n’avais en ma possession les informations qui me permettent de confirmer ce que je dis.


Le général Cartogan se raidit. Son fauteuil lui parut soudainement moins douillet. Il se redressa le plus calmement possible mais il était inquiet. Il était de notoriété publique que le Lanternier se vantait de bien des choses qu’il n’avait pas commises et qu’il cachait habilement ce qu’il avait vraiment fait. Mais il aurait été trop culoté de venir agir ainsi sous son nez, dans son cabinet. Soit il tentait une diversion rocambolesque, soit … le général prit une profonde inspiration, réfléchit au problème et se concentra sur le sujet dont il était question.

- Il vous est impossible d’affirmer quoi que ce soit à mon encontre messire. Mes directives et mes ordres ne sauraient aller à l’encontre de la Volonté de notre Haut Roi, que les Valars le bénissent.
- J’ai pourtant le témoignage de quelqu’un qui serait à même d’attester mes dires. Un personnage important et dont la parole ne saurait être contestée. Cela va sans dire. Comment s’appelle-t-il déjà ?


Helevorn prit un plaisir mesquin à imiter une réflexion extrême tout en interrogeant son sceptre du regard.

- Mais si, vous devez le connaître. Un vieux monsieur, barbu, un peu étrange … ho si, cela me revient ! Il va toujours vêtu de bleu …

Helevorn planta son regard dans celui de Cartogan. Le général blêmit, bien malgré lui. Il était temps que certaines affaires soient tirées au clair. Et rapidement.

#Cartogan #Helevorn
Sujet: Il n'y a pas de feu sans Fumée
Alcide d'Illicis

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Rechercher dans: Le Palais   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Il n'y a pas de feu sans Fumée    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 15 Déc 2015 - 0:47
On frappa à la porte. Il leva le nez de la feuille sur laquelle il était en train de coucher quelques mots soigneusement choisis, et déposa la plume dans l'encrier prévu à cet effet. D'une voix claire, il lança un « entrez ! » courtois, et son visiteur fit son apparition sans attendre. Traînant derrière lui sa longue cape brodée aux armes du Roi, le Général Cartogan pénétra dans la pièce, majestueux comme d'habitude. Il avait cette raideur caractéristique des hommes de guerre, qui paraissait déteindre sur tout ce qu'il était, ce qu'il faisait, de sa démarche à sa manière de parler, voire même au ton qu'il employait quand il écrivait une lettre. Alcide trouvait qu'il manquait un peu de souplesse, pour ne pas dire de tolérance, mais c'était un homme efficace, déterminé, qui administrait très bien l'armée de Minas Tirith. Grâce à lui, on pouvait enfin dire que la Cité Blanche était sous contrôle, ce qui n'avait pas été le cas depuis longtemps…


L'Intendant se leva de son secrétaire, et lui serra la main avec sérieux. Alcide aurait bien voulu pouvoir amener le sujet délicatement, mais Cartogan était un homme d'action, pressé d'en venir au fait, et il ne lui laissa pas le temps de déployer l'arsenal de formules de courtoisie que son éducation lui commandait pourtant d'employer. Abruptement, il lança :

- J'ai reçu votre message, de quoi s'agit-il ? D'une farce ?

Il était un peu terre à terre, et sa réaction n'avait rien d'étonnant. Au contraire, même, elle était absolument normale, et nul doute que bien des gens auraient la même en apprenant ce qu'il se tramait. Alcide fit « non » de la tête, et répondit tout en invitant le Général à prendre un fauteuil :

- Je crains que ce soit tout ce qu'il y a de plus réel, Général. Vous avez vu qui sont les signataires, je suppose.

- Je me suis renseigné, oui. Uniquement des gens à qui on confierait sa femme sans confession. Mais je ne crois pas à leurs balivernes. Allons bon, avec leurs histoires, ne croyez-vous pas qu'ils vont semer un vent de panique ? Je serais d'avis de ne rien faire. Cela ne ferait que créer de la confusion… du désordre.

L'Intendant sourit légèrement. Le « désordre ». Cartogan en avait horreur. Il préférait de loin quand les choses étaient à leur place, les soldats à patrouiller, les criminels derrière les barreaux. Il manquait certainement de subtilité, et n'avait aucun don pour la politique, ce qui le rendait extrêmement précieux dès lors qu'il s'agissait de renforcer l'autorité royale par des mesures d'exception, mais parallèlement il était difficile de converser avec lui de politiques complexes. Etait-ce pour cela qu'ils se complétaient si bien ? Le Comte d'Illicis, bien plus calculateur et stratège que son interlocuteur, croisa ses mains fines :

- Et que se passerait-il, Général, s'ils disaient vrai ? Que se passerait-il si cette chose existait vraiment ? Ne devrait-elle pas revenir au Gondor, de plein droit ?

- Certainement. Il serait trop dangereux de la laisser tomber entre de mauvaises mains. Mais je ne vois pas en quoi rendre cette information publique nous donnerait davantage de chances de nous emparer de cet artefact… Nous avons des hommes compétents, qui pourraient faire ce travail de la meilleure des manières.

Il soulevait une question intéressante. Toutefois, il lui manquait une variable importante, qu'Alcide n'avait pas voulu lui communiquer dans le mot qu'il lui avait envoyé pour le faire venir dans son bureau. Il ne s'agissait plus d'une histoire propre au Gondor, désormais :

- L'information n'est plus secrète, Général. Niklas Makiaveel en personne m'a apporté cette missive, et nous avons eu une conversation très intéressante. Les têtes pensantes de ce groupe ont envoyé des messagers chez nos alliés, et des rumeurs commencent à courir depuis Tharbad. Il se murmure que des gens influents recherchent un objet de grande valeur. D'aucuns parlent même d'un trésor. Vous vous souvenez sans doute de l'engouement populaire autour de cette petite auberge… l'Auberge Sous la Montagne Au Trésor ? Un groupe d'aventuriers a trouvé le trésor, alors que tout le monde pensait que c'était tout bonnement impossible. Que se passerait-il si des idiots du même acabit mettaient la main sur une arme si puissante qu'elle menacerait le Gondor ? A qui croyez-vous qu'ils la remettraient ?

Cartogan fronça les sourcils. Il n'aimait pas trop le scénario – certes catastrophiste – que lui présentait Alcide. Il n'avait pas vu les choses sous cet angle, mais maintenant que l'Intendant lui en parlait, il fallait bien dire qu'il marquait des points. Si quelqu'un de mal intentionné mettait la main dessus, le Gondor risquait d'en pâtir sévèrement. Surtout que le grand royaume des Hommes avait beaucoup d'ennemis latents, qui n'attendaient qu'une opportunité pour le faire vaciller. Les gens du Sud et de l'Est, pour commencer, mais plus généralement tous ceux qui jalousaient la puissance du Haut-Roy. Ils n'hésiteraient pas longtemps avant de faire usage d'un atout en leur faveur, assurément. Contrairement aux idéalistes qui croyaient dans l'amitié entre les peuples, Cartogan se méfiait facilement des autres royaumes, dont les intérêts n'étaient pas toujours très clairs vis-à-vis du Gondor. La paix ne signifiait pas l'amitié, l'amitié ne signifiait en rien la confiance, et la confiance n'excluait pas la vigilance. Il en connaissait un rayon en matière de trahison fratricide, et savait qu'aucun lien, même le plus fort, ne pouvait protéger contre un coup de poignard.

- Au plus offrant… C'est toujours comme ça avec les mercenaires… Que proposez-vous ?

- De faire la meilleure offre. Inciter les gens à travailler pour nous plutôt que pour nos voisins. Exalter l'amour pour le Gondor auprès de ceux qui sont les plus honorables, et combler les désirs de richesse chez ceux qui ont prêté allégeance à l'or et à l'argent.

Le Général comprenait. Il n'appréciait pas la manœuvre, car il n'appréciait pas particulièrement la loyauté changeante des mercenaires. Ils manquaient cruellement de professionnalisme, étaient capables de tout pour arriver à leurs fins et on ne pouvait jamais garantir qu'ils allaient être un investissement rentable. D'une voix un peu désabusée, il demanda :

- Est-ce que cela va fonctionner ?

- A-t-on le choix ? Répondit Alcide.

Ils regardèrent tous les deux par la fenêtre, vers la Cité Blanche baignée de lumière. Un soupir s'échappa de leurs lèvres, alors qu'ils sentaient plus que jamais peser sur leurs épaules le poids des responsabilités. Ils s'embarquaient dans une drôle d'affaire, assurément.

#Alcide
Sujet: Déboires, éconduire, il faut choisir
Ryad Assad

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Rechercher dans: Le Palais   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Déboires, éconduire, il faut choisir    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 15 Fév 2015 - 15:12

- Mon Général ?

Le lieutenant passa la tête à l'intérieur de la pièce, son casque sous le bras. Il ne portait pas son armure complète, à cause de la chaleur étouffante qui régnait dans cette aile du bâtiment, mais il n'en demeurait pas moins en grande tenue. Son pourpoint noir brodé de fils d'argent aux armes du Gondor était superbe, et il appartenait de toute évidence à l'élite de la garde de Minas Tirith. En l'occurrence, toutefois, il était cantonné à un rôle secondaire de messager. Ce n'était pas inhabituel durant cette période un peu compliquée, car les soldats étaient mobilisés dans tous les quartiers de la ville pour en assurer la sécurité, et ils étaient en sous-effectif absolument partout. On réquisitionnait donc des miliciens qu'on faisait patrouiller dans les zones les moins sensibles, et on affectait des officiers supérieurs à des tâches administratives pour combler. Cartogan, assis à son bureau en train de lire des rapports – comme souvent – leva la tête et fit signe à l'officier d'entrer. Ce dernier s'exécuta, et prit la parole sur le même ton monocorde que les cent autres messagers qui étaient venus aujourd'hui.

- Mon Général, nous avons reçu le rapport de Cair Andros. Un simple incendie qui s'est déclaré, mais qui a été rapidement maîtrisé. Le commandant sur place nous fera parvenir un inventaire détaillé des pertes dès qu'il aura terminé l'état des lieux. Apparemment, ils ont arrêté le criminel qui aurait fait ça : un fou qui se revendique des Légionnaires de l'Orbe.

Cartogan haussa un sourcil interrogateur :

- Qu'est-ce que c'est que ça ?

- Je n'en ai jamais entendu parler, mon Général.

Ce dernier secoua la tête. Il y avait tant de groupes qui avaient émergés depuis la chute de la Couronne de Fer. Tant de petits malfrats qui essayaient de s'élever sur les ruines de l'empire encore fumant que l'Orchâl avait failli mettre en place. Dès lors que Warin, que tout le monde pensait être le chef de file de ce mouvement honni, avait été pendu publiquement, les insectes étaient sortis de leur tanière pour essayer de se nourrir du cadavre gigantesque et puant de ce qui avait jadis été un superbe prédateur. La fin de l'Ordre avait été ridicule et pathétique, tout comme l'étaient ceux qui essayaient de se faire un nom actuellement, en profitant du vide qui avait été laissé. Pour Cartogan, ce n'étaient ni plus ni moins que de la vermine à combattre activement avant qu'elle ne proliférât, et il entendait bien faire comprendre à tous ces idiots qu'il ne plaisantait pas avec la sécurité du Gondor. Sombre, il répondit :

- Faites ordonner au commandant de Cair Andros de mener l'enquête activement. Je ne veux pas laisser croire que n'importe qui peut s'en prendre à nos forteresses. Qui que soit derrière cet acte, je veux qu'il soit trouvé et arrêté dans les plus brefs délais.

- Bien, mon Général. Hum… il y a autre chose…

La gêne était perceptible chez le militaire, qui paraissait ne pas trop savoir comment aborder la question. Son supérieur, quelque peu perplexe, l'encouragea d'un geste impatient à s'exprimer. Son temps était précieux, il avait des centaines de décisions stratégiques et cruciales à prendre dans l'heure, et il n'avait pas envie de voir de précieuses minutes filer parce qu'un officier était timide. L'homme s'éclaircit la voix, et lança :

- En arrivant ici, mon Général, j'ai été… pris à parti par un homme qui désire vous voir. Euh… Il a dit être un dignitaire d'une région lointaine, un allié du Gondor. Il représente le chef Kaara.

- Qui ?

- Je pensais que vous le sauriez, mon Général. Il attend ici depuis des heures, d'après ce qu'il m'a dit. Il a aussi expliqué qu'il venait rencontrer le Roi Mephisto, mais que l'accès lui avait été refusé. Il a tenté de rencontrer l'Intendant Illicis, mais celui-ci était absent. Et maintenant, il cherche à vous voir.

Cartogan fronça les sourcils, en faisant une moue étrange. Il cherchait dans ses souvenirs… Le chef Kaara… Non, décidément cela ne lui disait rien. Ce n'était certainement pas un homme du Rohan, car le Vice-Roi Mortensen était présent dans la cité, et il avait une entrevue privée avec Mephisto. Ce n'était pas un émissaire du Harondor, car Radamanthe était là avec toute sa délégation. Il pouvait s'agir d'un Khandéen, mais pourquoi se serait-il présenté comme un allié du Gondor ? Cet émissaire pouvait être absolument n'importe qui, et sans doute ne représentait-il pas davantage qu'un petit village perdu au fin fond du Rhovanion, qui souhaitait obtenir l'aide du Roi Mephisto pour régler un problème sans importance. A tous les coups, ils avaient aperçu une drôle de créature, un monstre volant ou pourquoi pas une bête gigantesque nageant dans l'Anduin, dévorant les enfants à la nuit tombée. Le militaire rit intérieurement. Quelle idée stupide.

- A quoi ressemblait cet émissaire ?

- Eh bien… Il avait le teint des gens de l'Est, plus ou moins. Et il était habillé de peaux, sans bijoux ni ornements. Un homme très simple, mon Général.

Passant une main sur sa nuque, le militaire se leva et se retourna pour observer la cité par la fenêtre de son bureau. Que Minas Tirith était belle, sous cette lumière. S'il avait un jour imaginé se trouver ici, à cette place, à cette position… Le hasard jouait vraiment des tours, décidément. Il revint à la conversation, conscient que le lieutenant attendait une réponse :

- Je connais ce genre d'hommes. Ils descendent des montagnes, ou bien ils viennent de leurs campagnes. Ils croient naïvement que n'importe qui peut parler au Roi, lui exposer son problème personnel, et repartir avec une compagnie de fantassins. Hier encore, j'ai eu une douzaine de visites de ce genre, où on me demandait d'envoyer un bataillon pour protéger les villages d'Ithilien contre des incursions orques, ou alors pour aller chasser des fantômes dans les Montagnes. J'ai bien d'autres choses à faire que de traiter avec des dignitaires ne représentant personne.

Le lieutenant paraissait mal à l'aise, même s'il comprenait l'agacement de son supérieur. La sécurité du Roi Mephisto était une priorité absolue, devant laquelle aucun impératif ne pouvait s'ériger. Les monarques d'Arnor et du Gondor avaient souffert trop de pertes violentes pour que Cartogan acceptât de baisser la garde un seul instant, et se laissât distraire par des balivernes à dormir debout. Pour l'heure, il devait régler des cas bien plus graves et plus problématiques. Au petit matin, on avait découvert un cadavre dans une rue, ce qui avait causé un grand émoi. Les gardes étaient arrivés rapidement, et avaient très bien maîtrisé la situation, afin de contenir la rumeur. Ils avaient prétendu à un simple accident – en effet, il n'y avait aucune plaie sur le corps, même si son crâne avait été sauvagement défoncé – et avaient rapidement emporté le macchabée. Cartogan était actuellement en train de rassembler les informations qu'il avait à ce sujet. Tous les cas d'homicides, rares depuis qu'il avait verrouillé la Cité Blanche, lui remontaient directement. La victime était le serviteur d'un certain Evart Praven, et un groupe d'hommes en armes était déjà allé frapper à la porte de l'intéressé pour lui poser quelques questions. On en apprendrait sans doute davantage dans les prochains jours. Alors forcément, les lubies délirantes d'un paysan mal luné ne l'intéressaient pas vraiment. Il avait de vrais problèmes à gérer, qui impliquaient davantage que quelques dizaines d'habitants perdus si loin à l'Est qu'ils en ressemblaient désormais à des Orientaux.

- Vous voulez que je lui dise de revenir un autre jour, mon Général ?

- Dites-lui plutôt de rentrer chez lui, ou de profiter des festivités, s'il le souhaite. Les grands du royaume ne peuvent traiter avec n'importe qui, et il n'y a pas assez d'heures dans une journée pour recevoir chaque petit dignitaire individuellement. S'il a besoin d'hommes pour régler ses problèmes, qu'il réunisse de l'argent, et qu'il se paie les services d'un groupe de mercenaires. Ce n'est pas ce qui manque à Minas Tirith en ce moment, je serais ravi de les savoir loin d'ici, occupés à des tâches utiles.

En effet, les hommes – et quelques femmes, rares – qui vendaient leurs épées contre de l'or étaient nombreux dans la Cité Blanche. L'afflux de population était synonyme de danger potentiel, de vols, de bagarres, et les nobles n'avaient pas tous les moyens d'entretenir des gardes privées qui coûtaient terriblement cher. Alors, ils embauchaient des mercenaires pendant la durée des festivités, afin de garantir la sécurité de leurs biens et de leurs personnes. Les plus riches pouvaient s'offrir de véritables compagnies, qui pouvaient aller jusqu'à une trentaine d'hommes pour les plus paranoïaques. Les moins fortunés se promenaient en ville avec, sur leurs talons, un homme à la mine patibulaire qui les escortait. Il était plus décoratif que dissuasif en général, et beaucoup d'entre eux vantaient des qualités qu'ils n'avaient pas, en réalité. Mais bon, c'étaient les lois du mercenariat : on ne pouvait jamais juger de la qualité d'un type qu'on embauchait avant d'être réellement dans les ennuis jusqu'au cou.

A la rigueur, ces hommes-là ne posaient pas trop de problèmes à Cartogan. Il les voyait davantage comme une gêne constante, mais relativement sous contrôle. Leur contrat les obligeait à se tenir tranquilles, et à adopter un rythme de vie à peu près décent. Ceux qui étaient les plus dangereux étaient ceux qui n'avaient pas encore trouvé d'employeur, et qui dès lors étaient libres de faire ce qu'ils voulaient de leur temps. Les bordels de la Cité devaient tourner à plein régime, et les catins qui s'étaient installées en dehors des remparts, dans la forêt de tentes, ne devaient pas être en reste. Les tavernes ne désemplissaient jamais, même quand l'heure était tardive, et l'alcool coulait à flot chez ces hommes qui se vautraient dans le stupre et l'ivresse, et qui parfois se battaient violemment pour des broutilles. Sitôt minuit passé, les patrouilles devaient prendre les problèmes – qui en général pesaient dans les quatre-vingt kilos – à bras le corps, et les sortir manu militari pour les envoyer passer une nuit en cellule, au frais. Les prisons, comme les débits de boisson, étaient donc remplis d'une clientèle régulière. Souvent la même, d'ailleurs.

Perdu dans ses réflexions, Cartogan fut sorti de ses rêveries par quelqu'un qui toquait à sa porte. Un nouveau soldat entra, et alors qu'il ouvrait le battant, des éclats de voix se firent entendre au dehors. De toute évidence, il y avait une dispute animée, et le ton ne semblait pas en passe de se calmer :

- Mon Général, annonça le nouveau venu, un homme désire vous voir, et je crois qu'il est très en colère…

- Vous croyez ? Répondit le chef de la garde avec un demi-sourire. C'est celui qui représente le chef Kaara, c'est bien ça ? Foutez-moi ça dehors, immédiatement. Je ne tolérerai aucun éclat de voix dans l'entourage immédiat des monarques du Royaume Réunifié. Ce ne sont pas des manières.

Le militaire hocha la tête, et referma la porte. Elle était épaisse et de bonne facture, car sitôt qu'elle fût close, le silence revint comme par enchantement. Cartogan secoua la tête, résigné devant la rudesse de ce dignitaire, qui avait perdu son sang-froid si rapidement. C'était une faute impardonnable pour un homme venu négocier, a fortiori quand il se trouvait dans le plus puissant royaume de la Terre du Milieu. Mais d'où pouvait bien venir ce type pour être si peu au fait des us diplomatiques ? Décidément, il y avait des gens qui habitaient dans des endroits si reculés que les bonnes façons de faire n'étaient pas encore arrivés chez eux. Il faudrait qu'il en touchât deux mots à l'Intendant Illicis. La question l'intéresserait sûrement.

- Eh bien Lieutenant, il semble que vous n'aurez pas à lui dire de partir. Toutefois, avant de retourner à vos occupations, je veux que vous vous assuriez personnellement que cet homme quitte le dernier niveau. Et faites également en sorte que les gardes de la Fontaine soient prévenus, qu'ils ne le laissent pas passer.

- Bien mon Général, je m'en occupe.

Sur ces mots, l'officier tourna les talons et quitta la pièce, laissant enfin Cartogan seul avec son travail. Il déposa le dossier concernant Praven sur un côté, et s'empara d'un autre message qu'il devait lire. Il fronça les sourcils en lisant ce qui était inscrit sur le billet, et leva le nez. Forlong Neldoreth était donc à Minas Tirith… Curieux… Son nom et sa réputation n'étaient pas inconnues au Général, qui se demandait bien ce que ce personnage énigmatique pouvait bien faire là. D'après les sources de l'Arbre Blanc, qu'il avait à sa disposition, il n'avait rien fait l'illégal, et il s'était soumis aux contrôles à l'entrée de la ville sans broncher. En revanche, sa présence était un danger en soi. L'homme était instable, imprévisible, et dangereux. Cartogan n'aimait pas les loups solitaires, et il garderait un œil sur lui tant qu'il se trouverait sous sa juridiction...
Sujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence
Alcide d'Illicis

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 25 Juin 2014 - 14:09
Les applaudissements et les vivats de la foule étaient étouffés par la distance, coupés par le verre de la fenêtre qui donnait sur le parterre où s'étaient réunis en ce jour des délégués de tous les peuples de la Terre du Milieu, mais aussi des habitants des environs venus assister à un événement rare et spectaculaire. Sitôt la présentation des vœux au couple royal tout juste uni terminée, le nouvel Intendant du Gondor avait été rappelé à ses devoirs, et avait dû s'éclipser avec toute la délicatesse possible, évitant avec l'élégance qui caractérise l'habitude les nobliaux désireux de se rapprocher de lui. Les affaires de l'Etat n'attendent pas, surtout quand il s'agit d'assurer la sécurité de tous les monarques de la Terre du Milieu ou presque. Voilà en résumé ce qu'il leur avait servi comme excuse, s'attirant des regards compréhensifs quoique déçus de la part d'hommes et de femmes qui vivaient du peu d'attention que des gens comme lui consentaient à leur porter. Mais tout était vrai, il n'avait pas menti : en tête de liste, il y avait la délégation Arnorienne, bien entendu, au centre du dispositif de sécurité. Alcide avait eu l'occasion de croiser Aldarion, à l'époque où il était chargé de représenter le Gondor à Annùminas, avant le mariage officiel, et avait découvert en lui un homme épuisé par les guerres mais toujours fort, qui respirait la droiture et l'honnêteté. Il incarnait tout ce qu'il y avait de royal, en dépit des pertes qu'il avait subies, et qui avaient frappé son côté homme. La Princesse... ou plutôt la Reine Dinael avait été enchantée de le revoir lors de la remise des présents, après qu'ils se fussent croisés lors du tournoi de Dale, auquel il avait été courtoisement invité par le Roi Gudmund.

- J'ose espérer que vous vous souvenez de moi, Votre Majesté, avait-il dit en s'inclinant élégamment, un demi-sourire aux lèvres. Je suis celui qui vendrait des peintures à un aveugle.

Elle avait ri en se souvenant l'avoir appelé ainsi par le passé. C'était la première fois qu'Aldarion devait l'entendre rire, et probablement pas la dernière, Alcide était prêt à en prendre le pari. Quand il l'avait rencontrée pour la première fois, elle lui avait donné l'impression d'être une jeune femme pleine de joie de vivre sans être sotte - loin de là ! -, et de toute évidence son caractère n'avait pas évolué avec son statut. L'échange avec le Roi d'Arnor fut cordial sans être chaleureux, car après tout les deux hommes ne se connaissaient pas vraiment, et il y avait fort peu à parier que le monarque se souvînt d'un ambassadeur qui avait pris quelques années depuis. Le nouvel Intendant accompagnait la délégation du Gondor, et avait donc pris congé parmi les premiers, laissant le couple royal recevoir les nombreux hommages qui allaient de pair avec un événement de cette importance. Certains invités avaient fait des milliers de lieues pour assister aux épousailles, et ils devaient donc être introduits en présence des monarques, offrir présents et vœux, profiter des festivités, et repartir par la suite. Alcide, de son côté, devait veiller à ce que tout se passât sans difficulté. Un travail de l'ombre bien difficile, mais qui n'allait pas sans un prestige et un pouvoir considérables.

Il jeta brièvement un regard par la fenêtre, regardant en contrebas la foule en liesse, et les nobles de moindre importance qui défilaient en ordre protocolaire, attachés à leur position sociale. Quelques mois auparavant, il aurait été parmi eux, désireux de faire bonne figure pour son Comté de Linhir, dans le Sud du Gondor, espérant probablement trouver un bon parti pour ses nièces, les filles de son défunt frère dont il avait la charge désormais. Il était amusant de constater qu'à présent, il n'avait plus besoin de lever le petit doigt pour qu'on vînt lui présenter de jeunes hommes célibataires dans la fleur de l'âge, qui pouvaient constituer de bons partis pour ses nièces. Que celui qui voulait lui parler d'amour véritable allât s'enterrer avec ses idéaux. Il eut un soupir las en pensant au souvenir de son frère Sylphide, décédé cinq ans plus tôt sur le champ d'honneur pour permettre à la Terre du Milieu de vivre en paix, et indirectement à ce genre de mariages d'exister. C'était lui qui aurait dû se trouver là, dans cette salle de réunion superbe, au cœur du Palais de Méphisto. Mais le fardeau était retombé sur les épaules d'Alcide, le cadet, qui avait dû gérer les affaires familiales en lieu et place de son modèle, de celui qui lui avait tout appris, et pour qui il aurait tout donné. La vie pouvait réserver bien des surprises...

La porte au fond de la pièce s'ouvrit, et l'Intendant se tourna vivement dans cette direction, faisant virevolter ses cheveux blonds impeccables, dont certains commençaient à pâlir légèrement. Après tout, il vieillissait comme tout un chacun, et il avait certainement laissé la moitié de sa vie derrière lui. Mais son regard d'un bleu intense n'avait rien perdu de son acuité et de sa force. Il marcha d'un pas souple et énergique vers le Général Cartogan qui venait de pénétrer dans la pièce. Ce dernier était un soldat dans sa plus pure expression. Le corps aussi dur que l'âme, le port droit et altier, l'air sévère sans être agressif. Il portait comme toujours sa tenue d'officier frappée au torse du symbole de l'Arbre Blanc, et ses épaules étaient parées d'une cape superbe rappelant son rang. Il avançait tête nue, mais du coin de l'œil, le Comte aperçut un casque ornementé entre les mains d'un des gardes à l'entrée, juste avant que la porte ne se refermât. L'heure était à la parade et aux grands uniformes. Alcide revint à l'homme et lui serra la main avec conviction. Le militaire n'était pas le genre de personne à apprécier la faiblesse, et la manière de dire bonjour pouvait en dire long sur la force d'âme d'un homme. Alcide avait travaillé cela, pour ne pas avoir à rougir devant un individu doté d'un tel charisme.

- Général, salua-t-il avec respect.

- Intendant. Comment se passe le mariage ?

Les deux hommes se connaissaient aussi bien que deux collègues de travail peuvent se connaître, mais il n'existait pas tout à fait de familiarité entre les deux. Ils travaillaient de concert avec une grande efficacité, mais d'un accord tacite, ils avaient convenu qu'il valait mieux ne pas devenir trop proches, pour le bien de leur mission délicate : redresser un Royaume en lieu et place de son souverain légitime. Alcide sourit légèrement à la question du militaire :

- Idéalement. Il fait un grand soleil, et tous les invités m'ont l'air de respecter le protocole. L'organisation est parfaite, et je pense que le couple sera ravi à la fin de cette journée. Et de votre côté ?

Le Général s'était approché d'un meuble bas, et en avait sorti une bouteille de ce qui devait être un bon cognac. Il servit deux verres, en tendit un à son interlocuteur, but au sien, et répondit avec une précision et une concision toutes militaires :

- Rien d'important à signaler. Quelques armes confisquées, mais rien de suspect. Les hommes meurent de chaud, par contre, et j'ai ordonné à la relève de prendre son quart immédiatement, avant que nous ayons des malaises.

Alcide hocha la tête. Que pouvait-il répondre de toute manière ? Il était Intendant du Royaume, et donc chargé des affaires politiques. L'armée était placée sous le contrôle direct de Cartogan, et il était de sa responsabilité de leur donner des directives. De toute façon, il n'y avait rien d'illogique à maintenir une surveillance efficace autour des délégations venues des quatre coins de la Terre du Milieu, et pour le bien de la cérémonie, il valait peut-être mieux un défilé de gardes au dernier niveau de Minas Tirith plutôt que de devoir gérer un évanouissement soudain. Mais pour l'heure, ils n'avaient eu à se plaindre d'aucun incident, d'aucun impair diplomatique, et d'aucune tentative d'assassinat, ce qui était prodigieux au regard des individus convoqués à la cérémonie. D'ailleurs, c'était à ce sujet que Cartogan avait demandé à rencontrer le Comte d'Illicis dans les plus brefs délais. Sans détours, le militaire aborda la question qui les avait réunis :

- Si je vous ai fait appeler, c'est parce que j'ai reçu une plainte de la part de l'Emir du Harondor au sujet des Pirates.

Alcide haussa un sourcil, assez surpris :

- Radamanthe ? Pourquoi ne pas m'en parler directement ?

Cartogan haussa les épaules, se fichant de toute évidence de ces considérations politiques. Mais pour Alcide, il y avait véritablement lieu de s'interroger. Est-ce que celui dont il occupait désormais la fonction avait simplement saisi l'opportunité de rapporter son mécontentement en croisant le Général, ou bien avait-il délibérément choisi de ne pas venir lui parler, alors que leurs rangs respectifs les autorisaient à s'entretenir en privé ? Leurs deux familles avaient toujours entretenu de bonnes relations, mais peut-être Radamanthe voyait-il dans la nomination du Comte d'Illicis une forme de trahison. Il faudrait nécessairement tenir compte de ce point à l'avenir, mais en parler au militaire n'aurait servi à rien de toute façon, aussi le politicien décida-t-il d'éluder et de revenir à des affaires de première importance :

- En quoi consistait sa plainte ?

Le Général s'était approché de la fenêtre, regardant le défilé des nobles, un léger sourire aux lèvres. Il était souvent strict et austère, mais il lui arrivait parfois d'afficher un rictus satisfait sans raison apparente. Alcide avait appris à composer avec, mais il ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qui pouvait bien rendre heureux à ce point l'homme en armure. Ce dernier, sans se retourner, lâcha :

- C'est la présence des pirates qu'il ne comprend pas. Selon lui, ils ne représentent pas un Etat à part entière, et ils n'ont rien à faire ici. Surtout pas depuis la prise de sa capitale, naturellement.

Alcide prit un moment pour réfléchir. Il comprenait parfaitement les arguments de Radamanthe, mais avait pensé que l'ancien Intendant saurait accepter la réalité en face. Pour l'heure, la situation au Harondor était catastrophique, et il valait mieux une paix précaire qu'une guerre ouverte contre le Sud. La campagne d'Assabia avait été un désastre, et beaucoup au Gondor se demandaient si le plus puissant royaume des Hommes pouvait encore écraser sous sa botte les armées du Harad. Officiellement, personne n'en doutait, mais officieusement, personne n'était pressé de le vérifier sur le terrain. La prise de Dur'Zork avait été une surprise majeure, et l'audace des Pirates avait suscité de vives craintes. On rapportait que Reznor, invité de la délégation de Taorin, avait réussi à s'emparer des cités du Nord, dont la magnifique Arzawa que l'Intendant actuel connaissait bien. Sa famille y avait une villa, et il devait encore aujourd'hui faire un effort de volonté pour garder son calme en pensant à ce qui avait dû arriver aux biens et aux personnes qui s'y trouvaient, quand la vague de pirates assoiffés de sang s'étaient déversée à l'intérieur de ses murs parcourus de tableaux, entre les colonnes sculptées, sous les plafonds ornementés.

La ville entière avait dû être ravagée, incendiée, dévastée, et tous les habitants avaient certainement été tués ou fait prisonniers. Alcide sentit son cœur se serrer, en pensant à Vedraï. La fille de son défunt frère avait disparu du jour au lendemain à Arzawa, et la famille entière s'était fait un sang d'encre, pensant qu'elle s'était simplement perdue. Et puis les jours avaient passé, et on n'avait toujours pas retrouvé sa trace. Des recherches avaient été menées, des mercenaires engagés pour la trouver, sans résultat aucun. Pas même un témoignage, rien. Il n'y avait plus aucun signe de vie de la petite sœur d'Amelaï, à qui Alcide avait confié la gestion du domaine de Linhir en son absence. Les recherches avaient finalement été abandonnées, par lassitude ou parce qu'il était temps de passer à autre chose, et tout le monde avait fini par croire à sa mort. Elle avait peut-être été enlevée par des bandits sans scrupules, qui l'auraient éliminée avant de pouvoir demander une rançon. Elle avait peut-être fait une mauvaise rencontre dans la ville, et on se serait débarrassé de son corps. Alcide, lui, n'avait jamais désespéré de la revoir en vie. Il l'imaginait, prisonnière dans une cave sombre, dans Arzawa, aux mains d'hommes animés d'intentions obscures. Des gens comme l'Ordre de la Couronne de Fer dont on venait de décapiter le chef, qui pouvaient agir au mépris de toute logique. Il s'était presque attendu, en apprenant la vérité sur l'OCF, à voir ressurgir sa nièce, en haillons et amaigrie, mais vivante. Il avait lancé des recherches six mois auparavant, et demeurait persuadé qu'elle ne pouvait pas avoir quitté la ville, car les gardes veillaient au grain à l'époque de son enlèvement, et ils auraient repéré facilement une jeune femme en tenue noble, si elle avait voulu passer les portes de la ville. Mais désormais, avec le passage de Reznor et de ses hommes avides de sang, il ne se faisait plus d'illusions. S'il restait un infime espoir qu'elle eût été en vie, alors les Pirates l'avaient trouvée et mieux valait ne pas penser à ce qu'ils lui avaient fait subir avant de la tuer.

- Intendant ?

- Je réfléchis, Général, répondit Alcide du tac-o-tac pour dissimuler le fait qu'il était perdu dans ses pensées. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire un faux-pas, au risque de raviver les flammes de la guerre dans le Sud. Je pense les armées de Radamanthe capables de défaire les troupes de Taorin, sauf si nous leur donnons une bonne raison de mobiliser tout le Harad contre l'émirat. En aucun cas nous ne devons commettre la première erreur.

Il inspira profondément. La situation était précaire, et il avait l'impression de marcher sur une corde raide tendue au-dessus d'un précipice. Le moindre souffle de vent un peu trop fort risquait de le faire chavirer, et avec lui tout le Gondor, car il représentait l'autorité de Méphisto. Il n'était donc pas question de se tromper, mais encore moins question d'hésiter, au risque de décrédibiliser le blason qui ornait son pourpoint. Il se devait de prendre une décision :

- Cependant, commença-t-il, l'émirat est notre principale protection contre le Sud, et il serait folie que d'abandonner le soutien que nous offrons à Radamanthe. C'est un pion dont nous avons encore besoin, même s'il a perdu de sa valeur. Combien de temps dure le sauf-conduit de nos invités ?

- Les délégations de nos alliés peuvent rester autant qu'elles le souhaitent, naturellement, bien que les festivités ne s'étendent que sur une semaine. Les autres, Orientaux et Suderons, ont des laissez-passer valables dix jours. Cinq jours avant, et cinq jours après le mariage.

Alcide hocha la tête. Son cerveau bouillonnait :

- Cinq jours, donc. C'est peu, mais cela nous laisse le temps d'agir, et de tirer profit de la situation. A nous de jouer finement.

Cartogan semblait perdu, mais il en avait l'habitude. Il était plutôt un homme d'action, du genre à se mettre dans la lumière, à mettre en place des opérations au grand jour pour débusquer les bandits, confisquer les armes et ramener l'ordre dans la Cité Blanche, qui n'avait jamais aussi bien porté son nom, depuis que la noirceur avait déserté ses rues - du moins, en grande partie. Alcide était son pendant, plus discret, homme politique travaillant dans l'ombre, et opérant souvent via des intermédiaires - au nombre desquels Cartogan occupait la première place. Ils se complétaient, et leur collaboration avait été fructueuse, capable d'apporter à la capitale du Gondor une sécurité et une paix rarement atteintes dans l'histoire de la cité. Habitué, donc, à ne pas totalement saisir les plans de l'Intendant, le Général se contenta de demander :

- Que puis-je faire pour vous aider ?

- Hmm... Il nous faut des négociations. Oui. Nous devons rapprocher Radamanthe et Taorin. Ils doivent trouver un terrain d'entente. Essayez de mettre la main sur un négociateur, quelqu'un qui pourra les aider à se parler sans s'entretuer.

Tandis qu'il parlait, il s'était éloigné en direction de la porte, l'air très affairé, mais Cartogan le rappela, un peu interloqué :

- Et vous, que faites-vous ?

- Je vais essayer de préserver le peu que Radamanthe a pu sauver, Général. Et croyez-moi, je n'ai pas une seconde à perdre.
#Cartogan #Alcide
Sujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence
Forlong

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 7 Juin 2014 - 16:45
Le soleil venait de se lever, et certaines rues de la Cité Blanche demeuraient encore sous l'ombre des murailles. Cependant l'on pouvait déjà sentir que la journée serait chaude, comme souvent ces derniers temps. Certains s'en plaignaient déjà, mais le souvenir du Rude Hiver était encore vif dans la mémoire de la plupart.

Depuis quelques jours la ville était devenue une véritable ruche, avec des centaines de commerçants, artisans, voyageurs et soldats se préparant au mariage du roi Aldarion avec la princesse Dinael de Dale. Le général Cartogan, responsable de la sécurité, avait renforcé la garnison de la cité afin d'éviter tout incident. Tous les voyageurs et invités ne bénéficiant pas d'un permis signé par la main du gouverneur devaient s'installer sur les champs de Pelennor. Un océan de tentes était apparu devant les portes de Minas Tirith.

Et pourtant, l’événement qui avait attiré une petite foule sur la place en face de la caserne n'avait aucun rapport avec ces festivités. Un grand échafaud, dressé spécialement pour cette occasion, était entouré par un bataillon de Gardes de la Fontaine, la formation d'élite de l'armée du Gondor. Les spectateurs se tenaient à une distance raisonnable de leurs lances brillantes.

Une rangée de chaises fut installée sur un des côtés de la plateforme, recueillant un groupe plutôt impressionnant. Il y avait donc Alcide d'Illicis, le gouverneur de la Cité Blanche. Le célèbre général Cartogan, chargé de rétablir l'ordre dans le royaume, et à sa gauche le commandant de la Milice. Niklas Makiaveel, professeur réputé de l'Université de Minas Tirith, murmurait quelque chose à l'oreille de Tiber Goloth, juge et représentant de la Compagnie du Sud. Finalement, Dalia de Ronce, Grande Guérisseuse de la cité, se tenait droite dans son siège, son regard sévère scrutant la foule.

Il s'agissait du comité convoqué par le Roi Méphisto six mois auparavant, dans le but d'enquêter et juger les crimes de Warin, seigneur du Gondor.

L'accusé était debout face à eux, surveillé par deux Gardes de la Fontaine, les mains sur les pommeaux de leurs épées longues. Sa barbe était taillée et sa chemise noire propre, mais son visage portait des signes de fatigue et de désespoir. Il plissait les yeux, ayant perdu l'habitude de la lumière du soleil au cours des mois passés au cachot. Lors de son premier séjour dans les geôles, il avait réussi à s'enfuir et rejoindre l'Ordre de la Couronne de Fer. Cette fois, le général Cartogan avait pris des précautions. Warin était en permanence gardé par deux soldats d'élite, capables de faire face à un troll des cavernes si cela s'avérait nécessaire. Qui plus est, le prisonnier était transféré de cellule en cellule à des intervalles irréguliers, rendant pratiquement impossible toute tentative d'organiser une fuite.



Niklas Makiaveel fut désigné pour lire le verdict du comité. Il se leva et déroula un parchemin. Sa voix de professeur vétéran s'éleva, en faisant taire la foule:

Warin, ancien noble du royaume du Gondor. Une longue enquête nous a permis de découvrir la nature de vos crimes terribles. Jadis, vous fûtes condamné à la prison à vie par notre souverain le Roi Méphisto du Gondor, pour manigances et tentative de prise de pouvoir dans la Cité Blanche. Vous vous êtes enfui, en assassinant trois geôliers. Ce n'était que le début de votre activité sanguinaire. Vous avez tué, de sang froid, le Baron Wulfric Domontes et ses hommes. Avec l'aide de l'infâme Balthazar le Noir, vous avez bâti l'Ordre de la Couronne de Fer, une organisation vouée à la destruction du Royaume du Gondor et des Peuples Libres. Les meurtres, viols, et destruction de vos sont aussi votre responsabilité. Vos complots ont dépassé les frontières du pays, en semant le chaos et la discorde parmi nos alliés, au Rohan et en Arnor. En joignant les forces avec les ennemis du Gondor, votre lien renforcé par le culte infâme de Morgoth, vous avez planifié l'assassinat du prince Aleth, fils de Méphisto, ainsi que l'enlèvement de son frère cadet, Chaytann. Depuis la disparition de Numenor causée par la colère des Valar, notre peuple n'a jamais donné naissance à un individu aussi avide de pouvoir, cruel et venimeux. Pour trahison du plus haut degré, meurtres, complots, cultisme illégal et enlèvement, vous serez à jamais connu comme ennemi des Peuples Libres. Par la force de ce document, signé par le Roi Méphisto et les six jurés ici présents, je vous condamne à mort, Warin!

Au fur et à mesure que l'universitaire prononçait ces mots, la foule devenait de plus en plus agitée, et des insultes se firent entendre, adressées à Warin. Des centaines de Gondoriens avaient soufferts des mains de l'Ordre de la Couronne de Fer et de Balthazar, le Démon Noir. Certains avaient même ramassé des pierres, avec l'intention de les jeter dans la direction du condamné. Cependant lorsque le  capitaine des Gardes de la Fontaine donna l'ordre de resserrer les rangs et les lances furent pointées dans la direction de la foule, les têtes enflammées se refroidirent rapidement.



Ce fut au tour de Tiber Goloth, juge de la Compagnie du Sud d'Osgiliath, de se lever. Il prit la parole:

Il n'existe aucun châtiment suffisant pour punir des hommes comme celui-ci. Cependant, la terre du Gondor a bu assez de sang à cause des crimes de cet individu. Demain, le roi Aldarion du Gondor sera marié à Dinaelin, princesse de Dale, commençant une nouvelle ère de prospérité et de paix en Terre du Milieu. Il serait de mauvais augure de verser du sang la veille d'un jour pareil. Ainsi, nous condamnons Warin à être pendu par le cou jusqu'à ce que la mort s'ensuive. Maître bourreau, faites votre devoir.

Le regard de Warin était rempli de haine, lorsqu'il se tourna vers les jurés. La plupart l'ignorèrent, ou détournèrent leurs têtes avec dégoût, mais le général Cartogan le regarda droit dans les yeux, froid et impassible, un léger rictus déformant ses nobles traits. Il fit signe au bourreau de procéder.

L'homme encapuchonné mit la main sur l'épaule du condamné, et le guida vers le gibet. Il lui ligota les mains derrière le dos, et resserra la corde autour de son cou. Warin cracha dans la direction de la foule, en causant des nouveaux cris de colère et insultes.

D'un coup de pied habile, le bourreau dégagea le tabouret sur lequel se tenait le condamné. Les pieds de Warin se débattirent dans l'air pendant un moment, cherchant un appui inexistant. Sa nuque n'avait pas brisé immédiatement, il mourrait d'asphyxie.

Il se débattit pendant un moment encore, les yeux grands ouverts, puis son corps se raidit.

Le commandant de la Milice le regarda sans aucune compassion et grogna:

-On aurait du le pendre il y a longtemps...

Ce fut à Dalia de Ronce, Grande Guérisseuse de Minas Tirith, de confirmer la mort de Warin. La corde fut coupée par le bourreau, et le corps posé sur l'estrade. La guérisseuse vérifia l'absence du pouls pendant une trentaine de secondes, avant de déclarer le décès du condamné par asphyxie.

Le corps fut emballé dans un grand sac de tissu. Il serait brûlé et ses cendres enterrées dans un cimetière dévoué aux criminels, en dehors des frontières de la cité. La foule commençait à se dissiper peu à peu...les préparations pour le grand mariage attendaient.

Ainsi finit Warin, seigneur du Gondor, Edwen de la Couronne de Fer, traître et assassin, ennemi des Peuples Libres.

#Warin #Dalia #Cartogan
Sujet: Un retour sans bouclier...
Sirion Ibn Lahad

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Rechercher dans: Khand   Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un retour sans bouclier...    Tag cartogan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 23 Jan 2011 - 23:11
La nuit semblait calme dans le campement. Les tentes étaient strictement installées en colonnes et en rangées de sorte à former un carré quasi-parfait dont le noyau central était la tente royale de Tar-Mephisto. La lune éclairait la terre de sa lueur bleutée, surveillant d'un oeil attentif les discussions qui parcouraient les groupes d'hommes. Une caravane de marchands s'était approchée du camp au crépuscule et avaient dès lors tenté de refourguer leurs babioles aux pauvres soldats revenus de l'enfer qu'était le désert de Harad.

Mais tandis qu'à l'orée ouest du camp, quelques dizaines de soldats s'attroupaient autour des caravanes, du côté nord, trois silhouettes noires courraient à grande allure vers le camp. Tels des fantômes, ils ne semblaient pas toucher sol et planaient comme des oiseaux de mauvaises augures vers leur sinistre projet... Là où plusieurs sentinelles auraient dû monté la garde cette nuit-là, trois corps inertes étaient adossés contre un charriot feignant un sommeil profond. Toutefois, si l'on s'en approchait d'un peu plus près, chacun d'eux avait la gorge en sang.

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"Cette expédition aura été la plus lamentable de toutes mes campagnes ! Par tous les corbeaux d'Orthanc, quelle vaine folie !"

Le général Cartogan était dans ses appartements de fortune, une tente plutôt richement décorée comparée au reste de l'armée. Son rang de haut gradé dans l'armée de Gondor lui assurait une certaine estime et certaines confidences des hautes instances du royaume. Cette nuit-là, il semblait se parler à lui-même, comme à son habitude avec un verre de vin de Dorwinion dans la main. Son teint virant au rouge dénotait une certaine ivresse.

"Encore en train d'étancher ta soif tenace, mon frère ?" dit une voix.

Aussitôt, le général se leva, lâchant son verre qui se renversa sur la terre meuble, et dégaina son épée. Mais une lame se faufila autour de sa nuque, refroidissant ses ardeurs. En face de lui se tenait un homme de sa taille et qui... possédait exactement les mêmes traits de visage. Son frère jumeau. Derrière celui-ci, apparut une silhouette encapuchonnée, bien plus grande et bien plus large. C'est ce second homme d'ailleurs qui prit alors la parole.

"Bonsoir général Cartogan. J'ai cru bon devoir vous ramener votre frère Caïn, il voulait tant revoir son jumeau, quoi de plus beau que de se voir soi-même en face, n'est-ce pas ? Mais je me montre là bien discourtois... je me présente ainsi dans ces haillons, mais laissez-moi me présenter à vous, général..."

L'homme à la voix noble et puissante bascula sa capuche en arrière dévoilant ses traits au vétéran du Gondor.

"Vous ?! C'est impossible, comment osez-vous ! Comment êtes-vous arrivé là ?..."

"Il n'est nul endroit où je ne puisse me rendre... général." rétorqua l'homme un sourire aux lèvres.

Spoiler:


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Au même moment, à la limite entre les tentes des Chiens du Désert et celles des soldats du Gondor, un petit groupe de mercenaires du Sud marchaient d'un pas décidé vers deux gondoriens en train de discuter tranquillement.

"Tiens donc ! Deux fils de pucelles en train de marmonner des injures sur nos frères du Sud ! cria le meneur du groupe. J'parie que vous êtes pas capables de redire tout haut ce que tous vos salopards d'amis Gondoriens pensent tout bas ! Bande de femmes !"

Puis il cracha au visage d'un des deux soldats de Mephisto. Le ton montait et cela ne tarderait pas à en arriver aux mains. Un énorme attroupement se réunissait autour d'eux.

#Cartogan #Warin
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