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Sujet: Un pivert veillait sur eux
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Champs du Pelennor   Tag kaara sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un pivert veillait sur eux    Tag kaara sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 21 Mai 2016 - 7:23


Les officiers du Gondor paraissaient quelque peu mal à l'aise, et ils se lançaient des regards surpris. Ils ne s'attendaient certainement pas à rencontrer des individus pareils lors de leurs négociations. Ils ne connaissaient que peu de choses des barbares de l'Est, mais il leur semblait évident maintenant que ceux-ci étaient d'un genre peu commun. Tous étaient aussi différents les uns des autres qu'il était possible de l'imaginer, mais ils avaient une similarité qui ne cessait de perturber les hommes de l'Ouest : leur peau était noire, comme peinte au charbon. Ils ressemblaient à ces travailleurs qui avaient passé des heures et des heures dans les mines, au point que leur peau prenait la teinte des minerais qu'il extrayaient péniblement jour après jour. Pourtant, malgré tout, les cinq individus semblaient être de haute extraction ou au moins représenter l'élite de leur peuple. En réponse au salut de Cartogan, le cavalier qui se tenait au centre leva la main :

- Salut à vous, Khârt'o'Ghan du Gondor. Je suis Kaara.

Le Général haussa un sourcil, surpris de ne pas entendre quels étaient ses titres, ou de qui il était lui-même le fils. C'était bien la première fois qu'il était amené à négocier avec quelqu'un qui ne lui fournissait pas une liste interminable de qualificatifs et de noms complexes. Sa dernière proie en date était « Taorin Le Chien Borgne, Gouverneur de Dur'Zork, Seigneur Pirate, Capitaine des Chiens du Désert ». Un nom fort long pour un homme qui croupissait dans les geôles de sa prison à la suite d'une histoire bien compliquée. Cartogan, qui tiqua légèrement lorsqu'il entendit son nom être écorché de la sorte, analysa un instant son interlocuteur. C'était le plus vieux de tous, mais en dépit de son âge avancé, il avait bien plus de prestance et de noblesse que tous les autres réunis. Son regard était perçant, ses yeux étaient vifs, et si son corps n'avait plus la force de sa prime jeunesse, il avait acquis ce qui semblait être une forme de sagesse profonde. Il était sans doute celui qu'il faudrait convaincre. Alcide lui avait bien dit de prêter attention à ces choses, et il se félicitait d'avoir repéré immédiatement le pivot des négociations. Celui-ci se tourna vers sa droite, et introduisit ses compagnons.

- Voici mon presque-fils, Threvedir.

- Salut à vous, Khârt'o'Ghan du Gondor, dit-il d'une voix forte.

Il avait une trentaine d'années, et la mention de « presque-fils » étonna légèrement le Général. Il ignorait ce que cela pouvait bien signifier, mais il semblait en effet que les deux hommes appartenaient à la même parenté. Leurs vêtements paraissaient relativement similaires, des tuniques simples et austères d'un gris terne, tenues à la taille par une fine ceinture de cuir. Ils avaient l'air plus à plaindre que le dernier des mendiants des rues de Minas Tirith.

- Voici Adaira.

- Salut à vous, Khârt'o'Ghan du Gondor.

Cette fois, le militaire haussa clairement les sourcils sans cacher sa surprise.  Une femme, à la table des négociations ? En la voyant arriver, il pensait qu'elle serait simplement là pour parader et faire bonne impression, mais elle s'était adressée à lui avec la même assurance que les deux autres, sans paraître le moins du monde avoir conscience de sa condition inférieure. Cartogan avait déjà eu l'occasion de voyager, notamment dans les régions du Sud et de l'Est où il avait été en bisbille avec la famille. Il avait pu constater que les femmes y étaient particulièrement dévergondées, vulgaires et qu'elles se plaisaient à se travestir. Quand elles se décidaient à porter des robes, comme leur nature le leur commandait, elles s'arrangeaient pour les rendre aguicheuses. Les princesses et les reines de ces pays seraient passées pour de vulgaires prostituées au Gondor, assurément. Le Général, cependant, ne pouvait pas dire cela d'Adaira, qui en dépit de son accoutrement très masculin – elle montait d'ailleurs comme un homme – n'avait pas l'air dévergondée. Elle portait une cuirasse légère, et un casque était accroché à la selle de sa monture. Assurément, elle voulait insister sur le côté guerrier de sa personne, ce que Cartogan trouvait encore plus dérangeant.

- Voici Alaric.

- Salut à vous Khârt'o'Ghan du Gondor.

Cela commençait à devenir agaçant. Le Général s'était déplacé en personne précisément pour ne pas avoir à convier cinquante mille personnes aux négociations. Il avait fallu qu'il tombât sur des hommes qui ne pouvaient pas avoir un monarque, forcément… Celui-ci était peut-être le plus impressionnant des trois. Grand, bien bâti, la mine sévère et quelques cicatrices pour accompagner le tout. Il était l'incarnation parfaite du guerrier sauvage et brutal dans sa plus pure expression. Assurément, il n'aurait pas grand-chose à apporter aux négociations, mais Cartogan devinait qu'il avait dû jouer un grand rôle pendant la prise de Cair Andros, sans quoi ils l'auraient peut-être laissé de côté. Au flanc, il portait une épée qui avait l'air relativement ancienne, et qui paraissait avoir vu de nombreuses batailles. Curieux qu'il fût le seul à en arborer une. Il portait en outre une armure épaisse, faite d'un abracadabrantesque assortiment de… quelque chose. Cartogan n'aurait su dire ce que c'était, mais on aurait dit que l'on avait plié du tissu pour l'épaissir, et qu'on avait collé des pans entiers entre eux jusqu'à former une tunique. C'était ridicule au possible, et cela n'arrêterait pas la moindre flèche, pour sûr.

- Et enfin, voici Rokko.

L'intéressé était peut-être le plus énigmatique des trois. Il ne portait tout simplement pas de haut, et son torse nu était couvert de symboles curieux peints sur cet épiderme charbonneux qu'ils arboraient tous. Il avait l'air mystique, pour ne pas dire illuminé, et pourtant on lisait dans son regard une vive intelligence qu'il ne fallait pas sous-estimer. Cartogan se souvint brièvement des récits qu'il avait pu entendre de la part des soldats, des déserteurs comme il préférait les appeler. Certains avaient mentionné de tels hommes qui allaient à la guerre sans autre armure que les peintures qui les protégeaient et qui semblaient détourner les coups de manière magique. A l'instant, Cartogan aurait bien voulu pouvoir plonger sa lame dans les boyaux de ce Rokko, simplement pour voir s'il était si immortel et si « magique » qu'on voulait bien le faire croire. En attendant, il n'avait pas desserré les mâchoires et n'avait pas prononcé un mot, ce qui n'ennuyait pas Cartogan le moins du monde. Il avait envie de passer aux choses sérieuses le plus rapidement possible, et il lui paraissait qu'il avait déjà assez perdu de temps.

Kaara, qui avait fait les présentations, le satisfit donc en poursuivant d'une traite :

- Je suis content que nous puissions enfin avoir une audience avec un émissaire du pays de Gondor. Il nous aura fallu mener des dizaines de milliers d'hommes à la mort, à la guerre fratricide, à une violence sans nom… simplement pour que vous acceptiez de nous écouter.

Le sarcasme de sa réflexion avait échappé à Cartogan au départ, mais à mesure qu'il poursuivait, il apparaissait que ces hommes n'étaient pas simplement là pour plaisanter, et qu'ils avaient une série de griefs contre le Gondor. Pourtant, le Général n'avait aucune idée de qui ils pouvaient bien être.

- Je n'ai jamais eu affaire à vous, Sire Kaara, et je ne crois pas connaître aucun d'entre vous. S'il m'avait été donné la possibilité de m'entretenir avec vous, je ne vous aurais certainement pas ignoré de la sorte, et nous aurions pu régler tout cela de manière pacifique.

Kaara tourna la tête vers son « presque-fils », qui répondit sèchement :

- Lorsque je vins au Gondor, au cours de ces étonnantes réjouissances auxquelles j'assistai pour l'union de deux de vos souverains… Lorsque j'eus traversé mille dangers, la solitude, la faim et le froid, puis la chaleur épouvantable… Lorsque j'arrivai au seuil de votre office, ne m'a-t-on pas rejeté de votre Palais comme le dernier des menteurs ? Ne m'a-t-on pas ri au nez, ne s'est-on pas moqué du peuple des Quatre Fleuves à travers ma personne ?

Cartogan tourna la tête vers ses officiers, mais de toute évidence aucun n'avait entendu parler de lui, ni de ce « peuple des Quatre Fleuves ». Ils demeuraient une énigme. Mais ce n'était pas l'essentiel : l'énigme serait bientôt broyée sous la botte de milliers de soldats du Gondor rassemblés en compagnie disciplinées, efficaces et formées à ce genre de manœuvres. Les gosses qui avaient donné leur vie pour défendre Cair Andros n'arrivaient pas à la cheville des contingents sur-entraînés que toutes les provinces du royaume faisaient parvenir avec diligence, et ces agresseurs s'en rendraient compte très bientôt.

- Je comprends que vous êtes en colère. Cependant, je ne suis pas ici pour discuter de vos états d'âme, mais bien des prisonniers qui se trouvent encore dans la forteresse. Le Gondor exige qu'ils soient rendus sains et saufs.

- Ceux qui n'ont pas fui, vous voulez dire.

L'ironie d'Alaric était mordante, mais pas si loin de la vérité. Des centaines d'hommes avaient rejoint Minas Tirith bien avant la fin des combats, et nul ne savait combien d'autres avaient eu trop honte pour simplement rentrer à la capitale. Il y avait des rumeurs persistantes, comme quoi des hommes arrivaient dans de petits villages, restaient quelques nuits le temps de reprendre des forces, et puis repartaient. Quelle triste image pour l'armée du Gondor ! Un des officiers répondit sèchement :

- Surveillez vos paroles.

- Restez calme, Capitaine. Nous sommes ici pour négocier, pas pour nous battre. Revenant à Kaara, il demanda : Combien de nos hommes détenez-vous encore ?

- Je ne saurais le dire, mais ils se comptent par centaines. Nombre d'entre eux sont blessés, certains agonisent déjà. Mais nous savons que les restituer nous affaiblirait : nous voulons des garanties en échange.

Cartogan s'y attendait, bien évidemment. La plupart des envahisseurs exigeaient un tribut pour pouvoir repartir des terres, sans quoi ils promettaient – et généralement ils le faisaient – d'attaquer la prochaine cité et de semer la mort et la désolation partout sur leur passage. Avec de la chance ils iraient dans un royaume voisin semer la pagaille. Cependant, quand il demanda ce que Kaara souhaitait en échange, la réponse de ce dernier ne fut pas exactement celle qu'il attendait.

- Nous voulons que vous honoriez la promesse faite il y a de ça des siècles désormais. Nous voulons que vous acceptiez de reconnaître le Peuple d'Elessar comme vos frères dans le besoin. En premier lieu, nous souhaitons des terres où nous pourrons nous installer et prospérer.

Les yeux du Général s'agrandirent de surprise, et il demeura muet un instant.

Des terres, avaient-ils dit ?

#Kaara
Sujet: L'appel à l'égorgement
Forlong

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Rechercher dans: Cair Andros   Tag kaara sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'appel à l'égorgement    Tag kaara sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 5 Juil 2015 - 20:11
Une larme solitaire coula sur la joue du vieillard. Il regardait devant lui, essayant sans succès de percer le noir qui avait recouvert le champ de bataille avec l’arrivée de la nuit. Il entendait cependant les bruits qui provenaient des fortifications. Les cris atroces des blessés, le bruit métallique des armes, et celui des corps tombant dans les eaux sombres de l’Anduin. Le son de son peuple, mourant.

-Pourquoi…pourquoi ils se jettent ainsi contre ces murs, avec si peu d’intérêt pour leurs propres vies !?

-Ils sont furieux et déçus, Chef Kaara. Une fois de plus, les hommes du Gondor nous ont ignorés et humiliés. Cette fois, il est temps pour eux d’en souffrir les conséquences…vous connaissez Alaric et ses hommes, ils sont d’une férocité sans pareille, je ne suis pas étonné que la Reine du Nord a préféré les armer et les voir partir vers l’Ouest plutôt que continuer à perdre ses esclavagistes sur nos frontières.

-Maudits soient les hommes du Gondor…de causer ce combat fraternel.

***

La nuit était noire et dense comme le goudron. La lune se cachait derrière les nuages, refusant de partager sa lumière avec les hommes engagés dans un combat fratricide. Pour les défenseurs, le poids psychologique devenait presque insoutenable. Ils ne savaient rien sur leurs assaillants hormis qu’ils étaient innombrables et d’une férocité incomparable à tout ce qu’ils avaient pu connaitre jusqu’à là, hormis peut-être les Uruks Noirs du Mordor.

Les premiers combats s’étaient avérés brutaux. Les soldats Gondoriens se trouvant en première ligne n’étaient pas des vétérans, mais bien des simples blancs-becs pour la plupart, et ils tombèrent comme des mouches face à ces guerriers qui portaient des armures étranges, légères mais résistantes.
A présent, la situation devenait plus compliquée. Les défenseurs avaient mis feu à des chariots dans la cour, rendant tous les assaillants s’y trouvant une cible visible aux archers et surtout à la baliste qui venait d’être réparée. Le lourd projectile tiré par Raus empala un guerrier ennemi, l’emportant à plusieurs mètres plus loin. Sous les ordres d’un grand homme barbu, les assaillants  s’éloignèrent des chariots brûlants, disparaissant à nouveau dans l’obscurité.

Le silence s’empara temporairement du champ de bataille. Les défenseurs n’avaient aucune cible visible pendant que la barricade brûlait rapidement. Quelle nouvelle diablerie les envahisseurs préparaient-ils dans la nuit ?

Soudainement, un bruit incroyable perça l’air. Celui de milliers de cors, tous aussi puissants que celui de Boromir lui-même, qui jadis faisait reculer les plus audacieux des Uruks de la Main Blanche. La terre même semblait en trembler, et les moins expérimentés des défenseurs se mirent à claquer des dents malgré la chaleur estivale. Les vétérans quant à eux échangeaient des regards inquiets. Non seulement la nuit rendait les actions des envahisseurs invisibles, mais le boucan actuel couvrirait sans aucun problème le bruit de pas ou même d’un engin de siège sur roues. Sourds et aveugles, même les meilleurs guerriers d’Ithilien devenaient impuissants.  

***

-Vous êtes certain que c’est une bonne idée, Chef Kaara ?

-Elle est nécessaire, Threvedir. Combien de nôtres tomberont dans un assaut frontal ? Et si les défenseurs tiennent trop longtemps, et des renforts arrivent, ce sera la fin de notre peuple. Nous t’avons suivi, mon fils, mais maintenant nous n’avons nulle part où rentrer. Les eaux de ce fleuve sont sombres et rapides, mais s’il y a un homme qui saura les naviguer c’est Rokko. Il a traversé les Quatre Fleuves ainsi que la Grande Eau en long et en large, et il a passé des longues heures à étudier les courants de cet endroit…Nous devons essayer.

Alors que le vieillard s’approchait de la rive, un groupe d’hommes devint visible, tous torse nu, leurs corps recouverts de peinture sombre. Seuls leurs yeux et leurs dents brillaient dans l’obscurité. Le dénommé Rokko sourit avec enthousiasme lorsque le Chef Kaara donna l’ordre. Sans un mot, les hommes se mirent à pousser une quinzaine de pirogues à balancier dans l’eau, sans presque aucun bruit. Ils sortirent des rames courtes, et les longs bateaux disparurent rapidement dans l’obscurité, se dirigeant rapidement dans la direction de l’autre rive…

#Kaara #Rokko
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