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 Rencontrer l'Intendant

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Radamanthe
Emir de Harondor - Prince d'Ithilien
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Radamanthe

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Vedraï - Rencontrer l'Intendant EmptyMar 18 Juil 2017 - 23:01




Les deux gardes de la Citadelle parés de leurs heaumes ailés inspectèrent brièvement la jeune femme de la tête aux pieds avant de décroiser leur lance menaçante afin de la laisser passer. Les gardes l’avaient reconnue. En pénétrant dans le dernier niveau de la Cité Blanche, Vedraï songea une fois de plus à quel point être la nièce de l’Intendant avait des avantages. Depuis l’assassinat du Prince Aleth, les mesures de sécurité avaient été renforcées comme jamais, et peu de gens pouvaient se vanter d’entrer aussi facilement dans la Citadelle de Gondor. Quel paradoxe pour celle qui quelques mois auparavant voguait en compagnie des pirates qui avaient déchiré le Harondor. C’était un pan de son histoire qu’elle était bien décidée à oublier et à garder secret jusqu’à sa mort, et pour le moment elle réussissait plutôt bien.

Cette parenté avec Alcide d’Illicis avait des inconvénients aussi. Principalement le fait que bien des gens tentaient d’entrer dans les bonnes grâces de son oncle. Elle ne comptait plus le nombre d’hommes qui lui avaient fait la cour dans le but de se rapprocher de l'Intendant. Jeunes nobles prétentieux ou vieux marchands dégoutants, c’était tous des lèches-bottes dont elle méprisait les tentatives désespérées. Et puis il y avait ceux qui l’interpellaient à l’improviste en la suppliant d’intervenir en leur faveur, pour telle entreprise en faillite ou tel conflit puéril de voisinage. Vedraï avait parfois du mal à rester courtoise, mais elle n’éprouvait aucune difficulté à les envoyer paître sans arrière-pensée. Sauf bien sûr quand la requête venait de sa propre sœur.

Valeraï avait surgi dans ses appartements la veille, visiblement énervée. En entendant le ton rauque que prenait la voix de l’espionne, habituellement si cristalline, Vedraï devina aisément qu’elle venait de crier à pleins poumons pendant un certain temps. Cela ne lui ressemblait pourtant pas. Son aînée avait pourtant la réputation de garder toujours son sang-froid. De ses cheveux blancs à son calme glacial, elle méritait décidément bien son surnom de Neige. Mais Neige semblait animée par les flammes de l’enfer, ce soir-là. Elle expliqua d’une traite que leur oncle avait fait une grave erreur, qu’il avait laissé le Général Cartogan installer un de ses hommes à la tête du service secret de la Cité, alors qu’on ne savait même pas ce qu’était devenu Gilgamesh. Vedraï ne savait pas qui était Gilgamesh mais elle ne comprenait pas ce que sa demi-sœur reprochait au Général. Le peu qu’elle avait vu que ce dernier, car elle évitait autant que possible tous les dirigeants susceptibles de lui poser trop de question, tout lui faisait penser à un meneur d’homme efficace, certes particulièrement féru d’ordre et de discipline, mais quel militaire ne l’était pas ? Père était de la même trempe, songea-t-elle. Les deux sœurs étaient bien placées pour s’en souvenir. Il aurait probablement même pu être le Général en chef de la Cité, à la place de Cartogan, s’il n’était pas mort héroïquement dans les plaines glacées du Nord contre les hordes du tyran au dragon.

Mais l’espionne ne partageait manifestement pas sa vision du chef des armées. Vedraï l’invita à s’asseoir et servit un verre de vin dans une tentative de calmer l’atmosphère. Valeraï l’avait vidé d’un trait et avait repris de plus belle. Elle ne pouvait pas comprendre. Le Service de l’Arbre Blanc n’avait jamais fait partie de l’armée. C’était depuis toujours un organe indépendant et ce n’était vraiment pas une bonne chose que le Général cherche à s’en mêler. Il dirigeait déjà l’armée d’une main de fer, vouloir mettre les espions à sa botte était la preuve de son ego démesuré et de son obsession pour tout contrôler. Et cela concentrait toute la force de frappe du Royaume entre ses mains.

« Quand Radamanthe était Intendant, » avait-elle fini par déclarer, « le Service était sous sa responsabilité. Et on peut ricaner de lui autant qu’on veut depuis la perte de son Emirat, mais à l’époque, il apportait autant d’attention au Service que Gilgamesh lui-même… »

Vedraï s’était crispée un instant lors que Valeraï avait évoqué le nom de l’Emir déchu. Elle espérait que sa demi-sœur ne l’avait pas remarqué, elle qui semblait tenir l’ancien Intendant en grande estime. Vedraï, elle, avait surtout l’habitude d’entendre son surnom d’Usurpateur et elle estimait surtout que c’était de lui qu’elle avait le plus à craindre si son passé était révélé. Heureusement, il n’avait toujours pas reparu en Cité Blanche depuis sa prétendue querelle avec son successeur. L’espionne semblait le regretter. Elle jurait dur comme fer qu'un équilibre était nécessaire et que si leur oncle ne gardait pas un certain contrôle sur les hommes de l’ombre du Service, son pouvoir ne serait bientôt plus qu’une façade par rapport à l’ogre Cartogan. Le Général s’était même mêlé des négociations avec les Nurniens. Il n’avait pourtant rien d’un diplomate. Alcide devait réagir, et l’espionne avait supplié sa sœur d’intervenir. Neige, la fille illégitime, avait trop peu côtoyé leur oncle pour savoir comment il réagirait si elle agissait elle-même. Mais Vedraï  saurait se faire écouter, elle en était certaine.

C’est pourquoi la jeune noble se retrouvait à pénétrer dans le Palais en lui-même, après avoir été de nouveau stoppée par des Gardes de la Citadelle. Ils l’avaient retenue plus longtemps que ceux à l’entrée du septième cercle, alors qu’ils avaient déjà dû la voir une dizaine de fois. On ne lésinait décidément pas sur la sécurité. Un intrus n’avait aucune chance d’entrer dans la demeure du Roy, à présent.

Mais Vedraï ne venait pas voir le Roy, simplement l’Intendant. Elle s’était sentie obligée d’accepter la requête de sa demi-sœur, mais au fond d’elle, elle savait qu’elle n’aurait pas dû. Se laisser entraîner dans des intrigues politiques était la pire chose qu’elle puisse faire. C’était le meilleur moyen pour que des rivaux d’Alcide d’Illicis s’intéressent à elle, avec le risque évident qu’ils découvrent son passé parmi les pirates. Et à ce moment-là, le pouvoir qu’exerçait son oncle risquait d’être fameusement mis à mal. Ou que son oncle n'accepte pas ses conseils et décide de la renvoyer mener une vie ennuyante à Linhir, loin de la capitale. Elle devrait choisir soigneusement ses mots, elle en était bien consciente. Et elle se les repassait déjà tellement dans sa tête qu’elle remarqua au dernier moment l’homme qui venait de surgir de derrière en coin en courant. La collision fut inévitable.

Le choc violent les envoya tous les deux au sol. Bien qu’elle fût entraînée en arrière, Vedraï eut la chance que sa tête ne frappe pas le sol. Mais elle sentait tout le poids de l’homme, qui était tombé sur elle. Après un instant de stupéfaction, elle reconnut immédiatement qu’elle était en danger. Elle sentit deux mains noueuses mais fermes se resserrer sur ses poignets. Elle réagit instinctivement a administra un formidable coup de genoux dans l’estomac ou l’entrejambe de son agresseur. Les mains de ce dernier tressaillirent mais ne relâchèrent pas l’étreinte. Elle répéta l’expérience et l’homme lâcha enfin prise. Grâce à ses mains libérées, elle se propulsa en arrière de deux pas sur le sol et repoussa violemment son agresseur du plat du pied. Instinctivement, la nature de combattante de la jeune fille reprenait le dessus. Elle savait que si on comprenait qu’elle était tout à fait capable de se battre, cela allait mener à des questions indiscrètes, mais elle n’avait pas le choix. Alors que d’un mouvement elle s’était relevée à genoux, elle put enfin apercevoir le visage de son agresseur. Quelle surprise ce fut lorsqu’elle remarqua qu’il s’agissait d’un vieil homme en tenue de voyage.


Ce dernier avait l’air tout aussi étonné de la voir. Il ouvrait des grands yeux écarquillés et après un bref instant de silence, il demanda d’une voix hésitante :

« Vous n’êtes pas avec eux ? »

« Eux ? Qui ? » s’entendit répondre machinalement Vedraï. Elle essayait maintenant d’atteindre le poignard qui était caché en permanence à l’intérieur de sa botte. Elle avait prié pour n’avoir jamais à utiliser cette mesure de sécurité qui ne ferait que la trahir, et elle se disait à l’instant que si elle répondait correctement, elle arriverait peut-être à retarder encore ce moment.

« Eux ! Les hommes de Cartogan ! Ils veulent m’empêcher de voir l’Intendant ! »

« L’Intendant ? Mais c’est mon oncle ! Je peux vous mener à lui. Je n’ai rien à voir avec le Général . »


Vedraï réfléchissait à toute vitesse. Le meilleur moyen de s’en sortir sans faire de vagues était certainement de faire semblant de collaborer avec le vieil homme. Il y aurait immanquablement de nouveaux gardes devant la porte de l’Intendance, et même si l’intrus avait vraiment quelque chose d’important à dire à son oncle, il pourrait toujours le faire, mais fermement maintenu par deux hommes en armes.

« Sa nièce ? O Elbereth, tout n’est pas perdu. J’ai eu si peur que la disparition de Gilgamesh ait tout ruiné. » répondit le vieil homme, qui avait davantage l’air de parler tout seul qu’à la jeune femme. « Seul Melkor sait dans quelles mains ont atterri ma dernière lettre… J’aurais préféré voir la Tête bien sûr, mais l’Intendant devra faire l’affaire… »

Gilgamesh. C’était la deuxième fois en deux jours que Vedraï entendait ce nom. La conversation avec son espionne de sœur lui avait permis de comprendre qu’il s’agissait de l’ancien chef des services secrets, dont la disparition était un nœud du problème. Elle songea maintenant que le vieil homme devait certainement être un espion lui aussi. Cela expliquait pourquoi il était aussi fort et souple malgré son âge. Il s’était relevé avant elle et ne semblait garder aucune séquelle de leur bref combat. Vedraï, elle, sentait ses membres qui la tançaient de partout. Et même maintenant qu’elle s’apprêtait à lui indiquer le chemin, elle n’osait pas détourner le regard un seul instant. Elle restait prête à bondir sur le vieil homme on moindre geste suspect. Elle n’eut pas à le faire, cependant, car quelqu’un s’en chargea pour elle.

Une silhouette sombre et silencieuse surgit du même couloir d’où le vieil homme était arrivé et se jeta sur celui-ci. Le combat fut bref mais intense. Le vieux profita de l’élan de son adversaire pour le faire passer par-dessus lui d’un habile mouvement du bras gauche. Il enchaîna immédiatement d’un puissant crochet du droit alors que le nouveau venu avait été projeté contre le mur. Il s’écroula immédiatement au sol. Malgré que son né fut en sang, Vedraï pu voir un visage juvénile, entouré de cheveux blonds foncés. Il n’avait probablement même pas dix-huit ans mais portait un uniforme qui n’était pas sans rappeler celui de sa sœur. Il s’agissait certainement d’un jeune espion du Service. Et le vétéran n’en avait fait qu’une bouché.

Mais des nombreux bruits de pas se faisaient entendre tout au bout du couloir. Il était évident que des renforts arrivaient. Le vieil homme lança un regard qui semblait à nouveau complètement paniqué vers la jeune noble. Celle-ci écarta les mains en signe d’impuissance. Elle ne pouvait rien faire contre l’entièreté du Service, et si elle n’avait pas eu cette conversation avec sa sœur Valeraï qui avait tant décrié son nouveau chef, elle aurait pensé que l’arrestation de l’intrus était la meilleure chose qui puisse se passer. Mais elle n’était pas sûre à présent. Et lorsqu’il s’approcha d’elle avec un air de conspirateur, elle se raidit mais écouta attentivement.

« Je dois fuir… Ils arrivent ! Mais je reviendrai ! L’Intendant doit savoir… Vous devez m’aider… Il doit savoir… Cartogan n’est pas celui qu’il dit être ! »

Le vieil homme avait prononcé ses derniers dans un murmure. Il avait les yeux plus écarquillés que jamais et la bouche ouverte et figée, comme un illuminé. Un moment de silence passa, rompu par un spasme de douleur de l’homme au sol. Vedraï cherchait ses mots. Elle devait impérativement en apprendre plus. Alors qu’elle s’apprêtait à ouvrir la bouche, un cri retentit à l’autre bout du couloir :

« Il est là ! Attrapez-le ! »


Cinq hommes en noir venaient de surgir. Le vieil espion réagit immédiatement. Il courut vers la fenêtre la plus proche et sauta sans hésiter. Vedraï étouffa un cri et resta paralysée un instant, la bouche ouverte bêtement, ses yeux fixés sur la fenêtre d’où l’intrus venait de disparaître. Ils étaient au troisième étage et la cour de la Citadelle n’était que dures pierres blanches. Aucune végétation pour amortir la chute, si ce n’était bien sûr l’Arbre Blanc de Gondor qui trônait en son centre. Après ce moment d’ébahissement, la jeune femme retrouve finalement ses sens et se précipita à la fenêtre… et vu immédiatement qu’une sorte de grappin était attaché à son rebord, avec une mince corde à son bout. L’espion ne devait avoir eu qu’un instant pour le fixer en même temps qu’il plongeait dans le vide. Elle eut à peine le temps de voir sa silhouette sombre qu’elle se faisait violemment écartée de la fenêtre par un homme de même taille qu’elle, dont les cheveux et la barbe étaient coupés court. Il aboya :

« Là ! Poursuivez-le ! »

Un de ses hommes enjamba la balustrade et saisit la corde utilisée par le vieil espion, mais le grappin céda un moment plus tard, entraînant l’agent dans une chute terrible. L’angle étrange de ses membres sur le sol blanc de la Cour de la Fontaine ne laissait présager rien de bon.

« Gardes ! » aboya Rhydon pour attirer l’attention de ces derniers. Certains avaient déjà pris en chasse l’intrus, mais leur lourd équipement les gênait pour tenter de le rattraper. D’autres se dirigeaient vers le malheureux au pied du bâtiment. Le nouveau directeur du service secret, que Vedraï n’avait eu aucune peine à reconnaître grâce à la description de sa soeur, intima silencieusement à deux de ses acolytes de poursuivre la traque par les escaliers, même si, à son expression furieuse, il était clair qu’il trouvait que c’était trop tard. Puis soudainement, il saisit le poignet de la jeune femme et s’exclama :

« Vous ! Vous allez me suivre docilement en salle d’interrogation pour m’expliquer ce que vous foutiez avec cet homme ! »

Vedraï tenta de dégager son bras violemment, mais le maître espion avait une poigne de fer. Elle adopta alors sa meilleure expression de noble indignée et s’écria :

« De quel droit ? Je suis Vedraï d’Illicis ! Je venais voir mon oncle quand cet individu m’a bousculée dans sa fuite… Vous feriez mieux de me lâcher et vous occuper plutôt de recruter de meilleurs gardes, ceux-là n’étaient clairement pas à la hauteur… »

Rhydon hésita un instant avant de finir par lâcher Vedraï en marmonnant quelque chose. Décidément, être la nièce de l'Intendant avait vraiment du bon. En deux gestes, il ordonna à son dernier acolyte de s’occuper de l’agent blessé gisant au sol et signifia à la jeune femme de déguerpir. Elle ne se fit pas prier, mais renonça à aller voir l’Intendant. Elle devait absolument parler à son espionne de sœur auparavant. Les paroles du vieil homme résonnaient dans sa tête. Cartogan n’est pas celui qu’on croit. Cela ne pouvait que conforter Valeraï dans ses inquiétudes à propos de l’obsession de tout contrôler du Général.

Il y avait dans la Cité Blanche un fugitif, un espion renégat qui semblait connaître un lourd secret à propos du tout-puissant Cartogan. Et Valeraï, alias Neige, Capitaine du Service Secret de l’Arbre Blanc, avait tout intérêt à le retrouver avant son nouveau supérieur.

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