7 résultats trouvés pour Vedraï

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Sujet: Rencontrer l'Intendant
Radamanthe

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Rechercher dans: Le Palais   Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Rencontrer l'Intendant    Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 18 Juil 2017 - 23:01




Les deux gardes de la Citadelle parés de leurs heaumes ailés inspectèrent brièvement la jeune femme de la tête aux pieds avant de décroiser leur lance menaçante afin de la laisser passer. Les gardes l’avaient reconnue. En pénétrant dans le dernier niveau de la Cité Blanche, Vedraï songea une fois de plus à quel point être la nièce de l’Intendant avait des avantages. Depuis l’assassinat du Prince Aleth, les mesures de sécurité avaient été renforcées comme jamais, et peu de gens pouvaient se vanter d’entrer aussi facilement dans la Citadelle de Gondor. Quel paradoxe pour celle qui quelques mois auparavant voguait en compagnie des pirates qui avaient déchiré le Harondor. C’était un pan de son histoire qu’elle était bien décidée à oublier et à garder secret jusqu’à sa mort, et pour le moment elle réussissait plutôt bien.

Cette parenté avec Alcide d’Illicis avait des inconvénients aussi. Principalement le fait que bien des gens tentaient d’entrer dans les bonnes grâces de son oncle. Elle ne comptait plus le nombre d’hommes qui lui avaient fait la cour dans le but de se rapprocher de l'Intendant. Jeunes nobles prétentieux ou vieux marchands dégoutants, c’était tous des lèches-bottes dont elle méprisait les tentatives désespérées. Et puis il y avait ceux qui l’interpellaient à l’improviste en la suppliant d’intervenir en leur faveur, pour telle entreprise en faillite ou tel conflit puéril de voisinage. Vedraï avait parfois du mal à rester courtoise, mais elle n’éprouvait aucune difficulté à les envoyer paître sans arrière-pensée. Sauf bien sûr quand la requête venait de sa propre sœur.

Valeraï avait surgi dans ses appartements la veille, visiblement énervée. En entendant le ton rauque que prenait la voix de l’espionne, habituellement si cristalline, Vedraï devina aisément qu’elle venait de crier à pleins poumons pendant un certain temps. Cela ne lui ressemblait pourtant pas. Son aînée avait pourtant la réputation de garder toujours son sang-froid. De ses cheveux blancs à son calme glacial, elle méritait décidément bien son surnom de Neige. Mais Neige semblait animée par les flammes de l’enfer, ce soir-là. Elle expliqua d’une traite que leur oncle avait fait une grave erreur, qu’il avait laissé le Général Cartogan installer un de ses hommes à la tête du service secret de la Cité, alors qu’on ne savait même pas ce qu’était devenu Gilgamesh. Vedraï ne savait pas qui était Gilgamesh mais elle ne comprenait pas ce que sa demi-sœur reprochait au Général. Le peu qu’elle avait vu que ce dernier, car elle évitait autant que possible tous les dirigeants susceptibles de lui poser trop de question, tout lui faisait penser à un meneur d’homme efficace, certes particulièrement féru d’ordre et de discipline, mais quel militaire ne l’était pas ? Père était de la même trempe, songea-t-elle. Les deux sœurs étaient bien placées pour s’en souvenir. Il aurait probablement même pu être le Général en chef de la Cité, à la place de Cartogan, s’il n’était pas mort héroïquement dans les plaines glacées du Nord contre les hordes du tyran au dragon.

Mais l’espionne ne partageait manifestement pas sa vision du chef des armées. Vedraï l’invita à s’asseoir et servit un verre de vin dans une tentative de calmer l’atmosphère. Valeraï l’avait vidé d’un trait et avait repris de plus belle. Elle ne pouvait pas comprendre. Le Service de l’Arbre Blanc n’avait jamais fait partie de l’armée. C’était depuis toujours un organe indépendant et ce n’était vraiment pas une bonne chose que le Général cherche à s’en mêler. Il dirigeait déjà l’armée d’une main de fer, vouloir mettre les espions à sa botte était la preuve de son ego démesuré et de son obsession pour tout contrôler. Et cela concentrait toute la force de frappe du Royaume entre ses mains.

« Quand Radamanthe était Intendant, » avait-elle fini par déclarer, « le Service était sous sa responsabilité. Et on peut ricaner de lui autant qu’on veut depuis la perte de son Emirat, mais à l’époque, il apportait autant d’attention au Service que Gilgamesh lui-même… »

Vedraï s’était crispée un instant lors que Valeraï avait évoqué le nom de l’Emir déchu. Elle espérait que sa demi-sœur ne l’avait pas remarqué, elle qui semblait tenir l’ancien Intendant en grande estime. Vedraï, elle, avait surtout l’habitude d’entendre son surnom d’Usurpateur et elle estimait surtout que c’était de lui qu’elle avait le plus à craindre si son passé était révélé. Heureusement, il n’avait toujours pas reparu en Cité Blanche depuis sa prétendue querelle avec son successeur. L’espionne semblait le regretter. Elle jurait dur comme fer qu'un équilibre était nécessaire et que si leur oncle ne gardait pas un certain contrôle sur les hommes de l’ombre du Service, son pouvoir ne serait bientôt plus qu’une façade par rapport à l’ogre Cartogan. Le Général s’était même mêlé des négociations avec les Nurniens. Il n’avait pourtant rien d’un diplomate. Alcide devait réagir, et l’espionne avait supplié sa sœur d’intervenir. Neige, la fille illégitime, avait trop peu côtoyé leur oncle pour savoir comment il réagirait si elle agissait elle-même. Mais Vedraï  saurait se faire écouter, elle en était certaine.

C’est pourquoi la jeune noble se retrouvait à pénétrer dans le Palais en lui-même, après avoir été de nouveau stoppée par des Gardes de la Citadelle. Ils l’avaient retenue plus longtemps que ceux à l’entrée du septième cercle, alors qu’ils avaient déjà dû la voir une dizaine de fois. On ne lésinait décidément pas sur la sécurité. Un intrus n’avait aucune chance d’entrer dans la demeure du Roy, à présent.

Mais Vedraï ne venait pas voir le Roy, simplement l’Intendant. Elle s’était sentie obligée d’accepter la requête de sa demi-sœur, mais au fond d’elle, elle savait qu’elle n’aurait pas dû. Se laisser entraîner dans des intrigues politiques était la pire chose qu’elle puisse faire. C’était le meilleur moyen pour que des rivaux d’Alcide d’Illicis s’intéressent à elle, avec le risque évident qu’ils découvrent son passé parmi les pirates. Et à ce moment-là, le pouvoir qu’exerçait son oncle risquait d’être fameusement mis à mal. Ou que son oncle n'accepte pas ses conseils et décide de la renvoyer mener une vie ennuyante à Linhir, loin de la capitale. Elle devrait choisir soigneusement ses mots, elle en était bien consciente. Et elle se les repassait déjà tellement dans sa tête qu’elle remarqua au dernier moment l’homme qui venait de surgir de derrière en coin en courant. La collision fut inévitable.

Le choc violent les envoya tous les deux au sol. Bien qu’elle fût entraînée en arrière, Vedraï eut la chance que sa tête ne frappe pas le sol. Mais elle sentait tout le poids de l’homme, qui était tombé sur elle. Après un instant de stupéfaction, elle reconnut immédiatement qu’elle était en danger. Elle sentit deux mains noueuses mais fermes se resserrer sur ses poignets. Elle réagit instinctivement a administra un formidable coup de genoux dans l’estomac ou l’entrejambe de son agresseur. Les mains de ce dernier tressaillirent mais ne relâchèrent pas l’étreinte. Elle répéta l’expérience et l’homme lâcha enfin prise. Grâce à ses mains libérées, elle se propulsa en arrière de deux pas sur le sol et repoussa violemment son agresseur du plat du pied. Instinctivement, la nature de combattante de la jeune fille reprenait le dessus. Elle savait que si on comprenait qu’elle était tout à fait capable de se battre, cela allait mener à des questions indiscrètes, mais elle n’avait pas le choix. Alors que d’un mouvement elle s’était relevée à genoux, elle put enfin apercevoir le visage de son agresseur. Quelle surprise ce fut lorsqu’elle remarqua qu’il s’agissait d’un vieil homme en tenue de voyage.


Ce dernier avait l’air tout aussi étonné de la voir. Il ouvrait des grands yeux écarquillés et après un bref instant de silence, il demanda d’une voix hésitante :

« Vous n’êtes pas avec eux ? »

« Eux ? Qui ? » s’entendit répondre machinalement Vedraï. Elle essayait maintenant d’atteindre le poignard qui était caché en permanence à l’intérieur de sa botte. Elle avait prié pour n’avoir jamais à utiliser cette mesure de sécurité qui ne ferait que la trahir, et elle se disait à l’instant que si elle répondait correctement, elle arriverait peut-être à retarder encore ce moment.

« Eux ! Les hommes de Cartogan ! Ils veulent m’empêcher de voir l’Intendant ! »

« L’Intendant ? Mais c’est mon oncle ! Je peux vous mener à lui. Je n’ai rien à voir avec le Général . »


Vedraï réfléchissait à toute vitesse. Le meilleur moyen de s’en sortir sans faire de vagues était certainement de faire semblant de collaborer avec le vieil homme. Il y aurait immanquablement de nouveaux gardes devant la porte de l’Intendance, et même si l’intrus avait vraiment quelque chose d’important à dire à son oncle, il pourrait toujours le faire, mais fermement maintenu par deux hommes en armes.

« Sa nièce ? O Elbereth, tout n’est pas perdu. J’ai eu si peur que la disparition de Gilgamesh ait tout ruiné. » répondit le vieil homme, qui avait davantage l’air de parler tout seul qu’à la jeune femme. « Seul Melkor sait dans quelles mains ont atterri ma dernière lettre… J’aurais préféré voir la Tête bien sûr, mais l’Intendant devra faire l’affaire… »

Gilgamesh. C’était la deuxième fois en deux jours que Vedraï entendait ce nom. La conversation avec son espionne de sœur lui avait permis de comprendre qu’il s’agissait de l’ancien chef des services secrets, dont la disparition était un nœud du problème. Elle songea maintenant que le vieil homme devait certainement être un espion lui aussi. Cela expliquait pourquoi il était aussi fort et souple malgré son âge. Il s’était relevé avant elle et ne semblait garder aucune séquelle de leur bref combat. Vedraï, elle, sentait ses membres qui la tançaient de partout. Et même maintenant qu’elle s’apprêtait à lui indiquer le chemin, elle n’osait pas détourner le regard un seul instant. Elle restait prête à bondir sur le vieil homme on moindre geste suspect. Elle n’eut pas à le faire, cependant, car quelqu’un s’en chargea pour elle.

Une silhouette sombre et silencieuse surgit du même couloir d’où le vieil homme était arrivé et se jeta sur celui-ci. Le combat fut bref mais intense. Le vieux profita de l’élan de son adversaire pour le faire passer par-dessus lui d’un habile mouvement du bras gauche. Il enchaîna immédiatement d’un puissant crochet du droit alors que le nouveau venu avait été projeté contre le mur. Il s’écroula immédiatement au sol. Malgré que son né fut en sang, Vedraï pu voir un visage juvénile, entouré de cheveux blonds foncés. Il n’avait probablement même pas dix-huit ans mais portait un uniforme qui n’était pas sans rappeler celui de sa sœur. Il s’agissait certainement d’un jeune espion du Service. Et le vétéran n’en avait fait qu’une bouché.

Mais des nombreux bruits de pas se faisaient entendre tout au bout du couloir. Il était évident que des renforts arrivaient. Le vieil homme lança un regard qui semblait à nouveau complètement paniqué vers la jeune noble. Celle-ci écarta les mains en signe d’impuissance. Elle ne pouvait rien faire contre l’entièreté du Service, et si elle n’avait pas eu cette conversation avec sa sœur Valeraï qui avait tant décrié son nouveau chef, elle aurait pensé que l’arrestation de l’intrus était la meilleure chose qui puisse se passer. Mais elle n’était pas sûre à présent. Et lorsqu’il s’approcha d’elle avec un air de conspirateur, elle se raidit mais écouta attentivement.

« Je dois fuir… Ils arrivent ! Mais je reviendrai ! L’Intendant doit savoir… Vous devez m’aider… Il doit savoir… Cartogan n’est pas celui qu’il dit être ! »

Le vieil homme avait prononcé ses derniers dans un murmure. Il avait les yeux plus écarquillés que jamais et la bouche ouverte et figée, comme un illuminé. Un moment de silence passa, rompu par un spasme de douleur de l’homme au sol. Vedraï cherchait ses mots. Elle devait impérativement en apprendre plus. Alors qu’elle s’apprêtait à ouvrir la bouche, un cri retentit à l’autre bout du couloir :

« Il est là ! Attrapez-le ! »


Cinq hommes en noir venaient de surgir. Le vieil espion réagit immédiatement. Il courut vers la fenêtre la plus proche et sauta sans hésiter. Vedraï étouffa un cri et resta paralysée un instant, la bouche ouverte bêtement, ses yeux fixés sur la fenêtre d’où l’intrus venait de disparaître. Ils étaient au troisième étage et la cour de la Citadelle n’était que dures pierres blanches. Aucune végétation pour amortir la chute, si ce n’était bien sûr l’Arbre Blanc de Gondor qui trônait en son centre. Après ce moment d’ébahissement, la jeune femme retrouve finalement ses sens et se précipita à la fenêtre… et vu immédiatement qu’une sorte de grappin était attaché à son rebord, avec une mince corde à son bout. L’espion ne devait avoir eu qu’un instant pour le fixer en même temps qu’il plongeait dans le vide. Elle eut à peine le temps de voir sa silhouette sombre qu’elle se faisait violemment écartée de la fenêtre par un homme de même taille qu’elle, dont les cheveux et la barbe étaient coupés court. Il aboya :

« Là ! Poursuivez-le ! »

Un de ses hommes enjamba la balustrade et saisit la corde utilisée par le vieil espion, mais le grappin céda un moment plus tard, entraînant l’agent dans une chute terrible. L’angle étrange de ses membres sur le sol blanc de la Cour de la Fontaine ne laissait présager rien de bon.

« Gardes ! » aboya Rhydon pour attirer l’attention de ces derniers. Certains avaient déjà pris en chasse l’intrus, mais leur lourd équipement les gênait pour tenter de le rattraper. D’autres se dirigeaient vers le malheureux au pied du bâtiment. Le nouveau directeur du service secret, que Vedraï n’avait eu aucune peine à reconnaître grâce à la description de sa soeur, intima silencieusement à deux de ses acolytes de poursuivre la traque par les escaliers, même si, à son expression furieuse, il était clair qu’il trouvait que c’était trop tard. Puis soudainement, il saisit le poignet de la jeune femme et s’exclama :

« Vous ! Vous allez me suivre docilement en salle d’interrogation pour m’expliquer ce que vous foutiez avec cet homme ! »

Vedraï tenta de dégager son bras violemment, mais le maître espion avait une poigne de fer. Elle adopta alors sa meilleure expression de noble indignée et s’écria :

« De quel droit ? Je suis Vedraï d’Illicis ! Je venais voir mon oncle quand cet individu m’a bousculée dans sa fuite… Vous feriez mieux de me lâcher et vous occuper plutôt de recruter de meilleurs gardes, ceux-là n’étaient clairement pas à la hauteur… »

Rhydon hésita un instant avant de finir par lâcher Vedraï en marmonnant quelque chose. Décidément, être la nièce de l'Intendant avait vraiment du bon. En deux gestes, il ordonna à son dernier acolyte de s’occuper de l’agent blessé gisant au sol et signifia à la jeune femme de déguerpir. Elle ne se fit pas prier, mais renonça à aller voir l’Intendant. Elle devait absolument parler à son espionne de sœur auparavant. Les paroles du vieil homme résonnaient dans sa tête. Cartogan n’est pas celui qu’on croit. Cela ne pouvait que conforter Valeraï dans ses inquiétudes à propos de l’obsession de tout contrôler du Général.

Il y avait dans la Cité Blanche un fugitif, un espion renégat qui semblait connaître un lourd secret à propos du tout-puissant Cartogan. Et Valeraï, alias Neige, Capitaine du Service Secret de l’Arbre Blanc, avait tout intérêt à le retrouver avant son nouveau supérieur.

Sujet: [Passé] Des Doutes de Pirates
Reznor

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Rechercher dans: Le Port de Harlond   Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Passé] Des Doutes de Pirates    Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 25 Juin 2017 - 23:24

23 Mars de l’An 301 du quatrième Âge, 7 jours après le mariage d’Aldarion et Dinael

Où qu’elle aille, dans n’importe quelle direction qu’elle se dirige, Vedraï sentait le poids des regards se tourner vers elle. Certains la dévisageaient ouvertement, d’autres lui lançaient des petits regards furtifs, tandis que d’autres encore attendaient qu’elle ait tourné la tête pour l’observer à loisir derrière son dos. Il fallait dire que depuis le coup de théâtre qui avait suivi l’arrestation du pirate Reznor, la jeune femme était un sujet de prédilection à la cour du Roy de Gondor.

Il y avait ceux, et c’était les plus nombreux, qui se contentaient de trouver incroyable que la nièce de l’Intendant réapparaisse vivante des années après avoir disparu. Et prisonnière d’un bateau pirate qui plus est ! Par les Valar, quel sacré calvaire devait-elle avoir vécu… Il y en avait d’autres qui faisaient part d’une animosité à peine voilée envers la jeune femme. Ceux-là semblaient considérer que c’était par sa faute que l’on avait dû libérer le Capitaine Reznor, qui aurait fait un otage précieux. Ces partisans de la guerre totale avec Umbar en voulaient aussi à son oncle, qui, d’après eux, n’aurait jamais dû accepter l’échange proposé par le pirate. Vraiment, cette Vedraï n’en valait pas la peine.

Il y avait également ceux qui regardaient la jeune noble avec le plus grand intérêt. Elle était après tout célibataire et ma foi fort jolie. D’une noblesse et d’une fortune correcte, cela suffisait de faire d’elle un parti intéressant. Mais bien sûr, le plus important était le fait qu’elle était la nièce du nouvel Intendant de Gondor. Tous ces nobles t estimaient qu’un mariage avec la belle Vedraï, pour eux-mêmes ou pour leur fils, était le meilleur moyen d’entrer dans les bonnes grâces du deuxième personnage du Royaume. Mais à vrai dire, tous ces gens-là, les intrigués, les fâchés, les envieux et les intéressés, Vedraï s’en fichait pas mal. Il restait une dernière catégorie qui la préoccupait nettement plus. Il s’agissait des gens en qui résidait le vrai pouvoir. Ceux qui allait immanquablement s’intéresser à son cas et avec lesquels chaque interaction serait comme marcher sur des charbons ardents, car le moindre faux pas l’enverrait droit au bûcher.

Parmi ceux-là, l’homme qui était le plus proche d’elle, de par ses liens familiaux, était aussi celui qu’elle craignait le plus, car en tant qu’Intendant son oncle Alcide était un des hommes les plus puissants du Gondor. Aussi avait-elle été quelque peu rassurée quand, le soir de l’échange, celui-ci s’était contenté d’échanger avec elle pendant un bref quart d’heure, avant de décréter que sa nièce devait être emmenée aux Maisons des Guérison pour s’assurer qu’elle était en bonne santé et qu’ils poursuivraient leur conversation le lendemain. Vedraï n’avait pas protesté, car elle n’avait aucun intérêt à sous-entendre qu’elle avait bien été traitée par les pirates, et cela lui permettait de peaufiner l’histoire qu’elle allait raconter à son oncle pour justifier sa disparition.
Les guérisseurs qui s’étaient occupés d’elle avait bien trouvé çà et là quelques cicatrices et traces de coups, vestiges de son passage dans la piraterie, ils avaient vite déclaré que la jeune femme était bien portante. Elle ne semblait pas non plus avoir subi de traumatisme, et ils la laissèrent rapidement seule dans sa chambre. Et, après une nuit sans sommeil qu’elle avait passé à s’inquiéter sur son sort, son oncle Alcide s’était présenté en milieu de matinée. Il était seul, ce qui fit grincer des dents à Vedraï. Elle aurait préféré raconté son histoire à toutes les personnes intéressées du premier coup. Moins de risques de se contredire.

Alcide s’était d’abord assuré que la jeune femme allait bien, et qu’il était on ne peut heureux de la revoir vivante, quelles que soient les circonstances, car il devait reconnaître qu’il ne l’espérait plus. Et bien sûr, après quelques échanges divers, le sujet s’était bien entendu porté sur ce qui s’était réellement passé.

« Je m’excuse, mon oncle… » avait commencé Vedraï. « Tout est ma faute. Rien de tout cela ne se serait passé si je ne m’étais pas enfuie de la villa d’Arzawa… »

Elle avait décidé d’opter pour une version qui n’était pas trop éloignée de la vérité. Pas question d’inventer un enlèvement ou quoi que ce soit de ce genre. Le risque était grand, car en admettant sa responsabilité, elle n’avait aucune certitude d’obtenir le pardon de l’Intendant. Elle commença à raconter qu’elle ne voulait pas d’un mariage arrangé avec un noble gondorien, qu’elle avait envie d’aventures. Et elle avait rencontré un homme, un Harondorim qui gagnait sa vie en escortant des caravanes de marchands. Elle en était tombée amoureuse et avait fugué pour le rejoindre. Elle avait parcouru le Harondor avec lui, jusque-là au moins son récit restait proche de la vérité.

« C’est à Al’Tyr que tout a basculé. Il y a eu des troubles dans la cité. Jamil s’est fait tuer. Je me suis retrouvée seule, sans argent, sans rien… Après plusieurs jours à mendier dans la rue, j’ai pu trouver une taverne qui voulait bien m’employer comme serveuse. Non mon oncle, ne vous inquiétez pas, pas ce genre d’établissement. La situation n’était pas glorieuse, mais je ne suis jamais tombée aussi bas. Je mettais péniblement quelques pièces de côté, dans l’espoir de pouvoir me payer une place sur un navire à direction du Gondor ou d’Arzawa… Malheureusement, le nouveau gouvernement d’Al-Tyr n’était pas favorable à la domination du Gondor… La plupart des échanges se faisait vers le sud. J’ai décidé de tenter ma chance par la route, vers Arwa, dans l’espoir de rejoindre Dur’Zork… »

C’est à ce moment-là du récit qu’elle s’était détournée de sa véritable histoire. Car depuis Al’Tyr, c’était directement Umbar qu’elle avait rejoint, avec une toute autre carrière à la clé. Elle avait poursuivi son récit, l’inventant maintenant du tout au tout. Fort heureusement, son oncle ne l’avait quasi jamais interrompue, se contentant que quelques exclamations et interrogations par moment. Et quand elle eut fini, la réaction d’Alcide rassura fortement la jeune femme. Il semblait n’émettre aucun doute la véracité de son histoire, et mieux, il ne lui gardait aucune rancune pour sa fuite. La joie de la revoir vivante semblait être le sentiment dominant auprès de l’Intendant. Il avait poussé un soupir de soulagement lorsqu’elle lui avait annoncé qu’elle n’avait pas été maltraitée par les pirates, qu’elle avait passé tout le voyage prisonnière dans une étroite cabine. Il ne parut même pas déçu quand elle lui dit que du coup, elle n’avait entendu aucune information intéressante fuiter dans des discussions de pirates. La seule chose qu’elle put lui raconter était que, une fois on l’on vint ouvrir la porte alors que les Seigneurs Pirates étaient en pleine discussion, elle avait entendu que Reznor comptait retourner directement à Umbar, mais qu’il devait déposer Yse à Al’Tyr où elle comptait rester un mois… mais elle n’avait pas entendu pourquoi…

Et le jour suivant, elle put compter sur son soutien en public, ce qui lui fit encore plus plaisir. D’abord lorsqu’un nobliau murmura derrière qu’on aurait jamais du l’échanger contre le pirate Reznor. Alcide, qui l’avait entendu, déclara haut et fort que Reznor importait quand Taorin croupissait toujours en prison. Au-delà, de la joie d’avoir été défendue par son oncle, ce fut le choc pour Vedraï. Taorin ? En prison ? C’était une nouvelle source d’inquiétude. Elle n’avait certes jamais échangé avec le Chien Borgne, celui-ci devait tout de même avoir entendu parler d’elle. Et que devait-elle faire ? Tenter de lui porter assistance discrètement, ou l’ignorer du tout au tout ?

Alcide intervint une deuxième lorsqu’une vieille dame au visage outrageusement maquillé vint à critiquer la tenue de Vedraï. S’il y avait bien une chose que celle-ci ne puisse concevoir, c’était de porter les énormes robes pleines de fioritures prisées par l’ancienne aristocratie. Heureusement, l’invitation surprenante de la reine Lyra au mariage avait importé avec elle la mode rhûnienne. Il n’était pas rare en Rhûn que les femmes s’habillent de façon plus masculine, avec des pantalons amples ou simplement une jupe par-dessus des braies classiques. De nombreuses gondoriennes s’étaient rapidement attribuées cette mode et, habituée à sa vie de pirate, Vedraï leur avait emboité le pas avec joie et soulagement. Après qu’ils se soient faits rabroués publiquement par l’Intendant, Vedraï n’avait plus vu ni le jeune noble, ni la vieille dame le lendemain à la cour.

Cependant, il y avait d’autres personnages importants avec qui elles n’avaient pas les rapports privilégiés qu’elle avait avec son oncle. Elle redoutait particulièrement Radamanthe. L’ancienne pirate se rendait bien compte que, même en ayant perdu la moitié du Harondor et sa capitale, même si les gens le raillaient derrière son dos, l’ancien bourreau restait un des personnages les plus puissants du Royaume. Entre la moitié de l’Emirat et la Principauté d’Ithilien, le territoire dirigé par Radamanthe équivalait, au niveau de la superficie, à la moitié du Gondor. Et l’Emir déchu n’avait aucune raison de l’aimer. S’il y en avait un qui devait être particulièrement furieux qu’elle ait été échangée contre la libération de Reznor, ça devait bien être Radamanthe. Ce dernier devait en effet certainement estimer que c’était à cause du capitaine pirate et de ses troupes, que Dur’Zork était tombée. En effet la manœuvre de Radamanthe au moment décisif de la bataille avait été astucieuse, et elle aurait pu lui valoir la victoire… si Reznor n’était pas arrivé du Nord-Ouest au moment opportun, à l’improviste comme à son habitude et ainsi prendre les forces loyalistes en tenaille. Et qui plus est, certains murmuraient qu’il y avait des tensions entre Radamanthe et son oncle Alcide. Le premier avait été lui-même Intendant, poste qu’il avait abandonné lorsqu’il avait acquis le titre d’Emir. L’Intendance était resté vacante plusieurs années, avant qu’Alcide reprenne le poste… peu avant que Radamanthe ne perde sa capitale. Si l’on ajoutait à cela que l’Ithilien, dont Radamanthe restait le Prince, était normalement liée à l’Intendance…
Vedraï comprenait bien que Radamanthe avait toutes les raisons de la haïr, et elle le craignait plus que tout. Elle savait que si elle laissait échapper la moindre information, que si l’Emir avait le moindre soupçon, il avait les moyens de creuser jusqu’à révéler son histoire au grand jour… et ça ne serait pas seulement elle mais aussi sa famille qui en pâtirait.

La première nuit, aux Maisons de Guérison, elle en était même arrivée à faire un nouveau cauchemar à son sujet. Elle revoyait sa face barbue, plaquée à quatre pouces de son visage, et l’Emir lui posait un milliard de questions, toujours plus proches de la vérité. Et soudain, il ôtait le cache-œil qu’il portait depuis l’escarmouche de l’enlèvement du fils de Méphisto, et à la place d’une blessure béante, il y avait une sorte de petit palantir, une pierre de vision, et Radamanthe s’écriait :

« J’ai tout vu ! Je sais tout de toi, Vedraï d’Illicis ! Je t’ai vu trahir ton pays et te vendre aux pirates ! Et pour ça, tu vas mourir !»


Heureusement, elle s’était réveillée avant de revivre la scène d’exécution de son premier rêve. Et la nuit précédente, elle avait pu dormir tranquille. En effet, elle avait appris que Radamanthe n’était plus à Minas Tirith. Il avait, parait-il prétexté une urgence pour repartir dans sa capitale de l’Ithilien. Mais on murmurait qu’il était entré dans une rage folle à la libération de Reznor, et qu’on avait entendus ses éclats de voix tard la nuit dans le bureau de l’Intendance. Il était parti au petit matin. Voilà qui avait le don de soulager Vedraï, mais la jeune femme était bien consciente que Radamanthe finirait tôt ou tard par revenir en la Cité Blanche, et là, elle ne pourrait pas éviter leur face à face.

C’était le deuxième jour qu’elle déambulait à la cour du Roy Méphisto, deux jours depuis l’échange fatidique, et Vedraï se rendait compte que même en l’absence de l’Emir, bien d’autres dangers guettaient. D’abord ce mystérieux général, Cartogan, qui, en tant que chef de l’armée, devait certainement avoir participé à l’arrestation de Taorin et Reznor ? Personne n’avait dit mot à ce sujet, mais elle en était convaincue. Elle devait même se méfier des marchands. On racontait que le maître de la Compagnie du Sud, Saemon Havarian, était un personnage louche, et faisait bien plus que du négoce. Tantôt on le disait au service d’Aldarion, tantôt de Radamanthe. Certaines l’apparentaient à des organisations dont Vedraï n’avait jamais entendu parler, comme la Couronne d’Enfer ou les Pêcheurs d’Etoiles. Mais la jeune femme n’avait aucune envie de mêler le vrai du faux, et se jura de rester bien loin de ce mystérieux personnage. Et puis il y avait ce visage familier qu’elle avait finalement aperçu dans la foule, après avoir passé deux jours à le guetter avec anxiété. A vrai dire, c’était grâce à ses cheveux, d’une couleur si particulière, qu’elle l’avait reconnue tout de suite. Sa demi-sœur, Valeraï. C’était, après tout, un peu à cause d’elle que Vedraï avait fugué. Par jalousie.

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Valeraï était l’aînée, mais avant tout elle était le fruit d’une aventure de jeunesse de leur père commun. Fille illégitime, elle était restée malgré tout à Linhir, avec ses petites sœurs de bonne naissance, du moins jusqu’à ses douze ans. Elle avait alors été envoyée à Minas Tirith, pour poursuivre son éducation, avait-on dit. Vedraï n’avait pas compris, à l’époque. Elle aussi continuait d’être éduquée, mais toujours à Linhir… Ce n’est que quelques années plus tard qu’elle avait saisi qu’il s’agissait d’une éducation particulière, car Valeraï avait été confiée au Service de l’Arbre Blanc.

Ayant disposé d’une éducation de noble, tout en ne pouvant prétendre à aucun titre, Valeraï était la candidate idéale pour entrer dans l’espionnage. Athlétique et aventureuse, Vedraï avait trouvé en elle une sorte de modèle. Et lorsqu’elle apprit ce que sa demi-sœur faisait réellement, elle s’était toujours dit qu’elle voulait suivre la même voix… jusqu’à ce que son père l’apprenne et mette fin à ses illusions. Vedraï était une d’Illicis, sa place n’était pas de faire les sales boulots du Gondor. La jeune fille ne l’avait acceptée bien sûr, et cette frustration avait joué un grand rôle dans sa fugue. Et voilà, que sa grande sœur apparaissait devant elle, dans un contexte différent cette fois. Car Valeraï faisait toujours partie de l’Arbre Blanc, et à en juger par son accoutrement, Vedraï jurait qu’elle devait faire partie des gradés. Elle portait une tunique noire dont les ornements en argent faisaient immanquablement penser à une tenue d’officier. Et elle ne se cachait pas, laissant penser que les basses besognes étaient depuis longtemps derrière elle.

« Vedraï ! J’avais peur de ne jamais te revoir… »

« Valeraï… Je n’en reviens pas moi-même d’être de retour en Gondor après si longtemps… »

« Quel bonheur de te retrouver, petit sœur… »


Elles s’installèrent dans une alcôve à l’écart et parlèrent pendant des heures. Cette conversation permit à Vedraï d’apprendre une foule d’informations importantes. Les circonstances de la mort de leur père Sylphide, lors de ce terrible affrontement aux confins du monde. Qu’il valait mieux ne pas appeler sa demi-sœur par son vrai nom en public, car ici tout le monde la connaissait sous le surnom de Neige. L’ascension de leur oncle au poste d’Intendant. Tous les développements qu’avait connus le Gondor depuis sa fugue. Mais le sujet le plus important fut bien sûr les aventures de Vedraï. Ce fut une épreuve terrible pour la jeune femme. Elle avait cette envie folle de raconter toute la vérité à sa sœur, mais elle se rendait bien compte que son métier était précisément d’interpeller les traîtres. Elle ne savait pas comment sa sœur aurait réagi à la vérité. Pouvait-elle compter sur leur proximité pour la protéger. Au final, Vedraï s’en tint à la même version qu’auprès d’Alcide, et mentit à celle qui était jadis sa confidente.

« … j’étais restée trop longtemps à Urlok et c’est ce qui a causé ma perte. La ville n’était pas prête à l’attaque des pirates. Ce fut un massacre. Une victoire totale et facile pour Umbar. J’ai été capturée, comme des centaines d’autres. J’ai honte Val’… J’avais peur d’être livrée à ses brutes. C’est moi qui leur ai révélé qui j’étais… Ils n’en même pas dû m’arracher cette information de force, je me suis offerte moi-même en tant qu’otage… C’est de ma faute si le capitaine pirate a été relâché… »

L’espionne s’était alors rapprochée de sa petite sœur et l’avait prise dans ses bras.

« Arrête, Vedraï, tu as fait ce qu’il fallait pour te protéger. Peu importe qu’on ait laissé partir ce Reznor. Si les pirates ne t’avaient pas capturée, tu errerais encore aux confins du Harad. L’essentiel, c’est que tu es là… »

Ce jour-là Vedraï avait regagné ses appartements toute heureuse d’avoir revu sa sœur et d’avoir longtemps échangé avec elle. Pourtant, plus tard le soir, c’est en pleurant qu’elle s’effondra dans son lit. Passée l’euphorie du moment, elle réalisait pleinement à quel point son existence allait être ardue. Tant de personnages à qui la moindre parole de travers pouvait provoquer sa perte. Radamanthe, bien sûr, le taciturne Cartogan et même le mystérieux Havarian. Mais surtout ceux qui étaient le plus proche d’elle, son oncle Alcide, le nouvel Intendant, et même sa propre sœur, l’espionne Valeraï.
Non, Vedraï ne se sentait pas prête à vivre une vie dans le mensonge.

Résumé:


#Reznor #Neige #Alcide
Sujet: [Passé] Des Doutes de Pirates
Reznor

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Rechercher dans: Le Port de Harlond   Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Passé] Des Doutes de Pirates    Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 11 Juin 2017 - 23:28

20 Mars de l’An 301 du quatrième Âge, 4 jours après le mariage d’Aldarion et Dinael

« Vedraï d’Illicis. » La voix de stentor de Radamanthe sonnait comme un coup de tonnerre. « Au nom du Haut-Roy Méphisto, vous avez été condamnée à mort pour trahison envers le royaume de Gondor. »

Il avait revêtu son habit de bourreau, sans le moindre ornement, mais pour prononcer ces mots il n’avait pas encore rabattu la capuche noire, symbole de son office. En tournant la tête, Vedraï pouvait donc voir à loisir son visage marqué par la haine. Elle se trouvait juste à côté de lui, maintenue par deux gardes qui lui tenaient les bras. Les bras de Radamanthe, eux, étaient nus mais ses mains étaient gantées de noir et elles tenaient une gigantesque hache à double tranchant. C’était une arme prodigieuse, de facture naine. Elle trancherait le cou de la jeune fille en un seul coup.

« Une dernière parole ? »

La traîtresse tourna la tête, sans répondre à Radamanthe. Ses yeux se portèrent sur les personnages présents aux premières loges de son exécution.
Son père, Sylphide d’Illicis portait son armure de général. Il regardait fixement devant lui, directement vers elle, une unique larme roulait sur sa joue. Il avait le visage crispé et tentait tant bien que mal de ne pas laisser paraître d’émotion. Vedraï croisa son regard et le détourna aussitôt. Elle n’avait lu dans ses yeux bleus que déception, avec à peine une pointe de tristesse. L’avait-elle trahi à ce point ?
Juste à côté, son oncle Alcide contrastait en tout point. Le diplomate était vêtu à la manière élégante de la cour. Son regard fuyait vers les bâtiments voisins. Il n’osait même pas la regarder en face. N’était-elle pas de son sang ? Le sort de sa nièce ne l’intéressait-il donc pas ?

On la poussa soudainement dans le dos. Son mutisme avait été pris par Radamanthe comme l’autorisation de poursuivre. Les deux gardes la forcèrent à s’agenouiller, puis lui posèrent la tête contre le billot. Le bourreau couvrit le visage de son masque et saisit sa hache à deux mains. Il poussa un soupir puis eut un frisson, comme s’il réalisait pleinement l’excitation que ce meurtre suscitait en lui.

Puis vint la hache.

***

Vedraï  se réveilla en sursaut, ses draps trempés de sueur. Malgré l’obscurité, le doux roulement des vagues lui confirmait qu’elle se trouvait toujours sur le Requiem et pas aux enfers. Elle poussa plusieurs soupirs haletants avant de se décider à se lever. La tête lui tournait toujours. Tandis que ses yeux s’habituaient à la pénombre, elle distinguait Reznor qui dormait toujours dans le lit qu’elle venait de quitter.

Un rêve, juste un rêve. Un cauchemar surgi de son imagination et de ses craintes. Elle soupira de nouveau. Père était mort, depuis longtemps, emporté dans une bataille disputée bien loin d’ici. Oncle Alcide était devenu Intendant, le deuxième personnage du royaume. Radamanthe n’était plus rien.

Et elle, qu’était-elle ?

Elle enfila rapidement des vêtements, effleurant au passage le bijou qui lui pendait au nombril. Une tête de mort d’ébène enchantée pour, selon les croyances d’Umbar, lui éviter de tomber enceinte. Elle n’y croyait qu’à moitié, tout en sachant bien que si le grigri venait à faire défaut, cela compliquerait fortement sa situation.
Elle était bien consciente qu’un enfant du Seigneur Pirate lui ôtait toute chance de faire marche arrière. Mais cela faisait des années qu’elle était une pirate, pouvait-elle seulement encore être quelqu’un d’autre ?

Une fois habillée, la Gondorienne ouvrit machinalement le coffret de bois précieux où elle gardait ses rares parures. Deux paires de boucle d’oreilles, quelques bracelets et bagues, cette boîte à bijoux aurait fait mourir de rire n’importe quelle dame de la cour. Vedraï, qui s’en moquait bien,  ne put s’empêcher de porter son regard sur l’emplacement vide laissé par le petit pendentif, le seul objet de son passé qui lui restait. Son absence lui provoqua un nouveau pincement. Reznor avait insisté pour lui emprunter quelques jours auparavant, à leur arrivée en Gondor. C’était son assurance vie disait-il en souriant.
La jeune femme n’avait pas eu le cœur à rire au moment où elle avait compris le sens des paroles du capitaine. Le souvenir de la dispute qui avait suivi la faisait toujours trembler. C’était sans doute la conversation la plus douloureuse qu’elle avait eu depuis des années.

Chassant ces pensées de sa tête, elle poussa doucement la porte de la chambre et profita des derniers moments de la nuit pour se rendre sur le pont. Neuf jours qu’elle était confinée à l’intérieur. Nul ne devait la voir. Le Requiem mouillait à l’ombre de Minas Tirith, l’orgueilleuse Cité Blanche. Reznor avait assisté au mariage d’Aldarion et de Dinael, en compagnie de Taorin, Yse et Riordan. Vedraï, elle avait dut restée terrée sur le navire, à l’abri des regards de tous ceux qui risquaient de la reconnaître, à se morfondre sur son sort, sur son identité.

Elle appréhendait tellement d’être ici, à quelques miles à peine de sa famille. Cette proximité rendait ses questionnements plus intenses. Tout avait d’abord été si facile pourtant. Sa vie sur le Requiem. Son ascension en tant que lieutenant, puis en tant que second. Sa relation avec le capitaine. Cette vie au présent, sans se soucier de l’avenir. Puis il avait fallu que Umbar envahisse l’Harondor. Elle avait attaqué une province Gondorienne. Elle avait pris Arzawa en personne, la ville de son adolescence. Et maintenant qu’elle était aux pieds de Minas Tirith, elle réalisait pleinement la portée de ses actes.

Reznor s’en vint à son tour sur le pont. Pieds nus, comme elle, la chemise débraillée, l’air mal réveillé. Elle lui adressa un sourire complice. Son capitaine. Aujourd’hui, il devait rejoindre la Cité Blanche pour les négociations entre les deux Emirs, Radamanthe et Taorin. La dernière journée de négociations, elle l’espérait chèrement. Ils pourraient dès lors sortir les voiles, reprendre mer loin de son passé et de ses doutes.
Sujet: L'Expédition à Arzawa
Reznor

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Rechercher dans: Le Harad   Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'Expédition à Arzawa    Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 21 Avr 2013 - 18:58
La barge avait glissé sur le fleuve, avançant contre le courant à la force de bras des rameurs installés dans les cales et grâce au vent qui par bonheur, avait soufflé dans la bonne direction. Par bonheur car la barge n'était pas une de ces galères marchandes équipée de rangées et rangées de rameurs, non ce n'était là qu'un mode de propulsion d'appoint, pour parer aux coups durs, et avec tous les prisonniers qui avaient été réassignés à d'autres tâches, il n'en restait pas des masses pour se contenter de faire marcher les rames. Ces derniers étaient évidemment les plus à plaindre, ils allaient rester ainsi enchaînés pour ainsi dire tout le temps. Pas que ceux qui aient été choisis pour figurer de Gondoriens ne soient pas attachés eux aussi. Ils allaient cependant jouir d'une plus grande liberté de mouvement, pour faire genre, une fois arrivés à Arzawa. Tout le monde avait été transféré, trois jours plus tôt, du navire où ils avaient été entassés comme prisonniers jusqu'à un autre navire pris à Methir, les cales remplies de précieuses marchandises de toutes sortes, mais à provenance principalement du Nord. Le transfert ne s'était pas effectué sans problèmes, avec ce temps de chien. Les deux navires avaient eu beau se coller autant qu'ils le puissent, ça n'avait pas empêché deux prisonniers de finir à la mer. Un avait été repêché avec une corde, l'autre avait disparu immédiatement. Et ce, uniquement depuis le bateau sur lequel se trouvait Jakov. Le Capitaine avait manifestement opéré une sélection similaire sur le deuxième bateau de prisonniers, c'était du moins ce qu'ils avaient du constater quand d'autres prisonniers à la peau pâlotte eurent été transféré de la même façon. Là aussi, ils furent deux à manquer leur coup et pas de chance pour eux, la mer fut la plus prompte à récupérer ses victimes. Trois hommes en moins en tout, cela n'avait eut de n'émouvoir ni Reznor, ni Vedraï. Sans doute avaient-ils bien songé que ça risquait d'arriver, et un quota devait être prévu. Cela permettait d'ailleurs de limiter la présence des prisonniers à bord. Les pirates, eux, étaient tout arrivés sans soucis sur le bateau de l'expédition.

Le bateau qui avait d'abord remonté l'Anduin, chose qui n'aurait pas manquée d'être risquée si il n'affichait pas des couleurs gondoriennes. Mais c'était le cas, donc il n'y avait pas grand chose à craindre. Ce serait plus tendu lorsque les pirates devraient remonter le fleuve. Cela signifiait longer les côtes de la Principauté de Dol Amroth sur plusieurs lieues ce qui voulait dire qu'il y avait de fortes chances de se faire repérer. Il faudrait profiter du temps et de la nuit,ce qui serait tout aussi périlleux. L'Anduin était mal connu de la plupart des Capitaines, ce qui n'était pas sans surprises vu que la dernière attaque d'Umbar sur le Gondor avait vu la flotte de faire désagréger. Mais le Poros se révélerait bien plus dangereux. La rivière était loin de la largeur de l'Anduin et ses rives rocailleuses, ses nombreux bancs de sable rendaient la navigation hasardeuse, même pour une barge de commerce, et même en plein jour comme se pouvait se le permettre le navire marchand à présent baptisé Aigle de Pelargir. Or les navires pirates n'avaient pas le luxe d'être tous équipés de fonds plats, et de plus, ils devraient faire leur approche finale de nuit, d'après les plans du Capitaine. Cela rendrait la navigation nettement moins aisée, terriblement périlleuse même, surtout que la rivière formait de nombreux méandres avant d'arriver à Arzawa.

Ce n'avait pas empêché l'Aigle de Pelargir, lui, d'atteindre la ville sans encombre, et de se présenter au port sans avoir à subir davantage de contrôles que ce qui était de tradition. C'était déjà une bonne nouvelle en soi, pour les pirates. Cela signifiait vraisemblablement que l'on avait pas encore eu vent ici de la capture de Methir et de la prise de certains des bateaux mouillant là. La navire, avait avoir passé les systèmes de défenses du port, était amarré à quai. L'équipage constata des fortins qui, paradoxalement, offraient une meilleure protection que ce qui avait été rencontré à Methir, alors qu'Arzawa était sensée être moins exposée d'une attaque navale. Ce n'était pas pour leur faire plaisir, mais leur expédition avait pour but de remédier à ces problèmes justement.

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Vedraï était restée à bord tandis que celui qui avait été désigné comme capitaine du navire traitait avec la douane. C'était le second d'un capitaine fiable engagé par Reznor, Gondorien de souche, il serait crédible pour ce poste, tout comme Vedraï faisait crédible comme sa bourgeoise de fille l'accompagnant pour avoir du pays et se former quelque peu en négoces, toute fille qu'elle soit. C'était justement étrange de sa rappeler que fille elle était. Accoutrée comme elle était dans une robe et des fourrures soyeuses, on ne reconnaissait pas vraiment la pirate qu'elle était. Cela ne l'empêchait pas d'être la véritable chef des opérations, et comme c'était le faux capitaine qui était chargé de tous les tracas administratifs, les gérants du port tenant quand même à tenir, leur comptes, elle avait tout le temps de préparer le véritable but de l'expédition. En attendant l'approbation des douanes, les marchandises étaient bloquées à bord. Cela n'était en aucun cas un problème, comme rien n'interdisait les allées et venues des marins dans le port. Il était bien normal qu'il en profitent de retrouver la terre ferme, et il y avait assez à faire pour tous ceux que Vedraï avait envoyé débarquer.

"Jakov" fit la jeune femme. Elle n'avait pas manqué de remarquer que le garçon, ou la jeune fille plutôt, portait quelques traces de coups. Elle lui avait pourtant donné de quoi ce défendre. C'était toute autre chose que de savoir s'en servir. Il lui faudrait lui demander ce qui s'était passé, lorsqu'elle aurait l'occasion. Mais depuis qu'ils avaient embarqué, impossible de s'isoler avec qui que ce soit, ni même vraiment d'avoir du temps pour ça.
Elle lui présenta un jeune garçon, un mousse sur un des bateaux secondaires de Reznor. Moins âgé, qu'elle, mais appartenant au camps des pirates, lui. Ils étaient les deux plus jeunes du navires, les deux seuls qui soient encore des adolescents, et elle comptait s'en servir.

"Voici Lim. Vous allez débarquer, vous balader un peu dans la foule, vous faire oublier. Vous ne serez rien que des garçons de docks qui traînent... et puis vous irez faire un tour près des fortifications à l'entrée du port. Ayez l'air innocemment de vagabonder. Inutile d'essayer de faire discret, vous n'en seriez que plus repérables. Ayez l'air naturels, vous verrez bien quelque chose qui justifiera votre présence là-bas."

Après avoir donné quelques précisions de plus, elle les laissa aller.
Lim devait avoir quinze ans tout en plus, voire moins, selon son visage juvénile. Légèrement plus petit que Jakov, il paraissait aussi moins maigrichon, sans doute à cause de son meilleur traitement et du fait qu'il bossait dur, sur un navire. Et il était aussi nettement plus curieux, comme il s'en aperçut dès qu'ils eurent débarqué.

"Alors tu t'es fait choper à Methir, c'est ça ? Pas d'bol... Enfin, ça dépend, tu f'sais quoi là-bas ? C'est co marrant la vie de pirate, tu sais... L'aventure et tout..."

Ils prenaient le temps de flâner dans les ruelles, se fondre à la population, s'enfoncer dans les rues, tout ça dans le but de se faire oublier avant d'aller vers les guetteurs.

"C'est les pirates qui t'ont arrangé comme ça ? Tu t'es rebellé ou quoi qu'ils te foutent une rosse comme ça ?"

#Vedraï #Reznor #Jakov
Sujet: Le Requiem mène la Flotte
Reznor

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Rechercher dans: Le Harad   Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le Requiem mène la Flotte    Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 12 Avr 2013 - 17:36

Vedraï continuait de regarder attentivement son interlocuteur. Ou son interlocutrice plutôt. Le tremblement qui s'était déclenché chez Jakov prouvait qu'elle ne s'était pas trompé. Ou bien c'était un tremblement de colère, la colère de s'être fait prendre pour une fille. Dans ce cas, cela ne lui importait guère, elle n'avait que faire de l'orgueil d'un garçon. Mais quelque chose en elle lui disait qu'elle ne s'était pas trompée. Des minuscules détails, bien camouflés, mais ce n'était pas pour rien qu'elle avait longtemps scruté la silhouette et le visage de Jakov, et elle en avait déduit que quelque chose clochait. Ce n'était pas facile, de se faire passer pour quelqu'un de l'autre sexe, à partir d'un certain âge. Elle-même en savait quelque chose. Elle se revoyait encore, dix-sept ans, de longs cheveux blonds soyeux, brossés avec soins tous les matins par une servante, traités avec les meilleurs soins qu'on puisse importer de Gondor vers Arzawa. Elle était telle, la fortune de la maison d'Illicis. Elle se revoyait encore les trancher au couteau pour n'en laisser qu'une longueur d'un pouce voire moins, comme ces marins qui arpentaient les docks. Elle se voyait encore les maculer de goudron pour cacher leur éclat naturel. Naturel, pas vraiment. Ils n'étaient aussi brillants, avant que Père ne l'oblige à se faire belle tous les jours, avant qu'il ne lui expose ses plans ridicules et égoïstes. Ils étaient moins beaux avant, peut-être, mais plus réels. Et c'était fini tout cela, retours à la réalité, plus de faux-semblants, l'aventure ! Et le danger aussi, le danger de se faire démasquer, elle l'avait éprouvé. Elle comprenait ce tremblement, pour avoir vécu le même.

La garçon reculait. La fille plutôt. Vedraï n'était pas surprise, elle aurait fait pareil. Plusieurs fois, on s'était posé des questions à son sujet. On s'était moqué de visage imberbe de gamin, on avait raillé ses vêtements trop grands. A l'évidence. Elle n'avait pas de frères, impossible de trouver quoi que ce soit de ce côté là. C'était chez les servants qu'elle avait du se servir, et à l'évidence, elle n'avait rien trouvé à sa taille. Ce n'était pas plus mal en soi, de ne pas avoir une chemise trop serrante, cela aurait pu tout gâcher, non qu'elle n'ait pris des précautions. Mais elle avait su éviter les ennuis. Par miracle ? Peut-être. Elle avait su comment se comporter de façon masculine, comment s’éclipser un moment quand ça ne marchait pas. Comment disparaître d'un bateau quand la suspicion devenait trop forte, et comment en gagner un autre. Elle ne savait que trop bien ce qui risquait de lui arriver sur la plupart des bâtiments si elle était démasquée. Au mieux passerait-elle par dessus bord immédiatement. Sinon, c'était tout l'équipage qui lui passerait dessus avant ça... Mais sa ruse et sa précaution l'en avait toujours préservé, Ulmo soit loué.

Jakov répondit finalement, après un instant durant lequel la maître d'équipage eut bien cru que la garçon ne puisse jamais se ravoir. C'était pourtant bien ce qu'elle croyait, sa réaction en disait long. La fille parla à nouveau, et elle se faisait implorante à présent. Evidemment que ça devait rester un secret. C'est le genre de truc qui se soit de rester un secret. Les marins voyaient pour la plupart d'un mauvais oeil une femme sur un navire. Cela portait malheur disait-on. Même après un pillage, les prisonnières n'étaient bien souvent pas admises. A consommer sur place, disait-on, et puis basta, larguer les amarres. Il y avait des exceptions, bien sûr. Une femme n'avait-elle pas atteint le rang de Seigneur Pirate ? Et elle-même n'était pas la seule membre du beau sexe sur le Requiem. Cela l'avait plus qu'étonnée, la première fois qu'elle était embarquée dessus. Elle avait d'abord craint que ce soit un de ces navires où l'on emportait et jouissait des catins çà et là. Cela ne rendait sa position que plus dangereuse. Mais elle avait vite remarqué que celles-là n'étaient pas des filles de joie, mais des pirates, des vraies, armées et dangereuses. Pour la première fois elle se sentit l'assurance d'avouer son secret au Capitaine. Ce dernier, tout en colère qu'il fût de s'être fait berner, ne lui en teint pas plus rigueur. Cela ne le dérangeait point, et elle prouva vite tout son potentiel. Au point de devenir son bras droit, rapidement...

"Cela restera un secret..."

Mais rien n'en fit. La fille était tombée à genoux, maintenant, et elle tremblait encore davantage, comme en proie à une crise de panique irrationnelle. Vedraï s'agenouilla également tandis que Jakov répétait sa supplique de ne rien dire, et la pirate, posant sa main sur l'épaule de la fille, lui déclara :

"Tu n'as rien à craindre, je ne dirai rien..."

Jakov se calma, alors, sans même qu'elle ne puisse dire si c'était ces paroles qui l'avaient calmée ou si elle n'en pouvait tout simplement plus de paniquer ainsi. Elle continuait à pleurer cependant, et Vedraï d'un geste lui fit signe de vite essuyer cela. Cela n'avait rien de très masculin, même pour quelqu'un plein soûl comme un porcinet. Personne n'avait rien remarqué en soi, la plupart n'étant pas en état, et beaucoup d'entre eux tout aussi agenouillé ou effondrés sur le sol.

"Tu n'as rien à craindre de moi... Cela ne change rien en soi, regarde, je suis bien commandante en second... Reznor n'a rien contre ça... et il ne le remarquera pas de toute façon, il ne m'a jamais démasquée sans que je lui dise, moi..."

Elle marqua une courte pause pour réfléchir un instant. La position de la jeune fille restait tout de même précaire, dans ces cales pleines de prisonniers déjà envieux.

"Quand tu seras sur le navire marchand, sous mon commandement, tu n'auras rien à craindre. Dans trois jours. En attendant... si quelqu'un dans la cale découvre ton secret... tu devras te défendre toi-même. C'est pas compliqué, tu vises les couilles..."

Elle lui avait tendu avec discrétion un court coutelas. Rien de bien efficace comme arme en combat, mais toujours un atout en cas d'agression physique. Elle espérait que ça suffirait, et qu'elle saurait s'en servir, même si, il n'y avait pas de doute là-dessus, mais elle l'ignorait bien sûr. Et que personne ne se montrerait aussi observateur qu'elle, bien qu'elle sache que personne n'avait le même avantage qu'elle, à savoir avoir déjà été dans la même situation.

"Au fait, ton nom de f... ton vrai nom ?"
Sujet: Le Requiem mène la Flotte
Reznor

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Rechercher dans: Le Harad   Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le Requiem mène la Flotte    Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 1 Avr 2013 - 23:02
Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! Methir10

Reznor jeta un coup d'oeil sur le pont du Cormoran, qui voguait à quelques dizaines de pieds du Requiem. Il esquissa un mince sourire. Au moins était-il dégagé à présent. Les deux jours d'éclaircies avaient fait du bien à la flotte. Il avait cessé de tomber pluie et grêle, même les nuages s'étaient évadés, laissant par dessus eux un ciel d'un bleu froid. D'un bleu glacial. Peut-être le soleil avait-il légèrement réchauffé la température durant ces deux jours, si tel était le cas, ils n'avaient même pas remarquer le changement. Les gens d'Umbar n'avaient pas l'habitude d'un hiver aussi rude. Ils souffraient. Le pire endroit pour avoir froid, c'était sans doute un bateau. Ici point de feu pour se réchauffer, ou bien il fallait être fou. Reznor savait l'histoire d'un équipage qui, coincé dans les glaces de la baie de Forochel, avait mis le feu à leur propre bateau, en commençant par le grand mât. Quelle folie que celle qui pousse à la mort.
Le froid avait réclamé son dû parmi sa flotte aussi, cependant. Illyn avait succombé le sixième jour, en toussant comme un possédé. Ceux du Sud supportaient mal cet hiver. Il devait déjà être malade avant d'embarquer, s'était dit Reznor. S'il avait su, il ne l'aurait pas engagé, tout capitaine réputé qu'il soit. Maintenant c'était son fils Gastor, dix-sept ans, qui avait hérité du Cormoran, avec à ses ordres des hommes cent fois plus expérimenté que lui. Le fils n'arriverait jamais à imposé son autorité sur eux. Reznor avait déjà du intervenir en voyant l'état du pont du fier vaisseau. Il faudrait y remédier après Methir. Car Methir approchait et s'il y en avait bien un qui n'était pas réjoui par cette soudaine éclaircie, c'était Reznor. Heureusement, l'Hiver semblait être avec eux.

Ce jour là, par quatre heures de l'après-midi, la nuit tombait sur Methir. Les nuages gris étaient revenus, déversant çà et là grêle ou neige. Ils étaient bien des lieues au dessus d'Umbar à présent. Il faisait plus froid encore et ce qui plus au sud était en mer de la neige fondante ne fondait à présent plus. Un temps parfait pour une arrivée discrète.

Ce jour là, par six heures de l'après-midi, les pirates tombaient sur Methir. Les voiles noires s'étaient engouffrées dans le port, déversant çà et là flèches et projectiles. Il faisait froid, plus qu'à Umbar qui était plus au sud, mais bientôt le feu allait réchauffer toute la ville. Le feu, qui lui seul éclairait la scène. Les nuages cachant lune et étoiles avaient facilité une arrivée discrète.

Methir n'était qu'un petit port, vivant surtout de pêche et de quelques navires marchands. Leur position septentrionale leur garantissait une illusoire sécurité. Prendre la ville fut un jeu d'enfant. Les guetteurs sonnèrent bien l'alerte lorsque les navires entrèrent dans le port, mais il était déjà trop tard. Déjà les quais étaient pillonnés de traits de balistes et de pierres, et les navires les plus menaçants la proie des flammes. Les quais étaient suffisamment vide que pour débarquer sans avoir à toucher aux quelques navires marchands amarrés là. Tant mieux. Reznor ne voulait pas avoir à risquer s'approcher du feu. Une fois débarqués, le triomphe des pirates fut total. Un demi millier d'hommes se déversa dans les rues. Des hommes qui n'avaient attendus que ça toute la journée. En face ils rencontraient la maigre résistance de la garde qui toute la journée avait cru à un jour normal. Cà et là un officier essayait de former une milice d'hommes armés de harpons et de marteaux, des hommes éreintés qui venaient de finir une dure journée de labeur... peine perdue que de s'opposer à ces pirates sanguinaires. Sanguinaires, ils l'étaient. Reznor ne voulait pas perdre de temps avec ce port sans intérêt. Les pillages se devaient d'être rapides. Les prisonniers, inutiles, à moins qu'ils ne soient en état de se battre à leurs côtés.

A l'aube, la ville était à sac. Sur les trois milles âmes vivant là, nombre avaient péri dans l'attaque. Les hommes surtout, quoi que certains des prisonniers eussent été épargnés après une sélection de Reznor. Ceux qui semblaient enclin à leur servir. On les avaient entassés sur les navires marchands épargnés, avec le plus gros du butin amassé. C'était les seuls êtres qu'ils emporteraient. Certains avaient bien usé des femmes comme il leur en plaisait sur le moment, mais il était inutile d'en emporter comme esclave. Arzawa primait. Ils avaient brûlé tous les pigeonniers, éventré toutes les montures, coulés tous les navires qu'ils n'emportaient pas. Methir était isolée et autant qu'elle le reste le plus longtemps possible. Dès l'aube ils repartaient vers Arzawa, car ils devaient se hâter à présent.
Aussi coupé du monde que puisse être le port, la nouvelle de leur forfait finirait bien par atteindre Arzawa et Dur'Zork. Pas de sitôt, espérait-il.
La guerre était lancée, le premier coup porté. Le deuxième ne saurait tarder.

#Reznor #Vedraï
Sujet: Le départ du Requiem
Reznor

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Rechercher dans: Le Port de Harlond   Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le départ du Requiem    Tag vedraï sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 9 Fév 2009 - 22:17
[Suite à une absence de Flore qui va durer un certain temps, nous avons décidé d'en rester là pour le RP à l'auberge. Ellipse narrative donc.]

Le Capitaine Reznor avait à présent quitté sa défroque de marchand et maintenant que la Joyeux Requiem voguait vers la mer sur l'Anduin il pouvait afficher ostensiblement ses armes sans craindre d'ennuis. Il n'avait pas trouvé un aussi bon prix qu'il l'aurait souhaité pour les fractions de son butin qu'il avait vendu, et il lui en restait encore, mais peu importait. Ce grand cru millésimé de Rhûn avait bien plus de son propre âge, les bouteilles attendraient bien un peu.

L'homme aux cheveux pâles se tenait à l'avant du pont, accoudé au bastingage, le regard pointé vers le lointain, vers la mer et la grande étendue d'eau sur laquelle il était bien plus agréable à naviguer que sur ce fleuve pas assez large à sn goût. Vers la mer, et la liberté. Vers la mer où il redeviendrait très officiellement un pirate. Un Capitaine Pirate, pardon.

"Les hommes se demandent pourquoi nous repartons alors que tout le butin n'est pas écoulé. Ils se demandent si nous repartons pour le sang, ou pour l'or."

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La voix de Vedraï l'avait surpris. La toute nouvelle maître d'équipage - depuis que son prédécesseur avait été promu capitaine du Liberta, la dernière acquisistion de Reznor - avait réussi à s'approcher silencieusement de lui pour s'adosser au bastingage. L'étrange Capitaine répondit laconiquement :

"Le sang et l'or ont la même saveur."

Surtout lorsqu'il s'agissait du sang de Corwen, ne put-il s'empêcher de penser. Il ne digérait toujours pas le fait que cet crapule, alliée de cette vermine de corsaires avait réussi à s'en tirer après avoir failli envoyer le Requiem par le fond. Sa petite blondinette de subalterne directe se permis de répondre d'un ton railleur :

"Je sais pourquoi vous attendez tant cela. Et je m'en étonne. Ne dites-vous pas toujours que le passé importe peu et que seul compte l'avenir ?"

Sur le visage de l'homme qui avait été dénué de toute agressivité envers l'elfe Flore quelques temps auparavant, un sourire mesquin se dessinna et Reznor partit d'un rire glacial, que suivit bientôt Verdaï avant même que la Capitaine n'ait sorti sa réponse philosophique. Car tout pirate qui se respecte se devait d'haïr l'empereur astral.

"Juste, juste. Je ne t'ai pas fait seconde pour rien. Mais je ne pense plus à ce que Corwen a fait, je t'assure. Juste à ce que je vais lui faire."
#Reznor #Vedraï
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