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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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Grains de Sable EmptyJeu 9 Juil 2020 - 15:36
Les chevaux étaient au moins aussi épuisés que les cavaliers, écrasés par la chaleur, affaiblis par le manque d’eau et de repos. Ces derniers jours avaient été particulièrement difficiles, car l’oasis à laquelle ils avaient prévu de faire halte avait récemment été pillée, et ses habitants étaient particulièrement sur le qui-vive. Il avait fallu se rationner et continuer, au mépris du danger que représentait le désert lui-même. La petite compagnie avait compté les heures, les minutes, chaque seconde passée sous ce soleil de plomb, priant amèrement pour voir apparaître enfin les remparts de la grande cité. Ils l’avaient vue se dessiner plusieurs fois à l’horizon, mais les mirages s’étaient dissipés, ne laissant que des regrets au goût de sable.

Fort heureusement, leur guide connaissait bien son affaire, et il avait su les mener à destination. Peu après onze heures, ils avaient vu apparaître enfin la silhouette brillante du Palais du Désert, et toute fatigue avait été oubliée. Ils étaient pour la plupart de vaillants combattants, et ils n’entendaient pas mourir de soif à quelques heures seulement de leur destination.

Désormais qu’ils avaient passé les grandes portes qui gardaient une des principales entrées de la cité, ils pouvaient enfin se délasser. Ils mirent pied à terre en tremblant sur leurs jambes fébriles, et se précipitèrent sans grâce vers un puits proche dans lequel ils s’abreuvèrent goulûment. L’eau qui coulait dans leurs gorges sèches était un délice, et ils se sentirent revivre.

Leurs montures furent prises en charge par d’élégants palefreniers, et après les avoir brièvement interrogés sur le motif de leur présence dans la capitale autoproclamée du Khand, ils furent invités sous bonne garde à se rendre auprès du maître des lieux. Ici, les soldats étaient omniprésents, mais ils n’occultaient pas la splendeur des lieux, et ne ternissaient en rien l’atmosphère détendue et paisible de cette cité perdue au milieu de nulle part. Les bâtisses étaient richement décorées, les étals étaient colorés, les hommes et les femmes qui déambulaient ici ou là ne semblaient pas frappés par l’inquiétude la plus élémentaire que ressentaient fréquemment les habitants des villes. Leur or tintait dans de larges bourses suspendues à leurs ceintures, qu’ils ne se donnaient même pas la peine de cacher. Et ici, aucun gamin des rues, aucun mendiant, aucun miséreux. Seulement des soldats au regard concentré qui s’assuraient que personne ne contrevînt aux règles de la cité, et qui devaient s’employer à éliminer toute forme de pauvreté.

Le joyau du Khand ne saurait être entaché par la présence de nécessiteux.

Alors qu’ils remontaient les longues et belles avenues pavées, ils pouvaient observer les gens les plus urbanisés du Khand, si différents des clans nomades qu’ils avaient croisés durant leur long périple. Tout ici était plus policé, plus maîtrisé, bien que les anciennes coutumes eussent leur place. Ainsi, il n’était pas rare de voir des hommes arborer fièrement leurs symboles claniques, comme un vague souvenir d’une vie passée à arpenter steppes et déserts pour mener la guerre au nom de leurs chefs. Cette époque était révolue pour beaucoup de ces citadins, que les habitants du reste du pays qualifiaient volontiers de « fainéants » et de « mous ». Toutefois, si la mollesse était une faiblesse, personne n’avait encore réussi à enlever cette superbe cité, ni même à la menacer. A croire que les accusations des clans nomades reposaient davantage sur la jalousie que sur des faits.

Échappant peu à peu à l’agitation de la foule qui pouvait rapidement devenir étouffante, ils se dirigèrent vers les quartiers nobles, et furent bientôt introduits dans le saint des saints, la résidence personnelle du seigneur de cette cité : Shomeri. Celui que l’on appelait le Bekkhand, ou « protecteur du Khand », savait recevoir de manière fastueuse. Ils traversèrent quantité de petits jardins, de patios et de coursives élégantes qui auraient attiré la jalousie des plus grandes cités de la Terre du Milieu. Il y avait ici une armée de domestiques, de courtisans, d’artistes et d’intellectuels qui donnaient vie à ce bel ensemble. Le cadre était idyllique, et tranchait avec la réputation de violence et de brutalité des Khandéens.

- Voici votre traducteur, fit le militaire qui les guidait. Il vous accompagnera.

Les gens du Khand parlaient une langue bien à eux, qui d’ailleurs évoluait selon les régions et les clans, tant et si bien que lorsqu’ils rencontraient des émissaires d’autres royaumes, ils devaient fréquemment faire appel à des traducteurs. En réalité, la plupart des gens ici comprenaient les langues de leurs voisins, et savaient s’exprimer dans un mélange linguistique tout à fait curieux. Ils conversaient péniblement en westron, en y ajoutant des mots en suderon, en rhunien, ou plus souvent en parler noir, de sorte à être compris et à combler les manques. L’ensemble était prodigieusement hétéroclite, mais étonnamment intelligible. Toutefois, dans le cadre de négociations importantes, il était préférable de ne pas se tromper sur un mot important.

Le traducteur était un jeune garçon aux cheveux bouclés, qu’il portait mi-longs. Il appartenait naturellement au clan du Bekkhand, sans doute un cousin éloigné de celui-ci, qui devait parfaire son apprentissage en servant dans un Palais, comme la plupart des garçons de son âge et de son rang de par le monde. Dans un rhûnien impeccable, il annonça à la petite troupe :

- Madame, messieurs, bienvenue au Palais du Khand. Je m’appelle Usun, et je suis à votre service. Si vous le voulez bien, je vais vous installer dans vos appartements, et vous rencontrerez le Bekkhand quand vous serez reposés.

Les Rhûnedain se jetèrent un regard entendu, et la femme qui les menait répondit :

- Merci Usun, nous vous suivons.


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Grains de Sable EmptyLun 20 Juil 2020 - 15:37
L’hospitalité du Bekkhand s’était révélée être à la hauteur de sa réputation. La délégation rhûnienne avait été reçue avec les honneurs, et installée dans une aile du palais qui donnait directement sur la ville. La vue était sublime, surtout à la nuit tombée, quand les innombrables petites fenêtres allumées apparaissaient comme le reflet des étoiles que l’on voyait briller dans le ciel. L’air ici était pur, sans doute à cause des jardins, des fontaines et du vent frais qui courait le long des montagnes du Mordor qui surgissaient au Nord. La cité était bien plus accueillante qu’aucune des cités du Rhûn, et la petite compagnie ne pouvait pas se plaindre d’avoir été affectée à cette mission périlleuse et pénible.

Ils étaient une quinzaine, choisis soigneusement pour leurs compétences particulières, et envoyés au Khand pour y accomplir la volonté royale. Leur loyauté était sans faille, leur détermination inflexible, et pourtant ils ne pouvaient pas s’empêcher de savourer les plaisirs de cette vie suspendue, détachée des problèmes du quotidien. On leur servit les mets les plus fins, les boissons les plus raffinées, et on fit venir pour leur plaisir des musiciens et des artistes chargés de leurs divertir. Ils reçurent la visite de quelques chefs de clans locaux, notamment ceux du Nord du pays, qui souhaitaient s’entretenir avec eux une fois qu’ils auraient pris contact avec le Bekkhand. On faisait déjà la queue pour obtenir des faveurs de la part de ces étrangers.

La politique était la même à peu près partout.

Leur répit dura ainsi pendant trois jours, qu’ils mirent à profit pour se délasser, rattraper leurs heures de sommeil perdues, mais aussi pour apprendre à se repérer dans le palais, où ils n’étaient pas placés sous surveillance individuelle, mais où la présence permanente des soldats à chaque coin de porte les dissuadait suffisamment de mettre leur nez là où ils n’auraient pas dû. Ce déploiement de forces spectaculaire ne semblait pas être extraordinaire, et surprenait les envoyés de Blankânimad qui eux-mêmes avaient l’habitude de voir des hommes en armes patrouiller dans une cité royale. Ils devaient bien admettre que le Bekkhand dégageait une aura de force tranquille que même la grande reine de l’Est devait jalouser.

Au troisième jour, donc, ils furent reçus par le roi autoproclamé du Khand, Bekkhand Shomeri en personne. Ils avaient bien évidemment apporté des présents de marque, des armes, des pierres précieuses, des bijoux et des tentures soyeuses conçues par les meilleurs artisans du Rhûn. De quoi mettre leur hôte dans les meilleures dispositions. En retour, l’homme les avait conviés à un repas somptueux, accompagné de quelques dignitaires qui appartenaient vraisemblablement à sa famille, sans que les liens fussent clairement établis par quiconque tout au long de la cérémonie de présentations qui eut lieu. Les quatorze hommes de la compagnie furent présentés tour à tour par Usun, qui avait appris leurs noms, titres et positions par cœur. Leur groupe comptait une demi-douzaine de savants et d’érudits divers, qui avaient illuminé le voyage de leurs histoires et de leurs contes, tout en les renseignant chaque fois que cela avait été utile sur les éventuels dangers du voyage. Leurs connaissances paraissaient sans limites, et s’étendaient bien au-delà de ce que les autres membres de la compagnie pouvaient savoir du monde. Ces derniers étaient tous des soldats réguliers, choisis sur la base de leurs liens familiaux – il était plus facile d’envoyer au loin des hommes qui n’avaient ni femme ni enfants – et sur leurs états de service. La reine Lyra souhaitait que sa délégation fût bien protégée, et même si les hommes n’avaient pas eu à faire montre de leur talent martial, ils avaient tout de même su dissuader quelques clans khandéens et quelques maraudeurs orcs de les attaquer.

Usun acheva de les présenter, puis fit un geste élégant pour indiquer à la femme que c’était à elle de pénétrer dans la salle, tout en clamant :

- Arminka Amaneshi Ankolawala, capitaine des Varkayin, de la Garde Royale de Blankânimad.

Le Bekkhand fronça très légèrement les sourcils, et passa une main pensive dans sa barbe blanche. Il observa la femme qui se tenait de l’autre côté de la pièce pendant un instant, avant de lui faire signe d’approcher et de s’installer à ses côtés. Elle avait le grade le plus élevé parmi la compagnie qu’elle menait, et il était donc tout naturel que le suzerain de ses terres s’adressât en particulier à elle. Pour l’occasion, Arminka avait revêtu comme ses compagnons un uniforme militaire rhûnien que les membres de l’armée portaient lors des cérémonies où ils n’étaient pas censés se trouver en armure. Une tunique carmin et dorée, toute en simplicité, seulement rehaussée sur les manches par quelques insignes de rang. Elle était serrée à la taille par une large ceinture de cuir à laquelle était habituellement attachée une dague effilée. Sans elle, la guerrière se sentait nue.

Le Bekkhand prit la parole, dans la langue incompréhensible de son peuple, et Usun se proposa de traduire :

- Sa Majesté le roi Shomeri, protecteur du Khand et des Khandéens, se fait un plaisir de vous accueillir, capitaine Ankolawala…

- Arminka ira très bien.

Le page fit un signe de tête, et ajouta quelques paroles en khandien à son souverain qui sourit. Il poursuivit sa traduction, à mesure que le roi parlait :

- Avant de commencer à parler de la raison de votre venue, le roi aimerait que vous partagiez le repas avec lui, et que vous lui exposiez les nouvelles de votre pays.

Le Bekkhand frappa dans ses mains, et comme surgis de nulle part, des dizaines de serviteurs arrivèrent en portant des plateaux chargés de victuailles. S’ils avaient cru avoir été bien reçus dans leurs appartements privés, ils ne pouvaient qu’être estomaqués devant l’opulence du grand roi. Ils ne purent cacher leur surprise et leur envie devant ces mets délicats, et les Khandéens autour de la table apprécièrent leur petit effet.

Il était toujours bon d’impressionner ses voisins, à la veille d’une négociation.


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Grains de Sable EmptyMar 21 Juil 2020 - 12:12
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Bekkhand #Shomeri

Le repas avait été excellent, un ravissement pour les papilles, et un vrai moment de partage durant lequel le Bekkhand, par l’intermédiaire d’Usun, avait animé la soirée en racontant quelques anecdotes locales. Il avait pris le parti d’écouter encore plus, cependant, et Arminka lui avait raconté beaucoup de choses à propos de la situation du Rhûn, en omettant évidemment les détails qui pouvaient être révélateurs d’éventuelles faiblesses. Elle avait ainsi omis d’évoquer la question des rebelles orientaux, qui continuaient à donner du fil à retordre aux troupes régulières, mais aussi la question agaçante des prêtres melkorites qui semblaient vouloir mettre au pas la société rhûnienne d’une manière qui ne plaisait guère à l’aristocratie locale. La position assez neutre de la reine sur ce sujet n’aidait pas à apaiser les tensions, et on racontait que l’aura des Melkorites ne grandissait qu’à l’ombre de la faiblesse de Lyra. Une accusation qui valait en général quelques jours de prison à son auteur, mais que l’on entendait murmurée de plus en plus haut dans les sphères du pouvoir.

La noblesse réclamait de l’action, une main ferme et énergique, et surtout qu’on la débarrassât de l’influence des religieux.

La jeune femme s’était donc concentrée sur les grandes réussites de la reine, en particulier les travaux d’aménagement de Blankânimad, ainsi que sur ses brillants succès diplomatiques. Des négociations fructueuses avaient lieu avec les territoires nains, loin à l’Ouest, par l’entremise d’un comptoir commercial dont on commençait à voir les premiers fruits. Quelques esclaves de luxe étaient arrivés jusqu’à la capitale, ce qui signifiait que d’autres s’étaient arrêtés à Vieille-Tombe au préalable, et qu’Albyor pouvait espérer voir un afflux de main d’œuvre qualifiée. Arminka évoqua également, de manière évasive, la question de négociations diplomatiques qu’elle avait pu mener quelques semaines auparavant avec les peuples de Nurn, au nom de la reine. Lyra s’était montrée particulièrement généreuse avec eux, mais elle avait aussi beaucoup à gagner dans cette affaire.

Du reste, ils avaient évoqué des questions de politique générale, discuté des incessantes tensions frontalières entre les marchands rhûniens et les clans du Khand – face auxquels le roi ne pouvait grand-chose –, et ils avaient parlé des conséquences de l’été particulièrement chaud qu’ils traversaient sur les récoltes, et sur le maintien du commerce. Arminka était versée dans de nombreux domaines, et elle surprit à plusieurs reprises le Bekkhand par sa capacité à raisonner, à articuler les idées, et à se montrer persuasive. Il était certain que Lyra ne l’avait pas envoyée ici sans raison.

Le dîner s’acheva, et on en vint bientôt aux sujets du jour. Le Bekkhand souhaitait savoir quelles étaient les intentions de Lyra, et ce qu’elle souhaitait obtenir via l’envoi de cette délégation. Arminka posa soigneusement ses couverts, et croisa les doigts pour s’empêcher de jouer nerveusement avec son couteau – un réflexe qu’elle avait acquis, et qui n’avait rien de rassurant :

- Votre altesse, notre présence ici a plusieurs objectifs. Premièrement, nous formons l’escorte rapprochée de ces éminents savants, qui demandent humblement votre autorisation de consulter vos archives et la fameuse bibliothèque du désert. Leur mission est purement intellectuelle, et en ces temps de paix entre nos deux peuples, mais troublés à l’Ouest, nous avons pensé qu’il était judicieux d’apprendre à mieux nous connaître.

Arminka soutint le regard du roi, sans rien laisser transparaître des véritables raisons de cette requête. La reine avait une idée très précise derrière la tête, mais il n’était pas utile pour le Bekkhand de la connaître, et à dire vrai il valait peut-être mieux le laisser dans l’ignorance de ces choses. Le vieil homme était concentré sur ses rêves de grandeur, sur son désir de dominer tous les clans de son pays… il n’était pas utile de l’importuner avec des considérations supérieures. Il se tourna vers un de ses conseillers, échangea quelques paroles, puis revint à Usun qui traduisit :

- Sa Majesté ne voit aucun inconvénient à cela. Les trésors du passé de notre peuple peuvent être partagés, et le grand roi espère qu’une meilleure compréhension mutuelle permettra de renforcer les liens économiques qui lient nos deux royaumes.

- Je crois que c’est la volonté de la reine Lyra également.

- Sa Majesté vous fournira également une escorte pour traverser les terres du Sud, qui sont aujourd’hui contestées et dangereuses. La protection du Bekkhand vous est acquise.

« Protection et surveillance », se dit Arminka en son for intérieur. Le roi n’avait pas de raison de leur refuser l’accès à ses lieux culturels, mais il voulait savoir de quoi il retournait et ne pas laisser la moindre information lui échapper. Il n’était pas aussi fou et sénile qu’on pouvait le dire, et sa vision politique restait affûtée. La jeune femme remercia profusément son hôte pour sa générosité, mettant les formes nécessaires à cela, avant de basculer vers le second sujet :

- Ma présence ici est également motivée par une ambition chère à la reine. A l’heure actuelle, la situation entre les tribus Haradrim, le Harondor et Umbar est chaotique. Le Khand joue un rôle décisif dans le maintien de ces tensions, qui nuisent au commerce et à la paix. Cependant, ce moment ouvre des opportunités à qui saurait les saisir, et permettrait aussi de dessiner le nouveau visage du Sud. Un Harad fort pourrait être un précieux allié dans l’éventualité d’une nouvelle incursion gondorienne.

Le Bekkhand recula sur son fauteuil, alors que Usun lui faisait la traduction.

Ils arrivaient enfin aux choses sérieuses.

#Usun #Arminka


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Grains de Sable EmptyMer 22 Juil 2020 - 17:33
- Arminka, vous me manquerez.

Le Bekkhand avait choisi de se passer d’interlocuteur pour cette dernière entrevue privée, jugeant que les affaires les plus importantes avaient été discutées, et qu’ils pouvaient désormais communiquer librement, d’individu à individu. Ils se trouvaient dans un petit jardin ombragé, au sein du Palais, et à l’exception des quelques gardes qui les observaient à une distance respectable, ils étaient parfaitement seuls. Le souverain du Khand, dans une longue tenue immaculée, ressemblait à un prince-poète suspendu dans son immense château. Arminka, à l’inverse, conservait la rigueur martiale propre à son corps, même si l’œil avisé devinait qu’elle s’était largement détendue depuis la première entrevue. Elle inclina légèrement la tête, se laissant aller à un sourire sincère, avant de répondre dans la langue hybride des gens de l’Est, qui leur permettait en l’occurrence de se comprendre assez bien :

- Vous me flattez, sire. Merci de votre hospitalité, de votre accueil et…

Elle buta sur le mot, et choisit le parler noir pour conclure :

- …Votre promesse.

Cette fois, ce fut au tour de Shomeri d’incliner poliment la tête. Il avait fallu quelques longues soirées de négociation pour en parvenir à un accord, mais les deux parties étaient finalement arrivées à un compromis acceptable, le roi s’estimant satisfait des propositions de la délégation rhûnienne. Il avait rapidement compris qu’Arminka était une habile négociatrice, et avait dû faire montrer de son génie politique pour tenir sa position, contrer les arguments de la jeune femme, tout en ménageant la diplomatie et en ne coupant pas les ponts avec le Rhûn – une erreur fatale qui l’aurait isolé de la seule puissance stable parmi ses voisins.

- Je suis heureux que nous ayons trouvé un terrain d’entente, et que la reine Lyra partage ma vision. Paix et stabilité, voilà de bien belles idées, même si elles sont encore étrangères aux gens du Khand.

- Votre peuple apprendra, sire. Les Khandéens sont fiers et maîtrisent l’art de la guerre comme nul autre peuple en ce monde. Seulement, une telle force doit être tenue par une main ferme, comme la bride d’un cheval fougueux. Bien rares sont les mains qui ne tremblent pas, sire.

Il hocha la tête, et tendit sa main devant lui. Ses doigts habitués à manier l’épée avaient vieilli depuis quelques temps. Il observa ses phalanges, puis ses paumes parcourues de lignes complexes dont les sorcières disaient qu’elles révélaient l’avenir d’un homme. Le destin du Khand reposait-il ici, au creux de sa paume ? Il referma le poing en sentant venir les prémices d’une légère oscillation. Il avait encore la main ferme, oui.

Arminka ne put manquer de noter son trouble, mais n’en fit pas mention, et posa délicatement ses doigts sur ceux du Bekkhand en reprenant :

- Ayez confiance. Vous avez pour vous la force et une noble cause. La victoire vous ouvre les bras.

Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, sentant venir dans son dos un des gardes du Palais, qui lui apportait sans doute l’information selon laquelle sa compagnie était prête à partir et sur le pied de guerre.

- Il me faut désormais vous quitter, sire. Prenez soin de vous, de votre santé, et surtout ne négligez pas vos alliés. En ces temps troublés, il est plus que nécessaire que nous soyons forts pour espérer survivre.

- Vous avez raison une nouvelle fois, Arminka. Votre sagesse n’a d’égale que votre beauté.

Accompagnant son geste d’un sourire amusé, elle déposa un baiser sur la main du souverain du Khand, en prenant soin de s’incliner bien bas. La jeune femme se redressa pour lui faire des adieux plus formels, mais elle lut dans le regard du Bekkhand qu’il était désolé de la voir partir si vite, pour des raisons qui n’avaient rien de politique. Elle prit congé, satisfaite d’avoir accompli sa mission, heureuse d’avoir pu se reposer et reprendre des forces, mais néanmoins impatiente de se mettre en selle et de poursuivre son chemin.

Le devoir l’appelait.

Quand elle rejoignit ses compagnons de route, ils ne tardèrent pas à quitter le Palais du Désert. Bien qu’ils fussent tous endurcis et aguerris, ils ne purent s’empêcher d’éprouver un pincement au cœur en voyant s’éloigner le confort indécent dans lequel ils avaient baigné, pour se jeter à corps perdu dans une nouvelle traversée du désert qui promettait d’être éprouvante. Les charmes de la capitale du Khand étaient inégalés, et avaient le don de séduire même les plus rétifs à se soumettre au pouvoir du maître des lieux. C’était d’ailleurs bien là sa fonction principale.

- Mettons-nous le cap vers l’Ouest, capitaine ? Fit un des érudits. Il me tarde d’arriver à la Bibliothèque Interdite.

- Vous irez avec une escorte de Khandéens, et les hommes du sergent. Je vous abandonne ici pour ma part, j’ai d’autres directives.

L’homme hocha la tête, et tendit une main amicale à Arminka, qui la saisit et lui rendit sa poignée :

- Je comprends. Vous avez été d’un grand professionnalisme, capitaine, et voyager en votre compagnie a été à la fois un plaisir et une chance. J’espère que nos accompagnateurs khandéens seront aussi rassurants que vous avez pu l’être jusqu’à présent.

- Je ne doute pas qu’ils feront un excellent travail, j’ai reçu l’assurance personnelle du Bekkhand que vous seriez conduits jusqu’à la Bibliothèque et ramenés en parfaite santé.

Ces paroles semblèrent rassurer les savants, et ils se mirent bientôt en route, descendant vers le Sud-Ouest, escortés par une compagnie de soldats Khandéens à la mine patibulaire. Des hommes expérimentés, comme l’avait promis le roi. Arminka ne conservait que trois hommes. Une compagnie bien modeste pour traverser le Khand, mais qui ne manquait ni de talent ni d’audace.

- Où allons-nous, capitaine ? Retour à la maison ?

- Pas encore. Nous avons obtenu ce que nous étions venus chercher ici, mais avant de rejoindre le Harondor, nous devons faire un crochet bien malencontreux. Cap vers l’Est, compagnons, et prions que ces maudites tempêtes de sable nous épargnent.

Elle fit glisser un foulard sur son visage, et fit aller sa monture face au soleil qui s’élevait progressivement au-dessus de leurs têtes. A chaque pas, elle se rapprochait de la conclusion de sa mission, et de la perspective de rentrer chez elle.

Cette simple pensée lui donnait envie de vomir.


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