[QUETE] À l'ombre des pierres noires

Étrangement la vieille ruine semblait encore impregnée de la corruption de Sauron. Des toiles d'araignées recouvrait la plupart des sombres arbres tordus qui mes entourais, la forêt était dense et le ciel était masqué par les branches entremêlées. "Je doute fort qu on soit plus en sécurité ici qu'à l intérieur de la forteresse." La forteresse s'avérait étrangement attirant tout en demeurant effrayante.. Herendil ressera sa prise sur sa lance par instinct. "Puisque vous le desirez nous allons faire une pause pour la nuit. Je vous laisse le premier tour de garde."

La nuit s'était écoulée aussi tranquillement qu'on pouvait s'y attendre quand on essayait de dormir près de ce qui avait été la sombre tour du Nécromancien. Farïn se réveilla avec la tête lourde et les yeux particulièrement poisseux lorsque Herendil lui donna un petit coup de pied. Le matin était là et pourtant notre nain se serait bien fait une nuit complète à nouveau. Malgré la distance qu'ils avaient mis la veille entre les ruines et leur campement, ils sentaient les ruines maudites tout près d'eux.

« Trop près... murmura Farïn pour lui-même. »

Malgré toutes ses réticences, Farïn fit ce qu'il devait faire. Tourner autour de Dol Guldur ne servait à rien. Warna était formelle, la piste du ranger elfe menait à l'intérieur des ruines... au plus près du danger. Prenant tout le courage qu'il put dans l'unique trille que lâcha Merah, le rouge-gorge, ce matin-là, le khuzd franchit le couvert protecteurs des derniers arbres. Il n'avait que très rarement considérés les arbres comme des alliés potentiels mais en cet étrange matinée, lorsqu'il les laissa derrière lui, il se sentit extraordinairement seul et vulnérable. Les deux mains sur le manche de sa hache, tous les sens aux aguets, Farïn fit un premier pas vers les restes de l'immonde forteresse. Puis un autre. Et un autre. Avant qu'il ne s'en rende compte, il marchait parmi les pierres noires, toutes les fibres de son être tendues à l'extrême, comme si elles essayaient de quitter son corps. C'était la première fois, qu'en tant que nain, il répugnait à toucher de la pierre. Mais cette pierre noire et luisante par endroits lui donnait des frissons. Il se risqua toutefois à en toucher une, aussi large que lui. Aussitôt, un froid étrange remonta le long de son bras et le fit frissonner des pieds à la tête. Il retira instinctivement sa main et se retourna, rassuré de voir l'elfe à ses côtés.

« C'est l'histoire d'un nain qui préfère voir des elfes que toucher de la roche... Elle est cocasse celle-là ! se dit Triple Pierre dans sa tête, surprit par sa couardise. »

Un bruit sec déchira l'air et son silence pesant. Farïn venait de se frapper le visage de ses deux mains. Les deux claques qu'il se mit le sortirent de l'étrange état dans lequel il était empêtré depuis son réveil et il reprit sa contenance naine. Il s'écarta du reste de mur qu'il avait à sa droite et commença à marcher en direction de ce qui semblait avoir été une ancienne tour de garde. À moitié écroulée, cette tour était un des lieux les plus hauts du coin et malgré le fait qu'elle s'était écroulée, comme tout ici, elle s'était effondrée sur elle-même et le sommet en était encore à l'horizontal. Farïn se dit que s'il avait été un elfe esseulé dans ces ruines sombres, qui plus est un ranger avec son arc, il aurait aimé trouver un peu de hauteur.
Il se dirigea alors vers l'ancienne tour de garde. Faisant un signe à Herendil pour qu'il monte la garde, il pénétra dans le bâtiment par la fenêtre d'un ancien étage qui se trouvait maintenant au niveau du sol. La pièce était sombre mais pas trop obscure pour ses yeux de nain. Comme il s'y attendait, il trouva un escalier au fond de la pièce, encore debout. Gravissant les marches en silence, Warna sur ses talons, il se retrouva, après deux étages, au sommet de la tour de garde.
Warna se mit à grogner et il se retourna.

Ce fut bien à contrecoeur qu'Herendil entra dans la forêt laissant son cheval partir en sens inverse droit la demeure des Beornide où il s'était abrité au cour du trajet. Il le regarda s'éloigner à plein galop, espérant sincérement pour le voir à nouveau une fois cette sinistre expédition terminée. Le soleil venait de se lever lorsqu'Herendil, impatient d'en finir avec cette affaire, mit un petit coup de pied en armure dans le ventre du nain pour le tirer de ses ronflements. "Debout, il faut qu'on en termine." dit-il plus à lui-même qu'au nain, il aiguisa une dernière fois sa lance et ses flèches et vérifia son arc et les attaches de son armure pendant que le nain finissait de se réveiller. Ils franchirent alors le pont et entrèrent dans les reste de la citadelle du Seigneur des ténèbres, les mousses fluorescente que vomissait les murs illuminaient d'une lueur spectrale les murs de pierre. Quand il vit le nain approcher sa main d'une des pierres de façon très imprudente, il prit son arc et encocha une flèche, prêt à riposter au moindre assaillant qu'une telle folie aurait libéré. Heureusement il se rendit vite compte que le nain allait bien hormis le regard effrayé qu'il lui avait discrètement lancé et ses gromellements. Mais il était trop occupé à rester à l'affut du moindre mouvement pour prêter attention à des paroles de si faible importance. Diverse sculptures menaçantes se dressait dans l'entrée. Il sursauta et manqua de tirer en direction du nain lorsque le bruit sourd des claques qu'il s'était mis commença à résonner dans le couloirs avant de s'éteindre etrangement rapidement. "Crétin de nain, vous allez finir par nous attirer des folies. Soyez donc plus prudent si vous voulez sortir d'ici en vie". Il suivit cependant le nain dans la tour endormie dans la lueur du jour. Il entra dans la salle lorsque l'animal commença à grenier. Bandant son arc autant que possible dans la direction pointée par l'animal, il ordonna à plein poumon à la forme dans le lointain : "Qui êtes vous ? Que voulez-vous ?"

Les deux compagnons de fortune atypiques avaient fait l'approche des ruines de Dol Guldur du côté nord. Au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient des sentiers empruntés régulièrement par le peuple sylvain et qu'ils s'approchaient des ruines de la forteresse antique, ils ressentaient une angoisse de plus en plus pesante. L'air était lourd dans ce lieu, comme si la corruption de son seigneur de jadis perdurait encore après tant de siècles. Ou était-ce seulement de la superstition, le poids des légendes et histoires racontées depuis des générations? Les animaux, eux, ne semblaient pas inquiets...

Du moins c'est ce qu'ils pensaient jusqu'au moment où Warna se mit à grogner.

La direction indiquée par l'animal était l'escalier dont ils s'étaient servis pour prendre de la hauteur. En se retournant, Herendil eut tout juste le temps de voir ce qui semblait être une silhouette encapuchonnée de noir disparaître dans l'escalier...Son cri, poussé à pleins poumons, parut étrangement étouffé et faible comme si l'air pesant de cet endroit aspirait tout bruit...

Alors que l'elfe n'eut pas d'autre choix que de s'élancer à la poursuite du personnage mystérieux afin de découvrir son identité, Farïn ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil par dessus le créneau de l'ancienne muraille. Après tout, ils étaient montés ici pour ça...et surtout, quelque chose d'étrange avait attiré son regard. C'était assez loin, dans la partie Sud-Est de la forteresse...de la lumière? Il n'aurait pas pu l'apercevoir si le soleil n'avait pas disparu derrière des nuages sombres annonçant une averse imminente. En tout cas, elle semblait bien trop claire pour être générée par les mousses fluorescentes qui poussaient ici...Mais lorsqu'il cligna des yeux, la lumière avait disparue.

Pendant ce temps là, Herendil avaient descendu les marches. Il était rapide, il s'agissait après tout d'un elfe au pas léger. Pourtant, le personnage encapuchonné semblait avoir disparu...avait il seulement existé? Une fois de plus, l'odorat de Warna s'était avéré un atout non-négligeable. Le chien indiqua une direction, et lorsque l'elfe s'en approcha, il put découvrir qu'un autre escalier dissimulé par les amas de pierre menait vers le bas...

Lorsqu'il descendit, tout en évitant de se briser la nuque dans le noir grâce à sa vue d'elfe, il se retrouva dans une pièce de taille moyenne, qui avait jadis pu servir de poste de garde. Et pourtant, une fois de plus, il n'y avait personne...Herendil chercha une autre sortie du regard, mais en vain. Il n'y avait pas de sortie, autre que l'escalier qu'il venait d'emprunter. Où était passé ce satané personnage?

C'était en se rapprochant des murs de la pièce afin de les inspecter de plus près qu'il trébucha de manière douloureuse sur ce qui semblait être un anneau de fer rouillé. Un anneau de fer cloué à une trappe en bois posée sur le sol...

Herendil était partagé et hesitait la décision à prendre. Retourner chercher Triple Pierre permettrait de s assurer de l aide au combat mais ce chemin risquait de s évaporer comme la silhouette qu il avait poursuivis. Cependant il doutait fort que cette silhouette soit celle de l elfe recherchés : n importe quel elfe aurait recconnu le style purement elfique de son armures et  de ses armes. Il s agissait peut etre d un homme en ce cas mais même un homme saurait faire la différence entre un nain et un gobelin quand ce dernier passe son temps avec un rouge gorge. L hypothèse d un nain  était également clairement fausse puisque celui ci aurait recconu un membre de son peuple. On pouvait donc legitimement estimer qu il ne s agissait pas d un allié. A dire vrai il s interrogeait même sur la nature réellement vivante de la silhouette. Apres tout, cette forterresse demeurait une des places forte de Sauron le Necromancien. Même si selon toute probabilité le rodeur était mort, ils avaient maintenant une piste à attraper. Cependant il décida qu il n était pas prudent de le suivre aveuglement en se lançant seul à sa poursuite. Il partit donc chercher le Nain pour le guider jusqu'à la trappe.gardant toujours son arc à la main, arriveé à la salle où il avait laissé son guide, il lui fit signe de le suivre silencieusement l arme à la main et pret au combat

En entendant le grognement de son amie à lourde mâchoire, il resserra sa prise sur le manche de sa hache. Le cri d'Herendil, le fit hésiter sur la marche à suivre. Jamais il ne rattraperait l'elfe à la course. S'il s'élançait bêtement à sa suite, il le perdrait dans le dédale des ruines, alors notre nain décida de rester en haut de la tour, pour guetter l'endroit où l'elfe et sa proie s'arrêteraient.
Mais il fit tout autre chose.
À la manière d'un papillon de nuit, une lueur attira l'œil de Farïn et le captiva, lui faisant oublier Herendil. Quelle magie pouvait bien être à l'œuvre dans un si sombre lieu ? L'espace d'un instant, aidé par la clarté faiblissante du jour, il cru y voir simplement un feu de camp. Lorsqu'il cligna des yeux, pour y voir plus clair, la lumière disparut. En scrutant le ciel au-dessus de la forteresse, il sut que son hypothèse n'était pas la bonne. Même éteint en urgence, un feu aurait dégagé de la fumée. Or il n'y en avait pas.

« Un reflet d'armure... dit-il en crachant par terre de dégout. »

Après tout, les rangers ne portent pas d'armure brillante. Un tel reflet ne pouvait pas être celui d'un elfe. Et dans des ruines si angoissantes, il ne pouvait s'agir pour Triple Pierre que d'ennemis de la Terre du Milieu, que de serviteurs de l'Ombre et de l'Oeil. Farïn quitta alors son poste d'observation, en ayant bien pris soin de noter mentalement la position de la lueur qu'il avait vu, entre deux baraquements de pierres noires écroulées. En redescendant, il sonda son environnement à la recherche de la cachette où l'ombre avait pu se cacher mais il ressortit du bâtiment bredouille.
Qu'avait donc vu Herendil ?
Il ne lui posa pas la question puisque lorsqu'il sortit du bâtiment, l'elfe était là et lui faisait comprendre avec ses gestes qu'il fallait le suivre. Et le suivre en silence. L'elfe le guida jusqu'à un autre escalier, à demi-caché par un éboulis de pierre noires. Suivant Herendil, la petite troupe descendit les marches et s'enfonça sous terre. Aidé de ses yeux habitués à l'obscurité des cavernes, Farïn avançait d'un pas sur et silencieux. Lorsqu'il se trouva dans une ancienne salle de garde, il scruta les ténèbres avec attention depuis l'entrée mais il aurait probablement raté la trappe au sol si Herendil ne la lui avait pas montré d'un geste silencieux.

Farïn inspira et souffla lentement, recentrant ses pensées sur le moment présent. Il laissa Herendil soulever la trappe et le nain s'enfonça en premier dans de nouvelles ténèbres. L'air y était plus lourd, plus chargé mais la détermination du nain était maintenant plus grande.
Il descendit en silence les quelques marches, la hache au clair.

Les deux aventuriers s'enfoncèrent dans l'obscurité sans aucune hésitation apparente, prêts à mener leur mission jusqu'au but. Ce n'était pourtant pas le cas de Warna. L'animal tourna quelques fois autour de la trappe, indécis, mais résista à toute incitation de la part de son maître et ne laissa pas s'approcher. Triple Pierre dut se résigner à laisser son chien ici, tout comme Herendil l'avait fait avec son cheval quelques heures auparavant.

L'escalier qui se trouvait sous la trappe était abrupt mais il laissa rapidement place à un tunnel quasi-horizontal. Heureusement pour Herendil, il ne devait pas s'agir d'un réseau taillé dans la roche par les gobelins et il pouvait marcher sans être plié en deux, malgré sa silhouette élancée. Ceci-dit, le couloir était fort étroit et avec les épaules larges de Triple Pierre devant lui, il ne pourrait pas vraiment se servir de son arc si jamais un danger apparaissait en face.

Ils ne rencontrèrent personne pendant la première partie de leur marche, mais firent rapidement face à une surprise désagréable. Quelque chose se brisa sous les bottes lourdes de Farïn avec le même bruit qu'une brindille sèche. Lorsqu'il se pencha pour l'inspecter de plus près, il put découvrir qu'il s'agissait des ossements d'un humain. Les restes des vêtements et l'état des os laissait présupposer qu'il ne s'agissait pas d'une victime des serviteurs de Sauron mais d'un homme décédé bien plus récemment, peut-être il y a quelques années seulement? Difficile à dire, car le temps semblait couler différemment dans ce lieu damné.

Plongés dans le noir quasi-absolu, l'homme et l'elfe furent rapidement confrontés à un choix important. Devaient-ils allumer une torche? Ceci leur permettrait peut-être de trouver des indices ou des chemins dissimulés dans l'ombre, et d'éviter les éventuels pièges naturels ou artificiels. Herendil avait beau être nyctalope, même un elfe ne voyait pas tout sous terre. D'un autre côté, la lumière de la torche annoncerait leur arrivée de loin si jamais quelqu'un se trouvait vraiment dans ces souterrains, et que la silhouette encapuchonnée n'était pas une simple hallucination, ou pire encore...
Dans tous les cas il n'y avait pas de temps à perdre; le guide et le chevalier devaient se mettre d'accord.

Ils continuèrent d'avancer pendant un long moment avant de sentir une légère brise sur leurs visages. Le couloir étroit laissa place à une salle de taille assez conséquente. Pendant que le nain avançait prudemment, quelque chose attira l'attention d'Herendil. Il s'agissait à nouveau d'un cadavre, mais plusieurs éléments étaient surprenants. Le corps était couché sur le ventre, avec une des jambes pliée sous un angle peu naturel. Les os étaient en partie dissimulée par ce qui semblait être une armure noire qui, étrangement, n'était que très peu rouillée bien qu'elle était recouverte de rayures et cabossée à plusieurs endroits. Mais ce qui était le plus étonnant, c'est que le cadavre n'était pas celui d'un homme ni d'un elfe, ou même d'un gobelin. La silhouette ne laissait aucun doute, il s'agissait d'un nain mort. Que faisait-il dans un tunnel sous Dol Guldur? Avait-il lui aussi tenté de percer les secrets de l'ancienne forteresse de Sauron dans une mission de sauvetage improbable? Triple Pierre avait avancé sans remarquer le cadavre, et Herendil devait à présent faire un choix. Souhaitait-il partager cette découverte avec son compagnon, ou la lui cacher afin de ne pas le distraire de leur but?

Pendant ce temps-là, Farïn inspectait la salle qui s'était ouverte devant eux. Il s'aperçut rapidement qu'il s'agissait d'une espèce de croisement de chemins. Trois tunnels s'offraient à eux, en plus de celui qu'ils avaient emprunté jusqu'à là. Comment choisir? Devraient-ils se séparer, ou rebrousser chemin? Ou plutôt emprunter un des tunnels, mais si oui, lequel? Triple Pierre était un nain et un guide, ce qui lui offrait un avantage certain lorsqu'il s'agissait de s'orienter sous terre. Mais même pour lui, la chose n'était pas évidente, car il était dans un lieu qu'il ne connaissait pas, dans des galeries qui n'étaient pas l'oeuvre de ses compatriotes. Gauche, centre ou droite? Tout ce dont il se souvenait c'est que quelques instants avant qu'ils n'ouvrent la trappe, le soleil était timidement apparu entre les nuages et pendant un court moment ses rayons réchauffèrent agréablement son omoplate qui souffrait encore parfois des souvenirs d'une lance ennemie...

Arrivé au pied du sombre escalier, Farïn déboucha dans un tunnel d'une longueur impossible à estimer. Le peu de lumière qui passait encore par la trappe diminuait rapidement et au bout de quelques dizaines de mètres, malgré ses yeux de nains, Triple Pierre n'y voyait plus rien. Mais le tunnel semblait continuer. C'est à ce moment-là, lorsque toute lumière s'évanouit, qu'il se rendit compte que Warna n'avait pas suivit son maître. Le nain se demanda alors s'il avait fait le bon choix en s'enfonçant ainsi dans les ténèbres. Les épaules de Triple Pierre raclaient quasiment les murs de chaque côté du tunnel, ce qui lui permettait de dire qu'ils n'avaient pas raté un embranchement ou un renfoncement. Pendant un instant, il fut tenté d'allumer une torche, pour arrêter d'avancer à l'aveugle, mais il se ravisa. Dans ces tunnels déserts, avec son expérience des souterrains, il était capable d'entendre des adversaires bien avant qu'ils ne soient sur lui. Ce silence était angoissant mais il le préférait à ce moment précis à la fausse sécurité que la lueur d'une torche lui procurerait. Et puis, s'il devait s'agir de peaux-vertes, comme il le redoutait, la lame d'Herendil brillerait assez pour lui permettre d'engager le combat en première ligne.
Alors il continua dans le noir. Après quelques minutes de marche, il regretta son choix lorsqu'un lourd craquement sec se fit entendre sous sa botte. Il s'arrêta, laissant mourir les échos et l'oreille tendue, s'assura que rien n'avait été réveillé par ce bruit. Le silence cette fois le rassura. En silence il inspecta ce qu'il avait écrasé. Les restes d'un homme. Pas d'armure, pas un soldat... Peut-être un ranger justement. Si les rangers sont envoyés patrouiller aux alentours de Dol Guldur, celui qu'ils recherchaient n'était peut-être pas le premier à disparaitre. En tout cas, l'absence de chair sur les os rassura notre nain. Cet homme était mort depuis longtemps. Avec un peu de chance, ce qui l'avait tué était peut-être déjà mort.
Il reprit sa marche, plus attentif à ses pas.
Une brise légère et fraîche qu'il sentit sur son front suant lui remonta le moral. De l'air signifiait une sortie et Farïn murmura :

« Vous sentez Maitre Elfe ? De l'air, on va déboucher quelque part. »

Rapidement les propos de Triple Pierre se vérifièrent et les deux compagnons débouchèrent dans une vaste pièce. Les premières pensées de Farïn imaginèrent la pièce comme un vaste hall. Mais aveuglé comme il l'était, il ne pouvait pas en être sur. Il s'était habitué aux murs étroits du tunnel pendant les quelques minutes ? heures ? qu'il y avait passé et soudainement, avoir tout cet espace autour de lui, l'angoissait. Maintenant il lui fallait de la lumière. La taille de la salle créait naturellement un écho et amplifiait le bruit de leurs pas, pourtant discrets. Aveuglé et ne pouvant plus se fier à ses oreilles, il ne servirait à rien à l'elfe s'ils se faisaient attaquer.

« Je suis navré, mais il va me falloir une torche, dit-il en en arrachant une sur le côté de son paquetage. »

Lorsqu'il l'alluma il se retrouva, comme il l'attendait, dans une vaste pièce mais qui s'ouvrait en trois tunnels différents. Ou aller ? Lequel emprunter ? Ce n'était malheureusement pas des tunnels nains, il n'y chercha même pas les discrets signes que chaque entrée de tunnel arborent pour les différencier, et ne sut pas dans lequel il devait s'engager. Maintenant que sa torche était allumée, il vit Merah s'envoler, lui qui jusqu'à présent avait séjourné dans la capuche de son équipement. Il se dirigea, mû par un instinct très aviaire, en direction d'une des trois entrées. Farïn, habituellement confiant dans les choix de ses amis animaux, préféra s'assurer du choix de son ami à plumes et fit ce que tout bon nain savait faire. Il alla se poser devant une des trois entrées, la torche à la main. Il scruta les flammes, sacrifiant sa vision nocturne. Il avait maintenant sa base. Il se campa devant la seconde entrée. Et répéta son opération. Rien. Il alla ensuite devant la dernière entrée de tunnel, celle qui était le plus à gauche. Et il sourit.
Les flammes vacillèrent et s'inclinèrent très légèrement dans la direction opposée à celle du tunnel. L'air venait de ce conduit-ci, comme Merah l'avait bien compris.
Il perdit son sourire lorsqu'il cru entendre des bruits qui venaient de ce tunnel. Avait-il rêvé ? La lueur des flammes ne lui permit pas de le savoir.

Bien malgré lui herendil acquiesça à l'idée d'allumer une torche en rangeant son arc du mieux qu'il put. Ce couloir n etant adapté ni au combat à la lance ni au tir (le nain bouchant le passage), il se resigna à devoir combattre à l épée. Au moins sa lame lui signalerais s ils approchaient d'orcs ou de gobelins. Devant l'enthousiasme de Triple Pierre de sortir il se permit de l'interpeller. Qui sait le nain pouvait être une de ses connaissances :

"Triple Pierre, venez par ici mais surtout ne paniquez pas." L'interpela t il en lui montrant les deux corps. La fuite de Wana et de l'oiseau ne le rassurait guerre le poussa.t à surveiller sa lame pour tenter de trouver le moindre eclat bleuté. Il prit egalement une de ses flèches qu'il passa à sa ceinture au cas où il aurait besoin d 'un poignard.
"J'espère que ce n'était pas un de vos proche auquel cas je suis désolé."
Il se pencha sur le squelette :
" quelle etrange position, cela ne ressemble pas à du travail d orcs et ou de trolls. Je n 'ose me prononcer sur la culpabilité d'un Homme vu qu'ils sont capable de tout. Que je regrette de ne pas avoir l'assistance des Dunedains d'Arnor" Soupira t'il.

Avant qu'il ne puisse s'enfoncer dans le tunnel, Triple Pierre fut interpellé par Herendil. Lorsqu'il s'approcha, la lumière de la torche éclaira le cadavre et lui permit de découvrir des détails supplémentaires, en plus des observations de l'elfe. Oui, il s'agissait d'un nain. La position était effectivement perturbante, et le chevalier avait raison de s'interroger sur l'origine du tueur...la vérité était pourtant encore plus étrange.

Ce qui attira l'attention de Farïn c'était l'armure que portait le défunt. Sa forme laissait supposer qu'il s'agissait d'une oeuvre des forgerons de Khazad-Dûm, et pas n'importe quelle oeuvre. Elle protégeait le torse, dos et épaules de son propriétaire, et le métal semblait résister au temps tout comme aux lames ennemies; l'armure n'était pas percée, juste rayée. Elle devait valoir une petite fortune...Et pourtant, malgré la fabrication qui faisait penser aux forgerons de la Moria, les couleurs n'étaient pas celles des guerriers du seigneur Hadhod Croix-de-Fer. L'armure était noire comme la nuit, mais la lumière de la torche permit aux deux aventuriers de découvrir une splendide ciselure dorée sur le métal. Une chose était sûre, le défunt n'en aurait plus aucun usage. Peut-être qu'elle porterait plus chance à un nouveau propriétaire...?

***

Lorsqu'ils s’enfoncèrent dans le tunnel choisi par le guide nain, ils s'aperçurent au bout d'un moment qu'il y avait une source de lumière autre que leur torche. Le couloir tournait de manière assez abrupte et ils comprirent que l'origine de la lueur orangée devait se trouver juste après le virage.

Herendil, qui gardait sa lame sous la main, n'y vit aucune trace de lumière bleue. Il n'y avait pas d'orcs ni de gobelins dans ce tunnel...s'approchant discrètement du virage, ils purent entendre deux voix:

-;..nain, je te dis! Je sais pas ce qu'ils foutent ici, mais s'ils ne sont pas encore partis, il va falloir s'occuper d'eux.

-Ils t'ont pas vu j'espère?

-Ils ont un clebs avec eux qui m'a senti...mais je ne pense pas qu'ils aient pu me suivre dans le tunnel.  

-Abruti, combien de fois je dois te répéter d'être di?!

-Shht, tais-toi. T'as entendu ça?

Le bruit qu'ils avaient entendu était le battement des ailes de Merah, mais ça avait suffit pour les alerter. Avant qu'ils ne puissent vraiment réfléchir à un stratagème, Herendil et Triple Pierre virent deux silhouettes apparaître au niveau du virage. C'était effectivement des hommes...L'un portait une longue cape noire par dessus une tunique noire et blanche un peu sale. Il était armé d'un fauchon bien entretenu. L'autre portait une cotte de maille solide qui descendait jusqu'aux genoux, et était armé d'un bouclier rond et d'une hallebarde. Lorsqu'ils virent les deux intrus, ils s'élancèrent vers eux, leurs gestes montrant qu'il s'agissait de guerriers expérimentés.

Le combat éclata dans les tunnels sombres sous Dol Guldur.


[:HRP: je vous laisse gérer cet affrontement, que vous pouvez remporter :HRP:]

Herendil s'approcha de l'oreille de Triple-Pierre et murmura "A trois, un...deux...trois!". Son grand bouclier en avant, il sentit une vague de carreau d'arbalète se planter dans l'écu en forme de feuille, les vibration se propageant dans son bras. Il jeta un bref regard en arrière pour vérifier que le nain était tours derrière lui à l'abri des flèches qui semblait n'avoir qu'une envie : vérifier à quel point son crâne était dur, quitte à passer par ses yeux. Alors qu'il avait fait la moitié du chemin, il vit une flèche se ficher si profondement dans on bouclier que sa pointe noire de poison commençait à dépasser, menaçant. Brisant les empant d'un rapide mouvement d'épée, il parcouru encore la moitié de la distance pendant la nouvelle salve de flèche à bout portant, manquant presque de transpercer celui-ci. Les deux archers dégainèrent deux épée longue qu'Herendil jugea d'excellente qualité au son que fit la lame du plus rapide lorsqu'il para son assaut à l'aide d'une simple tierce et d'un rapide revers de bouclier repoussant contre le mur d'un des couloirs du croisement pour laisser la place à Triple-Pierre de surgir de son dos comme un démon pour attaquer à grand coup de hache le second adversaire. Il ne put s'empêcher de laisser échapper un discret: "quel manque de subtilité" en jugeant la technique de combat du nain bourrine en plus d'être totalement inesthétique contraitrement à la sienne. Jouant avec son adversaire, il faisant tourbiller sa lame de droite et de gauche, s'amusant de voir l'humain tenter de parer les assaut, d'un coup de pied armuré il repoussa l'adversaire contre le mur qui poussa un crir de rage quand il se dégagea et vit sa cuirasse tomber, les attache de cuir tranchées les rapides assaut de l'elfe. Il tenta de parer avec une quinte mais celui fit un moulinet de sa lame, la retournant dans sa main au dernier moment pour tranche les genoux de l'assaillant, le mettant à genoux. Celui tenta de réattaquer avec sa lame mais l'elfe virevolta pour passer dans son dos pour lui entailler le couude de son bras d'arme un mouvement d'estoc rapide, sobre et précis, avant d'enchainer sur un grand moulinet pour trancher son coude gauche également. Il plaqua à terre l'homme incapable de se battre quelque minute avant la victoire. du nain. "Si tu cris je te trancherais la gorge, au moindre geste suspect tu perdras un membre. Maintenant que tout est clair, tu vas m'expliquer qui s'est installé ici, pourquoi vous êtes là, quel maître vous servez et que font des hommes armées d'épées Gondoréennes armé d'armes et armures orcs. Êtes-vous des traitres ou des voleurs ?"

Le combat s'était déroulé de manière favorable pour le duo étrange que formaient l'elfe et le nain. Les deux hommes n'avaient pas pu faire poids à l'expérience de Triple Pierre et d'Herendil, mais le carreau planté dans le bouclier de ce dernier était un rappel frappant de leur propre mortalité. Il suffirait d'un faux geste pour finir ses jours sous les ruines de Dol Guldur, comme un des squelettes qu'ils avaient rencontré sur le chemin. Après tout, des guerriers bien plus légendaires que le chevalier elfe et le guide nain avaient péri sous les flèches tirées par des archers novices.

Le survivant regardait l'elfe d'un regard embrumé par la douleur et l'hémorrhagie, alors qu'Herendil le bombardait de questions. Il finit par répondre d'une voix enrouée :

-Il n'y a rien dans notre équipement qui a été fait par des orcs, Longues-Oreilles. Mais qu'est-ce que ça peut te fouttre de toute façon ?! On ne sert plus aucun maître depuis que la Couronne de Fer a chuté...plus de fiers étendards noirs et blancs, plus de solde régulière. Alors on s'est installés ici. La plupart des Longues Oreilles et d'hommes a peur de s'aventurer dans les ruines, tous des couards superstitieux de toute façon. Ca nous fait une bonne base...et les routes commerciales ne sont pas loin, une proie facile. On prend ce qui nous est dû, et ceux qui refusent de donner goûtent à l'acier. T'as de la chance Longues Oreilles d'être tombé que sur nous deux, mais je vous conseille de dégager d'ici au plus vite avant de vous faire prendre par le reste du groupe.

Alors qu'Herendil digérait les paroles de l'homme, il put voir d'un coin de l'oeil que Triple Pierre lui faisait des signes discrets, lui demandant de s'approcher. Lorsqu'il le rejoignit, il put voir à la lumière de sa torche qu'une tâche sombre s 'étendait sur la manche de la tunique du nain. Le guide avait été blessé à l'épaule pendant le combat. Il ne s'agissait peut-être pas d'une blessure grave, mais s'ils venaient à faire face à d'autres ennemis, le combat serait très difficile voir impossible pour Triple Pierre. La situation devenait de pire en pire...l'elfe devait décider quoi faire de son prisonnier, et quelle tactique adopter pour la suite de leur aventure périlleuse.