Confrontation des jumeaux

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Le voyage de retour fut long et ennuyeux, mais durant tout ce temps, Sirion eut le temps de repenser à ce grimoire qui l'obsédait de plus en plus. Ce livre attirait ses pensées sans cesse et il avait l'impression qu'une force invisible l'attirait inéluctablement vers lui.

C'est alors qu'au deuxième matin, les deux voyageurs arrivèrent à la vieille bibliothèque du frère de Himling : Himlad.

- Nous y sommes, on va pouvoir enfin mettre au clair votre différent.

Sirion descendit du destrier et dit à Himling :

- Restez ici, ne vous montrez pas avant que je vous ai appelé. Je veux voir Himlad seul d'abord. Ensuite seulement vous viendrez.

D'un hochement de tête hésitant, le vieil homme accepta puis le Fantôme se dirigea seul vers l'entrée.
Comme la première fois, il arriva face aux deux gardes, mais cette fois-ci il ne leur laissa pas le temps de parler :

- Laissez moi entrer sans restriction quant à mes armes car je ne suis pas vraiment d'humeur. J'ai quelque chose que Himlad souhaite récupérer et si vous voulez toujours me prendre mes lames je vous le ferais regretter amèrement. Alors qu'en dites-vous ?

Sirion avait eu la présence d'esprit de cacher le Livre dans sa tunique et de dissimuler Lorhiss dans sa manche...

L'un des gardes tint ses yeux fixés sur Sirion tandis que l'autre se rendait à l'intérieur pour demander l'avis d'Himlad, le bibliothécaire, sur cette venue un peu brusque. Les menaces du Fantôme, ils n'en avaient cure... s'il allait demander conseil au propriétaire des lieux, c'était simplement pour ne pas commettre de bêtise, d'action idiote qui pourrait compromettre les desseins de leur maître.

Le garde fut de retour au bout de cinq minutes environ. Son expression était mitigée...

"Himlad vous autorise à titre exceptionnel à conserver vos armes sur vous, mais sachez cependant que pour toute tentative frauduleuse, la mort sera votre seule récompense. Il n'y a aucune autre sortie que cette porte, et nous veillerons, croyez-moi. Prenez garde à vos paroles, le vieux bibliothécaire n'est pas de bonne humeur après ce que je lui ai rapporté."

On ouvrit la porte et Sirion put entrer. Elle se referma avec un grincement sinistre. Quel pouvait bien être la raison du mécontentement d'Himlad, alors que son missionaire revenait pour lui apporter son dû? Sirion allait bientôt le savoir, car au milieu de l'allée principale se tenait celui qui l'avait engagé. Il était droit et fier.


"Ainsi vous revenez, vous qui avez sans nul doute beaucoup voyagé et beaucoup peiné pour tenter de récupérer ce que je recherche. Eh bien, j'espère pour vous que vous l'avez, car je ne suis guère réjoui de voir ce que vous avez amené derrière vous. Je vous avait ordonner de rapporter l'objet volé, non le voleur. Il devrait être tué pour son délit, et mes gardes vont bientôt le faire croyez-moi. Mais avez vous le Livre?"

Sirion s'avança donc dans l'allée en direction de Himlad qui lui paraissait de plus en plus antipathique. Il n'avait pas apprécié le ton des deux gardes et il leur ferait regretter leurs paroles plus tard car dans son fort intérieur, Sirion sentait que les choses allaient mal tourner.

Il fut conforté dans cette idée lorsqu'il comprit par les mots du vieux bibliothécaire que Himling avait été capturé par ses hommes. Le fantôme bouillonait en lui même mais il se retint de lui sauter dessus du moins tout de suite. Il commença par répondre au vieil escroc :

- Ah votre Livre, vous avez l'air d'y tenir à ce bouquin.
Sirion esquissa un sourire en coin puis continua :

- ... vous pensez être maitre de la situation n'est-ce pas ? Vous vous trompez largement, c'est MOI qui est toutes les cartes en main.
Au début, je vous prenais pour un pauvre petit homme faiblard qui était préoccupé seulement par sa bibliothèque mais durant mon voyage j'ai appris des choses...vous n'êtes pas celui que vous voulez laisser paraître. Je ne sais pas encore pourquoi ni dans quel but mais je vais vite le savoir.

Alors Sirion retira son large manteau bleu azur, le laissant tomber à terre. Puis il prit dans sa main gauche le fameux Livre d'incantations et dans sa main gauche, il se saisit de Lorhiss.

- Ce Livre parait si vieux et si fragile mon ami, il serait dommage qu'il lui arrive malheur n'est-ce pas ?

L'Intouchable plaqua son épée contre la couverture du Livre faisant mine d'appuyer.

- ... ramenez ici Himling vivant et libre, dites-moi qui vous êtes et pourquoi ce livre est si important pour vous et alors peut-être je penserais à vous rendre votre bien...en état. Ne pensez pas à appeler vos deux oiseaux de l'entrée, ils ne pourraient me vaincre. Allez vite exécution !

Sirion ne jouait cette fois pas sur le bluff comme auparavant : tout ce qu'il avait dit était véridique et il le pensait pleinement. Il regardait fixement Himlad qui était devenu un ennemi.
*Rester vigilant, on ne sait jamais...si c'était un magicien...*

"Eh bien je vais vous dire qui je suis et pourquoi ce livre m'est si cher. Tout d'abord, qui je suis? Je suis Himlad le Bibliothécaire, cela vous le savez déjà, mais que dire de plus? Je suis avare et il me plaît de conserver les livres qui m'appartiennent, d'autant plus quand ce livre est d'une rare valeur. C'est sans doute l'un de mes plus anciens manuscrits. Mais entre les mains d'un être malveillant, il pourrait se révéler fort dangereux."

Il y eut un silence pesant, puis le vieillard reprit:

"Et si j'avais voulu faire quelque mauvais coup de magie noire, j'aurais très bien pu le faire pendant les longues années de ma vie, jeune mercenaire! Maintenant je vais aller chercher mon frère Himling, comme vous me le demandez..."

Il poussa la porte, ne disant pas un mot à ses deux gardes pour l'instant, et masquant du mieux qu'il pouvait son alarmement pour qu'ils n'entrent pas dans cette histoire. En vérité, il commençait à avoir peur de ce Sirion, de ce Fantôme, de cet Intenable.

Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit de la poussière à quelques dizaines de mètres, et un vieillard vêtu de noir partant sur un grand coursier au galop. Il se retourna vers Sirion; ce dernier avait vu aussi bien qu'Himlad ce qui se passait.


En effet Himling avait bien prit la fuite. Depuis que Sirion l'avait sorti de sa cellule, le vieil homme sournois n'avait cessé d'espérer pouvoir remettre la main dessus. Mais la vigilence et le professionalisme du Fantôme l'en avait empêché, ne laissant aucune occasion pour cela.

Pendant tout le voyage il avait sauvé sa peau en tentant de faire passer son frère Himlad pour fautif et menteur, mais il savait bien en son coeur qu'à présent il serait démasqué. Il n'était pas encore assez fort dans le mensonge et la tromperie pour duper Sirion en présence de son frère, son sage et intelligent frère.

Alors il avait faussé compagnie aux gardes, ne voyant plus d'espoir de récupérer son "trésor". Mais... dans l'histoire... il n'avait finalement pas été perdant: il avait eu son billet de sortie de prison, et il avait gagné un cheval.

Sirion restait bouche bée, il ne pouvait se croire trahi par celui qui -dans son esprit- était le frère le plus sage.

- J'ai été dupé !

Il se tourna alors vers Himlad :

- Je ..je ne sais pas quoi dire. J'ai été trompé, mais je vous ai retrouvé votre Livre, tenez.

Le fantome remit alors le Livre de mgie au vieil Himlad, Sirion ne cessait de repasser son périple dans sa mémoire...*comment ai-je pu me faire avoir aussi bêtement*

Sirion rengaina Lorhiss, remit son long manteau et se rapprocha du vieux bibliothécaire :

- Malgré que votre frère se soit échappé, ma mission a été accompli. Je vous remercie de ne m'avoir jugé trop hâtivement comme je l'ai fait envers vous.

Sirion repartit vers la sortie après avoir salué le vieil homme, il en avait oublié sa récompense...car il avait à présent un nouvel objectif : retrouver le traître de Himling et lui faire la peau comme il l'avait fait par le passé avec le groupe de mercenaires sans foi ni loi qui avaient massacré son village et qui avaient causé la disparition mystérieuse de son frère Lirion.

"Peut-être qu'ils vous a dupé, mais je crois que peu de gens seraient capables de démasquer l'homme mauvais qui se cachait derrière mon frère. Vous n'avez pas échoué, monsieur, la mission est un succès, et je ne vous remercierai jamais assez de m'avoir rapporté ce Livre. Je vais le placer en sureté à l'étage, et laisserai un garde en faction de nuit, ainsi nul ne pourra plus le voler."

Sirion se mit alors à courir vers la sortie, comme s'il avait quelque idée en tête, une idée de vengeance qu'Himlad perçut.

"Attendez!"

Si le vieux bibliothécaire n'avait rien dit, le mercenaire serait repartit sans même une récompense, ce qui aurait beacoup chagriné l'honnête frère d'Himling:

"Vous ne pouvez partir ainsi, sans rien qui récompense vos peines et votre loyauté. Je ne pense pas qu'un livre ancien vous serve à quoi que ce soit, mais j'ai une autre idée, regardez donc..."

Il tendit le bras vers une petite table non loin d'eux, sur laquelle reposait une dague sur un présentoir:



"Prenez cette dague, elle vous sera utile, et sa valeur est très grande. Elle me fut transmise par mon père, mais depuis quand la possédait-il, et quelle est son origine, je l'ignore. Toujours est-il qu'elle ne me sert guère que comme ornement. Tenez!"

Il lui la remit, et Sirion pu s'apercevoir qu'elle était étrangement légère et maniable.

"Mon frère Himling l'a déjà vu en ma possession, croyez-moi, et puisque je devine que vous souhaitez vous lancer à sa poursuite pour vous venger de lui, usez de cette dague pour me venger également de l'affront qu'il m'a fait."

Tous deux sortirent, et Himlad le bibliothécaire parla une dernière fois:

"Vous n'avez pas de monture, et cela hélas je ne puis vous l'offrir, je n'en possède pas. Mais ne désespérez pas, Sirion... qu'importe l'avance dont dispose un voleur, tant qu'on sait où il va: Himling ira sans doute dans le Nord, dans la région d'Esgaroth. Je le connaîs assez bien pour savoir qu'il travaille pour le Comte de cette ville, et qu'ils entretiennent d'étroites relations. Mais prenez garde, et que la chance vous accompagne. Adieu."

Et de retourner à ses livres, tandis que les deux gardes refermèrent la porte derrière lui.