A la recherche d'un voleur

Après plusieurs heures de galop dans les étendues désertiques de Khand, Sirion arriva alors enfin en vue du mystérieux palais du désert. Le vent frappait le visage de Sirion qui du recouvrir sa tête avec sa capuche noire. Le mercenaire continua son avancée jusqu'à être au bas de la grande porte de la cité, là des gardes veillaient à la protection de l'entrée du palais l'un d'eux cria vers Sirion :

- Eh toi, que veux-tu étranger ?!
- J'aimerais avoir l'hospitaliter dans cette cité, mon cheval est épuisé et nous n'avons pas dormi depuis longtemps. N'ayez crainte je ne suis pas là pour faire d'ennuis.

Sur ce, la grande porte s'ouvrit dans un grincement de vieux bois et de fer rouillé. Cette porte paraissait très lourde et particulièrement solide.

Sirion pénétra donc dans la ville où se trouvait le palais.
*Bon à présent je dois retrouver ma cible dans ce dédale de rues...*

En effet, la ville était constituée de très nombreuses ruelles, petites ou grandes. Ca grouillait de gens, partout où Sirion allait il y avait quelqu'un, il décida de s'arrêter dans une auberge possédant une petite étable à l'arrière. Il y déposa son destrier afin qu'il se repose et mange un peu de foin.

Pendant ce temps, le fantôme se dirigea dans la taverne de la batisse. Quelques chasseurs errants étaient à une table où l'alcool y était déversé à profusion. Une autre table était constituée de deux émissaires haradrims et enfin il y avait une serveuse entrain de passer la commande de clients sur son plateau tout en discutant avec le tavernier. Sirion décida d'aller vers ces deux-là :

- Salutations, je voudrais une bière blonde si c'est pas trop demandé.
Le tavernier interrompit sa conversation avec sa serveuse pour satisfaire le nouvel arrivant. Sirion avait l'impression de le gêner.
*C'est bon mon gars je vais pas te la piquer ta donzelle* pensa Sirion.

Puis il décida de questionner l'homme :

- Dites-moi ne seriez-vous pas au courant de l'arrivée d'un vieil homme dans la ville ces derniers temps ? Je recherche quelqu'un qui m'a dérobé un objet ayant une très grande valeur sentimentale à mes yeux, l'auriez-vous vu ?

Ayant dit ces mots, l'Intenable jeta un oeil à la table des chasseurs qui avaient l'air intéressé depuis qu'il avait parlé "d'un objet d'une très grande valeur"..Sirion avait sa main gauche sur Ekhliss prêt à faire voler des têtes trop présomptueuses en attendant la réponse du tavernier.

#Sirion

Le tenancier de l'auberge fronça légèrement les sourcils lorsque Sirion lui demanda une bière. Si peu de gens lui achetaient pareille boisson, la plupart des visiteurs étant des gens du Sud ou du désert. Il y avait des dizaines de boissons locales coulant à flots, et cet inconnu demandait un breuvage des lointaines régions septentrionales... Etrange.

Enfin... il en fallait bien pour tous les goûts. Heureusement, l'auberge avait été approvisionnée peu de temps avant en bière brune et blonde. Il y en avait peu en comparaison aux autres alcools, mais tout de même bien trop pour un seul homme, c'était une chance.

L'aubergiste fit un signe de la main, comme pour s'excuser de couper la conversation un moment, mais quand il reparut avec une chope sur un plateau, il sourit à son client et se remit au dialogue:

"Alors... Qu'est-ce que vous m'avez dit déjà? Un vieil homme, que vous cherchez? Allons donc, c'est que des vieillards il y en a ici!"

Et il rit, et maintes petites rides se dessinèrent sur sa peau bistre. Il n'était plus très jeune lui non plus.

"Mais si vous parlez de celui qui s'est échappé de prison il y a peu et qui a été repêché hier, je ne vous conseille pas d'aller le voir! D'abord il vous faudra aller aux trous pour lui causer, et il n'est pas le type le plus sympathique que j'ai vu... hé, hé, hé."

Le tenancier avait l'air d'avoir un peu trop bu et parlait de façon diffuse. Sirion réussit à déchiffrer ses quelques paroles après quelques instants de réflexion. Il dit alors au tavernier :

- Hm...crois-tu que l'on me laissera le voir ?Je me fiche bien de savoir s'il est l'homme le plus sympathique, je veux le retrouver un point c'est tout.

Sirion fit une pause en buvant d'un trait son verre.

- Merci pour ces informations, l'ami. Je vais vous laisser toi et ta demoiselle.

Sur ce, Sirion se retourna pour partir après avoir payé et se retrouva nez-à-nez avec les quelques chasseurs assis auparavant à la table. Ils étaient trois et avaient le teint des gens de ce pays. Ils regardaient Sirion fixement avec des yeux exorbités et avec les pupilles dilatées. Sirion tenta de passer en poussant gentilment celui devant lui mais les autres prenaient sa place. Ils voulaient quelque chose mais quoi ?Alors Sirion dit :

- Y'a un problème les gars ? Je ne vous connais pas alors laissez moi passer, s'il vous plait.

Il avait dit ce "s'il vous plait" avec force comme pour dire que c'était la dernière chance pour ces hommes de lâcher prise.

Lorhiss et Eckliss étaient avides d'espace et de mouvement, elles allaient peut-être etre contenter dans les prochaines minutes...

Des hommes saouls, rien de de chasseurs saouls, voilà ce qu'étaient ces trois individus au teint bistre et aux traits de visage saillants. Ils n'étaient ni jeunes ni vieux, auraient-on pu dire, mais cela n'avait que peu d'importance... ce qui comptait vraiment, c'étaient le fer que chacun portait à sa ceinture; et Dieu sait qu'une épée dans les mains d'un gaillard ivre peut occasionner quelque résultat malheureux...

"S'il vous plaît?! S'il vous plaît que tu dis?! Oui mais ça nous plaît pas nous! Qui t'est donc, toi l'étranger? On t'as jamais vu ici, pourtant croyez bien qu'on vient souvent là."

Ce n'était que trop vrai. Ces chasseurs passaient plus de temps ici qu'à chasser, semblait-il, ce qui ne les rendaient pas moins dangereux en combat rapproché, ayant tout de même une bonne endurance et l'habitude de l'âpreté du désert et des mauvais coups.

Le second continua, il était plus petit mais plus musclé et nerveux:

"Doit y avoir une bonne raison pour que vos gaudasses vous mènent ici, en plein milieu de nulle part. Et une bonne raison je gage. Laissez-nous donc vous aidez, on connaît cette ville comme not' poche. Mais attention, faut une 'tite récompense à la fin! Les pièces d'or nous vont très bien mon bonhomme."

Le troisième, plus maigre, resta silencieux, mais il sortit de la taverne et les autres le suivirent. Nul doute qu'ils resteraient derrière le seuil jusqu'à ce que Sirion sorte. Refuser cette offre amènerait sans doute une belle bagarre, et l'accepter avait des avantages et des inconvénients. Il fallait faire un choix.

Ces trois hommes s'avançèrent donc vers Sirion et deux d'entre eux prirent la parole et posèrent des tas de questions. Leur haleine était assez horrible et sentait l'alcool fort à s'en boucher le nez.

Une fois leurs phrases débitaient -bien qu'avec des pauses dûes aux remontées gazeuses- les trois chasseurs quittèrent la taverne mais Sirion put remarquer qu'ils ne cessaient de le regarder depuis l'extérieur comme pour le surveiller.
*Ils pourraient m'être utile pour trouver les cachots,...mais il faudra que je m'en débarrasse sitôt cette affaire réglée*

Alors Sirion se mit à marcher jusqu'à la sortie, il avançait lentement le temps de remettre toutes ses informations en ordre. Sirion avait l'air sévère et passa enfin l'entrebaillement de la porte. Il passa devant les trois hommes qui le regardèrent avec des yeux ahuris.

- Conduisez-moi jusque dans les cachots du palais et je verrais ce que je peux faire pour remplir vos bourses...pour bien les remplir.

Le plus petit qui avait une musculature plus évoluée que les deux autres se préparait à répondre à Sirion. Pendant ce temps, le Fantôme surveillait la réaction de ses nouveaux alliés de circonstance qui auraient pu mal digérer l'alcool...

Le plus petit des trois bougres s'avança vers Sirion. Visiblement le Fantôme avait de quoi payer, du moins l'avait-il insinué dans ses paroles. Il n'en fallait pas plus à un homme ivre pour commettre une action incroyablement stupide et risquée, qui pouvait leur coûter cher: guider cet inconnu jusqu'aux geôles.

"Quand y a de la ferraille, y a du coeur! vociféra le chasseur saoul. Mais attention, pas d'entourloupes!"

Ces deux camarades semblaient assez d'accord avec lui, car ils ne montrèrent aucun signe de résistance, et ils se mirent même à s'éloigner de la porte de l'auberge, disparaissant presque dans la nuit noire. Seules quelques lanternes permettaient de deviner la paire de silouhettes.

"Allons-y! dit le petit baraqué. Sinon 'vont partir..."

Le trio emmena Sirion par maintes ruelles et coursières, chemins de traverses et sombres corridors. S'ils avaient voulu se jouer de lui et lui voler ses biens, ils l'auraient aisément pu. Mais par chance, ils ne le firent point, peut-être parce qu'ils sentaient la présence des lames à la ceinture de Sirion...

Bientôt ils descendirent un escalier aux nombreuses volées de marches, qui les emporta bien en-dessous du niveau du sol. Ils arrivèrent devant une lourde porte, gardées par trois sentinelles à moitié endormies, semblait-il.

Si Sirion s'était retourné à ce moment, il aurait pu voir que les trois chasseurs avaient disparu, peut-être parce qu'ils ne voulaient pas se frotter aux gardiens des cachots...

"Qu'est-ce que vous voulez?" demanda l'un d'eux.

Plus ils descendaient dans les sous-sols, plus la température dégringolait. Puis il fit enfin un froid glacial dans les gêoles, Sirion n'eut pas le temps de dire ouf avant que ses trois guides disparaissent dans les escaliers.
*Je m'occuperais d'eux plus tard..*

Le Fantôme se retrouva bientôt face à trois gardes semble-t-il à demi endormi. Soudain l'un d'eux parla en direction de Sirion :

- "Qu'est-ce que vous voulez?"

Sirion prit sa voix dure et parla le plus gravement possible afin de ne pas attirer les soupçons :

- Je suis ici pour voir un prisonnier, on m'a dit qu'il est arrivé dans ces cachots il y a quelques jours et je souhaiterais l'interroger. C'est un vieil homme qui ne parait pas commode et qui est plutôt antipathique. Vous pouvez me conduire à lui ?

- Pour qui tu te prends pour nous donner des ordres pareils ?!J'te préviens mon gars si tu...

Il n'eut pas le temps de continuer, Sirion le prit par le col et lui envoya à la figure ces mots :

- Moi aussi j'te préviens mon gars, si tu m'as pas ramené ce type dans les 5 prochaines minutes, je me ferais un plaisir de m'occuper de toi !D'autant plus, que l'homme que je sers n'est pas commode non plus et qu'il n'hésitera pas à vous faire tuer...et puis le roi ne serait pas content de savoir que plusieurs de ses gardes ont désobéit à l'homme de main d'un de ses amis...tu ne crois pas ?

Le bluff : c'était le meilleur atout de Sirion. Encore fallait-il que ce tour-ci marche, il fallait qu'il marche sinon c'en était fait de lui.

...ou alors ses lames jumelles seraient rassasiées...

La figure du garde se décomposa, il devint blême; et le ton sur lequel il répondit à Sirion semblait refléter la peur et la crainte. Les mots étaient faibles et saccadés:

"Excusez-moi... Excusez-moi... monsieur. J'ignorais... j'ignorais que vous serviez... indirectement... le Roi. Entrez!"

Il se saisit d'une clef aux formes compliquées et l'introduisit dans la serrure de la porte. On entendit un léger déclic, et la porte fut ouverte, sans grincement mais en raclant par terre à cause de son mauvais équilibrage.

Les trois gardes se rangèrent sur le côté pour laisser passer Sirion. Lorsque celui-ci pénétra à l'intérieur, il put voir de nombreuses grilles délimitant l'espace vital des prisonnier des allées des "visiteurs". L'endroit était humide et sinistre, et il empestait. Un unique orifice était ménagé dans le plafond, d'où filtrait faiblement la lumière de la lune, bien au-dessus, dans le ciel. Elle répandait une lumière froide et insuffisante dans la prison, mais le Fantôme devrait s'en contenter...

Clac!

On venait de refermer la porte derrière lui, et de la vérouiller! Et oui, le bluff était aussi l'une des armes des trois gardes. Ils l'avaient bien eu. Les battants étaient si lourds et la serrure su imposante qu'il était tout à fait impossible de la forcer. Et il n'y avait aucun autre moyen dévasion, l'orifice du plafond étant innaccessible et ayant un diamètre de moins de trente centimètres.

Les gardes alaient sûrement aller charcher du renfort. Sirion était pris au piège, il n'avait plus ren à faire... à part trouver le fameux prisonnier et son grimoire tant recherché...

Sirion pénétra donc dans le couloir menant aux cellules des prisonniers, l'air y était glacial et l'obscurité emplissait la majeure partie.Seule une petite embouchure au plafond laissait passer la lumière du soleil.

Soudain Sirion entendu un bruit de porte fermée. *Malheur !Les lâches!*
En effet, les gardes venaient de refermer la porte de l'entrée, enfermant ainsi Sirion et pouvant ainsi aller prévenir des renforts.

Comprenant promptement qu'il ne pourrait s'échapper, il décida de continuer son enquête pour retrouver sa proie. Sirion regardait une à une chaque cellule, il y avait des prisonniers vieux, maigres, sales, malades, miséreux. Certains prisonniers étaient apeurés par ce qu'ils voyaient : une ombre derrière les barreaux les regardant et ne laissant apparaitre qu'un oeil rouge terrifiant.

Soudain, le Fantôme s'arrêta devant une cellule. L'homme dedans était caché au fond de la pièce et n'était visible que grâce à l'oeil lumineux de Sirion. Il voyait un homme replié sur lui-même tenant quelque chose dans ses bras. Cet homme se balançait légèrement d'avant en arrière comme le font les fous. Il tremblotait et semblait avoir un sourire de folie sur les lèvres.

L'Intenable s'approcha des barreaux et posa l'une de ses mains sur l'un d'eux. La barre de fer était gêlée et Sirion failli retirer sa main. Après plusieurs minutes d'observation, Sirion avait de plus en plus la certitude que cet homme était sa cible. Alors il brisa le silence :

- Sais-tu pourquoi je suis ici vieil homme ?

Le silence revint puis

- ...tu as quelque chose qui n'est pas à toi. Si tu me le rends, je t'épargnerais.

Une fois encore, aucun son ne sortit du prisonnier jusqu'à ce que...

Le prisonnier en face de Sirion était sans doute l'homme qu'il recherchait... le voleur, le frère du bibliothécaire... le fou. En effet, la prison devait lui avoir fait perdre la tête, car les signes évidents de folie semblaient être présents. Lorsqu'il entendit la voix dans l'obscurité, son sourire le quitta et il eut l'air renfrogné.

Pendant un instant fugitif, les yeux du Fantôme purent voir briller un objet doré à la faible lueur de la lune...


L'homme le tenait à la main... nul doute, c'était bien de lui qu'il s'agissait. Mais le plus important, c'était que le vieil Himling - puisque c'était son nom - cachait quelque chose sous les noires étoffes qui recouvraient ses bras. Il parla, et sa voix reflétait la peur qu'il ressentait, feinte ou non.

"C'est cela que vous cherchez?"

Ses bras recroquevillés se déployèrent, et entre les deux mains osseuses du vieillard, des lettres d'or furent révélées à la lueur de l'astre nocturne:


"Je l'ai volé car c'est mon frère qui voulait s'en servir... c'est lui le fou... aux noirs desseins... il a toujours voulu me faire porter toutes les fautes, tous les malheurs. C'est lui, que je vous dit! Il ne faut pas qu'il l'ai! Faites-moi sortir de là! Faites sauter la grille et vous aurez tout de l'histoire."

Guère crédible... mais jamais Sirion n'obtiendrait le livre avec cette séparation de fer encore en place...

Sirion ne savait guère quoi penser de ses paroles :
...dit-il la vérité ?...qui est le fou?...le sont-ils tous les deux ?...je suis en plein doute...

Alors le Fantôme se décida :

- Si je vous ouvre et que vous essayez de me nuire, mes lames se feront un plaisir de vous transpercer c'est clair ?

N'attendant point de réponse, Sirion dégaina Ekhliss et tenta de briser le verrou rouillé qui tenait enfermé le vieil homme à l'intérieur de la cellule. Sirion mit plusieurs minutes à le faire sauter, non pas parce qu'il résistait mais parce qu'il ne cessait de jeter un coup d'oeil vers le prisonnier. Des centaines de questions se frayaient un chemin dans l'esprit de Sirion :

*je dois faire attention si jamais il connait une formule, il pourrait me jeter un mauvais sort...au moindre geste suspect de sa part je l'abats...*

Clac !

Enfin le verrou avait cédé et la porte de barreaux s'ouvrit, ne laissant à présent plus rien entre les deux protagonistes.

- Donnez-moi ce livre, vieil homme. En attendant de savoir qui dit vrai, je préfère l'avoir sous mon aile.

Un élan nouveau s'empara du vieil homme lorsqu'il entendit le bruit métallique du verrou qui cédait: c'était la seconde fois qu'il s'échappait en trois jour, puisse le ciel faire que ce soit la bonne.

"Êtes-vous vraiment sûr de vouloir posséder ce livre?"

Sa voix tremblait, mais il n'avait point peur, il était même reconnaissant envers celui qui venait de le délivrer, même s'il savait pertinemment que gagner sa confiance ne serait pas aisé. Le regard ferme de Sirion renseigna Himling sur les volontés de son libérateur: il était évident qu'il ne pourrait aller plus loin sans céder à sa requête.

"Eh bien prenez-le, mais soyez prudent!"

Ceci fait, les deux hommes trouvèrent à pas de loup le chemin de la sortie... enfin, plutôt de la porte en vérité, car ce n'était pas synonyme de sortie pour l'instant; elle était toujours close. Soudain on entendit des voix à l'extérieur, et la serrure cliqueta. Sans doute les renforts de la garde...

Piégés en fin de compte...

La porte s'ouvrit et qu'apparut-il alors? Trois têtes, mais pas celles des sentinelles. C'étaient les trois chasseurs ivres. Le plus maigre parla:

"Eh ben les gars, on peut dire que les gardes avaient des bourses bien remplies!"

Derrière eux, trois corps gisaient, assommés pour un bon moment...


#Himling
#Sirion

Sirion se saisit du livre mystérieux et le mit sous le bras, il regarda d'un air suspicieux le vieil homme.

*Qui croire ?*

C'est alors que la porte d'entrée de la prison s'ouvrit laissant apparaitre les trois chasseurs ivres. L'un d'eux dit :

"Eh ben les gars, on peut dire que les gardes avaient des bourses bien remplies!"

Sirion leur répondit :

- Je vous avais dit que vous auriez votre récompense nan ?Et bien vous l'avez ainsi que tout ce que vous trouverez dans ces cellules.

Les trois chasseurs s'empressèrent d'aller fouiller les cellules vides et de chercher dans les recoins de la pièce. Pendant ce temps, le Fantôme entraina avec lui Himling en-dehors des cachots, il prit les clefs et renferma les trois ivrognes à l'intérieur le plus discrètement possible.

Il savait que les renforts ne tarderaient pas et qu'ils seraient vite dehors...ou réenfermer dedans.

En attendant, Sirion et Himling revinrent à la surface et se dirigèrent vers la grande porte. A présent il s'agissait de sortir sans éveiller les soupçons. Alors Sirion demanda à Himling de mettre un turban sur son visage pour se dissimuler plus aisément des curieux et autres mouchards, tandis que lui, il cacha tant bien que mal le Livre dans ses vêtements...

Himling saisit sans discuter le foulard qu'on lui tendit et s'en cacha le visage. Il n'en avait cure. En son for intérieur, il riait, il savait qu'il avait bien parlé et qu'il allait retrouver la liberté... Cette fois il ne se ferait pas reprendre... pas comme la dernière fois où il était seul dans le désert.

* Il m'a cru... pensa-t-il. *

Passant de coin sombre en coin sombre, les deux hommes purent se diriger vers la grande porte sans problème notable. Il n'y avait que peu de monde à l'extérieur par le vent mauvais de la nuit: tous à l'auberge ou au palais.

Ils passèrent par maintes ruelles, et Himling aida grandement Sirion en terme d'orientation: il semblait avoir une grande connaissance de la ville et de toutes les coursières possibles et imaginables, bien qu'une très mince fente dans le foulard lui permit de voir.

"A droite... A gauche... Par là... descendons..."

Telles étaient, entre autres, les indications que donnaient le vieil homme à chaque coin de rue, toujours de sa voix faible et furtive. Et ce fut payant, ils arrivèrent bientôt en vue de la grande porte de bois. Lourde. Epaisse. Incommensurable.

Il y avait une bonne dizaine de gardes dans les environs. L'un d'eux s'approcha avec une torche.

"Qui êtes-vous? Montrez tous deux vos visages!"

Comment Sirion allait-il pouvoir sortir?

Sirion suivait avec prudence le vieillard à travers les ruelles de la ville. La nuit les couvrait de son voile et ils pouvaient avancer aisément dans le dédale de rues. Sirion était à la fois sur ses gardes au cas où son guide ne le trahisse et à la fois pensif :

*Que peut bien renfermer ce grimoire pour attirer tant ces deux frères ? Une formule magique ?*

Ils arrivèrent alors à la grande porte de la cité, ils étaient presque hors de danger, mais encore fallait-il PASSER la porte. Himling ralentit comme pour laisser parler Sirion :

"Qui êtes-vous? Montrez tous deux vos visages!"

*Arf! j'avais oublié les gardes!*

- Nous sommes des voyageurs qui souhaitont quitter cette ville au plus vite, mon vieil ami est souffrant et seuls les talents de guérisseur de mon père pourront le sauver...c'est une maladie contagieuse et je crois que j'en suis déjà infecter.

Il retira son foulard et toussa en direction du garde.

- Pardonnez-moi mais nous devons nous hâter si vous ne voulez pas qu'il infecte la ville. Il porte ce foulard pour éviter de contaminer les autres personnes. Comprenez-vous ?

Plusieurs gardes rirent; certains dégainèrent leurs épées. Celui qui veanait de parler reprit la parole:

"Allons monsieur le voyageur... pensez-vous vous jouer de nous par un mensonge aussi peu subtil, ou êtes-vous idiot vous-même?"

Il venait e parler avec dédain et sarcasme, et ses compagnons s'approchèrent, se resserant autour de Himling et de Sirion, comme si les manoeuvres à faire dans ces cas là étaient connues et respectées telles des traditions.

"Je vous le dis pour la dernière fois: retirez le voile qui masque le visage de votre compagnon, sans quoi vous ne sortirez jamais de cette ville, et vous découvrirez tous deux le caractère agréable de nos cachots. C'est vous qui voyez!"

Là encore, la partie n'allait pas être simple pour Sirion: s'il obéissait, il était démasqué. S'il refusait, un combat s'engagerait alors, et le vieil Himling ne pourrait sans doute pas être sauver. Mais après tout, le Fantôme détenait le Livre, seule chose qu'il lui fallait. Les gardes était au nombre de dix environ, mais peu étaient dotés d'épées, les autres n'avaient que des lances grossières. Et aucun n'avait réellement d'entraînement, car leur travail était plus que tranquille, d'habitude.

Sirion était dans une situation périlleuse, le vieil homme ne savait surement pas se battre. Mais il ne comptait pas non plus se rendre, c'est alors qu'il se mit à sourire puis à sourire.

- Hahaha !Bien joué camarades! Il est vrai que je suis un piètre comédien, c'était une simple farce. Mais plus sérieusement, j'aimerais vous présenter deux ami"E"s à moi.

Les soldats regardaient Sirion avec étonnement et certains même devinrent très attentifs aux paroles du mercenaire.
Le Fantôme jouait son va-tout, et il allait lui falloir user de tous ses talents de guerrier. Avant tout il fallait distraire les gardes.

- Voulez-vous faire la connaissance de Lorhiss et de Ekhliss ?

Les gardes s'approchèrent de lui comme pour l'écouter davantage. Discrètement Sirion fit signe à Himling de se mettre à l'écart puis...

- Et bien les voici !!

Alors l'Intenable dégaina ses lames jumelles et les fit tournoyer dans les airs émettant ainsi des sifflements peu agréables et annonciateurs de combat et de mort.
Sirion profita de la surprise pour se débarasser du plus grand nombre de soldats le plus rapidement possible, bougeant sans cesse et attaquant toujours différemment.

Une fois que la voie serait libre, il s'enfuirait avec Himling en dehors de la cité ou si la porte était fermée, il prendrait un garde en otage...

Affaire périlleuse en tout cas.

Himling s'était mis de côté comme le lui avait demandé tacitement Sirion, et il s'avéra que, malgré la grêle de gardes qui déferla sur eux, le destin l'épargna. En vérité, les sentinelles étaient davantage concentrées sur les lames jumelles du mercenaire et sur son habileté au combat que sur le vieil homme au visage masqué de noir.

Bientôt les dix gardes furent sur le Fantôme, mais sa fougue et sa vivacité, son savoir-faire et la variété de ses attaque eurent raison de cinq d'entre eux, qui s'écroulèrent, morts, le corps percé où la tête coupée.

Le vieux frère d'Himlad s'éloigna encore un peu plus, mais comme il le faisait, l'étoffe qui cachait son visage tomba sur les dalles sombres du sol, découvrant ainsi ses traits saillants qui se firent voir à la lueur des torches. Hélas, il n'avait pu cacher son identité jusqu'au bout. Mais quelle importance, maitenant que le combat faisait rage?

Tout de même, l'un des soldats du palais aperçut le vieillard et sut très vite de qui il s'agissait. Et de fait, il venait de rattraper ce prisonnier quelques jours auparavant, lors de sa première évasion. Il se dirigea en hurlant vers Himling...

"A mort!"

Mais
celui-ci avait plus d'un tour dans son sac: une dague étincela dans la demi-obscurité et transperça d'abdomen de son vis-à-vis. Ce dernier n'avait sans doute pas cru qu'un vieux aurait pu lui tenir tête, sans quoi il aurait été plus prudent.

"Un de moins..." fit calmement Himling en essuyant le sang avec le tissu noir tombé à terre.

Il restait à présent plus que quatre adversaires. La grande porte était close, mais non fermée à clef.

Sirion combattait courageusement et tua plusieurs gardes assez rapidement, il remarqua que Himling s'était occupé de l'un d'eux.

*s'il était si méchant, il aurait pu me poignarder...*

Puis seuls qautre gardes étaient encore debout, ils étaient face à Sirion. Le combat reprit alors et le Fantôme remarqua une brèche entre les soldats. Il agrippa alors l'un d'eux au col et le jetta sur les autres. Il saisit alors le vieil homme par le bras et lui dit :

- C'est le moment de partir !

Alors les deux fuyards coururent vers la porte, arrivés à sa hauteur Sirion tira la lourde poignée et fit passer Himling en premier puis il passa dans l'entrebaillement de la grande porte de bois et d'acier.

Ils étaient découvert, on pouvait entendre une certaine agitation derrière les murs de la cité de Khand. Les soldats allaient-ils les suivre ?

Alors Sirion demanda à Himling :

- Ce livre pourrait-il nous sortir de cette situation ?!
Tout en courant, il attendait la réponse cruciale du frère de Himlad.

Certes, si Himling l'avait voulu, il aurait depuis longtemps pu poignarder Sirion dans le dos, lâchement et sournoisement. Mais il n'en fit rien. Comment d'ailleurs s'en serait-il sorti si son seul espoir avait été tué? Il n'aurait pas pu tenir longtemps contre le restant des gardes, seul avec son unique poignard...

Par une manoeuvre astucieuse, le Fantôme pu mettre les ennemis dans l'embarras pendant un instant... et cet instant suffit pour que lui-même et l'ancien prisonnier disparraissent dans les ténèbres de la nuit du désert.

Au bout de quelques secondes, les deux compères durent se rendre à l'évidence: ils n'iraient pas loin à pied dans le sables, d'autant plus que les cris et les pas de l'autre côté du mur s'intensifiaient. Et Sirion posa à Himling la question que ce dernier redoutait le plus, au sujet de ce mystérieux livre...

"Oui... oui... sans doute, en cas d'extrême urgence. Mais il est très dangereux pour vous et moi de l'utiliser... oui... nous ne devons pas nous en servir! Ceux-là par contre peuvent nous servir..."

De quoi parlait Himling? Sirion le sut bien vite lorsqu'il vit et entendit deux voyageurs à cheval venir vers les portes, insouciants...

Dès que le Fantôme aperçut ces deux voyageurs, il coura à une vitesse folle vers eux en espérant qu'ils ne fuient pas. Himling tentait du mieux qu'il le pouvait de suivre son sauveur mais ce dernier courait trop vite pour ses vieilles jambes.

Sirion arriva à hauteur des deux voyageurs, il sortit promptement Ekhliss et sauta sur le premier des deux hommes. Il le fit tomber et l'entraina dans sa chute, après quelques coups, Sirion parvint à tenir en respect le malheureux voyageur en plaçant sa fidèle lame sous sa gorge, il parla aussitot au voyageur sans perdre de temps :

- Ton cheval est-il résistant et endurant ?Peut-il monter deux personnes ?! Vite réponds !

Pendant ce temps, Himling les avait rejoint et était hors d'haleine. Il posa ses mains sur ses genoux et regarda avec circonspection Sirion mener son interrogatoire "musclé".

Derrière eux, l'on entendait des bruits d'agitation dans la cité, des torches s'allumaient et se remuaient en haut des murailles...

Partir vite était le seul espoir.

"Oui! Oui! C'est un coursier très endurant! Mais pitié! Ne me tuez pas!"

Tandis que le pauvre voyageur appeuré parlait, Himling avait rejoint Sirion, hors d'haleine. Sa vieillesse ne permettait guère de telles courses, et il fut heureux que son coeur ait tenu bon pour celle-ci. Sans cheval, le vieil homme aurait été incapable de fuir à travers le désert et de sauver sa peau: il aurait sans doute été repris par la garde du palais, ou peut-être serait-il mort d'épuisement sur le sable des dunes...


"Vite, mon ami! Vite, dépêchons!"

Il leva le regard et devina indistinctement la silouhette du cheval noir qui henissait devant eux. Rien n'était sûr à cette lumière, mais il semblait tout de même au frère d'Himlad qu'il s'agissait d'une bête à grande et forte carrure. C'était une chance.

"Aidez-moi à monter!"

Avec l'aide du Fantôme, Himling fut bientôt sur le dos du cheval, et il aurait très bien eu le temps de l'éperonner et de laisser Sirion ici, seul pour un temps. Mais heureusement pour le mercenaire, l'homme aux cheveux et à la barbe grise ne fit rien de cela: Sirion se plaça bientôt devant lui, laissant les deux voyageurs.

L'ancien et le nouveau détenteur du livre des Noires Incantations avaient à présents disparu dans le désert, et ils ne s'arrêtèrent pas de longtemps. En vérité, ils chevauchèrent toutes la nuit, jusqu'à ce que l'aube fasse son apparition.