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 Le Prix de l'Innocence

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Ryad Assad
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Ryad Assad

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Le Prix de l'Innocence EmptyVen 12 Avr 2024 - 14:23

- Voici la Lame de la Guilde, symbole de notre confrérie, de notre mission. Par le sang versé, nous sommes liés.

- Par le sang versé, nous sommes liés.

Le Maître Danakil, s’estimant satisfait, lui déposa le poignard entre les mains. Son manche stylisé représentait le corps d’un serpent, qui s’achevait par une tête garnie de crocs en guise de pommeau. La lame, enveloppée par un fourreau de cuir, était un peu plus petite que son avant-bras, sans doute forgée dans l’acier le plus souple et le plus résistant, afin de trancher aisément à travers la chair sans s’émousser. Elle ne s’autorisa pas à poser les yeux dessus : il aurait été inconvenant de dégainer une arme dans un tel lieu. Le Maître permit à la jeune femme de se relever, ce qu’elle fit immédiatement. Elle lissa par réflexe les pans de sa longue robe, cachant difficilement sa nervosité. En face d’elle, installés dans de luxueux fauteuils, se tenaient les membres les plus éminents de la Confrérie des Ombres, qui l’accueillaient en leur sein. A l’exception du Hîr-Dae, ils étaient tous là, aussi austères que des statues. Leurs regards ne lâchaient pas la jeune femme, qui n’avait pas encore été autorisée à prendre la parole. Danakil poursuivit :

- La chute de Dîm-Bar est une regrettable tragédie. Je suis heureux de savoir que Taltos nous aura servi jusqu’au bout. Sa mort ne sera ni oubliée, ni pardonnée.

Taltos. L’assassin avait défendu jusqu’au dernier souffle l’antenne de l’Antre des Ombres à Minas Tirith, et avait trouvé la mort face aux hommes de Cartogan, qui n’avaient eu aucune pitié pour ceux qui refusaient de se rendre. La jeune femme, une des rares survivantes de l’assaut, avait perdu son maître ce jour-là, mais elle avait également gagné le rang d’Assassin parmi la Confrérie. Rang qu’elle était venue faire confirmer à Al’Tyr par les plus hautes autorités de la Guilde.

- Assassin. Tu appartiens désormais pleinement à la Confrérie. Fais-tu serment de respecter son code, ses lois, et d’obéir toujours à la volonté du Hîr-Dae et du conseil ?

- Oui, maître.

- Fais-tu serment de ne jamais reculer devant une mission, et de toujours accomplir ton devoir avec fidélité et loyauté ?

- Oui, maître.

- Fais-tu serment de garder toujours l’existence de la Guilde secrète, et de défendre jusqu’à la mort ses trésors et ses arcanes ?

- Oui, maître.

Danakil lui posa une main sur l’épaule.

- Lève-toi, Farah Nazanin, assassin. Bienvenue dans la Confrérie des Ombres.

Les autres membres du conseil se levèrent, et vinrent lui poser à leur tour une main sur l’épaule, avant de s’éclipser discrètement par des portes dérobées. Quand il ne resta plus que maître Danakil, celui-ci l’invita à le suivre, et ils disparurent par une ouverture cachée qu’elle n’avait pas vu au premier coup d’œil. Ils débouchèrent sur une coursive qui donnait sur la superbe ville d’Al’Tyr, qui foisonnait d’activité à cette heure de la journée. Ils furent cueillis par le bruit de la foule, le parfum de la mer, et la fraîcheur d’une brise délicate qui tranchait avec la chaleur du soleil de plomb qui s’abattait sur leurs peaux. Farah mit un moment à s’habituer à la lumière, mais elle ne se laissa pas distancer par le Maître Assassin qui continuait à avancer d’un pas décidé.

- Merci d’avoir ramené jusqu’à nous les textes sacrés de la Confrérie. Nous savons que tu as dû endurer de nombreuses difficultés sur ta route. Nos espions ont loué ton courage face aux hommes du Gondor.

Elle inclina la tête humblement.

- Je n’ai fait que mon devoir, maître.

- Certes.

Il garda le silence un moment, la conduisant vers ce qui ressemblait à une tour de garde où quelques hommes en faction leur tournaient ostensiblement le dos.

- Nous attendons de toi que tu continues à servir la Confrérie avec la même dévotion. La chute de Dîm-Bar nous force à… reconsidérer notre stratégie. L’Antre des Ombres de Minas Tirith était notre base avancée au Nord, mais nous avons été balayés, et pour l’heure la situation au Gondor est trop instable pour que nous puissions nous y projeter sereinement. La mort du général Cartogan ne nous ouvre pas encore une fenêtre d’opportunité suffisante pour que nous puissions nous y engouffrer. Quant à Osgiliath… la Compagnie du Sud y règne d’une main de fer, et ils sont pour l’heure hostiles à tout ce qui vient du Harad. Al’Tyr, en particulier. A cause de l’embargo sur les marchandises venues du Harad, nous manquons d’hommes et de ressources pour tenter quelque chose.

Farah acquiesça. Depuis son arrivée dans la Cité des Ombres, elle avait pu se mettre au courant de tous les événements qui s’étaient déroulés après sa fuite précipitée de Minas Tirith. Les émeutes dans la Cité Blanche, la mort tragique de Cartogan, les dissensions au sein du royaume… Le Gondor, fragilisé par des jeux de factions, avait retrouvé un semblant d’unité à l’occasion du Conseil du Sceptre, qui avait permis de redéfinir la politique du royaume. Les Ombres n’étaient pas les bienvenues, et il faudrait encore quelques temps avant qu’elles ne pussent se réimplanter là-bas. Danakil en était conscient, de même qu’il mesurait le manque à gagner pour la Guilde, à la fois sur le plan financier, mais également en termes d’influence.

- L’Arnor, reprit-il, ne nous ouvre pas facilement ses portes non plus. Ce royaume est lointain, et peuplé de barbares qui n’aiment rien de ce qui vient de l’étranger. Nos informateurs nous indiquent que leurs agents traquent sans relâche les ennemis de la Couronne, et les assassins que nous avions dépêchés n’ont pas réussi à échapper à la surveillance des autorités locales. Il se murmure qu’un Khandéen rallié à la cause d’Aldarion mènerait la défense secrète de l’Arnor : un homme qui connaît bien nos méthodes, et qui est plus à même de déjouer nos stratagèmes. A l’heure actuelle, nous n’avons pas les ressources et les compétences pour pénétrer dans la capitale du Nord, et nous hésitons encore sur la marche à suivre. Nos transferts de ressources sont… compliqués… par la situation politique actuelle. Ce dont nous avons besoin, au Gondor comme en Arnor, c’est de fonds disponibles sur place pour créer l’embryon d’une cellule d’assassins…

- À quoi pensez-vous, maître ?

Il poussa la porte de la tour de garde, et emmena Farah vers les profondeurs. L’escalier en colimaçon semblait descendre à l’infini, et l’air devint soudainement plus frais, indiquant qu’ils se trouvaient sous la surface du sol. Les bruits extérieurs ne furent bientôt qu’un lointain souvenir. Ils empruntèrent un couloir sinueux, enténébré, mais où l’on ne détectait aucune toile d’araignée ni aucune trace d’abandon. C’était de toute évidence un chemin secret d’Al’Tyr que les Ombres empruntaient fréquemment. Ils finirent par déboucher sur une grande pièce isolée, fermée par une lourde porte de bois renforcée de fer. Farah s’attendait à trouver une salle d’armes remplie d’équipements en tout genre, ou un coffre fort expert. Elle fut un peu déçue de se retrouver dans une pièce où trônait une immense table en bois sur laquelle étaient posés des documents et des cartes.

- Seul le temps nous dira si ce plan est viable. Pour reconstituer nos forces, et rétablir notre influence au Nord, il nous faut frapper fort, prendre des risques. Nous avons une mission pour toi, mais celle-ci est difficile… Te sens-tu prête à l’accepter ?

- Oui maître.

- Très bien.

Il choisit une carte qui se trouvait sur la table, et la déplia soigneusement. Tous les assassins devaient avoir de bonnes connaissances géographiques, mais il savait également que l’encyclopédisme n’était pas un pré-requis pour les Apprentis. Farah était certes vive et intelligente, mais les subtilités de sa mission nécessitaient d’avoir l’œil sur un plan précis.

- Le Rohan. Nous avons reçu un contrat particulier, que nous n’étions pas sûrs de devoir honorer, mais la perte de Dîm-Bar nous a convaincus qu’il était important de l’accepter. Notre client est prêt à payer une très grosse somme, ce qui nous permettrait de disposer d’assez de fonds pour ensuite les faire entrer illégalement soit en Arnor soit, de préférence, au Gondor. Une seule mort, pour implanter une nouvelle Antre chez les Dúnedain, et laver l’affront fait aux Ombres.

- Quelle est la cible ?

Danakil lui pointa du doigt la cité d’Edoras.

- Le Vice-Roi Mortensen, champion du Rohan, est probablement le meilleur combattant de tout le royaume… De toute évidence, certains s’inquiètent de l’influence qu’il est en train de prendre, et de la menace qu’il pourrait représenter pour les intérêts de la Couronne.

- Je peux le tuer, répondit Farah avec une confiance qui trahissait son inexpérience.

Le Maître Assassin, qui connaissait l’homme de réputation, et savait qu’il ne serait pas une cible aisée, l’apaisa d’un geste.

- J’en doute fort. Mais tu peux tuer ses ambitions et ses prétentions. On raconte que la Vice-Reine serait enceinte de lui, et pourrait lui donner un héritier mâle. Les détails ne sont pas très clairs, mais d’après nos dernières informations, elle n’aurait pas encore accouché. Si c’est le cas, et que l’enfant est un garçon, il doit mourir, par tous les moyens. Si le doute subsiste, nous ne devons prendre aucun risque. La mort de la mère n’est pas notre priorité, mais si cela peut permettre d’éliminer l’héritier de Mortensen, alors tu ne dois pas hésiter. Est-ce que cela pose un problème, Assassin ?

Farah le regarda droit dans les yeux. Parmi toutes les choses qu’elle avait imaginé devoir faire au service de la Guilde, tuer un enfant à peine né ne lui avait jamais traversé l’esprit. Elle s’efforça de cacher la lueur de doute qui aurait pu trahir son dilemme intérieur…

- Aucun problème, maître.

- Très bien. Alors va, Assassin. Et ne reviens que lorsque ta mission sera accomplie. Par le sang versé, nous sommes liés.

Elle répéta la phrase sans enthousiasme, prenant la mesure de ce qu’elle était en train de devenir.


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Le Prix de l'Innocence EmptyVen 19 Avr 2024 - 16:49

Le quartier marchand d’Al’Tyr avait mauvaise mine.

Quelques vendeurs hélaient les rares passants qui ne se pressaient pas pour choisir ce qu’ils allaient acheter, et qui comparaient soigneusement les prix. Les sourires étaient un peu forcés. Les paroles moins sincères. Le commerce pâtissait lentement mais sûrement de la fermeture des frontières et de la répression intense menée par les autorités gondoriennes à l’encontre des rares navires qui essayaient encore de rallier le Nord. La cité portuaire, qui dépendait grandement de ses échanges avec l’étranger, endurait le contrecoup de la prodigieuse conquête du Harondor menée par les Pirates d’Umbar. Dans la ville des Neufs, on profitait encore des fastes des butins ramenés par les guerriers et les mercenaires, mais on commencerait bientôt à sentir les effets de l’asphyxie commerciale imposée par le puissant voisin gondorien. Alors, il faudrait décider.

Négocier la paix ?

Entreprendre une nouvelle campagne militaire pour s’emparer de Djafa, et mettre la main sur de nouvelles richesses qui nourriraient – pour un temps du moins – l’économie du Harad ?

Ou bien subir l’inévitable vengeance de l’armée de Mephisto, dont on racontait qu’elle se préparait à la guerre et à reprendre les territoires perdus. Qu’adviendrait-il alors des cités de l’Harnen ? D’Al’Tyr et des Ombres ? Beaucoup de questions restaient en suspens.

Les deux hommes qui faisaient leurs courses négligemment symbolisaient parfaitement l’incertitude de la cité. Leurs yeux s’arrêtaient sur des étals moins fournis qu’auparavant, et considéraient leurs options avec plus de prudence. On ne dépensait plus sans compter, on s’attardait davantage sur la monnaie rendue pour voir s’il ne manquait rien. On pesait l’or, qui se devait d’être sonnant et trébuchant, sans quoi il était refusé tout net. Al’Tyr, malgré sa réputation, malgré la présence des Ombres, malgré le triomphe de la campagne de Taorin, suffoquait.

- C’est la première fois que tu viens à Al’Tyr ?

Farah hocha la tête.

- Je suis née à Djafa. Je connais un peu le Harondor, mais j’ai surtout vécu dans les régions du Nord. J’ai visité Dur’Zork quelques fois, mais sinon j’ai surtout visité les villes du Poros et de l’Anduin.

Elle avala une gorgée de thé à la menthe. Cette époque lui paraissait fort lointaine, désormais. Les souvenirs lui revenaient pas vagues, portées par le bruit de l’océan, mais vite balayés par les sons de la ville, les sabots qui claquaient contre les pavés, les coques des navires que l’on entendait grincer nonchalamment.

- La ville a perdu de éclat, comme les Ombres qui la dominent. Mais nous résisterons.

Ces quelques mots ne rassurèrent guère l’Assassin. En rejoignant la Confrérie des Ombres, Farah avait été impressionnée par leur puissance, par leur influence, par leur capacité à agir en-dehors des lois et à se jouer des autorités. Elle avait toujours trouvé attirante cette liberté, et même si son rang d’Apprentie l’avait cantonnée à des tâches subalternes, elle s’était amusée de voir les gardes détourner les yeux pour quelques piécettes, ou bien de sentir les clients trembler de peur en s’adressant à son maître.

Le pouvoir avait quelque chose de grisant.

Aujourd’hui, cependant, les Ombres craignaient la lumière, et étaient empêtrées dans des problèmes qu’elle jugeait très éloignés des préoccupations d’une guilde d’assassins. Les questions financières et politiques étaient-elles l’apanage d’une organisation qui se prétendait capable d’assassiner n’importe qui en Terre du Milieu ? Devait-on vraiment l’envoyer, pour sa première mission véritable, tuer un nouveau-né qui était censé détenir la clé de l’avenir de toute la Confrérie ?

Le thé lui brûla la gorge.

- Oui, Maître Zeyan, nous résisterons.

La Maître Assassin tourna son regard énigmatique vers Farah. Kin Zeyan était beaucoup de choses, mais elle n’était pas une idiote. Cette femme à la peau sombre était une tueuse née, particulièrement redoutable, qui avait atteint très jeune le rang d’Assassin, et avait complètement disparu par la suite après avoir été envoyée en mission dans ses terres natales de l’Extrême-Harad. Là-bas, elle s’était construit une solide réputation, et avait même bâti un puissant réseau commercial qui avait fait d’elle une grande fortune dans les confins méridionaux du monde. Lors de la guerre contre le Harondor, elle était revenue s’installer à Al’Tyr, où les Ombres lui avaient conféré le rang de Maître qu’elle occupait presque déjà de facto. La joliment nommée « voix du tonnerre » était connue pour son franc-parler, et elle n’appréciait guère les faux-semblants.

- Cette mission te trouble, Assassin. Tu empestes le doute.

Farah hésita un bref instant. Zeyan appartenait au conseil des Maîtres, elle pouvait rapporter ses paroles auprès de la Confrérie. Pourtant, elle semblait ouverte à la contradiction, et n’avait pas la même position dogmatique que certains autres fanatiques qui obéissaient aveuglément aux ordres de l’Hîr-Dae.

- Pourquoi m’envoyer moi ? Demanda-t-elle enfin.

Zeyan sourit.

- Tu paies la dette de ton maître, Taltos. Devant l’interrogation silencieuse de Farah, elle poursuivit : Sa mort est effectivement une tragédie pour les Ombres, car cela nous prive des revenus considérables de l’Antre de Minas Tirith. Tu imagines bien que tout ce qui est illégal se vend plus cher, et que nous tirions un profit intéressant de cette antenne. Un profit qui servait à enrichir certains assassins vénaux, mais également à former de nouvelles Ombres, à nous offrir des armes et des poisons de la meilleure qualité, et à étendre notre influence. Al’Tyr demeure le cœur battant de la Confrérie, mais Minas Tirith était la clé de nombre de projets dont tu ne soupçonnes même pas l’existence. Taltos est mort en défendant Dîm-Bar, car il savait que ce sort était préférable à tout autre. S’il avait survécu pour venir témoigner… nul doute que le conseil l’aurait soumis à un châtiment infiniment plus terrible que la fin qu’il a rencontrée aux mains des Gondoriens.

La jeune assassin fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas. La veille, on lui avait remis la dague des Ombres, on avait fait d’elle un membre à part entière de la guilde, on avait pleuré la mort de son maître. Et aujourd’hui, on lui apprenait que tout cela n’était qu’apparences ?

- Mais pourquoi m’aurait-il envoyée à Al’Tyr, s’il savait que j’allais devoir subir un tel sort ? Pourquoi Taltos ne m’a-t-il pas prévenue ?

- Il devait avoir bien peu d’estime pour toi, Farah. Te voilà Assassin, désormais, mais chargée d’une tâche qu’aucun autre membre de la Confrérie ne voudrait accomplir.

- Pourquoi me dire tout cela, maître ?

Zeyan plongea un instant dans ses pensées.

- Nul ne devrait ignorer quel sort lui est promis. Surtout pas une personne qui a montré une telle loyauté vis-à-vis de la Confrérie. Nul ne devrait avoir à payer le prix de l’innocence.


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Le Prix de l'Innocence EmptyDim 5 Mai 2024 - 12:10

Les eaux sombres du port d’Al’Tyr étaient agitées par d’étranges remous.

Sans doute percevaient-elles le frisson de l’aventure et de la guerre, le souffle du pillage et de la conquête, qui régnaient dans l’air. Au Nord, on disait que les pirates menaient la vie dure aux puissants navires de guerre de la flotte de Pelargir, et que les Haradrim d’Umbar étaient sur le point de s’en emparer. Les rumeurs appelaient les rumeurs, et il était de coutume pour les ignorants de parler beaucoup et d’en savoir finalement fort peu. Farah le découvrirait bien assez tôt… Quelques esquifs rapides et discrets, adeptes du cabotage, réalisaient la liaison entre Al’Tyr et les côtes du Gondor moyennant une belle somme – le risque avait un prix.

Si les pirates tenaient encore en respect les navires gondoriens, alors il serait aisé de passer le delta de l’Anduin. Sinon, ils seraient rapidement arraisonnés par les autorités locales, escortés sous bonne garde dans le Triangle de Pelargir, et interrogés au bon vouloir du maître des lieux, le seigneur Leontochir. Les perspectives n’étaient guère réjouissantes, et le trajet s’annonçait fort compliqué, mais Farah savait qu’elle ne pouvait pas tourner le dos à son destin. Pas après tous les sacrifices réalisés pour en arriver là.

Son regard se perdit vers l’horizon.

Une mission impossible. Une mort presque assurée…

Mais en cas de triomphe, elle le savait, la gloire et l’honneur de pouvoir contribuer à reconstruire le pouvoir des Ombres à l’Ouest. Elle n’oublierait jamais le piège tendu par les maîtres de la Guilde, elle n’oublierait jamais qu’ils avaient préféré exercer une sinistre vengeance posthume envers Taltos, au lieu de lui accorder la confiance qu’elle estimait mériter. Soit. Elle la gagnerait dans le sang et la violence, et lorsqu’elle aurait enfin les coudées franches, lorsqu’elle aurait assis sa position à l’Ouest… Ils verraient…

Elle ignorait encore quoi, car l’idée de se venger de la Confrérie des Ombres ne lui paraissait ni réaliste ni souhaitable. Mais peut-être qu’alors, elle pourrait se montrer indispensable à leurs yeux, et pourquoi pas réclamer le titre de Maître Assassin, le droit de siéger au conseil, et de dire enfin tout haut ce qu’elle pensait de leur manière de gouverner… Les ambitions dévorantes de la jeune femme s’accommodaient mal, toutefois, de ses états d’âme. Tuer une femme innocente ou un bébé… était-ce là le sens de son engagement au service de la Confrérie ?

Alors que le navire s’éloignait lentement du port, et que les audacieux passagers lançaient de grands signes dans les airs pour dire adieu à leurs proches, Farah s’éloigna vers les cabines. Il n’y en avait que quatre, à peine plus larges qu’un homme, qui permettraient tout juste aux voyageurs de dormir sans réelle intimité. A l’intérieur, dans la pénombre, elle entendit distinctement une voix qui parlait toute seule. Son instinct lui commanda de faire preuve de prudence, et elle descendit lentement les marches de bois, sans un bruit.

La voix lui semblait plus nette, désormais.

- Et alors, le chevalier dit d’une voix forte : « Salut au nom de Melkor, le Glorieux, que nous devons adorer ! Entendez ce que vous mande le roi Eldarion, le preux. Il veut vous donner de ses richesses à foison : chevaux et lévriers enchaînés, cent mulets chargés d’or et d’argent, et mille tentures de la soie la plus fine, dont vous pourrez parer vos temples et vos palais ». Le Sultan garde la tête baissée. Sa parole ne fut jamais hâtive. Telle est sa coutume. Quand enfin il se redressa, son visage était plein de fierté. Il dit au chevalier : « Vous avez très bien parlé. Mais le roi Eldarion est mon grand ennemi. De ces paroles que vous venez de dire, comment pourrais-je avoir garantie ? ».

La voix s’interrompit brusquement, en percevant la silhouette de Farah dans l’embrasure de la porte. La jeune femme, au visage très doux, contait de mémoire une histoire pour son fils au regard curieux.

- Pardonnez-moi, fit la mère. Je suppose que vous voulez vous reposer… Je souhaitais simplement mettre mon fils au lit avec une histoire, rien de plus.

- Tout va bien, fit Farah en levant une main apaisante. C’est moi qui vous dérange. Continuez votre histoire, je souhaitais seulement attraper quelque chose dans mes affaires.

La mère hocha la tête avec un sourire étincelant, puis reprit à l’attention de son fils, qui remonta son drap jusqu’à son menton.

- Je disais donc : « De ces paroles que vous venez de dire, comment pourrais-je avoir garantie… »


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