1 résultat trouvé pour Denam

AuteurMessage
Sujet: Les bons crus font les bonnes cuites.
Ryad Assad

Réponses: 9
Vues: 832

Rechercher dans: Les Docks   Tag denam sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les bons crus font les bonnes cuites.    Tag denam sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 30 Juil 2012 - 17:26
Le Pourfendeur des Vents. Ainsi nous étions montés à bord du navire du capitaine Vardrin. Je ne m'y connaissais guère en matière de vaisseaux, mais celui sur lequel nous nous trouvions avait tout d'un "prédateur". Ses courbes audacieuses, son profil élancé le destinaient à la vitesse. C'était un rapide, à n'en pas douter, capable d'arraisonner les marchands imprudents qui sillonnaient les eaux sous contrôle des pirates. A bord, tout était on ne peut plus fonctionnel. La trentaine de matelots à bord dormait sous le pont, à l'abri des intempéries, dans des espaces bien trop étroits pour être confortables. La place était essentiellement réservée aux marchandises embarquées - comprenez "volées" - ainsi qu'aux vivres - comprenez "l'alcool". Il y avait un peu de matériel de réparation, de quoi rafistoler sommairement une voile déchirée, retaper un mât endommagé, ou remettre en état un gouvernail défectueux. Les hommes s'affairaient sur le pont, au rythme des injonctions du second. Vardrin était parti pour affaire, probablement occupé à recruter pour compléter son équipage, à moins qu'il ne soit en train de discuter stratégie avec les Seigneurs Pirates. Ou peut-être qu'il supervisait l'entraînement des recrues qui partiraient bientôt à la guerre. Impossible de le savoir. Toujours est-il qu'il m'avait laissé aux bons soins de son second, avec pour ordre de "me familiariser avec l'équipage, le navire, et les tâches qui m'attendaient".

Les tâches qui m'attendaient n'avaient absolument rien de compliqué - pour quelqu'un de cultivé et d'intelligent comme moi. La plupart des pirates sur ce navire - qui représentaient un échantillon représentatif de la population de la Cité du Destin - ne savaient pas lire, ou écrire, et le peu qu'ils savaient compter était l'or qu'on leur devait à chaque escale. Le hic, c'est que pour se préparer à la guerre, il fallait amasser des vivres en quantité, refaire le stock d'armes individuelles, et changer quelque peu l'armement du navire lui-même, afin qu'il soit en mesure de se montrer dangereux pour autre chose que des navires marchands. Estimer les besoins en considérant une marge de sûreté, prospecter pour trouver les meilleurs tarifs, négocier avec les vendeurs des quais, pour finalement inventorier et répertorier soigneusement la moindre marchandise était long et se serait révélé fastidieux pour mon Capitaine, qui avait d'autres choses plus importantes à traiter. En l'absence de personne qualifiée pour ce travail, c'était à moi qu'il incombait de superviser tout ça. Le second, dénommé Kaerran - et qui, soit dit en passant, était originaire du Harondor que nous projetions d'attaquer - m'avait présenté deux matelots qui allaient m'assister dans ma tâche. J'envoyais régulièrement le premier sur les quais, avec pour mission de se renseigner sur les prix de tel ou tel article. Le second, quant à lui, s'occupait de l'embarquement des marchandises. Avec un zèle appréciable, il me montrait chaque objet destiné à intégrer le navire, de sorte que rien ne pouvait m'échapper.

Cela faisait maintenant deux jours que je travaillais, et le navire se remplissait petit à petit. Nous en étions seulement aux produits usuels que Vardrin m'avait conseillé de prendre : du matériel de réparation, des nécessaires de soin, bref, tout ce qui ne se gâtait pas. Pour le reste, avait-il dit, nous verrions après. Les hommes de bord me considéraient d'un regard peu amène, auquel je répondais par l'indifférence caractéristique de l'érudit plongé au milieu de l'ignorance. Je ne les regardais que lorsque c'était absolument nécessaire, et mis-à-part avec mes deux assistants, je ne leur adressais jamais la parole. Je n'aurais su dire d'où venait leur méfiance - pour ne pas dire leur mépris - à mon égard. Sans doute le fait que j'aie une cabine qui m'était réservée - un vrai trou à rat selon moi, mais le grand luxe selon les critères des marins -, mais plus sûrement parce que j'avais ramené une femme à bord. Agathe avait immédiatement attiré l'attention sur elle, lorsque nous étions arrivés. Ses vêtements affriolants avaient immanquablement capté l'attention des marins, qui s'étaient dits, songeurs, que leur Capitaine avait bien de la chance. Mais lorsque ce dernier leur avait annoncé qu'elle était avec moi, et qu'elle ferait partie de l'équipage, tous s'étaient indignés. Il avait bien tenté de leur expliqué qu'elle s'occuperait du prisonnier, mais il n'avait pas réussi à leur faire comprendre pourquoi nous devions partager la même cabine. Bah, ils finiraient bien par accepter cet état de fait, et puis ils n'y prêteraient plus attention.

Comme si le simple fait de penser Agathe avait pu la faire apparaître, j'entendis soudainement le claquement sec de son pas impérial sur le pont du navire. J'étais assis à une table, occupé à compter le stock de fils à coudre qui venait de nous arriver, aussi me retournai-je pour m'assurer que c'était bien elle. Et c'était évidemment elle. Un masque de fureur à peine contenue occupait ses traits, et ses poings serrés n'auguraient rien de bon. Sur son chemin, les hommes se retournèrent, une lueur avide dans le regard. La plupart se permettaient même un commentaire grivois, ou un sifflement appréciateur. Etrangement, cette fois, elle n'y prêta pas attention. Elle se dirigea vers l'autre bout du navire, visiblement désireuse de passer ses nerfs sur quelqu'un. Je demandai rapidement à mon assistant de m'attendre, et je m'empressai de l'intercepter. Les marins nous remarquèrent immanquablement, et beaucoup s'arrêtèrent de travailler. Je n'entendis pas le sifflet du second, ce qui prouvait que même lui était intéressé par la manière dont les choses allaient se terminer. Trop préoccupé par la colère d'Agathe pour m'attarder sur ce que penserait le second, je saisis fermement la femme par le bras, et la tirai vigoureusement jusqu'à notre cabine commune. Elle maugréa et se débattit quelque peu, mais je parvins finalement à refermer la porte derrière nous. Avec effronterie, elle me lança :

- Alors c'est pour maintenant !? On fait ça sur mon lit ou sur le votre ?

Et allez donc ! La voilà qui repartait. La première fois qu'elle m'avait dit ça, c'était après que je lui eut empêché de sortir de la cabine à la nuit tombée, pour aller - disait-elle - prendre l'air. J'avais été tellement surpris que je n'avais pas su quoi dire, et elle avait très bien compris de quelle manière elle pouvait pousser son avantage. Elle s'arrangeait toujours pour que cet échange ait lieu entre elle et moi, comme une menace tacite. Cette fois encore, je la regardai avec attention. Elle avait troqué sa tunique aguicheuse contre un corsage, un gilet en cuir, et des braies. Elle avait presque l'air d'un pirate : ne lui manquait qu'une balafre sur la joue et une arme au côté. Je laissai passer une seconde, et je lui demandai de s'asseoir. Comme la première fois, elle n'en fit rien.

- Je vous en prrie, asseyez-vous...

Elle s'exécuta sans se départir de sa mauvaise humeur massacrante.

- Je vois que vous êtes en colèrre, et je sais que vous pouvez avoirr envie de...

- Ne parlez pas comme si j'étais une enfant, Maître (elle insista cruellement sur ce mot), venez-en au fait.

Je m'interrompis presque malgré moi, et lâchai un soupir.

- Combien de fois vais-je devoirr vous demander de ne pas m'appeler "Maîtrre" ?

Elle ne répondit rien, et me laissa clairement ridicule. Comme si de rien n'était, je revins à mes préoccupations :

- Qu'imporrte ce qui peut vous trroubler, n'oubliez pas où vous êtes. Ne vous offrrez pas ainsi en spectacle à ces pirrates. Ils ne savent pas se contrrôler.

- Et si j'en ai envie ?

Il y avait clairement du défi dans son ton, dans son regard, et dans son attitude. Cependant, je n'en croyais pas un traître mot. Avec une lenteur calculée, je tendis ma main ouverte vers la porte, l'invitant par là à sortir. Elle frémit perceptiblement, et nous n'eûmes pas besoin de mots pour nous comprendre, cette fois.

- Rretourrnez-donc à votrre poste, et faîtes ce pourr quoi vous êtes là. Tout le monde s'en porrterra mieux.

- Comme vous voudrez, Maître.

Et elle sortit.


~~~

Tag denam sur Bienvenue à Minas Tirith ! Agathe2


Agathe était on ne peut plus contrariée, et elle n'arrivait étrangement pas à savoir exactement pourquoi. Etait-ce parce qu'elle avait à s'occuper d'un prisonnier absolument insupportable, qui la considérait avec mépris alors que des deux, il était de loin le plus méprisable ? Elle avait pourtant déjà rencontré des gens comme lui, qui se comportaient comme de princes, alors qu'ils étaient les derniers des manants. Tout ça parce qu'elle était une femme. Et pourtant, ce type avait attiré l'attention de Salem, qui l'avait confondu avec un nobliau de qui on pouvait éventuellement tirer une rançon. Maintenant qu'elle y pensait, Agathe avait bien remarqué que ses vêtements avaient jadis été de bonne facture, et qu'ils avaient pu appartenir à quelqu'un d'aisé. Et sa manière de s'exprimer était tellement différente de celle des habitants des bas-fonds d'Umbar.

Mais il n'y avait pas que ça. Il y avait aussi l'attitude de Salem, son "maître", comme elle se plaisait à l'appeler. Elle ne savait pas non plus que penser que lui. Il s'était montré relativement gentil avec elle, sans toutefois lui laisser une quelconque marge de manœuvre. Elle n'arrivait pas clairement à le cerner, et elle avait la désagréable impression qu'il trompait son monde, sans toutefois parvenir à mettre le doigt dessus. Elle l'avait observé à la dérobée, tandis qu'il effectuait ses calculs pour Vardrin. Il se comportait avec un certain détachement vis-à-vis des marins, et il n'était de toute évidence pas à sa place sur un navire. Il semblait incapable de ses deux mains. Et pourtant, le souvenir encore net du coup de poing qu'il avait adressé à son agresseur était encore présent dans l'esprit de la jeune femme. Elle s'évertuait à chercher le moindre indice, était à l'affût de la moindre faille dans sa carapace, mais même lorsqu'elle l'avait regardé dormir, elle n'avait rien décelé de surprenant.

Et enfin, il y avait Vardrin. Le capitaine pirate, qui, quand il ne l'ignorait pas purement et simplement, la traitait avec un mépris souverain. En sa présence, elle se sentait extrêmement mal à l'aise, et elle préférait suivre le conseil de Salem, et ne pas se retrouver dans ses pattes inutilement. Les rares fois où elle avait osé l'approcher pour lui demander quelque chose, il l'avait considérée avec hauteur, et lui avait répondu d'un ton sec qu'il n'allait pas lui servir de nourrice, et qu'elle devait s'adresser à son second pour des choses "sans importance". Elle n'avait tenté l'expérience que deux fois, car elle n'avait pas manqué de noter son irritation à peine contenue. Elle savait bien que même son légitime propriétaire serait impuissant à la protéger si le Capitaine décidait de lui couper la langue pour insolence, ou bien carrément de la passer par-dessus bord. Il avait déjà la bonté de lui faire partager la cabine de l'intendant, elle ne voulait pas qu'il la condamne à aller dormir avec ses hommes.

Mais entre ces trois individus étranges, elle était bien incapable de dire lequel l'horripilait le plus, et lequel pouvait faire naître un elle un tel sentiment de colère. D'un pas décidé, elle se dirigea vers la cale, dans le réduit où était enfermé le prisonnier. Le garde devant la porte - un costaud aux muscles noueux et aux longs cheveux bruns - sourit de toutes ses dents en la voyant arriver. Elle s'arrêta à bonne distance, et lui ordonna d'un ton péremptoire de lui ouvrir la porte sans délai. Le marin resta un bref instant immobile, son sourire stupide collé sur son visage rougeaud, avant de lâcher :

- Tu t'occupes du p'tit bout d'mec là derrière. Tu veux pas t'occuper d'moi avant ?

Son sourire s'élargit, tandis qu'il détaillait sans vergogne le physique de l'ancienne esclave. Agathe ne cilla même pas, et répéta son injonction d'un ton encore plus ferme. Le loubard haussa les épaules, et s'écarta d'un pas, en disant :

- T'es la première catin que j'rencont' qu'est la catin qu'd'un seul mec. Mais ton p'tit ami l' jaune s'ra pas toujours dans les bonnes grâces du Cap'taine, mam'zelle. Et pis la vie d'pirate, ça convient pas aux types comm' lui. Y s'pourrait ben qu'i' lui arrive des bricoles, un jour.

Agathe marqua une brève pause, mais le costaud nota qu'il avait visé juste, et son sourire grandit encore, révélant ses dents abîmées. Il la gratifia d'une tape sur le postérieur, et Agathe se retourna aussi rapidement que possible, mais il avait déjà refermé la porte derrière elle. Elle lâcha un grognement de rage, et se donna une poignée de secondes pour se ressaisir, avant de finalement se retourner vers le prisonnier, qu'elle considéra à nouveau. Il était un peu fluet, et il manquait sans doute d'entretien, mais il avait dû être charmant, fut un temps. Toutefois, son caractère était absolument insupportable, et elle ne le supportait d'ailleurs pas. Il nageait encore dans l'eau fraîche qu'elle lui avait lancé dessus. De l'eau de mer, assurément, à l'odeur de sel qui embaumait la pièce.

- Je vais vous retirer vos vêtements et vos bandages, pour voir comment vous vous remettez.

Elle n'attendit pas de savoir s'il était d'accord ou pas, et elle passa habilement derrière lui, de sorte qu'il soit incapable de voir avec précision ce qu'elle faisait, et qu'il ne puisse pas facilement se débattre. Elle jugea cependant plus prudent d'ajouter, à voix basse, tout près de son oreille :

- Si vous essayez quoi que ce soit, le Capitaine Vardrin vous fera exécuter sans attendre, alors soyez sage.

Agathe avait conscience qu'elle lui avait tapé dans l'œil. Elle se savait désirée, et elle escomptait bien en jouer un peu. Il avait sans doute pu sentir son souffle chaud le long de son cou, et peut-être serait-il émoustillé par le contact involontaire de ses cheveux sur son oreille. Depuis combien de temps un être tel que lui n'avait-il pas vu de femme comme elle ? Des lustres, sûrement. Omar lui avait bien appris comment stimuler les sens et endormir l'esprit des gens, et même si elle n'avait jamais rêvé de servir de compagne à un bourgeois quelconque, elle devait reconnaître que cela pouvait présenter quelques avantages. Elle déboutonna tranquillement la veste et la chemise trempées du prisonnier, et les lui retira non sans laisser ses mains s'égarer sur sa peau. Puis elle dénoua les bandages sur son bras, et caressa la peau avec douceur, vérifiant que la blessure était toujours fermée. C'était bien le cas. Elle passa sa main fraîche sur les hématomes qui parcouraient sa poitrine, et fit courir ses doigts lascifs jusqu'à son abdomen qui se soulevait au rythme de sa respiration qu'elle sentait de plus en plus soutenue. C'était là le bon moment. Elle approcha une nouvelle fois sa bouche tout près de son oreille, comme elle l'avait appris, de sorte que les mots venaient la chatouiller, et murmura avec lenteur :

- Je suis...curieuse...à votre sujet. Ce ne serait pas si mal que nous fassions...connaissance, n'est-ce pas ? Qui donc se cache sous ces fripes...? Êtes-vous vraiment le Roi du Gondor ?

Elle n'avait pas pu s'en empêcher. Il avait peut-être lancé cela pour distraire son adversaire, mais elle l'imaginait assez prétentieux pour se sentir flatté par le titre, et pourquoi pas lui apprendre quelque chose qui lui vaudrait une belle récompense.

#Ryad #Agathe #Denam
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
Sauter vers: