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Sujet: (Passé) L'Histoire est écrite par les vainqueurs
Mardil

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Rechercher dans: Blankânimad   Tag esiria sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: (Passé) L'Histoire est écrite par les vainqueurs    Tag esiria sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 10 Juin 2014 - 22:02
Tag esiria sur Bienvenue à Minas Tirith ! Esiria15


Esiria patientait dans l’antichambre en tâchant de dissimuler du mieux qu’elle pouvait son énervement croissant. Cela faisait maintenant trois jours qu’elle se trouvait dans la capitale et elle n’en pouvait plus d’attendre. Ses affaires ne pouvaient se gérer seules et elle essayait de ne pas penser aux opportunités qu’elle risquait de manquer en restant ainsi bloquée à Blankânimad.

Mais c’était peut être bien l’intention de son hôte. D’après les échos qu’elle avait obtenus, tout s’était déroulé pour le mieux sur la route de l’avant poste. L’installation allait pouvoir commencer même s’il faudrait encore plusieurs mois avant que l’endroit soit vivable. Les délégations naines et du Rhovanion n’arriveraient pas avant plusieurs mois  (principalement du fait de l’annonce du mariage royal au Gondor qui aurait lieu quatre mois plus tard) mais il fallait absolument qu’elle soit présente lorsque cela arriverait. Non, pas seulement présente. Il lui fallait l’approbation royale.

Seulement la Reine n’était pas facile à approcher, même pour une personne de son rang. Après tout, elle ne dirigeait pas à proprement parler le clan Sukhbak. Un instant elle se dit qu’il aurait sûrement été plus protocolaire d’envoyer Oleg mais ce bon à rien n’aurait jamais pu mener les négociations à bien. Qu’il reste à s’occuper des mines d’or ; c’était bien là la seule chose à laquelle il montrait quelques talents.

Néanmoins, d’un point de vue strictement officiel, c’était lui et non elle, le chef du clan Sukhbak. Elle chassa son fils de ses pensées. Les négociations n’auraient pas lieu avec la Reine en personne et elle le savait bien. Sa Royale Majesté n’avait pas de temps à perdre avec les affaires économiques. C’était à son conseiller en économie de gérer ces affaires et tout le problème était là. La réputation de ce dernier n’était plus à faire et Esiria savait que les négociations ne seraient pas aisées. Mais elle s’était suffisamment préparée pour que cet entretien se déroule comme elle l’espérait.

Ses pensées dérivèrent vers l’entrevue qui l’attendait et son curieux interlocuteur. Tout le monde avait entendu parler de lui bien évidemment. Qu’un simple roturier parvienne à un poste si élevé avait fait grincer bien des dents. Mais la Reine avait pris sa décision et personne n’aurait eu la folie de contredire Sa Majesté. Il fallait bien admettre qu’elle avait visé juste car l’homme en question remplissait parfaitement son office. Néanmoins, on ne pouvait s’empêcher de se poser des questions. C’était tout de même une ascension fulgurante pour quelqu’un de si basse extraction.

Bien sûr les récits sur la cruauté et les manipulations auxquelles cet homme se livrait étaient sans aucun doute exagérés. Esiria était bien placée pour savoir à quel point les gens du commun, et les nobles encore davantage, avaient tendance à déformer et à amplifier les faits. La veuve noire, comme ils l’appelaient, en avait fait les frais bien souvent. Mais, dans le cas du conseiller, il s’agissait sûrement plus que de simples ragots.
Esiria avait passé une grande partie de sa vie près d’Albyor et il était impossible de résider près de la Cité Noire sans avoir entendu les rumeurs. Quels que soient les liens qu’il entretenait avec le temple Sharaman, le conseiller avait là de puissants alliés. Esiria, elle-même, avait toujours veillé à rester dans les petits papiers de Jawaharlal. Les dons généreux qu’elle envoyait au temple n’avaient pas d’autres buts.

Elle était scandaleusement riche. Mais contrairement à certains nobles, elle l’avait durement gagné. Son commerce était florissant et la nouvelle route commerciale du fleuve ne pouvait que lui être profitable. Il ne restait plus qu’à accroître un peu plus son pouvoir et sa position. Mais pour cela, elle avait besoin de passer des contrats avec l’étranger. Et c’était justement pour cette raison qu’elle était venue à la capitale. Elle ne devait pas apparaître comme une simple marchande qui négocierait uniquement ses propres intérêts mais comme la représentante du pays tout entier. Sa requête était parvenue à la Reine depuis des semaines mais, soit Lyra n’avait pas encore pris sa décision, soit quelqu’un temporisait pour gagner du temps. Et ce quelqu’un, elle s’apprêtait justement à le rencontrer.

C’est à ce moment là que les portes s’ouvrirent enfin et qu’Esiria fût autorisée à entrer. Elle prît une profonde inspiration et se releva. Son maintien était fier et droit, son allure aristocratique et son expression arborait l’ennui teinté de dédain qu’affectionnaient tout particulièrement les nobles.

La salle dans laquelle elle pénétra était richement mais sobrement décorée. Quoi qu’elle puisse penser du conseiller, il avait manifestement bon goût. Il se tenait, assis très droit sur son siège.  C’était un homme entre deux âges mais dont l’aura de puissance et de prestige qu’il dégageait était presque dérangeante. Pourtant il n’en n’imposait pas par son physique. Pas spécialement bien bâti, il ressemblait bien plus à un lettré qu’à un guerrier. Ce qui lui valait d’ailleurs le mépris tacite de toute une partie de l’aristocratie du pays.

Esiria ne faisait pas partie de ces derniers. Elle avait été initiée aux armes, comme toute jeune fille noble de Rhûn, mais elle n’avait jamais apprécié cela. Elle pensait avoir amplement prouvé qu’un esprit acéré était capable de faire bien plus de dégâts qu’une épée. Le conseiller lui fît signe d’approcher et de s’asseoir à la table. Sans plus de cérémonie, elle prît un siège et regarda son interlocuteur dans les yeux, attendant qu’il se décide à entamer la conversation. Elle n’eût, cette fois-ci, pas à patienter bien longtemps.

- Esiria Sukhbakaara. Que me vaut l’honneur de votre visite ?

- Epargnons-nous les mondanités et allons droit au but, conseiller Rezlak.

- Très bien. J’apprécie toujours cette attitude en affaires. Sa Majesté la Reine Lyra m’a transmis votre requête.

- La Reine a t’elle pris sa décision ? Pourquoi s’en remettre à vous ?

- La Reine ne voit aucune objection à votre départ pour l’avant poste. L’argent que vous nous avez fourni a considérablement aidé la couronne à mettre en place cette opération. Vous êtes donc autorisée à mener vos affaires comme il vous plaira, tant que vous vous pliez à l’autorité des hommes de Sa Majesté présents sur place, cela va sans dire.

- Ce n’était là qu’une partie de ma requête.

- Le poste que vous demandez n’est pas donné à n’importe qui. Si la Reine apprécie le soutien que vous n’avez jamais manqué de lui apporter, elle ne peut malheureusement pas vous accorder davantage.


La fureur bouillonnait en elle. Elle n‘avait pas fait le chemin jusqu’à la capitale pour s’entendre dire de la bouche d’un parvenu qu’elle était indigne de la confiance de la Reine. Elle prît une profonde inspiration afin de se calmer et de rassembler ses esprits. Il était plus que probable que le conseiller Rezlak n’avait pas mis beaucoup d’enthousiasme à plaider sa cause. C’est donc qu’il attendait quelque chose d’elle. Si elle voulait obtenir ce pour quoi elle était venue, il faudrait jouer finement.

- J’ai ouïe dire que l’ouverture de la route marchande du fleuve allait redistribuer les cartes du commerce avec l’étranger. Si ma mémoire est bonne, votre commerce est basé à Vieille-Tombe, c’est bien cela ? Vous n’auriez que peu d’intérêt à ce que les négociations aboutissent en ce cas.

- Mon commerce se porte aussi bien qu’à l’accoutumée, je vous remercie.

- Les rumeurs étaient donc infondées. J’avais entendu dire que Leuthiag avait engagé des hommes supplémentaires ainsi que des bateaux. Mais vous avez raison. Il n’y a aucune raison que cela gène vos intérêts dans la région.

- Que proposez-vous ?

- Vous vous arrangez pour que je sois désignée comme seule ambassadrice auprès des délégations étrangères, en particulier les nains des Monts du Fer, et, en échange, je pourrai régler votre problème.

- Et de quelle façon ?

- La route du fleuve est contrôlée par deux types de commerces : celui du vin et celui des esclaves. Je m’arrangerai pour que vos marchandises arrivent à destination plus vite que celles de vos concurrents. Il se pourrait même qu’ils ne subissent quelques revers. Le fleuve peut être si traître à cette époque de l’année.


Un sourire entendu éclaira son visage. Le conseiller semblait imperturbable mais elle savait qu’il cachait sa surprise. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle fût si bien renseignée sur ses activités. Mais il n’était pas le seul à avoir recours à des espions.

- Vos conditions sont acceptables. Je ferai le nécessaire.

- J’en ferai tout autant.


A cet instant on frappa à la porte et un messager s’approcha du conseiller et lui chuchota quelques mots à l’oreille. L’expression du conseiller changea instantanément, se teintant d’une impatience mal dissimulée. Il dit à l’homme de faire entrer la personne qui le demandait. Il se tourna ensuite vers Esiria avec un sourire forcé sur le visage.

- Ce fût un plaisir. Malheureusement, je suis un homme fort occupé. Vous recevrez des nouvelles de Sa Majesté sous peu.

- Le plaisir fût partagé, conseiller Rezlak. J’ai moi-même fort à faire avant de pouvoir me mettre en route.


Elle se releva et sortit de la pièce, un sourire satisfait plaqué sur le visage. Elle ne pût s’empêcher de jeter un regard à la jeune femme qui, elle, pénétrait dans la salle. Plutôt jolie mais quelque chose dans son expression n’engageait pas confiance. Esiria réprima même un frisson en passant près d’elle et se dit qu’elle ferait bien de ne jamais tourner le dos à cette femme si elle venait à la recroiser un jour.

#Esiria #Rezlak
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