3 résultats trouvés pour Rezlak

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Sujet: Reine prend Pion
Mardil

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Rechercher dans: Le Palais de Blankânimad   Tag rezlak sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Reine prend Pion    Tag rezlak sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 13 Oct 2015 - 11:11
Tag rezlak sur Bienvenue à Minas Tirith ! Rezlak10


Attablé devant un souper exquis, Rezlak lisait tranquillement les derniers rapports de Néhélac. Les nouvelles en provenance de Vieille-Tombe étaient bonnes, mêmes excellentes, et pourtant quelque chose chiffonnait le conseiller. Il ne savais pas exactement quoi mais il sentait qu’un événement allait bientôt redistribuer les cartes. A son avantage ? Rien n’était moins sûr.

Les affaires marchaient bien pourtant. Néhélac faisait tourner son commerce presque aussi bien que lorsqu’il s’en chargeait lui-même. Ce qui était parfait car cela lui laissait plus de temps afin de mener à bien la politique financière du royaume. Là aussi, tout se passait à merveille et Lyra ne pouvait qu’être satisfaite de son travail. Il avait toujours eu un talent immense pour trouver les personnes qui se révélaient de formidables espions mais il savait également quel poste convenait à telle ou telle personne.

Il avait réformé tout un pan de l’administration financière du royaume, plaçant aux bons endroits les employés les plus doués, allant les dénicher lorsque cela était nécessaire. Il avait changé le système d’impôts pour que celui-ci soit plus adapté au fonctionnement du pays. En 4 ans, il avait multiplié les recettes de la couronne par trois. Bien sûr, il avait bénéficié de la baisse d’activité sur le front de l’est mais c’était surtout dû à sa faculté de savoir quel poste conviendrait le mieux à chaque fonctionnaire.

Il les rencontrait donc personnellement afin de mieux savoir leurs forces et leurs aspirations. La plupart étaient en poste dans la capitale. Rezlak avait renforcé la centralisation financière du pays afin que tout passe par Blankânimad. De fait, la coordination entre les grandes villes avait été sa priorité lorsqu’il avait été nommé conseiller.

Bien sûr, il avait édicté des règles qui étaient favorables à sa main-mise sur les marchands de Vieille-Tombe et s’était considérablement enrichi. Lyra l’avait bien remarqué (même si elle ignorait l’étendue de son pouvoir sur la cité cémétériale) mais elle laissait faire puisque cela profitait au royaume et à elle-même. Cela faisait parti des concessions qu’elle était prête à faire étant donné les excellents résultats du conseiller.

Si elle n’avait rien à redire sur l’aspect financier de sa position, les choses étaient différentes pour la partie espionnage de son poste. Lyra avait son propre réseau d’espions qui était déjà très efficace. Peu de choses lui échappaient à l’intérieur de son royaume et Rezlak ne pouvait lui apporter que peu d’informations dont elle n’ait pas déjà connaissance. La force de son propre réseau résidait à l’étranger. L’immense majorité de ses espions étaient des hommes et femmes recrutés directement dans les pays d’intérêt.

Ces informations là étaient plus rares et avaient plus de valeur mais Rezlak triait consciencieusement ce qu’il disait à la Reine. Il était évident qu’elle voyait clair dans son jeu mais obtenir des infos (même si ce n’était pas la totalité) était mieux que ne rien obtenir du tout. Lyra lui conservait ses pouvoirs car elle avait besoin de lui. Mais elle ne lui donnait rien qu’il n’ait été en son pouvoir de lui reprendre lorsque bon lui semblerait.

S’il voulait conserver son poste et ses privilèges, il devait donc faire preuve d’une loyauté sans faille et surtout continuer de se montrer indispensable. Il n’était pas vraiment populaire à la cour et ceux qui auraient pris un malin plaisir à sa chute étaient bien trop nombreux.

Il se replongea dans l’écriture fluide de son associée. Elle faisait mention du nouveau Grand Prêtre de Melkor à Vieille-Tombe, un certain Khâliban. Ce dernier était d’un charisme peu commun et, malgré le fait que la population de Vieille-Tombe ne soit pas la plus fidèle du pays, l’ancien guerrier au service de son oncle avait su se faire remarquer. Cela ne fût guère une surprise pour le conseiller. Il avait déjà rencontré l’homme en question lors de l’une de ses visites à Sharaman et il avait lui-même été marqué par l’individu en question.

Le remplacement des prêtres et le nouveau manifeste que son oncle avait fait publier laissaient à penser que ce dernier avait des projets bien arrêtés. Projets que Rezlak ne pouvait que deviner car Jawaharlal ne l’avait pas vraiment mis dans la confidence. Il souhaitait sûrement ne pas placer son neveu dans une situation difficile entre son allégeance à la Reine et celle à sa famille. Ou alors, il n’avait pas assez confiance en lui pour lui faire part de ses intentions.

Ses pensées s’éloignèrent de son oncle lorsque Néhélac en vînt au comportement d’Achéron. Ce dernier se montrait des plus efficaces, impassible et froid. Ces bonnes nouvelles renforcèrent Rezlak dans la conviction qu’il avait fait le bon choix. Il pouvait presque sentir la désapprobation et la frustration de Néhélac bien que son compte rendu n’en laissât rien paraître. Il savait qu’il était important de s’en tenir aux faits et qu’il n’avait aucune preuve de la déloyauté de sa numéro deux mais il n’en serait pas là où il en était aujourd’hui s’il ne faisait pas preuve d’un excellent instinct.

Il savait qu’il faudrait bientôt s’occuper de ce problème mais il faudrait faire en sorte de donner des missions à plusieurs de ses agents à Vieille-Tombe s’il voulait réussir. Elle était trop entourée pour le moment et il ne pouvait confier cette mission à qui que ce soit qu’elle ait personnellement entrainé. De toute façon, aucun assassin ne l’aurait approché suffisamment près pour tenter quoi que ce soit. Il fallait que la tentative soit plus subtile que ça.

Il fût tiré de ses pensées par trois coups rapides frappés à la porte. Un messager vînt lui annoncer que la Reine le convoquait. Rezlak se releva en faisant semblant de n’y parvenir qu’avec peine alors qu’il était presque aussi souple que vingt ans auparavant. Il devait continuer à jouer son personnage en permanence à l’intérieur de ces murs. Les espions étaient absolument partout. Pour chacun, le sabre qu’il avait à son côté était purement décoratif et le conseiller n’était qu’un piètre combattant alors qu’il aurait pu rivaliser avec la plupart des guerriers de la capitale.

Cela faisait parti des secrets qu’il gardait si précieusement. Si le besoin s’en faisait sentir un jour, cela lui donnerait un avantage certain contre un adversaire qui ne s’attendrait qu’à une faible riposte. Prévoyant. C’était exactement le terme qui le définissait le mieux. Il suivit le messager jusqu’à la salle du trône. La Reine avait dit « convoquer » et non qu’elle désirait le voir, ce qui signifiait qu’il devait se rendre à ses côtés toutes affaires cessantes.

Impériale. Il n’y avait pas d’autre mot pour qualifier la souveraine de Rhûn. Cela était encore plus marquant lorsqu’elle siégeait sur son trône massif dans une salle dont les dimensions auraient fait palier d’envie même les nains. Et pourtant, elle n’était pas écrasée par l’énormité des lieux. Bie au contraire, tout ça ne faisait que renforcer son propre éclat.

Rezlak s’avança autant que le permettait le protocole et s’inclina profondément devant la Reine. En tant que conseiller, il n’avait pas à s’agenouiller mais il ne pouvait pas relever la tête tant que la Reine ne lui en aurait donné la permission. Cela était le cas pour tous les sujets de Sa Majesté, y compris les chefs de clan. Seul son frère échappait à cette règle et encore, seulement lorsqu’ils étaient seuls d’après ce qu’avait compris Rezlak.

- Votre Majesté.

Il s’en tînt là attendant que la Reine l’autorise à relever la tête et à parler de nouveau. A vrai dire, il était inquiet. Il ne voyait pas ce qu’il avait pu faire pour déplaire à la Reine. Or, il était peu probable qu’elle l’ait convoqué pour qu’ils discutent seuls à seuls dans le but de le féliciter de quoi que ce soit.

#Rezlak #Néhélac
Sujet: D'un visage à l'autre
Mardil

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Rechercher dans: Blankânimad   Tag rezlak sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: D'un visage à l'autre    Tag rezlak sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 13 Fév 2015 - 19:47
Tag rezlak sur Bienvenue à Minas Tirith ! Nyhela10


Leur entretien durait maintenant depuis plus d’une heure. Les questions de Rezlak étaient sans fin mais elle s’y attendait. Ses espions lui avaient dévoilé des informations cruciales et son associé devait connaître les moindres détails avant de prendre sa décision. Néanmoins, ils avaient passé en revue quasiment tout ce qu’elle avait appris de sa visite au Gondor. Il y avait pourtant un dernier sujet qu’elle souhaitait aborder.

- J’aimerais rediscuter de la mission au Rhovanion. Il me semble qu’il serait plus judicieux de la confier à quelqu’un d’autre. Il n’est pas en état de mener cette mission, ou n’importe quelle mission, à son terme pour le moment.

- Tu exagères la situation. Il fera ce qu’on lui demande comme il l’a toujours fait. Ou, tout du moins, comme il a toujours tenté de le faire.


Néhélac aurait voulu en être certaine mais le comportement erratique de Mardil l’inquiétait au plus haut point. Il se débattait intérieurement avec ses actes, quels qu’ils aient été, et il ne réussissait qu’à perdre un peu plus pied chaque jour. Il oscillait entre deux personnalités, cherchant désespérément à fuir ce qu’il était. Ou ce qu’il avait fait. Il parlait à des gens qui n’étaient pas là. Il se faisait délibérément du mal. S’ils ne réagissaient pas très vite, ils risquaient de le perdre définitivement. Elle devait s’avouer que le cas du jeune homme la dépassait. Et elle détestait se sentir impuissante.

- Il est en train de sombrer, Akko.

Peut être était-ce le ton de sa voix. Peut être était-ce le fait qu’elle l’ait appelé par son prénom (chose qu’elle ne se permettait que très rarement) mais Rezlak parût soudain la prendre au sérieux.

- Qu’est ce qui t’inquiète à ce point ?

- Je ne sais toujours pas ce qu’il lui est arrivé à Osgilliath. Il est trop perturbé pour être cohérent. Je sais seulement qu’il a simulé sa propre mort mais il est évident qu’il y a plus. Il ne se torturerait pas de cette manière dans le cas contraire.

- Irrécupérable ?

- Pas si nous agissons maintenant. Seulement je ne sais pas quoi faire. Je ne peux que l’empêcher d’agir physiquement mais il se détruit mentalement à petit feu. Il est dangereux pour les autres et pour lui-même.


Néhélac hésitait à tout révéler à Rezlak mais c’était devenu nécessaire. Elle avait trouvé le jeune homme en sang, roulé en boule et sans réaction. Si certaines des coupures qui parsemaient son corps étaient accidentelles, elle avait bien repéré celles qui étaient volontaires. Il avait alors brusquement changé d’attitude et l’avait attaquée. Si quelqu’un d’autre qu’elle, une personne qui n’aurait pas été dotée de ses reflexes ahurissants, s’était trouvé à sa place, c’en aurait été fini très rapidement. Mais le plus inquiétant était ce qu’il lui avait dit en l’attaquant. Il l’avait appelée, elle, Mardil. Il pensait sincèrement qu’il s’attaquait lui-même.

Rezlak semblait soucieux à l’écoute de ce qu’elle venait de lui apprendre. Néhélac savait qu’il envisageait deux options : aider le jeune espion ou détruire la menace qu’il était devenu. Elle ne pouvait s’empêcher de penser que cela aurait été un immense gâchis. Ils savaient tous les deux le potentiel qu’avait Mardil. Il pouvait réaliser de grandes choses mais pour cela il devait d’abord affronter ses démons.

- Amènes le moi ! Je verrai ce que je peux faire.

Néhélac hocha la tête, manifestement soulagée. Elle allait sortir lorsque Rezlak prît à nouveau la parole.

- Une dernière chose avant que tu t’en ailles. Tu ne m’as toujours pas expliqué la raison de ta présence dans la trouée du Rohan.

L’espionne orientale se figea. Elle avait signalé la mort de leur espion mais elle avait espéré pouvoir éviter le sujet.

- C’est simplement qu’il fallait que je rencontre mes subordonnés. Je suis arrivée trop tard voilà tout.

- Cela devient une habitude. Que peux-tu me dire sur la mort d’Han-Ahesch ?

- Une mauvaise rencontre. Il n’a pas été découvert.

- Ainsi cela ne serait qu’une simple coïncidence ?


La question était légitime. Néhélac se l’était elle-même posée. Elle avait d’abord cru que Rezlak avait fait tuer leur homme afin qu’il ne soit plus en mesure de répondre à ses questions mais elle comprenait maintenant que seule la malchance était responsable de sa déconvenue. Néanmoins si Rezlak posait la question c’est qu’il avait des soupçons sur les véritables motifs qui l’avaient poussée à vouloir un entretien avec l’espion oriental.

L’atmosphère dans la pièce s’était tendue d’un seul coup, les deux interlocuteurs se dévisageant mutuellement. Il leur était impossible de se faire confiance mais aucun des deux n’avait la moindre preuve de déloyauté. Combien de temps cette situation pouvait durer ?

- Certaines fois des coïncidences se produisent. Et d’autres fois non.

Ce n’était pas vraiment une réponse mais Rezlak sembla s’en contenter. Il esquissa même un léger sourire qui mît instantanément l’espionne mal à l’aise.

- Quoi qu’il en soit, le meurtrier me semble très intéressant. J’aimerais en savoir davantage.

Néhélac n’appréciait pas vraiment cette requête. Tout laissait à penser que le tueur était totalement incontrôlable. Et d’après les récits des témoins, d’une cruauté sans borne. Elle savait que Rezlak aimait s’entourer d’hommes de cet acabit mais elle pensait que celui-ci dépassait de loin ceux qu’ils avaient rencontrés et engagés auparavant. Elle n’émit pourtant aucune objection, désireuse qu’elle était de changer de sujet. Elle prît ensuite congés de son employeur. Elle avait beaucoup de travail qui l’attendait.

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Tag rezlak sur Bienvenue à Minas Tirith ! Rezlak10

Rezlak resta songeur un long moment après le départ de son associée. La situation lui échappait de plus en plus. Les informations venant du Gondor étaient troublantes. Il savait déjà qu’il les transmettrait intégralement à la Reine. Et d’une, car elle se trouvait sur place lors du mariage royal et de deux car ses propres espions lui en auraient déjà tout dit. En fait, il était probable qu’ils soient au courant de choses dont il ignorait tout. Cependant l’inverse était également vrai. Ainsi il prouvait son utilité à la Reine Lyra qui, malgré ses nombreux espions, ne pouvait se passer des informations qu’il lui ramenées.

La force de son réseau, outre le nombre, était qu’il recrutait principalement des locaux. Des gens nés et élevés dans le pays d’intérêt. Des gens au dessus de tout soupçon, certains occupant même des postes importants, d’autres de simples roturiers, mais tous en mesure de collecter des informations auxquelles n’aurait pas eu accès un espion oriental. Il y avait différents moyens de fidéliser ces espions mais ils ne vaudraient jamais ceux qui étaient formés à Vieille-Tombe.

Cela l’amena à penser à la femme qui l’avait quitté quelques minutes auparavant. Il avait étudié attentivement ses réactions face à ses questions sur Han-Ahesch mais il n’avait pas réussi à tirer la moindre conclusion. Pourquoi s’était-elle vraiment rendue dans la trouée du Rohan ? Leur espion était-il mort de ses mains ou n’était-ce réellement, comme elle le prétendait, qu’une simple coïncidence ? Et si elle l’avait tué, qu’avait-elle appris de lui avant ? Il était dangereux de tirer des conclusions hâtives. Il avait déjà envoyé quelqu’un sur place pour vérifier la version de Néhélac mais, en attendant, il n’était pas tranquille.

Il chassa ces pensées de son esprit. Il s’inquiéterait de Néhélac en temps utile. Ses soupçons n’étaient peut être pas fondés. Il n’avait pas eu à se plaindre de quoi que ce soit jusqu’à présent. Hormis de sa gestions concernant Mardil. Si c’était désormais à elle de monter un nouveau réseau, il se souciait davantage des répercussions sur la santé mentale de son protégé que des répercussions financières (qui étaient pourtant loin d’être négligeables).

Il lui fallait désormais reprendre en main le jeune espion. Il avait trop investi sur lui pour le laisser se détruire ainsi. Et il voulait constater de ses yeux l’état dans lequel il se trouvait. Peut être que cela pouvait représenter une opportunité quelconque ?

Il devait également s’avouer qu’il désirait revoir le jeune homme après toutes ces années. Premièrement afin de mesurer sa loyauté. Les rapports d’Urik puis ceux de Néhélac laissaient entendre que le jeune espion était en lutte perpétuelle entre sa loyauté à son égard et ses opinions personnelles. Il lui faudrait s’assurer qu’il lui était toujours fidèle.

L’autre raison le dérangeait un peu plus. Mardil lui avait manqué ces dernières années. Il s’était habitué à sa présence dans son lit et entre ses bras et tous les substituts qu’il avait essayés n’y avaient rien changé. Il s’en étonnait lui-même. Le jeune homme était désormais bien plus âgé que les garçons qui l’intéressaient habituellement. De plus le manque n’était pas seulement physique. Il voulait savoir ce qu’il devenait, il voulait lui parler, lui transmettre des connaissances et des valeurs. Il se disait que c’était là ce qu’aurait ressenti n’importe quel parent pour son enfant.

#Rezlak #Mardil #Néhélac
Sujet: (Passé) L'Histoire est écrite par les vainqueurs
Mardil

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Rechercher dans: Blankânimad   Tag rezlak sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: (Passé) L'Histoire est écrite par les vainqueurs    Tag rezlak sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 10 Juin 2014 - 22:02
Tag rezlak sur Bienvenue à Minas Tirith ! Esiria15


Esiria patientait dans l’antichambre en tâchant de dissimuler du mieux qu’elle pouvait son énervement croissant. Cela faisait maintenant trois jours qu’elle se trouvait dans la capitale et elle n’en pouvait plus d’attendre. Ses affaires ne pouvaient se gérer seules et elle essayait de ne pas penser aux opportunités qu’elle risquait de manquer en restant ainsi bloquée à Blankânimad.

Mais c’était peut être bien l’intention de son hôte. D’après les échos qu’elle avait obtenus, tout s’était déroulé pour le mieux sur la route de l’avant poste. L’installation allait pouvoir commencer même s’il faudrait encore plusieurs mois avant que l’endroit soit vivable. Les délégations naines et du Rhovanion n’arriveraient pas avant plusieurs mois  (principalement du fait de l’annonce du mariage royal au Gondor qui aurait lieu quatre mois plus tard) mais il fallait absolument qu’elle soit présente lorsque cela arriverait. Non, pas seulement présente. Il lui fallait l’approbation royale.

Seulement la Reine n’était pas facile à approcher, même pour une personne de son rang. Après tout, elle ne dirigeait pas à proprement parler le clan Sukhbak. Un instant elle se dit qu’il aurait sûrement été plus protocolaire d’envoyer Oleg mais ce bon à rien n’aurait jamais pu mener les négociations à bien. Qu’il reste à s’occuper des mines d’or ; c’était bien là la seule chose à laquelle il montrait quelques talents.

Néanmoins, d’un point de vue strictement officiel, c’était lui et non elle, le chef du clan Sukhbak. Elle chassa son fils de ses pensées. Les négociations n’auraient pas lieu avec la Reine en personne et elle le savait bien. Sa Royale Majesté n’avait pas de temps à perdre avec les affaires économiques. C’était à son conseiller en économie de gérer ces affaires et tout le problème était là. La réputation de ce dernier n’était plus à faire et Esiria savait que les négociations ne seraient pas aisées. Mais elle s’était suffisamment préparée pour que cet entretien se déroule comme elle l’espérait.

Ses pensées dérivèrent vers l’entrevue qui l’attendait et son curieux interlocuteur. Tout le monde avait entendu parler de lui bien évidemment. Qu’un simple roturier parvienne à un poste si élevé avait fait grincer bien des dents. Mais la Reine avait pris sa décision et personne n’aurait eu la folie de contredire Sa Majesté. Il fallait bien admettre qu’elle avait visé juste car l’homme en question remplissait parfaitement son office. Néanmoins, on ne pouvait s’empêcher de se poser des questions. C’était tout de même une ascension fulgurante pour quelqu’un de si basse extraction.

Bien sûr les récits sur la cruauté et les manipulations auxquelles cet homme se livrait étaient sans aucun doute exagérés. Esiria était bien placée pour savoir à quel point les gens du commun, et les nobles encore davantage, avaient tendance à déformer et à amplifier les faits. La veuve noire, comme ils l’appelaient, en avait fait les frais bien souvent. Mais, dans le cas du conseiller, il s’agissait sûrement plus que de simples ragots.
Esiria avait passé une grande partie de sa vie près d’Albyor et il était impossible de résider près de la Cité Noire sans avoir entendu les rumeurs. Quels que soient les liens qu’il entretenait avec le temple Sharaman, le conseiller avait là de puissants alliés. Esiria, elle-même, avait toujours veillé à rester dans les petits papiers de Jawaharlal. Les dons généreux qu’elle envoyait au temple n’avaient pas d’autres buts.

Elle était scandaleusement riche. Mais contrairement à certains nobles, elle l’avait durement gagné. Son commerce était florissant et la nouvelle route commerciale du fleuve ne pouvait que lui être profitable. Il ne restait plus qu’à accroître un peu plus son pouvoir et sa position. Mais pour cela, elle avait besoin de passer des contrats avec l’étranger. Et c’était justement pour cette raison qu’elle était venue à la capitale. Elle ne devait pas apparaître comme une simple marchande qui négocierait uniquement ses propres intérêts mais comme la représentante du pays tout entier. Sa requête était parvenue à la Reine depuis des semaines mais, soit Lyra n’avait pas encore pris sa décision, soit quelqu’un temporisait pour gagner du temps. Et ce quelqu’un, elle s’apprêtait justement à le rencontrer.

C’est à ce moment là que les portes s’ouvrirent enfin et qu’Esiria fût autorisée à entrer. Elle prît une profonde inspiration et se releva. Son maintien était fier et droit, son allure aristocratique et son expression arborait l’ennui teinté de dédain qu’affectionnaient tout particulièrement les nobles.

La salle dans laquelle elle pénétra était richement mais sobrement décorée. Quoi qu’elle puisse penser du conseiller, il avait manifestement bon goût. Il se tenait, assis très droit sur son siège.  C’était un homme entre deux âges mais dont l’aura de puissance et de prestige qu’il dégageait était presque dérangeante. Pourtant il n’en n’imposait pas par son physique. Pas spécialement bien bâti, il ressemblait bien plus à un lettré qu’à un guerrier. Ce qui lui valait d’ailleurs le mépris tacite de toute une partie de l’aristocratie du pays.

Esiria ne faisait pas partie de ces derniers. Elle avait été initiée aux armes, comme toute jeune fille noble de Rhûn, mais elle n’avait jamais apprécié cela. Elle pensait avoir amplement prouvé qu’un esprit acéré était capable de faire bien plus de dégâts qu’une épée. Le conseiller lui fît signe d’approcher et de s’asseoir à la table. Sans plus de cérémonie, elle prît un siège et regarda son interlocuteur dans les yeux, attendant qu’il se décide à entamer la conversation. Elle n’eût, cette fois-ci, pas à patienter bien longtemps.

- Esiria Sukhbakaara. Que me vaut l’honneur de votre visite ?

- Epargnons-nous les mondanités et allons droit au but, conseiller Rezlak.

- Très bien. J’apprécie toujours cette attitude en affaires. Sa Majesté la Reine Lyra m’a transmis votre requête.

- La Reine a t’elle pris sa décision ? Pourquoi s’en remettre à vous ?

- La Reine ne voit aucune objection à votre départ pour l’avant poste. L’argent que vous nous avez fourni a considérablement aidé la couronne à mettre en place cette opération. Vous êtes donc autorisée à mener vos affaires comme il vous plaira, tant que vous vous pliez à l’autorité des hommes de Sa Majesté présents sur place, cela va sans dire.

- Ce n’était là qu’une partie de ma requête.

- Le poste que vous demandez n’est pas donné à n’importe qui. Si la Reine apprécie le soutien que vous n’avez jamais manqué de lui apporter, elle ne peut malheureusement pas vous accorder davantage.


La fureur bouillonnait en elle. Elle n‘avait pas fait le chemin jusqu’à la capitale pour s’entendre dire de la bouche d’un parvenu qu’elle était indigne de la confiance de la Reine. Elle prît une profonde inspiration afin de se calmer et de rassembler ses esprits. Il était plus que probable que le conseiller Rezlak n’avait pas mis beaucoup d’enthousiasme à plaider sa cause. C’est donc qu’il attendait quelque chose d’elle. Si elle voulait obtenir ce pour quoi elle était venue, il faudrait jouer finement.

- J’ai ouïe dire que l’ouverture de la route marchande du fleuve allait redistribuer les cartes du commerce avec l’étranger. Si ma mémoire est bonne, votre commerce est basé à Vieille-Tombe, c’est bien cela ? Vous n’auriez que peu d’intérêt à ce que les négociations aboutissent en ce cas.

- Mon commerce se porte aussi bien qu’à l’accoutumée, je vous remercie.

- Les rumeurs étaient donc infondées. J’avais entendu dire que Leuthiag avait engagé des hommes supplémentaires ainsi que des bateaux. Mais vous avez raison. Il n’y a aucune raison que cela gène vos intérêts dans la région.

- Que proposez-vous ?

- Vous vous arrangez pour que je sois désignée comme seule ambassadrice auprès des délégations étrangères, en particulier les nains des Monts du Fer, et, en échange, je pourrai régler votre problème.

- Et de quelle façon ?

- La route du fleuve est contrôlée par deux types de commerces : celui du vin et celui des esclaves. Je m’arrangerai pour que vos marchandises arrivent à destination plus vite que celles de vos concurrents. Il se pourrait même qu’ils ne subissent quelques revers. Le fleuve peut être si traître à cette époque de l’année.


Un sourire entendu éclaira son visage. Le conseiller semblait imperturbable mais elle savait qu’il cachait sa surprise. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle fût si bien renseignée sur ses activités. Mais il n’était pas le seul à avoir recours à des espions.

- Vos conditions sont acceptables. Je ferai le nécessaire.

- J’en ferai tout autant.


A cet instant on frappa à la porte et un messager s’approcha du conseiller et lui chuchota quelques mots à l’oreille. L’expression du conseiller changea instantanément, se teintant d’une impatience mal dissimulée. Il dit à l’homme de faire entrer la personne qui le demandait. Il se tourna ensuite vers Esiria avec un sourire forcé sur le visage.

- Ce fût un plaisir. Malheureusement, je suis un homme fort occupé. Vous recevrez des nouvelles de Sa Majesté sous peu.

- Le plaisir fût partagé, conseiller Rezlak. J’ai moi-même fort à faire avant de pouvoir me mettre en route.


Elle se releva et sortit de la pièce, un sourire satisfait plaqué sur le visage. Elle ne pût s’empêcher de jeter un regard à la jeune femme qui, elle, pénétrait dans la salle. Plutôt jolie mais quelque chose dans son expression n’engageait pas confiance. Esiria réprima même un frisson en passant près d’elle et se dit qu’elle ferait bien de ne jamais tourner le dos à cette femme si elle venait à la recroiser un jour.

#Esiria #Rezlak
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