4 résultats trouvés pour Helevorn

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Sujet: Nul n'est prophète en son pays
Nathanael

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Rechercher dans: La Caserne   Tag helevorn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Nul n'est prophète en son pays    Tag helevorn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 27 Fév 2016 - 16:41
- Très bien, faites-le entrer, qu’il en soit ainsi.

Le général Cartogan poussa un soupir à fendre l’âme. Il avait repoussé cette entrevue aussi longtemps que possible, mais l’homme s’était acharné. Il chercha du réconfort dans le dossier moelleux de son fauteuil, se préparant au pire. L’énergumène qui avait exigé de le rencontrer était connu pour sa réputation sulfureuse et il était à peu près certain qu’il laisserait quelques plumes au cours de cet échange. L’homme avait réalisé toutes les formalités administratives nécessaires pour parvenir jusque sur le pas de sa porte. Il avait écourté les délais avec, sans doute, quelques pièces habilement glissées ici et là. Cartogan se ferait un plaisir de découvrir plus tard ceux qui avaient permis d’avancer cette entrevue.

- Messire Helevorn, Lanternier du Sixième Cercle de la Cité Blanche, est introduit ce jour auprès du général Cartogan après requête de sa part pour en apprendre plus grandement à propos de l’arrestation de son sujet, maître Tom.

Le soldat énonçait d’une voix absolument monotone les formalités administratives de rigueur. Le général Cartogan demeura stoïque tandis que la porte de son cabinet s’ouvrait sur les frivolités vestimentaires du Lanternier. Helevorn avait pris un plaisir exquis pour choisir ses atours et sa cape : colorés, … certains auraient dit bariolés. Il affichait un rictus plein de mépris qu’il déguisait sous le couvert d’un sourire de circonstance, poli et affable. Mais le général Cartogan n’était pas dupe. Helevorn fit une courbette en agitant son sceptre dans une parade extravagante qui n’avait pour but que d’amuser la galerie et d’exaspérer le Général. C’était chose faite. Cartogan ne prit pas même la peine de se lever.

- Venez-en au fait messire Helevorn. A propos de quoi désiriez-vous m’entretenir ? L’on m’a fait dire que votre serviteur occupait toujours nos geôles. Nous en prenons le plus grand soin. De quoi avez-vous à vous plaindre si ce n’est que nous entretenons votre homme aux frais de la couronne ?

Le sourire d’Helevorn disparut. Une ombre agita son regard et ses yeux noirs étaient pleins de colère et de haine. Le généra Cartogan était serein. Disposait-il des informations qu’Helevorn ne souhaitait pas voir apparaître au grand jour ? L’inquiétude fut rapidement chassée de son visage, mais le général l’avait perçue et il souhaitait bien en profiter.

- Et bien messire ?


Cartogan joua l’impatience. Helevorn essayait de percevoir les cartes qu’ils avaient respectivement en main. Ils étaient comme deux saltimbanques sur une corde tendue, tout était un jeu d’équilibre.

- Il semblerait que vos hommes aient malmené mon serviteur, général. Et les instances que vous dirigez se refusent à m’informer quant à la provenance de l’ordre qui leur a été assigné. Tom a été arrêté au Sanctuaire. Un lieu de paix et de repos pour les âmes égarées. L’armée ne dispose d’aucune prérogative pour mener une arrestation en ces lieux à ma connaissance. A moins que notre cher général puisse modifier la loi de notre beau royaume sans l’avis nécessaire de notre Haut Roi ?
- Gare aux insinuations douteuses messire Helevorn. Il nous reste quelques places chaudes pour ceux qui viendraient à proférer des accusations infondées.
- Je n’oserai jamais insinuer quoi que ce soit mon Général, si je n’avais en ma possession les informations qui me permettent de confirmer ce que je dis.


Le général Cartogan se raidit. Son fauteuil lui parut soudainement moins douillet. Il se redressa le plus calmement possible mais il était inquiet. Il était de notoriété publique que le Lanternier se vantait de bien des choses qu’il n’avait pas commises et qu’il cachait habilement ce qu’il avait vraiment fait. Mais il aurait été trop culoté de venir agir ainsi sous son nez, dans son cabinet. Soit il tentait une diversion rocambolesque, soit … le général prit une profonde inspiration, réfléchit au problème et se concentra sur le sujet dont il était question.

- Il vous est impossible d’affirmer quoi que ce soit à mon encontre messire. Mes directives et mes ordres ne sauraient aller à l’encontre de la Volonté de notre Haut Roi, que les Valars le bénissent.
- J’ai pourtant le témoignage de quelqu’un qui serait à même d’attester mes dires. Un personnage important et dont la parole ne saurait être contestée. Cela va sans dire. Comment s’appelle-t-il déjà ?


Helevorn prit un plaisir mesquin à imiter une réflexion extrême tout en interrogeant son sceptre du regard.

- Mais si, vous devez le connaître. Un vieux monsieur, barbu, un peu étrange … ho si, cela me revient ! Il va toujours vêtu de bleu …

Helevorn planta son regard dans celui de Cartogan. Le général blêmit, bien malgré lui. Il était temps que certaines affaires soient tirées au clair. Et rapidement.

#Cartogan #Helevorn
Sujet: L'arme des humiliés : la vengeance
Nathanael

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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag helevorn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'arme des humiliés : la vengeance    Tag helevorn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 13 Déc 2015 - 10:34

Le renard n’avait pas reparu. Il arrivait quelques fois que ces petites bêtes s’endorment auprès de leur proie après s’être repus de sang frais. Jeter un tel animal dans un poulailler n’avait peut être pas été l’idée du siècle. Un jour quelqu’un viendrait demander qui en était le propriétaire et exigerait un dédommagement pour les dégâts subits. Il s’en repentait. Plus il s’évertuait à comprendre pourquoi Tom avait été arrêté, plus les réponses lui échappaient. Ce qui le rendait irascible au plus haut point.  Deux clients étaient sortis, suivis de près par leur commande, expédiée plus rapidement que prévue. Des morceaux de verre et des éclats de bois parsemaient encore le pavé devant sa boutique. Plus personne n’était entré par la suite, craignant pour leur intégrité physique.

Helevorn semblait prostré derrière son comptoir, songeur, perdu dans de troubles réflexions. Immobile comme la pierre. Ce n’était pas raisonnable, mais il lui faudrait peut-être agir en personne. Après tout, n’était-on jamais mieux servi que par soi-même ? Mais à quoi bon s’engager comme assassin ou mercenaire si l’on n’était pas capable d’accomplir son devoir ? Il maugréa intérieurement contre ce renardeau famélique aux dents trop longues, au point qu’elles avaient du le freiner dans sa course. Il devait prendre une décision, aussi dangereuse soit-elle, car Tom détenait des secrets qu’il valait mieux garder dans l’obscurité, et Eru seul savait ce que les hommes de main de Cartogan étaient capables de faire à un pauvre prisonnier. Certains arrivaient à faire parler les morts, quelque magie ou quelque fourberie arriverait peut-être à faire parler un muet. Il avait vu bien des choses étranges tout au long de sa vie, et cet imbécile de général semblait ne pas douter de ses capacités. Mieux valait rester prudent. Tom était une pierre attachée à sa cheville, s’il coulait, il l’entraînerait dans les profondeurs d’une déchéance certaine.

Il sortit de sa boutique vêtu d’un costume de lin et de soie blanche aux reflets irisés, portant une cape sombre et son habituel sceptre. Inutile de simuler la discrétion alors qu’il était connu de bien des gens des derniers cercles de la cité. Le plus simple était de remonter le cours du temps. Tom s’était rendu chez le cordonnier pour porter des dessins et passer une commande pour une nouvelle création. Mais il n’était jamais revenu. Dans le même quartier se trouvaient la Caverne, lieu indécent où Tom n’aurait pas mis un orteil. La calomnie pesait déjà tant sur leurs épaules qu’il eut été malsain de se rendre dans un pareil lieu de débauche. D’autant que les prestations proposées manquaient cruellement d’imagination et que les articles loués n’étaient plus de première fraîcheur. Peut-être son fidèle compagnon s’était-il rendu à la Taverne. La chaleur de l’été précoce était de bon augure pour les tenanciers de comptoir. L’après-midi touchait à sa fin et les portes de la Taverne commençaient juste leur danse vespérale, s’ouvrant et se fermant au rythme du passage des clients. La proximité du bas peuple lui hérissait le poil. Il savait s’adapter à toute situation mais le fait d’entrer au milieu d’un bouillon de miasmes et d’hommes suant à grosses gouttes lui demandait bien des efforts.

Il y eut un silence quand il posa le pied dans la Taverne. Les gens lui jetèrent un regard suspicieux, certains d’entre eux cessèrent de boire pour lui accorder un coup d’œil, puis les conversations reprirent. Helevorn en fut enchanté, son petit tour de passe-passe fonctionnait à merveille. Il ne souhaitait pas menacer directement Cartogan, l’homme était trop bien entouré pour craindre quoi que ce soit. D’autant que les armes avaient été interdites dans la cité depuis le mariage royal… mais il détenait une arme plus puissante qu’aucune autre et contre laquelle les épées des gardes ne pourraient rien. Les rumeurs étaient bien pires que le fil d’une lame, et chaque murmure serait un coup de plus porté contre cet imbécile prétentieux et abjecte.

Il se rendit jusqu’au comptoir, déployant ses longues foulées sur un sol crasseux et un parquet mal dégrossi, repoussant de son sceptre les quelques épaules qui se trouvaient sur son chemin. Le tavernier lui jeta un regard narquois, se demandant sans doute ce que cet étrange individu allait lui demander. Helevorn prit soin de se redresser de toute sa hauteur, comme les nobles de la cité savaient si bien le faire. Il prit soin néanmoins de ne pas s’embourber dans le jargon que ces derniers employaient pour se distinguer du peuple.

- Vous serez gentil mon mignon, si vous pouviez me dire si un dénommé Tom est passé par là ces derniers jours ? Gentil garçon, grisonnant, muet, avec les mains tatouées. Bon payeur !

Et il insista sur ce dernier terme car il savait que beaucoup de client possédaient des ardoises longues comme le bras. Ceux qui payaient leur consommation le jour où ils les engloutissaient étaient rares dans ces quartiers. Le tavernier tiqua devant les termes employés par le Lanternier. Il craignait avoir à faire à un de ces débauchés qui étaient passés de l’autre côté de la barrière. On en parlait peu, cela n’était pas bienséant, ce n’était pas normal même, on les craignait autant qu’on les détestait. Helevorn saisit cette lueur dans l’œil de son interlocuteur pour forcer le trait et il prit une pause presque lascive en s’accoudant au comptoir. Il parla d’une voix des plus mielleuses et fit un clin d’œil outrancier au Tavernier.

- Alors ?

L’homme changea de couleurs alors qu’un ou deux clients commençaient à s’intéresser à leur échange, dardant leurs yeux plein d’une curiosité malsaine sur le tenancier qui ne savait plus ou se mettre. L’homme répondit sans se rapprocher, craignant, sans doute, que les mœurs d’Helevorn ne soient contagieuses.

- Oui, y a bien un gars comme ça qui est passé avant-hier. Mais il est pas resté longtemps. IL a pas du être bon payeur avec tout le monde, car c’était pas une médaille que voulaient lui offrir les gardes qui lui courraient après si vous voyez ce que je veux dire.
- Je vous remercie mon mignon, vous serez gentil d’offrir une tournée à ces braves hommes.


Helevorn glissa une pièce d’or sur le comptoir. Les reflets mordorés de la pièce eurent l’effet escompté, et le Tavernier oublia bien vite les manières du Lanternier. Il posa rapidement la main sur la pièce et la rangea à l’intérieur de son tablier brun sous les yeux ébahis de plusieurs clients. Helevorn prit sa voix de stentor et annonça avec bien des manières :

- Tournée générale !

Il fit une courbette des plus gracieuses, afficha un sourire franc aux hommes qui se trouvaient là, et sortit. S’il ne savait toujours pas où trouver Tom, il s’était acheté une tribune, la première traînée de poudre qui mettrait le feu à la réputation du général et brûlerait ses ambitions immodérées sur le bûcher de son orgueil.
Sujet: Prendre des vessies pour des lanternes
Nathanael

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag helevorn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Prendre des vessies pour des lanternes    Tag helevorn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 2 Sep 2015 - 13:37
Tag helevorn sur Bienvenue à Minas Tirith ! Azril_10

- Tom ?

Helevorn se redressa dans son fauteuil au premier étage. Il avait volontairement laissé la porte ouverte afin d’entendre son serviteur revenir. Un tintement à l’entrée de son commerce avait signalé l’arrivée d’un nouveau venu. Mais le Lanternier n’eut pas de réponse. Tom était parti dans la matinée pour accomplir une tâche nécessaire à la bonne marche de leur petite entreprise. Une poignée de main et quelques pièces devaient suffire, rien de tout à fait illégal. Un échange de bons procédés. Mais Tom n’était pas rentré. Ou du moins, pas encore. Helevorn s’agaçait. Son serviteur n’avait pas coutume de traîner en route mais le moindre de ses retards le mettait en colère, la moindre erreur l’horripilait au plus haut point. Rien ne devait être laissé au hasard. Il se leva de son siège et descendit avec sa démarche particulière les escaliers en colimaçon. Il passa au milieu de ses étagères chargées de lumignons, de lampes, de bougies et d’inventions saugrenues pour se placer derrière le comptoir. Mais ce n’était pas un client. Il n’avait pas prévu de négocier avec la milice de la cité. L’homme se présenta avec toute l’austérité possible.

- Aubun, Soldat réserviste du Sixième bataillon. Je suis chargé de vous transmettre une information.

Helevorn haussa un sourcil plus que de raison. La chose l’intriguait autant qu’elle l’énervait. Il aimait déjà peu les militaires, alors les voir débarquer de façon tout à fait inopportune, dans SA boutique, et avec « une information » … Son regard, glacial, était braqué sur l’homme devant lui.

- Votre serviteur a été arrêté ce matin sieur Helevorn. Les charges qui sont retenues contre lui sont les suivantes : « Vol, larcin et participation à une activité illégale dans l’enceinte de la Cité Blanche ». Vous êtes convoqués auprès du tribunal du Sixième Cercle afin de témoigner dans cette affaire. Tout refus de coopérer sera considéré comme un gage de complicité.

Helevorn éclata d’un rire froid, une véritable tempête de grêle sonore.

- Un réserviste ! Ils m’envoient un réserviste ! Un homme qui s’ennuie et qu’on envoie porter des messages pour le garder en forme. Etes-vous conscient qu’il s’agit là d’un exercice d’entraînement, d'une manœuvre !

Il ne discutait pas avec le garde posté devant lui, mais bel et bien avec le sceptre qu’il avait coutume de transporter partout avec lui et en toute circonstance. Il le scrutait comme s’il cherchait un détail particulier qui lui aurait échappé depuis toutes ses années. Puis il se redressa de toute sa hauteur et planta son regard noir dans les yeux du soldat qui trouvait la situation bien étrange.

- Aubun, le réserviste ! Tu diras à ton lieutenant, et plus encore à Cartogan le Tout Puissant, qu’on ne convoque pas le Lanternier avec un réserviste ! Tom s’est fait emprisonné ? Et alors, c’est son problème. Je ne suis pas responsable de sa personne. La loi ne punit pas les innocents que je sache. Et je n’ai rien à avoir avec toute cette histoire. Qu’il soit pendu si c’est ce qu’il doit advenir. Mais ne me ramenez pas son cadavre en disant que je suis responsable de l’exhumation. Baliverne ! ET puis quoi encore ? ET puis quoi encore ?

Et il répéta sa phrase si fort que le garde eut un sursaut. Debout en face de cette tempête de glace, le soldat ne savait plus sur quel pied danser et il piétinait péniblement sur place, répondant aux ordres, attendant qu’Helevorn ait fini sa déclaration pour pouvoir la transmettre à son supérieur. Les rumeurs les plus étranges qu’il avait entendu à propos de ce drôle de commerçant étaient bien vraies. La fin de son monologue fini, Helevorn sembla s’apaiser, ses épaules se détendirent, et son regard se fit moins colérique. Il fit un petit signe de la main significatif au soldat, lui exprimant clairement qu’il n’avait plus de temps à lui accorder.

- Ouste !

Le soldat regardait le Lanternier, incrédule, avant de faire demi-tour dans les règles de l’art, faisant claquer un talon au sol. Il sortit le plus dignement possible bien qu’il vît des regards se poser sans détour dans son dos tandis qu’il remontait la rue principale pour faire son rapport.
#Helevorn
Sujet: Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité ...
Nathanael

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag helevorn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité ...    Tag helevorn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 28 Juil 2015 - 21:42

L’amertume était un goût désagréable en bouche, et plus désagréable encore quand elle s’en prenait à l’esprit. Il était irrité, plus que de coutume, désagréable, à en devenir presque agressif. Puis soudainement il s’était plongé dans un mutisme morose et malsain, refusant obstinément tout nouveau contrat, réfutant les arguments de ses interlocuteurs en agitant son sceptre sous leur nez frénétiquement, menaçant leur âme de son regard pervers et de ses gestes évocateurs. Il avait perdu deux clients.

- Des gueux, mon ami, des gueux. Ils entrent les bourses tintinnabulant, accrochées de façon ostentatoire à la ceinture, ils se pavanent comme des paons et ils espèrent avec condescendance que je m’abaisserai à leur faire une « offre généreuse » ? Tu entends ça, mon ami ? Une offre généreuse ? Ne suis-je pas déjà assez généreux de leur laisser la porte ouverte et de les laisser entrer dans notre boutique ? N’est-ce pas ?

Helevorn regardait avec attention les détails de son sceptre tandis qu’il proférait son monologue dans sa boutique vide. Des lanternes étaient savamment exposées pour attirer le regard, de petites bougies posées ici et là pour créer des jeux d’ombre et de lumière. Des verreries à la beauté inégalable représentaient des scènes mythologiques où de hauts elfes se battaient contre des monstres gigantesques, des hommes faisaient face à une vague menaçante, ou des arbres ornés de joyaux d’or et d’argent. Des torches aux manches taillés comme des œuvres d’art étaient accrochées aux murs, leur mèche prête à être enflammée, aux senteurs douces et fruitées. Plus loin, des lampes à huile étaient associées à des objets divers pour former d’étranges compositions, originalité recherchée par de riches extravagants. Un heaume abritait une bougie bleue sur une étagère, la lumière ne sortant que par les trous réservés aux yeux et au nez, plus loin une lance à deux lames était posée contre un mur, couverte d’huile et d’onguent qu’on devinait inflammables, destinée à être utilisée par les saltimbanques de la cour royale lors de leur démonstration pyrotechnique.

Dans l’arrière boutique, Tom poussa un soupire. Son maître ne se calmerait décidément jamais, l’âge n’aidant en rien sa folie coutumière. L’âge … et il eut un nouveau soupire. Quinze années qu’il supportait Helevorn, qu’il le soutenait, le détestait, l’appréciait, l’honorait, le repoussait, l’estimait, le haïssait puis l’adorait encore. Leur relation était indéfinissable. Et tandis que le Lanternier traversait les années sans se plier à la volonté du temps, sans qu’une seule ride ne vienne orner son front, Tom regardait ses propres épaules se voûter, ses mains se faire de moins en moins habiles et ses crises d’arthrose devenir de plus en plus douloureuses. Il ne s’en plaignait jamais, mais il aurait aimé un peu de compassion de la part de son maître, il aurait aimé qu’il le questionne sur sa santé, sur ses envies, sur ses … « Bha, mon vieux Tom, 55 ans passés et tu rêves encore comme un gosse. » Qu’aurait-il pu répondre après tout ? Il ne pouvait que se contenter de lever une main ou l’autre pour initier un semblant de conversation, et rares avaient été les fois où son maitre avait été assez patient pour qu’ils aient une réelle discussion, Tom prenant alors le temps d’écrire chacune de ses paroles sur des morceaux de parchemin. Mais Helevorn ne semblait les lire qu’en diagonale, comme il l’aurait fait pour un contrat, une lettre administrative ou un message quelconque. Et ses réponses étaient évasives ou sans queue ni tête.

- Tom ! A réfléchir pareillement, tu vas te faire bouillir le crâne … et s’il explose tu risques d’en mettre partout. Alors arrête, j’ai en horreur les morceaux de cervelle sur les murs, tu le sais bien.

Helevorn continuait d’agiter son sceptre devant lui, ne jetant qu’un coup d’œil vers l’arrière boutique où le vieil homme avait le dos courbé avant de porter de nouveau les yeux sur son objet fétiche. Tom ne se retourna même pas, trop habitué à ce que son maître devine ses pensées et les interrompe. Il reposa la pièce de verre qu’il avait dans les mains, l’agença dans un socle de métal, puis en prit une seconde pour terminer la monture de la lampe. Helevorn reprenait déjà son monologue sans plus se soucier de son serviteur.

- La politique de cette ville m’empêche de travailler comme il se doit. L’armée de cette ville m’empêche de travailler comme il se doit. Ces bons à rien de soldats viennent renifler autour de ma vitrine comme si elle sentait la viande faisandée, comme si en se contentant de tourner autour de ma porte, ils pourraient trouver de quoi me faire accuser. Et quoi ? Il est impossible d’accuser un innocent, n’est-il pas mon ami ? Et le mariage n’a rien arrangé, et Cartogan non plus bien au contraire ! Ce cher général risque un jour de se trouver seul dans une ruelle avec autre chose que ses viles paroles lui sortant de la bouche ! Quel impudent ! Refuser que je n’entre dans ses appartements pour un entretien privé, refuser mes missives, refuser tout dialogue, refuser toute discussion ! Pour des « choses plus sérieuses que le commerce et vos bibelots à l’eau de rose »  …

Helevorn se tut soudainement et se redressa de toute sa hauteur. Une idée venait de germer dans son esprit. Une idée qui pourrait lui sauver la mise. Une idée qui pourrait changer cet état de fait et qui lui permettrait, sans doute, de reprendre ses affaires. Car si les lampes se vendaient bien, ce n’était pas ce qui lui plaisait le plus. Et Cartogan lui avait ôté tout plaisir depuis plusieurs mois. Et Helevorn n’aimait pas qu’on le frustre de la sorte.
#Helevorn
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