Raztuk sentait à nouveau la forte odeur de ces maudits
« gazat » qui osaient venir les défier. Une odeur dont il avait été privé pendant de trop longues années et à laquelle il pouvait à nouveau goûter de manière régulière depuis plusieurs jours déjà.
Quand le bruit courut que les Nains désiraient attaquer les positions du peuple gobelin Raztuk avait immédiatement répondu à l’appel. Il faisait partie du détachement de l’armée de Goblinville qui avait au plus vite rallié les forces de Gundabad. Il montait enfin au front pour affronter des
« gazat » .
Le gobelin n’était pas vraiment impressionnant ou intimidant au premier abord ; petit, chétif et frêle il n’avait ni la force d’un Olog ni la puissance d’un Uruk. Et pourtant le maraudeur gobelin était un combattant émérite, expérimenté et reconnu parmi les siens si toutefois il y a quelque chose qui puisse s’apparenter à de la reconnaissance parmi leur peuple. La liste des victimes qu’il avaient faites depuis le début des hostilités avait de quoi faire des envieux ; la majorité avaient été des Nains trop sûrs d’eux même face à un adversaire qu’il croyait être de faible envergure . Mal leur en avait pris de ne pas considérer le gobelin à sa juste valeur : Raztuk était agile, vif et rusé et il avait fait regretter à beaucoup de ses ennemis leur prétention.
Il avançait au-devant de la troupe ; il marchait de sa démarche particulière. Il avait le dos courbé et il s’aidait de ses longs bras pour prendre appui sur le sol. Ses petits yeux malveillants brillaient d’impatience tandis que ses narines frétillaient : dans quelques minutes le sang "
gazat" coulerait à nouveau. Si ses adversaires n’avaient pas été de valeureux combattants Naugrim il n’y avait aucun doute sur le fait que ceux-ci auraient été plutôt effrayés sinon déstabilisés par l’allure de Raztuk. On aurait pu jurer que le haut de son crâne portait des peintures de guerre alors qu’en réalité celui-ci était calciné et ne portait que la marque d’une brûlure au troisième degré hérité durant les guerres intestines entre les cités gobelines. Il était vêtu d’un simple pagne et tout son maigre torse était barré d’innombrables cicatrices qui témoignaient du passé guerrier de Raztuk. Ses énormes veines qui déformaient ses tempes palpitaient et un sourire mauvais s’esquissait sur son visage hideux à mesure qu’il approchait de la « forteresse » à l’intérieur de laquelle ces stupide
"gazat" se croyaient à l’abri. L’armée des gobelins allait bientôt reprendre possession de Daul Dauman .
Une ligne devant lui les archers se mirent en position et commencèrent à tirer sur les positions ennemies qui répliquaient avec acharnement. Déjà les premières victimes tombèrent ; Raztuk observait ce spectacle avec délectation, bientôt ce serait à son tour de rentrer dans ce ballet mortel. Il resserra son emprise autour de sa cimeterre et il s’assura que sa dague en os pendait toujours à la ceinture de son pagne.
L’effet de surprise était à mettre de leur côté , jamais les Nains n’avaient pu imaginer qu’un contingent entier de gobelins réussiraient à contourner le gros de leur force pour s’en prendre à leur Quartier Général qui abritait leurs chefs. Ils avaient mal calculé et aujourd’hui ils paieraient pour leur naïveté. Ces odieux "
gazat" avaient bien cru s’engager dans une campagne facile , leurs premières victoire les ayant conforté dans cette impression trompeuse mais en réalité ils n’avaient défaits que quelques bastions et avant-postes sans conséquence et maintenant qu’ils affrontaient le gros des troupes réunissant les guerriers de Gundabad , Goblinville et du Mont Gram , les forces
"gazat" n’avançaient plus . Face à l’envahisseur Raztuk et les siens s’étaient terriblement bien organisé en défense et ils pouvaient à présent entreprendre des contres- attaques surprises comme celle qu’ils étaient justement en train de réaliser. Ils avaient lancé l’offensive au plus fort de la nuit ce qui impliquait un avantage certain pour eux ; Raztuk n’avait aucun problème à se battre et à voir dans la pénombre.
A la faveur de l’obscurité Raztuk et ses semblables se lancèrent à l’assaut de Daul Dauman
-Ij morav ! Ij morav !Le bastion n’était plus qu’à quelques centaines de mètres. Raztuk se voyait d’ores et déjà bondir sur la gorge d’un adversaire et la lui trancher d’un coup de mâchoire.
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