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Sujet: Redditions
Learamn

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Rechercher dans: Isengard   Tag méronne sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag méronne sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 27 Oct 2020 - 19:24




Autour de la Lice, tout n’était plus qu’ombre. Il entendit, dans le lointain, le sifflement des flèches et les gémissements des hommes; mais n’y prêta guère attention. Couché au sol et incapable du moindre geste; il se battait pour ne pas sombrer dans les ténèbres. Il ne ressentait plus que le goût du sang et l’appel strident de la mort.  L’attaque de Nuall s’était passée si rapidement. Le capitaine n’avait la vie sauve que grâce à son instinct qui l’avait fait reculer de quelques centimètres au tout dernier moment avant l’impact. Puis il s’était retrouvé au sol. Il avait vu comme un éclair blanc qui l’éblouit pendant une fraction de seconde avant qu’un voile noire accompagnée d’une douleur insoutenable ne vint l’accabler.  Il aurait bien voulu crier pour extérioriser la souffrance qu’il endurait, mais cela lui aurait fait bien trop mal. Peu à peu, il se remit à distinguer le bleu profond du ciel au-dessus de-lui ainsi que les silhouettes floues des charognards ailées qui se préparaient au festin. Il entendit quelque chose sur sa gauche mais, inexplicablement, il ne parvint pas à tourner son regard vers cette direction. Impossible également de tourner la tête, chaque mouvement du visage ne faisait qu'accroître sa peine. Trop confus et perclus de douleur pour comprendre ce qu’il se passait autour de lui; le rohirrim referma son oeil valide, cherchant refuge dans l’obscurité.

Il entendit une voix familière au-dessus de lui:

“Capitaine! Tenez bon Ansgar!”


Il entrouvrit l’oeil pour ne voir qu’une longue chevelure blonde qui se penchait sur lui. Puis ce fut le noir à nouveau. La Lice avait sombré dans l’inconscience.


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Felarel qui s’était immédiatement précipité sur “le champ de bataille” une fois les Dunlendings neutralisés par les archers d’Isengard ordonna que l’on ramène une civière pour l’officier blessé au plus vite. Le Capitaine de la Maison du Roi n’avait que peu de compétence en matière de médecine mais il avait assez d’expérience de la guerre pour savoir que ce genre de plaies devait être traitée au plus vite. On s’occupa ensuite des quelques autres survivants de l’éored d’Irül. Malheureusement, dans leur chute, leurs ravisseurs avaient eu le temps d’en égorger la majorité. D’autres avaient été mortellement transpercés par les traits rohirrim qui n’avaient pas fait la différence entre frères et ennemis. Eotrain faisait partie des victimes, son corps reposait au loin; une flèche fixée dans le crâne.

De la fameuse patrouille à l’origine de tous ces troubles ne restait plus qu’Ameno, dans le couloir de la mort, et le sergent Eadric. Avec ces morts et la disparition de Dairine, la lumière serait-elle jamais faite sur les dessous de ce sombre épisode pour le Royaume de la Marche.  L’officier supérieur avisa la dépouille de Nuall et de ses sbires; ces hommes avaient eu bien du courage pour venir défier les forces du Roi devant leur bastion. Un acte qui semblait désintéressé et ne visait visiblement bien qu’à faire libérer la belle captive. Que représentait-on donc cette fragile créature pour que tout son peuple prenne de tels risques pour elle? Malheureusement, avec le concours du guérisseur, elle s’était volatilisée et les cavaliers de l’Isengard n’aurait probablement jamais la réponse.

Les rohirrims avaient temporairement éliminé la menace qui s’était présenté devant sa porte mais, avec cette désastreuse victoire, ils avaient peut-être perdu bien plus.
#Felarel



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On avait déposé  Ansgar Osgarsson sur l’une des couches de fortunes qui peuplaient l’infirmerie précaire du campement de l’Isengard. Sûrement aurait-il eu le droit d’être soigné par les guérisseurs de Sa Majesté au sein de la tour d’Orthanc s’il en avait fait la demande. Ce privilège était réservé aux hommes de la Garde de la Maison du Roi mais une exception aurait pu être faite pour le Capitaine de la Porte d’Isengard. Mais ce dernier avait, lors de l’un de ses rares moments de pleine conscience, catégoriquement refusé. Son histoire c’était celle de la troupe; il était homme du peuple qui avait mis un point d’honneur à ne jamais oublier ses origines au cours de sa brillante carrière. Il était né avec les gens d’en bas; il mourrait avec les gens d’en bas.

Dame Méronne avait pris en charge l’officier meurtri et distribuait ses instructions avec sa poigne légendaire. Elle n’était ni la plus talentueuse ou la plus délicate des guérisseuses, mais elle restait une femme extrêmement respectée en Isengard. Sa grande expérience et son fort caractère en avait fait une figure incontournable des infirmeries de la garnison; et en l’absence de Rihils, elle était certainement la plus qualifiée pour s’acquitter de cette tâche.

Celle que le troupe surnommait, avec plus ou moins d’affection, “ Mère Torture” s’appliquait à panser les plaies du grand blessé après les avoir nettoyées. Ce dernier, qu’elle croyait totalement inconscient, la surprit en saisissant fermement son avant-bras comme pour la stopper dans sa tâche. Cet homme était tout de même coriace. Ansgar implora dans un grognement :

“Non.. Rihils… Lui seul peut me sauver… Mon ami Rihils…”

Visiblement contrariée, Dame Méronne fronça des sourcils et se défit vigoureusement de la poigne du capitaine. Elle lui répondit sèchement:

“Eh bien votre cher Rihils nous a tous laissé en plan! Vous compris Capitaine! Pouf il s’est envolé. Disparu le vaurien! Alors si vous voulez passer la nuit il va falloir me laisser travailler.”

Trop faible pour contester ou continuer la conversation, la Lice laissa mollement retomber son bras sur sa couche avant de tomber à nouveau dans l’inconscience. Le vaillant cavalier pouvait-il survivre à l’absence de son ami de longue date qui avait trompé sa confiance avant de fuir avec l’ennemi? Au fond, la trahison de Rihils n’était-elle pas blessure plus profonde que celle qui marquait son visage mutilé ?
#Méronne


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Les jours passaient sans véritablement se ressembler pour la Lice. Certaines fois il les traversait comme un fantôme, inconscient sur son lit et inconscient du temps qui s’écoulait. Parfois il s’éveillait pendant de longues heures et se tordait de douleur. Dame Méronne s'évertuait alors à lui faire ingérer diverses sortes de calmants assez inefficaces.

La cinquième nuit après les tristes évènements qui s’étaient déroulés devant les murs d’Isengard. Ansgar, hanté par ses cauchemars, s’éveilla en sursaut. Son oeil valide, mit quelques secondes à s’habituer à l’obscurité ambiante de la petite pièce séparée du reste de l’infirmerie dans lequel on l’avait placé. Il mit donc un certain temps pour constater qu’il n’était pas seul. Et la silhouette imposante qui lui faisait face, adossée contre le mur, n’était définitivement pas celle de Mère Torture. Le visage de l’inconnu était plongé dans l’ombre.

“ Ah! Enfin le réveil du guerrier...”
commenta le visiteur inattendu avec une voix rocailleuse.

Ansgar se redressa autant qu’il le put à l’aide de ses coudes, en état d’alerte. Il tentait de rassembler les maigres force qu’il avait repris, mais savait pertinemment que si l’homme décidait de s’en prendre à lui, il ne pourrait rien faire pour se défendre.

“Qui êtes vous? Déclinez votre identité!
-Mon nom importe peu.

-C’est un ordre! tonna l’officier.
-Je crains n’avoir  aucun ordre à recevoir de vous”.


L’homme avança alors de quelque pas et la petite lampe à huile qui brûlait sur la table de chevet éclaira faiblement l’individu. Mais son visage était toujours invisible; il était caché sous un masque caractéristique de l’Ordre des Lames.

“Et que vient donc faire une Lame à mon chevet? Je doute que vous soyez là pour me souhaiter un prompt rétablissement....” Demanda Ansgar d’un ton méfiant.

“Votre ami Rihils  … Ne vous a-t-il pas fait part de ses envies d’ailleurs? Vers où aurait-il pu suivre la sorcière?”

Pour toute réponse l’inconnu n’obtint qu’un crachat au sol de la part de son interlocuteur qui n’avait rien perdu de son légendaire caractère.

“Allez au diable! Les Lames ne me feront subir aucun interrogatoire!”

Pas de réaction. Plusieurs secondes s’écoulèrent dans un silence pesant avant que l’homme masqué ne change de sujet.

“Je pourrai vous en obtenir un… Un masque, pour dissimuler vos blessures.”

Ansgar fut alors secoué par un petit rire moqueur qui n’eut pour effet que d’amplifier la douleur qui le martyrisait.

“Les stigmates de la guerre n’ont pas à être cachés par un Cavalier du Rohan. Au contraire, il doit les arborer avec fierté. Pourquoi cacherais-je mes blessures? Je n’ai aucune honte d’avoir souffert en défendant mon royaume.”

L’inconnu au masque trembla alors de manière presque impercetible; comme si lui aussi, derrière son voile de mystère, cachait de profondes meurtrissures sur son visage. Il reprit finalement ses esprit et rétorqua:

“Ce royaume vaut-il encore la peine d’être défendue? Ce pays n’est plus reconnaissable; avec un gamin manipulé sur le trône et un dirigeant parvenu qui ne fait que trahir sa parole…
-Le Rohan restera mon pays et je serais toujours prêt à mourir pour lui.
-Alors vous mourrez bien assez tôt Capitaine Osgarsson. Parfois il est préférable de tout détruire pour repartir de rien plutôt que de soutenir un édifice aux fondations branlantes.”


L’homme fit alors volte -face et se dirigea vers la sortie:

“Attendez! Où allez-vous? “
lui demanda la Lice.

L’homme masqué s’arrêta un moment, réfléchit quelques secondes et répondit sans prendre la peine de tourner la tête en direction du blessé.

“Répandre le chaos.”

#Masque


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Rihils était épuisé. Le rythme de la marche forcée - pour ne pas dire la course- imposée par les Dunlendings était de plus en plus compliqué  à suivre pour les fines jambes du guérisseur, peu habitué à se déplacer ainsi à pied sur des lieux et pendant des journées entières. Passé l’effroi évident qui avait suivi sa capture par les Dunlendings, ce fut ensuite la lassitude qui s’était emparé de son esprit. Ils ne faisaient que courir, des heures durant, à travers les plaines jaunies du Rohan et il lui était même impossible de communiquer avec ses “compagnons de voyage” en quête de distraction. Enfin, vers le milieu du deuxième jour, ce fut la fatigue qui se fit la plus prégnante en écrasant tout autre sentiment. En journée il s’efforça de ne pas être totalement à bout de souffle et allait puiser au bout de ses forces mentales pour faire une foulée de plus. Le soir venu, quand le temps d’un court repos était arrivé; il s’endormait quasiment immédiatement avant d’être réveillé bien trop tôt par Konhor. Les hommes du pays de Dûn ne le maltraitaient pas pour autant; ils suivaient le même rythme de marche ( bien qu’ils soient entraînés pour supporter ce genre d’effort) et se contentaient des mêmes conditions de voyages spartiates. Lorsqu’il partageait le pain, Rihils recevait une part égal à celle des autres; une faveur bien inhabituelle pour un captif. Finalement seule la surveillance constante dont il faisait l’objet témoignait de son statut de prisonnier.

Arrivé au pied des montagnes, le guérisseur du Rohan avisa les pentes escarpées et la hauteur du col et ne put réprimer un soupir. L’annonce de l'ascension de ces massifs était loin d’être une bonne nouvelle pour et il se demandait sérieusement si son corps pourrait tenir telle escalade. Il était un expert du corps humain et il avait bien conscience que le sien était déjà presque à bout. Pourtant la moindre chute liée à l’épuisement pouvait avoir des conséquences fatales en haut de ces imposants sommets.

Le repos annoncé et finalement bienvenu serait sans aucun doute de trop courte durée  pour récupérer suffisamment.

Pourtant il fallut d’un seul mot pour que la douleur qui accablait le rohirrim ne semble disparaître soudainement.

“Dairine?”
demanda-t-il avec une note d’espoir dans la voix.

La jeune femme ne l’avait pas complètement abandonnée. Si vraiment elle se trouvait là-haut, alors il n’y avait pas une seule seconde à perdre; il y avait tant de choses à apprendre.

Revigoré d’un coup; le guérisseur voulut prendre les devants et tenta de faire comprendre, à renforts de grands gestes, à son garde personnel qu’il désirait entamer l’ascension immédiatement.

Le corps humain était définitivement une formidable construction au fonctionnement parfois irrationnel.

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Rechercher dans: Isengard   Tag méronne sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag méronne sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 23 Jan 2020 - 20:43


Ce fut bientôt une vraie petite foule qui s’était amassée autour de la tente où le sergent Dervenn gisait mort. Chaque nouvel arrivant, intrigué par une telle activité et horrifié en voyant la scène, posait des questions pour en savoir un peu plus sur ce qu’il s’était réellement passé. De leur côté, Holmo et Eotrain continuaient de couvrir leur frère d’arme en prônant la légitime défense; les hommes du sergent Eadric étaient plutôt populaires au sein de la troupe et n’eurent finalement que peu de mal à convaincre les autres guerriers de leur version des faits. Toutefois, il y avait une personne qui n’était pas prête à accepter ceci.

“Laissez passer ! Laissez passer par les Valars!”
Vociférait la Lice.

Le Capitaine Osgarsson jouait des coudes pour se frayer un chemin jusqu’à l’intérieur, Rihils sur ses talons. Ils étaient remontés des cachots d’Orthanc quelques minutes plus tôt afin d’arriver à temps pour le rapport détaillé du sergent Eadric, jugeant inutile de poursuivre l’interrogatoire de la captive dans l’immédiat. Sur le chemin il avait repéré l’agitation inhabituelle et avait fait un détour pour voir de lui-même ce qu’il se passait.

La scène qui se présenta à ses yeux le laissa interdit pendant une fraction de seconde. Dervenn, l’un de ses soldats en lequel il faisait le plus confiance, gisait sous ses yeux, égorgé par un de ses frère d’armes. Il échangea un regard avec le guérisseur, ce dernier n’avait même pas besoin de se pencher sur le corps pour comprendre qu’il n’y avait plus aucun espoir pour sauver le pauvre hère. La tristesse accabla le cœur du capitaine pendant un court moment; ce bon Dervenn ne méritait définitivement pas de mourir ainsi. Mais l’heure n’était pas au chagrin et il se devait de prendre les décisions qui s’imposait.

Osgarsson demanda des explications au trois hommes occupant la tante et Holmo se contenta de répéter la version qu’il avait donné à tous les témoins de la scène de crime.
Mais il ne pouvait s’enlever cette idée que quelque chose ne tournait pas rond. Dervenn était un sous-officier calme et réfléchi d’ordinaire, s’emporter de la sorte ne lui ressemblait absolument pas. Quoiqu’il en était, le meurtre d’un supérieur hiérarchique, peu importe la raison,  représentait un grave crime qui risquait d’avoir de sérieuses conséquences pour l’agresseur.

La situation devenait de plus en plus hors de contrôle depuis l’arrivée de la prisonnière quelques heures plus tôt. Eadric avec pété les plombs, la rumeur qu’une sorcière avait infiltré le camp se propageait, l’Ordre des Lames s’en était mêlé, et Dervenn venait de se faire assassiner par un frère d’armes. Quelque chose ne tournait pas rond et La Lice frissonna un instant à l’idée que la prisonnière avait bien appelé à quelque force surnaturelle pour les maudire. Mais il balaya vite ces pensées néfastes de son esprit. Non! Ce genre de choses n’existaient plus, tout du moins pas ici.  Il aboya des ordres, comme pour l’aider à reprendre ses esprits

“Alors qu’est ce que vous attendez comme des légumes de la sorte? Recueillez son corps et amenez le à la morgue et que ça saute!. Quant à lui…”


Le capitaine de la Porte d’Isengard fixa alors celui qu’il n’avait eu aucun mal à identifier comme le meurtrier. Ce dernier avait toujours le regard étrangement vide et le visage sans expression; il ne semblait ni particulièrement horrifié par son acte ni effrayé des conséquence, juste un peu choqué. Osgarsson s’approcha, intrigué par son comportement inhabituel. Pourquoi n’avait-il pas même cherché à fuir au vu de la gravité de son geste? Comptait-il vraiment sur les justifications bancales de ses amis pour lui sauver la mise? Mais l’officier connaissait Dervenn, c’était un homme droit qui n’aurait su se rendre responsable d’un tel crime, c’était aussi un ami. Ce qui expliqua la prodigieuse torgnole qu’il asséna à Ameno; sous la violence de l’impact ce dernier tituba et tomba sur sa couche. Mais il n’eut aucune réaction.

“Tu vas parler vermine!
Gronda la Lice. Par la barbe du Vieux de la Montagne tu vas répondre de tes actes!”

C’est ce moment que Rihils choisi pour intervenir, craignant sûrement que son ami subisse le même sort que le sergent.

“Sois prudent Ansgar, il ne semble pas très stable. Regarde son attitude. Et je ne pense pas que cela soit judicieux de faire avancer l’enquête avec ce public.”


L’officier desserra les poings et observa un instant l’accusé, son air hagard et hébété était en effet bien curieux pour un soldat qui cavalait encore dans le Riddermark quelques heures plus tôt.


“Mettez le aux arrêts! Fouillez le et attacher ses mains! Puis amenez le moi dans mes quartiers!”

Les soldats les plus réactifs s’empressèrent d’obéir à leur supérieur et Ameno fut rapidement maîtrisé, sans autre incident majeur.

“Quant à vous!
fit-il en désignant Holmo et Eotrain. Suivez moi sans un mot!”

Il traversa à nouveau le camp d’un pas leste et furieux pour retourner vers son lieu de travail; le sergent Eadric qu’il avait convoqué un peu plus temps pour faire son rapport complet et visiblement remis de ses émotions l’y attendait.

“Ah vous voilà ! Très bien, vous pouvez tous faire votre rapport et m’expliquer tout ce qu’il cloche chez vous. Un homme qui égorge froidement son supérieur, voilà quelque chose que je n’avais pas encore vu dans l’armée du Rohan. Sergent vous entrerez le premier sous ma tente pour me faire le récit détaillé de votre patrouille et de vos activités depuis votre retour; quand à vous deux, Rihils recueillera vos témoignages individuellement sur votre mission et sur l’incident qui vient de se produire. Si vos versions venaient à différer, alors j’agirai en conséquences. Quant au quatrième larron, il ne devrait pas tarder.”


Effectivement, les soldats qui s’étaient chargé de mettre Ameno aux arrêts firent bientôt leur apparition, le coupable  avec eux.  Il affichait toujours cet air interdit, comme s’il n’était pas dans leur monde.  La Lice s’enquit alors de l’avis expert de Rihils sur son état. Le guérisseur s’approcha et examina le jeune soldat mais ne put arriver à une conclusion très clair.

“Il semble complètement ailleurs. Je dirai qu’il a subi un traumatisme d’une nature encore à déterminer, ou alors qu’il est sous l’influence d’une quelconque drogue. J’aurais besoin d’un examen plus poussé mais pour le moment il serait mieux de le tenir à l’écart des regards de la troupe.”

Ansgar avait sa petite idée du lieu où il voulait l’enfermer pour le sortir de sa torpeur , mais cela devrait attendre la fin du rapport des hommes d’Eadric. Les autres hommes se contentèrent d’amener le pauvre bougre un peu plus loin, en attendant qu’on l’envoie en cellule. Le capitaine entra alors dans sa tente, accompagné de son aide de camp et de deux gardes personnels en qui il faisait toute confiance. Au vu de la situation, mieux valait-il prendre ses précautions et la Lice était un homme prudent. Les mêmes mesures furent prisent pour Rihils, flanqué de deux soldats protecteurs et à qui on avait amené un siège en dehors de la tente. Le guérisseur sortit sa plume et une feuille de papier. On fouilla les deux hommes et retira leurs armes, puis Eotrain fut amené plus loin.

Rihils commença alors à poser ses questions d’une voix calme et posée.

“Holmo c’est cela? Je vous en prie, faites moi le récit de ce que vous avez fait et vu en patrouille. Qui est cette prisonnière? Pourquoi avez vous croisé des hommes du Pays de Dun? Et surtout que diable s’est-il passé dans votre tente?”

A l’intérieur de la tente, le ton du capitaine de la Porte d’Isengard envers son subordonné était moins diplomatique.

“Eadric! Vous savez que je vous ai toujours considéré comme un de mes hommes les plus valeureux et précieux. Il serait dommage que toute cette histoire remette  en question ce statut. Alors par les Valars, dites moi tout ce qui s’est passé là-bas, je veux tout savoir!”.

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“Bon on ne peut plus rien faire pour lui. Débarrassez moi ce corps à la morgue avant que l’odeur ne contamine la pièce.”

Dame Méronne, affectueusement surnommée Mère Torture, était l’infirmière en chef du domaine royal de l’Isengard.  Une femme d’une soixantaine d’année, robuste et expérimentée; elle ne se distinguait pas vraiment par sa tendresse et faisait finalement assez peu dans le sentiment. Elle avait depuis longtemps appris à approcher sa profession de manière la plus détachée possible sur le plan émotionnel, en particulier depuis qu’elle officiait ici où le manque criant de moyens et de médecins compétents impliquait un taux important de décès. L’arrivée du Roi et de son entourage avait un peu amélioré la situation mais ils étaient encore loin d’atteindre le niveau de l’hôpital de Meduseld par exemple.
La matronne s’épongea son front ruisselant de sueur, malgré l’antipathie qu’elle suscitait auprès des soldats, il fallait avouer qu’elle ne comptait pas ses heures et donner toute sa personne pour sauver ceux qu’il pouvait l’être. La manière avec laquelle elle faisait cela n’était peut être pas des plus agréables pour les guerriers qui espéraient généralement être pris en charge par une jeune et attirante infirmière sans expérience. Mais Méronne était là pour sauver leurs vie, non satisfaire leur ego et leurs ardeurs masculines. D'aucuns pourraient dire qu’elle n’était pas une brave dame.

Elle se dirigea d’une allure très masculine  vers le fond de l’infirmerie où des rideaux dissimulaient le patient qui s’y trouvait. De telles mesures était parfois prises quand un homme de stature importante était blessé et devait être séparé du reste. Dans ce cas précis, quand celui-ci était arrivé elle n’avait pas donné cher de ses chances de survie. Mais le guérisseur Rihils qui avait été pendant un moment le seul autorisé à l’approcher, dépêché depuis Edoras avait fait de vrais miracles pour le sauver malgré de grave séquelle que le pauvre hère garderait à vie.

“Très bien mon Capitaine! Il est l’heure de changer vos pansements.”
fit elle d’un ton monotone en traversant les rideaux.

Mais elle s’arrêta dans son élan, surprise.  Le lit était vide. Le masque immaculé qui reposait sur le chevet du lit avait lui aussi disparu.
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