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Sujet: L'influence et ses limites
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'influence et ses limites    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 26 Mar 2024 - 22:19

Syp semblait d’accord avec ses réflexions. Parfois la finesse était préférable à la brutalité. Et derrière cette légère pression de sa main dans la moufle sur le creux du bras du guerrier, un moyen pensait-elle efficace de l’empêcher de partir demander justice ou que sait-je. Orline le connaissait que depuis peu, mais déjà forcée de constater qu’il était totalement imprévisible et parfois brusque. Non pas que cela soit toujours un défaut…

Mais là, dans cette ruelle, Orline se perdit un instant dans la contemplation des veloutes d’air arrachés de leurs bouches malgré leurs murmures. Elle raffermit sa prise un instant, cherchant à puiser de la chaleur dans cette proximité toute relative, à travers les couches et les couches de vêtements. Il ne semblait nullement dérangé par le froid. Il devait avoir l’habitude…elle surprit même un éclat d’amusement dans ce regard d’orage, et un léger sourire à la commissure de ses lèvres. Se moquait-il d’elle, enfant du Sud ? Peut-être bien…mais Orline avait bien des choses en tête pour le lui reprocher. C’est ce qu’elle était, après tout. Un frisson la parcourut et elle se demandait combien de temps ils devraient passer là, à attendre que leur cible ressorte de la boutique.

Syp l’attira hors de la ruelle pour aller un peu plus loin. Une légère appréhension la fit hésiter, tirant quelque peu sur ce bras. Ne risquaient-ils pas de perdre de vue l’homme, leur seule piste ? Mais elle obtempéra, son regard balayant leurs alentours, sur ses gardes. Il l’abandonna ensuite un instant, lui promettant de revenir vite. Elle écarquilla les yeux un instant, et si l’homme ressortait à ce moment-là, et qu’ils se trouvaient séparés ? Elle ouvrit la bouche pour protester mais déjà elle voyait son dos s’éloigner d’elle. Un pincement dans son cœur, incompréhensible. Elle tourna donc son dos également, tenta d’observer autour d’elle sans paraître étrange, les bras resserrés autour d’elle de froid. Idiote, pensa-t-elle. Tu n’es qu’une idiote et tu ne devrais compter que sur toi-même pour te tirer de ce pétrin. Sa mâchoire se crispa brièvement et sa résolution s’affermit.

Elle détailla les gardes, observa leurs armures et leurs armes. Leur concentration était irréprochable. Elle ne vit pas l’enfant courir vers elle et la percuta violemment. Elle manqua de peu de tomber à terre et retrouva son équilibre in extremis, le garçon la noyant d’excuses avant de filer pour ne pas se faire réprimander. Orline cligna quelques fois des yeux pour en chasser les larmes que les coups avaient réveillés. Malgré la pommade, les bleus demeuraient, et il lui faudrait quelques nuits confortables de plus pour parfaitement se remettre de son séjour en prison. Mais déjà Syp l’avait rejoint, un paquet sous le bras qu’il ne tarda pas à lui présenter. Confuse elle l’observa sans dire un mot, mais son regard ne put trahir le plaisir et le choc à la découverte de la longue étoffe soyeuse aux couleurs de son pays. Il le laissa la draper par-dessus son écharpe et elle ne put s’empêcher de retirer une de ses mains de ses moufles pour en caresser le tissu d’une douceur exceptionnelle du bout des doigts. Cela devait coûter une fortune.

Était-ce une certaine rougeur qu’elle voyait désormais sur les pommettes de ce grand homme, qui détournait son regard dorénavant pour observer à nouveau la boutique ?
Orline baissa le regard, s’émerveillant un instant de plus du présent.


- Je… Je vous remercie.

Elle voulut dire plus, trouver les bons mots, mais ils restèrent bloqués dans sa gorge et cela s’entendait à sa voix hésitante, prise au dépourvue. Etait-ce seulement raisonnable de se laisser aller à ces sentiments contradictoires qui l’envahissaient en sa proximité et dont elle ignorait la source ? Probablement pas…mais à nouveau le souvenir de sa douceur et du toucher de sa peau s’inscrivit sur ses lèvres tel un songe éveillé, un évènement qu’elle n’arrivait toujours pas à comprendre.

Leur cible ressortit enfin de la boutique du tailleur, mettant fin à ses doutes de jeune femme perdue. La mission était claire, et elle ne laisserait rien l’entraver. Le vide se fit instantanément dans son esprit et elle analysa avec méticulosité le tailleur, grave chaque détail dans sa mémoire et écouta attentivement les propos. Déjà, une évidence. Ils se devaient d’être présents à cette fête samedi. Il aurait probablement invité ses complices et ils pourraient ainsi réunir des informations de la plus haute importance.
Le tailleur pouvait attendre, pour le moment. Il fallait trouver un moyen d’être présents à l’anniversaire. Orline partit en avant, suivant à distance les gardes, se mêlant à la foule pour la cacher à moitié aux regards observateurs. Elle fit mine quelques fois d’observer la marchandise, sentait la présence de son « compagnon » non loin faire de même.

Ils le suivirent ainsi pendant plusieurs heures, notant les diverses emplettes et contacts qu’il avait fait avant de rejoindre sa demeure. La jeune femme prêta oreille à chaque fois, glanant des informations sur les festivités du samedi. Une troupe de danseurs ? Parfait. Un sourire se dessina sur les lèvres d’Orline. Elle n’était pas combattante, pas particulièrement forte, mais la danse….la danse elle maîtrisait depuis qu’elle savait se tenir sur ses deux jambes. Une fois qu’Angelus Munthor ait disparu dans sa demeure, hors d’atteinte, la jeune femme se retourna vers Syp et le repoussa dans un coin à l’abri des oreilles indiscrètes, le plaquant contre un mur dans l’ombre.


- Il nous faut entrer à cette fête. Je peux danser, si on trouve quelle troupe il a engagé…

Un feu s’était allumé dans le regard de la jeune femme qui irradiait désormais de confiance. Un espoir, un fil à attraper. Elle montrerait à cet Arbre Blanc de quoi elle était capable.
Il leur fallait seulement trouver cette troupe d’artistes itinérants qui faisait tant fureur parmi les nobles de la Cité. Une touche d’exotisme…cela faisait toujours son effet, à ce genre d’évènement, n’est-ce pas ?
Un voile d’inquiétude cependant passa dans le regard de la jeune femme, et se permit d’ajouter à l’adresse de son complice :


- Si…la situation dégénère…j’ai une dague. Cachée. Gauche.

Elle ne se permit pas un mot de plus, déjà le feu lui montait aux joues et ce n’était pas dû qu’au froid…la proximité de l’homme y était peut-être pour quelque chose…ainsi que la proposition effrontée qu’elle venait de déblatérer sans réfléchir. Elle recula prestement d’un pas, évitant son regard. Avant de partir à nouveau à la quête de cette troupe pour se faire recruter.
Sujet: Le Défi de la louve
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Les Hautes-Terres de Dun   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le Défi de la louve    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 16 Fév 2024 - 21:54

Le début de leur échange fut protocolaire, et d’une chaleur qu’Aoife ne s’attendait pas. Elle goûtait donc cette boisson si étrange, se réchauffa auprès du feu du Grand Hall de la Krall de Tunum. A ces questions la jeune femme répondit brièvement, le regard légèrement dévié en marque de respect:


- Mon Krall et notre peuple vivons dans les Hautes-Terres de Dun au Nord, aux abords de la Vallée de Glanduin. Nous sommes biens des Dunlendings, comme votre peuple de Tunum.


Un mélange, ici, semblait-t-il, mais rien ne laissa paraître dans sa voix de simple messagère. Une maîtrise parfaite du langage, de la posture, de son langage corporel. Elle fut surprise mentalement cependant que la Krall Wulfhilde n’ai jamais entendu parler du Krall Conchobar. Il ne faisait pas parti des plus grands dirigeants de ses terres, mais sa réputation n’était plus à faire et son nom était connu de tous. Dans bien des domaines il s’était distingué et il était fort à parier que son influence n’allait que s’accroître dans les années à venir. Il était jeune, après tout, et ambitieux. De ceux qui sont nés vaillants et dont les esprits louaient les vertus. Ne pas connaître le nom de ses pairs était en soit déjà une insulte envers leur peuple des Dunlendings. Elle, la Krall Wulfhilde la Louve, ne montrait là aucune curiosité, aucun intérêt à découvrir et connaître les autres dirigeants d’un peuple qu’elle voulait mener.

Comment était-elle arrivée là, à ce poste de Krall? Tunum était-il si vidé de toute puissance qu’ils aient eu recours à une influence extérieure? La prospérité de ce lieu, si tel était le cas, était bien infime par rapport aux rumeurs propagées.
Mais Aoife n’en dit mot et son expression demeura de marbre. Elle ne réagit pas, lorsque la dirigeante lui retira la chopine des mains pour l' éloigner. Ne frémit pas, lorsque le loup lui grogna dessus. De voir ainsi une bête si majestueuse réagir aux moindre geste d’une humaine…son âme l’avait quitté depuis bien longtemps déjà. Seul un animal brisé pouvait ainsi montrer une telle obéissance. Un gâchis, pour un animal sacré. Une incompréhension de leur spiritualité. Comment avait-elle même pu se retrouver là, cette béornide des terres lointaines?



- Votre demeure semble en effet bien confortable, Krall Wulfhilde La Louve.


Et dans son ton aucune ironie, une voix maîtrisée, une posture formelle comme à l’accoutumée. En effet Tunum devait être bien confortable, pour rejeter ainsi sans cérémonie une alliance potentielle avec un Krall du Nord. Sans même le connaître, sans même analyser ses forces. Erreur. Erreur monumentale. Mais qui était-elle pour juger, Aoife? Une simple messagère.
Elle n’avait pas le statut social d’une Ambassadrice. Cela, elle devrait le mériter au fil d’un long service loyal rendu à son chef. Cependant… cette menace, cette insulte, ces mots, dans une précision toute professionnelle, sera répété à son Krall. Libre à lui de l’interpréter de la manière qu’il jugerait bon. Il avait le pouvoir, après tout. L’influence et les ressources.

Ce serait-elle déplacée en personne, pour rencontrer un Krall des terres lointaines pour vérifier de potentielles rumeurs? Elle ne saurait le dire, mais à la voir ainsi menaçante, sa bête brisée la tête sur ces genoux…elle pouvait tirer quelques doutes. Elle hocha la tête cependant, et se releva de manière serviable, une main posée en travers son plastron en salutations.



- Je prendrai donc congés de vous, Krall Wulfhilde La Louve, à l’aube. Je reporterai vos propos à mon Krall.



Ignorait-elle également, que les Dunlendings n’écrivaient pas? Etait-ce une énième insulte envers son peuple, que de faire une telle proposition? Son expression, à Aoife, demeurait solennelle et neutre cependant. Qui était-elle pour juger une Krall, après tout? Juste une messagère. Et ces propos seraient rapportés. Sans aucune déformation. Telle était sa mission, telle était sa raison d’être.

La jeune femme mis un genou à terre une fois de plus, la tête basse. Avant de se relever et de prendre congés. Nul ne refuserait le logis à un messager à une heure si avancée de la nuit. Cette coutume, pensa-t-elle, était commune de bien des peuples. Elle prit donc place dans une chambre des plus sommaires à proximité de l’étable, pour un départ aux premières lueurs.
Sujet: Le Défi de la louve
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Les Hautes-Terres de Dun   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le Défi de la louve    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 13 Fév 2024 - 22:53

Quelles coutumes étranges, dans cette demeure… Quel était le statut des messagers, ici ? Leur rang ? Aoife fronça les sourcils, perturbée par cet accueil qui avait loin d’avoir la formalité souhaitée. Elle se releva donc, quelque peu gauche dans sa démarche, évitant toujours soigneusement le regard de la Krall. Ses mains se serrèrent sur sa cape de voyage qu’elle tenait dans ses bras, un peu perdue du comportement à suivre. Etait-ce là des pratiques courantes dans les terres du sud ? Ou bien tout simplement du pays d’origine de cette Krall étrangère ?

La jeune femme obtempéra et s’assit à nouveau à table, posant son vêtement sur ses genoux. Le Grand Hall s’était quelque peu vidé, à présent que les invités de marque aient pris congés. Elle observa un bref instant le feu brûlant de l’âtre dont elle ressentait mieux la chaleur diffusée, maintenant qu’elle s’était approchée de la Krall. Elle prit des deux mains la chopine d’hydromiel en bois, et la porta à ses lèvres après un geste de la tête de gratitude. Le liquide ambré glissa dans sa gorge en une note douce-amère. Curiosité. Elle essuya la moustache de mousse d’un revers de la manche avant de déclarer avec sérieux. Elle se devait de représenter son Krall au mieux. Une question d’honneur ! Et sa fierté d'appartenir à ce clan n’était pas fein.


- La réputation de la Krall Wulfhilde la Louve a traversé ces terres pour arriver jusqu’aux oreilles avisées du sage Krall Conchobar.

Son poing une fois de plus vint claquer sur son plastron de cuir léger. Un éclat de vénération dans son regard.

- Sa sagesse n’a d’égale que sa force, Krall ! Un exemple à suivre dans les Terres du Nord.

Avait-elle réussi à véhiculer les mérites de son chef, son admiration se ressentait-elle dans sa voix affirmée ?

- Un mariage de vos talents, une alliance de vos forces, apporteraient la prospérité à vos peuples !

Elle déglutit un instant et se permit de prendre une gorgée de ce liquide inconnu de ses terres natales. Là venait le moment le plus crucial de son message. Elle reprit donc, un espoir sincère dans ses yeux.

- Si vous me le permettez, je suis ici en tant que témoin de vos mérites, afin d’assurer que vous êtes à même de devenir l’épouse de notre Grand Krall.

Pas une seule once d’hésitation. Une offre pareille, à une Krall étrangère des Dunlendings ? C’était inespéré. Mais son chef était un homme bon et respecté des siens. Il était vénérable, patient, et visionnaire. D’une force sans pareille, il avait fondé son clan en partant de rien. Les hommes et les femmes allaient vers lui naturellement de par son charisme inégalable. Pour Aoife, il était l’homme qu’on ne pouvait ignorer, et ne voyait aucune potentielle raison de refus. N’importe quelle femme serait déjà bien contente d’être invitée dans sa couche, alors des épousailles…une pointe d’envie dans le creux de son estomac.

Sujet: L'influence et ses limites
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'influence et ses limites    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 13 Fév 2024 - 12:19

Les propos de Neige étaient sans appels, et la menace, directe. Orline serra les dents. A quoi bon se sacrifier pour l’Arbre Blanc, si sa famille n’était même pas épargnée par le Haut-Juge ? Que gagnait-elle de cette situation ? Rien. Absolument rien. Et elle ne pouvait rien redire à cela. Les racines de l’arbre désormais suffocantes dans sa poitrine, l’étranglant également. Son regard se fit sombre, colérique. Mais elle se tut. Il était primordial de réussir cette foutue mission pour négocier la protection de ses parents. Et si elle échouait…elle ne voulait pas y penser. Elle croisa les bras contre sa poitrine, força une respiration d’apparence maîtrisée entre ses lèvres écorchées. Combien de temps possédait-elle ? Peu. Trop peu.

Elle avait l’habitude d’être écouté et obéit, Neige. Par chance Orline avait toujours été d’une nature obéissante, même si la situation actuelle ne l’enchantait guère. Elle ne dit mot, se contenta d’écouter, de forcer les informations dans son crâne endolori. Le temps pressait, après tout. Un coup d’œil à l’horloge. En effet. Elle n’était pas sûre précisément de l’emplacement de la demeure des de Sora vis-à-vis de l’allée des Couturiers mais dans tout les cas, cela ne leur laisserait que peu de temps pour trouver la boutique en question et effectuer des repérages. Elle prit donc le poignet de Syp et le tira à sa suite pour remonter les escaliers menant à la salle à manger. Sans même un regard pour cette femme à la chevelure lunaire. Car elle ne pensait pas être capable de formalités, en ce moment. Ses épaules tremblèrent d’une colère tout juste contenue et son esprit fonctionnait à plein régime. Si on s’en prenait à ses parents…Elle tuerait. Probablement pour la première fois de sa vie. Elle essayerait, du moins…

Ils n’eurent que peu de temps pour se préparer mais cela n’était rien, Orline avait déjà tout le nécessaire avec elle, dague cachée sous ses jupons contre sa cuisse. Elle jeta par-dessus ses épaules sa lourde cape de laine et enroula de gestes rageurs son énorme écharpe qui remonta jusqu’à son nez. Moufles, sac bandoulière, brr qu’elle n’avait pas hâte de retrouver la froideur extérieure après le confort d’un feu de cheminée. Elle laissa l’homme s’occuper de demander un transport pour les avancer au plus près, ses sourcils froncés par la concentration, son égo froissé par les insultes répétitives envers sa famille et sa naïveté d’avoir cru en Rhydon.

Sans un mot elle grimpa à l’arrière de la calèche, attrapa la main de Syp pour l’aider à monter en réunissant ses jupons autour d’elle. Il était petit, le compartiment…et la tension palpable et d’une bien autre nature que précédemment. Orline ne put s’empêcher néanmoins quelques regards volés vers cet homme…essaya de puiser un semblant de courage dans son allure de confiance et de force qu’il dégageait. Il était bien plus fort qu’elle, plus solide…il était là pour ses valeurs, non pas par obligation. Et cela faisait une sacré différence entre eux deux… Il n’avait pas l’air perturbé par les derniers évènements, ou bien se trompait-elle…elle ne le connaissait que peu après tout. Leurs genoux se frôlèrent à multiples reprises, chahutés par les pavés inégaux de la Cité. Orline souffla doucement sur ses moufles, ses mains gelées déjà. Elle les frotta également l’une contre l’autre, tenta de maîtriser son appréhension montante à l’approche du début de leur mission.

Ils déambulèrent un instant dans cette rue que connaissait de nom Orline. Un souhait secret, que d’un jour venir ici et profiter des luxes de ces boutiques d’exceptions. Un rêve presque atteint, au sommet de leur fortune. Mais tout cela était résolu, désormais. Elle observa donc en silence, chercha des yeux l’enseigne concernée, capuche relevée sur sa tête. Elle sentait la présence de Syp à ses côtés et cela lui apportait du réconfort, malgré la nature quelque peu étrange de leur relation, s’ils en avaient une…
Une fois l’enseigne repérée, ils trouvèrent un espace isolé dans une ruelle transverse, juste assez discrète pour observer sans se faire repérer. Mais il fallait avoir l’air naturel…Être prêts à agir comme de passant si les gardes venaient à noter leur présence. Orline se rapprocha de Syp, noua son bras dans le sien et murmura sans le regarder :


- Impossible d'entrer, à mon avis. Nous n’avons pas vraiment l’air de clients pour ce type d’enseigne…

Elle n’avait même pas à expliquer plus en détails. Syp avait beau être un de Sora, ils étaient tous les deux dans un piètre état. Il ne devait pas être courant dans ces boutiques luxueuses de recevoir la visite de personnes salement amochées. Par réflexe, Orline effleura du bout de ses mains gantées l’hématome violet sur le haut de sa pommette et s’assura que ses poignets étaient recouverts. Elle avait tenté tant bien que mal de camoufler ce bleu à l’aide de poudre teintée mais il demeurait visible. Elle n’avait pas son matériel ici…et n’avait jamais été grande amatrice de tous ces artifices que les dames de la Haute utilisaient pour s’embellir. Un trait de kohl sur ses yeux, tout au plus. Une pétale de rose pour colorer ses lèvres…voilà tout ce dont elle avait l’habitude d’utiliser pour les festivités et grands dîners.
Son soupir arracha un nuage de buée de sa bouche.


- Il nous faudra patienter. Puis suivre discrètement…observer ses itinéraires, les personnes qu’il rencontre…

Et tout mémoriser. Ils ne pouvaient se permettre de laisser des traces écrites de leurs observations. Ses sourcils se froncèrent à nouveau, regarda avec attention cette enseigne réputée, la présence de gardes à la porte. Elle se permit de chuchoter ses réflexions dans l’obscurité de la ruelle, à l’abri des regards :

- N’est-il pas étrange de côtoyer aussi fréquemment ce type de boutique, également ?

Il faudra leur observer s’il ressortait avec un emballage. Cet Angelus Unthor…était-il un homme marié ? Avait-il des enfants ? Pour qu’il vienne ici déjà plusieurs fois cette même semaine…Orline était amatrice de garde-robe mais quels pouvaient être les besoins extensifs d’un homme, pour venir à répétition dans cette échoppe ?
Sujet: Le Défi de la louve
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Les Hautes-Terres de Dun   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le Défi de la louve    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 12 Fév 2024 - 17:39

La voix de la Krall portait loin, dans cette demeure. Elle semblait avoir une personnalité solide, mais Aoife devait s’y attendre, venant d’un dirigeant. Elle avait l’habitude, à vrai dire, de celle encore plus puissante de son meneur Conchobar. Était-ce là la marque d’un chef, un trait commun ?
La jeune femme garda la tête basse et suivit la servante pour prendre place en bout de table en silence. Elle eut bien du mal à s’insérer à la conversation et ne voulait pas abuser de la générosité de l’hôtesse. Elle s’essuya du mieux qu’elle put son visage marqué par les affres de son long voyage, ses cheveux et habits dégoulinant sur le banc. Elle aurait bien de la chance si elle n’attrapait pas le mal mais le feu au bout de la pièce arriverait bien à finir par apporter un peu de chaleur jusqu’à ses os. Elle prit donc la peine de retirer sa cape de voyage qu’elle déposa à ses pieds et s’empara avec faim de cette cuillère en bois. Le plat était assez simple mais tenait bien le corps. Elle l’avala avec gratitude, profitant des bénéfices apportés par un bon plat chaud après des jours à grignoter des rations froides à même sa monture.

Elle ne divulgua pas la nature de sa venue, mais on ne lui demandait rien non plus. L’habitude…il était peine perdue de demander à un messager de délivrer son message à une autre personne que le destinataire prévu. Aux questions de ‘tviens de quel coin gamine ?’ elle répondit brièvement, la bouche prise ‘nord’.
De son banc il était bien impossible de surprendre la teneur de la conversation des invités de marque, elle ne chercha même pas à écouter, connaissant bien son rôle, sa place dans la société des Dunlendings. Elle n’était rien. Mais bientôt, bientôt, cela changerait peut-être. Elle attendit donc patiemment. La présence du loup la mettait mal à l’aise. Chez elle, ils étaient les prédateurs de leurs biens les plus précieux, leur cheptel. On lui avait appris dès plus jeune à les vénérer, mais également les craindre. Elle ne le quitta donc pas des yeux. Il était impossible de dompter parfaitement un animal sauvage. Ou cela revenait à lui briser son âme. C’est ce que Aoife croyait, lorsqu’elle prit entre ses mains une amulette de bois pendue à son cou, en une prière silencieuse.

Ne sachant pas bien quoi faire, la jeune femme demeurait à table même une fois le repas fini, et se contenta d’écouter les conversations des gens de Tunum, essaya de mieux comprendre leur vie ici et leur Krall. Elle ne vit pas le temps passer, lorsqu’on vint la chercher à nouveau. Aoife récupéra sa cape de voyage salit qu’elle garda dans ses bras et suivit docilement la personne jusqu’à la dirigeante de Tunum.
Sans même un regard la jeune femme se mit à genoux, les yeux fixés sur le sol en geste de soumission. Cependant sa voix était claire et assurée, lorsqu’elle déclara :


- Aoife, messagère du Grand Krall Conchobar ! Venue délivrer ses propos à la Krall Wulhilde La Louve !


Elle attendit un instant ainsi, tête basse, avant de poursuivre :

- Etes-vous disposée à entendre ces mots, Krall ?

Une main en travers sa poitrine posée solennellement, Aoife patienta, d’une immobilité exemplaire.
Sujet: L'influence et ses limites
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'influence et ses limites    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 5 Fév 2024 - 10:51

Les mots coulèrent de la bouche de son compagnon, d’une voix rauque mais assurée. Orline, quand à elle, était comme sonnée et prise de vertige. Elle fit de son mieux pour se concentrer, réunir son courage, réfléchir stratégiquement. Comment, comment mener à bien cette mission, et le plus rapidement possible ? Comment limiter les risques, les dangers, et faire en sorte d’acquérir le pardon judiciaire pour sa famille, et idéalement remonter leurs affaires ? Une boule d’angoisse dans l’estomac, la jeune femme écouta néanmoins.

Qu’elle ne fut sa surprise, lorsqu’elle entendit l’idée de Syp de Sora d’impliquer ses parents pour en apprendre davantage. A cette notion elle l’interrompit d’une voix sèche, implacable :


- Laissez ma famille en dehors de cela. Ils ne sont au courant de rien.

Elle déglutit avec difficultés et son regard se fit dur, violence sourde cachant derrière ses prunelles brunes. Non, ils n’étaient au courant de rien, et c’était mieux ainsi. Qu’en diraient-ils, de voir ainsi leur fille en servante, en esclave d’une institution, mettant sa vie même en danger ? La honte qui les gagnerait, de l’avoir poussé dans ces derniers retranchements….la colère, de son mensonge, de ses secrets.

Non, ils n’étaient au courant de rien, et elle ferait tout pour qu’il en reste ainsi. Tout n’était que leurre, mais Orline ne pensait pas trouver la force d’affronter le regard de déception que ses parents lui jetteraient. Une énième déception venant de cette fille qu’ils aimaient si profondément, mais qui n’était pas son frère… L’amour avait un prix. Il était marqué en rouge, en bas des livres de comptes. Il était marqué sur les murs désormais vides de leur demeure, vide de tableaux de maîtres, leurs collections de livres et objets d’art éparses…voilà le prix de l’amour de ses parents. Le vide, le gouffre.

Sa mâchoire se resserra et elle affronta un long moment le regard d’orage de Syp qui était probablement quelque peu perdu d’une telle réaction. Sa colère, tout juste maîtrisée, lui causait de légers frissons sur ses épaules, firent trembler quelque peu ses mains, cachés dans ses jupons.
Non, ils n’étaient au courant de rien. Qu’on accorde au moins la paix d’esprit à ces parents déjà endeuillés et endettés. Cela….était bien la seule chose qu’Orline pouvait leur octroyer pour le moment…

La suite des idées vola dans l’air où une tension était palpable, la jeune femme fit de son mieux pour calmer la tempête en elle, sa fierté meurtrie par les différentes insultes envoyées par Neige sur le Directeur, et l’indélicatesse de Syp. Stupide, stupide elle était. Et impuissante.
Son regard chercha une distraction autour d’elle, se forçant à de profondes inspirations et expirations. Une chose à la fois.
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Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'influence et ses limites    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 21 Jan 2024 - 20:24


Une fois les portes de bois refermés et Syp de Sora parti, Orline s’était laissé glisser le long du bois froid, les larmes roulant le long de ses joues, les épaules tremblantes. Serrer les dents. Repousser ses cauchemars. Elle n’avait pas d’autre choix, après tout. Plus que jamais elle devait se montrer forte, sa famille comptait sur elle.
Elle resta néanmoins un moment ainsi sur le sol de pierres, se laissant à l’abandon. La peur, les horreurs vécues, et les geôles lui avaient couté cher. Jamais, oh non jamais elle n’oublierait la sensation des fers autour de ses poignets, de ses chevilles. D’une main distraite elle les massa, enfonça la pommade cicatrisante profondément dans sa peau. Il était encore relativement tôt ce soir-là, mais elle était épuisée par les derniers évènements.
Elle se releva donc, chancelante, vêtue d’une simple robe de nuit, et se tira jusqu’au lit à baldaquin qui l’appelait, près de l’âtre. Elle s’y affala en poussant un gémissement de douleurs et de soulagement, utilisa ses dernières forces pour tirer sur elle les couvertures épaisses et duveteuses de la demeure de Sora…Et bientôt sombra dans les profondeurs des songes, dont elle ne garda aucun souvenir.

Le lendemain cependant elle fut réveillée par les premières lueurs de l’aube arrivant directement sur ses yeux en un rayon vicieux, implacable. Naturellement lève-tôt, certaines habitudes ne disparaissaient pas, malgré qu’elle aurait mieux fait de profiter d’heures supplémentaires de repos. Elle se leva donc, tenta de reprendre le contrôle de sa vie. Elle commença donc par quelques étirements visant à dénouer ses muscles endoloris, et observa avec contentement les effets bénéfiques des soins apportés sur ses bleus. Certains prendraient plus longtemps à disparaître, notamment celui de sa pommette, mais elle était satisfaite. Elle s’approchait de la fenêtre pour observer la Cour, et surprit le départ de Floria…un sentiment de tristesse et d’amertume au plus profond de son être pour cette femme qu’elle n’avait su sauver, épargner.
Elle se doutait qu’elle ne pourrait pas emprunter de monture. Elle avait beau avoir le statut d’invitée ici, sa réalité était, elle le savait, bien différente. Elle était prisonnière de l’Arbre Blanc, avec autant de forces qu’aux temps du Directeur Rhydon. Elle continua donc ses exercices dans sa chambre, se concentrant essentiellement sur ses sensations physiques, gardant bien loin toutes préoccupations mentales. Qu’elle garde au loin ce regard d’orage..et les sensations de ses lèvres rugueuses contre les siennes. Elle ferma les yeux, raffermit sa volonté.

Qu’elle ne fut son plaisir que de retrouver ses vêtements même sobres qu’elle portait à son arrivée, propres après sa toilette matinale. Elle attacha de gestes fermes le poignard contre sa cuisse, reconnaissante de la famille de Sora de les avoir récupérés aux gardes de la Cité. Elle serra ensuite son corset. Peut être un peu trop fort, sentit l’armature heurter ses côtes endolories. Elle ne le desserra pas néanmoins. Ce pic de douleurs l’aiderait peut-être à garder l’esprit clair, en présence de son ‘compagnon’ d’infortunes.
Elle le retrouva à la table du petit déjeuner, après qu’elle ait remercié d’un signe de tête Eved, le majordome. Elle fut ravie, une fois de plus, de la sélection luxueuse des mets, certains qu’elle n’avait pas eu l’occasion de goûter depuis son départ du Harondor. Vers ces fruits porta son choix et elle ne put retenir un soupir de contentement, fermant les yeux pour mieux profiter des saveurs exotiques de son « chez elle ». Cependant…cependant pas un mot de fut échangé avec Syp, une gêne marquée entre eux et tout ce qu’il s’était passé la nuit dernière… La jeune femme baissa le regard mais ne pouvait s’empêcher d’observer ces mains viriles de l’autre côté de la table. Ressaisis-toi, s’intima-t-elle. Elle s’éclaircit la voix d’un raclement de gorge, la main contre ses lèvres, mais ne dit rien et se concentra sur les victuailles.

Une fois fini, elle se laissa guider par le majordome en silence, l’angoisse montant doucement dans ses entrailles. Enfin, le moment était venu. Ils apprendront quel est le prix de leur libération…et peut être que l’emprisonnement à vie ou la potence aurait été un choix préférable. Elle déglutit, de légers frissons lui parcourant l’échine. Elle ne cilla pas à la découverte du passage secret. Toutes les nobles maisons en possédaient…la sienne aussi, bien que moins imposante…Elle laissa Syp prendre les devants, ouvrant la marche dans cet escalier en colimaçon plongeant dans les abysses. Les souvenirs des geôles encore trop frais dans son esprit, lui arrachèrent un léger gémissement de crainte. Mais elle était brave, Orline Haradiel. Elle prit une grande inspiration, et le suivit, sa main frôlant l’épaule de son compagnon devant elle pour empêcher toute chute dans les escaliers, se refusant pourtant de l’accrocher tout à fait.
Ils franchirent ensuite une lourde porte de bois les menant dans une pièce circulaire hétéroclite que la jeune femme pris un moment à observer, cherchant un lien, un thème, un moindre sens. Ce ne fut qu’après un bref instant, une fois dégagée du dos de Syp, qu’elle s’aperçut qu’ils n’étaient pas seuls. Elle était victime de mutisme et ne put que cligner des yeux et faire une brève référence devant cette femme à l’aura charismatique écrasante et à la chevelure lunaire. Son nom ne lui disait rien…mais elle pensait se remémorer des pancartes de recherche à son effigie.

Elle ne s’était pas attendue à de telles révélations, ni de l’implication de la famille de Syp dans toutes les strates des défenseurs de libertés. Cela en était honorable, impressionnant…Naïf et idéaliste aussi, selon la belle Haradiel…D’une main résignée, elle s’empara du pendentif qu’elle glissa sous sa robe et son corsetage, collé désormais au médaillon de son frère. Déjà, déjà elle sentait les branches de l’Arbre s’enfoncer dans sa peau, y propager ses ramifications dans son être. Elle serra les dents.
Orline se retenait toujours lorsque la « fameuse » Neige maudit le nom du Directeur qui avait permis à sa famille de survivre jusque-là, de protéger son père. Son regard, cependant, se voila d’une colère sourde. Il lui faudrait du temps…pour accepter cette réalité. La vérité sortait toujours de la bouche des vainqueurs, n’est-ce pas ? Dans cette situation, Orline se sentait vaincue sur tous les plans. Elle serra son poing, qu’elle camoufla dans les plis de ses jupons. Pouvait-elle seulement demander la protection de sa famille au niveau régime de l’Arbre ? Probablement pas, pas sans avoir fait ses preuves. Elle serra les dents et baissa le regard, se contentant d’acquiescer de la tête quand demandé.

Elle lut la lettre par-dessus le bras de Syp, se penchant par-dessus, sa main frôlant la sienne pour maintenir le document en place et en faciliter la lecture. Que de mystères…
Sa voix était ferme, le regard résolu, lorsqu’elle prit la parole :


- Nous devrions retrouver tout d’abord retrouver les agents fidèles de l’Arbre. Daren Derworin et Närwel Rusk-Târ. Je pense qu’ils pourraient nous aviser des méthodes à employer pour aborder les différentes pistes.


Ils ne pouvaient pas tout simplement se mettre à traquer les différents suspects de corruption. Ils n’avaient aucune ressource, aucun entrainement en bonne et due forme. Leurs chances de réussite étaient moindres…mais Orline n’avait pas d’autres solutions pour sauver sa famille.
Elle avait senti des menottes sur ses poignets et ses chevilles. Pourquoi les ressentait-elle donc autour de sa gorge, également ?
Sujet: Le travail du matin vaut de l'or
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Le Palais   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le travail du matin vaut de l'or    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 19 Jan 2024 - 16:25
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#PNJ #Dalia de Ronce



Un bruit d’éclat vif sur le mur, suivi d’écoulement de liquide glissant le long du mur. Elle haussa un sourcil avant de secouer doucement la tête, désolée du comportant navrant du dernier arrivant. Il s’agissait là d’un homme d’actions plutôt que de paroles, et la Dame de Ronce n’était pas encore sûre de pouvoir déterminer si cela représenterait un atout ou un défaut pour la gestion des forces armées de Minas Tirith. Pouvions-nous seulement même considérer des actes aussi intempestifs de la part des dirigeants de la Cité ?
Elle passa sa main sur son front en le massant légèrement, retenant un soupir. Cela s’annonçait compliquer pour l’avenir, mais le Conseil avait été sans appel, il faudrait donc adapter les méthodes au caractère explosif du Général Roi.

Qu’elle ne fut sa surprise néanmoins, à l’arrivée de la Reine par un passage secret. Dalia tâcha de bien mémoriser l’emplacement de cette poignée secrète, dont elle pourrait avoir l’usage à l’avenir..
Elle s’empressa de se relever, en déposant sa tasse et son carnet sur le bureau avant de plonger en une profonde révérence. Qu’elle était sa joie de voir la Reine Idril se joindre à eux. Elle ne pouvait oublier son soutien incomparable pour sa candidature aux postes lors du Conseil du Sceptre. Sa beauté n’avait d’égale que sa sagesse et Dame Dalia de Ronce ne pouvait qu’espérer être à la hauteur des attentes de la Reine. Elle ne pouvait cependant ignorer la tension palpable venu s’installer dans la pièce, elle garda donc un silence respectueux, attentive.

Elle ne broncha pas face aux injonctions de la Reine. Elle les prit en elle, raffermit sa volonté envers les épreuves qui s’annonçaient à elle. Etant précédemment Grande Guérisseuse de Minas Tirith, elle n’avait pas l’audace de connaître tous les dossiers en cours des différentes sphères de pouvoir, cependant elle avait une bonne vision de l’impact cauchemardesque causé par la maladie ayant décimé leur peuple. Elle ne souhaitait pas se reposer avant de tirer tout cela au clair et prévenir de toute résurgence. Il en allait de l’avenir et la prospérité de Minas Tirith et du reste des territoires gondoriens.

La menace non voilée de la Reine envers le Général jeta un froid glacial. A son grand étonnement il sut réagir face à cela sans soulever. Une sage décision. Peut être alors pouvait-il entendre raison. Elle ne pouvait que se féliciter de l’autorité exemplaire de la femme à la tête du Royaume. Elle était inspirante. Si tel était son pouvoir sur ces messieurs, alors tout n’était pas perdu pour Dalia de Ronce.
Ainsi osa-t-elle s’aventurer sur un ton mesuré, après s’être assurée de ne pas l’interrompre


- Votre Majesté, nous sommes à vos services ainsi qu’à celui du peuple. Quelles sont les priorités sur lesquelles vous souhaiteriez que nous nous concentrions ?

Le regard à moitié abaissé en une posture serviable, elle accueillait les directives et autres informations requises. Elle avait plus qu’hâte de se mettre au travail.
Sujet: Le Défi de la louve
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Les Hautes-Terres de Dun   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le Défi de la louve    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 18 Jan 2024 - 22:09


Le vent soufflait dur sur les Terres Brunes. Il aplatissait les herbes hautes et grises sans ménagement et le rare bétail présent affrontait les bourrasques de leurs fourrures épaisses sous l’œil vigilant de Dunlending. D’un claquement de langue contre son palais, la jeune femme intima sa monture à se mettre au trot, dévalant une petite butte en direction du Sud, vers les Basses-Terres au pied des Contreforts. Elle n’était pas réputée pour sa force, mais ce qu’elle perdait en brutalité elle le gagnait en endurance et en rapidité. De petite taille et à la chevelure d’un rouge flamboyant, son regard bleu observa avec patience le chemin qu’il lui restait à parcourir.

Cela en faisait, une trotte pour une missive, mais Aoife prenait sa mission très au sérieux. Elle ne repartirait pas avant d’avoir l’acceptation formelle de la Krall de Tunum. Son honneur et sa place au sein de sa tribu en dépendait et elle avait lutté bien trop longtemps pour se voir passer la chance d’être reconnue comme ambassadrice du Krall Conchobar. D’un mouvement sec du poignet, elle arracha un morceau de pain dur, maigre ration à sa portée de simple messagère, mais elle ne devait perdre de temps…

Quelques jours plus tard elle arriva au niveau des fortifications de Tunum qu’elle observa un instant du haut de son cheval. Voilà une drôle d’idée, une maison en dur, alors que les bêtes demandaient de bouger sans cesse pour trouver de nouveaux pâturages. Voilà certains des leurs qui vivaient là bien confortablement… Se reposaient-ils également sur leurs acquis ? Eh bien…ce n’était pas à elle de juger, après tout. Elle talonna donc les flancs pour faire avancer la bestiole jusqu’aux portes avant de s’annoncer :


- Aoife, messagère du Grand Krall Conchobar ! Présentez-moi à la Krall Wulfhilde la Louve !

Elle regarda de haut les hommes en garde qui n’hésitèrent pourtant pas à la faire patienter le temps d’une consultation interne. Elle attendit donc, bien droite sur la scelle malgré les journées de fatigue et les couches de poussière sur ses vêtements de voyage. Ses cheveux étaient encore trempés de la dernière averse qu’elle avait essuyé, mais cela n’enleva en rien son allure fière de représentante de sa tribu.

Lorsqu’elle fut invitée à entrer, enfin, elle sauta à terre pour s’emparer de la bride et la faire avancer sans ménagement à sa suite. Sa monture aura tout le loisir de se reposer le temps qu’elle mène à bien sa mission. Elle la guida donc dans une étable modeste et la laissa là avant de suivre l’homme lui servant de guide. Elle se remémora une fois de plus du message qu’on lui avait confié, répéta les mots choisis par les conseillers du Krall lui-même. La jeune femme réajusta ses vêtements brièvement, soudainement prise d’angoisse et s’éclaircit la gorge.

Une fois entrée dans la maison longue, demeure de la Krall, Aoife mit genoux à terre et baissa la tête en signe de soumission. Elle n’avait osé lever les yeux pour découvrir ce nouvel environnement, les décorations, ou bien même à quoi ressemblait cette Krall femme, si étrange et étrangère en ces terres. L’on avait entendu seulement des rumeurs, des murmures…
Aoife, elle, n’était rien. Mais elle se devait de porter la voix de son chef. Elle attendit donc une fois de plus que sa présence soit notifiée, le regard fixé sur les semelles boueuses de ses chaussures de toile.
Sujet: De mal en pis...
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 16 Jan 2024 - 9:30


La jeune femme était lovée dans le profond fauteuil en velours au coin de la cheminée et pendant un instant seul le bruit du crépitement des bûches résonnait entre eux. Un sentiment de paix et de sécurité toute relative en ces temps troublés. Elle aurait presque pu oublié cette sensation de détente unique à la présence d’un feu, dans les geôles répugnantes de la Cité. Elle frissonna cependant à cette pensée, et sa main se raffermit sur la couverture duveteuse reposant sur ses genoux. Si elle devait y retourner…elle préférerait autant mourir avant d’être prise. Était-ce son destin, en tant que recrue forcée de l’Arbre ? Le temps nous le dira…
Elle fut bercée ensuite par la voix rauque et profonde de Syp de Sora, qui visiblement respectait son idée de se livrer à elle. Il lui conta donc sa vie, les épreuves qu’il a traversées et lui apporta des détails qu’Orline ne s’attendait pas. Elle tenta de compter intérieurement son âge, par curiosité…et conclut qu’il devait s’approcher de la quarantaine. Une sacrée différence avec elle, plus de dix ans ? Mais cela était assez commun, après tout…

La mention d’une femme dans sa vie lui apporta le feu aux joues devant sa propre inexpérience. Oh elle aurait préféré l’ignorer, même si elle se doutait qu’un homme de son âge bien entendu ait eu plusieurs conquêtes dans sa vie. Orline toussa doucement dans ses mains et évita soigneusement le regard ombrageux du conteur, tentant d’ignorer ce léger tiraillement dans sa poitrine.
La dernière remarque lui arracha un rire malgré elle. Etait-il capable de rester sérieux plus de quelques minutes ? Et comment pouvait-il affirmer avec un tel entrain, qu’il s’agissait bel et bien d’amour de son côté ? La jeune femme secoua la tête en souriant légèrement. Elle ne connaissait pas ce sentiment qui inspirait les poètes et divers artistes. Sentiment qui avait également poussé ses parents à la ruine. Elle s’était promis de ne pas le découvrir, même. Cela semblait toujours rendre les choses compliquées…son cœur se ferma donc à cette perspective. Pour le moment…

C’était à son tour, semble-t-il, de se dévoiler. Etait-elle prête néanmoins ? Jusqu’à quel point ?
Elle l’observa un instant en silence à travers ses cils légèrement abaissés. Pouvait-elle seulement se défaire de ces sensations nouvelles qu’elle découvrait en sa présence ? Elle serra légèrement la machoire avant de se relever, de lui tourner le dos, embarquant avec elle la couverture auprès du feu, désormais une braise douce et continue qui mourrait peu à peu en un silence pesant.


- Je…

Par où commencer, d’ailleurs ? Elle se renferma sur elle un peu plus, le regard perdu sur les bûches noircies par leur combustion inévitable. Sa main alla chercher le contact rassurant du médaillon autour de son cou. Elle reprit d’une voix faible, comme si elle parlait pour elle-même plus que pour l’homme assis dans son dos.

- Je viens du Harondor…de Djafa.

Derrière ses pupilles désormais fermées elle revoyait les étendues de sable, le vent soulevant les grains en tournoyant. Le bruit d’une fontaine en marbre blanc…les céramiques de couleur bleu aux motifs élégants, l’odeur des épices orangées…

- Mon père…est un marchand de Minas Tirith. Il a courtisé ma mère pendant de longs mois…Elle est issue d’une famille noble, tout s’opposait à leur union mais mon père est borné.

Un léger rire s’échappa de ses lèvres et son regard s’adoucit à la mention de sa famille.

- Nous avons vécu heureux de nombreuses années, dans cet écrin du désert. Puis les pirates sont arrivés…et nous avons dû fuir.

Son menton se mit à trembler légèrement et elle s’arrêta là un instant. Elle hésita à mentionner la perte de son frère ainé…mais la douleur était aussi vive qu’au jour de sa disparition malgré les années…et le fait même de prononcer son nom à voix haute lui était insupportable. De plus…elle ne voulait le partager avec quiconque. Egoïste ? Probablement…un nom, qui ne lui appartient pas, mais qu’elle refusait d’énoncer. Hannib n’appartenait qu’à elle…Elle n’était pas prête à dévoiler sa mort. Le dire, le chuchoter, le murmurer…prononcer ces mots…c’était le tuer à nouveau. Accepter sa mort et son côté irrévocable. Jamais.
Elle ferma les yeux un instant et une larme coula sur sa joue. Elle revoyait le sable tant chérit abreuvé du sang chaud et collant…les pas de leurs montures s’enlisaient tandis que des paquets tombaient de leur chariot pour ne jamais être récupérés. Elle revoyait le feu dévorant les tentures multicolores. Et les cris. Elle entendait encore ces gémissements, ces pleurs. Elle y était à nouveau.
D’un geste de la main elle essuya ses larmes et prit une profonde inspiration, résolue, s’arrachant par la force de sa volonté à ses souvenirs sombres.


- Puis l’Arbre. Fin.

Elle avait loupé toute une partie de son histoire. Leur arrivée à Minas Tirith, la malchance de son père dans les affaires à son retour qui n’a pas su regagner leurs lourdes pertes. Les mauvaises décisions qui s’ensuivirent…jusqu’à devoir accepter l’offre du Directeur de l’Arbre. Pour les sauver…les protéger du moins.
La jeune femme s’agita ensuite, cherchant une voie de sortie, un moyen de mettre un terme à leurs échanges qui l’avaient secoué. Elle se retourna à nouveau, affronta le regard de Syp qui la prenait toujours au dépourvu. Il semblait la traverser de part en part, et deviner tout ce qu’elle n’avait pas dit, pas osé avouer à voix haute.


- Il se fait tard.


Il était tard ? Peut-être. Ils auraient pu être au beau milieu de l’après-midi que cela n’aurait fait aucune différence pour elle. Elle laissa la couverture sur le rebord du fauteuil et attrapa l’homme par les mains, l’incitant à se relever. Elle l’attira ensuite vers la porte, vite, rapidement, son regard fuyant. Et le mit dehors.
Ses mains tremblèrent violemment lorsqu’elle referma la porte derrière lui, et plus rien ne pouvait empêcher les larmes de couler le long de ses joues.

Hannib…
Sujet: De mal en pis...
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 12 Déc 2023 - 19:37




S’il y avait bien une chose qui avait surpris Orline ce soir-là, c’était bien la docilité du géant devant elle. Malgré le fait qu’il soit assis, elle ne devait que légèrement remonter son menton pour que leurs regards sombrent l’un dans l’autre. Elle le maintint là, ses doigts effleurant seulement sa peau, en l’écoutant. Elle avait fini de s’occuper des plaies de son visage. Pas une fois il avait frémi sous son toucher ni bougé. Attentif, acceptant. Qu’il accepte aussi facilement de la laisser tranquille si tel était son souhait…La jeune femme ne pourrait mettre les mots sur ce ressenti. En était-elle reconnaissante ou bien au contraire déçue ? L’attraction qu’il lui témoignait était encore récent, et elle doutait encore fort de sa sincérité. Peut-être demandait-elle trop…mais si sincérité il y avait bel et bien, elle serait bien folle d’ignorer une telle proposition. La mention même déjà, si tôt, d’un anneau potentiel, la fit légèrement sursauter. Elle serra légèrement les lèvres, encore non habituée à ce tutoiement si familier qui rendait leurs échanges si…intimes, sur le ton de la confidence. Elle l’observait donc attentivement, un long instant en silence, les sourcils légèrement froncés, ses mains effleurant avec lenteur la barbe de l’homme et les contours de sa moustache, pensive…le regard perdu.

En effet il serait inconcevable qu’elle refuse un De Sora si tel anneau était proposé. C’était la voie la plus sûre, la plus promettante pour son avenir qui jusque là était bien incertain avec l’épée de Damoclès juste au-dessus de ses cheveux bruns, planant sur le sort de sa famille entière. Et puis…parmi les choix qui avaient été proposés, elle, vieillissante à 27 ans…jamais encore mariée ni enfanté…les options se réduisaient à vue d’œil. Elle en avait vu des propositions d’hommes bedonnant qui avait l’âge d’être son père, plusieurs mariages à leurs actifs déjà, et aux possessions pas aussi assurées qu’elle ne l’aurait souhaité…

Syp était, elle pensait, bien plus âgé qu’elle, mais pas autant…Il était plutôt bel homme, charmant et charmeur, combattant affirmé et d’une famille à la réputation solide sur plusieurs générations. Elle ne pouvait rêver d’une meilleure offre. S’il était sincère…s’il ne la menait pas en bateau…mais un instant, un instant seulement, elle s’autorisa à y croire. Ses yeux bruns se posèrent pensivement sur ces lèvres éméchées qui l’avaient embrassé avec une telle tendresse plus tôt…et se surprit d’en espérer d’autres, peut-être…et revint s’ancrer dans ces yeux d’orage au destin incertain malgré l’espoir, l’espoir si fragile, qu’ils s’en tireraient tous les deux. Si tel était le cas…la jeune femme devrait s’assurer de ses faveurs sur le long terme. Un amour naissant, aussi passionné qu’il semble déclamer, pouvait bien vite s’éteindre face à l’adversité. Orline se devait donc de l’encourager, ne serait-ce qu’un peu…

Il se releva ensuite, l’arrachant à ses rêveries éveillées et ses mains glissèrent le long de sa chemise de velours. A son contact elle s’empourpra et ramena les mains vers elle en un geste brusque, surprise. Le reste ne fit qu’accentuer sa timidité galopante en vue de la tournure que prenait leur toute jeune relation. Elle claqua donc d’une voix qu’elle aurait voulu plus ferme :


- Un ‘homme de principes’ -elle reprit ses propres mots, les retournant contre lui par la même occasion – ne saurait faire une proposition aussi indécente.

Elle repensa cependant au domicile de Judia et à la démonstration qu’ils avaient alors effectué pour garder le voile et cette pensée même raviva le feu à ses joues. Elle déroba son regard du sien et s’empara du baume.

- Vous vous en sortirez parfaitement de vous-même. Je vous rendrai la pommade dans un instant. Si vous me le permettez…

Et avant même d’attendre son approbation, la jeune femme s’enfuit dans la salle d’eau, derrière un paravent situé près de la baignoire où elle prit un court instant afin de réunir ses pensées et calmer sa respiration chevrotante. Que lui arrivait-il ? Jamais elle n’avait connu une telle proximité avec un homme. Des jeux de séduction, elle connaissait…elle avait appris…mais jamais, jamais de la sorte. Face à lui, elle en perdait ses repères, ses réflexes et ne pouvait semble-t-il réfléchir de manière cohérente. Cela était probablement dû à la fatigue, pensa-t-elle… Oui…probablement cela, en vu des derniers jours en captivité. Après une bonne nuit de sommeil, dans un lit confortable, cela irait mieux…Et alors, oui alors j’y verrai plus clair également et pourrait voir, si sincérité il y a, si espoir est possible…d’une voie de sortie paisible et douce…

Avec un frémissement elle se dévêtit et étala le baume sur les marques restantes sur ses côtes. A l’aveugle, elle espérait bien viser…elle tâcha de s’en déposer également sur le bleu du haut de sa pommette suite à la gifle violente infligée par le garde. Ce baume pouvait-il guérir également les lèvres ? Elle l’ignorait…décida donc de s’en abstenir. Elle passa cependant sa langue par-dessous…la salive est reconnu comme cicatrisant également, n’est-ce pas ?...
Elle ne tarda point et renferma le bocal avant de se recouvrir à nouveau de sa robe de chambre et prit la couverture dans ses bras. Elle revint donc rapidement dans la chambre où elle retrouva Syp assis sur un fauteuil auprès du feu. Elle le rejoignit et déposa dans le creux de sa main le remède avant de prendre place sur le fauteuil en face. Elle pouvait sentir son regard sur elle, en silence. Elle s’assit donc de côté, faisant dépasser par-dessus le rebord de l’assise une jambe vers le feu, le pied en pointe comme pour attirer la chaleur de l’âtre. La jeune femme laissa le tissu remonter le long de sa peau, dévoilant la quasi-totalité de son mollet mis à nu. Elle s’empara cependant de la couverture qu’elle installa avec soin sur son ventre et ses cuisses. Elle l’observait du coin du regard sans en paraître, pris une mine songeuse, et laissa quelques instants couler, consciente de l’effet qu’elle pouvait susciter chez les hommes, avant de poursuivre d’une voix douce mais hésitante :


- Que souhaitez-vous savoir de moi, et que pouvez-vous révéler sur vous ?

Son regard était perdu dans les flammes, les laissant la réchauffer lentement et déloger la glace qui s’était logée jusqu’au plus profond d’elle-même. Elle ajouta avec une moue, croisant son regard :

- Abstenez vous de mentir. Je préfèrerai dans ce cas votre silence…

Une lueur de tristesse et de lassitude passa dans ses yeux d’ébène. Elle était fatiguée des faux semblants ce soir. Si des demi vérités étaient tout ce qu’il avait à lui offrir…Elle préférerait ne rien avoir du tout. L’Arbre Blanc l’avait déjà rendu lasse de tout ceci, des mensonges, des détournements…Mais elle savait qu’elle pouvait compter sur l’homme pour au moins être direct. La sincérité cependant…la sincérité encore, tel était le problème…
Mais il avait proposé de lui-même de s’ouvrir. Elle était donc prête à l’écouter…
Sujet: De mal en pis...
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 3 Déc 2023 - 21:22


Longtemps leurs regards se cherchaient, s’accrochaient, et communiquaient en un langage silencieux qu’ils n’avaient pas encore appris à comprendre… Tels deux étrangers cherchant à parler par signes, par déduction… Ils étaient aussi différents qu’ils n’étaient semblables, leurs chemins s’étant entrelacés d’une façon toute unique, et imprévisible… Ici en ce lieu, perturbé seulement par le crépitement des bûches et la chaleur de l’âtre, ils se jaugeaient…la jeune femme assise en bout du fauteuil et l’homme en face d’elle, un genou à terre, ses avant bras dans ses mains rugueuses mais tendres.
Une fois de plus le tutoiement la surprit, la déstabilisa. Elle n’avait auparavant jamais connu de telle proximité et ces avances si directes et insistantes la prenait au dépourvu. Elle pencha sa tête sur le côté, incertaine, concentrée sur les propos de son compagnon, déclarés avec confiance d’entre ses lèvres écorchées l’ayant embrassée avec une telle douceur il y a quelques heures à peine… Orline répondit seulement, comme une pensée énoncée pour elle-même :


- L’Arbre ne nous accordera pas si facilement confiance…après les dernières… « événements »

Elle reprit son terme exact, marquant ainsi qu’elle avait écouté avec le plus d’attention. Elle laissa passer ensuite un silence, fronçant les sourcils à la mention de ses sentiments si bruts, ainsi une fois de plus déclamés sans qu’elle puisse en percevoir le sens, la raison derrière. Il devrait en avoir une, non ? Etait-ce là seulement la recherche de plaisir charnel, une proposition désespérée en leurs temps si troublés et incertains ? Non…Orline ne tomberait pas si bas, et accepterait de mourir sans avoir connu la source d’inspiration de tant de poètes et d’artistes, toute nation confondues….
Elle glissa ses mains dans les siennes, se dérobant à son toucher mais le vit déjà prendre place dans son dos, oser parcourir de ses mains sa nuque, son cou, en un massage proposé sans un mot. Elle s’avança à nouveau sur son fauteuil, maintenant debout pour se dérober à son toucher qui la faisait frissonner de manière si incompréhensible. Elle se retourna vers lui, un éclat de défi dans le regard :


- Et si je ne souhaite pas…de votre protection ?

La croyait-il si frêle, si vulnérable ? Était-ce la raison de ses déclarations si habiles et ferventes en sa faveur ? Elle releva le menton, fière dans son allure, ses mains remontant à nouveau la couverture contre elle sur ses épaules. Malgré toutes ses faiblesses, ses manquements…elle était une recrue, elle aussi, au même titre que lui. Elle était déjà condamnée à une organisation pour le bien de sa famille…et connaissait fort bien les termes qui la liait à feu Directeur Rhydon. Quelles pourraient être les conditions de sa proposition ? Elle s’approcha de lui en contournant le fauteuil, l’incitant à s’asseoir sur le tabouret face à la commode au miroir, d’un effleurement de main seulement, prenant par la même occasion le dessus sur lui. Elle était jeune, n’était pas combattante, et ignorait bien des choses…mais ce regard, ce rouge sur le visage de son compagnon…elle le connaissait que trop bien. Elle savait… en profiter.

Sans un mot, le regard ne le quittant pas un seul instant, ses doigts glissèrent le long de son bras pour s’emparer du baume cicatrisant qu’il lui abandonna sans résistance. Sa couverture glissa sur son épaule et elle ne fit mine de la remonter…Elle prit le baume et en libéra le couvercle qu’elle délaissa sur la commode, brisant ainsi pour la première fois le contact visuel. Elle y glissa un doigt et entrouvrit ses lèvres, l’incitant à se taire en un ordre muet. Ces gestes semblaient déjà naturels, l’ayant soigné à multiples reprises avant l’épisode si sombre de la prison…
Elle remonta légèrement sa jambe, appuyant son genou sur le tabouret juste à côté des hanches de son compagnon contre lesquelles elle frottait doucement. Elle passa son autre main sous son menton et le releva pour lui faire face, grand homme si blessé face à l’imperturbable femme du Sud… Par ses gestes lents et doux, elle apposa la pommade sur les plaies saillantes du visage de Syp, qu’elle avait causé en grande partie. Une fois de plus elle n’émit aucune excuse, aucune justification. Il savait ce qu’il avait fait, et elle ne l’avait pas pardonné…
Elle prit le temps pour ses blessures, évitant son regard à nouveau, son attention tournée vers les hématomes apparents. Elle passa son doigt sur sa mâchoire mal rasée, les contours de ses pommettes, ses tempes, descendit le long de son nez, accrochant au passage son regard perçant. Elle s’arrêta là un instant, maintint le contact, et déclara dans un souffle :


- Je n’ai pas le choix. Ma mort ne servirait en rien ma famille.

Une loyauté brute, sans faille. Orline ne cilla pas, sa résolution marquée dans chaque trait de son visage jusque dans sa voix. Elle pourrait mourir pour les Haradiel comme elle avait prié et souhaité plus d’une centaine de fois d’échanger sa vie contre celle de son frère. Elle ne put cependant s’empêcher d’ajouter, en référence à ses propos précédents :

- Je ne suis pas révolutionnaire ni grande combattante. Je n’ai pas de compétences, de talents… Je n’ai que faire des gens qui n’appartiennent pas à ma famille.


Sur ces derniers mots tout se jouait… Elle était égoïste, égocentrique, et n’hésiterait pas à trainer dans la boue le bas peuple si cela pouvait assurer la prospérité des Haradiel… c’était là le côté le plus sombre d’Orline… et elle se mettait là, ainsi, à nue face à cet homme qui lui déclarait avec tant de ferveur son amour inconditionnel sans la connaître….
Sujet: De mal en pis...
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 29 Nov 2023 - 20:19


A la fin du repas, tous les rescapés des geôles prirent congés. Orline fut désolée du ton froid et réservé de Floria mais comment aurait-elle pu lui en vouloir ? A sa place…à sa place elle ne leur aurait probablement pas tendu la main quand ils avaient été dans le besoin. Elle se souvenait encore trop vivement du deuil de son frère et des longs mois passés à le pleurer, à sentir ce trou dans la poitrine se creuser et à vouloir hurler son désespoir, le cri cependant bloqué dans la gorge. Elle n’aurait pas pu aider qui que ce soit à ce moment-là, mais Floria et Jenifaël l’avaient fait et en avaient payé un prix fort. La jeune femme hocha donc la tête tristement mais compréhensive et respectueuse de la décision de la dessinatrice.

Orline se leva de table et remercia leur hôtesse et sauveuse. Elle ne pouvait encore comprendre pourquoi elle avait été tirée des geôles également mais se doutait qu’elle en aurait la réponse le lendemain au réveil. Si elle n’avait pas été aussi épuisée et affaiblie de son emprisonnement, la jeune femme n’en aurait probablement pas dormi de la nuit.
Elle revint dans sa chambre et enfila prestement une robe de nuit légère et par-dessus une couverture soyeuse pour aller se réchauffer près du feu allumé. Un luxe qu’elle appréciait grandement, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres, apaisée. Orline se dirigea ensuite à nouveau vers la commode ornée d’un miroir et d’une bassine et prit le temps de brosser ses longs cheveux, commençant à les tresser avant la nuit mais interrompue dans son activité par un bruit furtif d’un coup frappé à la porte. Assise sur le tabouret elle observa dans le reflet de la vitre l’arrivant en l’invitant ainsi :


- Entrez ?

C’était Syp de Sora à nouveau, revenu comme promis avec la pharmacie. Orline avait oublié sa proposition, tout l’échange précédent entre eux étant comme une brume incompréhensible dans son esprit. Elle se souvint cependant… une légère pulsion sur ses lèvres se firent ressentir et elle détourna le regard, ne pouvant le soutenir même à travers un miroir.
Ses doigts glissèrent sur sa nuque, finissant ce qu’elle avait entamé et attachant lestement la tresse obtenue. Elle finit par passer un doigt sur le médaillon qu’elle portait à son cou et qu’elle n’enlevait que rarement. Enfin, prenant son courage à deux mains, elle se leva pour aller à sa rencontre, remontant par la même occasion la couverture sur ses épaules, se refusant à se remémorer que cela était inutile en vue de ce qu’il avait déjà vu…

D’un geste de la main elle lui indiqua les fauteuils près du feu pour y prendre place elle-même. Elle le vit s’asseoir mais évita soigneusement son regard si expressif. Un instant ils restèrent ainsi, en silence, le regard de la jeune femme rivé sur les flames ou biens les mains calleuses de l’homme en face d’elle. Une fois le matériel de pharmacie exposé, elle tendit la main pour en attraper un baume mais d’un geste vif il s’en empara avant elle et le mit en hauteur à bout de bras, un rire arraché à son visage balafré.
Perdant l’équilibre elle posa la main sur la jambe de Syp pour se rétablir, le feu lui montant aux joues.


- Je peux le faire seule.

Elle soutint enfin son regard un instant, farouche. Son sourire la déstabilisa. Elle se rassit en arrière avec une moue boudeuse, les bras croisés sur sa poitrine. Elle n’était pas d’humeur pour jouer, et ne lui avait pas pardonné sa longue liste d’offenses. Voyons voir…les mensonges répétés, la mise en danger de sa famille par le meurtre de son allié au sein de l’organisation et l’audace de sa proximité et de ses avances alors qu’elle était au plus vulnérable.
Il lui prit avec délicatesse les avants bras comme auparavant, l’attirant au bout de son fauteuil, une main appliquant soigneusement la pommade sur les bleus de ses poignets. Elle fit mine de les retirer un instant mais sa résolution mourut sous la délicatesse et la tendresse de l’homme en face d’elle, le visage penché, concentré sur la tâche. Elle l’observa donc en silence, cet homme ravagé par bien plus de blessures qu’elle, se mettre à moitié à genoux devant elle pour la soigner avec des gestes si légers et attentifs qu’on aurait dit deux personnes à part entière. Combien de visages possédait cet homme ? Combien d’identités ? Peut être avait été ce cela, la raison de son recrutement au sein de l’Arbre Blanc. Un éclat de tristesse traversa ses yeux bruns et elle ne put s’empêcher de souffler, sa voix à peine plus forte que le crépitement des bûches dans le foyer :

- Pourquoi…

Elle déglutit, son attention figée sur les mains s’étant arrêtées sur ses poignets, leurs genoux se frôlant imperceptiblement.

- Pourquoi revenir à l’Arbre Blanc, qui représente tout ce que vous méprisez ?

Le sujet apporta une tension à nouveau palpable entre eux. Le vouvoiement employé, telle une distance qui sembla en cet instant infranchissable…
Pourrait-elle-même croire en sa réponse, serait-il honnête envers elle, en était-il capable ? Voilà toutes les questions que se posaient Orline, le fixant de son regard, cherchant à le percer à jour derrière ce voile d’orage et ses blessures. Pourquoi même risquer sa vie, lorsque l’on avait la protection des De Sora ? La Couronne était bien égoïste et cruelle…la jeune femme bien qu’attirée par les hautes sphères du Pouvoir, ne s’en serait jamais approchée si elle n’avait pas été dans une situation aussi catastrophique. Elle voulait rentrer au Harondor, et ne plus sentir ce froid dans ses os…
Une bûche dans l’âtre s’affaissa. Il n’avait pas encore parlé…
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Sighild Baldrick

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 23 Nov 2023 - 20:47
Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! Floria14

« Je vous remercie pour votre sollicitude. » répondit-elle à Orline d’un ton neutre.

Floria ne regarda pas Orline droit dans les yeux, il se contenta de lui répondre par courtoisie en inclinant légèrement la tête vers sa « coéquipière ».

La jeune femme fut peu loquace pendant le reste du repas et en profita pour déguster avec beaucoup de grâce les mets qui étaient disposés sur la table. Tout était délicieux. Elle était tellement affamée…mais ne pouvait se permettre de se goinfrer. Elle jeta quelques regards vers Jenifaël qui semblait avoir choisi la même stratégie.

La jeune Morbise écouta attentivement la Comtesse de Sora. Son cœur se serra à la seule pensée de devoir continuer cette étrange aventure avec des personnes qu’elle n’appréciait guère. Mais cela ne fut que de courte durée.

Une fois que Syp et Orline aient répondu. Elle prit à son tour la parole avec beaucoup de délicatesse :  
« Vous comprendrez que d’autres affaires m’attendent Madame. » elle se leva de table et poursuivit « Une nouvelle fois je vous remercie pour votre bonté et pour votre hospitalité. J’en n’abuserai encore cette nuit si vous me le permettez, puis je partirai le matin venu. »

Face à l’approbation de la Comtesse, la jeune Morbise s’inclina respectueusement et regagna « ses » appartements. Elle ne posa son regard sur personne d’autre que la Comtesse et son serviteur.

Le sommeil la gagna assez rapidement, et comme à son habitude, elle se leva très tôt le lendemain.

Elle posa soigneusement la belle robe prêtée et la caressa un court instant. Floria eut l’impression d’être revenue dans un passé pas si loin que cela, avec toutes ses belles robes et accessoires qui débordaient de sa penderie…Puis son regard se posa sur sa bague.

Un souvenir doux et amer s’empara d’elle.

Eved lui avait fait préparer une tenue plus « passe-partout » : aussi, enfila-t-elle une robe en coton bleue foncée, avec un tablier couleur crème. Floria s’était à nouveau coiffée avec sa tresse de côté.

Elle prit soin de reprendre toute ses affaires, qui furent toutes rangées dans sa sacoche.

Floria pensait ne croiser personne. Cependant, et en sortant de sa chambre, elle tomba nez à nez sur Syp. Son corps n’eut aucune réaction, mais le regard qu’elle lui lança voulait tout dire : bien qu’il se soit expliqué brièvement la veille, il n’avait pas convaincu la jeune femme.

Il lui tendit une lettre cachetée.
*La seule promesse qu’il aura sans doute tenue.*

Elle la prit sans rien dire et s’en alla.

Jenifaël était également en train de préparer sa monture, aidée par Eved.

Alors qu’elle allait à son tour gagner la cour, Floria s’inclina en voyant la Comtesse se diriger vers elle :
« Madame la Comtesse. »


« Avant que vous ne partiez, je souhaiterais vous donner un conseil. » elle vit l’air surpris de la jeune fille et reprit « Bon nombre d’entre nous perdons un jour un être cher, et lorsque cela arrive, nous pensons que rien de pire ne peut nous arriver. » elle marqua une pause, ce fut un air triste qui se lisait sur le visage de la jeune Morbise « Ce que je veux vous dire ma chère, c’est de ne pas laisser le chagrin vous aveugler. »

Sa gorge se noua et sans rien ajouter, elle s’inclina à nouveau :

« Madame. »


La bienveillance de la Comtesse la frappa en plein visage, depuis son arrivée à Minas Tirith, c’était bien la première fois qu’on la traiter ainsi. Elle n’avait pas tort après tout, le monde extérieur était bien dur : un constat qui arriva violemment pour Floria.

Il était temps pour elle de partir. Eved l’aida à atteler Cadichon à la carriole et Aliéna fut attachée à l’arrière. Elle le remercia pour son aide, remercia une dernière fois la Comtesse et partit en même temps que Jenifaël.

Levant la tête vers les fenêtres de la demeure, elle vit Syp et Orline. Elle tourna la tête, laissant les deux amants à leurs tristes sorts.
***

Elles se dirent adieu au détour d’une rue et continuèrent chacune leur journée, comme si de rien n’était.

Après avoir refermé à clé la grande porte menant à la cour, Floria gara la roulotte puis elle mit ses deux montures dans leur abri. Elle leur amena de l’eau, du foin et leur donna à chacun des morceaux de pommes.

Elle ouvrit chaque volet de la maison de sa sœur pour lui donner un air plus chaleureux. Floria n’avait qu’une idée en tête :
chasser cette ombre qui planait dans cette maison, et qui lui faisait penser à ces étranges rencontres.

La maison fut dépoussiérée, lavée, rangée. Comme si rien ne s’était jamais produit.

La nuit tomba. Après avoir tout refermé et s’être assurée que les trois portes d’entrées étaient fermées, la réalité la rattrapa.
Il lui fut de nouveau difficile de rentrer dans la chambre de sa sœur et de chercher des vêtements dans son armoire. Son odeur était encore présente : elle tomba sur première fois à genou en pleure. Floria alla se débarbouiller et changer de vêtements : elle enfila un ensemble noir, pour son deuil, composé d’un pantalon, d’une chemine et d’un corset.

Attisant le feu et à la lueur d’une bougie, Floria lisa toutes les lettres qu’elles s’étaient écrites. Souriant face à certaines anecdotes, pleurant à chaudes larmes pour d’autres. Elle alla dans la cave de sa sœur et s’ouvrit une bouteille de vin. Après avoir bu deux verres, la jeune Morbise alla se coucher. Les braises de la cheminée ne la mettront pas en danger.

Assise sur le lit de sa sœur, elle décacheta la lettre de Syp. Son poing se serra.

Connaissant les astuces de sa sœur, elle cacha avec beaucoup de précaution cette lettre si étrange.

Avant de s’endormir, elle dessina dans son lit, car c’était désormais le sien. Floria avait une excellente mémoire et dessinait lui faisait du bien : elle réussit non sans mal à esquisser les visages de ses « coéquipiers » et de Zehev. Elle finira l’ensemble le lendemain.

Feuilletant son carnet à croquis, elle regarda les portraits de ses parents, de ses frères, de sa sœur et de sa grand maman. Elle tomba alors sur un portait dont elle se serait bien passé de voir : celui de son fiancé.

La simple vue de ce visage lui fit fermer son carnet. Elle souffla sur la dernière bougie et s’endormit aussitôt.

Floria se réveilla une nouvelle fois tôt le matin : une nouvelle journée commençait, celle de sa nouvelle vie…
Sujet: De mal en pis...
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 21 Nov 2023 - 10:13


Combien de temps passa, dans cette cellule morbide ? Elle ne saurait le dire…cela semblait une éternité, et même plus… Son corset s’enfonçait douloureusement dans ses côtes mais elle ne fit pas mine de l’enlever. Il représentait l’illusion d’une protection et même si elle refusait de se l’admettre, elle aurait été bien incapable de s’en défaire dans l’état de ses mains… Elle le garda donc et serra les dents, accueillant la douleur grandissante avec soulagement car cela l’empêchait de penser, de réfléchir à la fin inéluctable. Elle refusa toute pensée pour ses parents, pour son frère. Elle ne voulait pas pleurer. Elle partirait de ce monde la tête haute car c’était bien tout ce qu’il lui restait, sa fierté. Elle apposa sa tête contre le barreau derrière elle, tâcha de prendre de lentes inspirations malgré la gêne occasionné par ses habits. Ils n’étaient pas faits pour rester ainsi, assise sur le sol de pierre pendant des jours. Mais elle était bien incapable de bouger, de se lever. Elle n’en avait plus les forces et s’était résignée donc à attendre ainsi, le froid s’inscrivant de plus en plus jusqu’à l’intérieur de ses os, lui faisant claquer les dents et arracher un nuage de brume de ses lèvres fendues.
Floria et Jenifaël revinrent dans leur cellule. Orline ne put s’empêcher de les contempler pour s’assurer qu’elles n’aient rien. Il semblerait que l’interrogation pour elles n’aient pas eu de châtiment corporel. C’était toujours ça de gagné… La jeune femme se doutait qu’il n’en sera pas de même pour elle… Mais elle survivra. Elle serrera les dents. Elle pleurait si cela pouvait aider à sa cause. Elle s’adapterait. Elle apprendrait… Un léger mouvement lui arracha cependant un grimacement et sa résolution faiblit. Non. Elle ne s’en tirerait pas… Faites que sa sentence soit rapide, et dans la moindre douleur possible… Ses pensées allèrent vers les méthodes d’exécution les plus probables dans son cas et ses yeux de brouillèrent de larmes, qui, cependant, ne roulèrent pas sur ses joues. Elle serra les dents et ferma les yeux. Pris une longue inspiration. Puis une deuxième.

Des bruis de pas l’arrachèrent à son demi-sommeil et elle releva la tête, la nuque endolorie d’avoir somnolé ainsi sans même prendre la peine de s’allonger. Aucun mot n’avait été échangé entre les prisonniers. Leurs langues collaient dans la bouche dû à la déshydratation, et qu’auraient-ils bien à se dire ? Toutes les excuses, tous les pardons ne sauraient être à la hauteur face à une telle situation… Le garde ce coup-ci n’était pas seul. La jeune femme observa le domestique avec une livrée de majordome. De la main ils les désignèrent tous les quatre. Elle ne comprit pas. L’heure était-elle venue ? Elle tâcha de se relever et tituba de vertige. Ses mains accrochèrent les barreaux pour se stabiliser et elle les suivit ensuite sans un mot après s’être fait retirer les fers. Pourquoi les retirer, s’ils allaient mourir ? Cela offrait-il un meilleur spectacle ? Ou bien espéraient-ils qu’ils tenteraient de s’enfuir pour mieux les condamner, tel une preuve ultime de leur culpabilité pour tous les crimes qu’ils pouvaient bien inventer ou justifier ?
Contre toute attente, leur pas les menèrent vers la sortie où la lumière du jour aveugla momentanément Orline, plissant ses yeux bruns. La jeune femme avait du mal à enregistrer les informations autour d’elle, comme vivant cette scène à travers un voile. Elle entendit cependant la mention de l’Arbre Blanc et cela lui arracha un frisson le long de sa colonne vertébrale, telle une malédiction qui lui collait à la peau et dont elle ne pouvait s’en défaire. Qu’on la tue, là, s’il vous plaît… Elle n’avait aucune qualité en tant que recrue. Elle n’avait pas de marché conclu avec la nouvelle hiérarchie de l’Ordre. Elle n’avait rien à y gagner, et tout à perdre.

La présentation de leur déclarée sauveuse finit d’achever Orline. Ses yeux s’écartèrent d’horreur en voyant la Comtesse se précipiter sur Syp pour jauger de ses blessures. Certaines qu’elle-même lui avait infligé et dont le sang séché maculait sa chemise. Elle avait frappé un De Sora. Double sentence. Combien de fois pouvait-on pendre une personne ? Ou bien l’écarteler ? L’ordre avait-il un sens ? Probablement…mais elle ne pouvait réfléchir. Elle faillit s’évanouir, ses jambes tremblèrent sous elle. Il n’avait jamais révélé son nom…encore un secret, encore un mensonge… Elle détourna le visage. Le reste de la conversation passa à la trappe, elle ne pouvait retenir la moindre autre information. Elle suivit en silence la Comtesse et le majordome et tâcha de se faire le plus petit possible sur la banquette arrière du carrosse. Elle accueillit cependant avec reconnaissance l’eau et les fruits secs qui lui furent proposés. Orline était bien la fille de son père, à enchaîner mauvaise décision sur mauvaise décision. Méritait-elle-même le nom Haradiel ? Elle se sentait si…perdue, démunie et sale. Chaque instant semblait changer le cours de sa vie dans des directions contraires et opposées à la fois, la faisant sentir comme un roseau en pleine tempête. Ne pas se briser…ne pas se briser se répéta-t-elle entre ses lèvres comme un encouragement silencieux…
Ils furent déposés devant un manoir d’une splendeur exceptionnelle dans les hauts cercles de la Cité. En tant normal, Orline aurait dévoré du regard et d’envie une telle démonstration de richesses et de puissance mais son cœur, son cœur et son esprit étaient ravagés par les récents évènements. Elle n’avait que rarement côtoyé de tels lieux à travers la Guilde Marchande mais l’influence écrasante de la Compagnie du Sud était inévitable et omniprésente dans toutes les sphères du milieu. Après s’être mis à dos l’Arbre Blanc, elle s’était ajoutée à la liste une des familles les plus prestigieuses et puissantes de la Cité. Bien joué, Orline… tente maintenant de te faire oublier. Si tu survis, abandonne ces terres et refais ta vie loin, toi qui espérais aider ta famille, tu as fini par n’être qu’un poids pour eux. Un échec. Tu n’étais pas ton frère, malgré tes efforts vaillants…

Elle fit une révérence néanmoins honorable pour remercier la générosité de leur hôtesse et baissa le regard sur les tapis luxueux sur le sol de marbre. Elle put reconnaître certains dans le style du Harondor, ses terres natales, et ne put que tirer une maigre consolation par cette vision. Elle se laissa guider par le majordome du nom d’Eved et se retira en silence. Son regard se promena dans sa suite et ne put, une fois de plus, pleinement profiter du faste et du raffinement de ses lieux. Oh comme elle aurait aimé passer ses doigts sur la soie, caresser les sculptures de marbres et gravures du bois de son lit à baldaquin dont les teintures translucides semblaient aussi légères qu’une plume. Déjà, déjà la baignoire à pied l’invitait dans la salle d’eau. Elle se perdit un instant dans la chambre, tournant et retournant pour tout imprimer dans sa mémoire sans sembler réaliser que cela était la réalité, et qu’elle n’était pas en train de rêver, encore assise sur les pierres froides de leur cellule dans les geôles de Minas Tirith.
Le calme tout autour d’elle était apaisant. Pas un bruit. Pas de cliquetis métalliques, de cris étouffés, de gémissements. Elle prenait petit à petit connaissance de ce nouvel environnement…Ses mains, fébriles, s’affairèrent à enlever enfin cette armure de tissus et d’armatures. Ses doigts tremblèrent, maladroites du froid et de l’épuisement physique et psychique d’Orline. Ils eurent toutes les difficultés du monde à dénouer le corsage pour qu’enfin il tombe à ses pieds, lui arrachant un soupir de soulagement. Elle respira en profondeur, les yeux fermés un instant. Elle les rouvrit, décidée à attester d’elle-même des marques laissées par son enfermement. De la main elle défit les nœuds de son chemisier qu’elle écarta d’abord seulement partiellement mais l’étendue des traces se dévoilant sous ses yeux…elle frissonna et finit par la laisser tomber également sur ses hanches, rattachée seulement par ses jupons. Ses doigts tracèrent les lignes bleutées que le corsage avait laissé sur ses côtes d’avoir été trop serré, trop longtemps… Elle remonta ensuite vers ses épaules, le long de ses bras…et finit sur ses poignets et ses mains, de loin les plus abîmés… Sa peau était d’une fragilité…les gardes quand ils l’ont emmené, avaient été sans ménagement…Elle pouvait voir les marques violacées de leurs mains sur elle et cette vision l’écœura. C’était comme si l’horreur, la panique de ce moment-là refirent soudainement surface, lui arrachant des tremblements incontrôlables. Elle fit de son mieux pour s’approcher de la petite commode sur laquelle était disposée une bassine d’eau fraîche et entreprit d’ausculter ses ecchymoses au plus près…


- Orline…

Cette voix, rauque, chaude tel le velours qui désormais le recouvrait. Elle l’aurait reconnu les yeux fermés. Elle tressaillit, prise au dépourvu et recula, remontant fébrilement son chemisier du mieux qu’elle put contre elle en une tentative vaine. Déjà il avait traversé la pièce après avoir refermé la porte derrière lui. Avait-il toqué ? S’était-il présenté à elle ? Elle n’avait rien entendu et déjà sa présence semblait l’envahir de toute part malgré la grandeur de la suite qui lui avait été offerte pour se changer. Elle en avait le souffle coupé et était bien incapable de trouver le moindre mot. Elle était stupéfaite de le voir, présent devant elle malgré tout ce qui s’était passé entre eux, et surtout après ce qu’elle lui avait infligé dans la cellule. Ses mains rugueuses glissaient étrangement sur sa peau nue, dévoilée, vulnérable. Les yeux écarquillés, elle l’observa en silence comme coupée dans un monde à part. Ses yeux détaillèrent l’étendue des bleus qu’elle lui avait asséner. Elle n'avait pas de regret pour ses gestes, pas d’excuse à présenter, son acte justifiable et mû de désespoir. Cependant…cependant cela lui faisait de la peine de voir ses propres marques de violence sur lui. Cette contradiction en soit lui était incompréhensible. Elle l’écoutait donc, ses avant-bras maintenus par ce colosse sans aucune gêne, ignorant son malaise dû à sa nudité partielle. Il ne lui faisait cependant pas mal et avait pris d’extrême précaution pour ne pas toucher ses propres marques…Comment une telle brute d’apparence pouvait-elle démontrer d’une telle douceur ? Elle ne pouvait retenir ses frissons de pudeur et de froid, ou bien était-ce également dû à sa proximité toute intime ? La jeune femme avait la tête légèrement relevée pour le regarder droit dans les yeux.
Le tutoiement soudain la fit sursauter, toujours maintenue face à lui. Si seulement elle pouvait se cacher, se dérober à ce regard, à ses mots qui semblaient la traverser sans l’épargner. Elle ne comprenait pas. Ne pouvait comprendre. Avait-elle frappé trop fort cet homme déjà mal au point avant son intervention ? Il avait été fiévreux dans la calèche, peut être était-ce encore le cas ? Elle tira légèrement sur ses poings et un gémissement de douleur s’échappa de ses lèvres mais…mais Syp n’en avait rien entendu, désormais lové dans le creux de son cou, son souffle chaud caressant sa poitrine nue. Orline se figea, n’osa plus bouger. Ses paroles, murmurés tout contre elle, semblait résonner en elle en une chaleur inconnue…et potentiellement dangereuse. Cela ne se pouvait…il reprendrait bientôt ses esprits et la châtiera d’avoir blessé ainsi un De Sora. Des larmes montèrent à ses yeux à nouveau mais elle les retint, n’osant même plus ne serait-ce que respirer.

Bientôt il lui fit face, son regard transperçant le sien et le temps tout entier semblait s’arrêter, à l’écoute. Des mots, des mots qu’elle ignora, qu’elle ne souhaitait découvrir, furent prononcés. Des mots, auxquels elle n’avait pas le droit. Des mots qui pourraient la mener à sa perte, si cela n’était pas déjà le cas…Elle était épuisée. Elle était perdue. Elle n’arrivait plus à réfléchir, à raisonner. La raison, les réflexions, l’avaient mené jusque-là. Chacune de ses pensées semblaient l’avoir enfoncé plus loin sur le mauvais chemin. Orline ne voulait plus penser. Elle voulait… se reposer. Être. Ressentir. Exister.
Ses lèvres gercées et pourtant d’une tendresse sans pareille se déposèrent sur les siennes. Le battement de son propre cœur était comme un tambour à ses tempes et elle pourrait défaillir là, en cet instant, si Syp ne l’avait pas prise contre lui, velours contre peau nue. Elle ferma les yeux et se fondit dans l’instant. Il n’était plus Syp, plus meurtier, plus criminel, plus menteur. Il était ce regard de ciel d’orage, invitant les plus téméraires à se réfugier à l’intérieur. Il était cette chaleur indescriptible faisant fondre la glace logée dans ses os après des jours dans les geôles. Il était cette présence l’enveloppant toute entière, cette tendresse contre laquelle elle avait envie de se blottir. Leurs lèvres blessées ne semblèrent plus vouloir se quitter. Ils ignoraient l’odeur et le goût du sang métallique les liant. Sa peau semblait bourdonner à son toucher et jamais elle n’aurait pu imaginer une sensation pareille…Mais déjà, déjà après des secondes ayant eut le goût de l’éternel, ses pensées intrusives se joignirent à eux. Elle recula légèrement, pris une grande inspiration, tremblante et ne réalisant aucunement ce qu’il venait de se passer.

Par réflexe, comme pour se convaincre de la réalité et le voyant ainsi devant elle, le feu aux joues et le regard fiévreux, sa main se précipita contre son front recouvert de sueur. Il ne semblait pas avoir de la fièvre et pourtant tous les signes étaient là. Ils s’observèrent un long moment en silence, yeux dans les yeux, cherchant les mots, ne les trouvant pas. La jeune femme se refusa à réfléchir aux implications d’un tel acte, rejeta son désir de le ressentir à nouveau. Elle bafouilla donc, ses mains désormais à plat sur le chemisier propre de l’homme en face d’elle. Cet homme, incompréhensiblement là, après qu’elle l’ai amené aux portes de la mort.


- Je…

Son regard enfin s’arracha du sien, tentant de reprendre ses esprits. Elle déglutit avec difficultés, ses mains légèrement frémissantes. Ses yeux passèrent sur la salle d’eau et un éclair lui traversa l’esprit, la ramena à la réalité comme si elle prenait à nouveau conscience de son environnement. Telle une bénédiction, un deuxième sauvetage cette journée-là, la jeune femme se ressaisit et éclaircit sa voix.

- Je souhaiterai…

Sa main désigna la baignoire dont la fumée odorante se dégageait avec délectation en une invitation irrésistible. La jeune femme se releva désormais et reprit quelque contenance malgré son apparence. Elle évita cependant de recroiser ce regard gris en face d’elle, qu’elle pouvait néanmoins sentir parcourir sa peau silencieusement. Elle reprit, avec un peu plus d’assurance, repoussant avec lenteur l’homme en face d’elle.

- Je vous prie de m’excuser.

Le vouvoiement pour Orline, comme à l’accoutumé. Elle n’avait le cœur à lui dire, là, de suite, que l’usage du « tu » l’avait profondément bouleversé. Les mots avaient du mal à se forger un chemin dan son esprit embrouillé. Elle maîtrisait avec peine ses sensations et remerciait la présence du meuble derrière elle pour la soutenir. Une fois l’homme congédié, la tension dans la pièce s’échappa avec lui. Elle poussa un profond soupir de soulagement et ne perdit pas une minute pour se débarrasser du reste de ses habits et aller s’immerger toute entière dans l’eau encore chaude. Leur échange n’avait duré qu’une poignée de minutes tout au plus… Elle avait encore le temps de se remettre de ses émotions…
Une fois lavée entièrement et frottée à multiples reprises comme pour essayer, en vain, de se débarrasser des ecchymoses, Orline sortit comme à regret de ce bain désormais bien tiède, et enfila la nouvelle robe beige que seul une peau hâlée comme la sienne pouvait faire ressortir. Elle était simple mais élégante et d’une qualité bien supérieure à la normale. Pas de corset, juste un décolleté légèrement mise en avant par un ruban brodé, taille Empire. Ses doigts écorchés passèrent avec douceur sur le travail d’aiguille exquis en fil couleur bronze. Elle l’enfila et la sentit glisser sur elle comme une deuxième peau, un gant de velours sur sa peau abîmé, comme une caresse… Une fois de plus elle se sentit vulnérable, mais elle ne pouvait renier le cadeau immense qu’une telle robe représentait, pour de parfaits inconnus en plus… Elle caressa la chaine retenant son médaillon qui par miracle n’avait pas été enlevé en Prison car bien camouflée sous sa chemise et suffisamment longue et fine pour passer inaperçue.

Orline Haradiel fut la première en bas et put profiter, l’esprit désormais plus calme, de la splendeur de la bâtisse et des intérieurs. Elle se ravissait des produits qu’elle reconnaissait du Harondor, un léger sourire se dessinant sur les lèvres. Elle se dirigea par réflexe vers le feu de cheminée en attendant le début du repas, et observa un instant le jeu des flammes sur sa peau, la réchauffant lentement de l’intérieur. Le dîner ne tarda pas et Orline s’installa auprès de Floria et le plus éloigné possible de la Comtesse Alessa, honteuse d’avoir frappé son neveu dans son ignorance. Elle espérait en plus réunir le courage pour apaiser leur relation, si cela était même possible dans l’état actuel…
Elle ne résista pas, ce soir-là, à un verre de vin rouge de ses terres natales. Elle fit tourner entre ses doigts fins le verre en cristal, en apprécia la couleur de sa robe à la lueur des chandeliers. Le goût, exquis, lui rappelèrent l’époque où sa famille était au sommet de leurs richesses. Elle mangea avec appétit même si elle prenait une attention particulière à ses manières de table, le dos bien droit. Ses mains, elle préférait les cacher sous la nappe quand elle ne s’en servait pas. La vue des marques lui rappela que trop sa condition de prisonnière malgré sa libération conditionnelle. Enfin, après le plat principal et pendant que la Comtesse soit accaparée par son neveu, Orline ne pencha vers sa voisine à sa droite :


- J’ai entendu dire que vous aviez récupérer sain et sauf votre cariole ainsi que votre âne et votre monture. Vous m’en voyez rassurée et ravie.

Elle tenta même un sourire timide. Elle ne tenta pas de formuler d’excuses maladroites, préférant lui faire part de sa sincérité. Elle espérait que la jeune femme qui s’était montré si généreuse envers eux, puisse se remettre de leur mésaventure, et soit épargnée à l’avenir. Elle lui souhaita, silencieusement, le meilleur pour elle. Que l’avenir lui sourît, que son chemin soit une pente douce, que le vent souffle dans son dos. Orline cita dans sa tête une bénédiction de son pays pour attirer les bonnes faveurs à cette jeune femme.
La proposition de la Comtesse résonna dans l’air et créa une tension palpable tout autour de la table. Comme elle l’avait ressenti précédemment, son appartenance à l’Arbre Blanc la suivrait jusqu’à sa mort. Elle avait vendu son âme au diable en pensant sauver sa famille et là voilà donc, entravée toujours, à cette organisation ingrate qui ne lui avait causé que du malheur et ne l’avait pas préparé pour les épreuves qu’elle avait traversé.
Une fois les plats desservis, elle jeta pour la première fois lors de ce dîner un regard vers Syp qu’elle avait du mal à reconnaître désormais mis au propre et dans une tenue des plus élégantes. Comment avait-elle pu ignorer son appartenance au clan des De Sora de la Compagnie du Sud ? Pourquoi s’était-il ne serait qu’embarqué volontairement dans l’Arbre Blanc ? De croiser son regard ainsi à travers la table, lui ramena dans son esprit…Non. Le feu aux joues, elle détourna le sien en premier pour s’adresser à la Comtesse. Elle devrait refuser Syp à l’avenir, s’il revenait…si…s’il n’avait pas repris ses esprits après un bain et un bon repas. Elle chercha ses mots avec soin :


- Madame la Comtesse de Sora…je ne peux que vous remercier pour l’étendue de votre générosité à l’égard de parfaits inconnus.

La jeune Orline avait bien toutes les peines du monde à ignorer le regard insistant de Syp lorsqu’elle s’adressait à sa tante. Elle raffermit donc sa position et éclaircit sa voix.

- Je ne peux que louer vos efforts pour nous obtenir le droit de pardon, si nos services sont à la hauteur des attentes de l’Arbre Blanc…

Ses mains, fébriles, tournèrent silencieusement le pied du verre à vin en cristal, avant d’ajouter, un éclat de tristesse résolu dans son regard :

- Je ne vois pas la possibilité de refuser une telle offre.

Elle déglutit et ignora une fois de plus Syp. A lui de voir. Si loyal et révolutionnaire, il serait capable de finir sa vie aux cachots malgré l’influence écrasante de sa famille. Orline, elle, n’offrirait rien à sa famille avec sa mort. Si elle avait encore une chance de faire ses preuves et les sauver, elle se devait de la saisir… Elle espérait seulement sincèrement que Jenifaël et Floria puissent s’en tirer sans aucune séquelle. Elles avaient leurs vies devant elle…
Sujet: De mal en pis...
Sighild Baldrick

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 20 Nov 2023 - 21:26
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*** Dans sa chambre ***


*Floria Morbise, avant d’aider et de soigner des inconnus, il aurait fallu s’assurer qu’ils ne s’agissent pas d’ennemis à la Couronne. Inconsciemment ou non, vous vous êtes associée à ces malfaiteurs et cela risque de vous coûter très cher…*

La jeune Morbise ne se remettait pas de ce retournement de situation. Elle avait encore en tête les paroles de ce capitaine et son visage colérique lorsque la tante de Syp était intervenue en leur faveur.

Floria avait fixé du regard le capitaine, tout aussi surprise que lui, à la différence qu’elle ressentait un grand soulagement lorsqu’elle comprit le rôle de cette noble dame. Syp n’était donc pas un simple paysan, il était de bonne naissance. A ses yeux, cela ne changeait pas son opinion sur lui, c’était à sa tante qu’elle se devait d’être reconnaissante.

Elle était donc passée de prisonnière à invitée dans une belle demeure Gondorienne. Elle avait laissé sur le sol de « sa » salle d’eau ses vêtements en lambeaux, prit un terrible plaisir à savourer un bain bien chaud, à se laver le corps et les cheveux en utilisant les lotions misent à cet effet.

C’est en peignant ses cheveux qu’elle repensa à Zehev, à son attitude, à ses mots... Il lui avait glacé le sang…Mais elle sourit, ravie d’être loin de cet homme et d’être libérée de ses chaînes.  

Elle enfila non sans mal la robe posée sur son lit : une robe d’une douleur pourpre, avec quelques dorures sur le col, la ceinture et les manches. Floria laissa ses cheveux détachés. Elle sentait le propre et le parfum, cela la ravit.

Ses affaires lui avaient été restituées, aussi, reprit-elle la bague offerte par sa sœur. Elle la garda un instant devant elle, et eut une pensée pour sa défunte sœur. Le reste de ses affaires était intact, à l’exception de sa bourse qui était désormais vide.
*Je me demande si ce capitaine cautionne le fait que ses propres hommes soient des voleurs. Heureusement que ma bague n’est pas tombée entre leurs mains…un vrai miracle...*


En se contempla une seconde fois dans le miroir de sa coiffeuse, Floria eut un sourire et un regard déterminé : elle avait retrouvé des forces, elle se sentait elle-même. Une vraie beauté Gondorienne.

Une heure s’était écoulée depuis qu’elle avait gagné « ses » appartements. Elle ne souhaitait pas aller à la rencontre de ces personnes qu’elle avait aidé...alors elle décida d’explorer les lieux.

La jeune Morbise fut fascinée par la beauté des lieux et fut rapidement attirée par les œuvres d’art. Les tableaux étaient magnifiques, les vitraux la fascinèrent énormément. Bien qu’elle fût de noble lignée, elle n’avait jamais vu autant de belles choses à un même endroit.


« Vous avez raison d’être admirative Mademoiselle, certaines œuvres ont plusieurs centaines d’années. »


Floria fut tellement concentrée sur ce qu’elle contemplait qu’elle n’avait pas vu Eved se diriger vers elle. Elle sursauta. Il s’excusa :
« Cela n’est pas de votre faute Monsieur, j’étais trop admirative face à temps de beauté. Et ces techniques utilisées sont si impressionnantes, ce sont des choses qui me sont inconnues pour la plupart. Il suffit de constater la manière dont les couleurs sont utilisées pour faire les ombres, pour décrire une émotion, un fait…Pour l’heure, je ne sais que dessiner…j’espère un jour devenir aussi talentueuse que ces maîtres. » elle se reprit « Pardonnez-moi Monsieur, je ne cesse de m’enthousiasmer quand il s’agit d’art. Je tenais justement à vous poser une question : j’ai vu que mes affaires étaient dans ma chambre. Lorsque nous…lorsque les soldats sont intervenus, j’avais avec un moi une jum… »

« Une jument, un âne et une roulotte c’est bien cela ? » dit Eved « Ils se trouvent dans l’écurie, je vais vous y conduire ».

La jeune Morbise fut heureuse d’apprendre qu’Aliéna, Cadichon et que les deux fourchettes furent hors de danger.
*** Les écuries ***


Les deux montures étaient en parfait état. Floria pleura à chaude larmes en les gardant chacun leur tour contre elle. Cadichon était finalement ce qui la rattachait encore à Judia, et Aliéna était sa fidèle jument.

D’un pas délicat, elle monta dans la roulotte des Deux Fourchettes. Le constat était sans appel : il faudrait remettre de l’ordre dedans, poncer voire complétement changer les lattes de bois encore tâchées du sang de Syp. Les banquettes devront également être changées. Le garde mangé fut quant à lui totalement vidé…C’était sans doute le prix à payer pour cette liberté après tout.
« Judia…ô ma chère Judia. Je te promets de respecter tes dernières volontés, ta mémoire sera conservée. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour t’honorer. » chuchota-t-elle.

Elle prit un couteau dans l’un des tiroirs et se coupa une mèche de ses cheveux. Retournant dans la cour, et plaçant cette mèche dans la paume de sa main, elle la regarda s’envoler.
*Tu seras pour toujours dans mon cœur ma chère Grande Sœur.*

En se retournant pour rentrer, elle tomba nez à nez avec Syp. Floria eut un mouvement de recul. Il était évident que Syp venait à sa rencontre, mais le voulait-elle vraiment ? Et comment devait-elle se comporter avec lui désormais ?

Syp caressa Cadichon et entama une conversation des plus banales : il était tout aussi heureux que Floria de voir les deux montures en ces lieux. Elle ne tourna pas autour du pot de son côté :
« Il aurait été en effet difficile pour moi de les savoir morts. Je dois rentrer, le vent se lève et je commence à avoir froid. »


C’était bien entendu faux mais elle ne voulait pas rester plus longtemps. Cependant, elle fut retenue avec délicatesse par Syp. Il insista en la tenant un peu plus fermement et l’intima à rester :
« Il est trop tard pour m’en dire davantage Monsieur. Vous vous êtes servi de moi, dans l’unique but de vous sauver vous-même. Vous vous prétendiez ami de ma défunte sœur, je ne suis pas certaine que vous l’ayez vraiment aimé comme une amie. » elle reprit « Sans l’intervention de votre tante…je n’ose imaginer mon sort. »

Il la lâcha alors et entreprit un long monologue, qui la troubla. Il lui parla bien entendu de sa sœur, de son courage, de ses propres erreurs…La cloche annonçant le repas sonna alors.

Les deux protagonistes étaient alors en face à face. Touchés l’un et l’autre par leur dire respectif.
**** A table ****


Ils arrivèrent ensemble dans la salle du repas. Floria s’inclina respectueusement envers Alessa :
« Madame la Comtesse, veuillez recevoir mes plus sincères remerciements. Je vous serai éternellement reconnaissante pour votre aide. »


La Comtesse l’invita à s’assoir à ses côtés, Syp était en face de Floria. Jennifaël arriva, suivit de près d’Orline qui s’était à son tour assise à côté de Floria.

Un bon et vrai repas les attendaient, et c’est tout en dégustant ce repas qu’ils allèrent de découverte en découverte…
Sujet: Le travail du matin vaut de l'or
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Le Palais   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le travail du matin vaut de l'or    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 10 Nov 2023 - 22:20
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#PNJ #Dalia de Ronce


Dalia de Ronce n’avait pas encore fini sa tasse de thé aux agrumes lorsque le nouveau Trésorier les rejoignit. Elle le salua en un mouvement de buste maîtrisé afin de marquer leurs différents rangs et lui adressa un sourire poli, se présentant auprès de lui car elle n’avait pas souvenir avoir été en sa présence auparavant hormis lors du Conseil lorsque son nom avait été mentionné comme prétendant au rôle du nouveau Trésorier de Minas Tirith. Il se joignit à eux et la dame reprit une tasse fumante pour agrémenter leur conversation civile sans entrer dans le moindre sujet de conséquence. Ce jeune homme avait l’air de bonne éducation et Dalia ne put que lui souhaiter tout le meilleur dans sa tâche qui s’annonçait des plus ardues suites aux décisions prises lors du Conseil de prodiguer au Rohan et au Harondor leur aide. Les derniers évènements à la Cité Blanche avaient vidé leurs coffres et la convalescence aussi bien humaine qu’économique prendrait du temps. Du temps que le Trésorier n’avait pas.

Dalia de Ronce était en pleine énonciation des vertus médicinales avec Alatar des plantes observées au plus tôt dans la Cour Intérieure au plus grand drame d’Evart lorsqu’ils furent interrompus de la manière la plus brutale et inconsidérée qu’il soit par le nouveau Général et de sa voix tonitruante traversant la plus épaisse des portes en bois. La Dame de Ronce, une main sur la poitrine, en posa sa tasse de porcelaine sur la table basse pour prêter plus attention au nouvel arrivant. Elle se leva et s’inclina plus profondément, déviant son regard sur le sol de marbre. De sa collaboration avec ce Roi dépendait le bien être du peuple de la Cité et Dalia déjà prenait conscience de la tâche ardue qui s’imposait à elle avec ce personnage de grande envergure. Arriverait-elle seulement à faire peser sa voix, son autorité auprès de cette audience purement masculine ? Sa volonté se raffermit. Oui. Elle n’avait guère le choix, elle le devait car tel était ce qui était attendu d’elle. Elle le jaugea donc de son regard d’ancienne Grande Guérisseuse de Minas Tirith. Elle n’avait pas demandé expressément à devenir Intendante. Elle avait l’entière confiance de la Couronne.

Après les salutations d’usage ils prirent tous les trois places auprès d’Alatar. Dalia se resservit du thé dont elle posa la tasse sur la couverture de son carnet de notes. Sans même attendre un consentement et étant la seule dame en présentiel, elle se permit de prendre les devants :


- Je souhaiterai tout d’abord prendre connaissance des différents rapports établis par mon prédécesseur, une fois que la date de passation des rangs ait été établie. Maintenant, la priorité est de finir l’éradication des foyers infectieux dans la Cité afin d’ouvrir à nouveau les échanges commerciaux avec nos voisins. Il est de notre devoir, avec votre soutien le Secrétaire des Dangers Sanitaires, d’évaluer l’étendue de la crise que nous avons subite afin d’en tirer des actions préventives nécessaires. De plus, nous devons finaliser l’enquête sur les émeutes ayant eu lieu et de conclure les différents dossiers juridiques concernés. Si vous me le permettez…


Dalia de Ronce posa son thé sur la table à nouveau et trempa sa plume dans l’encrier portatif qu’elle avait apporté. Elle ouvra son carnet de note et hocha la tête, notifiant à ses associés qu’elle était à leur écoute pour leurs priorités en tant que représentants de leur département respectif.
Sujet: De mal en pis...
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 23 Oct 2023 - 13:22



Un bruit tonitruant arracha Orline à ses songes à demi éveillée. Elle sursauta et en renversa l’encrier sur des pages heureusement vierges. Par réflexe, la jeune femme releva le contenant prestement et jeta des buvards sur la tâche pour éviter le pire. Mais le mal était fait et bientôt, le bruit se fit à nouveau entendre, à en faire trembler les parois fines du hangar. Tout était perdu. La panique s’empara de chaque fibre de son être et son regard chercha un instant en vain une issue de secours, une sortie, qu’importe. Se rendant à l’évidence rapidement, elle passa sa main sur sa lame dissimulée sous son jupon et fit de son mieux pour réunir ses esprits.
Un dernier coup d’œil sur sa vie qu’elle laissait derrière elle pour une mort certaine, elle inspira un grand coup et alla retrouver le reste de ses ‘compagnons’ d’infortune alors même que le bélier finissait son œuvre d’ouvrir les portes maintenant ballantes du hangar familiale. Orline tâcha de faire bonne mesure et releva le menton, prête à braver son destin mais quiconque un tant soit-il perceptif, pouvait percevoir la peur qui maintenant obscurcissait son regard, et le léger tremblement de ses mains, la pulsation de son cœur battant.

La jeune femme observa ce qui semblait être le meneur d’homme. Brun, assez petit et frêle, il avait cependant des airs de conquérant. La sentence qu’il débita la fit frémir d’horreur. Elle resta cependant immobile, ayant parfaitement conscience qu’elle n’avait nulle part où fuir…Cependant l’habitude la rendait plus…observatrice et elle fit son possible pour noter le moindre indice, la moindre faille pouvant être utilisée à l’avenir… Des hommes prétentieux elle en avait connu, et il était toujours facile de jouer sur leur vanité…Orline essaya de se raccrocher à cette idée comme à une bouée de sauvetage malgré son désespoir qui lui brouillait l’esprit.
La jeune femme tâcha de son mieux d’accrocher le regard de l’agent de l’Arbre, d’en percer les secrets. Lentement, avec réticence, elle releva les mains par-dessus sa tête, ses manches glissant le long de ses bras nus. Elle ne quitta des yeux ce dénommé Zehef et se mit doucement à genoux, bravant le contact froid des fers sur ses poignets. Elle ne put cependant cacher le frisson qui la parcourut.

La révélation qui s’ensuivit lui fit perdre pieds et il était probablement préférable qu’elle soit déjà à genoux sur le sol froid du hangar… Ses pires craintes, ses doutes, cette vérité qu’elle n’osait s’avouait à elle-même depuis le précédent soir… s’étaient révélés justes. Tous ses efforts, ses sacrifices pour sauver sa famille ont été vains. Les menottes de fer cliquetèrent contre ses poignets fins et la nausée lui monta dans la gorge. Le Directeur était mort, et elle n’aurait aucun salut. Des tremblements la secouèrent, claquant ses dents et la respiration saccadée. Elle sentit Syp se débattre non loin pour attirer son attention mais Orline baissa le regard et le garda fixé sur le sol, vaincue.
Elle ne réagit pas lorsque le garde tira brutalement sur ses menottes et la remit de force sur pieds et ne dit un mot lorsqu’elle fut jetée à l’arrière d’un véhicule en direction de la prison. Elle ne releva même pas la tête pour constater les dommages causés au hangar, ne dit au revoir au lieu qui avait été son refuge, sa passion, son avenir rêvé…Le silence s’abattit entre les occupants, tous prenant conscience lentement de la réalité.

Un dernier éclat de luminosité fit plisser ses yeux, et l’obscurité les engloutit…elle était arrivée dans son dernier lieu de vie, la dernière étape. Son regard glissa sur les pierres humides et grises des murs, une sensation irréelle l’envahit. Elle sentait le souffle du garde contre le creux de sa nuque, le claquement métallique des armures et des menottes entrecoupés des propositions houleuses faites aux femmes de leur compagnie. Elle serra les dents mais ne dit mot, son regard toujours soigneusement éloigné de l’homme ayant causé la perte de sa famille, le sang glacé dans ses veines.
La fouille cependant réveilla ses instincts les plus primaires et la terreur s’empara soudain d’elle. Non. Non. M’approchez pas !
Sans dire un mot, elle se débattit néanmoins, ses menottes s’enfonçant dans ses poignets et lui arrachant un hoquet de douleur. Il n’y avait pas de garde femme, et les hommes étaient loin de faire preuve de manières à leur égard. Lorsque le soldat s’occupant d’elle sentit sa lame, il passa sa main sans ménagement sous ses jupons pour l’en défaire. Ce contact la répulsa jusqu’au plus profond de son être. Elle recula et se servit du garde la tenant dans son dos comme appui pour se cambrer et propulser sa jambe de toute ses forces contre le garde en face, le faisant tomber à moitié sur ses camarades. Elle se débattit farouchement, prête à morde si elle le devait. Elle n’avait cependant aucune chance contre deux. Elle fut dépouillée de sa lame et le garde, fortement remonté par cette bravade, lui asséna un coup qui lui fit monter instantanément le goût du sang dans la bouche, sa vision brouillée de noir, le souffle coupé. Elle s’effondra dans les bras du garde dans son dos et ne posa plus de difficultés sur le chemin, les pieds trainant mollement sur les pierres.

Il lui fallut une bonne dizaine de minutes pour revenir à elle avec une douleur lancinante sur sa joue et sa tête. Elle remonta une main vers son visage pour en palper les dégâts et tressaillit de douleur. La jeune femme était collée contre les barreaux de la cellule et ne comptait pas bouger en vue des étourdissements qui l’envahissaient. Tout cela pour rien… Elle aurait volontiers fondu en larmes mais n’avait que sa fierté à laquelle s’accrocher. Elle serra donc les dents et fut reconnaissante de la douleur qui lui changeait les idées de la trahison de Syp. Il devait le savoir depuis le début et lui avait consciemment caché la vérité pour attirer ses faveurs. Qu’il se les garde. Orline tâtonna avec précaution sa joue enflée, tachant d’en déterminer les contours. Elle se mura dans le silence et ignora les commentaires des prisonniers des autres cellules oh combien contents de voir de nouvelles arrivées et bien jolies en plus.
Combien de temps passa dans cette cellule morbide, froide, humide à l’odeur des plus infect ? Elle ne sut le dire, mais son ventre indiquait au moins plusieurs jours. Elle fut désolée pour Jenifaël et Floria mais ne put trouver des mots de réconforts à leur apporter, elle n’en avait pas pour elle-même. Des pas se firent entendre, la serrure rouillée grinça sinistrement et l’homme à l’apparence de bourreau emporta avec lui les deux jeunes femmes qu’elle connaissait si peu, la laissant seule avec Syp…

Son regard était obstinément tourné vers l’extérieur de leur cellule et les torches éclairant faiblement le couloir sombre. Elle compta le nombre de barreaux dans sa tête pour tromper son ennui, puis le nombre de torches visibles de son côté. Elle mémorisa les visages des prisonniers qu’elle pouvait distinguer dans la pénombre et inventa les raisons derrière leur sentence. Combien d’entre eux arriveraient à revoir la lumière du jour ? Peu. Probablement aucun en ces temps perturbés par les émeutes. Les juges avaient bien mieux à faire pour occuper leurs temps que de trier les plus innocents des mauvais du lot. Elle ne se faisait peu d’illusions sur son propre sort…
Orline avait presque réussi à retrouver une paix intérieure, qu’elle entendit Syp essayer de lui parler. Pour se défendre ? Ou bien faire la conversation ? Qu’importe. La fureur qu’Orline pensait dompée s’éveilla à nouveau dans une force inimaginable qui lui était totalement étrangère.

Elle se rua sur l’homme, faisant claqueter ses menottes, le regard de braise s’inscrivant dans celui étonné de Syp qui ne s’attendait probablement pas à une telle furie. Sans même attendre ni chercher à comprendre ses propos, la jeune femme lui asséna coups de poings sur coups. Elle fut sourde à la douleur qui lui envahissait les poignets, les doigts s’écorchant au contact, la chemise de l’homme se tâchant de sang, probablement un mélange de ses blessures rouvertes mais aussi de ses propres blessures. Les larmes enfin montèrent dans ses yeux et lui bloquèrent la respiration. Elle ne lâcha rien cependant, enjambant le traître autour de ses hanches, aveugle à leurs blessures. Elle continuait de frapper sans relâche, sous les encouragements des autres prisonniers non contents d’avoir un peu d’animation dans ce trou à rats.
Elle hoqueta et continua, la respiration désormais sifflante et la vue brouillée :


- Tu as condamné ma famille ! Mon sacrifice n’a servi à rien !


Elle ralentit enfin, son énergie affaiblie par des jours de déprivation et d’insomnie. Ils étaient au sol de la cellule, Orline entourant Syp de ses jambes, les mains recouvertes de sang accrochant son chemisier désormais trempé. Elle ne pouvait distinguer l’expression de son visage dans la pénombre et n’en avait que faire. Elle évitait toujours son regard et préférait fixer le sien sur son col et ses mains déchiquetées par les coups répétés. Elle respirait avec difficulté, et ne put que chuchoter comme pour elle-même.

- Ne me parle pas. Ne me regarde pas. Ne me TOUCHE pas.

Elle le repoussa avec violence du plat de ses mains et se releva avec toute la dignité dont elle en était capable. Elle reprit place contre les barreaux de la cellule et entendit des sifflements appréciateurs des observateurs. Elle les ignora et remonta ses jambes contre elle du mieux qu’elle put, pour apposer sur ses genoux ses mains. Des goutes de sang perlaient de ses ongles brisés, dégoulinant goûte à goûte sur ses jupons. Elle avait mal. Mais elle préférait cent fois la douleur physique au désespoir qui l’avait envahi…
Sujet: Le travail du matin vaut de l'or
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Le Palais   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le travail du matin vaut de l'or    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 4 Oct 2023 - 19:25
Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! Dalia-de-ronce
#PNJ #Dalia de Ronce

Ses talons claquaient sur le marbre des couloirs désertés à cette heure si matinale mais comme à son habitude, elle avait des endroits à être, des affaires à régler, des personnes avec lesquelles s’entretenir.
La silhouette féminine avait une allure fière et confiante et marchait sur un rythme soutenu, le menton relevé. Dalia de Ronce n’était pas étrangère de la Cité bien que ses précédentes visites à un tel étage étaient rarissimes. Il faudrait bien s’habituer désormais à naviguer dans ce lieu si discret et hautement gardé, de préférence sans perdre son temps à confirmer son chemin aux soldats en position.
Elle fit de son mieux pour faire une carte mentale des différents couloirs qu’elle empruntait même si leurs similarités rendaient la tâche ardue. Elle se servait donc de la Cour Intérieure comme point de repère, en inventoriant les différentes plantes qu’elle pouvait reconnaître au passage.
Elle ne prit cependant pas le temps de s’arrêter, elle serait capable d’y passer des heures à les étudier et à en oublier la réunion de plus haute importance à laquelle elle avait été conviée. Arriver en retard dès le premier jour serait du plus mal effet…

Elle n’avait à ce jour pas reçu d’instructions ni de date précise sur le début de sa prise de fonction. Elle espérait donc qu’elle obtiendrait ces informations dans la matinée et il lui tardait de se mettre au travail. Les doigts pianotant la couverture en cuir de son carnet de notes, elle se concentra sur sa respiration pour regagner son calme et la clarté de son esprit.
Il lui faudrait être au meilleur de sa forme pour rendre service à la Couronne et à son peuple. Il était temps de reprendre les choses en main, même si elle ne doutait pas de la complexité d’un tel objectif.
Elle reconnut enfin l’endroit qu’elle cherchait et s’arrêta un bref instant au palier, saluant d’un mouvement de tête les gardes. Enfin, elle leva sa main et d’un geste sûr, s’annonça.

Un sourire apparut à ses lèvres lorsqu’elle reconnu Alatar et elle entra, satisfaite de constater qu’elle était la première arrivée. Son regard balaya rapidement la pièce qui deviendra sous peu l’annexe de son Bureau.
Dalia de Ronce avait encore un peu de mal à réaliser les étonnantes décisions ayant été votées au Conseil du Sceptre mais elle avait la force et la conviction de remplir au mieux de ses capacités le poste d’Intendante qui lui a été si généreusement attribué.

- Bonjour mon cher ami. Vous savez bien que je ne puis jamais refuser une tasse de thé.

Elle aida Alatar à servir et ils allèrent ensemble s’asseoir dans un coin de la pièce.

- Je vous prie d’accepter mes félicitations pour votre promotion au rôle de Secrétaire des Dangers Sanitaires. Minas Tirith est entre de bonnes mains avec vous.


Dalia souffla légèrement sur le breuvage fumant et en inspira longuement les effluves de théier et d’agrumes.
Avec précaution et à la suite de son ami de longue date, elle en but une gorgée et laissa le thé réchauffer sa gorge légèrement nouée, dans l’attente.
Sujet: De mal en pis...
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 18 Juin 2023 - 13:33

Orline se resservit une énième tasse de thé, eut une hésitation, et y ajouta à nouveau de la liqueur. La chaleur envahissait peu à peu sa gorge, sa poitrine et bientôt le reste de son corps. Une légère brume se déposa sur ses pensées, anesthésia ses craintes. C’est ce moment que Syp décida d’anéantir le petit réconfort qu’elle avait réussi à retrouver dans ce lieu familier et rassurant :

- Laissez la pauvre Orline tranquille, j’ai les réponses qu’elle n’a pas. […] Quant à notre mission, je ne puis encore vous la dire, mais nous étions commandés par la raclure qu’est Lord Rhydon et ce salaud de Cartogan, ils nous ont menés tout droit à notre mort dans une mission suicide, ils ont tué votre sœur, il nous méprisait et nous ont envoyé au casse-pipe...

A partir de cela, son esprit se vida d’un coup et la jeune femme devint livide. Elle fixait l’homme avec effroi, incertaine de ce qui était le plus choquant entre le vocabulaire employé ou le contenu d’une telle déclamation. Elle voulut s’insurger, aller à la défense du Directeur Rhydon, celui qui l’avait recruté et qu’elle espérait sincèrement qu’il lui viendrait en aide…Mais que savait-elle de cet homme vraiment ? Elle avait appris à lui faire confiance mais avait également bien conscience que derrière ces élégances et son charisme se cachaient bien des choses et des menaces plus inquiétantes encore car silencieuses…comme tout homme de sa stature avec une telle autorité. La jeune femme avait appris cependant à le respecter et l’avait considéré comme un allié pour l’aider dans sa situation familiale…particulière. Qu’était-il devenu ?
La jeune femme eut l’impression de tomber dans le vide et c’était une chance qu’elle soit déjà assise par terre sur les coussins moelleux, les mains devenues tremblantes autour de sa tasse de thé. Elle n’arrivait pas à reprendre ses esprits, à se maîtriser. Syp lui cachait des choses et elle craignait leurs étendues et implications pour son futur, sa survie. Elle avait été recrue de l’Arbre Blanc et était pourtant aussi naïve et ignorante qu’un nourrisson. Aussi faible et impuissant qu’un nouveau-né, jetée au milieu d’une fosse à fauves sans armes. Elle pensait en posséder et réalisa avec choc qu’elle ne savait rien, qu’elle se ferait manger, et que personne ne viendrait la sauver. Echec…et mat.

Elle fut quelque peu secouée quand Jenifaël vint à elle à son tour pour lui demander de lui expliquer la situation. Que pouvait-elle bien lui répondre ? Elle se releva de son mieux, comme sonnée par les révélations de Syp, et suivit docilement la guérisseuse à l’écart. Elle commençait à réunir ses esprits et chercha un instant ses mots, mais dès qu’elle ouvrit la bouche, voilà que Syp débarqua à nouveau et prit le bras de la jeune femme avant de s’éloigner ensemble pour s’isoler dans le bureau de leur ancien responsable logistique qui était devenu le sien. Sa main à moitié relevée et les lèvres encore entrouvertes, Orline resta un instant là, debout seule dans le hangar, le regard plongé dans le vide. Après ce qu’il avait révélé à Floria, pourquoi s’isoler avec Jenifaël ? Que pouvait-il donc bien révéler de plus ?
La jeune femme se mit à trembler mais non de froid, et revint vers le petit salon en titubant légèrement, pour se resservir une tasse de thé relevé une fois de plus par de la liqueur qui commençait à bien descendre. Cependant elle ne parvint pas cette fois ci à dissiper ses craintes et le stress, mêlé à la fatigue, influençaient la jeune femme au poids de plume beaucoup plus rapidement qu’elle ne l’aurait voulu.

Floria, qui était restée jusque-là assise à la table basse, se releva avec colère et s’enferma dans sa roulotte dont elle claqua la porte. Orline eut un sursaut et une pointe de culpabilité lui perça le cœur. Son regard se porta longuement sur la porte de bois peinte, indécise si elle devait se relever pour aller toquer. Mais pour quoi dire de plus ?
La jeune femme soupira, peinée de causer tant de troubles envers cette femme qui les avait courageusement accueilli chez sa sœur décédée et aidé à les transporter jusqu’aux hangars. Comment assurer sa sécurité, lorsque la leur était si précaire ? Ses yeux tombèrent sur ses propres mains tremblantes et se noya dans le liquide brun de sa tasse. Et le temps passa ainsi en silence…le calme avant la tempête ?

**

La jeune femme souleva une fois de plus la théière et poussa un soupir marqué de déception lorsque celle-ci la trouva vide. Son regard alla vers la bouteille de liqueur, vide aussi. Elle haussa les épaules et hoqueta légèrement, sa tête embrumée mais une douce chaleur l’envahissant entièrement comme des bras d’homme réconfortant. Elle ne vit même pas Syp arriver dans la pièce, occupée à grignoter pour faire passer l’étourdissement. Elle sursauta du coup légèrement lorsqu’elle sentit une présence la rejoindre sur les coussins au sol, juste à côté d’elle. Une odeur forte d’herbes médicinales et de fumée vint envahir ses narines, et elle se retourna pour y découvrir l’homme, son ‘compagnon’ d’infortune. Cet homme mystérieux qui lui cachait bien des choses, et avait probablement mis en péril ses maigres chances de s’en tirer, elle et sa famille. Les effets du spiritueux étaient encore bien présents, mais au moins le tournis et la nausée passagère s’étaient dissipés et Orline prêta grande attention à ses propos, prenant avec gratitude la tasse dans ses mains dont elle huma avec délectation les épices de l’Est.
Elle nota sur les pommettes de Syp une teinte rosée légère et se demanda si la fièvre n’était pas descendue, pencha la tête sur le côté en le fixant de ses yeux caramel. Il retira ensuite sa cape et son écharpes – celles d’Orline – et les déposa sur la banquette derrière eux. Elle observa silencieusement les bandages dépassant de son col qu’elle imagina s’étendre sur son torse musclé. Elle secoua la tête pour en chasser les images encore vives dans son esprit et tâcha de se concentrer sur ses propos, sur sa voix caverneuse et hésitante. Il partait. Il…partait. Des sentiments contradictoires l’envahissaient. Mais il était bien le dernier des recrues survivant avec elle, et bien que leur relation soit indéfinissable, cette expérience les relierait à jamais.

C’était probablement la fatigue, la tristesse, l’angoisse, ou encore l’alcool mais Orline se mit à parler dans un flot interrompu uniquement par des hoquets dus à ce nœud dans la gorge qu’elle n’arrivait pas tout à fait à s’en défaire et des larmes ne tardèrent pas à s’en mêler, rendant son élocution encore plus incertaine et approximative. Syp avait beau avoir des blessures bien plus graves, il l’écouta sans l’interrompre et la couva d’un regard qu’Orline ne sut interpréter. Lorsqu’elle parla de son escalade, il lui prit avec douceur ses mains dans les siennes et la jeune femme sentit une chaleur extrême envahir ses doigts, ses paumes, et remonter le long de ses bras. Elle baissa les yeux un instant et observa leurs mains entremêlées, les siennes si petites dans celles recouvertes de coupures et brûlures du grand guerrier. Il ne la jugeait pas pour cela.
Elle s’en voulait de dévoiler tout cela, et encore plus de l’aspect trivial de toutes ces inquiétudes qui au final n’avaient plus aucune importance car elle ne s’en tirerait pas de cette situation, elle en était maintenue convaincue. Elle pleura donc sur ce futur qu’elle ne connaitra pas, sur ses parents qui auront honte d’avoir pour fille une criminelle recherchée, pour son père qui devra faire face seul désormais…Elle pleurait pour son frère perdu qu’elle ne reverrait jamais.
Son nez vint trouver le creux du cou de Syp et la chaleur de sa peau contre son nez et les palpitations du cœur du jeune homme qu’elle sentait lui apportèrent un bien être qui arriva enfin à calmer ses sanglots. Elle vint s’y réfugier les yeux fermés, instinctivement, et se roula en boule contre ce ‘compagnon’ qui, malgré tous les obstacles qui lui avaient ajoutés sur sa route, lui avait également apporté du réconfort. Sa respiration se calma et s’apaisa, et le monde autour d’elle devint plus obscur, plus chaleureux. Elle s’assoupit.

**

Elle se remémora des jours plus simples et bien plus heureux dans un pays aux couleurs chaleureuses et l’air était rempli de rires d’enfants espiègles, perturbés seulement par le son paisible de fontaines de marbres qui leur apportait un rafraîchissement plus que bienvenu en ces journées d’été interminables.
Une fille courrait dans les champs, les mains relevant les bas de sa longue robe de lin pour ne pas tomber. Elle rejoignit bientôt un arbre dont l’ombre tombait doucement sur une silhouette allongée. Elle ralentit alors et calma sa respiration, se faufilant le plus discrètement possible derrière le tronc pour observer l’homme étendu. Il avait les yeux fermés, un livre ouvert étendu sur son torse, un léger sourire aux lèvres. La fillette se rapprocha donc lentement en peinant à retenir ses gloussements avec ses petites mains. Jugeant être suffisamment proche, elle sauta sur sa cible avec un cri féroce

- Attrapé Hannib !

Mais il n’en était rien. Le jeune homme faisait semblant d’être assoupi et attrapa vivement sa jeune sœur avant qu’elle ne vienne s’étaler sur lui, lui arrachant des cris stridents dans un même mouvement. Il se releva, tenant toujours la jeune Orline dans ses mains et la fit sauter en l’air à quelques reprises, transformant ses cris en rires francs. Après s’être épuisés un moment à courir l’un après l’autre, le frère et la sœur s’étendirent à nouveau au pied de leur arbre favori, la fillette roulée en boule dans les bras de son frère adoré. Sa main venait caresser le début de barbe de ce dernier en le chatouillant. Il était pour elle le plus bel homme qu’elle n’ait jamais connu, le plus gentil, le plus savant. Il ne lui refusait jamais rien.
La fillette ne tarda pas à s’endormir ainsi, bercée par le son du vent dans les branches et rassurée par la présence protectrice de son ainé

- Reste…ne pars pas…

Des sanglots montèrent dans sa gorge et elle hoqueta, sa petite main agrippant vainement sa chemise.

**

Orline se releva soudainement dans le lit, les joues mouillés de larmes et la respiration courte. Elle prit un moment pour réunir ses esprits, incertaine d’où elle était. Sa main se plaqua contre son corset desserré et elle prit de profondes inspirations pour chasser son trouble. Il était encore bien sombre dehors et peu à peu les souvenirs remontèrent à la surface. Les hangars, l’Arbre Blanc…
La jeune femme avait bien conscience qu’il lui serait dorénavant impossible de retrouver le sommeil, elle se leva donc pour aller se rafraîchir dans la petite salle d’eau adjacente au bureau. Elle aperçut Syp couché sur la banquette, et Jenifaël non loin sur la deuxième couche. Elle passa devant eux en essayant de faire le moindre bruit possible, sur la pointe des pieds. Elle prit seulement au passage une tasse de ce thé d’Orient, et une tenue dans une malle disposée au coin de la pièce. Une fois dans la salle d’eaux, elle se dévêtit et jeta sur son visage de l’eau glaciale qui eut pour mérite de dissiper le reste de son cauchemar et de tout à fait la réveiller. Elle massa un instant son cuir chevelu ainsi que sa nuque endolorie pour chasser les tensions qui demeurèrent tout de même présentes et le resteront probablement en vue de la situation. Orline tressa souplement ses cheveux et enfila une robe simple aux manches larges comme elle les aimait. Elle resserra d’abord les laçages du dos de son corset avant de l’enfiler par-dessus et l’ajusta fermement par le devant. La jeune femme appréciait le soutien et le confort qu’il lui apportait. Elle vérifia machinalement la présence de sa lame sous ses jupons, et sortit une fois de plus le plus silencieusement possible pour aller dans son bureau.

Son regard observa la pièce comme pour la dernière fois afin de graver le souvenir dans sa mémoire. Il était simple, et peu d’éléments auraient pu indiquer qu’il appartenait à une femme et non à un homme. Orline n’y avait apporté que peu de changement depuis qu’elle avait pris ses fonctions afin de soulager son père dans la gestion de son commerce. Elle s’avança cérémonieusement dans la pièce et prit place sur le fauteuil capitonné en cuir rouge devant le bureau. Elle prit les derniers livres de comptes, sortit une plume, de l’encre et se mit au travail.
De sa main gauche, elle utilisait le boulier avec une efficacité redoutable, murmurant pour elle-même les calculs et résultats qu’elle inscrivait de sa main droite dans le livre. Il y avait bien encore une chose qu’elle pouvait faire, c’était d’assurer que les comptes soient à jour pour son père. Elle avait pris quelque retard depuis son recrutement à l’Arbre Blanc et elle ne permettrait pas de ‘partir’ sans mettre ses affaires en ordre. Ce travail, si familier, la plongeait dans un état méditatif et plus rien d’autre n’existait autour d’elle.
Une fois fait, elle poussa un soupir et laissa l’encre sécher. Elle avait également rédigé quelques pronostics pour les mois à venir, allant du scénario le plus optimiste au plus…pessimiste. Dans les deux cas, leur situation n’était pas glorieuse. Elle reposa ses yeux un instant, la plume encore dans sa main et le bout de ses doigts tâchés d’encre. A travers ses paupières elle nota doucement le changement de luminosité.
Le soleil se levait doucement.


« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirai… » (V. Hugo)

Sujet: De mal en pis...
Isil

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 18 Mai 2023 - 18:39
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Jenifaël #PNJ

Une fois le barrage passé, je regardais derrière moi à fin de faire un signe de tête au soldat. Certes, il a désobéi aux ordres, mais il assure également une vie moins douloureuse pour son enfant.

Nous avançons doucement, prenant des routes de moins en moins peuplés et je me perds une fois encore dans mes pensées.
Si j'étais à la place du soldat, j'aurais fait quoi ? Aider la chair de ma chair, au risque que mon manque d'obéissance remonte au haut gradé ? Ou bien obéir aveuglément et voir mon fils souffrir chaque jour, voir dans ses yeux de la douleur ? Honnêtement, je ne peux pas savoir, je n'ai jamais eu le bonheur, ni l'envie d'avoir un mari et enfanté. J'aimais ma famille, mais je ne pense pas que l'amour que l'on porte à notre enfant soit le même genre d'amour.

Quelques minutes plus tard, nous arrivons devant un hangar. Je descends de mon cheval et me tourne vers la roulotte et me dirige vers celle-ci quand je vois Orline sortir précipitamment, les joues rouges et sans sa cape.

Je la regarde avec un air surpris et celle-ci ce mis tout de suite à bafouiller et m'expliquer ce qu'il se passe.

- Syp a de la fièvre. Ses blessures se sont rouvertes…

L'inquiétude me prend pendant qu'elle bafouille quelques excuses. J'ai bel et bien conscience qu'elle n'est responsable en rien de son état. C'est à moi que revient cette responsabilité et j'aurai dû monter dans la roulotte avec lui pour éviter ce genre de problème.

Je pose une main rassurante sur son épaule en effectuant une petite pression dans le but de la rassurer.

Elle fouilla dans sa sacoche, je suppose, pour ouvrir le hangar. Mais cela ne m'intéresse pas tellement, bien que Syp devra se reposer pour reprendre ses forces.

Je monte dans la roulotte et m'occupe de mon patient. Il est trempé de sueur, des plaies se sont ouvertes.

Je sors de ma pochette un désinfectant naturel et doux pour qu'il n'est pas trop mal, j'applique le produit sur un tissu que je plaque contre sa blessure. Je le vois contracter sa mâchoire dû à la douleur. Pendant que le désinfectant fait effet, je sors une aiguille et du fil ainsi qu'une petite bouteille d'un liquide précieux. J'anesthésie les zones autour des plaies et trempe mon aiguille et mon fil dans le désinfectant avant de commencer à faire des points de suture. Après de longues minutes, toutes les plaies les plus dangereuses sont suturées, je lui donne quelques feuilles à mâcher de saule blanc destiné à faire baisser la fièvre.

Je recule en frottant mes yeux qui piquent légèrement dû à la concentration sur ma tâche. Je sors une petite gourde de ma sacoche que je garde exclusivement pour le médical avant de nettoyer du mieux que je peux le sang sécher.
Lorsque je relève la tête, je vois Syp me regarder en silence. Je lui fais un mince sourire en rangeant mon matériel dans l'espoir de le rassurer.

- Tant que tu te tiens tranquille, les fils ne lâcheront pas. Je vais te donner un mélange de plante que tu dois mettre dans de l'eau chaude, ça agira comme anti-douleur.

Je sors de mon sac une petite bourse avec un mélange de plante et je lui tends.

- Ne met que l'équivalent de trois pincées maximum par tasse. Il est plutôt puissant comme remède.

Je l'aide à descendre de la roulotte et le lâche une fois ses deux pieds au sol et qu'il reprend son équilibre. Je le regarde faire quelques pas avant de le laisser tranquille.

Je regarde autour de moi et je me rends compte que les filles ont fait rentrer la roulotte dans le hangar et qu'elles boivent du thé, je suppose. Floria tend une lettre à Orline et le regard dévasté de la jeune femme ainsi que l'air anxieux de l'autre me font froncer les sourcils.

* Je suis gentille, mais pas naïve. Je veux bien les aider à condition qu'on me dise ce qu'il se passe. Syp est grièvement blessé, une femme est morte d'une façon horrible. Mon instinct me dit qu'il y a bien plus que ça. *
J'observe les trois personnes devant et je choisis Orline pour demander des explications et si elle ne satisfait pas ma curiosité,je demanderai à Syp. Après tout, il me doit bien ça.


Je marche lentement vers eux, essayant d'écouter ce que disait Orline.

- Je vous remercie chaleureusement pour le transport. Comme vous avez montré envers nous une hospitalité remarquable, je vous renvoie la faveur. Ce lieu est…ce qu’il est, mais je vous prie de vous y sentir comme chez vous. La nuit est tombée, je vous encourage à vous reposer au mieux. Je ferai mon possible pour rendre votre séjour confortable et vous adresser toute l’aide que je puis vous apporter.

Les traits tirés d'Orline me laissent penser que la fatigue est là. Je décide tout de même de lui parler maintenant.

- Orline ? Je pourrais te parler quelques minutes ?

Je lui montre un endroit un peu à l'écart, mais pas trop pour que je puisse avoir un œil sur Syp.

Je lui souris, mais mon regard ce fait plus dur et je la regarde droit dans les yeux sans ciller avant de me lancer.

- Que ce passe t-il exactement ? Je vois bien que vous vous comportez bizarrement, toi est Syp. Je ne suis pas naïve et je comprends que tu veuilles préserver Floria qui a l'air innocente et fragile du a la perte d'un proche, mais moi ce n'est pas mon cas. J'aimerais savoir ce qu'il se passe. J'ai décidé de vous aider quoi qu'il arrive, je veux juste savoir dans quoi je m'embarque.

Je croise les bras sur ma poitrine en la fixant. Je veux des réponses et je compte bien en avoir. Par n'importe quel moyen.
Sujet: De mal en pis...
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 17 Mai 2023 - 13:58

La roulotte à l’arrêt l’ayant réveillée en sursaut, Orline regarda tout d’abord son ‘compagnon’, cherchant du regard tout indice pouvant lui expliquer la situation, avant de tendre une oreille. Ils étaient arrêtés. Un blocage ? Avaient-ils commencé à les rechercher, leurs identités étaient-elles connues ? La jeune femme avait eu bien du mal à maintenir son visage impassible devant l’énumération des multiples dangers qui les attendaient. Avait-elle seulement une chance de s’en sortir et d’épargner sa famille également ? Le Directeur Rhydon prendrait-il sa défense, pouvait-elle seulement l’espérer, ayant été personnellement recrutée par lui ?
Elle était convaincue que Syp ne lui dévoila tout, mais qui était-elle pour le lui reprocher ? Elle-même ne comptait pas s’ouvrir totalement…
Elle entendit Jenifaël parler au soldat. Elle ne put percevoir distinctement les propos échangés, mais le ton lui fit froid dans le dos. Ne pas sous-estimer la jeune guérisseuse, se promit-elle intérieurement. Après une attente qui sembla interminable, la roulotte s’ébranla à nouveau et Orline réalisa qu’elle avait retenu sa respiration tout du long. Son expiration lui semblait bruyante et elle craignit que le moindre mouvement puisse les découvrir et que la garde les arrêterait à nouveau pour fouiller le contenu de la roulotte et leur mettre les menottes pour aller…elle ne savait où …

Elle attendit plusieurs minutes aux aguets, essayant de déterminer en sentant les virages où ils pouvaient en être de leur trajet et s’ils arriveraient bientôt aux hangars Haradiel. N’entendant plus de tumulte au dehors, elle pensa qu’ils s’étaient éloignés des quartiers marchands, ils ne devaient plus être si loin de leur destination…
La jeune femme pivota sur son sac en entendant un choc et gémissement. Syp la regardait, un air de panique lui traversa les yeux. Elle fit de son mieux pour se relever, toute empêtrée dans sa tenue, et s’approcha de lui maladroitement, en équilibre précaire. Elle s’asseya sur le bord extrême de la couchette quand son compagnon ferma les yeux, des soubresauts parcourant ses paupières et le souffle court. Orline commençait également à s’inquiéter. Que pouvait-il bien lui arriver ? Elle envisagea un instant de taper à la fenêtre de la roulotte pour en avertir Jenifaël, mais ils ne pouvaient pas risquer de se faire remarquer…Non, pour le moment, elle devait se débrouiller seule…Mais par où commencer ?

Elle fit de son mieux pour écarter les distractions extérieures et se concentrer sur le patient. Elle l’observa attentivement, ses lèvres entrouvertes, le rythme inégal de sa respiration sifflante, la sueur perlant à son front. Avait-il de la fièvre ?
Orline avala sa salive avec difficultés. Pourquoi avait-elle insisté pour rester seule avec lui ? Elle n’avait pas les compétences pour lui venir en aide ! Elle força une inspiration et expiration profonde, et leva sa main légèrement tremblante pour l’apposer sur le front de l’homme blessé. Brulant. Mais une fois de plus, ses propres mains étaient glaciales en hiver. Ce n’était pas une méthode viable pour vérifier…non. Si ? Elle ne devrait pas… Elle voulut pester et frapper son ‘partenaire’ en réprimande de la mettre dans une situation pareille. Orline prit son courage à deux mains et leva ses mains froides pour écarter les mèches de cheveux du front de Syp avant d’encercler son visage timidement, et se pencha vers lui pour poser son front contre le sien. Son souffle était court et elle ferma les yeux pour se concentrer. Il avait de la fièvre, c’était au moins une chose de confirmée. Elle se redressa légèrement et s’arrêta à nouveau, ayant décidé d’avoir le cœur net. Elle vérifia une fois de plus l’état d’inconscience de son ‘compagnon’ et attrapa ensuite de ses doigts le bord de sa chemise pour en ouvrir le col. Elle jeta un regard qu’elle souhaita le plus bref possible, sentant son propre cœur sur le point d’imploser. Rouge. Ses plaies étaient rouvertes. Elle relâcha le col, incertaine de ce qu’elle pouvait bien faire pour soulager ses douleurs.

Fallait-il le réchauffer ou au contraire le refroidir ? Fallait-il le bouger, ou au contraire essayer de l’immobiliser davantage ? Elle s’efforça de rester calme afin de mieux réfléchir. Lorsqu’elle avait de la fièvre, enfant…elle se souvenait de sa mère commandant d’un ton empressé à leurs servantes d’apporter toutes les couvertures à leur disposition. Le poids était écrasant sur la poitrine de la fillette qui sombrait peu à peu dans l’inconscience, marquant à jamais dans sa mémoire le regard inquiet de sa mère qui épongeait affectueusement son front en la berçant de son chant.
Orline se redressa tout à fait ce coup-ci, et se releva à moitié même pour se dévêtir de sa cape qu’elle allongea sur le corps du blessé, cherchant à le border de son mieux. Elle essaya également d’attraper son écharpe restée à terre. Une soudaine secousse la propulsa en avant et ce n’est que grâce à ses réflexes qu’Orline réussit à éviter de tomber sur Syp. Sa main claqua contre le panneau de bois juste derrière lui, et une fulgurante douleur remonta le long de son poignet, tirant une plainte sourde à la jeune femme dont les mains avaient été endommagées par son escalade nocturne dans les treillis. Elle ravala ses larmes et finit par récupérer son écharpe qu’elle enroula également de son mieux autour du cou de l’homme. Pourvu qu’ils arrivent bientôt….

Son vœu fut exaucé et bientôt la roulotte ralentit. Elle ne se fit pas prier et quitta prestement la roulotte, le rouge aux joues et pour une fois aucunement inquiétée du froid mordant de l’extérieur. Elle surprit un regard des plus étonnés de la part de la jeune guérisseuse, elle s’empressa donc de se justifier :


- Syp a de la fièvre. Ses blessures se sont rouvertes…


Elle chercha un instant ses mots, bafouilla quelques excuses supplémentaires, et décida finalement de détourner le regard pour fouiller avec entrain les méandres de sa sacoche de cuir à la recherche des clés du hangar.
Elle fit signe à Floria de bien vouloir venir l’aider et Orline déverrouilla le cadenas, faisant de son mieux pour glisser la lourde chaîne le plus rapidement et discrètement possible. Le quartier était relativement calme, surtout en fin de journée. Il s’agissait essentiellement d’entrepôts gérant les arrivées et sorties de marchandises de la capitale, légèrement excentré du quartier marchand. En vue de la baisse des activités commerciales Haradiel, l’agent de sécurité a été remercié, et l’entrepôt avait bien diminué également dans son utilisation. On le préservait cependant dans l’espoir de jours meilleurs, et dû à son emplacement très privilégié. Orline s’arcbouta et utilisa tout son corps, avec l’aide de Floria, pour faire glisser la haute porte du hangar qui résista un moment à leurs vaillants efforts.


- Je pense qu’il est plus prudent de faire rentrer votre roulotte, Floria, si vous le voulez bien…

Elle s’écarta ensuite du chemin et fit un rapide inventaire du hangar du regard. Son père s’était spécialisé dans les produits exotiques et malgré la descente du commerce, ils avaient encore des marchandises entreposées ici. Essentiellement des tissus, quelques meubles richement décorés, des plateaux gravés et décoratifs, ou encore des caisses de produits secs ou cosmétiques pour les galantes de la Cité Blanche à la recherche de mystères et senteurs nouvelles. Orline se dirigea vers le côté de l’entrepôt où un logis modeste avait été construit pour accueillir leurs employés désormais partis. On y trouvait là deux lits simples, ainsi qu’une couche recouverte de couvertures et de coussins pour accueillir les éventuels visiteurs ou permettre à leurs livreurs de se reposer quelques heures avant de reprendre la route. Le logis était décoré dans une inspiration orientale, les tissus de couleurs chaudes et richement brodés. La jeune femme vérifia rapidement que nulle livraison n’était prévue dans les jours prochains dans le livret, et entreprit de préparer une théière fumante pour les réchauffer et les remercier du transport. Elle prépara un plateau sur la table basse entourée de coussins moelleux et y exposa des fruits secs, amandes, miel…L’endroit était humble, légèrement vieillit mais coquet et accueillant. Orline aimait passer du temps ici où elle observait comment mener les affaires, négocier les prix, vérifier l’état de leurs marchandises. Elle avait appris les cordes du métier principalement ici ou sur les routes quand son père voulait bien qu’elle l’accompagne. Elle trouva donc sans mal tout ce qu’elle cherchait, et le thé fut bientôt servit également sur le plateau avec des petites tasses métalliques et gravées des mêmes motifs. L’odeur apporta instantanément du réconfort à la jeune femme qui retrouvait ici ses repères familiers. Elle se permit la folie d’ajouter une goutte de liqueur dans son breuvage et la brulure causée lui fit le plus grand bien. Elle laissa la bouteille de verre peinte sur la table. Elle s’agenouilla ensuite sur les coussins prévus à cet effet sur le sol, et invita ses invités à la rejoindre.

Elle ne tarda pas à être rattrapée par la précarité de sa situation lorsque Floria fourra dans les mains de la jeune femme la lettre que Judia avait adressé à sa sœur avant son départ. Orline refusa d’en lire le contenu et garda son regard plongé dans celui de Floria, consciente que ce geste était avant tout un appel à l’aide, une demande de justification tout à fait compréhensible et motivée également par les émotions vives de la femme. Orline prit un instant avant de répondre, essayant de propager son calme qu’elle feignit à son interlocutrice. Elle posa la lettre en douceur sur la table, en lissa le papier lentement pour la préserver au mieux et entrevit uniquement l’écriture élégante de la défunte. Elle servit ensuite le thé, remontant son poignet haut pour faire couler le liquide brulant et brun élégamment dans la tasse. L’art du thé était une cérémonie qui faisait vibrer l’âme de la jeune femme très attachée à ses origines. Elle reposa doucement la théière et son regard rencontra à nouveau celui de Floria lorsqu’elle lui tendit la tasse des deux mains, l’invitant d’un hochement de tête à la prendre.
Il n’y avait pas de manière simple de lui dire et Orline elle-même en savait très peu. Elle était convaincue cependant que la moindre information partagée pouvait la mettre en danger ainsi que Floria, et que Judia ne l’aurait pas souhaité. Elle chercha donc avec soin ses mots :


- Ce symbole…est celui d’une organisation dont faisait partie Judia. Je ne l’ai que peu connue…je l’avais rencontré et côtoyé essentiellement lors des évènements organisés par la Guilde du Commerce…

Elle fit une pause dans son discours pour prendre une longue gorgée de thé réhaussé de spiritueux. Elle toussa doucement avant de reposer sa tasse, gardant ses mains autour pour les réchauffer.


- Quand aux…circonstances de son départ…je n’étais malheureusement pas présente, je ne peux donc vous fournir plus de détails, vous m’en voyez navrée…


Elle avait bien conscience d’esquiver la plupart des questions, mais elle-même n’avait que peu d’informations disponibles et encore moins à offrir. Cette situation était extrêmement délicate et elle ne voulait pas attirer encore plus les foudres du destin à cause de son indiscrétion. Son regard se leva vers Syp qui les avait rejoints silencieusement. Leurs regards se rencontrèrent, s’accrochèrent longuement. La fièvre avait rosi ses joues et embrumés ses yeux d’orage d’été. Elle ne pouvait s’en détacher.
Elle racla doucement sa gorge avant d’ajouter :


- Je vous remercie chaleureusement pour le transport. Comme vous avez montré envers nous une hospitalité remarquable, je vous renvoie la faveur. Ce lieu est…ce qu’il est, mais je vous prie de vous y sentir comme chez vous. La nuit est tombée, je vous encourage à vous reposer au mieux. Je ferai mon possible pour rendre votre séjour confortable et vous adresser toute l’aide que je puis vous apporter.

Orline sentait la fatigue s’emparer de son corps et embrouiller son esprit. Elle devait réfléchir à comment assurer sa sécurité jusqu’à ce que les évènements se tassent. Combien de temps cela prendrait-il ?
Sujet: De mal en pis...
Isil

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 24 Avr 2023 - 22:47
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Jenifaël #PNJ

- Madame Floria, je n’ai pas d’argent pour vous...Mais si votre cœur est prêt à l’entendre, j’ai des réponses...je n’ai pas d’autres façons de vous remercier...Vous...Vous savez...elle était très fière de vous...Judia était fière de vous...Sur tout les points...

Les paroles de Syp envers la jeune Floria m'a fait détourner le regard vers lui. En regardant son regard, brillant, mais vide en même temps. Il avait l'air tellement triste.

Voyant les larmes monter aux yeux de la jeune fille, je ne pus m'empêcher de vouloir la protéger, la consoler, lui donner du soutien. Pourtant, je ne la connais pas, mais mon instinct me pousse à vouloir la protéger, mais malheureusement, je ne peux rien n'y faire. Pourquoi ferait-elle confiance à une inconnue ?

D'un coup, une image de ce qu'il s'est passé me revient en tête.
Un homme éprouvant de la peur, de la colère et de la surprise, une jeune femme tenant un balai pour se défendre. Et surtout
cette parole.

- Judia… ? Judia c’est toi ? Mais je t’ai vu brûler, JE T’AI VUS PÉRIR, qui es-tu fantôme ? Pourquoi viens-tu me hanter ainsi ? POURQUOI ?

Je suis peut-être naïve, mais une personne ne brule comme ça sans raison, de plus, Syp avait l'air effrayé et vu ces blessures,
je pense que quelque chose de louche ce passe.

Je devrais me poser des questions, mais la peine de Floria et la sympathie de Orline me font croire que dans l'histoire, ils ne sont pas les méchants. Si histoire il y a.

Malgré la peine bien présente dans les yeux de la jeune femme, une lueur de bienfaisance ce mis à briller.

- Je vous remercie pour ces mots, j’étais aussi très fière d’elle vous savez. » des larmes lui montèrent aux yeux, elle sourit « Nous aurons, je l’espère, l’occasion d’en parler plus tard…comprenez que ma peine est immense et qu’il me faut du temps pour tout entendre. Merci Monsieur Syp, de tout mon cœur merci.

Elle tourna le regard vers Orline avant de poursuivre.

- J’ai écouté avec attention vos avis respectifs. Je dois moi-même partir…une affaire importante que je dois régler pour ma sœur… - Je vais prendre la roulotte ambulante, ainsi que mon cheval. Il m’est impensable de laisser ma jument seule. »Elle regarda Jenifaël « Si Monsieur Syp reste au repos dans la roulotte, il n’y aurait pas de risque pour lui et Dame Orline pourrait surveiller ses blessures en suivant vos instructions. Nous pourrions nous suivre, comme deux commerçantes de Minas Tirith. Vous seriez notre guide avec vos connaissances de la ville et si vous savez vous battre, cela me rassurera…je n’ai pas l’âme d’une guerrière.

J'ai acquiescé d'un signe de tête en lui faisant un sourire chaleureux. Je ne sais pas pourquoi, mais malgré ces paroles qui lui donnent un air sûr d'elle, je ne peux m'empêcher de l'apprécier beaucoup. C'est une jeune femme forte et courageuse malgré le malheur.

Après nous avoir dit qu'elle devait faire quelques préparatifs, Orline et moi avons commencé à débarrasser pour ensuite laver la vaisselle et que tout sois correct dans la maison de la défunte Judia.

Pendant le lavage, Orline commença une discutions avec moi, elle m'a l'air très maligne et surtout, elle semble venir d'une famille bourgeoise.

- Je vous remercie une fois de plus pour votre aide, Jenifaël. Vos connaissances sont tombées du ciel. J’ai toujours admiré les femmes indépendantes. Cela est-il difficile dans votre métier ?

- Je suis assez contente d'être passée par ici et d'être rentrée dans cette maison, je dois avouer que je pensais à une agression. Après une brève pause en regardant Orline, je lui fais un sourire. - Mais je suis rassurée, vous avez l'air d'une femme correct et votre ami Syp a davantage l'air d'un homme troublé par un événement. Je suis contente de pouvoir aider. Mais pour répondre à votre question, oui au début c'étais difficile d'être indépendante, mais à force de soigner des personnes, cela a vite démarrer et a l'heure actuel dans la cité beaucoup de monde me connait. Ça me donne même quelques privilèges vis-à-vis de certains soldats.

Je ne peux pas leur dire que je peux sortir de la cité sans problème. Si cela monter aux oreilles des hauts gradés, je devrais en subir les conséquences.

Nous avons continué à échanger des banalités. La journée sembla beaucoup plus légère pendant quelques minutes, je ne la connais pas beaucoup, mais elle m'inspire confiance.

Une fois sortie de la maison, j'aider Syp à s'installer dans la roulotte. Une fois Orline monter avec lui, je referme la porte et je monte sur ma jument, Lonie.

Je lance un sourire à Floria et je talonne les flancs de Lonie et elle marcha d'un pas assez lent pour que Floria puisse suivre.

Le froid est présent, mais depuis le temps où j'emprunte ces routes à longueur de journée pour rendre visite aux malades ou blessés, je ne le sens plus mordre ma peau.

Après quelques routes, un barrage de soldat est présent. Je suis d'abord étonnée, car il est rare qu'ils surveillent de prêt les habitants, au point de vouloir tout vérifier.

Je lance un regard à Floria et lui demande d'attendre ici.

En avançant, j'aperçois deux soldats que je connais, j'ai soigné la femme de l'un et sauver la vie du fils de l'autre.

- Messieurs, j'ai un patient gravement malade qu'une amie m'aide à transporter dans un endroit plus confortable pour le soigner, serait-il possible de nous laisser passer en vitesse ?

Le soldat regarde son compagnon et semble hésiter.

- Dame Jenifaël, bien que nous vous sommes redevables, malheureusement une mission importante nous as été donner et nous ne pouvons pas faire exception.

Un mauvais pressentiment me tord le ventre d'un coup, je ne sais pas pourquoi, mais mon intuition me dit que nous devons avancer vite. Et si Syp allait mal ? S'il était en train de succomber à ses blessures ?

Je regarde l'un des gardes avec un regard tellement froid qu'il aurait pu le geler sur place. Hors de questions de perdre un patient pour qui que ce soit.

Je descends de mon cheval et m'approche du soldat avant de lui murmurer.

- Très bien, je suppose que votre fils peut continuer à vivre dans la douleur, notre accord était que je vous fournisse les ingrédients nécessaires pour apaiser sa souffrance et en échange, vous deviez m'aider, Quelle que soit la raison.

Son visage est devenu livide et avant que je puisse ajouter quoi que ce soit, il ordonna à ses compagnons de libérer un passage pour que l'on puisse poursuivre la route.

- Je vous remercie.

Je tourne les talons sans ajouter un mot de plus. Je suis peut-être d'apparence gentille, mais un marché est un marché.

Je retourne vers Floria avant de lui dire que la voie est libre.

- Nous pouvons passer sur le coter, mais il faut nous dépêcher pour éviter les ennuis.

J'ai pris les devants lui ouvrant la route et en saluant quelques personnes de la main que je connais depuis un petit temps maintenant.

Une fois passée, nous avons repris la route tranquillement, même si une question me tourner en boucle dans la tête.

* Pourquoi toute cette agitation avec les soldats ? *
Sujet: De mal en pis...
Kryss Ganaël

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 23 Avr 2023 - 20:11

Orline se resservit quelques victuailles dans son assiette, délaissant cependant le vin pour de l’eau claire, écoutant Jenifaël et Syp sans émettre de commentaires. Le ton empressé de la guérisseuse dénotait bien son jeune âge. En pensant à cela, Orline se sentit soudain vieille, bien plus qu’elle ne l’était en réalité. Les évènements récents avaient profondément marqué son moral, et elle sentit dans ce désespoir, cette véhémence, les traces de cauchemars et de regrets qui faisaient échos aux siens. Un bruit de calèche et du cortège en panique, des cris, et le sable taché de sang. La jeune femme ferma un bref instant les yeux pour essayer de chasser ces visions et sa nausée passagère.
Les mots ‘je refuse de perdre un patient, je ne pourrai plus me regarder en face’ restèrent cependant quelques instants de plus dans l’esprit d’Orline. Jenifaël n’avait donc encore jamais perdu de patient ? Cela reflétait-il une connaissance tout à fait exceptionnelle de son art de guérisseuse, ou bien au contraire sa nouveauté dans le domaine ? Un élan de compassion lui traversa l’esprit, pensant à l’inévitable. La vie comme les affaires était un pari risqué et chaque décision pouvait impacter le court des évènements. La porte de sortie est omniprésente, et Orline la sentait particulièrement proche depuis son recrutement au sein de l’Arbre Blanc. Elle pouvait la sentir juste dans son dos, le souffle de l’au-delà lui soufflant légèrement dans la nuque, provoquant des frissons le long de son dos.

Lorsque Floria confirma enfin son identité – zut Orline avait été si proche – elle releva la tête et rencontra le regard brouillé de larmes de la jeune femme. Elle acquiesça en silence à ses mots qui n’ont pas été prononcés, et détourna le regard pour épargner l’embarrassement de leur hôtesse. Si elle voulait reprendre le contrôle des affaires de Judia, un contrôle absolu sur ses émotions était primordial. Aucune erreur n’était pardonnée, surtout aux femmes. Elle le comprenait que trop bien, et partageait beaucoup de souffrances liées à ses douleurs et conflits internes qu’elle avait appris dès son plus jeune âge à avaler, à cacher. Cet apprentissage ne finissait jamais et plus on grandissait, plus les émotions devenaient complexes et obsédantes.
Elle sentit par moment sur elle le regard cendré de Syp assis juste à côté d’elle. Comment pouvions nous être alertes à ce genre d’attention ? Orline refusa obstinément de tourner sa tête et se concentra une fois de plus sur les propos de Floria et sur le plan qui se mettait doucement en place. Ils allaient enfin bouger, c’était une première bonne étape. Et heureusement, elle aurait l’occasion d’interroger l’homme dans la roulotte. Pour le reste malheureusement elle devrait improviser selon les informations reçues.

Elle se releva d’un geste souple en remerciant une fois de plus la générosité de Floria, et ne manqua pas d’adresser une prière silencieuse à Judia qui leur avait laissé l’opportunité de reprendre leurs forces pour les préparer à ce qui les attendait.
Elle commença à réunir les assiettes, couverts et verres pour aider à débarrasser. Syp commença lui aussi à se lever maladroitement mais Orline passa dans son dos et appuya sans ménagement sur son épaule (la moins abimée des deux néanmoins) pour l’inciter à rester assis. Elle se pencha par-dessus lui pour récupérer également son verre qu’elle n’avait pu attraper de là où elle était préalablement assise et alla directement dans la cuisine pour s’occuper avec Jenifaël du nettoyage, laissant l’opportunité à Floria de réunir les affaires dont elle avait besoin avant de partir. Elle avait beau avoir grandit dans une famille aisée qui avait eu le privilège d’avoir quelques serviteurs quand ils habitaient encore en Harondor, ses parents avaient tout de même toujours insisté pour qu’ils participent activement à l’entretien de leur demeure et ne négligent pas leurs affaires. Bien qu’ayant (avant leur arrivée à Minas Tirith) réussi dans les affaires, son père était issu d’un milieu plus modeste et le dur labeur était une notion particulièrement chère à son cœur. Elle ne broncha de ce fait pas, remonta ses manches et les plongea dans l’eau tiède du bac de la cuisine, passant une à une les assiettes, couverts et verres à la gentille guérisseuse. Elle trouva sa présence apaisante et semblait très serviable. Elle la remercia d’un signe de tête pour son aide, et entama une conversation anodine, visant également à enlever les potentiels soupçons et réserves à son égard :


- Je vous remercie une fois de plus pour votre aide, Jenifaël. Vos connaissances sont tombées du ciel. J’ai toujours admiré les femmes indépendantes. Cela est-il difficile dans votre métier ?


Elle sourit chaleureusement à la jeune femme et elles continuèrent à échanger des propos cordiaux et légers comme s’il s’agissait d’un jour ordinaire et qu’elles se connaissaient depuis des mois. De l’extérieur, rien n’aurait pu indiquer les tourmentes qui habitaient chacune d’elle ou les démons contre lesquels elles se battaient vaillamment.
Orline essuya consciencieusement ses mains et revint dans la pièce principale pour s’emparer de sa besace qu’elle enfila tout d’abord, avant de jeter sa cape par dessus ses épaules et s’emmitoufler férocement dans sa longue écharpe et ses gants. Elle jeta un regard d’une tristesse absolue au feu qui se mourrait lentement dans l’âtre, et sortit à la suite de Jenifaël et Syp dans la cour intérieure pour laisser Floria fermer les lieux. Le froid de la cité lui gifla une fois de plus le visage et elle se retint de grimacer face au vent glacial qui semblait lui transformer ses cils en glace. Elle regarda ses ‘compagnons’ qui restèrent totalement impassibles. Ils devaient être habitués.

Elle aida de son mieux aux préparatifs en charriant les sacs de produits et autres biens personnels dans la roulotte. Ses gants la rendirent quelque peu maladroite et elle lâcha plus d’une fois les sacs (heureusement rien qui ne casse !) qu’elle récupéra sans broncher avant de les amener jusqu’à leurs emplacements. Avant le départ, elle s’assura que tous les compartiments de la roulotte avaient été proprement sécurisés afin que rien ne leur tombe dessus pendant le trajet.
La banquette à l’arrière avait été changée en couchette pour permettre à Syp de s’allonger à moitié et se reposer. Ordre de la guérisseuse. Avant même de sortir de la cour, Syp et Orline s’engouffrèrent dans la roulotte dont la porte fut refermée derrière eux. Ils étaient seuls… Syp s’installa comme convenu sur la couchette et Orline chercha du regard un sac sur lequel s’asseoir pour éviter de finir projetée sur le blessé à la première secousse.

Elle repéra un sac qui semblait suffisamment confortable (de la farine ?) et s’y enfonça profondément. Elle rumina un instant, toute engoncée dans sa cape et son écharpe. Son corset lui coupa la respiration et elle songea désormais à la robe proposée préalablement par Floria. En effet le bustier de celle-ci avait semblé plus souple et accommodant que le sien. Orline réalisa enfin les limitations de sa propre tenue. Pas de panique cependant. La roulote s’ébranla et la jeune femme délaissa ses gants, ouvrit sa cape et appuya de ses mains les côtés de son bustier et les fit glisser sur l’avant, libérant de l’espace contre son ventre et facilitant sa respiration. Elle pivota comme elle put sur son sac et se pencha légèrement en avant pour améliorer son confort.
Elle releva son regard et rencontra celui de Syp qui la fixait sans dire un mot. Une bouffée de chaleur due à la gêne remonta directement aux joues de la jeune femme qui broncha, oubliant là toute notion de noblesse. Ils étaient désormais ex aequo entre le chemisier de Syp et le corset d’Orline.

Elle dévia son regard et s’assura une fois de plus qu’aucune étagère et rangement ne s’ouvre. Elle n’avait jamais voyagé en roulotte auparavant, et son angoisse était grandissant. Elle écouta un instant les bruits du dehors. Ils devaient être au début de l’après-midi désormais et les rues abondaient. Le trajet devait normalement être plutôt rapide s’ils ne rencontraient aucun problème ni émeute en chemin. Les nouvelles de la Cité avaient elles été déclamées sur place publique ? Etaient ils officiellement recherchés par la garde ?
Ils étaient enfin seuls comme elle l’avait souhaité, mais elle peinait à trouver les mots et se sentait mal à l’aise en sa présence si rapprochée dans cette roulotte exigüe. Le temps lui était compté et elle devait absolument se préparer aux épreuves à venir. Elle inspira profondément et releva enfin son regard pour le plonger dans celui de son ‘compagnon’.


- Pourrais-tu me dire…Ce qu’il s’est passé après mon départ ?


Elle avait laissé tomber le vouvoiement avec son ‘partenaire’ d’infortune et son ton était calme et parfaitement maitrisé, toute concentrée sur son avenir et les obstacles qu’elle devrait abattre un à un pour se protéger ainsi que sa famille.
Malgré son départ précipité des égouts, Orline n’avait pas passé une nuit des plus merveilleuse à son retour. Elle avait dû escalader le treillis de son domicile jusqu’à la fenêtre de sa chambre qu’elle avait laissé entrouverte, s’était égratigné les mains et les poignets se faisant, tombée lourdement sur le tapis moelleux, le souffle court et les yeux remplis de larmes. Elle s’était lavée méthodiquement, à trois reprises pour essayer d’effacer les odeurs de carnages et de sang qui restèrent néanmoins bloqués dans ses narines. Elle avait l’impression de suffoquer et voulait hurler, mais son cri resta bloqué dans sa poitrine. Elle se coucha mais rien ne fit. Elle se tourna, retourna, et chaque glissement de couverture sur elle eut le poids d’un corps qui voulait l’étouffer et l’étrangler dans son sommeil. Elle s’était résignée bien avant les premières lueurs de l’aube à se lever pour aller s’entrainer à la danse orientale qu’elle enchaîna avec une course à cheval. Quand elle revint enfin chez elle, sa monture avait de l’écume tant elle avait été poussée à ses limites. Ses parents n’étaient pas encore levés.

- A quoi dois-je m’attendre, dehors ?

Elle écouta attentivement et se laissa bercer par les roulements de la roulotte. Le sac était devenu étrangement confortable et elle se força à maintenir son esprit vif malgré la fatigue qui s’accumulait. Sa tête commença bientôt à dodeliner et elle fut bien incapable de répondre aux questions de son compagnon en échange.
Mais soudainement, la roulotte s’arrêta. Il était encore trop tôt pour avoir atteint les hangars Haradiel. Que pouvait-il bien se passer ?
Sujet: De mal en pis...
Isil

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mal en pis...    Tag pnj sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 3 Avr 2023 - 22:27
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Jenifaël #Pnj



La jeune femme à qui j'ai demandé son nom me regarda avec un sourire chaleureux, mais au fond de ses yeux, je vois une certaine hésitation. Après tout, je suis une inconnue qui est entrée dans cette maison sans invitation, elle pourrait très bien ne pas me le donner et je n'aurai d'autre choix que de l'accepter.
Elle détourne le regard vers mon patient tout en me répondant.

- Je me nomme Orline.

Je lui affiche un grand sourire et replace mes cheveux derrières mon oreille.

- C'est un joli prénom pour une jolie femme ! Enchantée Orline !

Elle me laissa plus d'espace et en l'observant, je remarque qu'elle semble tracasser. Elle me fait penser à mon regretté frère, il avait ce même visage lorsqu'il réfléchissait à des histoires compliquées.

Alors que je range mes flacons de diverse liquide tous autant précieux les uns que les autres, l'homme se lève et se dirige vers Orline et lui chuchota quelques choses dans l'oreille avant de déposer un léger baiser sur sa joue. La jeune femme est prise en dépourvu et ne parais pas savoir comment réagir avant de reprendre ses esprits et de l'aider à enfiler la chemise. Les cheveux de l'homme se coincèrent dans les cordons de la chemise et je n'ai pu m'empêcher d'étouffer un rire en plaquant ma main sur ma bouche. Je ne peux pas m'empêcher de penser que ce duo est plutôt comique malgré leurs différences de caractère que j'ai pu apercevoir jusqu'à maintenant.

Orline fini par réussir à le libérer et je reprends le rangement de mon matériel tout en baissant la tête pour que mes cheveux retombent à fin de cacher mon sourire. Ce n'est pas le moment de mettre mal à l'aise la femme plus qu'elle ne l'est déjà.

- Je vous remercie pour vos soins. Puis-je vous acheter quelques préparations pour désinfecter les blessures et améliorer leur cicatrisation ? Auriez-vous des recommandations pour assurer son bon rétablissement ?

Certaine de mes préparations sont des secrets, j'ai mis des jours à travailler dessus à fin de concevoir le bon dosage, des ingrédients que j'ai dû aller chercher dans des endroits dangereux et inhospitalier. Je comprends sa question, il a en effet besoin de recevoir encore des soins sous risque de périr dans de grosse souffrance, mais je ne peux pas donner mes astuces, c'est mon seul moyen de vivre et divulguer mes secrets revient à me retirer le pain de la bouche.

Pendant que je réfléchis, j'entends un bruit de porte et l'arrivée de Flora, qui n'a toujours pas dit si cela étais vraiment son prénom, dont le visage affiche un deuil douloureux, qui me brisa le cœur, s'excusa de son comportement.

- Je…je vous présente mes excuses pour mon attitude. » dit-elle sans regarder les trois individus « Les circonstances ne sont pas simples pour moi mais vous n’êtes en rien responsables. » elle posa alors son regard sur Syp et refermant la porte derrière elle. « Dame Jenifaël, merci pour l’aide que vous avez apporté, merci. Je vous paierai, pour les soins de cet homme.» elle marqua une pause et reprit « Il est de coutume chez nous de servir de quoi boire et de quoi manger à nos hôtes. Ma sœur…elle…m’hurlerait sans doute dessus en voyant que je ne vous ai rien servi.» elle eut un léger sourire triste « Vous semblez en avoir besoin…et moi également. Je reviens. ».

Qui peut lui en vouloir ? Je devais certainement avoir le même visage et le même regard a la mort de ma mère.

Elle nous tourna le dos en se dirigeant vers une pièce, nous laissant diverse choses à manger ainsi que du vin. Mangeant avec appétit et buvant un verre de vin rouge, je couve du regard mon patient à fin de pouvoir intervenir rapidement si quelques choses devaient mal tourner, mais il semblerait qu'il se débrouille fort bien.

C'est en fixant mon vin rouge, que je me remets a pensé a ma mère, le visage pâle, les yeux vident. La mort, quel horrible chose. Des sentiments de regret de ne pas être revenue plus vite pour la soigner me hantent. Je ne veux plus jamais perdre un patient et revoir ce visage vide de vie, et cet homme pourrait mourir si je ne peux pas continuer mes soins jusqu'à son rétablissement.

Perdue dans mes pensées, la voix d'Orline me ramène au présent.

- Nous nous excusons pour le désagrément occasionné par notre visite. Nous allons prendre congés désormais. Les affaires m’attendent dans le quartier marchand. Si je puis…avoir l’audace…de vous demander votre aide une fois de plus ? Je crains que la distance ne soit trop grande à parcourir pour Syp….accepteriez vous de nous y conduire ? Je vous rémunérerai bien entendu pour vos services.

L'image de ma mère morte revient et je la fixe avec de grands yeux remplis d'effroi et ma lèvre tremblante.

* Non ! Je refuse de perdre quelqu'un ! *

- Dame Orline, je ne demanderai aucun paiement pour les soins de votre compagnon, mais je demanderai juste une chose.

Je me redresse en rassemblant mes esprits et la regarde d'un air déterminé.

- Permettez moi de vous accompagner tous les deux, il doit encore recevoir des soins sans quoi le sang continuera à couler et il risquerait de faire une infection et de perdre la vie rapidement. Je ne vous incommoderais pas et je pourrais vous être utiles, je ne suis pas que guérisseuse, les rues ne sont pas toutes sûres, je suis une bonne combattante, je pourrais ainsi vous éviter certaine mauvaise rencontre, et j'ai un visage inspirant la confiance dans la cité, je pourrais certainement vous être utile pour toute sorte de chose. Je refuse de perdre un patient. Je ne pourrais plus me regarder en face.

Ma voix presque implorante et mon regard déterminé, je la supplie silencieusement de ne pas me laisser en arrière avec le regret de ne pas avoir fini des soins qui nécessitent plusieurs traitements sur plusieurs jours.
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