4 résultats trouvés pour Tatië

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Sujet: [Fief de Limeclaire/Flashback]D'une vie à une autre
Isilo

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Rechercher dans: Chez les Elfes   Tag tatië sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Fief de Limeclaire/Flashback]D'une vie à une autre    Tag tatië sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 17 Oct 2016 - 2:44
#Isilo #Tatië
HRP:


À la lueur des flammes qui dansaient dans son antre, le maître de Limeclaire badigeonna la pointe de sa plume dans le petit pot d’encre et traça sur son manuscrit les premiers ruisseaux d’ébènes.


    Dame Tatië,L’élégance des fleurs ne vient-elle pas en partie du fait qu’elles soient un jour bourgeon, puis l’autre, splendide corole ? Qu’en est-il d’elles si elles ne se fanent jamais, quelle est la sensation que vous ressentez à la vue d’une fleur qui est la même d’un lendemain à l’autre ? On m’a longuement chanté la beauté de Tirion et de ses jardins, sont-ils aussi beaux que le racontaient mes aïeux ? Ici, à Limeclaire comme partout en Ennor, la vie se relaie sans cesse avec la mort afin que des miracles puissent avoir lieu. Dame Tatië, laissez-moi vous en donner un exemple, qui s’avère être un de mes préférés. Au moment où une graine touche le sol froid et qu’elle n’est pas plus lourde qu’un petit pois, elle contient en son cœur toute la nourriture, la connaissance innée et la magie qu’il lui faudra pour devenir un arbre mature faisant de l’ombre même aux plus grands palais. Sa vieille armure mourra, mais l’allure de sa nouvelle enveloppe corporelle sera plus fière que jamais. C’est la volonté de Yavanna qui vit en ce petit véhicule de vie, qui rend tout cela possible, n’est-ce pas ? S’émerveille-t-elle encore devant ces choses, même si ses jardins de Valinor sont plus brillants ? On dit qu’Ulmo vit dans chaque goutte de pluie et dans chaque ruisseau, où qu’ils soient : connaît-il tous les parfums de la rosée ou se surprend-il, comme moi, d’en découvrir des nouveaux à chaque saison ?Alors que je n’étais encore qu’un enfant qui ne connaissait que la langue de ses parents, il m’arriva à quelques reprises de penser aux Terres de l’Ouest. Si je ne me trompe pas, vous y étiez toujours, à ce moment. Je disais souvent que le fief de mes parents était un paradis en Ennor, que je ne le quitterais jamais et que je passerais ma vie à chasser des bestioles ou à explorer les bois, que je connaissais déjà par cœur d’ailleurs ! Or, j’attendais ma mère me dire, me reprenant, que la beauté de la demeure de Manwë et de ses paires dépassait celle de toutes choses qui existaient sur les terres qui avaient été mon berceau. Après une vie de contemplation et d’études, je suis certain que la lumière du royaume des Valars est en fait cette lumière intérieure qui brille en chacun de nous, que sa brillance est celle du cœur d’Eru. Par contre, je n’arrive pas à me l’imaginer, ni cette lumière, ni le visage des grands esprits, ni le palais de Mandos, ni rien de tout cela. Comment sont ces choses, mon amie ?Quand nous étions courroucés par le souffle de Manwë dans les hautes cimes des Monts Brumeux, j’ai eu très peur de vous perdre. Aussi, quand le froid arrachait la vie de mon corps, j’ai cru que je ne vous reverrais que de l’autre côté de l’Océan, où mon esprit essaierait de toucher le vôtre à travers les yeux d’un autre corps. Mais je vous ai revu et la sensation que j’ai perçue à ce moment, quand je suis descendu des ailes de mon nouvel ami, était indescriptible. Pourtant, j’avais déjà ressenti une parcelle de cette force, en tant que témoin, quand mes parents s’enlaçaient après une longue période sans s’être vus. À cet âge, je la ressentais comme l’onde de choc d’un lointain épicentre, mais elle était bien là, elle m’avait frappé. Vous étiez bien là, devant moi, quand je la ressentis. Vous êtes sage, Dame Tatië et je suis encore si jeune pour un edhel, pourquoi cela s’est-il passé? L’avez-vous ressenti, ma Dame ?Le temps est magnifique aujourd’hui et les domestiques en ont profité pour servir le banquet à l’extérieur. Les convives partageront le festin avec les abeilles et les escargots ! J’aimerais que vous y soyez, vous aussi.Je penserai à l’énigme d’Ilmendil et vous donnerai des nouvelles quand j’aurai une nouvelle piste. Man tolthatha i ‘waew ?1À bientôt,Votre dévoué serviteur et ami,Isilo




1 trad. sind: Qu'apportera le vent ?
Sujet: L'intrigue du sage, de la Dame et des aigles
Ryad Assad

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag tatië sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'intrigue du sage, de la Dame et des aigles    Tag tatië sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 8 Aoû 2016 - 1:10
Tag tatië sur Bienvenue à Minas Tirith ! Femme_10

Qui était Luin ?

Personne, assurément. Elle n'était qu'une lame argentée mise au service d'une cause qui ne lui appartenait pas, et pour laquelle elle avait néanmoins fait le serment de donner sa vie. Une lame dont le nom s'envolerait dans l'oubli quand elle quitterait la Terre du Milieu, un jour. Elle était aussi froide que l'acier qu'elle maniait, et rien ne semblait pouvoir adoucir la souffrance de son cœur perpétuellement étreint par la mélancolie. Elle était une âme égarée ici, errant sans autre but que celui qu'on lui confierait, attendant patiemment d'être invitée à rejoindre les Cavernes de Mandos. L'appel de Dame Tatië n'avait donc rien de surprenant pour elle, et à dire vrai la guerrière ne se sentit pas particulièrement choquée d'être convoquée ainsi. Même si la Dame n'était pas une militaire, elle avait l'autorité pour la faire venir où bon lui semblait, même si cela impliquait de la conduire face à un danger mortel. Le pion sur l'échiquier allait là où on avait le plus besoin de lui, avançant en ligne droite sans se préoccuper de ses camarades qui tombaient à ses côtés, et qui ne connaîtraient jamais qu'un repos éternel nimbé de ténèbres. Tout pour défendre le Roi et la Reine qui se tenaient derrière, immobiles et sages, mais ô combien importants. Ces derniers étaient là, face à elle, déposant un regard profond sur leur invitée.

- Ma Dame, répondit-elle sans joie à l'accueil pourtant chaleureux de la vénérable venue de Valinor.

Elle économisait ses mots, détestant parler autant qu'elle détestait s'entendre parler. Elle s'était inclinée de nouveau, sans manifester autre chose qu'une profonde servilité qui confinait à la servitude. La grande Dame, belle et gracieuse dans ses robes superbes, semblait vouloir se pencher jusqu'à approcher cette Elfe du commun, anonyme. Luin, mal à l'aise, ne pouvait que s'écarter de cette tentative d'établir le contact, se rétractant instinctivement comme si elle se sentait agressée dans son dernier cercle, celui où la noblesse de son peuple n'avait pas à se trouver, celui où la souillure dont elle était couverte ne risquerait pas de les éclabousser. Un léger sentiment d'incompréhension teinté de crainte s'empara d'elle, et Tatië eut l'élégance de ne pas en demander de trop, préférant immédiatement passer aux présentations. Luin, quelque peu soulagée, tourna son regard un instant vers le seigneur de Limeclaire que l'on venait de lui présenter.

- Sire, dit-elle en s'inclinant de nouveau.

Elle n'avait jamais rencontré Isilo, mais elle nota immédiatement quelque chose dans son regard qui la dérangea quelque peu. Au fond de ses yeux, on voyait danser une flamme intense, brûlante et dévorante, qui animait les esprits jeunes et fougueux. Certes, il avait l'air particulièrement calme – même au regard des standards elfiques –, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de voir en lui une sorte d'optimisme incontrôlable, une foi en l'avenir qui s'étendait à l'autre extrémité du spectre des émotions, là où le cœur de Luin n'allait pour ainsi dire jamais. Elle ne se permit aucun jugement ou aucun commentaire toutefois, car il n'était pas dans ses prérogatives que de juger de tels individus dont la sagesse et la puissance le disputaient à la noblesse et à la bonté. Il était peut-être plus jeune qu'elle, mais elle était un soldat, et ils étaient des philosophes, des penseurs et des décideurs. De leur capacité à analyser et à effectuer les choix les plus pertinents dépendait le sort de centaines, voire de milliers d'individus. A côté d'eux, elle n'était que poussière, quantité négligeable. Isilo se pencha vers elle avec courtoisie, et lui adressa des mots pleins de confiance et d'amitié, afin de faire tomber le masque de réserve que la guerrière arborait involontairement. Ce n'était pas qu'un simple salut qu'il lui offrait, mais bien une prestation de serment qui honorait celle qui le recevait bien plus que le seigneur ne pouvait l'imaginer. Une telle marque de déférence vis-à-vis d'une inconnue était rare, et la guerrière s'inclina encore, incapable de manifester autrement ses remerciements.

- Sire.

L'inflexion de sa voix avait changé légèrement, trahissant une légère surprise que son interlocuteur ne parut pas remarquer. Elle était perplexe : être ainsi conviée auprès de nobles qui s'efforçaient de lui donner une place, de regarder au-delà de son statut, était troublant. Le malaise qu'elle éprouvait alla croissant lorsque Isilo, avec une simplicité désarmante, la prit dans ses bras. C'était un geste commun, pour ne pas dire normal, mais il semblait à la guerrière qu'il y avait des âges que l'on n'avait eu pareille attention envers elle. Elle fut si gênée et étonnée qu'elle ne trouva pas véritablement comment répondre, et qu'elle ne rendit pas son étreinte à celui qui la lui offrait pourtant de bon cœur. Aurait-elle dû le faire ? N'était-ce pas trop familier, trop déplacé envers un seigneur qu'elle venait à peine de rencontrer ? Tatië et lui, par leur volonté de casser la distance sociale qui les séparaient de la guerrière, plaçaient Luin dans un état d'inconfort qui n'était pas habituel chez elle. Elle avait l'impression d'être un poisson hors de l'eau, perdu dans un univers dont les codes lui étaient étrangers, et qui lui paraissait curieusement douloureux, sans pour autant que quiconque fît montre de la moindre hostilité. Elle étouffa un soupir de soulagement quand l'étreinte amicale prit fin, et que chacun retrouva sa place et son rang.

Elle ne put même pas retrouver une parfaite sérénité en observant la cité alentour, car ils se trouvaient dans une section qui avaient été magnifiquement restaurée par les artisans de son peuple, lesquels avaient redonné aux fontaines, aux colonnes et aux arabesques leur splendeur d'antan. Voilà qui n'était pas pour apaiser le cœur de la guerrière, dont les yeux perçants ne pouvaient pas manquer de noter un léger contraste entre le nouveau et l'ancien, une très légère imperfection dans la rénovation, ou bien un changement de style infime là où les mains expertes avaient dû recréer ce qui avait été perdu. A l'instar de la marque indélébile gravée dans sa chair, les plaies de la cité pouvaient être refermées, mais rien ne pourrait gommer la cicatrice que portait la Dernière Maison Simple. Luin ne voyait pas une coursive élégante et sinueuse, entourée de parterres de fleurs et de sculptures raffinées. Elle voyait des hommes en livrée noire et blanche dont les lames étaient maculées de carmin, la seule couleur qui paraissait exister dans l'abîme de violence où elle avait été enchaînée. Elle entendait très distinctement le son du métal contre la pierre. Elle revoyait très précisément les éclats jaillir dans les airs, arrachés impitoyablement par une force sauvage et brutale.

La guerre.

Les images du conflit s'estompèrent comme un mauvais rêve disparaît aux premières lueurs du jour naissant, sans laisser rien de plus qu'un goût amer dans la bouche et un frisson dans l'échine. Rien qu'elle n'eût pas déjà expérimenté. Luin revint donc à ses interlocuteurs, s'attendant à recevoir des informations plus précises sur sa mission, ou à tout le moins sur la destination où ils allaient se rendre. En tant que garde d'Imladris, elle n'espérait pas de ses officiers qu'ils lui expliquassent les détails les plus spécifiques de sa mission. Elle n'avait pas besoin – et pas intérêt – à être dans la confidence. Bien des guerres avaient été perdues parce que de braves soldats avaient été capturés par l'Ennemi, qui avait su trouver à les faire parler d'une manière aussi odieuse qu'efficace. On se contentait donc, en général, de lui assigner une tâche assez particulière, qui n'avait de sens que lorsqu'elle était mise en perspective, observée avec un recul suffisant. Souvent il s'agissait d'une mission simple à comprendre, mais dure à réaliser. Les combats les plus âpres étaient souvent livrés pour des objectifs d'une simplicité affligeante. « Tenez le pont », avaient dit les officiers, avant de voir arriver au pas de charge des centaines de guerriers en armures lourdes. Combien étaient tombés pour tenir l'intenable ? Les souvenirs revenaient la hanter en permanence, tels des spectres aux doigts crochus qui lui susurraient de mauvaises choses au creux de l'oreille. Chassés par un simple mouvement de la tête, ils disparurent sans résister, promettant de revenir quand sa vigilance retomberait. Luin jeta un bref regard à Tatië, avant de revenir à Isilo, ignorant lequel des deux allait se lancer, et auprès duquel elle devait prendre ses ordres. Étonnamment, au lieu de rentrer dans le vif du sujet et d'aborder immédiatement le sujet qui les concernait tous les trois, le seigneur de Limeclaire se fendit d'un commentaire qui ne laissa pas Luin indifférente. Ses mots, presque prophétiques, pénétrèrent l'esprit de la guerrière comme une flèche et percèrent l'armure qu'elle avait érigée autour de ses propres sentiments. Etait-il devin ? Pouvait-il sincèrement lire dans l'avenir, et lui promettre qu'un jour prochain, son tourment prendrait fin ? Ou bien lui annonçait-il de manière voilée qu'elle ne reviendrait pas de la mission qu'ils entendaient lui confier. Il avait dit que beaucoup d'années étaient encore devant elles, mais allait-elle les passer auprès de sa belle Imladris, ou sur les rivages lointains de Valinor ?

Elle frémit. Perceptiblement. Bien peu de choses échappaient aux Elfes, de toute façon, mais même un Homme aurait pu noter le changement dans sa posture, dans son attitude. Elle baissa les yeux subitement, comme pour cacher la raison de son trouble passager, bien rare chez les gens de son peuple.

- Bien, sire.

Que dire d'autre ? Qu'elle voulait continuer la lutte tant qu'elle en aurait la force, et que la seule fin qu'elle voyait pour elle-même était sur un champ de bataille, silhouette solitaire et sans nom gisant dans son propre sang, au milieu d'une plaine dévastée, peuplée par les cadavres et dont seuls les corbeaux déchireraient l'immobilité ? Qu'elle ne savait rien faire d'autre, que toute sa vie durant elle avait porté l'épée, et que seule celle-ci donnait un sens à sa pathétique existence ? Qu'elle avait besoin de se battre pour défendre la cité qui lui était chère, la cité qui vivait dans sa chair, qu'elle choyait et à laquelle elle était liée par le sang qu'elle avait fait couler entre ses pierres ? Il n'aurait pas compris. Elle, une simple Elfe d'Imladris sans nom ni noblesse… il ne pouvait comprendre la vacuité du monde qu'elle parcourait, lui qui était appelé à accomplir de grandes choses. Elle ne lui en voulait pas. Ils n'appartenaient pas au même univers, et depuis les siècles qu'elle parcourait cette Terre du Milieu, elle n'avait eu de cesse de perdre peu à peu les fragments de son espoir en l'avenir, dispersés aux quatre vents, balayés par le souffle puissant des créatures de ténèbres qui arpentaient ses cauchemars.

Luin quitta ses sombres pensées, et revint à Tatië qui se chargea de lui expliquer les modalités précises de leur départ. Elle avait dans sa voix et dans son attitude une grande assurance, mais il paraissait tout de même que bien des choses demeuraient incertaines. Le danger qu'ils risquaient de devoir affronter était encore difficile à cerner, de même que les conséquences de leur action. La vénérable Elfe en dit autant qu'elle le pouvait sans trahir les secrets qui entouraient nécessairement les affaires des puissants, avant de confier à la guerrière qu'elle attendait de sa part un engagement volontaire et libre. Luin ne s'y attendait pas, et elle ne répondit certainement pas comme l'aurait espéré Tatië. Elle ne connaissait pas la liberté de choix, et en tant que soldat de la garde d'Imladris, elle ne pouvait décider de son propre chef de quitter son poste pour aller à l'aventure. Légèrement hésitante, elle commença :

- Est-ce que…

Ce qu'elle détestait sa voix, quand elle résonnait ainsi à ses oreilles. Trop grave. Elle reprit :

- Si l'Intendant Palantir vous a donné son approbation, je vous accompagnerai.

Bien entendu, ils avaient pris les devants et il était certain que tout avait été arrangé auprès des supérieurs de Luin pour lui permettre de quitter temporairement son affectation. Curieusement, elle n'avait pas donné son avis personnel sur la question. Pas qu'elle fût foncièrement contre l'idée de cette quête, mais elle estimait simplement qu'il n'était pas dans ses attributions que de contester des décisions. Deux seigneurs Elfes lui faisaient confiance pour assurer leur protection, et c'était tout ce qui comptait. Cela ne réduirait pas sa détermination, et elle mettrait la même énergie à les protéger qu'elle en aurait mis à défendre sa chère cité. Elle mourrait avant qu'il leur arrivât le moindre mal.

C'était aussi ce qu'elle s'était dit concernant Imladris.

Pourtant, elle était toujours en vie.

- Quand partons-nous ?

Elle était passée rapidement aux questions pratiques, sachant pertinemment qu'elle n'avait pas besoin de beaucoup de temps pour se préparer. Son épée et son bouclier reposaient dans ses quartiers, de même que les vêtements qu'elle emporterait pour son voyage. Le tout ne tiendrait que dans un léger barda, auquel elle accrocherait un arc d'appoint pour la chasse. Les seigneurs ne l'avaient pas explicitement spécifié, mais elle supposait que la célérité serait un facteur important, et il n'était pas question pour elle de sortir son armure de guerre, laquelle avait de toute façon vu trop de batailles récemment. Elle irait en toute simplicité vers cet aller qui serait peut-être sans retour, laissant derrière elle tout ce qui lui était cher pour plonger dans l'inconnu.

#Isilo #Luin #Tatië
Sujet: Pélerinage de Manwë
Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Carrock   Tag tatië sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Pélerinage de Manwë    Tag tatië sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 15 Juin 2016 - 19:39
Tag tatië sur Bienvenue à Minas Tirith ! Tatiy10

Elle devait bien l'admettre, cette ascension vers le Haut Col se révélait encore plus ardue que ce à quoi elle s'était attendue. En prenant le départ la veille, elle se doutait bien que le chemin qui les attendaient viendrait à bout de la détermination de certains parmi les pèlerins, et c'est ce qui s'était passé. Mais elle avait eu dans l'idée d'accompagner Isilo jusqu'au bout de son entreprise, pensant que sa seule foi dans les projets du seigneur noldo la ferait passer outre la fatigue et la douleur. La douleur est dans la tête, avait-elle souvent ouï dire, tant et si bien qu'elle avait fini par croire totalement en cet adage. Peut-être l'adage était-il vrai, d'ailleurs, ou en partie vrai, ou vrai pour certains. Elle imaginait aisément qu'Isilo puisse, par la force de son esprit, faire abstraction de la douleur jusqu'à un certain point, mais hélas elle ne disposait pas des mêmes capacités de concentration. Et puis, si l'Unique avait fait don de la souffrance aux elfes, n'était-ce pas afin de les aider à préserver leur hröa ?

Mais il y avait autre chose. La fatigue qu'elle ressentait ne semblait pas naturelle, et jamais auparavant n'avait-elle expérimenté une telle sensation. La traversée de l'Eriador, des Mithlond à Imladris, qu'elle avait effectuée juste après son arrivée sur  Ennor au siècle dernier, n'avait pas été aussi dure en terme de relief, mais s'était étendue sur bien des jours, et pourtant elle n'avait point ressenti ce qu'elle ressentait à présent. Non, cette lassitude n'était pas naturelle, et plus elle retournait cette question dans sa tête, plus ses pensées convergeaient vers la même explication : une volonté lui barrait de toute évidence la route, changeant ses vêtements en plomb et ses jambes en coton de manière à l'épuiser, à la freiner, à la faire renoncer, de la même manière que les autres marcheurs avaient renoncé avant elle. On aurait dit que tout était fait pour que personne ne puisse suivre les pas d'Isilo, comme si ce dernier devait se rendre seul au bout de son périple.

- Mais une volonté maléfique, ou sainte ?

Tatië se rendit compte qu'elle venait de poursuivre ses cogitations à haute voix. Elle regarda dans les yeux de son compagnon pour voir s'il avait entendu ou non ses paroles, et s'aperçut qu'il tenait en main un bout de pain de route et qu'il le lui tendait. De toute évidence il venait de lui parler mais, absorbée, elle n'avait pas saisi le sens de ses phrases et il dut répéter ce qu'il venait de lui dire.

Isilo avait remarqué son mal-être, et lui demandait justement s'il ne valait pas mieux qu'elle prenne le chemin du retour, et qu'il continue seul. Le cœur de la dame connaissait la réponse à ce choix, mais elle paraissait si brutale et définitive qu'elle préféra ne pas répondre tout de suite, pour se laisser le temps de peser encore une fois le pour et le contre. Entretemps, un cri retentit en écho jusqu'à eux. Thoron... pensa Tatië. Était-ce un signe ?

- Dame Tatië, qui parlera le premier: vous, ma Dame, ou la voix du Haut-Col, profonde et juste ?

Elle venait de prendre sa décision.

- Il semble que la voix des montagnes, la voix du vent, ou une voix infiniment plus profonde parle à travers mon corps, et m'enjoint de renoncer à ce pèlerinage qui pourtant me tient tant à cœur. J'ignore pourquoi, mais j'ai maintenant la conviction que mon rôle n'est pas de vous accompagner sur les hauteurs, et que vous devez terminer seul le voyage que votre cœur vous a inspiré lorsque nous devisions paisiblement dans la Salle du Feu. Vous rappelez-vous ? C'était il y a à peine deux jours, et pourtant j'ai l'impression qu'un siècle a passé depuis. J'espère seulement que vous ne verrez pas mon renoncement comme une trahison, car ce n'en est point une. Aussi, je ne retourne pas dans la douce maison de la vallée. J'attendrai ici même, sur ce froid espace plat au flanc de cette montagne, votre retour. J'ai le sentiment que lorsque nous nous reverrons, vous distinguerez plus clairement le destin qui vous a poussé à quitter votre fief et à... regarder le monde. Alors, vous me retrouverez là, prête à vous dispenser mes avis sur ce que vous aurez appris au sommet. Suivez les échos Isilo, ils vous guideront.

Et, comme elle terminait sa phrase, un nouveau cri se fit entendre, lointain mais clair.

♦ ♦ ♦

Loin de là, de l'autre côté du Haut Col, le volatile posé sur le pic rocheux scrutait les cieux. La perplexité s'était emparée de son esprit antique... Le vent avait changé brusquement de direction ce matin, se changeant en vent d'Est puissant et se précipitant en direction de la lointaine Mer de l'Ouest. Il ne pouvait en expliquer la raison, mais cela le remplissait d'une joie et d'un espoir qu'il n'avait pas connu depuis bien longtemps. Quelque chose de divin était à l’œuvre. Il ne put s'empêcher de laisser exprimer cette joie inexplicable à haute voix, et fit de même pendant toute cette étrange journée.
#Isilo #Tatië
Sujet: [OUVERT] Tiro n'i 'ardh
Isilo

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag tatië sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [OUVERT] Tiro n'i 'ardh    Tag tatië sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 9 Juin 2016 - 23:35
L'ambiance de ce cercle d'érudition était tout à fait alègre et paisible, ce qui remplissait le coeur du seigneur Noldo d'une joie hors du commun. C'était bel et bien des moments comme celui-ci, qui le rendaient certain de que sa mission était juste et qu'il marchait dans les pas de ses ancêtres, de sa mère, notamment, qui avaient, avant lui, voulu briser les barrières de l'ignorance et de la peur entre les peuples d'Ennor. Pendant que Tatië se prononçait, Isilo tâcha de fragmenter son attention afin de ne rien perdre de la présence de ses confrères, qui, pour la plupart, démontraient une sorte de sourire enjoué, voir hilare. Cet événement ne venait que confirmer la conviction qu'Isilo avait que même le sujet le plus sérieux pouvait être discuté sous la bannière du rire et de la convivialité. Pour cette raison, le jeune philanthrope croyait qu'il avait été juste de parler avec son coeur et de mentionner les Thorons, comme c'était bel et bien le signal, visiblement, que l'Invisible lui avait envoyé à ce moment. À en observer la réaction de la Dame et de son audience, le coeur d'Isilo résonnait en synchronie avec celui des autres.

Alors qu'Isilo avait laissé libre cours à ses présentiments en les verbalisant, la Dame de Valinor avait, encore une fois, rationnalisé ces desseins et encadré la pensée d'Isilo en lui donnant, avec briau, une forme plus facilement ''digérable'' afin que l'assemblée y réfléchisse à son tours. Certains érudits avaient démontré une certaine hésitation ou, plutôt, un questionnement assez significatif envers l'idée de contacter les Thoron o Manwë, mais on aurait pu cerner, ce soir-là, un consensus plutôt clair. En effet, l'enthousiasme des sages et des penseurs trahissait un tantinet leur passivité ou leur sérénité habituelles, probablement parce que ces derniers, toujours en quête d'expérience plus riches en spiritualité et en connaissances, voyaient dans de nouveaux échanges avec les Thorons une forme d'événement tout à fait historique, voir prophétique. Ainsi, lorsqu'Isilo voyaient que ses compatriotes buvaient les paroles de Tatië, il saisit l'occasion pour alimenter cet enthousiasme, mais tâcha de ne pas déformer la réalité.

- Quant à moi, j'aimerais vous dire, mes frères et mes soeurs, que je comprends cet enthousiasme que j'ai ressenti chez vous au moment où Tatië vous parlait, et je vous assure que mon coeur ne fait que battre de plus bel à la vue d'un tel contact entre nos peuples. Aussi, il serait vous mentir que d'affirmer que je doute de ce que je vous ai dit, comme tout mon être est appelé vers ces êtres de pouvoir et de connaissance. Cependant, bien que j'aie la conviction mystérieuse que les Thorons nous recevrons, ma vision ne saurait porter au-delà de cette rencontre et le dénouement m'est, vous le devinez, encore plus voilé de questionnements.

Dans la même lancée, Isilo changea toutefois un peu de ton pour en adopter un plus neutre, moins illuminé de ce sentiment alègre qui l'avait amené à prononcé ces derniers mots.

- Également, je suis tout à fait d'accord avec notre Dame qui affirme que, un jour ou l'autre, nous devrons suivre la voix du vent et comprendre son murmure afin de découvrir où ce dernier voudra nous porter. Oui, nous devrons nous mettre en marche, je pense. Ces objets de pouvoir sont peut-être synonymes de jours meilleurs, peut-être pas, mais j'estime, dans tous les cas, que le consensus de ce cercle d'érudition est que celui-ci servira de lieu et de moment où l'information recueillie sera acheminée, puis analysée, comme nous l'avons fait aujourd'hui. Je suggère de répéter le processus quand nécéssité il y aura, autant de fois que nous le voudrons bien, car bénéfique seulement il ne peut qu'être.

Isilo sourit, prit le temps de regarder chacune des têtes qui étaient tournées vers lui et salua d'un sourire encore plus radieux sa Dame, qui l'accueillait de sa bonté de l'autre bout de la table.

- Man tolthatha i ‘waew an i ehil, mellyn nîn ? (Qu'apportera le vent/comment sera le temps pour les Elfes, mes amis ?)
Isilo joint les mains près de sa bouche et ferma les yeux. Au moment de les rouvrir, il prononça ce qui allait être les dernières paroles de ce cercle.

- Je partirai vers les Hautes-Cimes, avec les esprits qui voudront bien de ma présence sur ce chemin, dès que le coeur m'en dira. Je prendrai le temps de le faire, d'y penser et de savourer chaque instant de mon ascencion, qui pourrait être, pour moi, la dernière de cette vie. Si ceci ne s'avère pas être ce qu'Eru me réserve et que mon devoir envers la vie qu'il m'a donnée n'est pas encore accompli, et bien je pars sans le moindre doute que vous aurez rapidement des nouvelles du dénouement de cette aventure. Aussi, bien que je sois accablé d'une multitude d'émotions, la prétention n'est pas assez controlante dans mon esprit pour le moment pour admettre que ce voyage serait plus facilement accompli seul. Ainsi, ce pélerinage est d'autant plus significatif lorsqu'il est partagé et j'ouvre mon coeur à qui voudra m'accompagner. Ce cercle est désormais fermé jusqu'à nouvel ordre, partez en paix.

Cuio mae.


#Isilo #Tatië
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