Départ matinal

Erwoyn c'était levée très tôt ce matin, son père et ses frères allaient de nouveau la quitter pour quelques jours. De son lit elle pouvait voir le ciel par la fenêtre et le soleil fit briller ses cheveux comme de l'or. Après s'être préparée elle alla surveiller les serviteurs afin que sa famille puisse prendre le petit déjeuner tranquillement tandis qu'ils préparaient leurs affaires.
La jeune femme se montra enjouée, comme si de rien n'était, comme si le départ ne lui faisait rien.

* Après tout ils vont revenir bientôt.. Ce n'est pas définitif... *

Mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un pincement au coeur à l'idée de voir ses chers hommes partir loin d'elle. Même si elle en avait l'habitude, c'était à chaque fois la même chose.

Son père, homme chaleureux, bon vivant, lui parla de ses futurs profits qu'il allait faire avec des personnes du royaume, des gens qu'il appréçiait et avec qui il était souvent en contact.

- Père, pourquoi ne pas les inviter chez nous un de ces jours ? Demanda Erwoyn d'une voix douce, Cela fait longtemps que nous n'avons pas reçus de visiteurs..

La jeune femme vit ses frères se regarder en souriant et ne pû s'empêcher de rire. La dernière fois qu'il y avait eu une fête chez eux, ces trois là avaient mit plusieurs jours à s'en remettre, tant ils avaient profités des boissons, entre autres..

Après avoir manger, ils chargèrent leurs affaires et la jeune femme les accompagna jusqu'à la grande porte de la cité.
Ses frères firent tout leur possible tout au long du chemin pour lui faire peur en lui racontant des faits horribles sur des attaques d'orcs. Elle regarda avec appréhension les étendues de terres qui s'étendaient au loin. Puis elle dit au revoir à sa famille et les regarda partir.
Elle savait qu'ils étaient capables de se défendre mais il y avait tellement de dangers. Elle resta ainsi un long moment à les regarder, jusqu'à ce qu'ils disparaîssent au loin.

Puis suivit de deux serviteurs qui l'accompagnait partout elle quitta l'immense paysage du regard et se retourna vers la fière cité blanche. Elle ne savait pas encore ce qu'elle allait faire pendant l'abscence de sa famille. Elle se tourna vers ses serviteurs et leur sourit..

- Allons-y...

La jeune femme commença à prendre le chemin qui la ramènerait vers le haut de la cité..

Un vieux mandiant, à l'aspect grisâtre, avait observé les adieux de la jeune femme du coin de l'oeil. Bien que celle-ci ne l'avait pas remarqué, l'homme la regardait à présent s'éloigner de son seul oeil valide, l'autre étant infecté et chargé de pus.

De sa voix rocailleuse, il interpella Erwoyn :

"Hé jeun' femme ! Approche donc un peu..."

Il continua de la fixer durant quelques secondes, l'homme était de nature étrange et nul doute que la demoiselle prit peur en découvrant ses longues dents jaunes. Comme pour paraître plus doux, le vieillard souffla:

"Je t'ai vue embrasser ton père et tes frères. Ils partent pour longtemps ? Ils vont te manquer, je suppose ..."

Erwoyn venait de prendre le chemin du retour vers la demeure familiale, plongée dans ses pensées. Pensant au long voyage qui attendait sa famille et à l'ennui qui allait vite l'envahir si elle ne trouvait pas une occupation ou des gens à voir. Ses deux serviteurs marchaient derrière elle.

Comme elle avançait, elle entendit une voix rocailleuse s'adresser à elle, de manière familière. Se tournant vers la personne elle ne pû s'empêcher d'avoir un mouvement de recul. La personne en question était un vieillard repoussant, avec un oeil dans un triste état.
Aussitôt ses serviteurs se mirent à ses cotés, se méfiant du vieil homme.
Celui-ci continua d'un ton plus doux, il lui dit avoir l'avoir vu quitter sa famille, lui demandant la durée de leur voyage et s'ils allaient lui manquer.

Se reprenant Erwoyn sourit au vieillard, essayant de ne regarder que son oeil normal, qui lui paraissait vif d'ailleurs..

* Il est en piteux état mais ne paraît pas fou... *

La jeune femme fit signe à ses deux compagnons que tout allait bien et répondit..

- En effet Monsieur, comme vous l'avez vu mon père et mes frères viennent de partir..

Elle n'avait aucune envie de lui dire la durée de leur voyage, elle ne voulait pas avoir de mauvaises visites dans la demeure familiale.

- Ils ne seront pas absents longtemps mais oui, ils vont me manquer c'est certain, c'est ma famille... Mais ils ne partent pas pour rien, c'est pour le bien du royaume, c'est notre intérêt à tous.

Elle ne pû s'empêcher d'être troublée par sa phrase,sincère mais délicate, le mendiant vivait dans la misère et ne voyait sans doute pas les choses comme elle. Elle avait toujours vécue dans le plus grand confort, aimée et protégée.

- Et vous Monsieur, que faites-vous ici ? Venez-vous d'arriver ou vivez-vous dans notre cité ?

La jeune femme ne savait pas à quoi s'attendre de la part du vieillard, elle était contente d'avoir ses serviteurs avec elle. Elle ne se voyait pas se défendre seule si l'homme lui voulait du mal...
Elle ne pû s'empêcher de jeter un rapide coup d'oeil autour d'elle pour voir si des chevaliers ou des gardes se trouvaient non loin...

Le vieillard se mit à rire doucement, dévoilant à nouveau ses dents d'aspect jaunâtre. Sa peau, grasse et sale, plissait sous le rythme de son rire. Voyant la peur que dégageait Erwoyn, le mendiant regarda furtivement à gauche et à droite mais n'aperçut aucun garde, aucun milicien. Il était encore tôt, et les patrouilles de nuit s'était faits remplacées par celles de jour. Replaçant son regard sur la jeune femme, le mendiant railla :

"Je te fais peur hein ? Je vous répulse tous, autant que vous êtes... vous me regardez avec pathétisme et dégoûx. Je ne suis qu'un chien des rues à vos yeux !"

Il avait dit ça sur un ton plus élevé, honnête, mais qui faisait froid dans le dos. On aurait vraiment pensé à un chien, aboyant sur son sort. Quelque chose passa dans son regard, ses yeux pétillèrent un court instant. Il chippota deux secondes dans une poche intérieure de sa veste décolorée et déchiquetée en maints endroits avant de souffler, sur un ton qu'il voulait plus doux :

"Allons, cela fait longtemps que quelqu'un ne m'a plus appelé Monsieur. Tu es polie, et bien éduquée. Malheureusement, on ne peut pas dire que je vis ici car je n'ai pas d'habitation. Les temps sont durs..."

La jeune femme regardait le mendiant, enfin, surtout son oeil normal l'autre la perturbait trop. Elle était habituée aux mendiants un peu fous, qui se jetaient à la porte de sa maison pour demander de la nourriture, à ceux qui se parlaient à eux-mêmes dans un language incompréhensible...
Là c'était différent, Erwoyn sentait bien que le vieil homme était rusé, jouant de son apparence effrayante.
Il se mit à rire, puis répondit de sa voix cassée qu'il voyait sa peur, qu'il ressentait le dégout et le pathétisme des habitants sur lui...

* ... Je ne suis qu'un chien des rues à vos yeux!...*

Erwoyn fut choquée qu'il ressente ça venant d'elle, elle n'était pas comme ses frères qui ne se gênaient pas pour profiter des plus faibles, ou moins chanceux. Puis elle vit un changement dans son regard et le regarda fouiller l'intérieur de ce qui restait de sa veste. Avant qu'elle n'eu le temps de répondre le mendiant continua, lui dit la trouver polie et bien éduquée, la jeune femme lui sourit, puis il dit vivre dans la rue...

- Monsieur... Vous ne me répulser pas, c'est juste que... Mon éducation me tient éloignée de beaucoups de choses...

Erwoyn s'arrêta, de peur de provoquer la colère du mendiant en lui disant que pour beaucoup, il n'existait même pas. Se demandant ce que le vieillard avait pensé quelques instants plus tôt, elle reprit doucement...

- C'est certain que les temps sont durs...

* Pour les gens comme lui particulièrement, moi je suis protégée *

- En plus des menaces qui pèsent sur nous, vous paraissez éprouvé...

La jeune femme voulait l'aider mais l'attitude du vieillard l'inquiétait, instinctivement elle tournait autour de son doigt une mèche de ses longs cheveux blonds...Malgré sa crainte elle avança un peu vers lui...

- Avez-vous mangé aujourd'hui monsieur? Sinon, si vous voulez venir jusqu'à ma maison mes serviteurs pourraient vous donner un repas?...

Elle attendit la réponse du mendiant. Elle savait que son père n'aimait pas quand elle faisait cela, qu'elle aurait droit à un sermon quand il rentrerait, mais ce n'était pas pour tout de suite alors la jeune femme repoussa cette pensée au loin...

Le vieillard blémit, et les traits de son visage se creusèrent.

*Comment ? Elle, m'inviter prendre le repas dans sa demeure ?*

Lentement, un sourire se dessina sur ses lèvres et sa langue passa un court instant sur ses dents, comme un chien à qui on venait d'ouvrir l'appétit. L'homme se leva péniblement, chancela et manqua de tomba. Son vieux dos courbé craqua suite à ces mouvements trop peu pratiqués. Depuis trop longtemps maintenant le vieil homme n'avait plus marcher vers quelque chose de nouveau.

Mais une ombre planait continuellement sur le mendiant et nul doute que sa jeune interlocutrice ne s'en aperçoive. Ses longs doigts noueux soutinrent le mur, au début, pour empêcher l'homme de vaciller à nouveau. Il marcha un temps comme ça, puis, ayant retrouvé une certaine assurance, il se permit de continuer à son train, les bras le long du corps.

A un moment, son regard se porta sur les deux serviteurs qui suivaient plus loin. Ils avaient l'air alertés et ne perdaient pas leur Maîtresse des yeux. Après s'être traîné un moment dernière la jeune femme, il souffla, visiblement très fatigué :

"C'est encore loin ? Je n'ai plus la force que j'avais auparavant ..."

Erwoyn sourit, le vieux mendiant acceptait qu'elle lui offre un repas...

* Cela m'aura finalement servit à quelque chose, de supporter les récits de mes frères jusqu'à la Grande Porte... *

Il était encore tôt mais vu les efforts que le vieil homme fit pour se lever, la jeune femme sentit que ce n'était pas une habitude pour lui d'être invité à manger.
Erwoyn eu mal au coeur en le voyant se lever si péniblement, il dû s'appuyer contre le mur afin de retrouver un semblant d'équilibre avant de la suivre sur la route qui les ramenenraient vers le centre de la belle cité blanche. A aucun moment ses serviteurs n'aidèrent le vieil homme, se tournant vers eux, la jeune femme vit leur mine renfrognée et leur rendit un regard noir...

* S'ils s'avisent d'êtres désagréables... Si mon père ne peut m'empêcher de faire ce que bon me semble ce ne sera pas eux qui me diront ce que je dois faire... *

La jeune femme comprennait qu'il pouvait-être dangereux de ramener un inconnu dans la demeure familiale, mais elle ne pouvait pas le laisser là alors qu'elle lui avait parlé et vu sa misérable vie.
Elle savait qu'il se passait des choses grâves dans la cité, plusieurs fois dernièrement elle avait vu d'autres nobles de la cité, des amis de la famille, arriver à des heures tardives pour raconter des choses à son père. A chaque fois ils s'enfermaient dans les appartements de ses appartements et à chaque fois son père revenait soucieux de ces entrevues.

* Je sais que ce n'est pas quelque chose qui concerne mes frères car mon père n'est pas dans une colère noire... *

Toujours dans ses pensées, elle se retourna pour voir le mendiant qui la suivait et juste après ses serviteurs, toujours méfiants...
Le vieil homme en profita pour lui demander s'ils arrivaient enfin, il était essouflé et si c'était possible, encore plus mal en point...

- Oui Monsieur, nous ne sommes plus très loin... Répondit Erwoyn en souriant...

[suite chez moi ! ]