Le Cavalier Noir

Depuis maintenant des semaines, les peuplades des Montagnes Blanches connaissaient une révolte : des traitres à leur sang avaient renversé la Baronnerie Harkonnen, appuyés dans leurs noirs desseins par bon nombre de montagnards avides de pouvoir. Les combats avaient été durs, et sanglants. Par-ci, par-là, gisaient des corps aux bords des chemins qui montaient vers le Bastion. Celui-ci avait été assiégé et, selon les dernières nouvelles, il était à présent occupé par les parjures, ces hommes, ces hors-la-loi sans scrupules qui n'hésitèrent pas à assassiner leur anciens compagnons d'armes.

Mais depuis quelques jours, les combats avaient cessé. Les fidèles du Gondor avaient fui, certains à Minas Tirith même. Les villageois se demandaient ce que ferait le Souverain. Plus aucun soldat n'était visible sur les routes, et les pauvres voyageurs qui s'aventurait sur le dos de la montagne finissaient égorgés au fond d'une crevasse.
Cependant, un soir de ciel noir annonciateut d'un terrible orage, un son de sabots se fit entendre dans la vallée, se rapprochant.

Les quelques montagnards présent crurent à l'apparition d'un Capitaine de Gondor, un héros de Minas Tirith venu défaire la vermine et nettoyer leurs terres de leur sang impure. Mais d'abord lointain, le bruit des sabots se rapprochait très vite. Soudain, un vent d'est fit son apparition, mordant de son souffle la peau des villageois.
Tendant l'oreille, ils eurent l'impression d'entendre dans le vent lui-même un rire. Un rire, froid et gutural, à glacer le sang. Les moins courageux prirent peur et se réfugièrent en vitesse dans leurs bâtisse, fermant les fenêtres et couchant les enfants prits de panique.

Quelques hommes restèrent à l'extérieur, curieux de voir le voyageur qui osait monter vers le Château, en des terres si peu sûres. Le vent doubla d'intensité lorsqu'une silhouette noire, en bas des chemins sinueux se dessina dans l'ombre. Un seul cavalier montait à grand train, gravissant la montagne à vive allure. Deux ou trois hommes sortirent leurs fourches, se sentant menacés par la présence du cavalier noir...

Il arriva rapidement à hauteur des villageois. Le rire s'estompa, et un éclair traversa le ciel, foudroyant le versant de la montagne. Le cheval noir s'arrêta lorsque son cavalier tira sur les rennes. On put distinger que ses sabots étaient cloutés, par contre, la figure du voyageur passait inaperçue, sans la capuche de son long manteau noir. Il resta là un instant, comme pour s'orienter. L'air changea et devint lourd, le son du tonnerre grandissant en bas, dans la vallée. Le reste des courageux s'en fut se réfugier à son tour. Certains anciens se rappelèrent la légende de certains cavaliers noirs, de vieux spectres maudits. Les enfants se mirent à pleurer et les femmes essayèrent de les calmer, elles-mêmes dans un état peu enviables.

Le cavalier noir, lui, mit pieds à terre, ses lourdes bottes s'enfoncant dans le sol trempé. Il s'accroupit, et prit quelque chose dans sa main. Après quelques secondes, il se releva de toute sa hauteur et remonta sur son destrier noir. Il s'échappa de la brume et contina sa montée vers le Bastion... Cet homme était-il de mauvaise augure, annonciateur de mauvais jours ?