Le Sable de l'Arène

Quand Braror entra dans l'arène, il la balaya d'un regard circulaire de son seul oeil. Le borgne s'avança lentement, sa cape écarlate voletant autour de lui. Il recevait moins d'acclamations que son concurrent, un champion local, n'en recevrait, mais il avait beau être un étranger, son air noble, son port de tête hautain et plein de certitude lui gagne quelque sympathie dans le public.

Il avait fait un long voyage pour gagner Kryam et il espérait mener à bien sa mission. S'il gagnait, c'était la perspective d'un affrontement avec le Grand Champion de l'Arène qui s'ouvrait, et une victoire aurait fait de lui un héros et lui aurait offert la possibilité de recruter une tripotée de gladiateurs, des combattants redoutables qui sauraient se montrer très utile dans les desseins qu'il avait.

Comme à Dur'Zork jadis, lorsqu'il avait fait partir de l'armée des perdants, il se baisse, son armure ouvragée grinçant, et il ramassa une poignée de sable.
Il l'ammena à ses lèvres, avant de le jeter, qu'elle s'éparpille au vent.
Braror attendait, il était prêt...

La porte de l'arène s'ouvrit sous un tonnerre d'aplaudissement. Le Boucher allait encore une fois remettre son titre en jeu.Il portait un hachoir, ou ce qui ressemblait à un couteau de boucher.

Autrefois beau jeune homme, apprenti du boucher le plus respecter de la ville, il était apprécié des femmes. Trop... beaucoup trop aux yeux des boucher bedonnants.

Avec la complicité de tanneurs peu scrupuleux, nombreux et traitres, les maris cocufié l'avait plongé dans une cuve rempli de divers produits spéciaux préparé pour le tannage des peaux.

Le Boucher n'avait plus jamais été pareil. Sensible plus que jamais à la lumière du soleil, il avait revétu un manteau de toile rouge. Symbole de son ame blessée et saignante.

Armés d'un hachoir immense , de ceux utilisés pour décapité les boeufs, il avait traversé la ville et tué un a un ses vils tourmenteurs.
Mais il ne s'était pas arreté là... Et là la légende commence. On raconte que son manteau couleur sombre fut fabriqué à partir des peaux de ses ennemis.

Pourchassé, laid, sans le sou, il avait accepté d'entrer dans l'arène. Et pour la première fois depuis des mois, la ville dormit en paix.
Il avait massacré avec un égal plaisir chacun de ses concurents, lavant l'affront que la ville lui avait fait.

Alors donc, il entra dans l'arène. La foule l'acclama, heureuse de le voir ainsi éloigné de ses logements. Comme à son habitude il arracha un morceau de son manteau. Avec une étrange délicatesse, il l'amena vers l'orifice qui lui servait de bouche. Dans un horrible bruit de sucion il avala. Il lui manquait une pièce à son manteau. Et l'espèce de nobliau en face allait le lui fournir.

Braror réprima un frisson... Il était un vétéran, un excellent combattant qui avait appris auprès des meilleurs maîtres d'armes de la Cité.
Et dire qu'il avait espéré affronter un humain... Il aurait eu toutes ses chances, il le savait parfaitement. Mais ça...
Pouvait-on vraiment appeller ça un homme ?

Il s'efforça de garder son calme. Après tout, lorsqu'il était partit, il y a longtemps déjà, il s'était préparé à en finir avec sa vie.
"Voir Dur'Zork, et mourir ..." avaient-ils dit, tous ces Gondoriens qui avaient participé à la première campagne au Harad, sous la direction du futur Intendant Radamanthe et du Stratège disparu Silence, et qui y avait été blessé assez pour qu'on recourt beaucoup moins à leurs services...

"Voir Dur'Zork, et mourir ..." avaient-ils dit lorsque vint la deuxième bataille de Dur'Zork, lorsqu'ils furent les seuls Gondoriens à pouvoir répondre à l'appel, car la Cité était elle aussi sous la menace des Haradrim d'Amouth, et ne pouvait se porter au secours de Meakil Duzingi, dont certains commençaient à se méfier...

Mais Braror aurait pu témoigner que l'Emir n'avait pas failli à ses engagements, que simplement il avait lui aussi été submergé par le pouvoir d'Amouth...
Braror avait vu Dur'Zork, mais il n'y était pas mort.

Il n'avait pas pris le chemin d'Arzawa, à quoi y servirait-il ? Il avait erré dans le désert dominé par ces Suderons mauvais et fourbes qui avaient trouvé un certain maître...

Finalement, il avait atteind Khand, entendu des rumeurs folles... Il s'était dit pourquoi pas ? S'il réussissait, il pouvait encore se montrer utile à Gondor.

Alors il avait atteint Kryam. Il se rendait maintenant compte que c'était une erreur, il n'avait aucune chance. Tant pis pour Dur'Zork, il avait vu Kryam, il y mourrait.


Il s'avança calmement, rejetant toute peur pour garder sa dignité. Il salua son adversaire, pour autant que l'autre fasse pruve de manières...

Le combat commença, Braror maniait son épée avec habilité, il connaissait des feintes mortelles et des parades incroyables, mais pouvait-il véritablement faire quelque chose fasse à une arme presque aussi grande que lui ? Le premier choc fut terrible, mais le Gondorien para et attaqua de quelques coups d'estocs rapides, tels des piqûres d'abeilles... Il avaiat l'avantage d'avoir une arme légère et qu'on pouvait manier avec rapidité, il comptait bien en profiter...

L'autre était rapide et cela l'agassait. Mais plus que son arme, le Boucher bénéficiait d'une agilité incroyable. L'autre était engoncé dans une armure lourde et rigide...

- Soldat que te sers ton armure pour empecher mon hachoir de t'abbatre à terre ?

Sa voix était sifflante et horriblement défformée.Le Boucher n'était pas un maitre d'arme, aussi il avait de grandes difficultés pour parer les feintes de son adversaires.

Il frappait comme un sourd tentant d'entrer dans une pièce. La lame de son adversaire recevait les chocs un à un, mais comme il le remarquait, le bras adverse faiblissait.

Il fallait de l'énergie pour feinter, et le Boucher pompait toute l'énergie de son ennemi par ses coups de butoirs. Déjà l'autre reculait. Le Boucher était méthodique.Il ramenait son épée derrière sa tête et l'abbatait avec la même force et la même précision.

Le public criait... Il savait ce qui allait suivre... Personne n'osait prévenir l'étranger... Les barrière de l'arène seraient vite franchies.
D'un coup vif de sa main gauche, le Boucher traca une profonde entaille dans la chair de l'ennemi avec un couteau sortit de ses guenilles.

L'autre tomba au sol...D'un coup de poing phénoménal en pleine figure, le Boucher l'assoma à moitié. Et c'est dans un état de semi conscience que Braror vit, avec horreur, l'autre se saisir de sa main et l'amener vers son orifice buccale. La morsure des dents pointues de l'autre était insoutenable et déjà la mort lui tendait les bras comme un délivrance.

Braror fixait son adversaire de son dernier oeil restant. Il y avait comme des volutes de fumée qui brouillaient sa vision, pourtant seul le sable voletait au-dessus de sa figure ensanglantée.
Bien sûr, il savait qu'il n'avait aucune chance, le premier coup qu'il avait paré, d'une force formidable, n'avait pas que confirmer ses craintes.

Maintenant, étendu sur la sable, les bras en croix, il était immobile, la tête sur le côté. Avec son armure qui brillait encore au soleil, on aurait pu croire qu'il n'avait rien, s'il n'y avait sa main et son visage ensanglantés. Même sa cape d'un rouge flamboyant n'était pas déchirée.
Sur les gradins, on regrettait presque qu'il est imméditament rencontré si terrible adversaire... Il aurait sûrement pu se débarasser de quelque autre gladiateur, sinon...

Braror avait donc échoué. Il ne ramènerait aucune aide à Gondor, il ne pourrait pas même rapporter la moindre information à propos de ce qu'il avait appris dans le désert et dans les bars miteux... Rhûn, Rhûn,..les fourbes...

Tandis que son regard se perdait dans le large nuage blanc qui survolait l'arène, il entr'aperçut la capitale Haradrim qui ressurgissait de ses pensées...
Voir Dur'Zork, et mourir... Braror ferma le seul oeil qui lui restait.