Traversée de la rivière Lhûn

Bien décidé à se rendre à la tour blanche d'Elostirion, Tior Celebdîn longea les quais des Mithlond, et, après avoir fait la rencontre de Celebrond et l'avoir chargé d'une mission, il continua un peu son chemin à l'Est, en longeant les quais.

Quelques instants plus tard, comme l'obscurité commençait à tomber sur les eaux de la pointe du golfe de Lhûn, Tior vit, non loin, une barque Elfique flottant dans les sombres flots sous la Lune, et debout à l'intérieur un elfe aux longs cheveux bruns et de haute taille, qui observait l'avancée du Dunàdan.

Cette embarquation en bois blanc de forme effilée semblait juste être placée là pour Tior, bien que celui-ci l'ignorait, et qu'il pensait juste à une coïncidence.

"Bien le bonsoir, marinier Elfe, je me rend à la tour d'Elostirion, mais je n'ai point les moyens de traverser cette..."

Un signe de main de l'elfe l'arrêta net.

"Montez! Je me nomme Milanwë, et nous allons faire ensemble la traversée du fleuve."

Le messager d'Halbarad monta sur la frêle barque sans poser de question.

*Les Elfes sont vraiment de curieuses gens, pensa-t-il. On dirait que celui-ci attendait mon arrivée... serait-ce Laurelin qui aurait entendu ma discussion avec Galathor. Dans ce cas, les nouvelles vont vite, chez les habitants des Mithlond.*

La blanche embarquation de Milanwë quitta les quais des Havres Gris et commença à voguer dans l'eau sombre de la rivière Lhûn, dans laquelle les étoiles se reflétaient. Mille petite paillettes argentées virent orner sa surface, à peine troublée par les douces ondulations de l'eau au passage de la barque.

L'elfe jouait habilement et sans aucun bruit des rames de même bois que le radeau, si bien que lui et le dunàdan avancèrent à une allure modérée en direction de la rive Sud, qui se trouvait encore à une bonne distance d'eux.

Tior Celebdîn ne trouva rien à dire à Milanwë, qui semblait lui aussi ne pas faire attention à son "compagnon", concentré à pagayer. Il faisait ce qu'on lui avait dit de faire, sérieusement, silencieusement, et rien de plus...

La lune montait à l'Est, mais, malgré sa douce lueur, les yeux de Tior ne pouvaient discerner la tour clair d'Elostirion. Peut-être quelque colline la tenait cachée de ceux qui naviguaient en contrebas... ou peut-être que le Dunàdan ne disposait pas d'une vue assez perçante pour l'apercevoir.

*Peut-être que les Elfes pevent la voir, eux, se dit Tior... En tout cas quoi qu'il en soit, je dois m'y rendre, et peu importe du reste.*

Une bonne moitié de la traversée de la rivère avait été effectuée, et le messager d'Halbarad pouvait à présent discerner le rivage opposé, quoiqu'il fut ombreux et flou à cette distance et de nuit. Le courant du fleuve à cet endroit, juste en amont du golfe, n'était pas tellement fort, et en tout cas beaucoup moins que vers les Montagnes Bleues où la rivière Lhûn prenait sa source.

La traversée de la rivière continuait inlassablement, et le petit vaisseau blanc était bien prêt d'atteindre la rive Sud, lorsque Milanwë parla pour la première fois depuis qu'ils voguaient sur les eaux:

"Maître Dunàdan! Quand nous toucherons la Terre, vous devrez continuer seul votre chemin, et je resterai ici pour vous attendre. Cependant, si j'ai un seul avis à donner, n'allez pas à Elostirion! Car les mémoires du passé se trouvent en grande partie dans la tour à la clef d'or, la soeur jumelle d'Elostirion."

Tior aquiesca d'un signe de tête. La barque Elfique, quant à elle, toucha enfin le rivage, et le marinier parla une seconde fois:

"Vous réussirez à trouver votre route. Regardez! Ne voyez-vous pas, dans la direction Sud-Ouest, une sorte d'aiguille de lumière blanche?"

L'Arnorien regarda dans la direction qu'indiquait Milanwë, avant que celui-ci ne reprenne:

"Cette lueur est en réalité la grande tour d'Elostirion brillant sous la Lune. La tour de la Clef d'Or se trouve non loin de sa "jumelle", et elle est moindre. Vos yeux ne peuvent la voir, je pense, mais vous y serez vite. Une fois arrivé à sa porte, ce sera un dénommé Namirië qui vous acceuillera. Je serai là, au même endroit, je vous attendrais. Bonne route!"

Tior s'inclina devant l'Elfe et partit d'un pas sûr et rapide en direction des tours. Il aimait marcher de nuit, sous les étoiles; la progression n'en serait que plus rapide.

Milanwë vit s'éloigner rapidement le messager d'Halbarad, qui ne fut bientôt plus qu'un petit point noir dans la demi-obscurité de ce clair de Lune. Puis il disparut totalement aux yeux de l'Elfe, ombre parmi les ombres.

Toujours guidé parla lueur argentée de la tour d'Elostirion, Tior se rapprochait, à chaque pas, un peu plus de son but. Il emprunta un cheminassez étroit mais néanmoins pratiquable, et passant de colline et colline, il put admirer de loin la spendeur des Havres Gris sous la Lune: ville plus que millénaire ayant perduré à travers les Ages et dressant inexorablement ses fiers tours dans la nuit calme de l'Ouest d'Arda.

La Lune commençait à décliner à l'ouest, et elle finirait par disparaître, loin, bien loin des Mers Séparatrices, au-delà même du pays des Valar, le Royaume Bienheureux de Valinor. Les actes des Hommes, des Elfes, et de toutes les races de la Terre du milei ne représentaient que peu de choses face à cet astre ancestral, symbole, avec le soleil, de la puissance et du rayonnement des Aratar.

Enfin, arrivé au versant Ouest de la dernière colline à franchir, Tior put admirer de plus près la grande tour d'Elostirion, et un peu au-delà, la moins imposante mais non moins belle tour de la Clef d'Or.

*Maintenant, en route vers mon passé après toutes ces années de doutes, se dit Tior.*

Elostirion trônait, là, tournée vers le pays Valinor, où Tirion et Valmar étaient maîtresses.
La Tour gisait, blanche sous la lueur couchante d'Isil, allant griffer les Cieux de sa pointe d'Argent.
Le Ciel fut clair, et l'eau limpide, et, étrangement, une forme se dessina sur la mer, blanche, argentée.
Un oiseau. Un oiseau de Valinor. Tior ne l'avait pas remarqué, mais il n'y eut qu'une personne qui en possédait, Galathor.
Le messager de Galathor, aux ailes d'Or, comme disaient certains.
Galathor venait-il? Adressait-il un message à Tior?
On ne le savait. Qu'importe, l'oiseau se posa sur les arches de la Tour, celles des fenêtres.
Au loin, les Havres se dessinaient, mais nulle voile ne fut visible depuis la Tour, mais Tior devait trouver son passé seul, ou ne serait-ce que l'origine de "Celebdîn", car Avallonë, la terre natale de sa mère, allait lui offrir des réponses, et en outre, l'ancien site de Numenorië, et comme certains l'eurent dit, l'Île Meneltarma, le lieu où ses parents se furent vu maintes fois, et rencontrés, le lieu d'où ils migrèrent vers Arnor.
Tior ne le savait point, mais Galathor avait en sa possession, les souvenirs de sa mère, des objets sentimentaux, mais aussi de grande valeur, ceux de sa Lignée, qui sont liés à "Celebdîn".
Il y avait entre autres, une lettre de sa mère, ainsi qu'une de ses étoffes et bien d'autres choses.
Mais Tior ne le savait point.
Jadis, les Lignées Ainumirë Periondör et Celebdîn furent très liées, et même les Lignées Periondör et Celebdîn. Malheuresement, leurs liens ne furent point brisés, mais oubliés lors de l'arrivée en Arnor des Celebdîn.
Car la Lignée Periondör fut loin d'Arnor en ces temps, et peu "peuplée".
Mais un coup du destin a réuni les Lignées Periondör et Celebdîn, et même Galathor Periondör fit resurgir son passé à Tior, le dernier Celebdîn, car jamais les liens des Ainumirë Periondör et ceux des Celebdîn ne furent brisés.
Il était temps de découvrir une partie cachée d'un passé mystérieux, celui de Tior.

[HRP: Je serai absent jusqu'a samedi soir, je tiens à le préciser/HRP]

[HRP: Suite dans le sujet "La tour de la clef d'or"]

Milanwë avait attendu tout le matin, et, sur les coups de midi, le marinier Elfe vit arriver Tior Celebdîn, marchant et sifflant gaiement dans l'air frais et le clair soleil des Mithlond.

Sans un mot, selon sa façon habituelle, il détacha la corde, et la petite barque blanche quitta la rive sud pour remonter vers le Nord. Bizarrement, ce fut l'Elfe de havres qui brisa le silence:

"Où désirez-vous vous rendre une fois que nous aurons traversé la rivière, Maître Dunàdan?"

Et Tior de répondre:

"Maître semi-Elfe maintenant! Mais "Dunàdan" correspond aussi très bien... d'ailleurs, les deux sont vrais. Quoi qu'il en soit, je désire partir sans tarder vers Annùminas, à la poursuite de l'armée d'Hommes qui est partie il y a quelques temps. Il faut que je soit prompt!"

Milanwë réfléchit un instant, sourcils froncés, avant de reprendre la parole:

"Dans ce cas, je crois que de rester sur la rive sud aurait été préférable. Cela aurait été le seul espoir pour vous, marcheur solitaire, d'arriver plus promtement à rattraper cette armée... Je peux changer de direction, si vous le désirez?"

"En vérité, fit Tior un peu gêné, je me demandais si un cheval pouvait m'être prêté, afin que je puisse rivaliser en rapididé avec Galathor et ses hommes."

"On verra cela avec le palefrenier, déclara Milanwë avec malice... On verra."

La barque Elfique accosta près des roseaux de la rive Nord.