Un elfe à Blankânimad

Sombre-chêne resta plusieurs minutes immobile à regarder le vide devant lui et à réfléchiraux paroles de l'homme. Il semblait avoir lu dans ses pensées. Finalement, l'elfe se retourna en murumrant un faible "adieu" et retourna vers l'escallier, tout en continuant sa réflexion.

Que savait-il? Morgothavait peut-être été ramené à la vie, ce par les soins probables de la Bouche de Sauron. Deux hypothèse, trop terribles à admettre. Quoi d'autre? Amouth est monté dans le Nord pour des raisons inconnues, une elfe vit dans le palais depuis des lustres, un poch... l'ambassadeur s'arrêta. Le Nord? Etrange coïncidence avec les barbares qui étaient venus aider les rénégats? Meovan était-il lié au Messager Noir? Si on admetais que Morgoth avait été recussité en Mordor ou en tout cas dans le Sud, cela signifiait qu'autre chose de préparait. Mais encore et encore, tout n'était que supposition.

Tandis qu'il montait les dernières marches, Sombre-chêne repensa au Rhün. Un grand pays avec des richesses parties et une grande armée avait dit le noble. C'était si difficile de cerner sa place en Terre du Milieu. Nombreux étaient ceux qui vénéraient Melkor, et pourtant le roi hésitait rejoindre les autres fidèles. Ou etait-ce simplement pour berner l'ambassadeur.Soudain, l'elfe se rappela d'une des paroles du seigneur : Souvent, elles ne sont pas pareilles avec les autres ambassadeurs que je reçois. Qu'en conclure? L'elfe secoua la tête, de toute façon, il n'était plus en son pouvoir de faire changer d'avis le roi. Et cette étrange pièce vers laquelle tant de regards s'étaient tournés...?

La pièce circulaire d'où il venait le tira de ses pensées. Ou aller? la solution la plus pausible lui sembla être d'emprunter le second escalier, et il s'y engoufra sans hésiter plus.

L'endroit était presque aussi sinistre que les cachots. Le dallage était entièrement noir et il n'y avait aucune fenêtre. néanmoins, on voyait que les murs étaient en meilleur état, même si ce n'était pas non plus la grande classe qu'il avait pu voir à certains endroits du palais.

Soudain, alors que l'elfe était tout prêt d'une porte qui était à moitié entr'ouverte, il entendit des voix qui criaient fortement. A vrai dire, en faisant plus attention, ce n'était qu'une seule voix, mais la confusion était possible car son propriétaire avait enchaîné des phrases en Commun, précédant par des mots dans une autre langue totalement différente. Si ce langage était assez rauque, ce n'était certainement pas du Rhûnien, c'était qusi sûr. Un étranger ?

Fallait-il que Sombre-Chêne continue son chemin qui devait certainement se rapprocher de la sortie, ou bien ferait-il mieux de laisser traîner une oreille ?

... si vous pensez que l'espionnage pourra vous rapporter quelque bribe d'information, espionnez, et au feu l'honneur...
Il semblait que le vieil homme avait vu juste...

Sombre-chêne, plongé dans ses pensées, n'entendit la voix que lorsqu'il passa devant la porte. Si son hésitation fut brève, elle fut néanmoins fondée : devait-il prendre le risque d'écouter ce qui se disait a risque de ne pas comprendre ce qu'il entendait et de se faire prendre?

Il s'adossa contre le mur juste à côté de la porte du côté des charnières, de façon à n'être vu, si quelqu'un sortait, qu'en tournant la tête. Mais cette position ne l'empêchait cependant pas d'entendre les cris à l'interieur de la pièce.

Il s'assit, les jambes en chien de fusil. Si il entendait quelqu'un approcher, il saurait jouer la comédie, ou du moins essayer. Après tout, il n'aurait pas tellement le choix...

A nouveau la voix prononça quelques paroles dans la langue que l'ambassadeur ne conaissait pas. Leur ton faisait penser à des injures, ou à quelque chose de ce style là, car on aurait dit des crachotements haineux.
Mais cette langue n'était pas aussi inconnue que ça, car en écoutant bien, on pouvait entendre des sonorités qui identifiaient là du Noir Parler, et à en juger par l'accent rude et rauque de la voix, son propriétaire devait être un orc.



Mais il parlait aussi en Commun, et en jetant un coup d'oeil discret dans la pièce, Sombre-Chêne aurait pu découvrir que son interlocuteur était un serviteur oriental, et qu'il était à genoux. L'orc avait brisé une chaise, et il avait une patte de cette dernière à la main.

-Immondes bâtards, traîtres et lâches... Me jeter hors de la Grande Salle pour recevoir un elfe. Pourquoi n'ai-je pas encore été réinvité ? Pourquoi la tête de l'elfe ne trône t'elle pas encore sur un piquet ? Porc de Roi traître à ses serments ! Comment ose t-il nous faire languir ainsi ? Amouth a fait revenir l'esprit du grand et sombre Maître. Tous les orcs lui on juré allégeance, pourquoi les hommes de l'Orient fairait-ils exceptions ?

On entendit un craquement. D'un geste rageur, l'orc venait de fracasser l barreau de chaise sur le serviteur.

-Nous sommes quinze ambassadeurs à le presser et il ose nous traiter comme de la vermine... Rhûn sera à genoux quand nous triompherons. Maudait bâtards orientaux ! Ils ne méritent que la mort !

Quelques paroles incompréhensibles suivirent, puis un crissement de métal et enfin quelques cris d'agonie.

Il était aisé de comprendre pourquoi l'entrevue avec Sombre-Chêne avait été plus plaisante au Roi que les visites de l'ambassadeur orc. Le mépris était évidemment, le fait de le loger dans les sous-sols, à côté des cachots, alors que le palais comptait des pièces magnifiques, en était témoin.

D'un pas lourd, l'orc sortit. Il était massif et sa crinière de cheveux gras faisaient ressortit la saleté de ses crocs proéminents. il y avait du sang sur son couteau, et comme il fit les cent pas dans le couloir, ses yeux rouges s'attardèrent sur Sombre-Chêne.

-Qu'est-ce tu fous là, toi ?

On pouvait maintenant penser avec plus de certitude que le Roi de Rhûn n'avait pas dupé l'elfe en montrant tant de politesse, tant le mécontentement de l'orc était grande. L'elfe sourit presque, se délectant de la fureur de l'autre ambassadeur. On pouvait se douter qu'ayant été mal reçu, il ne vanterai pas la bonté du roi oriental, et que par conséquent une alliance n'était pas envisageable. Sauf si tout cela n'était qu'une gigantesque machination pour faire croire à Sombre-chêne que Rhûn était plus favorable à une alliance avec les elfes, alors que c'était l'inverse dans la réalité. mais on s'aventurait là sur un terrain glissant de suppositions.

Le danger était que si l'autre camp était véritablement hostile à Rhûn, il risquait de l'attaquer, et les chances de Blankânimad de résister devenaient alors bien faibles... un autre fait était troublant : quel besoin d'envoyer autant d'ambassadeurs? Amouth... Oui, ce devait être lui qui envoyait tous ces messagers. Amouth se voulait-il réellement insistant, ou y avait-il un multitude de camps? Les deux idées semblaient aussi folles l'une que l'autre, aussi Sombre-chêne laissa ce détail sur le côté.

Lorsqu'il entendit l'orc s'approcher de la porte, Sombre-chêne prit la dague qu'il avait sorti tantôt et frappa son pied sans retenir un cri de douleur. La blessure, suffisante pour prétexter de s'être assis, n'était pas assez grave pour handicaper l'ambassadeur qui répondit à son homologue sans montrer aucun mépris :

Les elfes ne sont pas aussi rapide qu'on pourrait le penser : lorsque vous êtes sortis, la porte a heurté mon pied et c'est pourquoi vous me voyez assis là. C'est malgré moi qu'en passant j'ai entendu une partie de votre monologue. Si vous comptez convaincre le roi de Rhûn de vous rallier en les menaçant de mort... je vous souhaite bonne chance.

Sombre-chêne se releva péniblement et après un salut poli reprit sa route vers la sortie... en s'attendant à entendre une réplique lancinante et le son caractéristique d'une lame qu'on sort du fourreau.

L'orc ne put cacher sa stupeur lorsqu'il découvrit que l'homme sur lequel il avait trébuché était un elfe, chose qu'il n'avait pas vu au premier regard. Un elfe ? Il n'y avait pas d'elfes dans le palais. Cela ne pouvait être que ce fameux ambassadeur, qui était toujours en vie, en plus.

L'immonde créature massive ouvrit et referma la bouche deux fois de suite, comme s'il gobait l'air, laissant à Sombre-Chêne l'opportunité de sentir son haleine fétide. Mais lorsque l'elfe le salua pour s'en aller comme si de rien n'était, sa fureur explosa. Il ne pouvait supporter un tel culot.

-Immonde porc ! Inconscient et insolent ! Je te dévorerai les trippes et le coeur avant de t'achever !

Mais l'orc n'avait pas besoin de sortir une lame de son fourreau, car il avait encore en main son couteau recourbé, dégoulinant du sang du serviteur qu'il venait d'assassinner à l'instant.
Et il chargea Sombre-Chêne en beuglant.

Durant les quelques secondes ou l'orque resta immobile et que Sombre-chêne marchait, celui-ci ne put s'empêcher de sourire. L'orc, dans sa rage, n'avait même pas cherché à savoir si l'elfe mentait et espionnait. Ainsi, il était passé à côté d'un détail : si Sombre-chêne s'était cogné le pied contre la porte lorsque l'autre sortait, c'était qu'il était là avant.

Lorsqu'il entendit un hurlement de colère derrière lui, l'ambassadeur se retourna lentement en poussant un soupir. Il resta immobile devant la créature et ne s'écarta que juste avant l'impact out en laissant son pied valide sur la trajectoire de la course folle du messager enragé qui trébucha et s'écroula lamentablement de tout son long sur le dallage froid.

Avant même qu'il puisse esquisser un geste, son adversaire cala son genou droit entre ses omoplate, tandis que le couteau ensanglanté glissait hors de portée de ses mains crochues. Sombre-chêne croisa le bras de l'orc dans son dos et les tint fermement de ses deux mains. l'elfe dit alors, sur le ton de la conversation :

Que faisons-nous maintenant? Dois-je attendre que quelqu'un arrive, attiré par vos cris de tantôt, et vous voit ainsi avant d'aller raconter dans tout son entourage ce qu'il a vu, ou bien... Ah non j'oubliais, cette personne pourra aussi voir le serviteur que vous avez tué, cela ne pourra vous être que bénéfique dans votre quête non? Ou bien, donc, puis-je vous laisser partir en espérant que vous vous comportiez en personne responsable pour vous éviter de vous ridiculiser?

Maintenant qu'il était si prêt de l'orc qui montrait les crocs dans sa direction, Sombre-chêne pouvait dire qu'il avait définitivement véritablement mauvaise haleine, même s'il paraissait assez propre et bien habillé pour un orc. Ces mesures d'hygiènes étaient t'elles des conditions posées par le Roi si l'orc voulait avoir le privièlge de rester sous son toit ?

Cependant, l'orc eut tôt fait de retrouver ses mauvaises manières, et lui cracha à la figure avant de vociférer :

-Fait le malin, chien mais Rhûn ploiera devant nous, et les tiens seront tous exterminés, ah !

L'orc ne se débattit pas, car il sentait bien qu'il était en trop mauvaise posture pour se dégager, à moins bien sûr qu'il ne s'arrache le bras, mais il cracha une nouvelle fois au visage de l'elfe, bien décidé à pousser la provcation jusqu'au bout. D'ailleurs, même s'il était sûrement trop pleutre pour penser à ça et à se sacrifier, sa mort ferait du bien à ses revendications.

Sombre-chêne ne fit qu'un brève mouvement de narine lorsque l'haleine putride de l'orc vint agresser son odorat. Il essuya le premier crachat, plus infect qu'on ne pourrait l'imaginait, puis le deuxième d'un revers de main avant de la nettoyer sur le pagne de son captif qui ne cessait de gronder. L'elfe regarda le couloir pour voir si quelqu'un venait, mais les couloirs étaient si vides qu'il n'était pas certain qu'on les ai entendus, même avec la résonance. Et quand bien même quelqu'un eut l'oreille assez fine, il devait être habitué à entendre ou voir des choses de ce genre.

Avec un nouveau soupir, l'ambassadeur commença, toujours avec calme :

Décidément, vous me semblez bien peu doué en diplomatie, je ne vous compliquerai donc pas la tâche en vous gardant ainsi indéfiniment. Mais vous me semblez assez intelligent pour ne pas, une fois libre, tenter de m'attaquer à nouveau. Je vais vous raccompagner dans votre chambre, et nous nous quitterons en bons amis. Une autre raison pour ne pas m'attaquer : je serais dans l'obligation de vous mettre hors d'état de nuire, et ce serait malheureux pour vous, car vous ne pourriez pas dire au roi de Rhûn toute votre haine. Et même si vous n'êtes que blessé, votre discours paraitra bien moins convaincant, alors mettez toutes les chances de votre côté!

Sombre-chêne relâcha sa prise tout en maintenant le tranchant d'une de ses dagues sur la nuque de l'orc qui fut contraint d'avancer puis de rentrer dans la pièce ou gisait toujours le corps de serviteur. Une fois rentré, l'elfe bloqua la porte derrière la créature, s'attendant à recevoir le choc d'un corps contre le battant. En même temps, il examina les possibilitées de chemin qui s'offraient à lui.

Sombre-Chêne entendit bel et bien le choc, mais il ne ressentit pas celui-ci. En effet,rien ne toucha la porte qu'il bloquait à présent. Il semblait pourtant certain qu'une autre chaise, voir une table, avait volé en éclat à l'intérieur de la chambre miteuse de l'ambassadeur orc, encore plus furieux qu'avant.

L'ambassadeur elfe était donc débarassé d'un soucis bien lourd qui aurait pu lui causer bien des désagréments, d'autant plus qu'il avait su se débrouiller pour ne pas être forcé d'éliminer son homologue, ce qui aurait pu avoir de fâcheuses conséquences.

Maintenant que l'elfe pouvait à nouveau se consacrer à la dure tâche de retrouver son chemin vers la sortie de ce labyrinthe de palais, il semblait qu'on voyait un rayon de soleil pointer son nez au bout du couloir. En montant les escalier et en tournat à gauche au croisement qui suivait, il arriverait au grand hall d'entrée pavé d'onyx, qui annonçait la sortie.

Sauf si sombre-Chêne voulait encore jeter un oeil dans le palais...

L'elfe libéra lentement la pression qu'il exerçait contre le battant de bois sombre pour finalement rester immobile devant la porte, les bras toujours dressés devant lui pour prévenir une nouvelle charge, et le fracas qu'il put entendre à l'interieur le fit redoubler de prudence, mais il finit par relâcher son attention.

Ce problème étant réglé, un autre se posait à lui. Que faire? Quitter ce palais pour amener les informations qu'il possédait aux autres dirigeants de la Terre du Milieu, ou bien en glaner d'autres au risque d'arriver trop tard, ou du moins en retard? Après quelque secondes de réflexion, Sombre-chêne opta pour la première. Il possédait désormais un nombre important de faits, et comme lui avait justement dit le prisonnier, il devait à présent les recouper. Cette tâche serait bien plus aisée et concluante à plusieurs.

L'ambassadeur se dirigea donc vers l'escalier et déboucha dans un couloir. Il resta immobile un instant, incertain de la route à suivre. Il commença à marcher le long du corridor en inspectant chaque couloir qui partait à gauche et à droite, pour finalement s'arrêter devant une vue familière. A sa gauche, il pouvait reconnaître le dallage d'onyx si caractéristique qui l'avait frappé lors de son arrivée. Apès un soupir de satisfaction, l'elfe se dirigea vers le hall toujours en titubant légèrement et après un nouvel arrêt se dirigea vers la Grande Porte de sortie... fermée.

Sombre-chêne regarda autour de lui et aperçut dans chaque coin de la pièce un garde en armure de cuivre qu'on pouvait de premier abord les prendre pour des statuts. L'ambassadeur se dirigea vers l'un deux et après un toussotement gêné dit :

S'il vous plaît, je suis l'ambassadeur elfe Sombre-chêne qui est entré il y a...

Il ne put terminer sa phrase. Perdu dans les inerminables couloirs, il avait paerdu toute notion de temps. Il reprit donc :

Serait-il possible que vous m'ouvriez la porte et que vous m'indiquiez où se trouve ma monture?

Les gardes n'étaient pas les même que ceux qui l'avaient fait entrer, aussi celui à qui il adressa la parole inspecta attentivement Sombre-Chêne du regard. Sans doute était-ce la première fois qu'il voyait la physionomie d'un elfe.
Néanmoins, il semblait qu'il y avait eu une bonne transmission des rapports entre les différents groupes de gardes, car s'il ne répondit rien, il avait comprit et savait que les armes laissées de côté étaient sur un petit banc de pierre qu'il désigna du doigt.

Ensuite, il fit un signe à son collègue le plus proche du mur de droite, qui se tourna un instant vers le-dit mur de sorte qu'on ne puisse voir ce qu'il faisait, et la porte ne tarda pas à s'ouvrir lentement.

Il désigna alors la monture de l'elfe, qu'un garde tenait par la bride. Mais avant que l'ambassadeur ne puisse s'engager sur le chemin du retour, le garde le saisit par le bras et demanda dans un Parler Commun rauque et aproximatif :

-Vous dans Grande Salle quand ça être arrivé ?

Il comprit bien vite que ses paroles ne pouvaient être comprises par Sombre-Chêne sans explications.

-Vous pas être quand statue Grand Seigneur crier et bouger yeux ?

Apparement, l'ambassadeur elfe avait loupé de peu quelqu'étrange événement qui s'était produit alors qu'il était en train d'essayer de retrouver son chemin dans ce dédale.

-Rumeurs partout, Majesté a re-convoqué tous autres ambassadeurs... orc, haradrim, num...

Un autre garde lui donna un coup de coude, lui signalant que dans son excitement d'en apprendre davantage sur ce qui s'était passé, il en avait un peu trop dit.
Plus rien ne retenait Sombre-Chêne à présent.

Sombre-chêne fronça presque imperceptiblement les sourcils, ne sachant pas très bien comment interpréter ces paroles... Le Grand Seigneur crie et bouge les yeux? Que cela signifiait-il? et qui était le Grand Seigneur? le roi de Rhûn ou Melkor? l'ambassadeur aurait plutôt penché pour ce dernier, mais le fait qu'il soit représenté par une statue rendait les dires du gardes assez peu probables. Malgré tout, il était tout à fait possible que la description qu'il donnait soit enjolivée. En effet, l'homme, en tant que simple garde, n'avait surement pas eu l'occasion d'entrer dans la Grande Salle, et ne devait connaitre ce qu'y s'y passait que par le bouche à oreille qui avait tôt fait de transformer les faits. Les Rhûniens utilisaient-ils les fumées et divers artifices pour donner vie à la statue et impressionner les visiteurs? Ou était-ce vraiment plus...réel?

Mais il n'empêchait que ce qui se passait devait être impressionnant... et important. Tous les ambassadeurs étaient appelés à paraitre à nouveau devant le roi oriental, sauf Sombre-chêne. La première idée qui venait à l'esprit était qu'on parlait dans le dos de l'elfe, montant un coup obscur tenu secret jusqu'au dernier moment.

L'elfe repensa à son homologue orc. Ce-dernier avait été expulsé de la salle du conseil, et Sombre-chêne était arrivé après. Quand il avait entendu l'orc dans sa colère, il n'avait pas encore été réinvité, et il semblait peu probable que l'invitation soit venue juste après, car la rumeur avait déjà courue, et il fallait plus de quelque minutes pour qu'elle arrive à l'oreille des gardes de la porte.

Les différentes possibilités étaient donc : soit l'orc n'avait pas été invité, soit la rumeur était fausse, soit la fameuse réunion s'était faite avant l'arrivée de l'elfe ou... pendant sa discussion avec le roi de Rhûn. Sombre-chêne se souvenait d'ailleurs avoir remarqué une porte vivement surveillée par tous les membres de l'assemblée d'où provenaient d'étranges sons. Mais cela impliquait que le maître de Blankânimad ne soit pas présent lors de la cérémonie ou quoi que ce soit d'autre.

Dernière possibilité : tout ceci n'était qu'un horrible plan pour tromper l'elfe, mais c'était si gros que peu probable.

Tandis qu'il réfléchissait, pour ne pas attirer l'attention, Sombre-chêne était allé chercher ses armes puis était sorti, accueilli par un hénissement de Niphredil qu'il caressa quelques instants, absent. Finalement, il enfourcha la jument avec une grimace de douleur causée par l'effort fourni par son pied blessé. Après un dernier regard pour le mystérieux château, il lança sa monture dans un galop prudent sur le sol inégal.

Le décor et la luminosité n'avaient toujours pas changé depuis son arrivé, si bien que l'elfe ne ut dire quel heure il était, sinon qu'il faisait toujours jour.

Une dernière fois, l'ambassadeur se demanda s'il n'avait pas omis de dire quelque chose qui aurait convaincu le roi, mais parès tout, il était encore en vie, chose dont il pouvait déjà se féliciter.

Un homme regarda le cadran solaire se trouvant tout près de lui et, constatant qu'il était temps abaissa un levier.

Ailleurs, un messager allait jusqu'à la salle du trône par un chemin totalement différent que celui emprunté par Sombre-Chêne, avec néanmoins le même point de départ et d'arrivée.
Apprenant par ce dernier que l'ambassadeur elfe venait de quitter le palais, le Roi hocha la tête nonchalamment avant de se retourner vers la Grande Table.

A présent, il n'y avait qu'un seul siège de vide alors que toutes les autres places trouvées sans occupants par l'elfe étaient maintenant utilisées par une ribandelle de personnages hétaroclites.

Le Roi parla, et il y avait tellement de races autour de la table qu'il utilisa le Commun :

"Bien, je n'ai jamais pu supporter ces immondes créatures telles que ceux de sa race."

Il ajouta, avec un rictus mauvais à peine dissimulé :

"Il aura fallu le temps avant qu'il ne craque... Même si ce n'est pas ainsi que je voyais la chose. Mais maintenant, les discussions devraient être moins désagréable. Commençons..."

Sur la flèche d'un dongeau du palais de Blankânimad trônait à présent une tête, qui perdait encore un peu de sang.

Le temps était bien différent du celui qui avait accueilli Sombre-chêne lors de sa dernière visite. Un vent frais avait dégagé le brouillad qui flottait autour du palais, révélant lese profonds fossés que les ponts enjambaient. Si on les observait attentivement, on pouvait discerner, tout au fond, des éclats blanchâtres. Un observateur encore plus attentif aurait compris que c'étaient des crânes. Dans le ciel, un soleil froid éclairait Blankânimad.

C'est dans ce décor qu'un aigle apparut, tourbillonnant dans les cieux. Il décrivit de larges cercles autour du palais en descendant progressivement, à l'affut. Et soudain, comme convaincu que tout risque était évité, il piqua vers la plus haute tour du château.

Il saisit de ses serres puissantes le rebord d'une étroite fenêtre juste assez large pour qu'il puisse taper le verre de son bec, dans l'espoir que quelqu'un lui réponde, ce qui n'était pas du tout sûr. Qui pouvait savoir si, dans son expédition, le roi n'avait pas emmené sa deuxième compagne, cette mystérieuse elfe?

Mais si elle était là, elle pourrait remarquer à la patta droite de l'aigle un parchemin roulé soigneusement...

Quelques instants d'atente avant que s'ouvre la fenêtre. Finalement, l'aigle put rentrer, ammenant avec lui ces courants d'airs qui ne eraient pas bon ménage avec l'atmosphère lourde de la pièce, tant il y fesait chaud et tant la pièce était envahie de fumée d'encens.
Cela dit, l'aigle, cela ne paraissait pas le gêner, lui, tant il se faisait comprendre par celle qui l'avait recueilli, alors que cette dernière ne l'avait vu. A vrai dire, cela ne relevait pas d'un si grand prodige que ça, car cette femme qui vivait au sommet du palais de Blankânimad, fief du maître de Rhûn, elle était une elfe.



Elle détacha le parchemin de la patte de l'aigle, avec précaution, car à vrai dire elle était de nature plutôt rafinée, et aurait préfér éviter que l'oiseau ne sème des plumes dans sa chambre richement décorée. Il est vrai que pour une simplte maîtresse oubliée là depuis bien des siècles, son logement était plutôt bien amménagé.
Partout, tentures et tapisseries aux couleurs chatoyantes, velours et dorures montés sur des meubles d'ébènes, une blibliothèque d'if garnis de volumes reliés de cuir véritable, et qui avaient sans doute l'âge de l'elfe...

Elle déplia alors la lettre, et devina sans même avoir besoin de regarder à la signature qu'il s'agissait de l'ambassadeur elfe qu'elle avait croisé une heure durant, il y a quelques temps déjà, Sombre-Chêne.



Elle relu plusieurs fois la missive, étendue négligeamment sur son lit, rêveuse. L'elfe était prise dans le tourbillon de ses pensées, distraites par les vapeurs de l'encens qui est une ancestrale coutume de Blankânimad, et par la mélodie mélancolique d'une boîte à musique astucieuse.

Enfin elle se décida, et, ayant le courage de se lever, elle s'installa au petit bureau d'acajou surmonté d'un portrait ancien.

Bientôt l'aigle repartait, accompagné d'une réponse...