Petit accrochage avec la garde

Oracle… il la comparait à un oracle. Décidément c’était trop drôle. Et la gitane ne put retenir un rire éclatant, totalement inattendu et déplacé dans leur petit coin sombre. C’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait retenir se bruit de gorge et elle devinait déjà la mine dépitée de son compagnon ce qui n’arrangea rien à la situation. A vrai dire c’était plus un moyen de libérer sa tension qu’autre chose. Il faut dire qu’ils étaient particulièrement dans de sales draps, vraiment, vraiment de sales draps. Soudain elle cessa, le mouvement saccadé de sa poitrine s’était répercuté jusqu’ç son poignet brisé. La douleur fut instantanée et insupportable, ce qui la fit passer des rires aux larmes contenues. Enfin Alastor ne pouvait pas la voir, vu l’obscurité régnante, ce qui finalement l’arranger plutôt. Pour rien au monde elle aurait acceptée qu’il soit témoin de sa faiblesse.

D’ailleurs elle reporta sa rage d’être ligotée et la souffrance de sa fracture sur le jeune homme. Sa voix prenant des tons agressifs, moqueurs et désobligeants lorsqu’elle s’adressa à lui.

- Vous ne savez donc pas ouvrir l’œil. Ou croyez vous que nous étions avant que vous vous étaliez comme une carpette devant ce batard de Kastel ! Ma parole vous être vraiment inutile ! Je me demande bien à quoi penser le Capitaine quand il m’a entiché d’un pareil boulet, doublé d’un idiot congénital. Franchement ! Bon puisqu’il faut tout vous détaillez comme à un gamin de cinq ans… et encore je me demande s’il serait pas plus débrouillard.. bref. Avant que vous décidiez de faire la crêpe, je venais de trouver une ribambelle de jolies filles attachées à leurs pieds de lit et vue leur réaction ou plutôt leur manque de réaction, on a du leur faire ingérer des narcotiques. Vous savez Narcotiques… ces produits qui endorment. Enfin elles sont la preuve que nous recher….

Elle n’eut pas le temps d’achever que la porte s’ouvrit à grand fracas, inondant le « placard à balai » comme on pourrait vulgairement le nommer, d’une lumière trop vive pour leurs yeux habitués à la pénombre.

La porte se referma tout aussi vite, et les deux comparses encore enchainé entendirent avec soulagement la voix du sergent Horvann. La bohémienne aurait presque pu sauter de joie, si ses fers ne la maintenaient pas fermement et si la clef n’avait pas produit un déclic annonciateur que leur liberté s’envolait à nouveau.

"Môrhïn pour la énième fois... Que se passe t-il? J'ai surpris quelques conversation au port, mais rien de véritablement intelligible."
"Je ne pensais pas qu'il irait jusqu'à la torture... Que veux t-il donc de vous?"

- Vu la situation actuelle ser… eu… Al je crois que le mot torture devient inadapté. Pas de torture, je pencherait plus pour une prochaine baignade avec un lest important qui nous conduisent tout droit au fond de la flot.. de l’eau. Nous nous sommes fait surprendre et Alastor s’est pris une raclée, enfin ça pas l’air d’être le seul... ceci dis… Maintenant le truc bien se serait que vous nous détachiez…. Si vous savez crocheter une serrure. Enfin à la rigueur si vous avez un ustensile quelconque sous la main que j’essaye. Je trouve ces bracelets trop lourds et pas assez précieux. Hum… vous n’avez rien. Bien notre veine ça.

Il fallait à tout prix qu’ils se libèrent de leur chaines… Soudain une idée lumineuse lui traversa le crane, enfin disons plutôt que l’idée en question lui piqua le crâne lorsqu’elle s’appuya contre le mur en pierre. Ses épingles à cheveux. Elle qui en mettait rarement, se félicitait à présent de sa présence d’esprit salvatrice. Une de ses mains, celle encore valide en fait, s’empressa de saisir, l’objet de torture féminine. Elle glissa l’embout dans le trou, en tâtonnant évidement puisqu’il faisait nuit noire dans la pièce. Elle passa un bout de langue sur ses lèvres, se concentrant à la difficile tache d’ouvrir enfin ces maudits fers. Les minutes passaient sans qu’elle parvienne à s’en défaire, et la jeune femme commençait vraiment à tempêter.

Malgré qu'il soit cloué à un mur, insulté et rabaissé par la jeune Femme qui été très loin d'avoir tord voir même qui avait totalement raison, malgré qu'ils soient tout deux dans une situation périlleuse, voir même mortel, Alastor ne semblait pas désespérer, loin de là, il ne se laissait que très rarement abattre, en fait, la seule chose qui pour l'instant le poser quelques soucis, c'était d'avoir été un tel boulet pour la Bohémienne au point qu'il avait mis sa vie en péril et ça, il avait du mal à vivre avec, mais tout n'était pas perdu.
L'espoir revint d'ailleurs quelque peu avec l'arrivée du Sergent, même si les hommes qui l'accompagnait n'était pas les siens et que son entrée dans la petite pièce se fit à quatre pattes, la venue de leur acolyte n'était pas sans leur déplaire, et ce qui leur plu le plus, c'est que le fameux Al ne fut pas attaché. Cependant le Gondorien se contenta de le regarder et d'attendre, pour l'instant, toutes ses paroles et pensées n'avaient apporté que des problèmes comparé à celles de la jeune Demoiselle qui à cause de lui devait craindre un avenir beaucoup moins libre.
Et comme il s'y attendait, Môrhïn eut une idée assez lumineuse, surtout comparé à la noirceur des lieux et commença à quelques peu se contorsionner pour atteindre et ouvrir les maudits bracelets qu'on avait eut l'audace de lui mettre mais malgré ses efforts et son expérience, il était assez difficile d'ouvrir une serrure dans le noir avec un seul bras:
"Vous devriez l'aider Al, avant que son autre poignet ne soit aussi endommagé, et vous devriez faire vite car je suppose que si il ne vous ont pas attaché, ce n'est pas parce qu'il vous trouve plus sympathique que nous mais parce qu'ils vont bientôt revenir."
Il est vrai que sa remarque était assez logique mais il leur fallait alors faire vite et il avait élaboré un plan dans sa tête mais comme il consistait à ce que lui les couvre pendant qu'il allait chercher des renforts et que comme à chaque fois, le jeune Femme allait lui dire qu'il était totalement "idiot" ou encore "stupide" voir même "débile et inconscient", il préféra le garder pour lui et il l'appliquera en temps voulu.
Un "clic" qui résonna quelque peu se fit entendre et signifia que le premier bracelet avait cédé, Horvann et Môrhïn s'attaquait maintenant au deuxième qui allait sans doute leur prendre moins de temps vu qu'il avait l'air d'avoir trouver la technique cependant le temps était précieux et actuellement absolument pas leur allié.

Le déclic, tant attendu, de la serrure, brisa la concentration de la gitane, lui arrachant un sourire de satisfaction intense, avant que les chaines ne s’écrasent au sol, dans un tintement métallique désagréable et pourtant salvateur. Il faut dire que le Sergent était un aide efficace, et le jeune femme une voleuse habile. Depuis le temps qu’elle vivait parmi les bohémiens, c’était la le moins qu’elle sache faire, ce qui vous laisse une bonne idée de ses nombreux autres talents discutables, d’un point de vue morale. Bref, une main de libre restait à passer à la seconde, qui se révélerait vraisemblablement plus difficile puisque c’était celle de son poignet brisé.

Môrhïn se redressa calmement sur ses genoux pour avoir un meilleur angle d’attaque et se lança à l’assaut de cette résistance. Finalement ce fut plus simple et plus rapide que prévu. Elle vainquit cette nouvelle serrure dans un temps presque record. Quand on dit que la peur donne des ailes, ce n’est pas entièrement faux.

- Bien… à votre tour Alastor…

Elle chuchotait, comme si parler à pleine voix, pourrait attirer leurs geôliers plus vite que prévue. Une chose était certaine cependant, le temps les pressait, ils devaient absolument sortir de ce « cachot » avant que les hommes de Kastel ne reviennent, sinon elle ne donnait pas cher de leurs peaux. Enfin surtout de la leur… Quoique de la sienne aussi, faire le tapin pour ce batard n’était pas vraiment une des perspectives de son avenir qu’elle envisageait avec joie.

L’obscurité ambiante rajoutait véritablement du piment à son travail. Ses yeux, bien qu’habitués à la relative pénombre de l’endroit, peinaient à distinguer correctement les éléments du décor et de ses compagnons. C’est donc à tâtons, qu’elle chercha le vagabond. Ses doigts frôlèrent avec légèreté les jambes de celui qu’elle supposa être Alastor. Les mains remontèrent alors suivant la chaleur du corps, pour arriver finalement à hauteur des fers. La position assise de l’homme se révélait gênante, l’empêchant d’atteindre correctement la serrure.

- Alastor , ne bougez pas ! dit elle dans un soupir

Elle passa ses jambes de part et d’autres, et se retrouva assisse à cheval sur ce cher Alastor, qui restait coi de peur surement de se faire gifler à la moindre remarque, ou peut être par gène et timidité. Quoi qu’il en soit il ne bougea pas d’un chouilla restant figé comme la pierre contre laquelle son dos se trouvait plaqué.

La bohémienne travailla vite, il faut dire que si cette façon lui permettait d’atteindre des objectifs, à savoir les serrures, elle était un rien choquante pour les bonnes âmes et leurs morales à deux sous. Par chance l’obscurité les masquait, et l’un comme l’autre ne pouvait lire sur leur visages, les sentiments qui se bousculaient à l’intérieure.

Deux nouveaux déclics retentirent, annonçant la totale liberté du vagabond. Restait plus que celle de la porte et puis ils pourraient s’enfuir rapidement. Eh les preuves ? La jeune femme les avaient totalement oubliées l’espace d’un instant.

- Sergent, nous avons trouvé des preuves… elles sont drogués, attachés, dans une autre pièce pas très loin. Cependant…. On ne pourra pas les sortir de la par nous même, enfin si on arrive à sortir déjà. Je suppose qu’une fois dehors vous ferez intervenir vos hommes…. Avant tout sortons déjà et ça sera pas mal….

Durant la libération d'Alastor, Horvann colla son oreille contre la porte de bois. Aussi séduisante que redoutable, la jeune femme sépara l'étranger de ses chaînes. Et l'instant d'après ils étaient tous debout, dans l'air lourd de leurs cellule.

"Deux... Deux personnes approchent. Et ils sont plutôt fort vu le boucan qu'ils font."

D'un geste sûr il repoussa Môrhïn vers le fond de la cellule, il ne tint absolument pas compte de cette moue réprobatrice qui s'étira sur le visage de la bohémienne. Et d'un geste prompt, il sortit de ses manches deux courtes dagues. Il en tendit une à Alastor et s'empara de l'autre.

"Soyez prompt et efficace. S'ils crient nous sommes morts."

Les pas s'approchaient toujours. Soudain, ils s'arrêtèrent. Et le long grincement d'une porte qui s'ouvre leurs déchira les oreilles. Il n'en fallut pas plus au Sergent qui défonça en bon et due forme les planches de bois qui avaient jadis servient de porte à leur cellule.

Morhin émit un vague grognement, quand on la refoula en fond du cachot. Pensaient ils, qu'elle était incapable de se défendre. C'était elle qui aurait du être armée, après tout, n'était elle pas la plus vulnérable des trois.

Enfin elle n'eut pas le loisir de se plaindre ou de rouspéter, que le sergent enfonça la porte, les deux hommes se jetant comme des bêtes assoiffées de sang sur les gardes qui ne firent pas un pli. Ils s'écrasèrent dans une mare écarlate, sans autre bruit, que celui sec de leurs chutes.
La gitane, ne pouvait qu'observer, elle blêmissait même à vu d'œil, sa carnation cuivré virant au blanc laiteux.

Et c'est à ce moment là que cet empaffé d'Alastor lui présenta sa dague. Tuer un homme. Rien de plus. Rien de moins. Avait elle réellement la tête d'un assassin? A croire que oui. Elle aurait pu tout simplement s'abstenir de la prendre, le laisser se dépatouiller, mais la bohemienne était bien trop fière, et ce n'était pas là le moindre de ses défauts. Elle s'en saisit. Bien évidemment qu'elle savait parfaitement lancer, évidemment qu'elle touchait toujours ou presque sa cible, bien qu'habituellement, il fallait plutôt l'éviter, en fait. Ou alors juste transpercer la pomme située sur le crâne d'un spectateur. Enfin là n'était pas le problème. Le dilemme se concentrait dans le fait qu'il lui demandait, purement et simplement d'abattre un homme, dans le dos.

Rien de bien galant dans cet acte, mais en même temps rien, de galant non plus dans le fait de se faire emprisonner, pour servir de plat de consistance à quelques aristocrates gras et riches. Toujours était il que la demoiselle hésitait grandement, ou disons que plutôt elle n'arrivait à lancer le trait mortel. Ses doigts crispés sur le manche du coutelas, tremblotaient imperceptiblement.

La gitane arma son bras, puis l'élança. La dague fusa mais sans viser un point vital, et s'incrusta dans un silence feutré bientôt troublé par un cri, au niveau de la cuisse du fuyard, le faisant chuter à son tour.

- Alastorrrrrrrr!! Vous m'avez bousculée! Abrrrrrrrrrrruti! Comment voulez vous que je fasse mouche si vous me gênez! Vous serrrrrrrrvez vrrrrrrrraiment à rrrrrrrrrien!

Stupéfiant de remarquer que le verni superficiel de son éducation s'écaillait systématiquement sous ses pulsions et ses troubles. Masquer son inexpérience et accessoirement son manque d'envie pour le meurtre, derrière des brimades totalement fausses, était caractéristique de la donzelle. Donc elle cachait son trouble, tout en continuant à pester contre ce malheureux Alastor, aussi responsable que, moi même, de cet échec, qui malgré tout venait de clouer au sol l'homme. En tout cas, son accent ressortait naturellement, preuve supplémentaire de son état agité et bouillonnant. Mais pour rien au monde elle l'aurait admis.

De toutes façons, ce cher Sergent rattrapa la chose, en assommant la victime de la Gitane. Ils se mirent à courir dans le couloir. Trouver la sortie dans ce dédale ne fut au final pas trop difficile, si on omet les quelques embuches armées qui parsemèrent leur route (au nombre de quatre, mais eux non plus ne firent pas long feu, devant les deux hommes déchainés et la bohemienne). Du moins pour arriver jusqu'à l'escalier. Parce que maintenant il allait falloir traverser le vestibule, les corridors, les diverses pièces du rez de chaussée de la demeure, et les problèmes seraient vraisemblablement plus coriaces.

Ils descendaient à toute allure les escaliers en colimaçon. Horvann s'arrêta subitement, erreur fatal quand on a deux jeunots qui vous suivent aveuglément. Si bien que le Sergent se retrouva face contre terre sur le balcon d'une salle de réception vide. Seul une petite salle avait été dressée pour l'encas du maître des lieu. Kastel se régalait allègrement , encadré quatre de ces gorilles, le petit homme s'acharnait sur une misérable cuisse de poulet.

"Un ennemi à sa hauteur." murmura Horvann pour lui même.

Furieux, il se retourna vers Môrhïn et Alastor. Et sa voix fut celle du sergent de la Garde, sa voix fut celle de l'autorité.

"Vous - ne - bougez- pas -d'ici." dit il en les enfermant dans une simple armoire de marbre et de frêne.

Après avoir laissé ses deux jeunes amis étroitement séparé par quelques linges de chambre de Kastel, le Sergent Horvann remonta d'un étage, et passa la tête par la fenêtre.


Le vent soufflait, et les marchands ambulants ne cessaient de héler les passants. Ils étaient deux. En face d'eux se dressait la fière demeure de Castel. Encapuchonnés sous d'épaisses cape brunes qui cachaient l'éclat de leurs armures. L'un était armé d'un arc, l'autre portait une hache et une courte épée. Et sur leur poitrail pour le moment dissimulé, tout les deux portaient la marque de la ville.

Soudain, l'oiseau tant attendu chanta.

"C'est le signal. Cours chercher les autres. On entre. Le sergent n'attendra pas indéfiniment."

Le cri de la jeune Femme eut pour effet simple de paralyser pendant quelques secondes le Vagabond, d'une part à cause de la surprise, mais aussi parce qu'un hurlement pareil alors qu'ils étaient en tout illégalité par rapport aux lois de Kastel était tout à fait inapproprié. Il se ressaisit et continua de tirer sa victime dans leur ancien cagibi tout en en profitant pour récupérer son manteau qui trainait par terre, il le remit rapidement et rejoignit ses deux compagnons qui commençaient déjà à courir dans les longs couloirs ne rencontrant que peu de résistance, et celles qu'ils rencontrèrent fut rapidement éliminé.
Après quelques instants ils arrivèrent à un escalier dans lequel le Sergent Horvann s'arrêta un peu trop brutalement pour ses deux compères qui n'eurent pas le temps de l'éviter et le Soldat se retrouva par terre. Après l'avoir aidé à le relever, ils remarquèrent être arriver à l'entrée d'une salle dans laquelle une grande table avait été mise et sur lequel un bon repas été servie. A un bout de table se trouvait le Sieur Kastel qui, d'après les dire de Horvann, se débattait fortement avec un restant de cuisse de poulet qui apparemment n'avait pas encore dit son dernier mot. C'est alors que, sans leur demander leur avis, l'homme de Fornost les repoussa tous les deux dans une armoire qui se trouvait dans le vestibule entre la sortie de l'escalier et la salle à manger. Ni l'un ni l'autre n'eurent le temps de réagir et se retrouvèrent assez surpris et désemparé mais les deux furent tout à fait d'accord, une fois avoir entendu les pas du Sergent s'éloignaient, pour sortir immédiatement de cet endroit étroit et qui, bien que contenant apparemment du linge propre avait une odeur assez insupportable, Alastor se demanda même si elle ne venait pas de lui vu le long voyage qu'il avait accompli et le peu de bain qu'il avait prit ces derniers mois, il pensa alors *Si je me sors d'ici, je vais direct à la rivière.* Cela le fit sourire mais il s'approcha de l'entrée de la pièce où se trouvait Kastel, quelque chose le préoccuper quelque peu et il le partagea à Môrhïn:
Le Gondorien se pencha alors juste assez pour voir que dans la salle, trois jeune Femmes dansaient sur une estrade de l'autre côté de là où ils se trouvaient, attirant toute l'attention de leur audience. Le jeune Homme ne préféra pas dire à la Bohémienne ce qui se passait dans la salle, déjà parce qu'elle allait sans aucun doute le découvrir et aussi parce qu'il avait un peu peur d'une réaction un peu trop démesuré, vu que lui avait déjà beaucoup de mal à se contenir face à un tel spectacle, alors la jeune Femme, qui était bien plus impulsive que lui, n'aurait sans doute pas hésité à lui lancer une dague en travers la gorge.
Après quelques minutes d'attente dans leur petite pièce et le non-retour du Sergent, Alastor commença à se demander si ce dernier ne s'était pas fait prendre, il demanda alors conseil à la Bohème:
Son regard était simple et doux et respirait la sincérité, comme un Homme qui se sentait vraiment responsable de chaque choses qui arrive de mal à une personne de la Terre du Milieu.

Môrhïn se retrouvait encore compresser contre la stature relativement impressionnante du vagabond. Proximité gênante au demeurant, tant pour son espace vitale franchement envahit que par pudeur. Pudeur, n’est ce pas risible venant d’une femme comme cela. Peut être, ou peut être bien que non. Enfin toujours était il que le destin, sous la main vigoureuse du Sergent, venait encore de frapper, à croire qu’il désirait ardemment que la bohémienne sulfureuse et Alastor se jettent dans les bras l’un de l’autres..

C’était fort mal connaitre la donzelle prompte à prendre la mouche à la moindre susceptibilité. Un monticule de linge propre lui tomba sur le crâne provocant une série de jurons bien sentis à l’encontre du garde. Sûr que le sieur Horvann devait avoir les oreilles qui sifflaient là où il se trouvait.

Ceci étant fait, elle tenta de se calmer, et de prendre son mal en patience scotché contre la cause de ses malheurs. Parce que résumons bien la situation, si elle se trouvait à présent coincée contre son thorax dans un placard c’était entièrement sa faute. S’il ne l’avait pas suivi dans ce maudit bâtiment en ruine, les gardes ne l’auraient jamais attrapée, et elle ne serait pas ici, en cet instant même.

Elle bougea légèrement, provocant un frottement inéluctable et un espèce de malaise entre eux.

- Hein ? vous disiez quoi ? sortir ? évidemment que j’aimerais, mais comment gros balaud !! Je suis pas passe-murailles et vous ?

Nouveau mouvement, celui-ci fut plus brusque et son coude s’enfonça dans… une partie de l’anatomie du vagabond, qu’elle préféra ne pas connaitre. La musique entrainante qui filtrait doucement au travers des grilles de l’armoire lui parvenait faiblement.
La curiosité. On dit que c’est un vilain défaut. C’est plutôt vrai en général quoique la curiosité soit nécessaire dans certaines occasions. Enfin bref, elle se releva sur la pointe des pieds ; glissa son regard au travers de fente, et pu admirer le spectacle de 3 jeunes danseuses devant leur maitre.

- des Godruches !

Fut la remarque chuchotée et sans appel de la bohémienne. Il faut avouer qu’en comparaison de la belle, les pauvres filles devaient paraitre pâlottes, après tout la danse restait la plus grande spécialité de la gitane, avec le dépouillement des êtres crédules.

Enfin tout ceci ne nous fait avancer. Il faut dire que le Sergent prenait son temps pour faire… pour faire ce qu’il faisait, ce qui ne nous indique pas grand-chose il est vrai.
Soudain un tohu- bohu se déclencha dans la salle. Des éclats de voix, des invectives et un grand remue ménage frappait la maisonnée.
La gitane tenta d’apercevoir quelques choses, mais son angle de vue fut rapidement bouché par une masse informe et sombre… un homme ?

Puis un autre vint. Et finalement ces de tout les côté qu'on entendait des vitres se briser, des portes claquer, et même la herse fut relevée. Quelques éclats de fers retentirent, signes d'une résistance insignifiante. Les nombreux gardes, prient par surprise furent rapidement défaits. Le palace résonna du pas lourd des Hommes d'Horvann.

Soudain les grands bâtants des portes de la salles s'ouvrirent à la volée. Et Une vingtaine de soudards fidèles à Kastel remplirent la pièce. Les plus sensés pensèrent à refermer derrière eux. Et Kastel dut leur ordonner de barricader les portes. Qui grondèrent déjà sous les coups des assaillants.

En résumé, Kastel n'en croyait pas ses yeux, mais ces oreilles étaient formelles, Alastor ne bluffait peut être pas après tout. Mais pour le moment, le Gondorien et la donzelle se trouvaient à sa merci.

Mais dans le tulmulte ambiant, personne ne remarqua les ombres qui passaient de fenêtre en fenêtre.

Môrhïn pensa un bref «  c'est vraiment pas de veine » enfin en version moins édulcorée, avant qu'une main épaisse se placarde sur sa bouche avec une brutalité qui la fit basculer contre un torse large et cuirassé.
Une morsure ferme dans les doigts calleux ne suffit pas au ruffian pour lâcher la petite sauvageonne. Pire, il resserra l'étau de ses gros bras, sur sa frêle silhouette. Même un coup de pied bien senti dans son tibia, ne changea rien à la situation un rien, inconfortable.

Et cet abruti... ce pécore d'Alastor qui ne remarquait rien du tout. Ah il était beau son chevalier servant! Aussi doué qu'inutile. Une lavette. Et le pire c'est qu'elle assistait impuissante à ses épanchements avec le Maitre de maison. Lui dire qu'il avait un Sergent dans leur rang, la belle idée! Si elle l'avait pu, elle lui aurait certainement assenait, derrière le crâne une pichenette pour le faire taire. Lui habituellement si muet était soudainement très expansif. Heureusement que le sieur Kastel ne voyait pas guère plus loin que le bout de son nez, lui qui se vantait d'être intelligent.

Enfin son avis changea radicalement au vue, ou plutôt à l'écoute du barouf des couloirs. On aurait dis une invasion, le bruits des brefs combats parvenait jusqu'à la salle. Des soldats entrèrent barricadèrent l'ensemble, et le vagabond qui ne remarquait toujours rien. Un imbéc.... Sa réflexion n'alla pas plus loin, l'homme lassé de ses tentatives, pour se libérer, venait de l'assommer promptement.

- Ceci mon cher,,, quelque soit votre nom. Je crois que nous allons devoir nous occupez de vous

Il restait d'un calme olympien malgré la situation dégradée. Mais pourtant ses yeux luisaient, et à ne pas en douter pour une fois ce n 'était pas de lubricité mais de haine.

- Je vous conseille de lâcher ça - désignant l'arme du doigt- ou c'est la demoiselle qui en pâtira. Il serait dommage d'ouvrir une deuxième bouche dans cette peau si parfaite.

Le garde qui maintenait la jeune femme, passa le tranchant de sa dague sur le cou de la bohémienne, y laissant une très légère trainée écarlate.

- Vous voyez. Je viens de perdre une manche mais pas la partie.

L'homme aurait il donc un atout dans sa manche?

Tout se passa très vite, les bruits de verre brisé, les croisement de fers, les jurons, les pas de courses, les ordres, tout était très bien préparé et le Sergent arrivait à point nommé avec les renforts, néanmoins, une quinzaine d'hommes en arme arrivèrent et barricadèrent les deux sorties possibles avec le mobilier qu'ils avaient sous la main. Ils furent très rapide et quand ils eurent fini, la pièce semblait étrangement silencieuse, comme coupé du reste du Manoir, mais il fut vite coupé par la voie du Maître des lieux qui montra à son adversaire du moment qu'il avait sous la main, un moyen de pression.
Le regard du Vagabond se posa sur la jeune Bohème, inconsciente, maintenue par des bras puissants et fermement agrippée à la Demoiselle. Le Garde qui avait entre ses bras Môrhïn lui fit une légère coupure sur le cou à l'ordre de son Maître laissant alors peu de possibilité au jeune Homme. *Si je me rends, on est foutu tous les deux. Si je me rends pas, Môrhïn meurt, je m'en voudrais toute ma vie et de plus, mes chances de survivre seraient encore réduites. La poisse.*
Il regarda alors Kastel, son regard était rempli de haine comme celui du Marchand, et il était sur qu'il lui ferait payer tout cela:
Alastor assomma l'Homme qu'il tenait dans ses bras avec la garde de sa dague, c'était toujours un rempart de moins, cependant il ne lâcha pas sa lame tout de suite, réfléchissant rapidement à tout ce qu'il pouvait faire mais Kastel ne lui laissa pas le temps, un signe de tête vers le geôlier de Môrhïn et ce dernier commença à appliquer de nouveau sa dague sur la peau de la jeune Femme.
Il planta la lame dans la table en bois devant lui et recula de quelques pas avant que deux Hommes en armes viennent le passer à tabac. Alors qu'il était au sol, tentant de se protéger aussi bien que possible, il vit que Môrhïn fut déposé par terre à côté de lui, il tenta de ramper vers elle mais les Gardes le retinrent et le tirèrent vers eux, enlevant son grand manteau rouge et arrachant sa vieille chemise sale.
Alastor le regarda avec un air encore un peu égard, la cicatrice de son visage s'étant rouverte, il saignait quelques peu, mais le sentiment qui dominait le plus son visage étant l'interrogation. *Comment peut-il rester aussi confiant??...*
Le marchand vit alors signe à deux de ses Hommes qui poussèrent une lourde armoire derrière laquelle se découvrit une porte cachée:
Rapidement des torches furent allumés et Kastel, Alastor, portant toujours la Bohémienne ainsi qu'une dizaine de Soldats, s'engouffrèrent dans le tunnel. Les autres refermant le passage et le rebouchant avec le lourd meuble sans un dernier "Jusqu'à la mort." qui en disait long sur l'avenir de ces Hommes.

Ils s'engouffrent donc par le souterrain dérobé, dont un habile mécanisme referma l'entrée. Avec ça il était fort à parier que les Hommes du Sergent se retrouveraient désemparés devant une telle situation. D'ailleurs on pouvait noter cette prévoyance du Seigneur des lieux. Maitre Kastel à la fois intelligent, et ingénieux, n'avait apparemment pas lésiné sur les moyens pour protéger sa demeure. Un vrai casse tête pour les garde qui devaient avoir enfoncés la porte de la grande salle demeurée vide de toute présence.

Pendant ce temps, en peu en dessous du dallage marbré de cette fameuse salle, fuyant à la queue leu leu dans le dédale de couloirs, le sieur Kastel, ses mercenaires et ses prisonniers avançaient rapidement. Éclairés seulement par quelques torches, ils avaient la foulée longue et rapide de ceux qui cherchent à fuir au plus vite un endroit devenu un peu trop dangereux pour leur popotin.

Alastor, contraint de suivre le mouvement, portait toujours la bohémienne, à qui le coup sur la tempe avait fait perdre connaissance. Tout se serait passé on ne peut mieux si la donzelle était restée dans ce simili de sommeil. Malheureusement pour notre vagabond , ce ne fut pas le cas, ce qu'y n'aida en rien sa tache.
Môrhin reprit ses esprits et avant même d'avoir ouvert les yeux, compris qu'on grosso-modo la situation, enfin plutôt grosso que modo d'ailleurs, mais a sa décharge, admettons que le coup l'avait sonnée plus que de raison. Elle se débattit, donc, avec une conviction rare qui obligea le jeune homme à la lâcher au détriment d'une belle griffure sur la joue et d'une morsure profonde à son épaule, restée dénudée depuis son passage à tabac.

La réaction vindicative de la jeune femme, eut raison du peu de cohésion régnant dans cette partie de la queue. Un des gardes de derrière en profita pour se jeter sur Alastor qui..qui fit surement quelque chose, mais la Gitane, ne vérifia pas la chose en question. Elle, elle filait habilement, avec la souplesse féline d'un chat entre les acolytes de Kastel et ce vers l'entrée du souterrains. Le manque de place pour la manœuvre de leurs épées aidant grandement la bohemienne en quête de liberté. Est ce que Alastor la suivit, ça elle ne se retourna pas pour savoir. Être en fin de file, s'était révélé, finalement un avantage non négligeable, et le nombre de mercenaires a esquivé mois important

- RATTRAPEZ LES!!!!!

Enfin rien n'était gagné non plus!

Le Vagabond se demandait jusqu'où conduisait ce souterrain et surtout comment faire pour avertir le Sergent Horvann de ce lieu sans aucun doute plus que secret pour la Garde de Fornost, des tunnels étroits et poussiéreux, assez anciens, ils ne pouvaient y avoir que deux personnes maximum de front et Alastor, étant très grand, touchait presque le plafond, d'ailleurs l'un des Gardes de Kastel devait se baisser pour éviter de finir assommer.
C'est à ce moment qu'une tigresse se réveilla, enfin, plutôt une Bohémienne, ne s'étant sans doute pas rendu compte que la personne qui la porté était Alastor, elle se débattit avec violence, le griffant et même le mordant violemment à l'épaule. Cette dernière attaque fit lâcher prise au Gondorien qui tenta de rattraper la jeune Femme, mais celle-ci, à la fois rapide et agile, l'esquiva, le jeune Homme eut alors très peur pour Môrhïn qu'un des Gardes ne la transperce avec une épée pour lui apprendre à se maintenir en place mais la Furie les évita avec une facilité et un grâce très étonnante par rapport à l'état dans lequel elle se trouvait.
Pendant que la Bohème se faufila entre le quelques Gardes se trouvant à l'arrière garde de la petite troupe, le Vagabond attrapa le plus proche de lui, qui avait le dos tourné vers lui, et lui torda la nuque d'un coup sec et rapide. Récupérant rapidement son épée, une lame en acier quelques peu rouillé, il en transperça un autre avec l'aide de celle-ci pour attraper le dernière Homme de la colonne qui allait rattraper la jeune Femme en fuite. Alastor le frappa d'un coup sec derrière la tête avec le pommeau de l'arme qu'il venait de récupérer, prit la dague que l'homme avait accroché à sa ceinture et la pointa sous le menton de son otage l'obligeant à rester debout bien droit pour ne pas finir avec la gorge tranchée.
Le Gondorien se retourna face à la petite dizaine d'Hommes restant, dont Kastel, avec un bouclier très hors norme, il s'agissait d'un des Soldats du Marchand qui étant à peine plus petit que le Vagabond, permettant à ce dernier d'avoir une bonne vision en même temps qu'une bonne protection. Les collègues du bouclier humain ne savait pas vraiment quoi faire et cela se voyait suffisamment pour qu'Alastor décide d'en profiter:
Les Soldats regardèrent leur Seigneur, attendant un ordre de lui, quel qu'il soit, mais leur regard était assez expressif pour comprendre qu'il préférait largement la seconde solution. Seulement est ce que le Maître des lieux, ou plutôt l'ancien Maître allait se laisser commander ainsi. *J'espère que Môrhïn arrivera bientôt auprès de Horvann, il ne faut pas que cette pourriture s'échappe.*
Le destin de Kastel avait l'air d'être entre les mains du la jeune Femme, tout comme celui d'Alastor, même si ce dernier profitant de l'étroitesse des lieux, avait des chances de s'en sortir, son avenir n'était pas tout à fait clair dans les minutes à venir, surtout qu'il commençait à se sentir quelques peu fatigué, sans doute à cause de la récente raclée qu'il avait prit et aussi les deux blessures, celle sur sa cicatrice et la morsure de la Bohémienne. Le sang qu'il avait perdu et qu'il continuait à perdre commençait à le faire un peu faiblir et sa vue se trouvait un petit peu mais il était assez résistant pour à la fois ne pas le montrer à ses ennemis mais aussi pour tenir encore un bon moment dans cet état.

La donzelle courait et elle courait drôlement vite pour une personne qui venait tout juste de se remettre d’un coup sur la tête. A vrai dire c’était plus par instinct de conservation qu’autre chose, qu’elle avait filé de la sorte, laissant pantois derrière elle, allié et ennemis. La souplesse feline de ses entrainements quotidien à la danse et l’acrobatie, venait une fois de plus de la sortir d’un mauvais pas. En fin sortir était peut être un mot un brin exagéré pour la situation présente.

Que le vagabond ne l’ai suivi dans cette escapade mouvementée ne l’inquiéta pas davantage. Il y avait un moment pour chaque chose, celui de l’héroïsme n’était guère au gout du jour, et avouons le, la bohémienne préférait mille fois que ce soit la peau d’Alastor qui fut percée par le fer plutôt que la sienne. Réaction un tantinet lâche mais âpres tout, elle n’avait rien du soldat loyal prêt à mourir pour un frère de sang. Il ne lui était rien, à part peut être un boulet a sa cheville. Et si sa présence ne s’était pas manifestée dans ce bâtiment délabré tantôt, elle n’aurait certainement pas été dans ce labyrinthe souterrain.

Son poignet, la lançait affreusement, ses muscles devenaient douloureux et elle n’apercevait toujours pas la fin de ce maudit couloir. Soudain des escaliers, qu’elle s’empressa de gravir quatre à quatre, à croire que le Diable au moins était à ses trousses. Allusion fort peu avantageuse pour le Cornu au vue du bedon proéminant de Kastel. Toujours était il qu’elle se trouvait en haut des marches et… et l’entrée était belle et bien bouchée. C’était elle trompée à un moment donné ? Non… impossible. Derrière le pan de mur se trouvait sa liberté, il était absolument hors de question qu’elle renonce. Ses mains, s’égarèrent sur le mur de pierre qui barrait son chemin, explorant minutieusement chaque interstice, chaque creux, chaque bosse. Il lui fallait trouver un mécanisme quelconque, la porte dérobée devait forcement en être munie. Soudain ses doigts s’enfoncèrent légèrement, elle accentua son mouvement, provoquant ainsi l’ouverture désirée.

Les gardes fouillaient la grande pièce, ou plutôt la mettaient à sac. A leur tête, le sergent Horvann visiblement rouge de colère et d’agacement maugréait ses ordres, gesticulait afin que ses hommes augmente la cadence de fouille. Quelle ne fut pas leur surprise, de voir émerger de la trappe du mur la gitane. Sa tempe tirait au violacé, ses cheveux emmêlés, sa robe dépenaillée, déchirée qui laissait entrevoir plus que de normal la peau dorée de sa gorge.

- Ah ! C’est donc là que vous…
- Sergent, je suggère que vous… eu.. continuiez pas la !! dit-elle en désignant le souterrain, d’un air profondément concentré. Ils risquent de s’échapper et… eu... Alastor y est toujours.

Ce n’était pas le plus important, mais le fait devait être noté. Aussitôt dis, aussitôt fait, la division de quelques soldats s’engouffra au pas de course, toujours devant Horvann, accompagné de la gitane qui servait bon gré, mal gré de guide. Il faut dire qu’on ne lui avait pas vraiment laissé le choix. Alors elle suivait, ou plutôt dirigeait.

Le contingent de la garde eut tôt fait de rejoindre les fuyards, ou plus exactement Alastor le « héro » (notez que ce qualificatif, dans la cervelle de la bohémienne sonnait davantage comme une insulte qu’un compliment) et ses nouveaux amis si on put dire. S’en suivit une escarmouche, rapide. Puis une seconde cavalcade, tout aussi rapide. Avant que les soldats mettent enfin le grappin sur les fugitifs aux prix de quelques estafilades sanguinolentes et par chance aucune mort, du moins du coté de la loi, pour le reste… et bien dirons nous que ce n’était que justice.

Alastor se trouvait toujours dans le sorte de couloir que formé le souterrain, il maintenait une dizaine d'hommes en retrait grâce à son bouclier humain, ancien soldat de Kastel, il regrettait sans doute maintenant son engagement dans cette semi armée de forbans malfaisants. Une dague dans une main servant à soutenir sa lourde protection, ou plutôt, pour être exact, l'empêcher de s'enfuir ou même de bouger, dans l'autre un épée longue servant à tenir en respect les Gardes du Corps du marchand qui d'ailleurs, préféré sans doute garder leur corps à eux plutôt que celui de leur maître.
C'est à ce moment là que le Sergent Horvann arriva avec une bon nombre d'hommes, venant rapidement à sa suite une bonne dizaines de Soldats de Fornost armés de boucliers et de lances suivant une formation bien spécifique, les boucliers devant, les lanciers derrière. Devant une telle formation, une partie des Hommes de Kastel avec lui même s'enfuirent au plus vite dans le fond de la grotte tandis qu'une autre partie, la plus courageuse, ou la plus folle, essaya vainement de repousser les envahisseurs mais fasse à leur perte rapide, ils ne purent que se rendre pendant qu'une partie de la Garde de Fornost poursuiva Kastel et ses Hommes.
Quand il vit arriver Horvann et ses Soldats, Alastor assomma son bouclier et recula, laissant tout au soin du Sergent, le Gondorien se retourna alors pour apercevoir Môrhïn, qui avait elle aussi accompagné les Arnoriens.
La jeune Femme avait l'air bien, malgré un air un peu perdue et des yeux assez furieux à l'égard du jeune Homme, toujours torse nu, un trace de morsure profonde sur l'épaule, sa cicatrice dorsale à la vue de tous, il n'en restait pas moins Alastor, froid et renfermé, un visage sobre n'exprimant aucune émotion, même pas de douleur malgré les nombreuses traces de coup qui parsemait son corps.
Ils retournèrent tout les deux dans la salle où se trouvait l'entrée caché du souterrain et le Vagabond dit avec un léger rictus à la Belle:
Le Gondorien alla alors ramasser sa chemise et son manteau, mais la première était trop en morceaux pour qu'ils puissent la remettre, seul son manteau alla sur ses épaules et comme il ne le fermait jamais, même en Arnor et par ce temps, cela laissait entrevoir une partie de son torse et de ses abdomens plutôt musclé mais sans plus.
Alors Kastel passa l'ouverture, suivit de ses hommes, tous mise aux fers par, et il s'en alla rejoindre les prisons sans avoir jeter un dernier regard furieux à Môrhïn et Alastor. Le Sergent fut le dernier Homme a revenir du tunnel, refermant la porte derrière lui, il s'approcha de ses deux complices et le Gondorien lui demanda: la Garde de Fornost

Un filet de sang sur le visage, le Sergent se massait le bras. Il avait pris un mauvais coup, mais rien de grave. Ils avaient fait une belle prise aujourd'hui. Il finnissait d'organiser la sortie de Kastel et de ses quelques sbires qui avaient survécus. Car dehors, une foule commençait à se former. Passant, curieux, marchands et clients étaient attirés par le cordon formé par les Gardes de Fornost. Et si ces derniers, étaient lourdement, c'est avec gentillesse qu'ils repoussèrent les quelques passants un peu trop curieux.

"Oui le contrat est rempli. Alastor, j'aimerais cependant en apprendre un peu plus sur vous. Retrouvons nous chez Victod en fin d'après midi. A moins que vous ne nous quittiez déjà?"

Un murmure passa dans la foule alors que Kastel apparaissait une dernière fois sous les rayons du soleil. On l'enferma dans un carosse de fer qui avança doucement vers le Commissariat. L'escorte avançait déjà quand le Sergent salua la jeune femme.

"Demoiselle."

Il enleva son gant et serra la main du Gondorien.

"Alors c'est entendu?"

"Vous devriez être contente, vous voilà enfin débarrasser de moi, comme l'histoire est finie et que Kastel ne va pas tarder à passer cette pièce fer au poignet, vous pourrez repartir avec votre caravane de Bohémien et ne plus avoir à supporter mes gaffes incessantes."

Décidément, ce pauvre garçon ne comprenait rien à rien. Il l’agaçait, l’énervait au plus haut point des qu’il prononçait un mot, et même lorsqu’il se contentait de se taire, il lui mettait les nerfs à vifs. Il n’y avait pas à ça de raison particulière, ou peut être bien que l’idée de lui être redevable la tourmentait profondément. Toujours était-il qu’elle ne pouvait s’empêcher de le tancer vertement. Une vrai mégère, certes séduisante mais mégère tout de même.

- Bah voyons ! Mais bien sûr ! Je vais retournée à ma roulotte bien gentiment, en oubliant que j’ai une dette d’honneur envers vous. Nous n’avons peut être pas la meilleure réputation qui soit, nous autre, bohémiens, Alastor, mais nous remboursons toujours nos dettes d’honneur.

Si un intrus indiscret s’était avisé de rire de ces paroles, la gitane en aurait fait des charpies. On ne plaisantait pas avec l’honneur. Il est vrai que les gens de peuple étaient parfois d’une moralité douteuse, mais ils avaient qu’une parole et la tenait toujours. Voilà pourquoi Môrhïn se sentait redevable du vagabond, et voila pourquoi elle ne le laisserait s’échapper sans lui rendre la monnaie de sa pièce, bien qu’elle ne savait pas vraiment de quelle façon s’y prendre.

Enfin pour l’heure, il lui fallait faire soigner ce poignet, maintenant que toute cette mauvaise affaire se terminait. Le sergent la salua, elle répondit de même si ce n’est avec plus de grâce. Elle ne voyait aucun inconvénient à se rendre à la taverne, qui de toute manière se révélait également le lieu de travail momentané des hommes de sa caravane.

- Je suis d’accord Sergent. Et toi Alastor, tu as intérêt à t’y rendre aussi ! Quoique non, tu serais bien capable de t’enfuir, il vaut bien mieux que tu viennes avec moi. Nous te soignerons au campement, puisque je ne suis apparemment pas la seule à avoir dégusté.

D’ailleurs elle ne lui laissa pas le temps de répondre ou de réagir autrement, elle passa son bras indemne sous celui du jeune homme et l’entraina, avec elle, en direction de son foyer. Dans un même temps elle lança au garde, qui n’avait pas plus eu le temps de réagir qu’Alastor.

- Comptez sur nous Sergent !

Le Sergent avait déjà le sourire aux lèvres, mais désormais c'était un véritable fou rire qu'il retenait. Il regarda partir cet étrange couple quand son second le héla.

"Sergent! Faut qu'on y aille!"

"J'arrive caporal, j'arrive."

Il fendit la foule et laissa derrière lui le palais de Kastel qui était désormais sous la Garde des quatre lanciers de la Garde. Ils avaient été désignés après l'arrestation par une injuste coutume. Un jeu de hasard qui distribuait la pénible tâche de veiller sur un bâtiment inhabité et tombé sous la responsabilité du Gouverneur de Fornost. D'un autre côté, ces quatre bonhommes n'auraient pas à se farcir les tonnes de paperasses qu'Horvann allait devoir remplir.