Une expédition pour Esgaroth

De fines gouttes de pluies tombaient malgré la présence du soleil. Les gardes de la Porte saluèrent Fréor et Bèledin à leur passage, puis refermèrent les portes derrière eux. Ça y est, ils étaient enfin dehors! Le Nain observa son compagnon et sut bien vite que ce dernier n'avait jamais beaucoup foulé les terres de l'extérieur: son regard exprimait à la fois la surprise et l'admiration. Mais il fallait se ressaisir: ils avaient une mission à accomplir, une Hache à retrouver.

- Eh bien, répondit Fréor aux interrogations de Bèledin, je crois que nous allons aller vers l'Est, et tenter de trouver des traces dans l'herbe fraîche... Mais, oh! Regardez donc ça! Ne voyez-vous pas un groupe d'individus partir vers le Nord-Est, là-bas?

Il pointa le tranchant de sa hache dans cette direction. Il y avait en effet une masse sombre qui se mouvait dans les verts pâturages. Des gens marchaient, cela était sûr. Bèledin ne le savait pas, mais il s'agissait en vérité d'une Guilde de mercenaires, les Masques de la Pierrelune, et de Sirion, un mercenaire habituellement solitaire.

- J'ai bien ma petite idée sur la question, déclara Fréor. Je pense savoir qui ils sont. Mon frère Frehïn est sans doute avec eux. Oui, ce doit être eux, à coup sûr. Allons leur demander s'ils n'ont pas vu quelque chose, au sujet du voleur que nous recherchons.

Et les deux compères se hâtèrent de rejoindre le convoi, qui en réalité était composé de charrettes et de chevaux, et non d'individus à pied. Mais ils n'allaient pas encore bien vite... si Fréor et Bèledin pressaient le pas, ils avaient une chance de les rattraper.

Cela faisait quelques minutes que le convoi de mercenaires était parti, la pluie commençait à s'intensifier alors que les charettes continuaient leur progression dans les champs aux Iris. La charette où était Sirion était à l'avant, non loin se trouvait celle de Kivan et de ses acolytes les plus proches.

Le Fantôme était avachi sur son siège et avait le regard dans le vide, ses pensées le tourmentaient. Ce Himling devait payer...vite et cher, sa traitrise était grande dans le coeur de Sirion. Ce fourbe s'était joué de lui pour pouvoir s'enfuir...Sirion l'avait libéré de sa prison au Khand, il allait à présent le libérer de sa vie.

C'est alors que l'un des Masques cria :

- On a de la visite derrière !

Tous se retournèrent pour voir qui les suivaient, il s'agissait de 2 individus, sûrement des Nains à en croire leur taille. Sirion se tourna vers Frehïn et lui demanda :

- Tu les connais ?

Un des deux nains avait du mal à suivre le rythme. Il était affreux de le voir courrir ainsi. Fréor, qui lui courrait vite et tranquillement, ne voualit pas trop se faire remarquer par ces hommes mysterieux. Bèledin, lui, adorait çà. C'était l'aventure; mais malheureusement Fréor avait oublié de lui dire qu'il fallait rester discret au sujet de cette enquête et de la hache.

" Hey ! Vous, oui vous les hommes masqués dans les charettes ! Arrettez-vous ! Il faut qu'on vous pose des questions sur le vol de la hache des Naugrim. Mais, j'vous dis de vous arretter !! " Balança alors Bèledin d'une voix bien .... naine.

Fréor s'arretta brusquement et se retourna vers Bèledin qui était, maintenant, loin derrière. Il lui disait tout bas qu'il fallait qu'il se taise.

Mais èledin n'y était pour rien, il était tellement enthousiate. Il pensait faire comme il faut. Il ne savait pas qu'une enquête devait être faîtes très discrettement. Il rejoignit Fréor avec un sourrire naïf, un sourrir d'enfant.

" Bah quoi ? " Fréor était inmpréssioné par ce nain. D'une part par sa faible intelligence, et d'autre part, par son immense indiscretion et sa franchise. Il disait tout directement aux gens sans réfléchir.

A cet instant les charrettes s'arrettèrent, et Bèledin fut éffrayé lorsqu'il vut un homme très grand ( par rapport à lui ) qui déscendait et marchait vers lui.

#Bèledin

Tout se passait bien jusqu'à ce que Bèledin intervienne. Quelle idée avaient donc eu les dirigeants de mettre ce Nain en avant, de lui attribuer une mission si importante. Fréor se demanda l'espace d'un instant ce qui aurait pu arriver s'il lui-même n'avait pas été là. Le garde du Khazad aurait sans doute continué de crier le but de la mission sur tous les toits, et dieu sait ce qui aurait pu se passer en présence de ces mercenaires...

Avec un peu de chance, les Masques n'avaient pas relevé tous les détails des paroles de Bèledin, mais ce qui était sûr, c'est que le groupe l'avait entendu parler: les chariots s'étaient arrêtés, les chevaux attendaient en s'ébrouant, et les hommes regardaient fixement le duo de Nains s'approcher du convoi.

Ceux dont les visages étaient tatoués n'étaient autres que les célèbres Masques de la Pierrelune. Une cinquantaine de têtes environ. Les autres... eh bien... n'étaient que deux. Un humain, et un Naugrim qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à Fréor.

L'homme qui marchait à présent en direction de Bèledin se nommait Kivan, et il était le chef de cette Guilde. L'expression de son visage trahissait une certaine anxiété, voire même de la crainte.

"Qui êtes vous, demanda-t-il d'un ton ferme, vous qui nous suivez sur ces terres, et que nous voulez-vous?"

Il vit bien que tous deux étaient des Nains, mais l'un semblait si étrange qu'il paraissait différent des Khazad qu'il avait vu jusqu'alors. Pendant ce temps, Sirion s'était approché de la conversation... Ce fut Fréor qui explicita leurs buts, de peur que Bèledin ne dise encore quelque bêtise:

- Moi et mon camarade recherchons un voleur, un fugitif qui s'est enfui de Khazad-dûm dans la nuit par la porte Est, porteur d'un bien cher au Seigneur Hadhod. Auriez-vous eu vent de ce scélérat? N'avez-vous rien vu d'anormal?

Kivan brisa le silence au bout de quelques secondes:

"Il y a quelques traces fraîches dans l'herbe qui vont vers le Nord-Est. Nous les suivons parce que c'est notre route, rien de plus. Mais elles peuvent très bien avoir été laissées par quelque bête ou autre voyageur solitaire..."

- Vers le Nord-Est... murmura Fréor, pensif. Esgaroth...

Il avait eu comme un déclic. Le voleur aurait certainement recherché une ville ou cité pour vendre son butin et en retirer du profit. Et Esgaroth, bien que très éloignée en soi, était toutefois la plus proche de la Moria. De plus, elle était habitée par des humains, et non par des Nains comme Erebor, Nains susceptibles de reconnaître l'arme. Tout se tenait.

#Kivan #Fréor #Sirion

Sirion s'était effectivement rapproché des Nains ainsi que de Kivan, il écouta attentivement leur discussion pour le moins particulière. La pluie était maintenant cinglante et Sirion enfila sa capuche. Frehïn ne semblait guère apprécié cette pluie non plus mais il faisait avec. Le mercenaire attendit la fin du dialogue puis se permit d'intervenir :

- Si je peux me permettre, mon nom est Sirion. Je propose que nous continuions cette conversation durant le trajet car je crois que vous allez également à Esgaroth. Faisons chemin ensemble et nous pourrons discuter plus en détails de nos problèmes respectifs, qu'en pensez-vous ?

A vrai dire, Sirion n'avait cure de leurs avis. Sa seule motivation était de retourner à Esgaroth le plus vite possible et cette conversation impromptue ne faisait que les ralentir dans leur mission. Par dessus tout, son oeil droit le faisait atrocement souffrir depuis leur départ de la Moria, le Fantôme plaça alors sa main par-dessus comme pour atténuer la douleur mais rien n'y faisait...décidément ce voyage allait être plus long qu'il ne l'avait pensé...

Bèledin était impressionné par la taille de toutes ces personnes. Mais au loin, près de Sirion, il vit une personnes de petite taille. Un frère de hache. Il s'empressa d'aller à ses côtés, pour faire connaissance. Apparemment il se nommait Frehïn et lui faisait étrangement penser à Fréor, ils avaient beaucoup de points communs physiquement.

Peu de temps après, on nous fit monter dans une charrette - Sirion, Fréor, Frehïn, et moi -, en direction d'Esgaroth. Ce nom ne disait rien à Bèledin. Il ne connaissait pas cette cité, mais mourrait d'envie de la découvrir. Depuis qu'il avait vu la beauté du paysage, en dehors des mines, il voulait absolument tout découvrir. Il voulait refaire sa vie, et connaître toutes les choses qu'il ignorait.

Les charrettes reprirent leur route, le chemin était très abîmé. Le groupe était secoués dans tous les sens par les trous et les bosses de la route que nous empruntions. Et je peux vous dire que Bèledin se souviendrais toujours de ce moment, où ils étaient tous serrés dans la charrette. Il était assit entre Sirion et Fréhïn, et était effrayé par Sirion. Il paraissait bizarre, il était très silencieux, et semblait avoir se la haine, qu'il essayait de contenir au fond de lui.

Ils étaient partis pour une très longue route, et Bèledin ne voulait pas passer tout son temps dans cette charrette à ne rien faire. Il entama alors la discution :

" Bon... Nous n'allons pas rester dans le silence pendant tout le voyage quand même ! Ce serait dommage, vous ne trouvez pas ? "

#Frehïn

- Frehïn, mon frère! Je crois que nous sommes condamnés à rester ensemble! s'exclama Fréor en riant, lors des retrouvailles des deux frangins.

- Je crois en effet que c'est notre lot, répondit son double aussi gaiement. Ainsi, nous irons donc parler ensemble en Erebor, sous le mont Solitaire!

- C'est à voir, rétorqua Fréor d'un air plus sérieux. Telle est ta mission, mais telle n'est pas la mienne...

Une fois les quatre personnes réunies à l'intérieur de la charrette, le compagnon de Bèledin reprit la parole, parlant à tout le monde, cette fois-ci:

- Oui, déclara-t-il d'une voix assez faible, couvrant à peine le grincement des roues et le bruit mat des sabots des chevaux sur l'herbe drue, oui, mon compagnon et moi sommes en mission pour le compte du Seigneur Hadhod. Nous cherchons à retrouver une Hache qui lui appartient, et qui fut offerte par l'envoyé du prince des Elfes, Rustor Erumelgos. Quelqu'un a réussi à s'en emparer par la ruse, malgré la garde établie autour de la Salle du Trésor, et ce quelqu'un semble se diriger vers Esgaroth en ce moment-même.

Fréor venait de parler avec plus de sincérité et de détails qu'il ne l'avait fait tout à l'heure. Il avait plus confiance en ce Sirion que dans ces étranges Masques. Tout en parlant, il avait agité les rennes pour faire accélérer les chevaux. Ainsi, leur chariot avait pris la tête du convoi, et il pouvait vérifier la présence des traces de pas devant eux, faibles certes, mais discernables. Les mercenaires d'Esgaroth, eux, avançaient toujours d'un air serein, à l'arrière, et ne semblaient plus s'occuper des nouveaux venus.

Au bout d'un certain temps, Fréor parla de nouveau, d'un ton enjoué:

- Comme le dit mon compagnon, Bèledin le garde du Khazad - ainsi la présentation était faite - il serait dommage de partager un si long voyage en étant muet de bout en bout. Dites-moi, Sirion, pourquoi, exactement, vous rendez-vous dans cette Cité du Nord?

Peut-être que le Fantôme allait trouver le Nain un peu trop bavard et indiscret, mais nul ne peut changer le tempérament d'un Naugrim... Sur la droite, on voyait s'élever les frondaisons de la partie méridionale de la Forêt Noire, détachant leur masse sombre sur le ciel à présent grisâtre.

Ainsi trois nains étaient à présent sur la charette de Sirion, le mercenaire ne semblat guère être à l'aise avec autant de naugrim en train de discuter aussi bruyamment. Il les laissait parler entre eux jusqu'à ce que Fréor lui pose une question sur les raisons le poussant à aller à Esgaroth.

- Je m'y rends car j'ai une mission à accomplir : renverser le comte de la cité avec l'aide des Masques et des rebelles de la ville. Je dois les aider pour assouvir ma propre vengeance.

Sirion n'avait pas pour habitude d'expliquer ses motivations à n'importe qui mais depuis quelques temps, sa rage n'était plus contenue et prenait peu à peu le dessus sur l'homme lui-même.

- Un ami du comte. Un lâche, un escroc, une larve dont je dois m'occuper. Il s'est joué de moi par le passé et il va falloir qu'il paie.

Les doigts de Sirion s'étaient resserrés sur ses genoux et ses dents se crispaient. Sa pupille se dilatait et il ne put contenir un cri de douleur. Sirion s'empressa de se reprendre et malgré les nombreuses gouttes de sueur sur son front, il reprit la parole brièvement :

- Je...excusez moi je vais m'allonger à l'arrière de la charrette un moment.

Le Fantôme s'éxécuta et s'allongea aussitôt. Que pouvait-il avoir pour le rendre dans un tel état ? Cela était encore un mystère alors que le convoi approchait à grands pas de l'orée de la foret noire, près de la vieille route la traversant d'Ouest en Est.

Fréor se contenta de hocher la tête en un mouvement lent et pensif lorsque Sirion lui fit connaître les buts de sa montée dans le Nord... Ainsi Esgaroth était sur le point de changer de main, ou tout du moins de traverser une période de troubles. Lui qui avait toujours cru que cette calme ville lacustre ne pouvait qu'être en paix, maintenant que Smaug n'était plus de ce monde... il s'était donc trompé.

Les trois Naugrim contemplèrent Sirion avec surprise lorsque le mercenaire partit s'allonger dans les toiles et les étoffes qui encombraient le fond de la charrette. Le fait de mentionner son ennemi lui causait-il toujours cette réaction inquiétante? Voilà qui était plus qu'étrange.

Le silence s'installa alors pendant un bon moment entre les trois Nains, jusqu'à ce que Frehïn le brise, ne supportant pas un instant de plus cette absence de bruit gênante:

- Ainsi le présent des Elfes a été volé... j'imagine que la stupéfaction a dû être grande dans nos rangs, même si tous les Naugrim ne tiennent sans doute pas à cet objet: j'en connais qui seraient heureux d'égarer un cadeau des Elfes, vu la façon dont ils les haïssent.

- En effet, répondit calmement Fréor. Mais les autorités y attribuent une grande importance. Et Hadhod également, même s'il n'aime guère les Elfes lui non plus. Je pense qu'il souhaite retrouver à tout prix cette Hache pour éviter l'incident diplomatique. Imagine que ça se sache...

Le jeune Frehïn esquissa un sourire:

- C'est sûr, les oreilles pointues n'apprécieraient pas trop de savoir que le don du prince Rustor a été perdu. Mais d'ailleurs, qui a bien pu la voler? Un Nain sans doute, ou un membre de l'armée unifiée... Je n'ai pas tellement confiance en ces hommes du Rhûn!

- Non, c'était bien un Nain, la grande armée n'a pas encore atteint Khazad-dûm. Et puis il faut avoir une sacrée connaissance des mines pour ménager un orifice dans le sol du niveau supérieur, juste à la verticale de la salle du trésor. Elle est basse de plafond; facile d'y descendre avec une échelle. Et voilà le travail. Maintenant, il faut courir après des voleur plutôt que de se battre aux côtés de notre Seigneur...

- Le voleur devait sans doute considérer que le prix qu'il pouvait tirer de l'arme valait plus que l'amitié des Elfes, répondit Frehïn. Enfin... avec un peu de chance, vous serez vite de retour à Cavenain. Vous n'avez pas à assister à une rébellion, vous, ni à parler devant les dirigeants d'Erebor. Et puis, à deux, vous avez de bons espoir de coincer le fugitif. Bèledin... j'avais déjà eu vent de ce nom là, mais je n'arrive pas à savoir dans quelles circonstances. J'ignorais en tout cas que vous aviez intégré les gardes du Khazad. Depuis combien de temps, si ce n'est pas trop indiscret?

En vérité, Frehïn savait fort bien d'où venait la notoriété de Bèledin. Sa réputation était grande, beaucoup connaissaient l'ivrogne et le bagarreur, bien peu le garde de Khazad. Il s'était toujours demandé pourquoi Hadhod l'avait autorisé à rester dans cette unité d'élite. Pourtant, un curieux changement semblait s'être dessiné dans le comportement du trublion.

Bèledin était vraiment flatté, et aussi très heureux; c'était la première fois qu'une personne s'intéressait à lui, la plupart des gens préférait l'ignorer et se moquer derrière son dos. Il était tellement excité – car il voyait vraiment que sa vie commençait à changer -, qu'il s'empressa de répondre à Fréhïn.

« Eh bien, Monsieur Fréhïn, j'ai obtenu ce grade il y a seulement quelques jours de cela. Et sachez que j'en suis très fière, et que – grâce à cela -, je pense recommençait ma vie, et me reprendre en main. L'ivrogne émérite, ne sera plus l'homme que vous voyez devant vous... Mais, est-il vrai que vos oreilles ont eu vent de ma personne ? Car, les gens ont pour habitude de me détester, et de m'ignorer. »
Il prononça ces paroles avec une telle jouissance, qu'il en avait l'envie de verser des larmes (et cela n'était jamais arrivé auparavant.).

" Enfin, je doute que l'on vous ait dit du bien de moi. "
Il arrêtta brusquement de sourire.

Au moment où la phrase de Bèledin fût achevée, des coups et des gémissements bruyants étaient émis par Sirion qui ne semblait pas bien. Il donna, sans faire exprès, un coup de pied tellement intense dans le siège où était installé Bèledin, que celui-ci se cogna contre l'avant de la charrette. A présent inconscient, il tomba brusquement de la charrette pour ensuite s'enfoncer dans la boue.

Tous les regards se tournèrent vers Sirion qui n'arrêtait pas de gémir et de cogner, avec son poing, les parois de la charrette. Il ne semblait pas se contrôler. Y avait-il un problème si grave que çà ?
Personne ne semblait se soucier de Bèledin, jusqu'à ce que Fréhïn le vit évanoui, sur le sol, non loin de se faire écraser des charrettes qui suivaient.

- En effet, répondit Frehïn lorsque Bèledin se trouvait toujours en face de lui, bien peu disent grand bien de vous. Mais, pour ma part j'évite de croire aux rumeurs quand je n'ai pas vu par moi-même. Et, dans votre cas, je crois que j'ai bien fait... j'espère.

Ce fut donc après ces quelques paroles encourageantes que l'attention des Nains se porta sur Sirion et que Bèledin quitta la charrette pour s'écrouler dans la boue, étourdi, assommé. Nul ne le vit donc dans un premier temps, mais ce fut l'absence étonnante des chariots de derrière qui leur mit la puce à l'oreille. En effet, les chevaux des Masques avaient stoppé leur progression lorsque leurs maîtres eurent vu un petit corps recroquevillé et couvert de boue.

- Je crois que nos bêtes vont un peu trop vite, dit nonchalamment Fréor qui n'avait pas réagit de suite. Ou alors ce sont ces mercenaires qui sont vraiment lents. Regardez, ils traînent comme des escargots!

- Ils regardent quelque chose sur le sol, répondit Frehïn. Une pièce a dû tomber de notre chargement. C'est peut-être Sirion qui a laissé échappé un objet, non? En tout cas ma hache est là, la tienne aussi frérot? Oui ça a l'air, et vous Bèledin, vous n'avez rien échappé? Hein Bèledin? Bèledin! M'avez-vous seulement écout...

Frehïn venait de se retourner vers la place vide.

- Fréor, arrête la charrette, je crois qu'on a largué un compagnon d'aventure!

Le chariot s'immobilisa finalement dans la boue, et Frehïn en descendit, courant en direction des quelques Masques qui s'étaient arrêté.

- Bèledin! Bèledin! Est-ce que ça va?

Bèledin ne répondait pas. Il avait pourtant les yeux entre-ouverts, il était en vie c'était l'essentiel.
On pouvait apercevoir sur son front une marque de sang assez large. Tout le monde était inquiet, et les frère nains se tenait autour de lui, tous deux espéraient que Bèledin réponde. C'était assez embêtant, car celui-ci retardait le voyage. De plus, personne n'arrivait à le porter jusqu'à la charrette. Il était assez gros, et portait une armure lourde et si bien fermée qu'il en était impossible de l'ouvrir.

Sirion restait toujours à l'arrière de la charrette, mais c'était un peu calmé. Nul ne savait ce qui lui était arrivé, et cela resta d'ailleurs un grand mystère. On étendait encore quelques coups, et on remarquait une grande agitation qui perdurait à l'intérieur de la charrette.
Puis, soudain, plus rien... Un grand silence régnait. Tous se regardaient dans les yeux. Sirion ressortit de la charrette, comme si de rien était.

Il ne disait mot, et attendait là, sans bouger. Mais brusquement il tourna son regard vers une chose, recouverte de boue. Il reconnu assez difficilement le visage de Bèledin.

Le nain se décida enfin à bouger, puis une fois qu'il se mit à l'aise sur son dos, il poussa un cri effroyable, qui fit vibrer les tympans de tout le monde. Il leva sa tête, et regarda Sirion avec un regard rempli de souffrance, d'incompréhension, et de haine, je l'avoue.

Bèledin souffrait, le choc de sa tête contre l'avant de la charrette lui avait été fatal. Il voyait tout flou, avait du mal à bouger, et gémissait comme s'il voulait parler à Sirion mais c'était totalement incompréhensible. Il ne pouvait pas se lever, alors il fit signe aux deux frangins qui vinrent l'aider à le relever. Mais, trop faible, le nain retomba au sol.

Sirion était dans un état assez incroyable, il gesticulait comme si il souffrait le martyre. La douleur à son oeil droit ne se tarissait pas et au contraire s'amplifiait. Il donnait des coups de poing dans les rebords de la charrette jusqu'à faire éjecter Beledin du véhicule. Le nain chuta alors violemment à terre et força le convoi à se stopper.

Le Fantôme ne se rendait pas vraiment compte de la situation et il transpirait à grosses gouttes alors que de nombreux Masques ainsi que les nains s'affairaient autour de Beledin dans les vappes. Soudain l'Intenable se leva toujours silencieux et sortit alors de l'arrière de la charrette. Il regardait la scène, immobile, sans émotion. Tous se tournèrent vers lui et tous furent frappés par leur vision : du sang coulait doucement de l'oeil droit du mercenaire sans toutefois sembler faire souffrir Sirion.

Beledin tentait de lui parler mais ne faisait que prononcer des mots inaudibles, Sirion s'approcha alors de quelques pas et se baissa vers lui :

- Excuse moi si je t'ai blessé.

Le mercenaire tendit sa main au nain pour l'aider à se relever et lui offrit un joli sourire. Sirion semblait faire comme si rien ne s'était passé juste avant. Il se tourna ensuite vers le reste du groupe et reprit :

- Bon on continue ?

Son comportement pouvait vraiment paraître étrange...après tout, que savaient-ils, tous, vraiment de Sirion ? Pas grand chose.

Bèledin, avec l'aide de Sirion, se releva et remonta dans la charrette. Et tout le monde fit de même. Le voyage continuait, malgré l'incident. Sirion se remit à sa place, près de Bèledin – qui d'ailleurs ne s'était toujours pas remis de sa chute -. Le nain portait un bandage autour du front, là où il avait une bosse assez importante. Il ne parlait plus, ne bougeait plus. C'était une des rares fois de sa vie qu'il était ainsi. Le silence régnait sur le convoi, seul les pas des chevaux et le grincement des roues de la charrette se faisaient entendre.

Le temps passait, une trentaine de minutes s'était écoulaient depuis l'incident, et l'ennui commençait vraiment à prendre place dans le convoi. Alors Bèledin se mit à chanter, ce qu'il n'avait jamais fait auparavant. Les paroles était d'une langues étrangère, que lui même ne connaissait pas. Il était en train de s'inventer un langage à lui seul. Mais, bien plus impressionnant, sa voix était extrêmement comparable à celle d'un chanteur d'opéra de nos jours. Malgré sa voix assez grave, quand il chantait, il avait une voix très pure, assez aiguë pour un nain. Et cela ne déplaisait pas à ses compagnons, qui était emballé par la musique.

Sa musique n'était pas du style de troubadour, c'était une musique – encore – comparable à du classique voir de l'opéra. Tout le monde était étonné, il chantait parfaitement bien, et la virtuosité qu'il donnait à la chanson était magnifique. Le langage avec lequel le nain chantait la chanson était assez proche de celui des hommes.

« Ombra fedele anch'io, sul margine di Lette
seguir vo' l'idol mio, che tanto adoro.

Sul margine di Lette
seguir vo' l'idol mio, che tanto adoro.

Ombra fedele anch'io, sul margine di Lette
sul margine di Lette seguir vo' l'idol mio,
che tanto, che tanto, che tanto adoro.

Che bella pace e questa,
chi'a consolar se resta, il mio martoro,
chi'a consolar se resta, il mio martoro,
il mio martoro, il mio martoro... »

Une fois la chanson finie, ses camarades avaient les larmes aux yeux. Ils ne savaient pas quoi dire. Et Bèledin les regarda et leur fit un sourire.

HRP : Paroles d'une chanson de Farinelli, castrat et chanteur d'opéra. Bèledin avait une voix magnifique, aussi pure que celle du «castrato». En réalité la chanson est en Italien, mais dans le RP je vais dire que c'est une langue étrangère, qu'il s'est inventé juste pour chanter des chansons car elle est belle à écouter.
Ici pour écouter la vraie chanson. ( Bèledin chantait à peu près comme cela, mais biensur un peu plus grave ).

Frehïn et Fréor esquissèrent un sourire. Jamais, au grand jamais, les deux jumeaux n'auraient pensé qu'un tel son puisse sortir de la bouche d'un être si sale, si rabougris et disgracieux d'apparence. Ils se trompaient donc.

Cependant, ils se demandèrent dans quelle langue chantait Bèledin, qui révélait de plus en plus sa personnalité depuis longtemps cachée... Pas du Khuzdul ni du Langage Commun, cela était sûr: les deux Nains connaissaient ces dialectes parfaitement, ils les auraient reconnu... De l'Elfique alors? Peu probable, beaucoup de Naugrim lui auraient cassé le cou pour chanter dans la langue des oreilles-pointues. Oh puis, après tout, il existait sans doute de nombreuses langues étrangères en Terre du Milieu... Bizarre, tout de même, pour quelqu'un qui n'a quitté la Moria que très peu souvent et pour de courtes périodes.

Fréor se redressa un peu pour voir devant. Les traces commençaient à devenir plus faibles et moins nettes; bientôt il n'y en aurait même plus.

- L'ancienne route qui traverse la forêt de Mirkwood d'Ouest en Est se trouve encore à quelque distance devant nous. Si la tendance se poursuit, les pas de notre ennemi auront disparu lorsque nous l'atteindrons. Ce Nain - si c'en est un - évolue étrangement rapidement. Alors nous devrons choisir entre emprunter le chemin des bois des Elfes ou contourner la forêt par le Nord. La première possibilité semble peu indiquée pour un convoi de chariots, la seconde rallonge de beaucoup notre voyage vers Esgaroth. Et il faudra ensuite espérer que cette ville était bien la destination du voleur, comme nous le supposons.

La lente et belle voix de Bèledin entonnait toujours la même chanson, ce qui rendait l'atmosphère étrange à l'ombre de l'orée de la forêt. La nuit n'allait pas tarder à tomber, mais les gouttes d'eau, elles, tombaient toujours avec autant de vigueur que lors du départ. Outre le chant qui s'élevait, ce voyage devenait morne dans cette nature grisâtre.

Bèledin était toujours couvert de boue, et celle-ci était encore fraiche. Il réfléchit puis rétorqua :

« Nous avons déjà assez perdu de temps, je pense que nous devrions passer par la forêt. Pour regagner du temps. Et puis si ces tapettes d'oreilles-pointues nous barrent la route, ne vous inquiétez pas, je serais le premier à leur mettre ma hache dans leur postérieur ! Non mais oh ! On va pas se laisser faire par des mauviette qui ne savent même pas viser à l'arc, quand même ! Nous sommes des nains, de la Moria, ils nous doivent un minimum de respect... »

Bèledin disait ces mots avec une rage folle, il méprisait les elfes autant que les gobelins. S'il pouvait les faire exterminer, il serait très heureux. Il demanda quand même l'avis des autres, mais en tout cas il était persuadé que c'était la meilleur solution. Sinon le voyage serait beaucoup trop rallongé. Déjà qu'ils avaient pris du retard avec l'incident, alors il fallait se dépêcher pour ne pas l'être encore plus.

" Vous ne pensez pas ? C'est le meilleur chemin non ? "

Sirion avait repris les rennes depuis quelques heures lorsque Beledin énonça son opinion à propos du chemin à emprunter. Les paroles du nain étaient dures et pas vraiment agréables à entendre pour des elfes, soudain le Fantôme sentit que ce Naugrim pourrait causer des problèmes lors de la traversée de la forêt.

- Maître Nain, je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il faille emprunter la route de la forêt de Mirkwood. Cependant, si nous rencontrons des elfes, je vous prierai de me laisser parler car vos paroles pourraient pousser plus d'un elfe à justement user de leur talent à l'arc pour vous transpercer votre postérieur. Ne prenez pas ceci comme une offense mais si nous voulons sortir de Mirkwood sans embûche, je vous conseille de vous tenir à carreau.

Puis l'Intenable donna un coup sur les rennes pour faire tourner la charette dans la direction de l'Est et la forêt Noire. Mirkwood était sans aucun doute la forêt la plus dangereuse lors de la guerre de l'Anneau, l'aura du Nécromancien y avait peut-être trouver un quelconque abri. Sirion redoutait tout de même de traverser ce "bois" mais se sachant entouré de nains opiniâtres, il préféra s'abstenir de tout commentaire, après tout cette route faisait gagner bon nombre de jours sur leur périple.

En regardant derrière lui, Sirion put voir s'éloigner la chaîne des Monts Brumeux au loin, tandis que le reste du convoi comprenant les Masques suivait toujours. Si un danger il devait y avoir, ces mercenaires aideraient très certainement leur contribuable...

Les cinglantes gouttes de pluie cessèrent de leur marteler la face lorsqu'ils passèrent sous la voûte des arbres de la forêt Noire de Mirkwood... Ou plutôt de Vert-Bois-le-Grand, comme il avait été nommé par convention par Thranduil, Celeborn, Galadriel, et les autres grands Seigneurs Elfes de la période postérieure à la guerre de l'Anneau. Pourtant, l'ombre semblait plus présente que dans les forêts habituelles...

Un curieux sentiment s'empara alors des deux frères, mêlé d'appréhension et de curiosité pour cette forêt qui apparaissait dans tant d'histoires tout aussi mystérieuses les unes que les autres.

- Jamais je n'aurai pensé emprunter cette route, vieux frère, dit Frehïn, ni à pénétrer à n'importe quel endroit de cette drôle de forêt. Mais la situation l'exige, sans nul doute. Dieu sait combien de jours nous aurions perdu à passer par le Nord, et quels créatures rôdent dans les déserts septentrionaux.

- Nous n'avions guère le choix, approuva Fréor. Moi non plus, je ne suis jamais entré sous ces frondaisons, et je préférerais en sortir au plus vite. Mais nous ne pouvons pas mener chevaux et chariots trop prestement: le sentier est étroit, et les Elfes ont l'ouïe fine. J'ignore cependant si nous pourrons traverser sans révéler notre présence...

- Rien n'est moins sûr.

Comme le disait Fréor - qui profitait à présent d'un peu de repos, les rennes étant passées dans les mains de Sirion - l'évolution sur cette "route" nécessitait une bonne dose de dextérité. Une seule charrette pouvait passer de front entre les racines proéminentes des arbres de part et d'autres, et il fallait faire attention aux irrégularités du sol forestier.

Le ciel gris derrière eux ne vit même plus, le convoi n'avait plus aucune ouverture sur le monde extérieur. Tous continuaient à rouler, comme dans un rêve sans fin où un arbre succédait un autre, et un autre venait le remplacer à son tour, et ainsi de suite. Tout n'était qu'arbres, racines, ramilles et feuilles sombres...

- Ne quittez pas le sentier! prévint Frehïn.

Nul n'aurait bien songé à faire une chose pareille, mais il est vrai que l'obscurité de la forêt mêlée à celle de la nuit obligeaient leurs yeux fatigués à s'écarquiller à chaque instant.

Bèledin était effrayé par la sombre luminosité, les immenses arbres au feuillage abondant et par le silence de cette vieille forêt. Aucune lumière ne pénétrait sous la végétation – qui était assez impressionnante par son nombre -. Le nain voulait vite sortir de cet endroit, qui lui donnait froid dans le dos. Le chemin devenait de plus en plus étroit et déstructuré, ce qui faisait remuer encore plus la charrette, et surtout ceux qui étaient à l'intérieur.

Le convoi s'enfonçait progressivement dans cette forêt, que Bèledin pensait maudite. Pour un nain, fidèle à sa race, aller dans la forêt serait une traîtrise. Mais là, c'était une question de rapidité et non pas d'honneur à sa race ( même si Bèledin à du mal à appliquer les deux ). On pouvait remarquer que l'ambiance du convoi était passé de la musique et des chants, aux claquements de dents et aux frissons.

-À mon avis, notre voleur n'a pas du passer par ici, car nul nain n'oserait s'aventurer dans une forêt telle que celle-ci. Rétorqua le nain d'un air effrayé. J'espère au moins que nous n'aurons pas fait tout cela pour finalement se rendre compte que le traître n'est finalement pas à Esgaroth. Mais je ne peut pas nier que cette expédition à était et est encore une très bonne expérience. Cela m'a fait prendre conscience de la beauté extérieur du monde, et que la vie est un cadeau qu'il faut entretenir. Le nain sursauta, là ! Regardez, j'ai vu quelque chose bouger ! Je vous dis que...

Soudain, coupant la phrase de Bèledin, des bruits surgissez des deux côtés de la route ( si l'on peut appeler çà une route ). On pouvait apercevoir des ombres, et entendre des pas.
Le cœur du nain battait très fort, pensant qu'il allait mourir, et n'allait jamais refaire sa vie...

-Non ! Ne me faites pas de mal par pitié ! Cria alors le nain.

Le convoi s'arrêta brusquement, et Bèledin remarqua que le reste du convoi était loin derrière, que la charrette où étaient lui et ses compagnons était bien devant, de telle sorte que l'on n'apercevait pas le reste du convoi...

Fréor, malgré l'atmosphère pesante et sinistre du lieu, avait rit ironiquement lorsqu'il entendit Bèledin parler...

- Nul Nain ne s'aventurerait dans cette forêt, dites-vous? Eh bien pourtant, voyez! Nous sommes trois de cette race, nous avons bravé la peur et les préjugés car la nécessité nous a poussé à le faire. Pourquoi notre voleur n'aurait-il pas agi ainsi, lui qui n'avait besoin plus que tout autre d'un chemin direct? S'il s'est dirigé vers Esgaroth, bien sûr... mais concernant cela, nous ne pouvons nous fier qu'à notre intuition.

Puis la chose à la fois redoutée mais prévisible arriva: des êtres s'approchaient d'eux dans les ténèbres de la nuit et des bois. Quel genre de créatures, les cinq compagnons en avaient une idée mais nul n'était certain, et nul n'eut envie de débattre là-dessus. Encore moins Bèledin qui suppliait déjà qu'on lui laisse la vie sauve, avant même d'avoir sut à qui il parlait.

En réalité, c'étaient des Elfes des Bois. Le convoi n'était pourtant entré que de quelques milles dans la forêt... Bientôt, une dizaine d'ombres mouvantes armées d'arcs leur barrèrent le chemin, tandis que d'autres avaient pris les arrières du reste du convoi, si bien que les Masques rejoignirent bientôt la charrette de tête. On entendait de légers bruits de pas dans les feuilles et de rapides murmures dans les airs; les intrus étaient encerclés.

Une voix claire s'éleva alors dans la demi-obscurité:

"Qui que vous soyez, étrangers, écoutez bien cela: vous avez le choix entre un demi-tour immédiat et une entrevue avec les Seigneurs de Vert-Bois-le-Grand."

Le ton était calme, posé, presque machinal, et totalement dépourvu de violence ou de provocation d'aucune sorte.

Sirion avait pressenti cette rencontre lorsque le convoi était entré dans la forêt de Mirkwood. De toute évidence, les elfes avaient accru leur surveillance du côté Ouest de leur bois, un danger les menaçait peut-être. Quoiqu'il en soit, les gardiens des lieux tenaient en joue les membres du convoi, bientôt dix silhouettes devinrent distinguables dans la nuit.

L'un d'eux s'approcha de la charrette des nains et de Sirion et leur expliqua qu'il leur fallait repartir ou bien accepter d'être conduit jusqu'aux Seigneurs de Mirkwood. La première solution n'était pas vraiment envisageable pour le moment et la seconde pouvait très bien leur faire perdre du temps mais facilitait tout de même la traversée de la forêt. Après tout, leurs intentions étaient louables et les elfes n'auraient aucun motif pour les empêcher de rejoindre Esgaroth.

Le Fantôme comme tous les membres du convoi avait levé les bras pour faire preuve de sa volonté de non-violence. Il s'adressa alors à l'elfe devant lui avant qu'un des nains ne s'empresse de lui répondre dans les dents :

- Nous sommes venus ici en amis. Nous ne voulons pas d'ennuis, nous ne faisons que traverser votre forêt afin de rejoindre Esgaroth. Toutefois nous ne pouvons nous résigner à faire demi-tour maintenant.

Puis le mercenaire se tourna vers Fréor ainsi que vers Kivan pour savoir s'ils voulaient rajouter quelque chose à ses dires.

Apparemment les elfes ne voulaient rien entendre, et ne voulaient pas laisser passer le convoi malgré les multiples explications, de la cause pour laquelle ils avaient traversé de la forêt, données par Sirion...

Quand Bèledin sut que s'était des elfes, il eut honte de ce qu'il avait dit ( c'était un signe de soumission totale ), et eut envie d'exterminer ces prétentieux d'elfes. Il avait l'étranger désir de leur cracher à la figure, et de leur faire ravaler leurs paroles. Mais Sirion lui donnât un coup de coude dans le bras, et lui fît comprendre qu'il fallait qu'il se calme et se contrôle, car il sentait que Bèledin allait leur sauter dessus. En effet c'était le cas, tout le monde sentait dans la charrette, qu'un meurtre allait avoir lieu, mais heureusement pour eux Bèledin avait réussit à se calmer.

Les elfes les obligèrent à se rendre devant les seigneurs de la forêt de Mirkwood. Ce n'était pas très près et allait leur faire perdre un temps précieux, mais cela les rapprochaient quand même un peu plus d'Esgaroth.

- Décidément... Je crois nous n'arriveront jamais à temps pour arrêter le voleur. Et çà me dégoute encore plus, d'échouer à cause d'oreilles-pointues qui n'en font qu'à leur tête. Je pensais que si j'accomplissais cette mission, j'aurais la reconnaissance de mon seigneur et de pleins d'autres, et qu'ainsi je pourrais refaire ma vie. Je ne sais pas encore dans quel domaine j'irais intéresser, mais j'ai déjà une petite idée – Idée qui ne se réalisera surement jamais -. Ma vie restera encore un enfer, et un jour où je serais fort contrarié, j'irais m'ôter la vie de mes propres mains ( oui, personne ne voudrait le faire à sa place, à part les gobelins )...

Le nain était démoralisé, et ne voulait plus rien entendre. Il se mit à l'arrière de la charrette, et se mit à pleurer, discrètement, pour que personne ne puisse l'entendre. La vie, pour lui avant, n'était qu'un tombeau, mais depuis qu'il avait découvert toutes ces personnes, il se sentait mieux, et pouvait parler à quelqu'un d'autre que son chien - qui devait surement être mort depuis le temps - …

Il était transparent, personne ne le voyait, et le restera surement toute sa vie. Bèledin pensa un instant, qu'il pouvait brutaliser l'elfe, puisque maintenant pour lui, plus rien n'avait d'importance. Mais il pensa aussi à ces nouveaux amis et se dit qu'il ne devait pas les abandonner maintenant, pas après ce qu'eux ont fait pour lui. Ils ont fait de lui, un être vivant, qui , avant, n'existait pas.

- * Maintenant, je dois juste aider mes amis à finir leur mission et même si nous échoueront, nous aurions essayé. Et je serais resté avec eux pour les aider. Après, je rentrerais chez moi... et là je pourrais enfin décider de la manière dont je m'éteindrais. Je n'ai plus aucune raison de vivre... Je ne suis qu'un moins que rien.* pensa tristement Bèledin.

Le convoi avançait lentement, dans la forêt, où le chemin était très étroit, voir impossible à être utiliser. Les frères nains étaient pensif, Sirion regardait les elfes, et Bèledin s'était recroquevillé au fond de la charrette et versait des larmes de désespoir.
Le nain pensait, savait que la route allait être longue...

La situation était telle que Frehïn et Fréor ne s'étaient guère souciés de Bèledin et de son humeur déprimée. Ils avaient plutôt rejoint Kivan et Sirion, qui s'entretenaient déjà avec les Elfes des bois. Les deux Nains entendaient la voix rapide et élégante de Kivan, un peu gâtée par l'empressement et une certaine frustration:

"... ne voulons aucun mal à votre forêt ou à votre peuple. Nous comptons suivre la route et ne pas s'en écarter, ne pas troubler ces lieux, et les quitter au plus vite. Comme vous l'a dit mon compagnon, nous nous rendons à..."

Le chef des Masques fut coupé net dans son récit:

"J'ai fort bien entendu ce qu'a déclaré votre compagnon. Cependant je vous ai indiqué le choix que vous avez devant vous. Vous vous trouvez actuellement dans notre Royaume et vous devez accepter nos lois."

Partir ou se faire questionner, tel était le dilemme... mais en réalité, le demi-tour était tout à fait impossible et désavantageux, même si le fait d'être retardé dans les palais des oreilles-pointues ne représentait guère un avantage... Puisque les mercenaires de la Pierrelune représentaient la plus grande partie du groupe, ce fut Kivan qui trancha froidement:

"Dans ce cas, nous rencontrerons le Seigneur du pays et lui montrerons que ses sujets nous ont injustement arrêtés."

"Cela, c'est au Seigneur Angrod d'en juger. Qu'il en soit ainsi."

Le convoi se remit tant bien que mal en route vers l'Est, escorté par les Elfes. Puis, un peu plus loin, il bifurquèrent vers le Nord-Est, empruntant un chemin moins rectiligne, un peu moins large, mais assez plat tout de même. Autour d'eux, des pas se faisaient entendre par moments, des pas d'Elfes que Nains et Hommes ne pouvaient discerner dans le noir.

Le groupe ne pouvait s'échapper, ses membres l'auraient-ils voulu. Désormais, ils devaient faire le détour par les palais d'Angrod et espérer sa clémence.

Lorsque les groupe sortit de la charrette, Fréor questionna Bèledin.

- Vous ne venez pas Bèledin ?
- Euuuuh ! Eh bien, je crois que je vais... rester dans la charrette, pour … la garder ! Oui, c'est çà, la garder, au cas où... les méchants elfes la voleraient, et partiraient avec. Rétorqua alors le nain, terrifié rien qu'à l'idée de rencontrer le seigneur de cette forêt, qu'il trouvait d'ailleurs très étrange.
- Très bien...

Ses compagnons se dirigeaient vers le palais, et Bèledin se sentit très seul tout à coup, avec tous ces elfes. Il n'osait même pas les regarder en face (En effet, il est très fort pour se moquer mais pour dire les choses en face çà n'était pas encore çà). Fréor ne disait rien, mais savez au fond de lui que Bèledin ne supporterait pas de rester trop longtemps avec ces elfes (qu'il déteste biensure). C'est pour cela, qu'après quelques minutes aux cotés des elfes, le nain sauta de la charrette, et couru pour rejoindre le reste de l'équipe.
Ils étaient déjà entré dans le palais, et deux gardes elfes refusait de faire entrer le pauvre nain. Déjà qu'il était énervé de perdre du temps, alors si les elfes le charriaient trop, il allait provoquait la bagarre du siècle dans Mirkwood.

- Laissez-moi passer bande d'imbéciles ! Je suis avec eux ! Répliqua la nain, en essayant de passer.
- Alors pourquoi n'êtes-vous pas entré avec eux ? Répondirent les gardes tout en essayant d'empêcher Bèledin d'entrer.
Non mais oh ! Vous vous prenez pour qui, vous là ! Avec vos petites lances, et vos grandes gueule ! Vous nous retardez déjà assez bien avec vos conneries ! Alors laissez moi entrer où je vous ferais goûter ma hache !

Les gardes se vexèrent, et firent tomber Bèledin au sol. Il lui retirèrent toutes ses armes, et ses protections, et le brutalisèrent jusqu'à ce qu'il décida de se calmer.

Ses compagnons entendirent des bruit de coups d'armes, ce qui les alarmèrent.