Un dernier adieu avant un long voyage.

La cour de la forteresse était particulièrement remplie en cette nuit de Septembre. La garde de la rose était quasiment complète à m'avoir accompagné jusqu'à Fornost. C'était un détour sur le chemin qui menait à Edoras, mais je ne pouvais pas laisser ma progéniture sans protection, et connaissant certains de mes ennemis, je ne pouvais me fier qu'à une seule personne. Le carosse qui nous suivait depuis le départ d'Annuminàs ouvrit ses portes pour laisser sortir deux petites formes enveloppées dans de longs et sombres manteaux. Quelques serviteurs s'étaient assemblés dans la cour ayant reconnu leur Roi.

" Votre Roi vous salue ! Mon séjour ne sera pas long, je repars dans une heure. Je suis simplement venu amener à la Dame Popea deux serviteurs hobbits de la Comté !"

Les acclamations fusèrent tandis que je descendais de ma monture. Je posais mes deux mains pour pousser les "hobbits" à me suivre. Sur mon chemin s'étaient rassemblées tous les gens de la forteresse qui me saluèrent dignement. Je ne répondis pas à leur salut, je n'avais pas le temps. J'arrivai dans la salle du trône qui était vide à l'exception de deux dignitaires.

" Laissez nous et dites à Dame Popea de se hâter !"

Ils s'inclinèrent devant mon ton sec et se hâtèrent de sortir pour aller chercher ma belle-soeur. Je m'assis dans le trône laissant les deux autres debout au milieu de la pièce.
Popea ne se fit pas attendre, elle entra et me salua l'air contrariée d'avoir été ainsi réveillée. Quand elle vit qui était sur le trône elle blêmit légèrement d'avoir pu laisser transparaitre de telles émotions.


" Mon Roi..."
" Ma soeur..."
Je la saluai d'un très léger signe de tête.
" Je suis venu vous confier quelque chose de très précieux pour le Royaume... Comme vous le savez, les complots contre ma personne et ma progéniture sont légions. C'est pourquoi tandis que je serai parti, j'ai décidé de mettre mes enfants sous la garde de la meilleure lame du royaume... Soit vous."

Je fis un petit signe aux "hobbits" qui ôtèrent leur manteau pour dévoiler des visages d'enfants empreint de calme et de noblesse.

" Voici le petit Neolias "


Le petit prince se baissa comme il l'avait si bien appris.


" Tout le portrait de son père... Bienvenue chez vous Prince Neolias."

" Et voici sa soeur, Ordenia.."


Le même rituel recommença, à l'exception de la partie sur la ressemblance qui trop douloureux fut évité.

" Ils resteront chez vous quelques semaines. Néanmoins, comme deux précautions valent mieux qu'une, personne ne sait qu'ils sont ici. De jeunes enfants de serviteurs jouent leur rôle à Annuminàs. S'ils devaient se faire tuer ou enlever, cela ne poserait de problème à personne."

Popea acquiesça, c'était un bon plan. Je lui laissait les affaires des petits, leur fit un bref adieu, les embrassant sur le front, puis je quittai la pièce pour rejoindre ma garde.

" Où est le Capitaine Rousnou et le Seigneur Sirion ?"

#Poppea #Sirion #Aldarion #Rousnou

Un peu moins de cinq ans que Rousnou avait accédé à la crème de l'honneur pour un soldat de l'Arnor. Quand il reçut la missive à la caserne de Fornost de la part du seigneur Aldarion, il n'avait jamais envisagé un tel changement de statut. Remplacé le capitaine Lunidel n'avait pas été un mince affaire. Il lui fallut environ deux années avant d'être reconnu comme le chef à part entière. Et puis, une de plus pour réconcilier les nouveaux gardes royaux et ceux qui avaient survécu à la Grande Bataille.

Aujourd'hui était un grand jour, le roi souhaitait entreprendre un voyage vers le sud, bien entendu accompagné par sa garde personnelle et du seigneur Sirion, pair du Royaume. Tout avait été planifié pour faire croire que le prince et la princesse resterait au palais d'Annuminas. Mais le roi Aldarion était bien plus méfiant au vue des tentatives d'assassinats et de complots. Sa Majesté n'avait entrevu qu'une seule et unique solution : les laisser chez sa belle-soeur ,la Dame Popea une habile escrimeuse à ce qu'on disait.

Le froid de ce début d'automne et le vent avait empli la cour de feuilles d'érables et les destriers pénétrèrent derrière le seigneur à l'intérieur encadrant de même le carrosse. Les rares absents dans les rangs devaient servir à simuler la présence des enfants de sa Majesté dans la capitale. Tous armés jusqu'aux dents et harnachés pour un long voyage.

Sa seigneurie avait mis pied à terre et accompagné ses deux "hobbits" à l'intérieur de la forteresse. Le capitaine avait tout de suite placé deux hommes de chaque côté de la porte et un autre sur le mur d'enceinte.
La méfiance était toujours de mise même chez les alliés. Il faisait pareil dans Annuminas et beaucoup parmi le peuple le trouvait stressé et soucieux.

Calderic passait entre ses soldats et vérifiait que tout le monde était prêt pour le départ. Moins ils feraient de détour, plus le voyage en serait facilité. Il n'aimait pas le retard, il le détestait.
Lorsque le Roi ressorti seul du palais, Rousnou se dirigea vers celui ci mais le temps de passer entre deux hommes que celui ci le mandait déjà.

"Oui, mon seigneur? Tout est prêt pour le départ, nous n'attendons que vos ordres!"

Dressé sur ses étriers, il regardait autour de lui et se retourna précipitamment quand le sire Sirion pénétra dans la cour.

Je fis un signe à Rousnou, je n'en avais plus pour très longtemps . Je m'approchai d'abord de Sirion en me tenant éloigné du reste de la compagnie.

" Voilà, les enfants sont en sécurité... J'ai consulté les registres.. Il y a ici un ancien agent gradé de Saemon. C'est le fils d'un noble.. Lagor Olfensten. Raffiné, séducteur.. Je le soupçonne d'être en affaire amoureuse avec ma belle soeur Popea. Ne sachant rien des réelles intentions de Saemon, je préfère éviter que ce genre de personne ne traine dans les environs des héritiers."

Je sortis une petit parchemin que je tendis à mon nouvel homme de confiance.

" Voilà son adresse. Il n'est pas seul et son père ne se laissera pas faire... Occupes toi de lui... Trouves un prétexte acceptable pour l'arrêter, et force le à se rebeller pour pouvoir te débarrasser de lui. Et s'il ne se rebelle pas... fais lui son affaire dans les forêts environnantes. Je t'attends sur le chemin du retour."



Je me dirigeai alors vers le Capitaine Rousnou. Il ne se doutait pas de ce qui se tramait, bien qu'il ne fut pas un idiot et qu'il dut se douter que Sirion n'était pas venu uniquement pour la protection de sa majesté.

" Avez vous décidé du chemin le plus court et le plus sur vers Edoras capitaine ?"

Un pigeon descendit du ciel vers la cour de l'Ancienne Forteresse. Il vola en cercle et vint se poser devant le roi Aldarion , entre lui et le Capitaine à qui il s'adressait. le roi l'ignora mais le Pigeon vient taper du bec sur la botte du Roy. Celui-ci remarqua alors que l'animal avait quelque chose attaché à la patte. C'était un parchemin et en le dépliant Aldarion put lire:

Citation :

Roi d'Arnor, je vous fait parvenir ce message pour vous signaler, que la Guilde des Ombres qui comme vous devez le savoir je suis le dirigeant, est prête à vous soutenir dans les prochains évènements qui pourrait bien se passer. Lors de votre voyage à Edoras, si comme on le dit, le roi mort a été remplacé par un tyran vous avez besoin de faire appelle à mes services où à ceux de mes associés, envoyé simplement un message dans mon Antre. Rapidement quelqu'un sera sur place pour vous aider. La Guilde des Ombres reste au service de la Liberté. Nous ne demandons juste à être bien payé et a rester le plus possible dans l'anonymat.
Voila mon offre, j'espère que vous l'accepterez et je vous pris de bien vouloir garder ces informations pour vous et votre garde rapprochée, qui comme je m'en doute s'occupe de tout le travail non-officiel.

Aussitôt, le pigeon repartit en direction du Sud laissant le Roi avec son message. Le parchemin n'était pas signé, il n'y avait qu'un symbole à la place... Symbole des Ombres, mais que peu de gens le connaisse.

Je détachai le message et avant même que je ne commence à le lire, l'oiseau s'envola vers l'endroit d'ou il venait. Je fis un petit signe à un des gardes qui, coutumier du fait avait déjà encoché une flêche. Il visa et d'un tir parfait abattit l'animal.

" Merci Peng... Je n'aime pas l'idée qu'un piaf puisse me trouver à tout moment.."

Je n'étais pas persuadé que j'aurais eu le même réflexe quelques années auparavant, mais dans la situation actuelle, je ne voulais pas prendre de risque. Je déballai alors le papier et lu le message avec attention. J'avais le sentiment que cela ne me serais pas très utile vu la fonction qu'occupait Sirion... Mais je voulais laisser à son nouvel homme de confiance le soin d'en décider lui même. Je fis apporter une plume et griffonnai quelques mots : " A voir... Vaut mieux les avoir comme amis qu'ennemis."
Je fis mander un messager qui devrait retrouver Sirion après sa mission.

Un signe discret du Roi l'invita à patienter un instant. Cela ne le dérangeait guère. Ce fameux Sirion semblait assez important tout de même aux yeux d'Aldarion. Beaucoup parmi les hauts gradés de l'armée et les sénateurs se méfiaient de lui. On disait qu'il était le remplaçant de Saemon. Les services secrets de sa Majesté. Était ce vraiment son rôle?

Aussi vite qu'il fut apparu, il repartit sur son étalon, en saluant tout de même le capitaine. Un peu de reconnaissance tout de même. Rousnou s'avança vers le roi et inclina la tête.

"Le chemin vers Edoras? Le plus évident serait de suivre le Chemin Vert vers le gué de Tarbad et de foncer tête baissé vers la Troué du Rohan à travers le pays de Dun. De toute façon, nous n'avons guère le choix jusqu'à Tharbad si nous voulons arrivés en temps à Edoras, votre excellence. La sureté, nous l'obtiendrons en nous tenant à bonne distance des villes et des voies les plus fréquentées. C'est pour moi le meilleur chemin, votre excellence."

Rousnou gardait son air sérieux et grave. Une main sur le pommeau et l'autre sur la selle.

Un imbécile de piaf vint gêner le Roi pour lui remettre un message. Le dénommé Peng n'eut pas à se le faire dire deux fois.

J'acquiesçai silencieusement. Je m'étais fait la même réflexion. A la différence notable que je faisais confiance à la vitesse de mes cavaliers et à leur nombre pour dissuader d'éventuels agresseurs. Même si la situation s'était un peu détériorée, les routes étaient sure depuis la grande bataille et les embuscades s'étaient fortements réduites.

Je montais sur ma monture et rabattis ma capuche pour masquer mes traits trop reconnaisables. J'étais prêt pour le long voyage qui nous attendait et la fatigue qui allait en découler nécessairement. Je me tournai alors vers Peng.

" Passe devant, tes yeux seront utile.."

Il s'inclina silencieusement, comme il le faisait depuis qu'il avait eu la langue coupée dans une sombre histoire de trahison. Je fis alors signe à mon capitaine.

" Allons y Capitaine..."