La Quatrième Cible.

Eodroc avait insisté pour manger. Chose que Ralya n'avait pas fait depuis plusieurs jours maintenant. Sans rien dire il avala le bol de riz offert par son compagnon. Mais dès qu'ils eurent fini, le Rat entraina l'ancien garde vers les quartiers bourgeois. Malgré son apparence misérable, Ralya se fondait bien dans la foule qui parcourait les larges avenue. Mêlant la noblesse d'Albyor, et les plus fier mendiant de la cité, les artères principales étaient tout de même nettement moins surveillée que les quartier bas.

Alors qu'ils approchaient d'un square entouré de riche demeure. Ralya tira sur la manche d'Eodroc. D'un signe de la tête, il désigna le péron d'un palace gardé par une milice privée.

"Le gouverneur habite ici. Mais tu le sais déjà."

Le gouverneur avait toujours été une personne respectée à Albyor, malgré que la cité soit plus une jungle abritant brigands et malfrats qu'un état de loi. Mais depuis l'arrivée au pouvoir de ces religieux aux idées arrêtés. Le gouverneur était tenu en laisse par les fidèle du sombre culte.

"Le chef de la Garde est son geôlier." dit-il alors que le Gouverneur sortait de sa maison, poussé par un imposant homme au crâne rasé et à la barbe fournie.

C'était assurèment la quatrième cible du Rat, la dernière qui mourrait entre les murs d'Albyor.

L'ancien garde et l'assassin avaient quitté les montagnes après leur maigre repas. La conversation avait quasiment été à sens unique: c'était surtout Eodroc qui avait parlé, son camarade se contentant d'écouter les explications et les avertissements de l'homme qui, jusqu'à la veille, avait été fonctionnaire. Pourtant, il se doutait bien que les leçons de prudence n'auraient que peu d'emprise sur cet individu: il n'y avait jamais de retour sur le chemin de la vengeance.

* Mais la vengeance est une chose juste, ne cessait-il de se répéter dans sa tête, comme pour se convaincre de sa décision d'hier au soir. Sa vengeance est cent fois justifiée, comment pourrai-je le convaincre d'y mettre un terme sans paraître cruel? *

Et, comme il ressassait ces mots, une autre pensée lui vint à l'esprit:

* Me demandera-t-il de l'aider dans ses projets, maintenant qu'il sait que je me suis détourné de la société, de mon ancienne place? *

Cette idée était troublante, voire très désagréable. S'il espérait éviter à Ralya la capture, s'il voulait le faire passer à côté d'un quelconque châtiment, il ne se sentait pas tout à fait le courage de s'attaquer à l'un de ces salops. Oh, ce n'était pas le geste en lui-même qui le gênait, c'étaient plutôt les conséquences et les risques encourus.

Ils marchaient à présent en direction des beaux quartiers huppés, et un pressentiment s'abattit sur Eodroc: il savait que plus ils marchaient, plus ils se rapprochaient de prochain but du Rat. Et, chez cette personne, qui dit but dit meurtre, bien qu'il n'eut pas révélé toutes ses intentions. Le maigrelet couvrit sa tête de son capuchon, par précaution.

"Oui, il habite ici..." répondit-il machinalement lorsque son acolyte rompit le silence.

Il redoutait ce qui allait suivre. Dès que gouverneur sortit avec son "escorte", dès que Ralya désigna le chef de la garde privée, il sut que ce dernier serait bientôt un homme mort. Sa seule ignorance concernait les circonstances, et le degré de sa propre participation.

La garde régulière d'Albyor pénétrait rarement en ces lieux, voulant éviter les conflits et les tentions avec les gardes privés et autres mercenaires... C'était une chance car, des bas quartiers à Sharaman, on devait être parti à sa recherche.