Les Chiens du Désert

L'homme se retourna au coin d'une ruelle afin de s'assurer qu'il n'était pas suivi. Le Soleil ne le quittait pas, sa gorge était sèche et il avait bien envie d'enlever cette robe du désert qu'il ne supportait plus. Arrivé non loin d'un puits au coeur de la Cité de Dur'Zork, il s'arreta et se colla contre un mur, scrutant les environs. Se retenant de plonger tête la première dans l'eau, il attendit de longues minutes en maudissant ce pays et son climat.

Soudain, un homme arriva par où il était venu et lui fit discrètement un petit signe l'invitant à le suivre. L'éxécutant, le premier homme ne le lâcha plus. Ils marchèrent durant une dizaine de minutes à travers la cité. Ils passèrent non loin du zouk, et l'éclat des voix et les cris des marchands leur irritèrent le tympan. Soudain, le meneur bifurqua à droite et descendit un petit escalier peu voyant qui menait à une cave. A l'intérieur, des dizaines de bouteilles de vin haradrim mûrissaient, attendant d'être expédiées ailleurs pour le commerce. Deux chaises étaient là visiblement pour les deux hommes qui ne se firent pas prier pour s'asseoir.

Le premier rentré, celui qui avait fait le guide, parla d'un accent du Harad:

" Ah salah Malekum ! Tu voulais me parler de choses importantes à l'abri d'oreilles attentives. Vois ! Ne retiens plus tes paroles maintenant. "

L'autre remua sur sa chaise. Il ne venait pas du Harad, et cela se voyait immédiatemment. A son cou, pendant un collier représentant l'arbre blanc. Il était donc Gondorien. Il répondit dans un haradrim approximatif.

" Salut à toi, fils du Désert. Je suis agent du Gondor. On m'a dit de source sûre que les Chiens du Désert étaient prêts à aider Gondor contre argent. Or, ce moment est venu .. Et j'aurais aimé savoir si votre bande de mercenaire - car je suppose que tu en fais partie ou du moins en connais - serait prête à se mettre au service de l'Arbre Blanc d'ici quelques semaines.. Le temps presse, et vos Chiens feraient d'utiles alliés. Tu seras mis au courant de tout par la suite, si vous êtes d'accord. Et sache que Gondor n'a jamais été avare envers ceux qui l'ont aidé."

L'étranger transpirait abondamment. Aziz souri intérieurement, content à l'idée que ce Nordique ne se sentait pas à l'aise. Les négociations seraient sans doute lus facile pour l'intermédiaire.

"Les Chiens accepteraient sans aucun doute d'aider le Gondor. Du moins s'il est prêt à y mettre le prix. Par contre, j'ai entendu dire qu'environ la moitié de leur compagnie était partie dans l'Ouest, dans je-ne-sais-quelle-ville de la côte. Mais ceux qui sont encore ici peuvent se mettre à votre service. Il me faudra cependant quelques heures pour que je leur expose les faits. Je ne suis qu'un humble intermédiaire."

Aziz se redressa sur sa chaise, se racla la gorge et cracha par terre.

"Acceptes-tu d'attendre ici quelques heures ?
- Oui. Mais dépêche toi !"

Aziz se leva et quitta rapidement la cave. Le Gondorien resta assis un moment, puis il se leva, et fit le tour de la pièce. La pièce était fraîche, permettant au serviteur de l'Arbre Blanc de se remettre de son séjour à l'extérieur : comment pouvait-on vivre dans un pays pareil ? La chaleur devait finir par vous rendre fou !

Le Gondorien s'ennuya longtemps. Il fit les cent pas, se rassit, se releva, refit les cent pas... Il réfléchissait aux implications que pourrait avoir la guerre sur les relations entre le pays de l'Arbre Blanc et celui du désert. Les haradrim verraient-ils l'armée du Roy comme un affront ?

Il fut coupé dans ses pensées par l'entrée d'Aziz et d'un autre haradrim, un solide gaillard couturé de cicatrices. Sans aucun doute un Chien.

"Voici Ahmed, un lieutenant des Chiens. Il a voulu me suivre pour voir qui tu étais, commença Aziz.
- Nous sommes prêts à écouter tes offres, Gondorien, enchaîna Ahmed. Sache que cinquante Chiens sont actuellement dans les environs de Dur'Zork. Ils seront prêts à partir dans trois jours.
- Combien demandez-vous ? demanda le Gondorien.
- 500£ par homme. Plus une prime de 500£ pour les officiers, c'est-à-dire la Pointe et moi-même. Plus le droit de piller les cadavres. Ce qui ferait...
- 26 000£, l'interrompit le serviteur de l'Arbre Blanc. J'accepte, au nom du Gondor. Vous devrez rejoindre l'armée du Roy, quand elle arrivera ici. Vous ne pourrez pas la manquer."

Ahmed tendit la main, et le Gondorien la serra. Désormais, les deux hommes étaient liés. Les Chiens seraient payés pour mourir, et ils mourraient, pour l'Arbre Blanc...