Départ de Bree

Personne ne répondit à la question du courageux nain. La silhouette qu'il avait vu quelques secondes plus tôt n'était peut-être qu'un jeu de lumière opérant sur l'ombre des arbres. La nuit avançait sans qu'aucun évènement notable arrive. Dwolin resta aux aguets jusqu'à la fin de son tour de garde, ravivant de temps à autres le feu à l'entrée de la grotte. Lorsqu'il estima qu'il était l'heure, il alla réveiller Aldamir pour que ce-dernier monte, à son tour, la garde. Tout se passa bien jusqu'à l'aube, et la silhouette qu'avait cru apercevoir le khazad ne s'était pas manifestée de nouveau.

La pluie avait cessé juste avant que le soleil se lève, mais le vent froid, lui, avait doublé en puissance. Heureusement pour les deux compagnons de voyage, le feu était à l'abri des attaques du souffle glacial, grâce à l'ouverture de la grotte qui était dans le même sens que le vent. Aldamir et Dwolin se restaurèrent avec les vivres qu'ils avaient acheté avant de partir pour leur périple. Après un déjeuner bien consistant, ils se remirent en route. Dwolin regarda le sol, pensant à la silhouette de cette nuit, et cherchant à toute empreinte possible. Malheureusement, la pluie avait effacé toutes les traces qu'il y avait eu au sol, que ce soit celles d'animaux, ou d'autres êtres vivants. Ils reprirent donc la route, sans savoir s'il y avait effectivement eu quelqu'un près de la grotte lors du tour de garde du nain.

Non loin de la grotte, une branche d'arbre sur le sol avait été cassée en deux. Était-ce la nature la responsable ? Homme ou animal, ils ne savaient pas ce qui les avait surveillé pendant toute la nuit à leur insu. Les deux amis de courte date continuèrent leur chemin vers l'Est, jusqu'à tomber sur un pont appelé "le dernier pont". Celui-ci enjambait Fondgrise, le fleuve, aussi nommé Mitheithel. Pour aller en Moria, ils avaient deux solutions: soit continuer la Grande Route de l'Est jusqu'à Fondcombe, dépasser les Monts Brumeux par cette même route qui coupait par une vallée, puis redescendre vers le Sud en passant par le Champ aux Iris puis par la Lorien pour arriver à la porte Est de la Moria, soit longer par le Sud le fleuve devant lequel ils étaient puis le traverser lorsqu'un autre fleuve appelé le rejoindrait, et continuer vers le Sud-Est en Eregion et trouver la porte Ouest de la Moria.

La première solution était très longue puisqu'elle consistait à contourner les Monts Brumeux et les longer par l'Est. La seconde, bien plus courte, connaissait un seul défaut: il faudrait trouver un passeur pour traverser le fleuve. Il en existait plusieurs à de points stratégiques, encore fallait-il les convaincre de faire l'aller-retour sur les eaux tumultueuses du fleuve. Ils allaient devoir choisir leur chemin.

Bien cachés, des ombres suivaient les deux compagnons en gardant toujours une distance de quelques centaines de mètres. Qu'étaient ces ombres ? Ils ne le sauraient qu'au pire moment. Loin de se douter qu'ils étaient ainsi suivis, Dwolin et Aldamir continuaient leur voyage...





||| Hrp ||| Aldamir, il existe d'autres ponctuations que les points d'exclamation ("!"), les points simples (".") auraient plus leur place à la fin de tes phrases ||| Hrp |||

Avant que le brave homme ait le temps de répondre, Bretak intervint. Il n'avait, jusque là, pas entendu la conversation, car il se tenait plusieurs mètres derrière les deux chevaux depuis que la pièce tomba. Malgré cela, il imaginait bien le sujet de la conversation. Il savait, au plus profond de lui même, qu'il s'agissait de sa présence.

Peut-être allait-il commettre une immense bourde, peut-être était-ce le coup qu'il avait reçu sur la tête qui le faisait délirer, le rendait paranoïaque. Peu importait pour le petit homme brun, si il commettait une erreur, il espérait que ses nouveaux compagnons la corrigeraient.

Bretak s'indigna, bouche bée, de voir à quel point ceux qui avaient bénéficié de son sauvetage, bien qu'improvisé et grossier, étaient des ingrats. La réponse du nain, il la comprenait, et il comprenait tout autant qu'il ne lui ferait pas confiance jusqu'à la fin du voyage. Tant pis, ça, il pouvait faire avec sans mal. En revanche, la réaction de l'homme d'Arnor semblait démesurée. Certes, les brigands étaient nombreux en ces chemins terreux, et, certes, il était possible qu'un brigand rusé utilise un tel stratagème pour les dépouiller la nuit. Mais ce qu'ils ne savaient pas, c'est qu'à part être sûr de voler une personne particulièrement riche, la grande majorité des voleurs de grands chemins ne s'éloignaient pas de leurs régions. La plupart tenaient à un petit confort de vie, ils avaient une famille, et c'était pour la nourrir qu'ils agissaient de cette façon, le commerce et la vente de légumes n'étant pas toujours une source importante de revenu monétaire. Lorsque Aldamir posa la question au khazad, ce fut à nouveau le petit homme qui répondit.

- Mais enfin, qui êtes-vous pour me traiter ainsi ? Ai-je essayer de vous voler ? Et dans quelle situation seriez-vous à présent si je ne vous avais pas sauver la mise ?

Il les regarda avec des grands yeux, leur signifiant bien qu'il avait été blessé dans ton estime. Il était un homme visiblement chétif, faible, petit, mais il était bien plus rusé que ces deux individus réunis. Il voyageait beaucoup et savait comment ne pas se faire attraper par des bandits, eux, apparemment, non. Il continua alors, d'une voix bien plus cassante que la première fois.

- Voyager de nuit, jusqu'à la Moria... Soit vous êtes bête, soit vous êtes inconscient. Premièrement, la porte Est de la Moria se trouve de ce côté. Vous avec donc fait le mauvais chemin. La porte Ouest est plus éloignée, sur les cartes, mais évite bien des désagréments, et son entrée est ma foi plus évidente. Pour y accéder, il vous faut contourner les montagnes par le Nord, puis les longer vers le Gondor. Sur ces mots, je vous laisse. Vous ne ferez pas long feu sur la route, surtout vu votre manière de vous battre. Moi, ne vous inquiétez pas, je l'ai déjà fait des dizaines et des dizaines de fois, ce parcours. A bon entendeur...

Bretak s'éloigna, en marchant, tranquillement. La journée commençait à peine et il lui restait de la marche jusqu'à la prochaine étape: les bois de Fondcombe. La cité elfe était difficile à trouver, bien dissimulée et surtout bien gardée, et les étrangers n'y étaient généralement pas les bienvenus. Heureusement, Bretak était l'une des exceptions, pour service rendu à un elfe qui, lors d'une aventure loin de chez lui, s'était brisé la jambe en tombant dans un précipice...

Le petit homme s'arrêta lorsqu'il entendit les premières paroles du dénommé Aldamir, puis fit demi-tour pour être face au jeune homme. Attendant d'entendre les excuses de ce-dernier, il resta muet, l'oreille attentive. Bretak écouta avec calme - et sans laisser transparaitre la moindre émotion - cette histoire d'embuscade, d'orques, et de meurtres. La chose lui parut si énorme qu'il ne se décida pas à la croire ou non. Après tout, lui-même n'avait jamais rencontré ces créatures maléfiques, malgré tous les voyages qu'il avait fait jusqu'aujourd'hui.

Avant de répondre aux paroles de l'homme, il regarda derrière lui, où se tenait le nain, visiblement perplexe. Le kuduk ne s'était pas prononcé, et ses yeux ne trahissaient aucun avis à propos de la mésentente. Ou, et c'est possible, Bretak ne l'avait pas perçu. Il répondit alors, reposant son regard sur celui qui lui faisait face.

- Blessé, ce n'est pas le mot approprié. Offensé serait plus correcte. M'enfin, j'imagine que vous ne saisissez pas la différence entre les deux. Peu importe. Que vous le vouliez ou non, notre route sera la même pendant une bonne partie puisque je vais au Gondor. Mais, et ça, soyez-en sûr, je préfère voyager seul, vu les camarades de voyage que je pourrais avoir... Oui, je parle bien de vous. Vous n'êtes pas plus aptes à voyager en sécurité qu'un mûmak le serait à bouger sans silence. Vous ne connaissez apparemment rien des dangers qui vous guettent, et croyez moi, ces petits bandits n'étaient qu'un mince exemple de ce que vous pourrez rencontrer sur les routes. Aller à Fondcombe pour vous approvisionner, n'y pensez même pas. Premièrement, cette cité est si bien cachée que même un elfe ne connaissant pas son emplacement aurait des problèmes pour y accéder. Ensuite, les étrangers y sont rarement admis avec joie... Faites un bon voyage, malgré tout.

Sans ajouter un mot, ni un geste de salut, Bretak tourna les talons et s'en alla vers l'Est. Il lui restait un long trajet avant d'arriver dans le Royaume du Gondor, et il ne fallait pas perdre de temps. Non pas parce qu'il avait quelque chose d'urgent à faire, non, loin de là, mais surtout parce que l'hiver était de plus en plus dur, les vents de plus en plus violents. D'ici deux semaines - au plus tard - les froids du Grand Nord envahiront l'Arnor, puis gagneront l'ensemble des Terres du Milieu. Son petit sac bien calé sur son dos, l'homme rondouillard se lança dans une marche dynamique, bien déterminé à éviter ce dur hiver en prévision.




HRP: Désolé du temps de réponse, un ensemble de petits imprévus ont fait que je n'ai pas pu faire autant de RP que je ne l'avais prévu ! /HRP

Hrp: Désolé du temps de réponse, vacances obligent. Je vais jouer Dwolin, le temps qu'il revienne (on peut toujours espérer ^^) :Hrp

Dwolin écouta attentivement ce que venait de lui dire son compagnon de voyage, l'humain Aldamir. Une fois que ce dernier eut fini, le nain commença à parler d'une voix à moitié convaincue.

- Hmm... T'as raison. Le peu que j'ai entendu dire sur les elfes, c'est qu'ils aiment pas bien les étrangers, et encore moins les nains. Pour se ravitailler, 'va falloir qu'on se débrouille, j'en ai bien peur. Si on rattrape Bretak, peut-être pourra t-il nous aider... Allez.

De ses courtes jambes, le nain entama une marche rapide, s'apparentant à une course, pour rattraper le petit homme brun qui avait déjà pris deux bonnes centaines de mètres d'avance. Arrivant vite, mais épuisé, à ses côtés, Dwolin reprit la parole.

Aldamir arriva quelques secondes après Dwolin, et acquiesça à chacune de ses paroles, sans mot dire. Bretak, un léger sourire au coin des lèvres, accepta les excuses d'un simple geste de la tête.

***

Les trois compagnons avaient repris la route depuis presque une semaine. Ils n'étaient pas entrés par Fondcombe, ayant pris un raccourci vers le Sud-Est. L'hiver s'était levé, et la temperature avait descendu d'une dizaine de degrés en ce peu de temps. Le petit groupe se nourrissait des fruits de la chasse, souvent des lapins ou du petit gibier aventureux, et de l'eau des quelques rus qu'ils croisaient.

Ils ne recroisèrent plus de brigands, et le voyage, grâce aux conseils avisés de Bretak, se passa sans encombre. Il ne restait plus que quelques jours de voyages, une semaine tout au plus, avant d'atteindre la porte Ouest de la Moria. Le raccourci choisi par le petit homme brun ne prenait pas les voies utilisées mais des petits chemins dans les broussailles, le long des montagnes. C'est avec une joie immense, et bien rassurés, que Dwolin et Aldamir aperçurent les portes de la Moria. Leur voyage arrivait à sa fin... ou à son commencement.

Les trois compagnons de route arrivèrent donc devant l'entrée de la Moria, scrupuleusement gardée par plusieurs gardes de Khazad. Dwolin semblait impatient de rentrer chez les siens, alors que Bretak, lui, semblait peu confiant. Lorsque le nain parla, ce fut pour montrer davantage encore son envie d'aller sous terre, boire une bière dans une auberge quelconque, raconter des blagues sur les manies humaines avec ses semblables et réintégrer sa garnison. L'humain qu'Aldamir et lui avaient trouvé au fil de leur trajet déglutit longuement. Pour la première fois depuis qu'ils s'étaient rencontrés, il n'avait pas l'air tout à fait dans son assiette, et encore moins sûr de lui. Il hésita quelques secondes avant de se lancer dans les aveux.

- Ecoutez, je ne pourrai jamais rentrer, vous feriez mieux de continuer sans moi. Dwolin, tu pourras entrer comme tu le veux, tu fais partie des leurs. Aldamir, la chose sera plus compliquée pour toi, surtout qu'en ce moment, ça chauffe pas mal en Moria... Mais ça reste néanmoins possible. Pour moi, en revanche, c'est impossible.
- Pourquoi ? s'enquit alors l'autre homme.
- Ahem... Disons que... Disons que je me suis fait mal voir la dernière fois que je suis venu.

Devant la mine incompréhensive des deux autres, Bretak continua dans son explication.

- Je suis déjà venu il y a un an. Et je peux vous parier qu'ils ne m'oublieront pas de si tôt. Oh, et puis à quoi bon vous le cacher ? Je vais vous expliquer ce qu'il s'est passé. Commençons par le début. Je revenais d'un long voyage avec une caravane de marchands, dont je faisais partie. Une des étapes de notre voyage était Khazad-Dûm. Nous savions que les nains, malgré l'avarice caractéristique de cette race, aimaient généralement acheter ce que nous leur ramenions. Particulièrement les pièces d'armes étrangères et l'alcool. D'ailleurs, cette année là, nous avions vendu tout notre stock de vin du Gondor et au moins la moitié de l'eau de vie que nous possédions. Sans compter quelques objets, du bric à brac. Nous avons passé trois jours dans la ville souterraine. La veille de notre départ, nous bûmes beaucoup. Le lendemain matin, mes compagnons marchands me cachèrent dans les roulottes pour notre départ, bien avant l'aube, quand la majorité des nains dormait encore. En réalité, je n'avais aucun souvenir de cette soirée, l'alcool ayant littéralement effacé toute ma mémoire des dernières douze heures. A peine la sortie fut-elle franchie que nous entendîmes les nains de garde à ce moment là recevoir des directives nouvelles. Ils devaient arrêter tout homme ressemblant à un portrait qui leur avait été donné. Heureusement pour moi, aucun des marchands avec qui j'étais ne me ressemblaient: la plupart avaient les cheveux très longs et grisonnants, et tous sans exception étaient maigres comme des elfes. Aucun des gardes ne remarqua le petit homme brun et rondouillard qui se cachait sous une des couvertures des charrettes. J'appris plus tard la cause de toute cette agitation: j'avais incendié, alors que j'étais ivre mort, une auberge, déclenché une bagarre en frappant plusieurs nains avec une chandelle en plomb, avait vidé les poches de la plupart d'entre eux et vidé les tonneaux de leur meilleure bière sans jamais vouloir payé. Et encore, il ne s'agit là que des choses dont je ne suis qu'à moitié honteux... Le pire... Ahem, je préfère ne pas vous le dire, je n'aimerais pas risquer votre sensibilité de jeunes et farouches voyageurs. Bref, j'ai causé beaucoup de tort à plusieurs nains, qui étaient malheureusement pour moi gardes de Khazad. J'ai pris des coups mais j'ai visiblement fais pire pour eux. Voilà pourquoi je ne pense pas entrer ici. Mais ne vous inquiétez pas, j'ai toujours un endroit où aller, moi. Contrairement à vous. Vous seriez bien mieux chez vous, je vous le dis ! Il est mieux que nos routes se séparent dès à présent, compagnons.