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Première Embûche || Kryss Ganaël |  |
| Surion Camthalion
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 | | Mer 22 Juin 2011 - 10:36 | | Quand Surion recommenca à respirer plus lentement, il se redressa au milieu des arbres qu'il avait toujours cotoyé, songeur. Décidément, son intégration démarrait on ne peut mieux. Il souleva ses trois bûches et entreprit de les ramener chez lui telles quelles et de tenter de construire un semblant de cabane avec.
Soudain, il capta un bruit. Il s'agissait encore de bruits de pas. Des pas humains. Il marcha encore quelques minutes, entendant la marche de celui qui le suivait. Quand le jeune elfe s'arrêta dans une petite clairière d'où l'on distinguait une partie de l'ardent soleil qui dominait la forêt. Il déposa son fardeau et dégaina sa dague recourbée. Il se retourna et les bruits de pas s'éloignèrent un peu. L'intrus demeurait méfiant à son égard. Mais si celui-ci était animé d'intentions hostiles, il aurait déjà tenté quelque chose. Mais au lieu de cela, rien. "Il" continuait de le suivre sans esquisser le moindre mouvement autre que le fait de suivre Surion. Ce dernier rengaina finalement son arme et, rassuré par son analyse, s'assit sur l'une de ses bûches et déclara d'une voix calme destinée à impressionner l'intrus :
- Votre démarche est à ce point bruyante que je pourrais vous tuer d'une flèche sans la moindre difficulté. Mais je suppose que vous ne vous souciez point du fait que je vous entende. Pourquoi me suivre ? Faites-vous donc connaître, étranger !
Les contours d'une silhouette relativement menue apparurent entre les arbres dorés de la Lothlórien.
Dernière édition par Surion Camthalion le Dim 16 Sep 2012 - 21:25, édité 1 fois |
| | | | Kryss Ganaël
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| | Mer 22 Juin 2011 - 12:36 | | Kryss galopait à vive allure, sans faire attention où elle allait. Elle ne le remarqua qu’une fois pénétrée dans la vieille forêt des elfes. Elle ne ralentit par pour autant, sa cible l’avait devancé en coupant à travers des taillis que sa jument avait refusé de franchir, mais elle était à cheval, et la fugitive, à pied.
Parler de fugitive lui faisait doucement sourire, vu qu’elle en était une également. Elle évita habilement les arbres sur son chemin, avec la dextérité des gens de son peuple. Sa jument renâclait, à cause de l’effort qu’elle lui faisait faire.
Elle était encore une pouliche, et manquait d’entrainement.
Elle aperçue la cape de la jeune voleuse droit devant elle. Elle poussa sa monture plus en avant, et sans crier gare, sauta de sa selle pour se jeter sur sa proie. Elle n’avait ni remarqué la clairière, ni l’elfe qui bandait son arc vers elles.
Sous son propre poids, elles chutèrent violemment sur le sol.
Sa jument alla directement s’abreuver dans le petit ruisseau non loin.
Après une farouche bataille qui ne dura guère plus d’une minute, Kryss s’empara des cheveux de la voleuse et les tira sauvagement en arrière.
- Rends moi, ce que tu m’as volé, à l’auberge, hier. Dit elle en détachant chacun de ses mots.
La jeune adolescente peu expérimentée encore dans son domaine, déglutit avec difficulté, un rictus de souffrance sur son jeune visage. Elle désigna d’un geste sa poche droite, et la vagabonde s’empressa de récupérer les piécettes qu’elle contenait, en n’oubliant pas d’en prendre un peu plus, pour la leçon. De plus, elle ne roulait pas sur l’or, et il fallait qu’elle survive, elle aussi.
Comme elle n’aimait verser du sang pour si peu, elle relâcha sa captive d’un coup de pied dans le ventre, et cette dernière s’empressa de partir, courbée, vaincue.
La jeune femme au regard d’acier fit tinter les piécettes dans ses mains avec un sourire qui parlait de lui-même. Elle les empocha dans sa sacoche en cuir pendue à sa ceinture et fit volte face, pour narguer l’elfe.
- Et bien, elfe, n’y a-t-il pas de malins parmi ces bois pour que vous tiriez une tête comme cela ?
Elle sourit, un sourire mesquin. Son regard ne trahissait aucun remord. Elle s’en alla récupérer la bride de sa pouliche, mais la laissa se reposer à la fraicheur du ruisseau. Le reflet que lui renvoyait la surface lacustre la surprit un moment.
Elle n’y voyait plus vraiment le visage de sa sœur jumelle, elle se voyait, elle, farouche, sauvage, avec des perles de sangs qui coulaient sur ses joues, à cause des branches basses qui l’avaient éraflée à l’entrée de la forêt.
- Oh, j’oubliais. Elle, c’était une voleuse, qu’importe son nom. Moi c’est Kryss.
Elle ne prit pas la peine de se retourner, toute entière à sa contemplation. Elle se pencha au dessus de l’eau et s’aspergea le visage pour le nettoyer de son sang.
Ma foi, la vie de vagabonde était bien rude, mais elle saura s’en accommoder.  |
| | | | Surion Camthalion
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| | Mer 22 Juin 2011 - 18:35 | | Surion n'avait pas tout à fait compris ce qu'il venait de se passer. Alors que le jeune fille qu'il avait entendue allait se présenter, une autre avait surgit d'entre les arbres et s'était jeté sur elle du haut de la selle de sa pouliche. La plus jeune s'était débattue un instant mais l'assaillante l'avait rapidement maîtrisée. L'elfe regarda l'adolescente se faire déposséder des quelques pièces qu'elle détenait et partir en sanglotant. L'humaine victorieuse se retourna dans sa direction, dévoilant des yeux couleur de lune au regard moqueur.
- Et bien, elfe, n'y a-t-il pas de malins parmi ces bois pour que vous tiriez une tête comme cela ?
Sur quoi elle sourit et s'en alla au près de sa monture, à côté d'un petit ruisseau. Absorbée par son reflet, elle n'avait pas vu que Surion s'était approché. Elle reprit quand même la parole :
- Oh, j'oubliais. Elle c'était une voleuse, qu'importe son nom. Moi c'est Kryss.
Surion déglutit difficilement :
- Surion Gaferdacil Camthalion... en... chanté...
C'était la première fois qu'il voyait une femelle humaine. Elle était à la fois très belle et très refermée. Elle venait de voler une jeune fille et de l'accuser elle, mais il ne pouvait s'empêcher de croire cette femme qu'il ne connaissait pas. Elle avait de longs cheveux bruns qu'il ne put s'empêcher de trouver beaux. Elle était assez petite, mais la force dont elle avait à l'instant fait preuve était encore plus impressionnant vu sa faible constitution. Elle lui faisait penser à un oisillon tombé du nid, désorientée, blessée, emplie de colère envers le monde entier... Il aurait voulu approfondir la conversation, qu'elle lui parle du monde extérieur. Il se contenta de s'assoir à ses côtés. Il caressa la crinière de la pouliche qui se reposait au bord de l'eau claire en lui murmurant des mots de réconfort dans sa langue maternelle. Sa voie douce semblait s'accoupler au ruissellement de l'eau pour former une envoûtante mélodie. |
| | | | Kryss Ganaël
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| | Mer 22 Juin 2011 - 19:01 | | Kryss tiqua lorsque l’elfe s’approcha de sa pouliche. Sa main descendit sur sa dague et la caressa un moment, sur ses gardes. Voyant qu’il ne faisait que passer ses mains dans la crinière de la bête haflinger et lui parler dans sa langue, elle relâcha un peu son emprise sur son arme, et en profita pour regarder les alentours.
Territoire des elfes sylvains, royaume de la Dame.
Elle soupira, ne voulant pas trop trainer, mais comme sa monture venait à peine de reprendre ses forces, elle se dit qu’un peu de repos dans cette clairière n’était pas dangereux. Mais la soif de vengeance la tenaillait, le sang…réparer son affront.
Elle ne vivait plus que pour cela, avec froideur. Elle s’assit lourdement au sol en assouplissant ses muscles, bras puis jambes. Elle en avait trop demandé à Nozomi, il faudrait l’entrainer, pour mener à bien sa mission.
- Ne lui donnez pas des idées de libertés, elle m’est trop utile pour que je daigne m’en séparer.
Elle se renfrogna et, d’un geste brutal, vint un bandage sur son bras pour vérifier l’estafilade reçue hier dans la taverne. Bataille d’ivrognes. Elle en avait dépouillé un, du moins, ce qui restait de son pécule après avoir englouti le reste dans l’alcool.
Elle n’était pas habituée à ces pratiques de voyous, mais la faim justifiait les moyens, et au point où en était son honneur, autant continuer avec plaisir. Avec le temps, elle se perfectionnera. Cela faisait plusieurs jours qu’une idée germait dans sa tête. Il lui fallait trouver un maître rodeur, pour lui apprendre à pister.
Avec ces capacités, elle vivrait de ses trouvailles, et pourra pister sa sœur et Gahlaad…les poursuivre comme des gibiers, les tourmenter, laisser des preuves de son filage, voir la peur s’inscrire sur leurs visages…et les achever !
Elle ricana, perdue dans ses pensées, et refit un bandage propre après avoir lavé de même sa blessure.
- Je ne vais point tarder, elfe. Mais dans ma chevauchée, j’en ai perdu mes repères. Je veux sortir de cette forêt. Et si vous avez la sagesse de vos semblables, il serait avisé, si vous le concédez, à m’accorder quelques astuces…plantes…traces…pistage…vous voyez ?
Elle ne voulait pas être plus explicite. Les elfes était des êtres pacifiques, qu’il ne fallait pas brusquer. Et puis…s’il ne la satisfait pas, elle en trouvera un autre. Un Rodeur du Nord, comme le célèbre Aragorn, jadis.
Qu’importe le temps que cela lui prendra, elle les retrouverait….et ils paieraient.
Elle releva les yeux sur l'elfe pour le détailler. Il devait avoir un siècle ou deux de plus qu'elle, et pourtant, elle lui parlait en égal. Peu lui importait la politesse ou la convenance...elle les utiliserait si besoin était. |
| | | | Surion Camthalion
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| | Jeu 23 Juin 2011 - 8:39 | | Surion leva les yeux vers elle lorsque la jeune femme lui parla à nouveau :
- Ne lui donnez pas des idées de libertés, elle m'est trop utile pour que je daigne m'en séparer.
Kryss semblait avoir un goût prononcé pour la bagarre. En tout cas, son corps avait l'air d'en témoigner.
Le demi-elfe sourit. Apparemment, il était tombé sur une femme qui ne s'ouvrirait à lui que très difficilement. Il avait toujours été d'un naturel chanceux. Mais il avait du temps. Beaucoup de temps. Beaucoup plus qu'elle. Et il savait se montrer patient quand le jeu en valait la chandelle.
Il sortit de ses pensées lorsqu'il l'entendit ricaner. Elle reprit la parole un instant plus tard :
- Je ne vais point tarder, elfe, mais dans ma chevauchée, j'en ai perdu mes repères. Je veux sortir de cette forêt. Et si vous avez la sagesse de vos semblables, il serait avisé, si vous le concédez, à m'accorder quelques astuces... plantes... traces... pistage... vous voyez ?
Il répondit, le visage inexpressif, caressant toujours l'animal :
- Certes, je vois. Puis, il reprit avec moins de calme : Vous parlez de mes semblables, mais il faut que vous sachiez que je ne suis elfe que de moitié. Je suis Homme du côté paternel. Je suis né à Fangorn et j'ai passé ma vie en forêt. Mais vous... d'où venez-vous ?
Il aurait aussi voulu lui demander "Et pourquoi autant de froideur à mon égard ?", mais ces mots se perdirent dans sa gorge et il ne réussit qu'à lui dire d'une voix faussement assurée :
- Mais... oui... je peux... vous aider. Je crois que... nous pouvons tous deux être utile à l'autre... d'une certaine manière...
Gêné, il se pencha sur le bord de l'eau, se mouilla le visage et la nuque, et se désaltéra pour se donner une consistance, en attendant que Kryss lui réponde. |
| | | | Kryss Ganaël
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| | Jeu 23 Juin 2011 - 13:04 | | L’elfe lui parla de manière assurée la première fois. Lui racontant son sang mêlé, d’où il venait du côté paternel…mais pour elle, peu importait que son côté elfe venait du côté du neveu de la tante de l’arrière petit fils de son aïeule…Elle soupira sans chercher à cacher son ennui. Du moment qu’il savait, ça irait. Lorsqu’il reprit, c’était d’une voix plus timide et incertaine. Visiblement, sa présence l’intimidait, et elle passa sous silence le côté implicite de sa dernière remarque.
Elle se releva et le dédaigna de son regard de glace.
- Peu m’importe votre provenance, je n’en ai cure, ainsi que de votre vie entière, de vos prouesses et de vos espérances. Et mes origines de vous regarde en rien.
Elle s’approcha de sa monture d’une démarche confiante. Cet homme, demi elfe ou autre, restait un homme, là demeurer le problème. Même constitution, même faiblesse. Elle tâta son encolure, se renseigna de son rythme cardiaque.
Elle regarda l’elfe durement, le jaugeant de la tête aux pieds. Grand, fin, cheveux longs d’une couleur laiteuse…oui, il devait avoir connu pas mal d’hiver pour avoir les cheveux givrés ainsi. Trait d’humour minable, certes…mais trait d’humour.
- Je ne vois pas en quoi je pourrais être une aide, mis à part si vous avez des gens….que vous préférerez réduire au silence, voyez vous ?
Elle ne tuait pas, pour habitude, mais en sous entendant cela, elle voulait finir par instaurer la crainte et la méfiance dans l’esprit de l’elfe. Comme cela, méfiance égale distance égale…tranquillité. Elle s’empara de la bride de sa monture et lui fit faire quelques pas le long du ruisseau, suivit de près de l’elfe. Ils étaient séparés par sa pouliche. Kryss marchait le menton haut, le regard, froid et les traits figés dans la détermination.
- La seule chose que vous ayez à la rigueur besoin de savoir, c’est mon prénom et je vous l’ai donné.
Elle continua de marcher au pas de sa bête. Au silence de l’elfe, elle déduisit qu’il voulait lui dire quelque chose.
- Bon allez, crachez le morceau, quel sera le prix de votre service ? Que puis je vous apporter ?
Elle s’arrêta et le fixa droit dans les yeux sans ciller. Un homme, il était un homme, et même si ses traits différenciaient de ceux dont elle en avait l’horreur, il demeurait un être abject, méprisable, et sans aucune parole. Des traitres… |
| | | | Surion Camthalion
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| | Jeu 23 Juin 2011 - 14:37 | | Surion ne comprenait pas du tout pourquoi la jeune vagabonde ne se livrait pas. N'ayant jamais cotoyé d'humains, il ne pouvait dire si elle n'était qu'un cas à part ou s'ils étaient tous comme elle. Son visage témoignait d'une grande douleur subie dans son passé. D'une humiliation, aussi. Il aurait aimé qu'elle se confie plus à lui.
Le demi-elfe décida finalement de lui fournir aide et conseils, espérant qu'un jour, quelque chose finirait par briser a glace entre eux.
- Et bien... j'accepte de vous enseignez ce que je sais, comme la reconnaissance des différents types de plantes ou des empreintes animales... ou humaines. Et je ne vous demanderais rien en retour.
Sur cette allusion implicite, il s'enfonça entre les arbres rouge et or. Il sentait la jeune femme qui le suivait, faisant difficilement passer sa monture entre les branches basses, ne comprenant sans doute pas où il allait. Il regarda autour de lui, tout en respirant allègrement l'air frais de la matinée qui s'achevait. Il sourit légèrement au moment où il trouva finalement ce qu'il cherchait. Il arracha quelques herbes sur le sol et les présenta à la Rohirrime (bien qu'il ne sache pas qu'elle fasse partie de ce peuple, qu'il ne connaissait d'ailleurs pas), et commença à expliquer :
- Ces plantes se nomment les Gouttes de Valinor, car elles sont constamment humides. Leurs racines sont comestibles mais préparées en infusion, leurs feuilles forment un poison mortel provoquant une longue agonie, tuant leur victime par asphyxie au bout de longues et terribles minutes. Celles-ci (il leva son autre bras pour montrer d'autres plantes) , sont des feuilles d'Athélas. Leurs propriétés curatives sont étonnantes, et vous devriez peut-être en prendre quelques-unes. Au cas où...
Et il continua à enseigner à l'humaine ce qu'il avait mis plus d'un siècle à découvrir par lui-même. Ils traquèrent ensemble de nombreuses bêtes, la plupart du temps trahis par le vacarme des déplacements de la jument, et découvrirent les traces du passage récent d'un groupe de barbares. Mieux valait ne pas tombés sur ses guerriers sauvages.
Le soir venu, Surion alluma un feu sous le regard de son élève et analysa leurs recettes. Ils avaient réussi à tuer un lapin sauvage adulte et trouvé des baies qu'il trouva excellentes. Additionnées aux restes du cerf qui lui restaient, les trois compagnons mangèrent comme de véritables princes.
Une fois le festin terminé, l'elfe chanta une douce berceuse elfique à leur compagne animale, espérant du même coup sensibiliser la jeune femme, et bailla lorsqu'elle s'endormit finalement. Il s'étendit sur le sol et prêta sa longue cape à Kryss : il n'aurait pas froid cette nuid, contrairement à elle, plus frêle. |
| | | | Kryss Ganaël
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| | Jeu 23 Juin 2011 - 20:41 | | Elle se figea sur les paroles de l’elfe. De l’aide, des conseils, sans rien en retour ? Décidément, ces paroles la mettaient plus en garde qu’autre chose.
Il semblait trop gentil, ce n’était pas normal. C’était un homme, ils étaient vicieux et perfides.
Ses véritables intentions se révèleront plus tard, sans aucun doute.
Elle le suivit prudemment parmi les arbres robustes dont la beauté l’auraient probablement un peu dérider, si elle n’était point occupée à veiller aux pas de sa bête, qui peinait à se morfondre dans ce paysage qui lui laissait peu d’espace de manœuvre…Elle s’arrêta en même temps que le demi elfe, et reporta toute son attention sur lui. Chacune de ses paroles, chacun de ses gestes, étaient étudiés avec soin…le soin d’un assassin, probablement, vu qu’elle pouvait voir une menace dans un mouvement tout à fait anodin.
Elle l’écouta néanmoins, et fut particulièrement intéressée par les propriétés des Gouttes de Valinor, en infusion…mais ces racines lui seront probablement utiles sur les territoires elfes pour subsister.
Kryss avait toujours été une bonne élève, attentive, avec une mémoire vive, et efficace. Elle repéra les différentes plantes qu’il lui présenta et leurs vertus.
Ces savoirs complétaient le peu qu’elle en savait sur la biologie.
Elle en fit guère de commentaire, se contentant de le suivre prudemment. Elle apprit beaucoup de choses…et ma foi, pour un homme, il était au moins pas idiot.
Un point positif pour lui.
Le soir vint, sur un petit festin. Elle fut plus qu’étonnée de voir qu’il mangeait de la viande aussi…mais qu’importe…son ventre était rempli, et la tête aussi.
Elle laissa Nozomi accrochée avec une longue bride à un arbre argenté, et écouta avec un air d’indifférence totale la mélopée de l’elfe, chantant à la voute céleste.
Elle lutta contre le sommeil, elle n’avait pas confiance…mais elle a du mangé un peu trop…et elle finit par s’écrouler tandis que le les braises incandescentes ronronnaient au vent tiède de la soirée.
Elle ne sentit pas la cape posée sur ses épaules, à vrai dire, elle sombra dans un sommeil si profond qu’elle en oublia la réalité.
Comme si…elle n’avait plus d’ancrages dans ce monde…cela faisait des semaines qu’elle n’avait pas dormi ainsi.
Elle rêva de sa vie avant…quand elle était petite, à courser les poneys avec ses amis, à se rouler dans la paille avant de se jeter dans une mare glaciale et rentrer toute boueuse, se faire remonter les bretelles par une mère croulant sous le travail.
Le bon temps, l’insouciance…la naïveté.
Elle se réveilla en sursaut peu avant l’aube et avisa le manteau qui l’avait protégé du froid. D’un coup, tout lui revint à l’esprit, et explosa.
Elle prit dans ses mains la cape et la jeta avec violence sur le demi elfe.
- Mais vous vous croyez où ? C’est quoi cette cape hein ? Vous me pensez fragile ? Facile ? Il en est rien !
Elle fulmina encore un moment, ses yeux de lune transformés en des brasiers volcaniques.
Elle s’était levée d’un bond et, de par sa colère, l’avait réveillé sans ménagement.
Elle fit envoler des nuées d’oiseaux, effrayés de cette quiétude brisée par une étrangère.
- Pas de services, aucune gentillesse, compris ?! Vous ne m’approchez pas, vous ne me touchez pas, c’est clair ?!
Elle le foudroya de nouveau du regard avant de marcher d’un pas furieux vers le ruisseau pour se toiletter de manière sommaire.
Elle revint vers le camp, et ramassa ses affaires.
- Vous, les hommes, tous les mêmes. Marmonna-t-elle, furibonde.
Etres de douceurs, courbettes élégantes, tout d’apparence !
Et, perdue dans sa colère noire qu’elle savait démesurée au vu des circonstances, elle retrouva néanmoins un poème, lu dans un ouvrage quelconque…qu’elle murmura entre ses lèvres pour elle-même.
« Paroles de garçons, mots en l’air, billevesés
Paroles de garçons, promesses bien vite envolées
Ce ne sont que bulles d'air et ronds de fumée
Dans leurs paroles, pas une once de vérité[…] »
La tête baissée, occupée à réunir ses affaires pour lever le camps au plus vite. Supporter un homme une journée, c'était déjà un miracle en soit, pour elle.
[HRP : j'éditerai pour mettre le poème quand je l'aurais ENFIN retrouvé =@ ] |
| | | | Surion Camthalion
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| | Ven 24 Juin 2011 - 9:18 | | Inhabituel. Incroyable. Incompréhensible. Il s'agissait sans doute des mots qui définissaient le plus exactement la situation. La jeune femme venait de le réveiller brusquement en lui jetant violemment sa propre cape grise au visage et commenca à lui faire une énorme montagne de reproches. Ses cris le vexèrent quelque peu, car il ne voulait aucunement l'indisposer, mais il ne s'en formalisa point. Et ces reproches lui indiquèrent aussi que les anciennes blessures qu'il avait captées concernaient en grande partie les hommes.
Inquiet que les barbares dont ils avaient débusqués les empreintes surprennent les éclats de voix de la jeune furie, Surion se releva et entendit la Rohirrime marmonner un poème pour elle-même, sans un manière de s'auto-rassurer. Il ramassa son arc, son carquois et sa sacoche de cuir, et décida de lever le camp. Il ne parla pas à Kryss, trop timide et légèrement craintif qu'elle ne se mette de nouveau à crier. Il marcha quelques minutes avant de surprendre d'autres empreintes, plus fraîches. ils avaient sans doute déjà été repérés par les guerriers nomades. Il prévint sa compagne d'un geste de la tête en direction des traces sur le sol. Les hommes sauvages étaient sûrement environ une vingtaine. Surion n'étant pas suicidaire, il obliqua vers un chemin dissimulé par des buissons feuillus avant de réaliser que la jument Haflinger ne pourrait pas passer par là. Il soupira longuement, exaspéré. Tout avait mal commencé ce matin-là. Il recueillit un peu de rosée sur une plante humide qu'il versa dans l'outre héritée de sa mère et but une gorgée pour se calmer. Il se tourna vers Kryss et la regarda droit dans les yeux, de façon à ce qu'elle comprenne qu'il n'avait pas la moindre intention hostile, et qu'il était tout à fait sérieux :
- Une vingtaine de sauvages nous ont sans doute repérés, je voulais prendre ce chemin qu'ils ne connaissent certainement pas pour réussir à les éviter mais votre monture ne pourrait pas y passer. Il n'y a pas des dizaines de solutions. Je vous laisse le choix. Qu'allons nous faire ? Vous avez notre destin entre vos mains.
Il leva la tête vers le ciel et ferma les yeux. Ce sentiment qui l'envahissait était-il de l'inquiétude ? Il n'avait quand même pas pu s'attacher à cette femme qui ne faisait que lui être désagréable depuis le début, qui le regardait toujours de manière suspicieuse. Cependant, il aurait tout de même aimé l'aider à régler ses problèmes. Mais elle ne le laisserait pas faire. C'était impossible. Elle haïssait les hommes comme lui. |
| | | | Kryss Ganaël
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| | Lun 27 Juin 2011 - 12:55 | | Lorsque l’elfe lui annonça la nouvelle, elle fut choquée, et maudit son emportement. Elle refoula sa rage du mieux qu’elle put et s’obligea à réfléchir…Des barbares, des hommes.
Elle ne les craignait pas, mais leur nombre était un avantage qu’il ne fallait pas négliger. Ils étaient deux, contre vingt, et même si elle a appris le maniement des armes, ils n’avaient aucune chance.
Cependant, elle préférait largement mourir que de laisser sa pouliche, sa petite protégée entre leurs mains, elle ne se le pardonnera jamais.
Elle était tout ce qui lui restait, son dernier souvenir de son pays, la dernière chose qu’il lui restait de Gahlaad, l’éleveur de chevaux..qui n’avait pas eu le temps de finir l’éducation de Nozomi avant sa fuite.
Dans ces cas là, il fallait affronter les barbares de front. Tant pis si elles mourraient, au moins, elles ne seraient pas séparées.
Elle regarda l’elfe droit dans les yeux, avec une logique imparable dans les yeux, du sérieux, et de la détermination.
- Tu as un arc, elfe. Tu nous couvriras. Je tolère que tu montes derrière moi. Je conduirai Nozomi au galop, j’espère que tu es habitué au combat en selle.
Elle n’avait pas parlé fort, pour ne pas exposer son plan à ses adversaires, tapis dans les broussailles. Elle finit de ranger ses affaires, les attacha à sa selle, et respira à fond. Son plan tenait à la rapidité d’exécution…et à la chance aussi…surtout à la chance. Surion s’occuperait de tenir les barbares à distance avec son arc pendant qu’elle guiderait sa jument de son mieux. Elle était jeune, certes, et rapide…mais avoir deux personnes sur elle la ralentirait certainement.
Kryss était inquiète, non pas pour elle, mais pour sa monture. Elle la regarda avec affection, et soupira. Pas d’autre choix. Mieux mourir que la laisser.
Elle monta en selle avec agilité, et tendit son bras à l’elfe, en retenant un air dégouté. Faire monter un homme avec elle, pff…mais elle n’avait pas d’autres choix. Elle frissonna de dégout, de cette proximité mais tacha de se concentrer sur l’essentiel. Leur survie, entre autres…
Elle fit face à l’orée du bois, l’air conquérante et sûre d’elle. Elle fit avancer tout d’abord Nozomi au pas. Elle renâcla, sentant les présences hostiles en face d’elle. Avant qu’elle ne soit terrifiée, elle la talonna avec forces en poussant un cri de guerre. Sa jument fut poussée au galop et entra en trombes dans la forêt.
Kryss avait abandonner l’idée de faucher les assaillants avec son épée pour se concentrer sur la manœuvre. Surion devait les protéger un minimum avec ses flèches.
Elle galopa à vive allure, nonobstant les griffures des branchages. Elle dévia plusieurs fois sa route pour éviter un sauvage. Sa jument perdait de sa confiance, et elle était maitrisée que grâce aux compétences de la femme du Rohan. Mais…un autre problème se posait. Du coin de l’œil, elle aperçut un archer, bandant son arc en visant leur monture. Il lui fallait agir vite.
Sans même réfléchir, Kryss se pencha par-dessus l’encolure de la bête pour protéger son cou et encaissa le tir. Une flèche, plantée entre les omoplates. Elle ne put retenir un gémissement, la douleur lui vrilla les tempes, brouilla sa vue…engourdit ses membres lentement…en progressant le long de sa colonne vertébrale. Mais ils étaient saufs, ils avaient passés le dernier barrage de leurs ennemis…ils étaient…saufs.
Ils s’arrêtèrent une fois sûrs d’être en sécurité, même si la femme ne s’en rendit pas compte. Sa blessure lui avait fait passer dans une autre dimension, où les sens étaient diminués, et où la conscience était anéantie…
Quand ils furent à l’arrêt, son corps glissa et tomba par terre, inconsciente.
Sous le choc, sa jument se cabra.
Ils étaient saufs…Ils étaient saufs.
Kryss se laissa dériver dans les méandres de l’inconscience, peuplé de brumes et de formes indéterminées. Elle ne ressentait plus la douleur, elle ne ressentait plus rien. Elle se laissa juste aller, inconsciente jusqu’au fait, de son existence. |
| | | | Surion Camthalion
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| | Lun 27 Juin 2011 - 14:20 | | Une fois que les compagnons en sécurité, la blessée tomba de sa monture. Aussi vite que possible, Surion ôta sa sacoche et sortit les feuilles d'Athélas qu'il avait conservées. Prudemment, avec une patience et une précision infinies, la tâche rendue plus ardue encore par les mouvements de la Rohirrime, il retira la flèche barbare et appliqua les plantes sur le dos de la jeune femme. Il n'osa pas dénuder son dos de peur d'attiser sa colère, même si cela aurait pu accélérer sa guérison.
Il avait utilisé quelques flèches durant la fuite et devrait rapidement remplir son carquois, sinon il s'exposait au risque de se retrouver désarmé devant l'ennemi. Silencieux, il patienta des heures. De très longues heures à attendre, à espérer qu'elle reprenne vite des forces, écoutant ses délires au sujet d'un certain Gahlaad et d'une trahison...
Il admirait le courage de la Rohirrime, car c'est délibérément qu'elle s'était interposée entre la flèche meurtrière et sa jument. Le lien entre ces deux femelles était fort. Mais si seulement il avaiat vu ce sauvage, et si seulement il avait pu le tuer d'une flèche... Il manquait encore d'entraînement, c'était certain. Il caressa la pouliche, perdu dans ses pensées... Une fois de plus, il fredonna un petit air elfique, le premier chant que sa mère lui avait enseigné. Il espérait que la jeune femme entende ses paroles et que celles-ci la sortent de la dimension dans laquelle sa conscience s'était cachée. Il se surprit à contempler le visage de Kryss, ses cheveux bruns, ses bras musclés pour une femme de son âge... Un sentiment nouveau naissait en lui, il le sentait, mais rien de ce qu'il connaissait n'expliquait cette sensation.
Le fait que la cavalière lui ait permis de monter la jument à ses côtés constituait à lui seul un progrès, bien qu'il ait senti trembler sa main tendue.
Il tâta le front de sa patiente : il était brûlant. "Elle sombre", pensa-t-il avaec frayeur. Il versa un peu d'eau dans sa main et humidifia le visage de la malade, occupée à délirer au sujet du Rohan, sans doute sa terre natale. Il posa la sacoche de cuir sous la nuque de Kryss pour qu'elle soit plus confortablement installée et repris sa chanson au rythme accéléré, le visage tendu, la voix teintée d'un étrange accent.
Au loin, ses oreilles d'elfe pouvaient facilement entendre les cris de rage des guerriers barbares qui avaient vu passer une chance d'égorger deux proies faciles et de les dépouiller.
Brusquement, il se tut. Kryss, qu'il avait jusque là vu presque toujours calme et posée,... sanglotait doucement. En tout cas, c'est ce que Surion croyait entendre, bien qu'il eût put se tromper. Il se rappela alors d'autres paroles de sa mère : "C'est seulement lorsqu'ils sont dans le besoin qu'on s'aperçoit que des personnes comptent vraiment pour nous." Alors, le demi-elfe saisit sa main dans la sienne, ferma les yeux et murmura :
- Réveillez-vous, Kryss. Vous avez encore des choses à accomplir en ce monde.
Soudain, une éblouissante lumière d'un blanc parfait jaillit de leurs paumes jointes, l'aveuglant de moitié. Nozomi se cabra en hennissant et Surion dut faire de gros efforts pour la ramener au calme, craintif que les sauvages ne les retrouvent à cause de ses bruits. Il se retourna vers sa patiente et constata, avec contentement et stupéfaction mêlés, qu'elle ouvrait péniblement les yeux. |
| | | | Kryss Ganaël
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| | Lun 27 Juin 2011 - 15:19 | | Les brumes s’épaississaient autour d’elle. Elle voyageait parmi elles, sans savoir ce qu’elles étaient, ni qui elle était. Il n’y avait ni terre, ni ciel, aucune texture, aucune barrière, aucune couleur. Le monde était de blanc et de gris, de profondeur et de grandeur. Aucune mesure, pour décrire cela, juste la sensation, d’un vide apaisant, où la douleur n’existait pas, ou rien, n’existait, mis à part, cette quiétude céleste, cet apaisement physique et psychique.
Peu à peu, des formes apparurent, d’abord indistinctes, puis elles se dessinait avec plus de précision, comme une esquisse devenu dessin, et le dessin, œuvre.
Elle voyait un pré, avec des clôtures en bois ouvragées. Elle se disputait avec un garçon, ou plutôt…jouait avec lui. Ils se courraient après, et la petite fille plongea tête en première dans une botte de paille en riant. Le garçon la suivit et le jeu poursuivit.
Qu’importe qu’ils soient pleins de paille, de boue, trempés ou autre. La jeunesse est un don, et l’innocence, une qualité. Elle se souvint de son visage…les cheveux auburn lui tombant sur les épaules avec des yeux bleus foncés. Il lui souriait de toutes ses dents en lui tendant la main…Elle la prit.
Changement de décor. Des années avaient passés, comme des étoiles filantes. Ephémères, insignifiantes, et pourtant importantes. Elle voyait ce garçon devenu jeune homme, assis en selle, le soir…Il la regardait, avec un regard triste, et lui tourna le dos…pour rejoindre sa double, sa jumelle. Des perles tombèrent sur les joues de la blessée, même si elle ne s’en rendit pas compte…encore présente en ce monde, coupé du vrai, coupé de la douleur physique.
Puis une lumière, blanche, aveuglante, poignante. Elle la transperça de part en part, lui donnant envie d’hurler de douleur. Elle s’éveilla brutalement, essaya de se relever, mais une douleur dans le dos lui arracha de nouvelles larmes. Elle ne voyait pas bien, encore.
- Gahlaad !
Elle cracha du sang, s’étouffa à moitié, hoquetant, pleurant, gémissant. Elle se recoucha et aperçut un visage au dessus d’elle. Elle ne sut dire qui il était avec certitude mais elle était encore trop présente dans l‘autre monde pour se remémorer les derniers évènements…Elle s’étouffa encore, du sang dans sa bouche.
- Gahlaad…ne m’abandonne pas…
Elle pleura encore, n’arrangeant en rien son cas. Elle ne savait plus si elle pleurait à cause de sa vision ou à cause de sa blessure dans son dos. En tout cas, une chose est sure, elle n’était pas encore remise. Ni de l’un, ni de l’autre.
La fièvre, encore trop élevée, la garda dans ses délires et dans sa souffrance. Bien qu'elle eut quitté le monde de l'inconscience, le monde réel était trop cruel, pour qu'elle daigne de suite s'y replonger. |
| | | | Surion Camthalion
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| | Lun 27 Juin 2011 - 16:48 | | Kryss avait repris violemment connaissance en criant à nouveau ce nom inconnu : Gahlaad. Son visage était déformé par la douleur, certainement physique ET psychique. Grâce à l'Athélas et à l'étrange lumière blanche, la fièvre s'était légèrement atténuée mais le passé de la souffrante l'avait sûrement rattrapée en chemin. Elle était consciente, c'était un premier pas. Mais elle souffrait, au point de ne pas avoir la force de continuer sa route. Sa volonté de vivre était trop faible. Surion pensa qu'aucune attache ne devait la retenir en Terre du Milieu. Nozomi, qui devait avoir saisi la situation, hennit une nouvelle fois, comme un ultime appel lancé à sa maîtresse.
L'oreille droite du demi-elfe frétilla impreceptiblement lorsque les barbares captèrent le vacarme causé par la jument et se précipitèrent dans sa direction. Situation cocasse, il lui restait douze flèches pour douze sauvages. Si bataille il devait y avoir, nuls doutes qu'il ne verrait pas le soleil se coucher. Le jour précédent, il avait passé son cent vingt-neuvième été. Un jour à marquer d'une croix. Peut-être la même croix que celle qui occupait son menton, causée par l'un de ces mêmes barbares, quelques mois auparavant.
Déterminé, il s'enbusqua au sommet d'un chêne touffu et encocha une flèche. C'était tout ce qu'il pouvait faire pour Kryss, en ce moment. Calmement, il visa le premier homme que les feuillages lui permirent de voir et fit ce qu'il savait faire de mieux. Par douze fois, la corde de son arc fut bandée et détendue, et par douze fois le corps d'un sauvage toucha terre avec violence. Six coeurs percés, quatre poumons perforés et deux crânes enfoncés : chaque flèche fut mortelle. Du moins c'est ce qu'il croyait.
Il sauta de sa haute cachette et retourna rapidement au chevet de Kryss. Cette dernière, lorsqu'elle le vit, pointa du doigt quelque chose derrière le demi-elfe en criant. Croyant à une nouvelle illusion, il tenta seulement de la rassurer. Ce fut une grossière erreur. Alors qu'il allait se relever, ce qui d'ailleurs lui sauva la vie, un poignard recourbé pénétra son bras gauche, lui arrachant un cri de douleur. Le nomade se jeta sur l'elfe et ils roulèrent ensemble pendant un moment avant que l'autochtone ne parvienne à achever son ennemi d'un coup de dague bien placé. La dague de son père.
Il banda sa plaie avec un morceau du vêtement du vaincu et remonta rapidement la pente qu'il avait dévalée un instant plus tôt en espérant que Kryss se serait remise quelque peu. |
| | | | Kryss Ganaël
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| | Mer 29 Juin 2011 - 18:10 | | Même si elle ne voulait pas, même si elle voulait fuir, loin, pour ne plus revenir, le monde réapparaissait autour d’elle avec la sureté d’un bourreau.
Les larmes ne coulaient plus bien que les sillons demeuraient, et la femme, étendue dans sa souffrance, n’était que le témoin de sa propre réinsertion.
Elle regardait dans le vague sans trop encore comprendre ce qui lui arrivait, où elle était, qui, elle était. La douleur entre les omoplates réapparut, et sa vue se stabilisa lentement, jusqu’à apercevoir une dague batarde au dessus d’un homme, penché au dessus d’elle.
Avec faiblesse et difficulté, elle leva le bras sans néanmoins pouvoir prononcer un mot. Non, prononcer un mot voudrait dire qu’elle a définitivement réintégrer le monde des vivants, et elle n’en avait pas vraiment envie.
Elle voulait retrouver les brumes apaisantes de l’inconscience, même si elle savait que cela était impossible. Elle rabaissa son bras lorsque l’elfe, cria. Une giclée de sang arriva sur son visage, mais elle ne fit même pas attention. Elle n’était qu’indifférence, que semi existence.
Elle ne vit plus de visage au dessus d’elle, il était partit. Elle resta allongée un long moment, à écouter le son du vent qui caresser la cime des arbres, l’herbe de la petite clairière, et le soleil sur son visage mouillé de larmes.
Elle ne pressa pas le processus fatidique. Elle laissa le monde revenir à elle, comme l’on attends une mère, un maître…avec soumission et résignation.
Elle ne se releva pas quand elle entendit des pas revenir. Elle n’en avait pas la force. Pas encore. Quelques minutes encore…
Elle demeura silencieuse un moment, puis se redressa en retenant un gémissement. Un mot de tête lui vrilla les tempes et elle crut défaillir.
Sa vue trembla. Lorsqu’elle fut calmée, elle regarda avec elle, et éprouva du soulagement à voir sa jument indemne.
- Quelle aventure…elfe.
Elle ne le discernait pas bien, étant en plein soleil. Elle savait que dans cette fuite, il avait été d’une aide inestimable mais un merci lui aurait écorché la gorge, sans nul doute, alors elle ne dit rien.
Son air froid, sa carapace se remit en place, si bien qu’elle ne voulut aucune aide pour se désaltérer malgré qu’elle ne soit pas remise de sa blessure.
Elle évitait son regard, se releva avec quelques étourdissements, et s’en alla caresser sa jument, comme si elles n’étaient que deux au monde. Et dans les faits, elles n’étaient que deux. Seules contre les injustices du passé, et les obstacles du lendemain. Seules.
Elle décrocha sa gourde en cuir, contenant un alcool fort, en versa dans son dos, et, pour noyer sa douleur qu’elle refrénait tant bien que mal, engloutit le reste avec sauvagerie. |
| | | | Surion Camthalion
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| | Ven 1 Juil 2011 - 11:19 | | Surion s'approcha discrètement de Kryss pour ne pas provoquer de réaction violente et lui demanda d'une petite voix :
- Vous sentez-vous mieux ? J'ai eu peur qu'il ne reste pas suffisamment d'Athélas pour guérir votre blessure.
Et avant même d'avoir vu si elle comptait réagir ou no, il poursuivit sur sa lancée et lui raconta ce qui s'était passé de son côté. Tout ce qui s'était passé depuis qu'elle avait perdu conscience et qu'elle état tombée de Nozomi. Soulagé par le fait que toute menace barbare soit écartée, il proposa quelques morceaux de viande crue trouvées dans les sacoches de voyages des morts. Il ne dit pas à la Rohirrime où il les avaient trouvés. Inutile.
Bien que la possibilité que d'autres clans nomades les aient trouvés et les attaquent de la même façon que les précédents n'était pas à négliger, le demi-elfe s'assit avec aise aux côtés de la Rohirrime et lui offrit d'écouter ce qu'elle avait à lui raconter, elle. En effet, il lui tardait de comprendre la raison des exclamations de la vagabonde. Puis, conscient d'avoir foulé un terrain privé, marmonna :
- Enfin, si vous voulez... euh... si vous êtes... d'accord...
Une nouvelle fois intimidé par la jeune femme, Surion sentit ses joues s'empourprer à mesure qu'il commençait à dire n'importe quoi pour s'excuser. Ne sachant que faire, il changea de sujet et dit :
- Par ailleurs, est-ce que votre pouliche est de bonne humeur ? Je ne parviens pas à déterminer si elle me regarde ainsi pour me remercier ou en espérant que je me jette dans la rivière la plus proche.
Il sourit timidement en attendant la réponse de l'humaine. |
| | | | Kryss Ganaël
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| | Dim 3 Juil 2011 - 15:28 | | Elle s’assit avec difficulté en face de l’elfe pour manger, maussade, une tranche de viande séchée. Elle soupira en l’avalant lentement, toute entière prise à ses pensées. Elle l’écouta sans faire de commentaires. Dans sa tête, défilaient les images qu’elle avait eu pendant sa jolie fiévreuse. Son regard était voilé, seules sa présence physique était notable. Mais elle entendait néanmoins le récit de son compagnon d’armes. Elle jeta un coup d’œil détaché à la blessure sur son bras, faite par le dernier bandit. Rien de trop grave visiblement, mais d’autres feuilles sur leur chemins ne seraient pas de trop.
Lorsqu’il aborda le sujet de Gahlaad, ce nom qui lui avait échappé lors de ses hallucinations, elle se raidit mais n’en laissa rien paraître. Elle se contenta de reposer sa gourde d’eau, déglutit en prenant son temps. Elle était emmurée dans sa propre conscience. Elle était telle une forteresse d’apparence, imprenable. Elle soupira, leva ses bras au dessus de sa tête pour les étirer en retenant un grognement de douleur. Une fois les bras reposés sur ses jambes, elle se pencha en avant et remua avec le bout d’un bâton les braises qui s’éteignaient après leur petit déjeuner léger. Voyant qu’il attendait une explication, elle lâcha avec détachement :
- Rien de plus que des délires de bonne femme souffrante et fiévreuse de plus.
Elle avait un air de sauvageonne, de voyou, avec ses cheveux emmêlés de sa course, la saleté sur son visage, l’odeur de sang qui imprégnait ses vêtements. Elle ne dirait rien de plus. Il savait son prénom, cela était amplement suffisant. Il ne fallait, en aucun cas, remuer les fantômes du passé. Les poursuivre était déjà assez éreintant sans en plus, devoir provoquer compassion chez un elfe. Elle regarda autour d’elle, ce coup ci, pas de ruisseau. Faudra attendre plus loin avant de se faire une toilette de chat. Elle se releva, insensible aux courbettes et excuses bafouillés de l’elfe qui l’énervaient plus qu’autre chose.
Depuis son malaise, elle était d’autant plus froide et refermée, mais il y avait aussi une autre raison à cela. Après leur passage de complicité du au désir de survie, elle ne voulait surtout pas qu’il croit avoir plus d’ouverture et de possibilités avec elle. Non. Jamais. Elle regarda sa jument qui s’ébrouait avec joie en cabriolant comme un jeune poulain écervelé.
- Je crois qu’elle vous aime bien.
Elle raccrocha les sacoches à la selle de sa jument rappelée à l’ordre mais ne grimpa pas en selle. Un peu de marche lui ferait du bien, et elle ne voulait pas que la blessure dans son dos se rouvre d’une galopade mal maitrisée. Constatant sa maîtresse encore blessée, la jument s’arrêta de faire la folle, et était d’une docilité soudaine, surprenante.
- Je dois poursuivre ma route. Ramenez moi à la lisière. Nous n'avons que trop tarder
Sans même un regard pour lui, elle attendit qu’il désigne une direction et se mit à marcher. L’esprit ailleurs, dans sa forteresse de glace. |
| | | | Surion Camthalion
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| | Dim 3 Juil 2011 - 17:27 | | Déçu, Surion se releva et ils reprirent la route, sans un mot. Le demi-elfe marchait devant, la tête dans les nuages, Nozomi fermant la marche. Prenant conscience tout à coup qu'il percevait le mur que Kryss érigeait entre eux comme un défi personnel, il se gifla violemment et maudit ses pensées baladeuses. Reprenant son sérieux, il indiqua un large sentier pavé de feuilles mortes et dit avec un air de connaisseur :
- Il faut prendre ce chemin. Dans cette direction, nous n'en avons plus que pour deux jours, tout au plus. Peut-être moins d'une journée si je pouvais me mouvoir à l'allure d'un cheval.
Puis, laissant la Rohirrime seule au milieu du chemin, il s'écarta pour chercher de quoi se sustenter. La bataille lui avait ouvert l'appétit. Il devait aussi remplir son carquois de nouvelles flèches. Il en profita donc pour poursuivre ses enseignements. Il sortit de ses poches du pollen d'Ent-femme, qui s'était accumulé là durant ses longs séjours dans la sombre forêt de Fangorn.
Une fois terminé ses partages de connaissances et sa recharge de flèches, il trouva et abattit un minuscule oisillon et le proposa à la jeune femme, qui entendait sûrement les cris de protestations de l'estomac du jeune homme sylvestre.
- Moi, j'ai déjà passé de nombreux jours de suite sans me nourrir, argumenta-t-il pour la faire accepter, Prenez. Les épreuves qui vous attendent demanderont une bonne forme physique.
Sur quoi il posa le petit corps sans vie dans la main de sa compagne d'armes et reprit sa recherche d'un repas digne de ce nom pour calmer la douleur qui ne quittait pas ses côtes. |
| | | | Kryss Ganaël
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| | Mar 12 Juil 2011 - 17:40 | | Kryss soupirait. L’elfe semblait s’attacher à elle, et elle n’aimais pas ça, mais alors pas du tout.
Elle l’écouta cependant une dernière fois, à propos de la végétation, mais le temps était venu pour elle de s’en aller. Elle savait qu’elle l’avait blessé par son air glacial et sa réserve, mais elle n’en avait cure.
S’attacher à elle revenait à s’accrocher désespérément à un iceberg qui fond inexorablement jusqu’à finir par se noyer dans les abysses.
Elle le suivit un moment docilement, jusqu’à la rupture.
- Bon écoutez, on a mangé un peu avant l’attaque, et après. On va pas passer la journée attablée ou sinon c’est sûr que la frontière, je ne la verrais pas avant une semaine ! Et je croyais que les elfes étaient végétariens, sinon la faune ne serait pas aussi abondante en ces terres.
Elle le fusilla du regard, consciente de l’abattre mentalement.
Elle poursuivit néanmoins, indifférente à ce qu’il pouvait ressentir, et sans vraiment avoir une pointe de gratitude. Après tout, ce n’était qu’un homme, et elle l’avait sauvé aussi, elle, en l’acceptant sur le dos de sa pouliche.
- Vous êtes certes de bonne compagnie mais j’ai des affaires qui m’attendent.
Elle lui remit l’oiseau dans les mains avec autorité, et monta sur son cheval sans une once d’hésitation. Elle n’avait que trop trainer.
La vengeance a beau être un plat qui se mange froid, elle n’avait quand même pas envie de perdre les dernières traces fraiches du passage de sa sœur et de son amant. Si elle continuait ainsi, elle les perdrait pour de bons, et elle n’aurait la force de les traquer pendant des années.
Chaque instant la faisait souffrir, lui poignardait le cœur, du moins ce qu’il en restait.
Elle jeta un regard au loin, par delà les broussailles en guise de chemin. Sa pouliche était remise, en la poussant un peu, elle serait hors de cette forêt à la tombée de la nuit, et prendrait la route pour Minas Tirith. Quelque chose l’attirait mystérieusement là bas.
Une intuition, pas vraiment féminine mais plutôt…féline. Elle tourna sa jument plusieurs fois sur place et regarda l’elfe qui semblait brisé, et fort triste de cette séparation. Enfin, elle n’en était pas sure. Mais qu’importe. Elle préfère la solitude.
- Nos routes se recroiseront peut être, elfe. Mais n’y comptez pas de trop.
Et sur ce, elle partit au galop, en le laissant planté là, au milieu de la forêt.
Elle poussa un cri sauvage, aux sonorités barbares. Ivresse, liberté…vagabonde. [HRP : désolée de finir ce topic si promptement n_n'] |
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