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Burfëa
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Burfëa

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Burfëa - Vers le vrai argent... EmptyDim 29 Avr 2012 - 21:00
(Note: Tout ce RP se déroule en tant que Flashback
Mon ordi ayant lâché il y a peu, hier en fait, je n'ai qu'un accès réduit à internet. De ce fait, ce topic avancera relativement vite...Veuillez m'en excuser!)

Burfëa avançait depuis plusieurs jours déjà. Un passage dans une taverne, et il avait pu refaire son stock de provision. Les denrées se faisaient rares. Aussi avait-il dû, pour à peine de quoi subsister pendant un mois, débourser environ cent pièces de sa bourse. C'eut été bien pire, s'il n'avait pas usé d'un rien de magie pour se rendre sympathique à l'aubergiste, et faire baisser ainsi le prix réclamé de moitié. Les temps étaient durs, c'était indéniable. Les forces autour de lui s'agitaient de manière étrange. Après avoir refait son stock, l'elfe s'en fut. Partant de la région est de Pelargir, il passa un temps non-négligeable à cheval. Un voyage qui était long, mais qui était nécessaire. Autour de lui, il sentait que les vents murmuraient étrangement. Et les arbres des forêts où il passait étaient refermés sur eux-mêmes, plus silencieux que les humains dans leur tombe. Tout ce silence, dans les forêts et les plaines n'inspiraient rien de bon. Les rivières mêmes avaient arrêté leurs gazouillements d'oiseaux, et leurs paroles à présent n'était plus perceptibles aux oreilles de l'elfe. Mais ce n'étaient pas les ténèbres de son être qui effrayaient ainsi la nature. Quelque chose de pire, de plus puissant et d'impitoyable s'élevait. Une force du monde telle que rares pourraient jamais en invoquer.

Après une longue chevauchée, Burfëa descendit de son fidèle destrier. Caressant un instant sa robe de jais, il fixa ensuite son compagnon de route dans les yeux, puis lui chuchota quelques mots. L'animal recula, fit un pas de côté, avant de ne s'en aller. Il était bien mieux pour cette magnifique bête qu'il allât là où la nourriture ne manquerait pas; le Rohan n'était-il pas l'endroit rêvé?

- Heureusement que je ne suis pas un mortel, songea l'elfe. Comment lui aurais-je sinon demander de s'en aller? Il n'aurait pas saisi, serait resté...Pour sa propre perte. Il leva les yeux au nord. À quelques centaines de mètres se dressaient au-dessus de lui une immense ombre, de grandes griffes d'argent qui déchiraient le ciel, entourées d'une plaie nuageuse; c'étaient les montagnes blanches, aveuglantes, belles mais mortelles.
Ramenant sa capuche sur son visage, Burfëa entama sa montée.


- Par Mandos...Les vraies difficultés commencent ici, murmura-t-il. Il commençait à neiger. Et à gros flocons. La mission que Swan lui avait donné ne serait vraisemblablement pas de tout repos.

***

La température avait chuté de plusieurs degrés en si peu de temps que c'en était presque effrayant. Le chemin était devenu au fur et à mesure de plus en plus étroit, guère plus large de cinq mètres, de sorte qu'à présent, Burfëa avait d'un côté le versant de la montagne, et  de l'autre le vide. Des rochers sortaient de cet abîme, comme des dents. La nature était muette autour de l'elfe. La neige tombait inlassablement depuis un ciel torturé, bouffi de nuages gris et enflés. Les flocons eux-mêmes étaient aussi gros que des pois, et flottaient indolemment dans l'air. Le sol était recouvert de plus de trente centimètres de neige, et les - rares - arbres présents ployaient sous le poids de la vomissure blanche qui chutait sans cesse des cieux. Était-ce cet évènement qui était prédit par un silence de mort? C'était cet étau glacial que la nature avait prédit, en se refermant dans un cocon de silence? Sous son épais manteau noir, Burfëa ne ressentait guère trop le froid; fort heureusement était-il né Noldor! Son souffle régulier projetait devant lui un petit nuage de vapeur, et l'épaisse couche de neige ralentissait sa progression. Certes, il ne laissait pas beaucoup de traces. En fait, il aurait fallu être un chasseur extrêmement doué, pour parvenir à détecter le léger frôlement laissé sur l'amas de blancheur par son manteau. Mais ces traces lui semblaient, à lui, comme des panneaux, évidentes, visibles aisément. Mais qui donc aurait voulu ainsi le tracer? Un humain? Pour quelles raisons donc? Sa ressemblance à l'un de leur roi corrompu, à l'un des esprits de l'Anneau? Non, on ne suivait pas un voyageur uniquement parce qu'il portait un ample manteau noir, c'était ridicule.
Pourtant, il le savait...Quelqu'un ou quelque chose le suivait. L'ouïe perçante de Burfëa lui indiqua un craquement. Non, plusieurs craquements. Des pas dans la neige, qui se rapprochaient. Cinq...Et c'étaient


- Des wargs...J'aurais dû m'en douter.


Comme pour confirmer ces mots, cinq énormes loups au pelage nacré apparurent. Deux devant lui, deux derrières, et le dernier à sa gauche, en amont. Ainsi donc, il était bloqué. C'était soit les loups, soit le vide. Le grognement des prédateurs affamés s'était fait à l'unisson, alors qu'ils retroussaient leur babines, révélant des dents jaunies mais impressionnantes. Quelle hostilité! Ils voyaient Burfëa comme une proie, avant tout. Mais leur propos était nuancé; il avait marché sur leur territoire de chasse, et ce viol ne resterait pas impuni. Le warg à la gauche de l'elfe - le plus gros, sans doute le dominant, dont le pelage était taché par endroit de gris - poussa un aboiement insultant. Elfe ou non, il serait dévoré. Mais le prédateur avait déjà forcé sa chance. "Grandes oreilles", comme l'appelaient dans leur langage les wargs, surveillait attentivement les alentours. Le hurlement du chef de meute avait fragilisé le manteau de neige inférieur. Un autre aboiement, et c'était toute la couche au-dessus qui se détachait. Mais le loup n'en avait cure, ni même connaissance, dans son ignorance, aveuglé par son instant de prédation. L'elfe sourit. Il n'aurait pas même à faire usage de ses dons.
Le gros warg poussa un long grognement, où il continuait à insulter notre héros sans ménagement, puis un autre aboiement, lançant l'attaque. Alors, Burfëa réagit. Comme le vent, il s'en fut, et sauta dans le vide. Sa chute ne fut pas longue, car ses mains agrippèrent un rocher à peine un mètre plus bas. Mais un grondement s'éleva de la montagne. Et comme il l'avait si bien prédit, l'avalanche se déclara. Les cinq loups - sans doute inexpérimentés, trop jeunes encore, furent pris par surprise, emportés par le courant de neige, précipités à leur perte. La grande vague se fendit sur le rocher, épargnant par chance le sorcier. Se remettant sur pied avec difficulté - car se tenir à une pierre au-dessus du vide requiert un effort certain, mais en remonter est plus difficile encore, il jeta un œil vers le gouffre sous ses pieds. Fermant les yeux, il adressa une prière à ces cinq loups. Ils n'avaient fait que chasser après tout. Tenter de subsister dans un univers mortel. Car ces montagnes blanches, Burfëa le comprenait à présent, étaient tout aussi redoutables que n'importe quel champ de bataille; la moindre erreur conduisait à une mort certaine. Mais à l'exception qu'ici, la Faucheuse guettait perpétuellement, à l'inverse d'une bataille, où lorsqu'elle était terminée, les blessés pouvaient souffler. La nuit se passa assez aisément, de manière surprenante. Creuser un abri ne se révéla pas plus complexe que l'on aurait pu se l'imaginer...Aidé d'un brin de magie elfique, les choses étaient bien plus aisées. Car si l'elfe n'avait pas la moindre maîtrise sur les arts obscures, à l'exception de la manipulation, il avait largement eut le temps de perfectionner son art "bénéfique" avant. Et la neige s'usait à son contact, fondant puis s'évaporant, sans avoir été exposée à la moindre chaleur. La malédiction de Burfëa qui lui causait tant de souffrances. Toutes ses pensées se réunirent en un flot. Il devait poursuivre sa route. Trouver l'ermite Ulf. Il résidait quelque part. En se guidant par ses arts sombres, en recherchant son âme mortelle, sa recherche en serait simplifiées. Aussi sortit-il de sous son manteau un épais livre de cuir noir, où était gravé un Œil. L’œil de Sauron. Le froid parut s'intensifier, alors que le personnage ouvrait le grand grimoire. Passant la première partie, dédiée uniquement à la langue du Noir parler, il se consacra enfin à ce qui l'intéressait; l'âme. Ce passage, il ne l'avait lu que peu, d'avantage intéressé dans l'esprit. Voici un bref résumé de ses principes, bien que la traduction soit grossière;

"Le corps, la pensée et l'âme forment une unité parfaite. Ces trois notions ne peuvent être considérées individuellement, mais doivent pourtant être vues séparément lorsqu'il s'agit de les atteindre. Là où le corps et la pensée se complètent, l'âme est le ciment qui lie toute une personne, et la rend entière.
Voir l'âme n'est pas possible, du moins pas directement; la ressentir est le premier pas. La comprendre le second. Enfin, lire en une âme comme vous lisez ces lignes est la dernière étape. Cette énergie vitale qui circule dans chaque être est l'âme. Ressentir le sang qui bat dans les veines de votre cible, ressentir ensuite chaque petit choc électrique dans son cerveau, puis enfin toutes les transformations de sa personne vous permettront de ressentir une âme. Mais les créations sont toutes infusées d'une énergie que l'on qualifierait de magie. Certains, comme les elfes, y ont accès. D'autres, les hommes, ne peuvent que rarement en faire usage, et pas totalement. La magie attire la sorcellerie, comme la lumière attire l'ombre. Créez un peu d'ombres "volatiles". Suivez leur direction. Les pages suivantes vous apprendront à créer de telles entités. Notez que votre cible ne restera pas toujours de marbre; peurs inexpliquées, cauchemars, rêves prémonitoires pour ceux possédant un grand potentiel magique sont tout autant d'exemples de ce qui peut se produire."

Burfëa poursuivit sa lecture. Ce sort ne serait pas si complexe que cela à maîtriser...Mais pouvait-il apprendre correctement, dans ces conditions climatiques?


#Burfëa
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Burfëa - Vers le vrai argent... EmptyLun 30 Avr 2012 - 13:21
Un elfe ne se repose pas comme un mortel, et le sommeil est une notion abstraite pour lui, qui ne fait que rester plus immobile qu'à l'accoutumée. Les connaissances assimilées durant cette "stase", étrangement, étaient ensuite bien plus aisées à réaliser. Les humains avaient assimilé ce mythe dans leurs mœurs par ailleurs, certains répétant que lorsqu'ils apprenaient en dormant, ils retenaient mieux. Il avait continué à lire les autres pages, les unes après les autres, puis à se répéter leurs principes dans sa tête durant toute la nuit. Lorsque la lumière solaire pointa - ce qu'il sentait car le vent adoptait immédiatement un parler différent -, l'elfe se remit sur ses pieds. La neige ne l'avait plus touché, dans sa cachette. Mais au-dehors, la tempête se poursuivait. Et la venue des loups blancs, même s'ils étaient encore jeunes, lors de l'après-midi d'hier confirmait ce qu'il craignait. Un hiver approchait de leur monde. Un hiver qui engloutirait le printemps, l'été, l'automne. Un hiver permanent. Il effleura sous son manteau sa lame ensorcelée. En temps normal, il aurait dû la garder hors d'attente de la lumière solaire, où elle aurait fondue, son maléfice brisé par le contact avec la lumière. Mais dans ces montagnes, le soleil ne poindrait pas. Un crépuscule sans fin, voilà ce que créaient les nuages au-dessus de lui. Ainsi, non seulement son arme serait en sûreté, dans ces ténèbres protectrices...Mais en plus, il pourrait user plus facilement du maléfice assimilé un peu plus tôt.
Car les ombres étaient partout. Et en manipuler une serait bien plus aisé qu'en créer. D'autant que la maintenir avec très peu de luminosité réclamerait moins d'effort. Mais quelle ombre prendre? Dans quelle projection pouvait-il espérer infuser une essence magique suffisante pour la rendre mouvante? Il fallait quelque chose...Quelque chose qui ne soit pas trop grand. Sûrement pas l'ombre que projetait la montagne blanche.
Il observa, avant de tomber sur...Son ombre. Pourquoi pas, après tout?...N'était-ce pas parfait, que de manipuler sa propre ombre comme un indicateur plus fiable qu'aucun autre. Cela semblait la meilleure alternative, de toute manière.

Burfëa ouvrit donc son grand livre, pour se remettre en mémoire chaque étape. En premier lieu, il fallait sacrifier un peu d'énergie magique, qui irait se placer dans l'ombre. Lorsque l'énergie serait épuisée, l'ombre retournerait immédiatement là où elle devait. Sans plus. Il était possible de multiplier le nombre d'ombres contrôlées, de diviser une ombre, de la faire changer de forme, d'épaisseur...Tout ceci au prix d'énergie, bien sûr. Une ombre pouvait même "dévorer" d'autres ombres pour gagner en contenance. En effet, exposée à une lumière extrême comme la Soleil de midi, les ténèbres disparaitraient, et le maléfice cesserait. Finalement, cet hiver jouait en sa faveur. Pour cette fois, du moins. Il réfléchit. Les Montagnes blanches étaient vastes. Ce sort se devait de durer suffisamment pour qu'il puisse localiser sa cible. Il pouvait donner une instruction à une ombre. Après tout, ce n'étaient que des ténèbres à l'état le plus pur. Son ombre avait donc en un sens plus de connaissances que lui...Et pourrait donc identifier l'ermite comme il se devait. Mais elle ne pourrait évidemment pas entendre. Joignant ses mains - ce geste lui permettait de mieux concentrer sa magie noire, qu'il ne maitrisait pas encore, il posa ensuite sa main droite sur son ombre, au sol, puis se concentra à son tour. Le noir parler était aisé à parler pour un elfe, car il ne relevait après tout que d'une ancienne variante de son langage. Ses confrères se seraient bouchés les oreilles, horrifiés par ces mots. Dans leur ignorance, ils auraient choisi d'être sourds plutôt que d'entendre les marques anciennes, les bases mêmes de leur propre langue.
Mais il n'y avait personne pour l'entendre. Et même le vent ne portait le noir parler, trop occupé dans une longue conversation avec le froid qu'il convoyait.

De la paume et des doigts de l'elfe, une énergie magique s'évasait, absorbée peu à peu par l'ombre, transformée tout d'abord par les premiers couplets prononcés par le sorcier en une sorte "d'éponge" à magie. Alors que le chant se poursuivait, lent, cérémonieux, la forme découpée du manteau noir se mit peu à peu à bouger. Burfëa ôta sa main du sol, et se tut, contemplant un phénomène d'une rare étrangeté; sa propre ombre ne copiait plus le moins du monde ses mouvements, et semblait se tirer sur le sol, lentement, centimètre par centimètre, s'étirant de toute sa longueur, jusqu'à ce que...Elle se détache de ses pieds, de lui. Après quoi elle reprit l'apparence du manteau, mais de profil étrangement. Comme une ombre chinoise, puis se mit à attendre les instructions.


- Localise Ulf. Il vit quelque part dans ces montagnes. Va, passe par les voies souterraines si cela t'es nécessaire. Fais aussi vite que possible... Après tout, aucun obstacle ne te seras un problème, j'imagine?


Un instant, Burfëa eut l'impression que l'ombre souriait; mais c'était impossible, sans bouche. Enfin, la forme s'élança, sortant sur la grise neige de l'obscurité, formant une tache noire qui se déplaçait à toute vitesse. Qui donc la remarquerait? Les gobelins? Non, ils ne prêteraient pas attention à une simple ombre. Les nains? Pas le moins du monde. Aucune personne ici ne redoutait plus les ténèbres. Mais pourquoi Sauron n'avait-il pas fait usage de ce sort, pour localiser ses proies lors de son règne? Peut être la vigilance des elfes était-elle trop grande à cette époque?
Sans plus y prêter attention, l'elfe reprit sa longue lecture. Il lui faudrait du temps, avant de réunir à nouveau toutes les pages de ce livre. Mais lorsqu'il les auraient toutes, alors son calvaire prendrait peut être fin. Sous son corps, le sol s'effritait lentement, tournant peu à peu à la poussière...
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Burfëa - Vers le vrai argent... EmptyLun 30 Avr 2012 - 20:44
Le temps passa. Burfëa prit son déjeuner sans se presser. Le froid ne l'atteignait pas, tout elfe qu'il était, non plus que les maux qui pouvaient y être lié. Néanmoins, son manteau était un précieux allié, quoi qu'il arrive. La température n'avait probablement pas achevé de baisser, et il devait être pourtant aux alentours de midi. Les choses allaient empirer, c'était sûr. Levé - alerte aurait été plus correct en fait depuis l'aube, il avait eut le temps de repérer les lieux, et d'établir la suite de son itinéraire. Il rangeait son pain de voyage lorsque son ombre reparut. Elle n'avait rien perdu de sa consistance, ce qui était en soi plutôt une bonne nouvelle; le sort était une réussite! La forme noire s'agita un instant devant le pas de la grotte, avant de ne repartir. Rangeant ses quelques affaires - consistant en son livre et ses provisions - sous son manteau, le sorcier se remit rapidement sur pied et s'élança d'un pas vif à la suite de son maléfice. La neige ne cessait de tomber. C'était réellement impressionnant, qu'une telle quantité puisse être produite sans interruption. Il devait y avoir un bon mètre de neige à présent. Mais le Noldor avait le pas léger et savait faire preuve d'une habileté impressionnante, passant sur toute la couche sans s'y enfoncer. Après plusieurs heures de marches, il parvint à un premier sommet. Le vent y soufflait terriblement fort. Doté d'un équilibre suffisamment bon, Burfëa put poursuivre sa route. Mais sa vue était brouillée, par le fort mistral qui fouettait son visage à coup de bourrasques enneigées. Son manteau représentait d'une part une protection importante face à cet amas blanc, mais aussi offrait une plus grande prise aux souffles de l'hiver. Si l'on avait observé à ce moment ce versant-ci, on aurait pu apercevoir une petite tache noire au milieu de l'immensité blanche et grise. Et devant elle se déplaçait une autre tache, sur la neige, une sorte de projection, qui avançait par à coups, comme un jeune chien excité.

À quelle distance pouvait donc se trouver Ulf, voilà qui était la préoccupation principale du Noldor noir. Ses ténèbres personnifiées se mouvaient à quelques dix pas au devant. Grâce à sa vue perçante, il parvenait à suivre, mais la neige ne lui rendait pas la tâche aisée; en plus de devoir surveiller sa création pour ne pas la perdre, il devait en plus regarder où il mettait ses pieds. C'était finalement un exercice assez amusant, pour s'entrainer l'esprit à faire plusieurs choses simultanément. D'une même volée, il se prit à réfléchir sur quelque chose qu'il n'aurait jamais fait dans une autre situation; intégrer à sa lame ensorcelée une pierre précieuse. La lumière morte que renvoyait l'épée serait parfaitement contrastée avec un rubis, s'il en faisait incruster dans le manche. Il pourrait réclamer à un forgeron de reforger l'épée entière même, car les énergies qui parcouraient le métal ne craignaient pas les flammes de la Forge, uniquement les rayons d'or de la Soleil. Mais il devrait aussi apprendre à la manier. Car un expert armé d'un caillou peut vaincre un novice armé d'une épée. Si cette arme était redoutable entre de bonnes mains, elle ne le serait probablement pas entre les siennes.
Ses pensées se stoppèrent lorsque son ombre le mena vers une petite bâtisse de pierres rougies. La projection elle-même n'attendit rien, et pénétra sous le pas de la porte, entrant immédiatement dans la maison. Il faudrait la rendre un peu plus docile à l'avenir. Bien contrôlée, cette ombre pourrait être une alliée excellente. Peu après que la fiction de l'elfe soit entrée, la porte de chêne de l'entrée s'ouvrit vers l'intérieur. Une chaude lumière en jaillit, alors qu'un homme de forte carrure en sortait. Il avait de larges épaules, de grosses mains, et était trapu, bien que d'une taille honorable. Habillé chaudement, mais à la manière d'un paysan, il tenait entre ses mains une sorte d'épée. Malgré la colère qui émanait de lui, son visage était légèrement pâle, sous l'effet de la peur. Sous l'effet du maléfice. Il regarda aux alentours, avant de ne repérer Burfëa, qui n'était pourtant qu'à quelques pas de lui - sans doute discret malgré ce qu'il croyait.
En voyant ainsi la grande forme noire, au milieu de la tempête de neige, l'humain blêmit. L'elfe avança d'un pas lent, vide de toute menace.


- M'invitez vous à entrer...?


***

Les deux étaient à présent assis autour d'une petite table rectangulaire taillée dans du saule sans doute, dotée de pieds en métal qui la maintenait par son centre. L'intérieur était décoré de manière très sobre. Des chandelles réparties çà et là qui projetaient une lueur vacillante. D'épais rideaux barrant les fenêtres, mais aussi la porte. Pour l'isolation, c'était certain. Le chauffage était assuré par une grande cheminée ouverte qui constituait également la principale source de lumière, où brûlaient en ce moment quatre bûches. Une découpe dans le mur donnait sur une petite réserve, où étaient amoncelés plus d'un millier de bûches. Sage décision, face au terrible hiver qui arrivait. Passé sa frayeur, Ulf observait Burfëa d'un regard empli de soupçons. L'elfe avait toujours sa capuche ramenée sur le visage, rejeté légèrement en arrière dans son fauteuil, de telle sorte qu'on ne voyait que sa maxillaire inférieure, éclairée d'un faible filet de lumière orangée. Mais ses yeux brillaient dans l'obscurité, et leur iris rouge tranchait avec l'obscurité alentour, donnant je ne sais quoi de surnaturel à cet elfe.
L'ermite portait une barbe courte mais fournie, d'un brun virant au gris par endroit. Son visage était ridé par les années d'expérience.


- Alors...Voyageur...Qu'est-ce qui vous amène dans ces contrées glaciales...?

Le ton était sans équivoque. Implicitement, Ulf réclamait la raison pour laquelle l'elfe était venu à sa porte, lui et son maléfice. Il était inutile de mentir, à présent; et Swan l'avait prévenu, le vieil homme ne se laisserait pas manipuler
.

- Le monde extérieur est en pleine mutation...Ulf. Vous le constatez, ceci passe d'abord par les saisons, la température générale...Nous vivons en ce moment une révolution. L'hiver atteint son avènement. De nouveaux ordres également. Et des créatures du passé, longtemps disparues dans l'abîme de l'Oubli. Je ne puis passer beaucoup de temps ici. Pas si je veux laisser votre charmante demeure intacte.

À ces mots, Ulf se leva d'un bond, menaçant

- Je vous demande pardon?!


Burfëa rit de manière frivole, comme seul un elfe saurait le faire.


- Non, je ne détruirais rien chez vous, même si vous me le demandiez. J'accepte néanmoins vos excuses, vous vous êtes mépris. Mais comprenez, Ulf...Sur mon sort pèse un poids. Des forces qui vous dépassent rongent lentement mon essence...Et tout ce qui m'entoure. En réalité, si je venais à rester ici une heure de plus, je crains qu'il ne reste que vos murs, tout le reste emporté par le Temps. Et pourtant, de temps je manque.
Mais je peux transporter dans les Caves d'or ce qui ne peut être terni par le temps...En échange d'une protection, pendant la tempête qui s'annonce. Je pense que vous savez de quoi je parle, Ulf..
.

Ce fut au tour de Ulf de rire. Contrefaisant le parler de l'elfe - dont il ignorait la nature, il parla:

- Non, vous n'aurez rien du tout, même si vous me le demandiez. J'accepte néanmoins votre histoire. Mais comprenez, voyageur. Je suis depuis longtemps coupé du monde. Et vos nouvelles de changement ne me concernent nullement. Vous pensez m'effrayer par vos ombres? Un enfant de Pelargir saurait en faire de même!

À ces mots, l'elfe resta de marbre


- Pelargir...Vous ignorez dans ce cas quel a été le destin de cette cité, Ulf?...Le port de Pelargir est tombé il y a peu...

L'ermite perdit de sa contenance. La surprise imprégna son visage, face à cette nouvelle qu'il n'attendait pas. Les yeux de Burfëa semblaient à présent être deux flammes, alors qu'il poursuivait son récit

- Tombé...Emporté par un simple détachement d'un ordre bien plus important...J'étais là, Ulf. Je marchais dans le palais du gouverneur. La garde de la cité n'a sut me stopper. Pensez vous que, si je le désirai, je ne pourrais pas briser votre esprit avec autant d'aisance que vous avez préparé ce thé - fort bon d'ailleurs?

- Vous mentez, répondit Ulf

- Vous remettez donc en doute mes paroles? Vous doutez de ma bonne foi? Ceci...N'est guère sage. Voici qui devrait toutefois achever de vous convaincre...De la véracité de mon propos.

Alors il sortit de sous son manteau le livre récupéré dans les ruines de la Tour Noire, de la capitale de Sauron. Ce livre, ce savoir maléfique, cette énergie maudite qui s'en échappait suffit à faire vaciller la lumière des bougies, qui s'éteignirent d'un même coup. L'ombre derrière Burfëa semblait s'être agrandie, et c'était le cas; pour le rendre plus inquiétant encore. Ses yeux luisaient dans cette semi-obscurité. L’œil rouge, éclairé par les braises, était terrible à contempler. Et ce n'était qu'un emblème du passé pourtant.


- Rasseyez vous, Ulf, continua l'elfe d'un ton toujours aussi cordial et calme, et considérez mon offre. Vous y seriez gagnant, vous ne croyez pas?

Mais l'ermite resta debout, comme figé. Ses poings étaient resserrés, tremblants de colère.

- Sortez immédiatement de chez moi, dit il.

Burfëa se leva, rejetant en arrière son manteau. Il sorti alors sa lame, pointant immédiatement l'ermite au niveau de la gorge. Le seul éclat de la lame suffit à amplifier le froid dans la pièce, et l'âtre sembla encore s'affaiblir.

- Je vous ai cordialement laissé le choix. Maintenant, permettez moi de vous le dire. J'obtiendrai ce bracelet, Ulf. De gré, ou de force. Ne me forcez pas à vous tuer...


La surprise passa dans les deux yeux de Ulf, mais fut rapidement remplacée par la colère. L'elfe n'avait pas envie de tuer ce personnage, qu'il trouvait sympathique malgré son apparente antipathie. Mais s'il le devait, il n'hésiterait pas.

- Vous ignorez où se trouve le bracelet. Sans moi, vous n'avez aucun moyen de le savoir.

- Oh, vraiment?...Et que faites vous de cette ombre que j'ai à mes pieds? Je peux en produire bien d'autres...Et ne pensez vous pas qu'en une journée, tout le secteur aura été passé au peigne fin, mieux que vous ne pourriez le faire vous-même? Ne sous-estimez pas mes pouvoirs...Vous avez devant vous une lame de l'Ancien Temps. Une lame de Morgul, comme on l'appelait dans l'Ouest. Une blessure adéquate aurait raison de vous en une journée...Vous ne seriez plus qu'un esprit torturé, réduit à ma volonté...Et alors, je n'aurais aucun mal à vous arracher la localisation de votre bracelet...

À l'évocation de "Morgul", Ulf avait hésité plus encore. En réalité, l'elfe avait exagéré. Une lame de Morgul créée par le Capitaine Noir, seigneur des Esprits de l'Anneau aurait tué en une journée. Mais la sienne, premier essai réussit par chance, ne tuerait pas avant une semaine tout au moins. C'était du bluff. Mais comment l'humain aurait-il pu le savoir?


- Êtes-vous...Un démon?

Le silence volontaire de son interlocuteur permit à l'ermite de confirmer son hypothèse. Il ne parlait pas à une personne ordinaire. Une goutte de sueur perla à son front

- Dans ma chambre...Placard de gauche, au troisième tiroir, il y a un compartiment secret...C'est là que vous le trouverez.

L'ombre derrière l'elfe de ténèbres grossit, avant de ne se détacher, flottant sur le mur rapidement, avant de ne disparaitre vers la pièce. Quelques secondes, et elle reparaissait. Avec son je ne sais quoi de souriant. Burfëa garda un visage neutre, bien que Ulf ne put voir que son menton.

- Merci, Ulf...Notre marché sera respecté autant que possible...

Il abaissa sa lame. Passant à côté de l'ermite, l'air de rien. D'un mouvement brusque, il le frappa soudain du manche de l'épée à la nuque, l'envoyant par-terre, inconscient.

- Mais je ne veux pas de témoin, conclut-il.

Par une courte réflexion, le sorcier sut immédiatement qu'il ne pouvait laisser ainsi Ulf avec un tel lot de connaissances. Il ne pouvait espérer lui effacer la mémoire. Altérer ainsi l'esprit était pour l'heure hors de sa portée. Mais...Peut être pouvait-il lui donner suffisamment de cauchemars pour noyer la réalité? Les rêves étaient un outil puissant, lorsque utilisés sagement. Et ainsi, il éviterait ensuite d'avoir à parler de ce "marché" à Swan, qui enverrait tout simplement ses hommes de main liquider Ulf, et probablement de la manière la plus sauvage possible. Jetant un oeil à son ombre, le magicien dépensa encore de son énergie. L'ombre, grossie dans les ténèbres ambiantes, se divisa alors en plusieurs ombres plus petites. Suivant les pensées de l'elfe, elles descendirent le long du mur, parcoururent le sol...Jusqu'à monter sur le corps de Ulf, et pénétrer dans son crâne par son nez, sa bouche, ses oreilles. À présent, une explication sur ces cauchemars, et toute l'histoire serait réglée. Fouillant les réserves de nourriture du vieil homme, l'elfe y dégota des champignons. Certains étaient réservés à la consommation, mais d'autres étaient exposés là, simplement pour...Pour quoi en fait? Peu importait. Il y en avait des hallucinogènes dans le lot, et c'était suffisant. En plaçant un peu dans le thé de l'homme, puis lavant et rangeant sa propre tasse pour effacer toute trace de sa présence, Burfëa entra enfin dans la chambre de l'ermite. Décorée aussi sobrement que le salon.
Ouvrant les tiroirs avec précaution pour déplacer le moins de choses possibles, il pressa le fond du tiroir indiqué. Ce dernier se déroba sous ses doigts, alors que les yeux elfiques du personnage captaient un éclat. Ses doigts fouillèrent, jusqu'à agripper un petit bracelet. Sans prendre le temps de le détailler - il reconnaissait d'office au toucher que ce n'était pas du métal, mais quelque chose de bien plus noble, qui ne s'effritait pas de manière indubitable à son contact. Il avait le bracelet de mithril. Ce dernier disparu sous son manteau.

L'être encapuchonné ressortit enfin de la maison de l'ermite, refermant derrière lui la porte. Avec les cauchemars qu'il allait faire pendant plusieurs jours, il ne croirait peut être même plus qu'il possédait un bracelet auparavant. La tempête de neige s'était même intensifiée, avec le temps. Sa lame de Morgul de nouveau rangée précieusement, et plus encore l'était le petit bracelet de vrai argent. Les pas de l'elfe, si discrets, allaient à présent vers le sud. Il était temps de quitter ces montagnes mortelles.
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