Adieux déchirants pour une nouvelle aventure

Cela faisait déjà plusieurs heures que les quatre jeunes femmes chevauchaient dans la neige. Le soleil brillaient haut dans le ciel à présent, réchauffant un peu les corps et les coeurs malgré le chagrin et la terreur des évènements de la veille. Eliah était toujours en tête, perdue dans ses pensées. Elle était comme absente, comme si le froid qui avait envahit son corps n'arrivait pas à le quitter. Comme s'il s'était encré au plus profond d'elle. De temps en temps, des larmes montaient à ses yeux mais elle se ressaisissait. A vrai dire, la jeune femme était complètement perdue. Elle était partagée entre un profond soulagement et un profonde détresse. Les évènements auxquels elle avait assistés l'avaient profondément émus et touchés. Pas totalement de manière positive. La seule chose qui lui restait pour se raccrocher aux bons côtés de cette aventure dans laquelle elle s'était lancée était la présence des trois jeunes femmes qui chevauchaient à ses côtés.

Eliah ne se retourna pas, ne voulant pas donner de raisons aux autres de s’inquiéter et de peur de ne voir des regards pleins de tristesses. Elle ne pouvait pas le supporter. Pourtant il allait bien falloir s'arrêter pour déjeuner et leur expliquer. Leur parler ... Ses long cheveux bruns flottaient dans son dos, reflet d'une liberté recherchée mais aussi d'une innocence perdue. Eliah se disait au plus profond de son coeur qu'elle aurait mieux fait de rentrer chez elle. Mais cette solution était contre son désir de connaître le monde. Là-bas elle serait protégée, mais ce ne serait que faire l'autruche. Mettre sa tête dans un trou et croire qu'on est protégé n'était pas du genre de la jeune femme, pas de son tempérament. Elle voulait comprendre. Et pour cela, elle ne pouvait que faire confiance à une seule personne. Oemir.
Pour cela il allait falloir qu'elle se rende à Aldburg. Elle savait que son frère était dans ces environs en ce moment et elle devait le trouver. Même si cela serait difficile.

Bientôt, Maveli ralentit un peu la cadence, signe de fatigue chez sa monture. Il était temps de prendre une décision. Eliah tira doucement pour que son cheval s'arrête et mit pied à terre. Elle l'attira à l'ombre d'une petite bute et installa tout le nécessaire pour déjeuner. A la vue des autres, elle fit un beau sourire, essayant d'être forte pour elles toutes. C'est exactement ce que les autres devaient faire aussi. Peut-être que Dùnda était celle qui avait le plus de mal mais elle semblait si forte ! Eliah admirait la jeune femme qui venait de perdre énormément de choses et qui pourtant tenait encore debout. Elle se demandait si elle serait capable de faire la même chose dans ces conditions. Son coeur se serra un peu plus. Elle aurait du être la pour elle et elle prenait la fuite lâchement ...
Le repas fut assez rapide et elle ne mangea rien ou presque. Son regard vide allait de droite à gauche et parfois elle jetait un rapide coup d'oeil à ses compagnes de fortune. Jusqu'à ce qu'elle croise le regard de Nerwa et la elle craqua.

La brunette éclata en sanglot. Le moment était venu, elle leur devait au moins d'être sincère avec elles. Mais les au revoir seraient douloureux, très douloureux même si elle ne les connaissait que depuis quelques jours seulement, elle s'était beaucoup attachée. C'étaient des femmes en or et si elle ne se sentait pas aussi perdue, elle resterait certainement avec elles. La demoiselle essaya de se calmer et reprit ses esprits. Mais par où devait-elle commencer ?
Elle sécha ses larmes et leva la tête vers Dùnda et Ivy avant de faire un sourire timide à Nerwa. Ses amies ne pouvaient pas comprendre, pourtant elle voyait dans leur regard une sorte de compréhension, de résignation.

“Je vais devoir vous quitter. J'aurai aimé rester à vos côtés croyez-moi, mais j'ai des choses à régler et je vais devoir me rendre à Aldburg pour un temps. J'espère que l'on se retrouvera à Edoras très bientôt ! Je ne vous oublierez pas, vous avez été de merveilleuses rencontres ! Je vous en prie, ne m'en voulez pas ...”

Eliah passa un temps fou à dire au revoir, à s'excuser et à verser des larmes. Elle s'excusa tout particulièrement auprès de Dunda et lui souhaita beaucoup de bonheur et de se remettre. Elle fit promettre à Ivy et Nerwa de bien prendre soin d'elle. Le temps passa et Eliah du partir si elle voulait trouver un endroit où dormir cette nuit. Elle prit donc Maveli et partit sans se retourner. Car si elle regardait en arrière, elle ne pourrait plus faire un pas de plus et ferait demi-tour. Elle chevaucha des heures entières sans penser à quoi que ce soit. La jeune femme était vidée et épuisée. Le manque de sommeil et la contrariété se faisaient sentir et elle n'était pas infaillible. Quand elle arriva à Aldburg, il faisait déjà nuit et rare étaient les maisons encore éclairées. Elle avait eu un peu de mal à trouver la direction exacte de la ville. Elle se retrouva alors dehors, par un froid terrible, enveloppée seulement dans un manteau et une couverture. Elle ne connaissait pas la ville et ne savait pas où se rendre pour trouver un toit ou s'abriter.

Comme dormir dans les rues ne lui plaisait pas, elle osa aller frapper aux maisons mais rare fut les portes qui s'ouvrirent. Visiblement, les gens n'étaient pas prompt à l'hospitalité ici, ils n'avaient pas l'air d'avoir envie d'accueillir une étrangère chez eux, malgré le froid. Son coeur se serra quand elle pensa que Dunda les avait accueillit à bras ouverts la veille. Que se serait-il passé si elle n'avait pas accepté ? Peut-être que le malheur ne l'aurait pas frappé. Après tout, à chaque fois qu'elle arrivait dans un lieu, il arrivait des choses horribles. Elle n'avait pas oublié la mort de la barde et son coeur était tiraillé à présent par ce qui s'était produit chez Dunda. Le coeur gros et une fatigue terrible dans le corps, la jeune femme se rapprocha d'une grande maison ou quelques lumières étaient encore allumées. Elle n'eut pas le temps de frapper que ses jambes se dérobèrent sous son poids et qu'elle tomba à genoux devant la porte de la maison. De sa petite main, elle eut encore le courage de frapper à la porte en priant pour que celle-ci s'ouvre.

Elle ne se sentait pas capable de se relever et si elle devait passer la nuit ici, elle le ferait. Maveli qui était restée en retrait vint se positionner à côté de sa nouvelle maîtresse afin de la réchauffer un peu. Eliah commença à perdre espoir quand tout d'un coup elle entendit du mouvement. Cela venait-il de l'intérieur de la maison ?
La jeune femme tenta de se relever, mais en vain. Tant pis, tant qu'elle pouvait encore parler, ce serait parfait. Son coeur se mit à battre pendant que l'espoir lui réchauffait un peu le corps. C'était sa dernière chance de passer une nuit au chaud. Elle espérait aussi qu'il y ait une petite place pour sa jument qui devait elle aussi être fatiguée par ce long voyage et le froid infernal qu'il faisait. Encore une fois, elle frappa à la porte.

“Pitié !” dit-elle d'une petite voix.

La neige s'était mise à tomber de nouveau et le froid se mit à se répandre peu à peu dans le corps de la jeune femme encore sur le sol. Elle commençait à se sentir toute engourdie et ses yeux luttaient de toutes leur force pour ne pas se fermer de nouveau. Maveli soufflait tendrement sur la jeune femme et Eliah bénit le moment où John lui avait offert cet animal. Son souffle chaud lui faisait du bien, contrastant avec la neige froide et mouillée qui lui tombait doucement sur le visage. Mais bientôt, alors que le sommeil la gagnait, elle entendit le loquet se débloquer et la porte s'ouvrir, laissant apparaître un fin rayon de lumière libérateur.

Eliah ne sut quoi dire, d'ailleurs elle ne savait même pas si elle eut été capable de prononcer un mot. Fort heureusement pour elle, la personne qui avait ouvert la porte était disposée à l'aider et la jeune brune se sentit soudain soulevée du sol. Ils pénétrèrent dans la maison où régnait une douce chaleur. Elle se sentit soudain un peu mieux malgré la fatigue terrible qui l'assaillait. Mais alors qu'elle pensait ne plus pouvoir ouvrir les yeux, on l'installa à une table et devant elle une bonne odeur vint chatouiller son nez. Elle revint un peu à elle et se mit à manger sans même demander son reste. La soupe chaude lui réchauffa le corps et la réveilla un peu alors que le pain et le fromage la revigorèrent. Elle se rendit alors compte qu'elle venait d'avoir une chance incroyable.

Maveli avait été mis à l'abri de ce qu'elle avait comprit, elle pouvait donc être tranquille à ce niveau là. Elle partirait pour la rassurer le lendemain, mais l'animal se retrouverait bien au chaud et pourrait passer une bonne nuit. Elle ne s'en ferait pas pour sa maîtresse. La dame qui était près d'Eliah lui parla et celle-ci sortit de ses pensées, clignant des yeux et revenant à la scène qui se déroulait devant elle à l'instant. Elle fit un petit sourire reconnaissant.

“Merci beaucoup madame. Je ne sais comment vous remercier. Si vous n'aviez pas ouvert ...” dit-elle en soupirant.

“Je m'appelle Eliah. Je ... à vrai dire je pensais pouvoir trouver mon frère ici, mais je crois que ce ne sera pas très facile. Que s'est-il passé ici ? La ville semble complètement morte et les gens si... appeurés ...”

Elle avait honte de ne pas être informée de ce qui pouvait se passer dans son propre pays, mais elle restait souvent enfermée dans sa ferme et ses parents ne lui parlaient guère de ce genre de choses. Quand à ses frères, ils se contentaient de lui conter les plus belles histoires de chevaliers, celles qui finissaient toujours bien et où le chevalier épousait la dame qu'il aimait. La petite aventurière se rendait compte à présent que ces histoires n'étaient que ce qu'elles étaient. Des histoires. La vraie vie semblait toute différente et les temps étaient durs en ce moment. Plus elle avançait, plus elle s'en rendait compte et cela lui faisait peur. Son regard s'assombrit quand elle pensa de nouveau à ses amies qui étaient peut-être quelque part dans ce froid terrible.

“Je ne veux pas m'imposer, mais est-il possible de passer la nuit au chaud ? Je partirai dès l'aube et je ne vous créerai pas de problèmes.”

Eliah s'attendait à un récit simple et rapide d'une catastrophe qui s'était certainement abattue sur la ville, un fléau ou un accident. Un malentendu peut-être à propos d'un propriétaire un peu trop zélé. Mais ce qu'elle entendit la laissa bouche bée. La jeune femme avait bien entendu dire qu'il se passait des choses étranges au Rohan, qu'une sorte de guerre sévissait, mais elle n'était jamais allé jusqu'à penser que celle-ci avait prit autant d'ampleur. Elle savait que la population avait peur, que les gens ne sortaient plus le soir et qu'ils mettaient leurs enfants à l'abri. Son petit village était éloigné et avait été épargné jusqu'ici et c'est pour cette raison qu'Eliah vivait dans une ignorance totale.
L'horreur qui se lisait dans les yeux de cette vieille dame lui fit mal au coeur mais le récit de son mari encore plus. Il expliqua qu'il y avait eu une terrible bataille et qu'il y avait eu beaucoup de morts. Et beaucoup de soldats et d'hommes étaient tombés dont ses trois fils. Ses trois fils ! Le coeur de la jeune femme à partir de ce moment se mit à battre la chamade.

Si elle était venu ici, ce n'était pas par hasard et ce n'était pas pour continuer l'aventure. Elle était venue pour obtenir des réponses et elle sentait qu'elle allait en obtenir. Mais ces réponses ne lui feraient certainement pas plaisir. La brunette était au courant que quelques soldats se tenaient ici, que du moins ils se rendaient parfois à Aldburg pour elle ne savait quelle raison. Tant et si bien que certains y avaient élu domicile. Eliah pensait tout particulièrement à son frère qui s'étaient trouvé une petite maison non loin de là. Il était souvent à Aldburg pour des affaires dont il ne voulait pas parler. Elle avait pourtant insister pour savoir, mais il ne lui dit rien de plus que : “c'est pour le travail Eliah”. Et d'ailleurs elle se souvenait que depuis qu'il était venu ici, lui et Lothir ne s'entendaient plus. Ils étaient toujours en train de se disputer et de se battre, tant et si bien que cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas vu Oemir revenir à la maison. Il était partit un jour en disant au-revoir à sa petite protégée et en lui faisant promettre de toujours servir la bonne cause. Elle n'avait pas très bien compris à l'époque.

Elle voulut demander au vieil homme ou se trouvaient les autres soldats, ceux qui étaient encore vivants, ou alors s'il avait une liste de ceux qui étaient tombés. Mais elle avait la gorge bien trop sèche. C'est pour cette raison que la bière était la bienvenue. Mais même en buvant une gorgée de breuvage, elle ne parvint pas à trouver les mots tant sa gorge était serrée. Rien que de penser qu'il aurait pu arriver une chose à son frère lui était insupportable. Pas lui, pas ici, pas comme ça ...
Une panique terrible venait de l'envahir, la faisant tanguer sur sa chaise. Sa tête se mit à tourner. Il était temps qu'elle aille se coucher. Un besoin de repos, de dormir de fermer les yeux et de ne plus les ouvrir jusqu'à demain matin. La jeune femme fut surprise d'autre chose également. Le vieil homme lui avait dit qu'elle était une dame et que cela se voyait par ses manières. Elle n'était qu'une simple fille de paysan, il ne fallait pas s'y tromper. Mais intriguée, elle ne sut rien dire encore une fois. C'était comme si la jeune femme avait perdue sa langue.

Elle écouta le récit de son hôte qui semblait être une histoire tout droit sortie d'un livre de conte. Deux héritiers, des trahisons, des batailles, un mauvais roi. Comment avait-elle pu passer à côté de tout cela ? Comment avait-elle pu penser que la vie n'était qu'une succession de bonheur et que seul son ennui venait teinter sa vie de gris ?
Elle était bien loin du compte et maintenant qu'elle avait conscience de ce qui se passait, elle voulait faire quelque chose pour aider. Mais quoi ? Une femme si frêle, si fragile, si jeune. Que pouvait-elle bien faire pour aider ?
Elle avait vu les dégâts qui avaient dans cette ville. Il devait y avoir surement beaucoup de blessés, beaucoup de personnes dans le besoin. Eliah ravala ses larmes qui lui étaient montées aux yeux. Elle venait de prendre une décision. Elle resterait ici jusqu'à comprendre totalement ce qui se passait. Elle avait l'impression que cette ville était au coeur du conflit et qu'ici elle pourrait avoir des réponses. Mais surtout, elle avait besoin de retrouver Oemir.

“Je suis vraiment désolée monsieur. Pour vos fils ...”

Que pouvait-elle dire de plus ? Que pouvait-elle vraiment faire de plus ?

“Je ... à vrai dire je ne sais pas vraiment ce que j'attendais en venant ici. Depuis que j'ai quitté mon village, j'ai découvert de nombreuses choses et j'avais besoin de réponses. Je crois que ce soir j'en ai trouvé quelques unes. Malheureusement ce n'était pas celles que j'attendais. Mais ...”

Elle but un peu de bière avant de relever la tête.

“Reste-t-il encore des soldats ici ? Je veux dire, il y avait quelques soldats à Aldburg, s'y trouvent-il encore ? Ont-il prit part à la bataille ?”

Elle aurait tellement aimé qu'il réponde oui, qu'ils allaient tous bien ... mais elle appréhendait sa réponse, elle était morte d'angoisse.

“Je vous remercie pour votre hospitalité. Vraiment et ... si c'est possible, je voudrai rester à Aldburg et aider. Je peux travailler, je peux faire de nombreuses choses. Je suis jeune. Et j'aimerai vraiment pouvoir participer à la reconstruction de cette ville”.

Elle essaya de sourire pour rassurer cet homme qui avait perdu ses enfants. Peut-être que ce couple aurait préféré être mort et qu'ils auraient donné leur vie pour que leurs enfants reviennent. Elle pensa à ses propres parents et pensa qu'eux aussi pourrait vouloir faire la même chose. Et son coeur se serra. Elle était partie sans même leur dire au-revoir. Sans même de donner d'explications ou leur dire qu'elle reviendrait bientôt les voir. Cette fois-ci, elle ne put retenir ses larmes qu'elle laissa couler le long de ses joues.

“Je suis désolée je... j'ai besoin d'aller me coucher. Cela fait deux nuits que je n'ai pu dormir en paix. Je suis épuisée ...”

La demoiselle était épuisée et cela étant mêlé aux émotions, elle n'avait pu se retenir de laisser couler ses larmes. Les choses étaient bien plus compliquées qu'elle ne le pensait et elles n'étaient pas prêtes de s'arranger. Néanmoins, elle refusait de croire que son frère ne soit plus de ce monde. Elle finirait par le retrouver, elle en était certaine et dans l'hypothèse où quelqu'un lui avait fait du mal, elle le retrouverait et ...
A vrai dire elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait bien pouvoir faire, mais pour le moment, elle savait une chose, elle avait besoin de dormir, de se reposer et de ne plus penser à rien. Le vieil homme proposa de la mener à une sorte de forteresse et l'espoir se raviva dans son coeur. Elle sécha les restes mouillés qui brillaient sur ses joues avant d'esquisser un faible sourire mais non pas moins rayonnant.

“Je vous remercie du fond du coeur. Je vous assure que si je peux vous aider en quoi que ce soit, ce serait un véritable plaisir. Je crois que je vais rester ici à Aldburg un petit moment le temps de régler mes affaires. Il va donc falloir que je me trouve un travail et peut-être un endroit ou vivre. Avez-vous une idée de l'endroit où je pourrais me rendre ?”

Après cela, morte de fatigue et avec tellement de peine dans le coeur, la jeune brune se rendit dans l'endroit qu'on lui avait indiqué pour se reposer. A peine eut-être dit merci et à peine sa tête avait-elle touchée l'oreiller que la jeune femme sombra dans un sommeil très profond. Si profond qu'elle ne se réveilla pas le lendemain. Elle dormit ainsi un jour entier et une nuit et se réveilla au deuxième jour. Le soleil brillait déjà très fort lorsque la jeune femme émergea, la tête douloureuse et la bouche pâteuse. Elle avait trop dormi pour être véritablement en forme, mais elle avait l'impression que tout ce qu'elle avait vécu n'était qu'un cauchemar, qu'elles étaient derrière elle. Pourtant en regardant autour d'elle, elle se souvint de l'endroit ou elle se trouvait.

La jeune femme se leva avec rapidité, se coiffa grossièrement et entreprit de trouver ses hôtes qui devaient certainement se trouver quelque part. Une douce odeur s'élevait de la cuisine et le ventre de la jeune femme se mit à gargouiller méchamment. Elle s'en voulait d'avoir dormi autant, mais il lui fallait au moins cela pour récupérer. Croisant son reflet dans une vitre, elle se reconnut à peine. Elle avait de nombreuses cernes, son teint était livide et ses cheveux ébouriffés au possible. Elle avait besoin de se refaire une beauté, c'était indéniable. Mais elle aurait tout le temps de faire cela plus tard.

“Il y a quelqu'un ici ? Je ... je suis réveillée.”

Que pouvait-elle dire de plus ? Elle n'était pas chez elle, elle était une parfaite inconnue pourtant Eliah avait réussi à s'accorder deux jours de repos dans la demeure de ce couple endeuillé. Elle s'arrêta un moment et regarda la ville qui tentait de reprendre contenance peu à peu. Sa mission n'allait pas être de toute repos.

Dans la salle principale, Eliah tomba sur le vieil homme qui lui somma de se taire. Son épouse qui devait être tout bonnement épuisée et éreintée avait fini par se calmer et par s'endormir. La demoiselle osait à peine imaginer la douleur qu'elle devait éprouver. Ses fils, tous étaient partis. La perte d'un enfant devait être une chose vraiment terrible. A cet instant elle ne sut pourquoi, Eliah pensa à ses propres parents et son coeur se serra. Ce genre de catastrophes pouvait changer une vie toute entière. Elle ne dit donc plus aucun mot et suivit sagement l'homme qui ne lui avait même pas reproché d'avoir dormi autant dans une maison qui n'était pas la sienne. Il lui avait dit qu'il la mènerait à la forteresse.

Tout au long du chemin, au delà de regarder les dégâts terribles qui ravageaient Aldburg, elle ne cessa de se demander ou se trouvait cette fameuse forteresse et ce qu'elle pourrait bien y faire. Qu'est ce que cet endroit pourrait bien lui apporter dans sa vie ? Qu'allait-elle y découvrir ? Elle avait l'impression que sa vie d'aventurière ne faisait que commencer et d'un autre côté en si peu de temps elle avait vécu bien trop de choses éprouvante. La vie se résumait elle réellement à cela ? Une succession de scènes tristes entrecoupée de moments heureux ?
Peut-être que quelque part, c'était une vision qu'il fallait avoir dans l'autre sens. Une succession de moment merveilleux entrecoupés de moments désastreux ?

La jeune femme ne le savait pas réellement; mais elle préférait penser dans ce sens là. Sinon cela signifiait que plus rien n'avait alors de sens. Elle qui n'avait connut que de doux moments loin des villes, des journées d'allégresse et d’insouciances, elle était à présent plongée dans des situations qu'elle ne comprenait pas et dont elle avait du mal à faire face. Mais elle sentait que ces choses étaient nécessaire pour qu'elle grandisse un peu. Après tout n'était-ce pas là ce qu'elle désirait plus que tout ? Trouver son indépendance et se débrouiller seule, se créant par la un avenir qu'elle aurait elle-même choisit ?

“Oui en effet, triste destin ...” répondit-elle à son hôte.

Bientôt ils arrivèrent à une grande porte et ils s'arrêtèrent. L'endroit ne paraissait pas très accueillant mais pas non plus terrifiant. C'était un gros bâtiment imposant, comme elle n'en avait jamais vu. Qu'était-ce ?
Alors qu'elle s'apprêtait à parler, l'homme tira quelque chose de son sac et le lui tendit. Il s'agissait d'une jolie petite broche en argent représentant une fleur entourée de lianes. Ses mains tremblantes récupérèrent le joyaux tout en écoutant l'explication du vieil homme. Elle aurait voulut avoir la force de refuser, de lui dire non, qu'elle ne pouvait pas accepter, mais il paraissait si décidé et si sur de lui.

“Merci. Je ... Oui les plaines sont vraiment agréable ! Plus agréable que les grandes villes je suppose. J'y ai vécu toute ma vie, dans un petit village. Et mes souvenirs ne sont que plaisir. Mais votre maison ? Êtes-vous certain ? comment pourrais-je vous remercier ?”

Mais l'homme savait ce qu'il voulait. Elle se retrouva alors devant des gardes qui ne paraissaient pas très commodes. Et elle ne savait même pas vraiment ce qu'elle faisait là à vrai dire. Prenant son courage à deux mains, elle se rapprocha d'eux, un peu craintive. Elle essaya de se calmer et de prendre une voix assurée. Ses affaires étaient avec elle mais son cheval était resté à la maison. Mais cela n'avait pas d'importance puisqu'on lui avait laissé ladite maisonnée.

“Bonjour. Je cherche du travail et on m'a dit qu'ici j'en trouverai assurément. Je ... cherche également un soldat qui vivait à Aldburg. Je pourrai peut-être trouver une réponse ici. Pouvez-vous me mener au chef de cette demeure ?”

Elle attendit, calme à l'extérieur mais véritable tempête à l'intérieur. Que quelqu'un lui réponde et lui indique la marche à suivre, car elle était totalement perdue et livrée à elle-même.